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Mars 2013
SOMMAIRE
Rythme Veille Sommeil
Le temps de sommeil représente plus du tiers de notre vie. Praticiens de santé et grand pu-
blic s’accordent pour considĂ©rer le sommeil comme un facteur d’équilibre et de bonne santĂ©
au quotidien. Le sommeil de mauvaise qualité, considéré comme un problÚme majeur de
santé publique par la plupart des médecins généralistes [1], est relié à différents problÚmes
de santé ou facteurs de risque : surpoids et obésité, risque cardiovasculaire, maladies psy-
chiatriques, addictions, accidents

Une synthĂšse des Ă©tudes menĂ©es Ă  l’Institut de veille sanitaire (InVS) parue en mars 2012 [2]
montre qu’en France, en 2008, plus d’une personne sur trois dĂ©clarait la prĂ©sence de troubles
du sommeil Ă  la frĂ©quence d’au moins trois nuits par semaine. Ils concernaient plus souvent
les femmes et les plus ĂągĂ©s. Cette synthĂšse montre Ă©galement qu’une personne sur cinq
prĂ©sentait une insomnie chronique accompagnĂ©e d’un retentissement diurne (fatigue ou
somnolence excessive). L’analyse mettait en Ă©vidence un risque accru d’insomnie chronique
avec retentissement fonctionnel chez les personnes travaillant en rythme décalé et chez les
personnes considĂ©rĂ©es comme les plus prĂ©caires socialement. L’insomnie chronique Ă©tait
également associée à un grand nombre de maladies chroniques et à des indicateurs globaux
de santĂ© dĂ©gradĂ©s. Parmi les personnes souffrant d’insomnie chronique s’accompagnant
d’un retentissement diurne, moins d’un tiers dĂ©clarait avoir consultĂ© un mĂ©decin et une per-
sonne sur cinq prenait de façon habituelle des mĂ©dicaments pour dormir alors qu’il est dĂ©-
conseillĂ© d’avoir recours aux hypnotiques et anxiolytiques aprĂšs la phase aigĂŒe.
La prise en compte des troubles du rythme veille / sommeil comme problématique de santé
publique à part entiÚre constitue un enjeu fort pour la prévention.
Ce bulletin vise Ă  diffuser les informations disponibles en rĂ©gion concernant l’épidĂ©miologie
de ces troubles et l’offre de prise en charge.
I. DĂ©finitions et concepts
II. Sommeil et état de santé
III. Epidémiologie des troubles du
rythme veille/sommeil
IV. Prise en charge : les ressources
régionales
V. Qualité de vie
VI. Orientations stratégiques et poli-
tiques
VII. Les ressources nationales
Ce bulletin est publié dans le cadre de la journée du sommeil le 22 mars 2013
COMITE DE PILOTAGE
1
Troubles du rythme veille/sommeil
en Poitou-Charentes
Faits marquants
 Une durĂ©e de sommeil insuffisante expose aux risques de surpoids et de diabĂšte et augmente
le risque d’hypertension artĂ©rielle.
 En 2010 dans la rĂ©gion, 2 100 patients ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s pour un trouble du sommeil. Dans 8
cas sur 10, il s’agissait d’apnĂ©es du sommeil.
 Plus de 11 500 actes cotĂ©s en mĂ©decine du sommeil ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s en 2011 dans la rĂ©gion,
principalement des polygraphies respiratoires réalisées par des pneumologues libéraux.
 La consommation rĂ©guliĂšre d’hypnotiques (3 dĂ©livrances au moins dans l’annĂ©e) concerne 5 %
de la population rĂ©gionale, alors mĂȘme qu’il est dĂ©conseillĂ© d’avoir recours Ă  ce type de mĂ©di-
caments en cas d’insomnie chronique.
 PrĂšs des deux tiers des personnes de 15 Ă  85 ans dĂ©clarent avoir un trouble du sommeil et un
cinquiÚme de ces personnes déclarent consommer des produits pour dormir.
 PrĂšs de 8 jeunes de 15 ans scolarisĂ©s sur 10 dĂ©clarent avoir au moins un trouble du sommeil.
 Les femmes dĂ©clarent plus souvent des troubles du sommeil mais les deux tiers des patients
hospitalisés sont des hommes.
 Le travail en horaire dĂ©calĂ©, en progression ces derniĂšres annĂ©es, a des consĂ©quences avĂ©rĂ©es
en terme de sommeil et de santé.
 En Poitou-Charentes, il existe quatre centres du sommeil, le parcours de soins se structure,
mais encore trop peu d’actions de prĂ©vention sont mises en Ɠuvre.
