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Mars 2013
SOMMAIRE
Rythme Veille Sommeil
Le temps de sommeil représente plus du tiers de notre vie. Praticiens de santé et grand pu-
blic s’accordent pour considérer le sommeil comme un facteur d’équilibre et de bonne santé
au quotidien. Le sommeil de mauvaise qualité, considéré comme un problème majeur de
santé publique par la plupart des médecins généralistes [1], est relié à différents problèmes
de santé ou facteurs de risque : surpoids et obésité, risque cardiovasculaire, maladies psy-
chiatriques, addictions, accidents…
Une synthèse des études menées à l’Institut de veille sanitaire (InVS) parue en mars 2012 [2]
montre qu’en France, en 2008, plus d’une personne sur trois déclarait la présence de troubles
du sommeil à la fréquence d’au moins trois nuits par semaine. Ils concernaient plus souvent
les femmes et les plus âgés. Cette synthèse montre également qu’une personne sur cinq
présentait une insomnie chronique accompagnée d’un retentissement diurne (fatigue ou
somnolence excessive). L’analyse mettait en évidence un risque accru d’insomnie chronique
avec retentissement fonctionnel chez les personnes travaillant en rythme décalé et chez les
personnes considérées comme les plus précaires socialement. L’insomnie chronique était
également associée à un grand nombre de maladies chroniques et à des indicateurs globaux
de santé dégradés. Parmi les personnes souffrant d’insomnie chronique s’accompagnant
d’un retentissement diurne, moins d’un tiers déclarait avoir consulté un médecin et une per-
sonne sur cinq prenait de façon habituelle des médicaments pour dormir alors qu’il est dé-
conseillé d’avoir recours aux hypnotiques et anxiolytiques après la phase aigüe.
La prise en compte des troubles du rythme veille / sommeil comme problématique de santé
publique à part entière constitue un enjeu fort pour la prévention.
Ce bulletin vise à diffuser les informations disponibles en région concernant l’épidémiologie
de ces troubles et l’offre de prise en charge.
I. Définitions et concepts
II. Sommeil et état de santé
III. Epidémiologie des troubles du
rythme veille/sommeil
IV. Prise en charge : les ressources
régionales
V. Qualité de vie
VI. Orientations stratégiques et poli-
tiques
VII. Les ressources nationales
Ce bulletin est publié dans le cadre de la journée du sommeil le 22 mars 2013
COMITE DE PILOTAGE
1
Troubles du rythme veille/sommeil
en Poitou-Charentes
Faits marquants
 Une durée de sommeil insuffisante expose aux risques de surpoids et de diabète et augmente
le risque d’hypertension artérielle.
 En 2010 dans la région, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil. Dans 8
cas sur 10, il s’agissait d’apnées du sommeil.
 Plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été enregistrés en 2011 dans la région,
principalement des polygraphies respiratoires réalisées par des pneumologues libéraux.
 La consommation régulière d’hypnotiques (3 délivrances au moins dans l’année) concerne 5 %
de la population régionale, alors même qu’il est déconseillé d’avoir recours à ce type de médi-
caments en cas d’insomnie chronique.
 Près des deux tiers des personnes de 15 à 85 ans déclarent avoir un trouble du sommeil et un
cinquième de ces personnes déclarent consommer des produits pour dormir.
 Près de 8 jeunes de 15 ans scolarisés sur 10 déclarent avoir au moins un trouble du sommeil.
 Les femmes déclarent plus souvent des troubles du sommeil mais les deux tiers des patients
hospitalisés sont des hommes.
 Le travail en horaire décalé, en progression ces dernières années, a des conséquences avérées
en terme de sommeil et de santé.
 En Poitou-Charentes, il existe quatre centres du sommeil, le parcours de soins se structure,
mais encore trop peu d’actions de prévention sont mises en œuvre.
POITOU-CHARENTES BULLETIN D’OBSERVATION
BOS
Le comité de pilotage est composé
de : Pr Paquereau et Dr Lode Kolz
(Centre du sommeil - CHU de Poi-
tiers), Mme Vanhille et Dr Vivier-
Darrigol (ARS), Dr Guichard (Centre
du sommeil - CH de Niort), Dr Berson
(DIRECCTE), Dr Ayrivié (Centre du
sommeil - CH de La Rochelle), Dr
Auregan (Polyclinique de Poitiers),
Dr Papeix (Réseau Veille Sommeil en
Poitou-Charentes), M. Grandel
(Association nationale Sommeil et
santé).
Nous remercions les membres du
comité de pilotage ainsi que le Collè-
ge régional d’information médicale
(CoRIM), la Cellule d’observation
statistiques et analyses (COSA) de
l’ARS, l’Association régionale des
caisses de la Mutualité sociale agri-
cole (ARC-MSA), le Régime social des
indépendants (RSI), pour leur aide
dans l’élaboration de ce document.
Rédacteurs :
Véronique Bounaud (ORS)
Julie Debarre (ORS)
Bulletin
Observation
Santé
2
2
I - Définitions et concepts
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013
Qu’est-ce que le rythme veille/sommeil ?
Deux états physiologiques rythment la vie quotidienne : le sommeil et la veille. Le sommeil permet
une récupération physique, psychologique et intellectuelle qui prépare la veille qui va suivre. Le
sommeil est constitué de stades qui s’organisent en plusieurs cycles d’environ 90 minutes chacun au
cours de la nuit. Ces stades comprennent le sommeil lent (qui correspond au sommeil léger et
sommeil profond) et le sommeil paradoxal (phase au cours de laquelle les rêves dont on se souvient
le mieux se produisent). Le sommeil profond est surtout présent en début de nuit alors que les
sommeils léger et paradoxal sont plus abondants dans la seconde moitié de la nuit, ce qui explique
que la première partie de la nuit soit plus réparatrice.
L’organisation des stades de sommeil évolue au cours de la vie [3]
- Le nouveau-né dort presque autant le jour que la nuit. L'installation d’un rythme circadien (c’est-à-
dire de 24 h) survient entre le 1
er et le 6
ème mois, le sommeil devient surtout nocturne.
L’endormissement se fait souvent en sommeil paradoxal à la naissance.
- Le sommeil agité est le plus représenté au cours des premiers jours de la vie. Il va laisser place à un
sommeil paradoxal dès l’âge de 3 mois. Ce dernier va beaucoup diminuer pour représenter 20 à 25 %
du temps de sommeil vers un an, comme chez l’adulte.
- Entre 1 et 6 ans, les endormissements se font comme chez l’adulte et le grand enfant, en sommeil
lent léger. Le sommeil profond est abondant à chaque cycle de sommeil, bien que plus représenté en
début de nuit. Il existe aussi à cette période de la vie un besoin indispensable de sieste qui disparaît
vers 5-6 ans. Avec la disparition des siestes, le sommeil est en première partie de nuit principalement
représenté par du sommeil profond.
- Entre 6 et 12 ans, le sommeil nocturne est très riche en sommeil lent profond en première partie de
nuit. Il existe parfois des difficultés d’endormissement liées à une occupation tardive et/ou à une
discordance entre le coucher des enfants et celui des adultes.
- Les adolescents ont des besoins de sommeil plus importants et une tendance naturelle à un retard
de phase (coucher et lever tardifs) due aux modifications biologiques qui accompagnent la puberté
et accentuée par des comportements souvent inadaptés. Un coucher tardif entraîne une privation de
sommeil rarement rattrapé par un éveil tardif ou une sieste.
- Chez les adultes, la proportion de sommeil profond est de 20 à 25 %, celle du sommeil paradoxal est
également de 20 à 25 % et le sommeil léger représente 50 à 55 %. Les éveils nocturnes vont être de
plus en plus nombreux. Les sollicitations familiales et sociales entraînent souvent un coucher tardif,
donc une réduction du temps de sommeil.
- Les seniors ont un sommeil plus léger, plus fragmenté et se lèvent plus tôt. Leur besoin de sommeil
demeure sensiblement le même qu’au début de l’âge adulte. L’incidence des troubles du sommeil et
notamment de l’insomnie, augmente considérablement avec l’âge.
- A partir de 75 ans, le temps passé à dormir diminue alors que le temps passé au lit continue
d’augmenter. Le délai d’endormissement s’accroît et peut atteindre 45 minutes à 80 ans. Les
éveils nocturnes augmentent et s’allongent.