POITOU-CHARENTES BULLETIN D’OBSERVATION
BOS
Le comité de pilotage est composé
de : Pr Paquereau et Dr Lode Kolz
(Centre du sommeil - CHU de Poi-
tiers), Mme Vanhille et Dr Vivier-
Darrigol (ARS), Dr Guichard (Centre
du sommeil - CH de Niort), Dr Berson
(DIRECCTE), Dr Ayrivié (Centre du
sommeil - CH de La Rochelle), Dr
Auregan (Polyclinique de Poitiers),
Dr Papeix (RĂ©seau Veille Sommeil en
Poitou-Charentes), M. Grandel
(Association nationale Sommeil et
santé).
Nous remercions les membres du
comité de pilotage ainsi que le CollÚ-
ge rĂ©gional d’information mĂ©dicale
(CoRIM), la Cellule d’observation
statistiques et analyses (COSA) de
l’ARS, l’Association rĂ©gionale des
caisses de la Mutualité sociale agri-
cole (ARC-MSA), le RĂ©gime social des
indépendants (RSI), pour leur aide
dans l’élaboration de ce document.
RĂ©dacteurs :
VĂ©ronique Bounaud (ORS)
Julie Debarre (ORS)
Bulletin
Observation
Santé
2
2
I - DĂ©finitions et concepts
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013
Qu’est-ce que le rythme veille/sommeil ?
Deux Ă©tats physiologiques rythment la vie quotidienne : le sommeil et la veille. Le sommeil permet
une récupération physique, psychologique et intellectuelle qui prépare la veille qui va suivre. Le
sommeil est constituĂ© de stades qui s’organisent en plusieurs cycles d’environ 90 minutes chacun au
cours de la nuit. Ces stades comprennent le sommeil lent (qui correspond au sommeil léger et
sommeil profond) et le sommeil paradoxal (phase au cours de laquelle les rĂȘves dont on se souvient
le mieux se produisent). Le sommeil profond est surtout présent en début de nuit alors que les
sommeils léger et paradoxal sont plus abondants dans la seconde moitié de la nuit, ce qui explique
que la premiÚre partie de la nuit soit plus réparatrice.
L’organisation des stades de sommeil Ă©volue au cours de la vie [3]
- Le nouveau-nĂ© dort presque autant le jour que la nuit. L'installation d’un rythme circadien (c’est-Ă -
dire de 24 h) survient entre le 1
er et le 6
Ăšme mois, le sommeil devient surtout nocturne.
L’endormissement se fait souvent en sommeil paradoxal à la naissance.
- Le sommeil agité est le plus représenté au cours des premiers jours de la vie. Il va laisser place à un
sommeil paradoxal dĂšs l’ñge de 3 mois. Ce dernier va beaucoup diminuer pour reprĂ©senter 20 Ă  25 %
du temps de sommeil vers un an, comme chez l’adulte.
- Entre 1 et 6 ans, les endormissements se font comme chez l’adulte et le grand enfant, en sommeil
lent léger. Le sommeil profond est abondant à chaque cycle de sommeil, bien que plus représenté en
début de nuit. Il existe aussi à cette période de la vie un besoin indispensable de sieste qui disparaßt
vers 5-6 ans. Avec la disparition des siestes, le sommeil est en premiĂšre partie de nuit principalement
représenté par du sommeil profond.
- Entre 6 et 12 ans, le sommeil nocturne est trĂšs riche en sommeil lent profond en premiĂšre partie de
nuit. Il existe parfois des difficultĂ©s d’endormissement liĂ©es Ă  une occupation tardive et/ou Ă  une
discordance entre le coucher des enfants et celui des adultes.
- Les adolescents ont des besoins de sommeil plus importants et une tendance naturelle Ă  un retard
de phase (coucher et lever tardifs) due aux modifications biologiques qui accompagnent la puberté
et accentuée par des comportements souvent inadaptés. Un coucher tardif entraßne une privation de
sommeil rarement rattrapé par un éveil tardif ou une sieste.
- Chez les adultes, la proportion de sommeil profond est de 20 Ă  25 %, celle du sommeil paradoxal est
Ă©galement de 20 Ă  25 % et le sommeil lĂ©ger reprĂ©sente 50 Ă  55 %. Les Ă©veils nocturnes vont ĂȘtre de
plus en plus nombreux. Les sollicitations familiales et sociales entraĂźnent souvent un coucher tardif,
donc une réduction du temps de sommeil.