Un large éventail de troubles du sommeil [4]
L’American Academy of Sleep Medicine a établi la classification internationale des
troubles du sommeil qui fait référence en la matière. Cette classification distingue :
- L’insomnie : mauvais sommeil nocturne caractérisé par des difficultés
d’endormissement, de maintien du sommeil ou une sensation de sommeil non
récupérateur. Ce sommeil de mauvaise qualité s’accompagne de perturbations diurnes
telles que la baisse de la vigilance et des performances, la fatigue ou l’irritabilité ;
- Les troubles du sommeil en relation avec la respiration : syndrome d’apnée du sommeil,
qu’elle soit obstructive ou centrale ;
- Les hypersomnies de tous types, c’est-à-dire une augmentation du besoin de sommeil
dans la journée ;
- Les troubles du rythme circadien du sommeil : retard ou avance de phase, rythme veille/
sommeil irrégulier ;
- Les parasomnies qui recouvrent les éveils confusionnels, le somnambulisme, les terreurs
nocturnes, les cauchemars, etc.
- Autres catégories : agitations au cours du sommeil paradoxal, mouvements des jambes
au cours du sommeil, symptômes isolés (ronflement), somniloquie et autres troubles du
sommeil.
Ces différents troubles ont des répercussions en terme de santé physique, mentale et
sociale.
Source : adapté de Challamel M.J., Thirion M. et Apple-
ton & Lange, Kandel, Schwartz, Jessell, Principles of
Neural Science
Fatigue et somnolence diurne excessive (SDE) : une confusion
persistante entraînant des défauts de prise en charge
La somnolence est « un état intermédiaire entre la veille et le sommeil
caractérisé par une tendance irrésistible à l’assoupissement si la personne
n’est pas stimulée » [5]. La SDE résulte d’un déficit quantitatif de sommeil
le plus souvent lié à une privation volontaire de sommeil, une consomma-
tion de médicaments psychotropes ou un ronflement pathologique asso-
cié à des apnées du sommeil. La SDE est directement en cause dans un
tiers des accidents mortels sur autoroutes [6]. La confusion entre fatigue
et somnolence accentue le retard de diagnostic de la SDE. Lorsquelle est
dépistée, le plus souvent il existe un traitement de la cause (adaptation
thérapeutique, suppression des apnées la nuit par pression positive
continue, hygiène du sommeil, prise de psychostimulants pour certaines
maladies rares). La sieste est le meilleur traitement naturel de la somno-
lence par manque de sommeil.
La fatigue se caractérise par la sensation de ne pas pouvoir effectuer les
tâches habituelles sans faire appel à des ressources insoupçonnées de la
volonté. En l’absence de cause connue, la fatigue peut résulter d’une
désynchronisation des horloges du sommeil. La prise en charge de la
fatigue doit être adaptée au cas par cas mais il est maintenant reconnu
qu’un temps excessif au lit et non adapté à la personne accentue la sensa-
tion de fatigue et aggrave une insomnie.
L’amélioration des dépistages de la fatigue ou de la somnolence constitue
un enjeu fort de santé publique.
Déroulement temporel d'une nuit de som-
meil (hypnogramme) en fonction de l’âge
3
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 3013
3
Sommeil et stress : prendre en charge pour enrayer le cercle vicieux [12]
Le stress agit sur des fonctions physiologiques qui augmentent l’éveil. Ceci conduit à des diffi-
cultés d’endormissement associées à des difficultés à maintenir son sommeil. Le stress peut donc
causer une insomnie aigüe. Peuvent s’en suivre des ruminations liées à l’inquiétude d’un mauvais
sommeil et de ses conséquences négatives sur les performances du lendemain. Le stress peut
donc également faire évoluer l’insomnie vers une insomnie chronique, accentuant encore le
stress. Les premiers signes d’insomnie qui se prolongent doivent mener à une consultation spécifi-
que auprès du médecin traitant pour mettre en place une prise en charge adaptée avant que la
déprime, voire la dépression, ne s’installe. Une insomnie réactionnelle à un évènement ne dure
que quelques nuits. Au-delà, il faut en parler à son médecin pour éviter l’évolution vers une insom-
nie chronique.
II - Sommeil et état de santé
Une durée de sommeil inférieure à 6 heures expose au risque de diabète et à la prise de
poids et à l’obésité [9] [10]
Des études ont mis en évidence des liens entre troubles du sommeil et diabète. Les patients dia-
bétiques présentent plus souvent des difficultés d’endormissement et de maintien du sommeil.
D’autre part, les troubles du sommeil (privation chronique ou pathologie du sommeil) intervien-
nent dans le développement du diabète et la prise de poids. Ainsi, le temps de sommeil joue un
rôle dans lapparition ou laggravation du diabète. Le syndrome dapnées du sommeil est égale-
ment pointé comme un facteur de risque identifié à lui seul pour l’apparition d’un diabète. Une
privation de sommeil peut également entraîner une prise de poids par augmentation de la durée
de sécrétion de l’hormone favorisant la faim, la ghréline. Un manque de sommeil conduit à un
comportement de « grignotage » et à une prise alimentaire vers des aliments plus sucrés.