- Les seniors ont un sommeil plus léger, plus fragmenté et se lÚvent plus tÎt. Leur besoin de sommeil
demeure sensiblement le mĂȘme qu’au dĂ©but de l’ñge adulte. L’incidence des troubles du sommeil et
notamment de l’insomnie, augmente considĂ©rablement avec l’ñge.
- A partir de 75 ans, le temps passé à dormir diminue alors que le temps passé au lit continue
d’augmenter. Le dĂ©lai d’endormissement s’accroĂźt et peut atteindre 45 minutes Ă  80 ans. Les
Ă©veils nocturnes augmentent et s’allongent.
Un large Ă©ventail de troubles du sommeil [4]
L’American Academy of Sleep Medicine a Ă©tabli la classification internationale des
troubles du sommeil qui fait référence en la matiÚre. Cette classification distingue :
- L’insomnie : mauvais sommeil nocturne caractĂ©risĂ© par des difficultĂ©s
d’endormissement, de maintien du sommeil ou une sensation de sommeil non
rĂ©cupĂ©rateur. Ce sommeil de mauvaise qualitĂ© s’accompagne de perturbations diurnes
telles que la baisse de la vigilance et des performances, la fatigue ou l’irritabilitĂ© ;
- Les troubles du sommeil en relation avec la respiration : syndrome d’apnĂ©e du sommeil,
qu’elle soit obstructive ou centrale ;
- Les hypersomnies de tous types, c’est-à-dire une augmentation du besoin de sommeil
dans la journée ;
- Les troubles du rythme circadien du sommeil : retard ou avance de phase, rythme veille/
sommeil irrégulier ;
- Les parasomnies qui recouvrent les Ă©veils confusionnels, le somnambulisme, les terreurs
nocturnes, les cauchemars, etc.
- Autres catégories : agitations au cours du sommeil paradoxal, mouvements des jambes
au cours du sommeil, symptÎmes isolés (ronflement), somniloquie et autres troubles du
sommeil.
Ces différents troubles ont des répercussions en terme de santé physique, mentale et
sociale.
Source : adapté de Challamel M.J., Thirion M. et Apple-
ton & Lange, Kandel, Schwartz, Jessell, Principles of
Neural Science
Fatigue et somnolence diurne excessive (SDE) : une confusion
persistante entraßnant des défauts de prise en charge
La somnolence est « un état intermédiaire entre la veille et le sommeil
caractĂ©risĂ© par une tendance irrĂ©sistible Ă  l’assoupissement si la personne
n’est pas stimulĂ©e » [5]. La SDE rĂ©sulte d’un dĂ©ficit quantitatif de sommeil
le plus souvent lié à une privation volontaire de sommeil, une consomma-
tion de médicaments psychotropes ou un ronflement pathologique asso-
cié à des apnées du sommeil. La SDE est directement en cause dans un
tiers des accidents mortels sur autoroutes [6]. La confusion entre fatigue
et somnolence accentue le retard de diagnostic de la SDE. Lorsqu’elle est
dépistée, le plus souvent il existe un traitement de la cause (adaptation
thérapeutique, suppression des apnées la nuit par pression positive
continue, hygiĂšne du sommeil, prise de psychostimulants pour certaines
maladies rares). La sieste est le meilleur traitement naturel de la somno-
lence par manque de sommeil.
La fatigue se caractérise par la sensation de ne pas pouvoir effectuer les
tùches habituelles sans faire appel à des ressources insoupçonnées de la
volontĂ©. En l’absence de cause connue, la fatigue peut rĂ©sulter d’une
désynchronisation des horloges du sommeil. La prise en charge de la
fatigue doit ĂȘtre adaptĂ©e au cas par cas mais il est maintenant reconnu
qu’un temps excessif au lit et non adaptĂ© Ă  la personne accentue la sensa-
tion de fatigue et aggrave une insomnie.
L’amĂ©lioration des dĂ©pistages de la fatigue ou de la somnolence constitue
un enjeu fort de santé publique.
DĂ©roulement temporel d'une nuit de som-
meil (hypnogramme) en fonction de l’ñge
3
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 3013
3
Sommeil et stress : prendre en charge pour enrayer le cercle vicieux [12]
Le stress agit sur des fonctions physiologiques qui augmentent l’éveil. Ceci conduit Ă  des diffi-
cultĂ©s d’endormissement associĂ©es Ă  des difficultĂ©s Ă  maintenir son sommeil. Le stress peut donc
causer une insomnie aigĂŒe. Peuvent s’en suivre des ruminations liĂ©es Ă  l’inquiĂ©tude d’un mauvais
sommeil et de ses conséquences négatives sur les performances du lendemain. Le stress peut
donc Ă©galement faire Ă©voluer l’insomnie vers une insomnie chronique, accentuant encore le
stress. Les premiers signes d’insomnie qui se prolongent doivent mener Ă  une consultation spĂ©cifi-
que auprÚs du médecin traitant pour mettre en place une prise en charge adaptée avant que la
dĂ©prime, voire la dĂ©pression, ne s’installe. Une insomnie rĂ©actionnelle Ă  un Ă©vĂšnement ne dure
que quelques nuits. Au-delĂ , il faut en parler Ă  son mĂ©decin pour Ă©viter l’évolution vers une insom-
nie chronique.
II - Sommeil et état de santé
Une durée de sommeil inférieure à 6 heures expose au risque de diabÚte et à la prise de
poids et Ă  l’obĂ©sitĂ© [9] [10]
Des Ă©tudes ont mis en Ă©vidence des liens entre troubles du sommeil et diabĂšte. Les patients dia-
bĂ©tiques prĂ©sentent plus souvent des difficultĂ©s d’endormissement et de maintien du sommeil.
D’autre part, les troubles du sommeil (privation chronique ou pathologie du sommeil) intervien-
nent dans le développement du diabÚte et la prise de poids. Ainsi, le temps de sommeil joue un
rĂŽle dans l’apparition ou l’aggravation du diabĂšte. Le syndrome d’apnĂ©es du sommeil est Ă©gale-
ment pointĂ© comme un facteur de risque identifiĂ© Ă  lui seul pour l’apparition d’un diabĂšte. Une
privation de sommeil peut également entraßner une prise de poids par augmentation de la durée
de sĂ©crĂ©tion de l’hormone favorisant la faim, la ghrĂ©line. Un manque de sommeil conduit Ă  un
comportement de « grignotage » et à une prise alimentaire vers des aliments plus sucrés.
Réunir les conditions pour un sommeil de bonne qualité :
Recommandations de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV)
- Adopter des horaires de sommeil réguliers. Se coucher et se lever à heures réguliÚres facilite en effet le sommeil.
- Se lever tous les jours Ă  la mĂȘme heure, week-end compris, a un effet synchroniseur du rythme veille-sommeil.
- Le rĂ©veil doit ĂȘtre dynamique pour bien Ă©veiller son corps : lumiĂšre forte, exercices d’étirement, petit dĂ©jeuner complet.
- La pratique d’un exercice physique rĂ©gulier dans la journĂ©e favorise l’endormissement. Eviter l’exercice physique en soirĂ©e,
en particulier avant d’aller dormir.
- Se reposer ou faire une courte sieste en dĂ©but d’aprĂšs-midi. Il suffit de fermer les yeux 5 Ă  20 minutes en relĂąchant le corps.
Le sommeil viendra rapidement si le besoin est là. La sieste permet de maintenir la vigilance pour le reste de la journée.
- Eviter les excitants aprĂšs 16 heures. CafĂ©, thĂ©, cola, vitamine C retardent l’endormissement et augmentent les rĂ©veils
nocturnes.
- Eviter l’alcool et le tabac le soir. La nicotine est un stimulant qui retarde l’endormissement, augmente les rĂ©veils nocturnes
et rend le sommeil plus lĂ©ger. L’alcool a une action sĂ©dative mais favorise l’instabilitĂ© du sommeil avec des Ă©veils nocturnes
fréquents.
Ce qui doit amener à consulter son médecin
traitant
- Avoir du mal à s’endormir
- Se réveiller trop tÎt
- Avoir des sensations désagréables dans les jam-
bes qui empĂȘchent de dormir
- Etre fatigué le matin
- Avoir des envies de dormir dans la journée
- Lutter pour rester actif
- Avoir un sommeil agité, un entourage inquiet du
ronflement et des arrĂȘts de respiration au cours
du sommeil
L’Institut national du sommeil et de la vigilance
(INSV) diffuse via son site Internet (www.institut-
sommeil-vigilance.org) des tests permettant aux
personnes d’évaluer d’éventuels troubles du som-
meil afin d’en parler le cas Ă©chĂ©ant Ă  leur mĂ©decin.
Les examens de dépistage des troubles
du sommeil
L’agenda du sommeil est un relevĂ© des
horaires de sommeil. Il permet de visuali-
ser les difficultés rencontrées.