Réunir les conditions pour un sommeil de bonne qualité :
Recommandations de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV)
- Adopter des horaires de sommeil réguliers. Se coucher et se lever à heures régulières facilite en effet le sommeil.
- Se lever tous les jours à la même heure, week-end compris, a un effet synchroniseur du rythme veille-sommeil.
- Le réveil doit être dynamique pour bien éveiller son corps : lumière forte, exercices d’étirement, petit déjeuner complet.
- La pratique d’un exercice physique régulier dans la journée favorise l’endormissement. Eviter l’exercice physique en soirée,
en particulier avant d’aller dormir.
- Se reposer ou faire une courte sieste en début d’après-midi. Il suffit de fermer les yeux 5 à 20 minutes en relâchant le corps.
Le sommeil viendra rapidement si le besoin est là. La sieste permet de maintenir la vigilance pour le reste de la journée.
- Eviter les excitants après 16 heures. Café, thé, cola, vitamine C retardent l’endormissement et augmentent les réveils
nocturnes.
- Eviter l’alcool et le tabac le soir. La nicotine est un stimulant qui retarde l’endormissement, augmente les réveils nocturnes
et rend le sommeil plus léger. L’alcool a une action sédative mais favorise l’instabilité du sommeil avec des éveils nocturnes
fréquents.
Ce qui doit amener à consulter son médecin
traitant
- Avoir du mal à s’endormir
- Se réveiller trop tôt
- Avoir des sensations désagréables dans les jam-
bes qui empêchent de dormir
- Etre fatigué le matin
- Avoir des envies de dormir dans la journée
- Lutter pour rester actif
- Avoir un sommeil agité, un entourage inquiet du
ronflement et des arrêts de respiration au cours
du sommeil
L’Institut national du sommeil et de la vigilance
(INSV) diffuse via son site Internet (www.institut-
sommeil-vigilance.org) des tests permettant aux
personnes d’évaluer d’éventuels troubles du som-
meil afin d’en parler le cas échéant à leur médecin.
Les examens de dépistage des troubles
du sommeil
L’agenda du sommeil est un relevé des
horaires de sommeil. Il permet de visuali-
ser les difficultés rencontrées.
L’actimétrie est un examen du rythme
veille-sommeil réalisé grâce à un actimè-
tre, appareil de la taille d’une montre qui
permet d’avoir une représentation du
rythme veille-sommeil et de la qualité de
la nuit. Cet examen se fait en ambulatoire
et vient en complément de la consultation
et de l’agenda du sommeil pour apporter
des informations sur la qualité du sommeil
et son organisation sur 24 heures.
La polygraphie respiratoire est un exa-
men qui permet d’enregistrer tous les
paramètres de la respiration au cours du
sommeil. Elle est utile pour diagnostiquer
ou éliminer un syndrome d’apnées du
sommeil. Cet examen est réalisé le plus
souvent en ambulatoire.
La polysomnographie est l’examen ap-
profondi pour étudier le sommeil. Il se fait
le plus souvent au cours d’une nuit passée
en centre de sommeil. Une polysomnogra-
phie comporte l’enregistrement de l’activi-
té électrique du cerveau et de différents
paramètres qui permettent soit de diffé-
rencier les stades de sommeil soit de re-
chercher des anomalies associées au som-
meil (troubles respiratoires, mouvements
des jambes, agitations, troubles du rythme
cardiaque...).
Les tests de vigilance (tests itératifs de
latence d’endormissement et tests de
maintien d’éveil) servent à évaluer la pro-
pension au sommeil, ou au contraire, à
lutter contre le sommeil, en conditions
monotones. Ils sont réalisés en laboratoire.
Sources : Réseau Morphée (http://www.reseau-
morphee.fr) consulté le 30 octobre 2012
Exploitation : ORS Poitou-Charentes
Une durée de sommeil courte ou diminuée est associée à des problèmes de santé [7] [8]
Outre son impact sur les accidents, un mauvais sommeil (par privation chronique de sommeil ou à
cause d’une pathologie du sommeil) a un impact sur différentes fonctions : reconstitution des
stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses, production d’hormones (dont l’hormo-
ne de croissance chez les enfants), régulation de la glycémie, élimination des toxines, stimulation
des défenses immunitaires, régulation de l’humeur et de l’activation du stress, mécanismes d’ap-
prentissage et de mémorisation ou maintien de la vigilance.