L’actimĂ©trie est un examen du rythme
veille-sommeil réalisé grùce à un actimÚ-
tre, appareil de la taille d’une montre qui
permet d’avoir une reprĂ©sentation du
rythme veille-sommeil et de la qualité de
la nuit. Cet examen se fait en ambulatoire
et vient en complément de la consultation
et de l’agenda du sommeil pour apporter
des informations sur la qualité du sommeil
et son organisation sur 24 heures.
La polygraphie respiratoire est un exa-
men qui permet d’enregistrer tous les
paramĂštres de la respiration au cours du
sommeil. Elle est utile pour diagnostiquer
ou Ă©liminer un syndrome d’apnĂ©es du
sommeil. Cet examen est réalisé le plus
souvent en ambulatoire.
La polysomnographie est l’examen ap-
profondi pour Ă©tudier le sommeil. Il se fait
le plus souvent au cours d’une nuit passĂ©e
en centre de sommeil. Une polysomnogra-
phie comporte l’enregistrement de l’activi-
té électrique du cerveau et de différents
paramÚtres qui permettent soit de diffé-
rencier les stades de sommeil soit de re-
chercher des anomalies associées au som-
meil (troubles respiratoires, mouvements
des jambes, agitations, troubles du rythme
cardiaque...).
Les tests de vigilance (tests itératifs de
latence d’endormissement et tests de
maintien d’éveil) servent Ă  Ă©valuer la pro-
pension au sommeil, ou au contraire, Ă 
lutter contre le sommeil, en conditions
monotones. Ils sont réalisés en laboratoire.
Sources : Réseau Morphée (http://www.reseau-
morphee.fr) consulté le 30 octobre 2012
Exploitation : ORS Poitou-Charentes
Une durée de sommeil courte ou diminuée est associée à des problÚmes de santé [7] [8]
Outre son impact sur les accidents, un mauvais sommeil (par privation chronique de sommeil ou Ă 
cause d’une pathologie du sommeil) a un impact sur diffĂ©rentes fonctions : reconstitution des
stocks Ă©nergĂ©tiques des cellules musculaires et nerveuses, production d’hormones (dont l’hormo-
ne de croissance chez les enfants), régulation de la glycémie, élimination des toxines, stimulation
des dĂ©fenses immunitaires, rĂ©gulation de l’humeur et de l’activation du stress, mĂ©canismes d’ap-
prentissage et de mémorisation ou maintien de la vigilance.
Un mauvais sommeil augmente le risque d’hypertension artĂ©rielle [11]
La pression artĂ©rielle varie au cours de la journĂ©e en fonction des activitĂ©s pratiquĂ©es et s’adapte
aux besoins immĂ©diats de l’organisme. Les dĂ©sordres susceptibles de perturber le sommeil peu-
vent avoir une influence sur l’état du systĂšme cardiovasculaire. De la dette de sommeil aux patho-
logies spécifiques du sommeil, les perturbations peuvent avoir un effet sur le niveau de pression
artĂ©rielle et parfois favoriser la survenue et l’installation d’une hypertension. Le ComitĂ© français de
lutte contre l’hypertension artĂ©rielle a rĂ©alisĂ© une Ă©tude portant sur 3 718 personnes ĂągĂ©es de 35
ans et plus. Dans cette Ă©tude, l’hypertension est associĂ©e aux ronflements, Ă  la somnolence diurne
excessive et Ă  l’apnĂ©e du sommeil.
4
4
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013
III– EpidĂ©miologie des troubles du rythme veille / sommeil dans la rĂ©gion
Le recours à l’hospitalisation
En 2010, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil
Selon les données du PMSI de court séjour, 2 448 séjours de courte durée dus
à des troubles du sommeil ont été enregistrés en Poitou-Charentes, soit un
taux de recours standardisĂ© Ă  l’hospitalisation de 139 sĂ©jours pour 100 000
habitants. Ce taux de séjour est deux fois plus important chez les hommes
que chez les femmes. Il est plus élevé en Charente et en Vienne et moins im-
portant en Deux-SĂšvres qu’au niveau rĂ©gional.
Ces séjours concernaient 2 100 patients différents domiciliés dans le Poitou-
Charentes dont les deux tiers Ă©taient des hommes. L’ñge moyen lors de l’hos-
pitalisation est de 58 ans. Le taux d’hospitalisation croit jusqu’à 60-69 ans puis
décroit.
Les apnées du sommeil représentaient plus de 8 hospitalisations sur 10
En 2010, 2 050 séjours hospitaliers étaient dus aux apnées du sommeil, ce qui
représente 84 % des séjours pour trouble du sommeil. Cette proportion était
un peu plus élevée chez les hommes (87 %). Les autres troubles du sommeil
ayant occasionné une hospitalisation pour examen étaient par ordre de fré-
quence l’hypersomnie (6 %) et l’insomnie (3 %). Parmi les autres troubles sont
comptabilisés les troubles du cycle veille-sommeil (1 %), la narcolepsie et
cataplexie (0,8 %) et le somnambulisme (0,2 %).