Un mauvais sommeil augmente le risque d’hypertension artérielle [11]
La pression artérielle varie au cours de la journée en fonction des activités pratiquées et s’adapte
aux besoins immédiats de l’organisme. Les désordres susceptibles de perturber le sommeil peu-
vent avoir une influence sur l’état du système cardiovasculaire. De la dette de sommeil aux patho-
logies spécifiques du sommeil, les perturbations peuvent avoir un effet sur le niveau de pression
artérielle et parfois favoriser la survenue et l’installation d’une hypertension. Le Comité français de
lutte contre l’hypertension artérielle a réalisé une étude portant sur 3 718 personnes âgées de 35
ans et plus. Dans cette étude, l’hypertension est associée aux ronflements, à la somnolence diurne
excessive et à l’apnée du sommeil.
4
4
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013
III– Epidémiologie des troubles du rythme veille / sommeil dans la région
Le recours à l’hospitalisation
En 2010, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil
Selon les données du PMSI de court séjour, 2 448 séjours de courte durée dus
à des troubles du sommeil ont été enregistrés en Poitou-Charentes, soit un
taux de recours standardisé à l’hospitalisation de 139 séjours pour 100 000
habitants. Ce taux de séjour est deux fois plus important chez les hommes
que chez les femmes. Il est plus élevé en Charente et en Vienne et moins im-
portant en Deux-Sèvres qu’au niveau régional.
Ces séjours concernaient 2 100 patients différents domiciliés dans le Poitou-
Charentes dont les deux tiers étaient des hommes. L’âge moyen lors de l’hos-
pitalisation est de 58 ans. Le taux d’hospitalisation croit jusqu’à 60-69 ans puis
décroit.
Les apnées du sommeil représentaient plus de 8 hospitalisations sur 10
En 2010, 2 050 séjours hospitaliers étaient dus aux apnées du sommeil, ce qui
représente 84 % des séjours pour trouble du sommeil. Cette proportion était
un peu plus élevée chez les hommes (87 %). Les autres troubles du sommeil
ayant occasionné une hospitalisation pour examen étaient par ordre de fré-
quence l’hypersomnie (6 %) et l’insomnie (3 %). Parmi les autres troubles sont
comptabilisés les troubles du cycle veille-sommeil (1 %), la narcolepsie et
cataplexie (0,8 %) et le somnambulisme (0,2 %).
Taux comparatif de recours à l’hospitalisation pour un trouble
du sommeil (pour 100 000 hab.) en 2010
Sources:PMSIMCO,INSEE2009  Exploitation:ORSPoitouCharentes
Les données de l’activité médicale recueillies dans le cadre du Programme de médicalisation des systè-
mes d’information en médecine, chirurgie et obstétrique (PMSI MCO) permettent d’analyser les maladies
motivant les recours hospitaliers dans les unités de soins de courte durée de patients domiciliés en Poitou-Charentes
L’unité de base est le séjour, un même patient ayant pu effectuer plusieurs séjours.
Répartition des motifs de recours à l’hospitalisation
pour un trouble du sommeil en 2010 (en %)
Homme Femme Total
Apnée du sommeil 87,0 77,1 83,8
Hypersomnie 5,1 8,8 6,3
Insomnie 1,8 4,6 2,7
Autres troubles 6,1 9,5 7,2
TOTAL 100,0 100,0 100,0
Sources:PMSIMCO,INSEE2009  Exploitation:ORSPoitouCharentes
Les actes cotés en médecine du sommeil
En 2011, plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été en-
registrés, avec des variations importantes d’un département à l’autre
En 2011, 11 534 actes médicaux concernant le sommeil ont été enregistrés,
soit un taux de recours de 654 actes pour 100 000 habitants. Le quart provient
d’hôpitaux et les trois quart des médecins libéraux ou des cliniques privées.
Les trois quart de ces actes sont des polygraphies respiratoires et 21 % des
polysomnographies. Les autres examens se pratiquent uniquement en milieu
hospitalier (polygraphie thérapeutique et évaluation diurne de la vigilance).
Près des deux tiers des actes cotés en médecine du sommeil concernent des
hommes avec un taux de recours de 861 actes pour 100 000 habitants. Ce
taux de recours croit jusqu’à 60 à 69 ans puis décroit. Il est différent d’un dé-
partement à l’autre, allant de 275 actes pour 100 000 habitants en Deux-
Sèvres à 920 actes pour 100 000 habitants en Charente.