Taux comparatif de recours à l’hospitalisation pour un trouble
du sommeil (pour 100 000 hab.) en 2010
Sources:PMSIMCO,INSEE2009  Exploitation:ORSPoitou‐Charentes
Les donnĂ©es de l’activitĂ© mĂ©dicale recueillies dans le cadre du Programme de mĂ©dicalisation des systĂš-
mes d’information en mĂ©decine, chirurgie et obstĂ©trique (PMSI MCO) permettent d’analyser les maladies
motivant les recours hospitaliers dans les unités de soins de courte durée de patients domiciliés en Poitou-Charentes
L’unitĂ© de base est le sĂ©jour, un mĂȘme patient ayant pu effectuer plusieurs sĂ©jours.
RĂ©partition des motifs de recours Ă  l’hospitalisation
pour un trouble du sommeil en 2010 (en %)
Homme Femme Total
Apnée du sommeil 87,0 77,1 83,8
Hypersomnie 5,1 8,8 6,3
Insomnie 1,8 4,6 2,7
Autres troubles 6,1 9,5 7,2
TOTAL 100,0 100,0 100,0
Sources:PMSIMCO,INSEE2009  Exploitation:ORSPoitou‐Charentes
Les actes cotés en médecine du sommeil
En 2011, plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été en-
registrĂ©s, avec des variations importantes d’un dĂ©partement Ă  l’autre
En 2011, 11 534 actes médicaux concernant le sommeil ont été enregistrés,
soit un taux de recours de 654 actes pour 100 000 habitants. Le quart provient
d’hĂŽpitaux et les trois quart des mĂ©decins libĂ©raux ou des cliniques privĂ©es.
Les trois quart de ces actes sont des polygraphies respiratoires et 21 % des
polysomnographies. Les autres examens se pratiquent uniquement en milieu
hospitalier (polygraphie thérapeutique et évaluation diurne de la vigilance).
PrÚs des deux tiers des actes cotés en médecine du sommeil concernent des
hommes avec un taux de recours de 861 actes pour 100 000 habitants. Ce
taux de recours croit jusqu’à 60 Ă  69 ans puis dĂ©croit. Il est diffĂ©rent d’un dĂ©-
partement à l’autre, allant de 275 actes pour 100 000 habitants en Deux-
SĂšvres Ă  920 actes pour 100 000 habitants en Charente.
Taux de recours aux actes cotés en médecine du sommeil
selon le sexe et l’ñge en 2011 (pour 100 000 hab.)
Le recours aux médicaments
5 % de la population consomment réguliÚrement des hypnotiques
En 2011, prÚs de 3 % des personnes affiliées aux trois principaux régimes de
sĂ©curitĂ© sociale ont consommĂ© un hypnotique dans l’annĂ©e sur prescription
médicale pouvant refléter une insomnie transitoire. 5 % de la population régio-
nale sont des consommateurs rĂ©guliers (au moins 3 dĂ©livrances dans l’annĂ©e),
ce qui traduit plutÎt une insomnie chronique1. La consommation réguliÚre
d’hypnotiques augmente avec l’ñge et cette consommation est supĂ©rieure
chez les femmes quelle que soit la tranche d’ñge. Cependant, d’autres classes
de médicaments sont également utilisées dans un but hypnotique, pour leurs
propriétés sédatives : les anxiolytiques et certains antidépresseurs. Or, selon les
mĂȘmes donnĂ©es, respectivement 8,1 % et 7,7 % de la population rĂ©gionale ont
consommé réguliÚrement (au moins 3 délivrances) des anxiolytiques et des
antidĂ©presseurs sur l’annĂ©e 2011.
1 Cet indicateur de 3 dĂ©livrances ou plus dans l’annĂ©e est Ă©galement le reflet d’une prise en
charge inadaptĂ©e de l’insomnie chronique car il est dĂ©conseillĂ© d’avoir recours aux hypnoti-
ques et anxiolytiques aprĂšs la phase aigĂŒe.
Taux de consommants rĂ©guliers d’hypnotiques
(au moins 3 dĂ©livrances dans l’annĂ©e) en 2011 (en %)
Charente Charente‐
Maritime
Nord‐Ouest
Charente‐
Maritime
Sud‐Est
Deux‐Sùvres Vienne Poitou‐
Charentes
226
202 201
111
246
196
96
81
104
54
114
88
Homme Femme
*
*
*
*
*
*:diffĂ©rencesignificativeaveclavaleurPoitou‐Charentes
Sources:ARS(COSA),MSA,RSI,INSEE2009 Exploitation:ORSPoitou‐Charentes
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
moins
de15
15‐ 19 20‐ 24 25‐ 29 30‐39 40‐49 50‐59 60‐69 70‐79 80‐89 90et+
Hommes Femmes
Sources:PMSIMCO,SNIIR‐AM,INSEE2009 Exploitation:ORSPoitou‐Charentes
Ans
5
BOS Sommeil - ORS Poitou-Charentes - Mars 3013
5
78 % des jeunes de 15 ans de Poitou-Charentes scolarisés déclarent
avoir au moins un trouble du sommeil
En 2012, 85 % des filles et 70 % des garçons de 15 ans déclarent avoir au
moins un trouble du sommeil. Environ 45 % déclarent se réveiller trop tÎt
sans pouvoir se rendormir, 42 % Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  s’endormir,
41 % se réveillent avec des difficultés pour se rendormir et 39 % considÚ-
rent que leur sommeil n’est pas rĂ©cupĂ©rateur. Un cinquiĂšme de l’échantil-
lon n’est pas satisfait de son sommeil et 12 % font des cauchemars assez/
trÚs souvent. Ces troubles sont plus souvent exprimés par les filles que par
les garçons (excepté pour le sommeil non récupérateur).
Insatisfaitdeson
sommeil
Di fficultĂ©s
d'endormissement
RĂ©veilnocturne RĂ©veilprĂ©coceSommeilnon
récupérateur
Somnolencediurne
20,4 17,2
41,1 37,2
16,8
7,9
21,8
31,2
54,1
42,9
22,6
6,3
Homme(n=505) Femme(n=727)
DĂ©claration des troubles du sommeil selon le sexe
en 2010 (en %)
Source:BaromĂštresantĂ©î€ƒPoitou‐Charentes2010‐INPES,ORSPoitou‐Charentes
Les attitudes et les comportements déclarés vis-à-vis du sommeil
PrÚs des deux tiers des 15-85 ans déclarent un trouble du sommeil
En 2010, selon le BaromÚtre Santé en Poitou-Charentes, 65 % des per-
sonnes interrogées de 15 à 85 ans déclarent avoir au moins un trouble
du sommeil : plus chez les femmes (70 %) que chez les hommes (59 %).
PrÚs de la moitié déclarent se réveiller pendant la nuit avec des diffi-
cultés pour se rendormir, 40 % se réveillent trop tÎt sans pouvoir se ren-
dormir, prĂšs d’un quart Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  s’endormir et 20 %
considĂšrent que leur sommeil n’est pas rĂ©cupĂ©rateur. Ces troubles sont
plus souvent exprimés par les femmes, excepté pour la somnolence :
8 % des hommes dĂ©clarent ĂȘtre rĂ©guliĂšrement ou souvent somnolents
pendant la journée contre 6 % pour les femmes.
Un cinquiÚme des 15-85 ans de Poitou-Charentes déclarent
consommer des produits pour dormir
Plus d’un quart des femmes et 12 % des hommes dĂ©clarent avoir recours
à un produit, médicamenteux ou non, pour dormir. Dans plus de la moi-
tié des cas, le produit utilisé est un hypnotique ou un anxiolytique, parti-
culiÚrement chez les hommes (65 %). La moitié de ce type de médica-
ment est un benzodiazĂ©pine, c’est-Ă -dire un mĂ©dicament psychotrope
avec possibilitĂ© d’accoutumance et d’addiction Ă  long terme. L’homĂ©o-
pathie et la phytothĂ©rapie reprĂ©sentent plus d’un quart des produits
utilisés, principalement chez les femmes (33 %) [13]. La phytothérapie
est recommandée en premiÚre intention par les médecins généralistes.
Le BaromĂštre SantĂ© Poitou-Charentes 2010 est une enquĂȘte tĂ©lĂ©phonique mise en place par l’Institut national de prĂ©vention et d’éducation Ă  la santĂ©
(INPES) afin d’apprĂ©hender les connaissances, les attitudes et les comportements Ă  l’égard de la santĂ©. En 2010, 1 736 individus ĂągĂ©s de 15 Ă  85 ans et
reprĂ©sentatifs des habitants de la rĂ©gion ont rĂ©pondu Ă  l’enquĂȘte. RĂ©pĂ©tĂ©e dans le temps, cette enquĂȘte permet de mettre en avant des spĂ©cificitĂ©s rĂ©gio-
nales et les évolutions au cours des 10 derniÚres années [14].
EnquĂȘte « EnquĂȘte adolescents 15 ans 2012 Rectorat de Poitiers et Association Relais 17 » [15]
Cette enquĂȘte a Ă©tĂ© initiĂ©e et mise en place en 2012 par le Rectorat de Poitiers et l’association Relais 17, avec le concours financier de l’ARS Poitou-Charentes. Au total,
923 adolescents de 15 ans scolarisĂ©s dans 99 Ă©tablissements de l’AcadĂ©mie de Poitiers ont rĂ©pondu Ă  un auto questionnaire abordant un ensemble de thĂ©matiques
dont le sommeil. En partie basĂ© sur le questionnaire HBSC, l’outil de recueil a Ă©tĂ© construit par l’association Relais 17 avec le concours du dĂ©partement de mĂ©decine
gĂ©nĂ©rale de l’UniversitĂ© de Poitiers, l’Institut universitaire de santĂ© publique, le Rectorat de Poitiers et l’Observatoire rĂ©gional de la santĂ© Poitou-Charentes.
Insatisfaitdeson
sommeil
Difficul tĂ©s
d'endormissement
RĂ©veilnocturne RĂ©veilprĂ©coceSommeilnon
récupérateur
Fairedes
cauchemarsdepuis1
an(Assez/trùs
souvent)
16,9
30,4 28,9
40,0
45,3
4,2
24,7
53,5 53,6 50,3
33,0
20,4
Garçon(n=454) Fille(n=466)
DĂ©claration des troubles du sommeil Ă  15 ans
selon le sexe en 2012 (en %)
Source:EnquĂȘteAdolescents15ans2012RectoratdePoitiersetAssociationRelais17
Exploitation:ORSPoitou‐Charentes
Les horaires atypiques ont des conséquences sur le sommeil et la santé
Selon les donnĂ©es du BaromĂštre SantĂ© 2010 en Poitou-Charentes, prĂšs de 14 % des actifs interrogĂ©s dĂ©claraient travailler de nuit* (20 % des hommes et 7 % des femmes) et 31 % ĂȘtre concernĂ©s par le
travail posté ou avec des horaires alternants. Ces horaires atypiques sont pratiqués plus particuliÚrement chez les agriculteurs exploitants (43 % en horaires de nuit et 28 % en horaires décalés) et les
ouvriers (respectivement 18 % et 39 %). Si 6 actifs sur 10 jugeaient leur travail fatigant physiquement, un quart dĂ©claraient que celui-ci les empĂȘchait de dormir. Cette proportion augmentait avec l’ñge
et était plus marquée chez les agriculteurs (38 %) et les cadres (36 %) [14].
Depuis les années 1980, la proportion de salariés travaillant la nuit est restée stable puis a légÚrement augmenté à partir des années 1990 (13 % en 1991, 14 % en 2002 et 15 % en 2005). Le travail en
équipe alternante continue également de progresser réguliÚrement [16].
Les troubles de santé associés à court ou à long terme au travail de nuit sont nombreux : troubles du sommeil et digestifs en premier lieu mais aussi troubles gynécologiques, cardiovasculaires, psycho-
logiques
 Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classĂ© le travail de nuit comme cancĂ©rogĂšne probable, sur la base d’études menĂ©es sur les infirmiĂšres et les hĂŽtesses de l’air et qui
montrent une augmentation du risque du cancer du sein chez les femmes travaillant la nuit [17].
* Dans les enquĂȘtes INSEE et BaromĂštre santĂ©, il est considĂ©rĂ© qu’une personne travaille la nuit quand elle dĂ©clare que sa pĂ©riode de travail se situe, mĂȘme partiellement, dans la tranche de minuit Ă  5 h du
matin, alors que selon le code du travail, il recouvre une plage horaire plus large (21 h-6 h du matin).
Type de produits utilisés pour aider à dormir
selon le sexe en 2010 (en %)
Source:BaromĂštresantĂ©î€ƒPoitou‐Charentes2010‐INPES,ORSPoitou‐Charentes
Hypnotiqueset
anxiolotiques
HomĂ©opathieet
phytothérapie
Traitementnon
médicamenteux
NSP/neconnaitpasle
produit
Autres
65
17,2
0
8,2 9,6
48,9
33,4
2,3 6,7 8,7
Homme(n=70) Fe mme(n=207)
1 / 8 100%
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