Taux de recours aux actes cotés en médecine du sommeil
selon le sexe et l’âge en 2011 (pour 100 000 hab.)
Le recours aux médicaments
5 % de la population consomment régulièrement des hypnotiques
En 2011, près de 3 % des personnes affiliées aux trois principaux régimes de
sécurité sociale ont consommé un hypnotique dans l’année sur prescription
médicale pouvant refléter une insomnie transitoire. 5 % de la population régio-
nale sont des consommateurs réguliers (au moins 3 délivrances dans l’année),
ce qui traduit plutôt une insomnie chronique1. La consommation régulière
d’hypnotiques augmente avec l’âge et cette consommation est supérieure
chez les femmes quelle que soit la tranche d’âge. Cependant, d’autres classes
de médicaments sont également utilisées dans un but hypnotique, pour leurs
propriétés sédatives : les anxiolytiques et certains antidépresseurs. Or, selon les
mêmes données, respectivement 8,1 % et 7,7 % de la population régionale ont
consommé régulièrement (au moins 3 délivrances) des anxiolytiques et des
antidépresseurs sur l’année 2011.
1 Cet indicateur de 3 délivrances ou plus dans l’année est également le reflet d’une prise en
charge inadaptée de l’insomnie chronique car il est déconseillé d’avoir recours aux hypnoti-
ques et anxiolytiques après la phase aigüe.
Taux de consommants réguliers d’hypnotiques
(au moins 3 délivrances dans l’année) en 2011 (en %)
Charente Charente
Maritime
NordOuest
Charente
Maritime
SudEst
Deuxvres Vienne Poitou
Charentes
226
202 201
111
246
196
96
81
104
54
114
88
Homme Femme
*
*
*
*
*
*:différencesignificativeaveclavaleurPoitouCharentes
Sources:ARS(COSA),MSA,RSI,INSEE2009 Exploitation:ORSPoitouCharentes
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
moins
de15
15‐ 19 20‐ 24 25‐ 29 3039 4049 5059 6069 7079 8089 90et+
Hommes Femmes
Sources:PMSIMCO,SNIIRAM,INSEE2009 Exploitation:ORSPoitouCharentes
Ans
5
BOS Sommeil - ORS Poitou-Charentes - Mars 3013
5
78 % des jeunes de 15 ans de Poitou-Charentes scolarisés déclarent
avoir au moins un trouble du sommeil
En 2012, 85 % des filles et 70 % des garçons de 15 ans déclarent avoir au
moins un trouble du sommeil. Environ 45 % déclarent se réveiller trop tôt
sans pouvoir se rendormir, 42 % éprouvent des difficultés à s’endormir,
41 % se réveillent avec des difficultés pour se rendormir et 39 % considè-
rent que leur sommeil n’est pas récupérateur. Un cinquième de l’échantil-
lon n’est pas satisfait de son sommeil et 12 % font des cauchemars assez/
très souvent. Ces troubles sont plus souvent exprimés par les filles que par
les garçons (excepté pour le sommeil non récupérateur).
Insatisfaitdeson
sommeil
Di fficultés
d'endormissement
veilnocturne RéveilprécoceSommeilnon
récupérateur
Somnolencediurne
20,4 17,2
41,1 37,2
16,8
7,9
21,8
31,2
54,1
42,9
22,6
6,3
Homme(n=505) Femme(n=727)
Déclaration des troubles du sommeil selon le sexe
en 2010 (en %)
Source:BaromètresantéPoitouCharentes2010‐INPES,ORSPoitouCharentes
Les attitudes et les comportements déclarés vis-à-vis du sommeil
Près des deux tiers des 15-85 ans déclarent un trouble du sommeil
En 2010, selon le Baromètre Santé en Poitou-Charentes, 65 % des per-
sonnes interrogées de 15 à 85 ans déclarent avoir au moins un trouble
du sommeil : plus chez les femmes (70 %) que chez les hommes (59 %).
Près de la moitié déclarent se réveiller pendant la nuit avec des diffi-
cultés pour se rendormir, 40 % se réveillent trop tôt sans pouvoir se ren-
dormir, près d’un quart éprouvent des difficultés à s’endormir et 20 %
considèrent que leur sommeil n’est pas récupérateur. Ces troubles sont
plus souvent exprimés par les femmes, excepté pour la somnolence :
8 % des hommes déclarent être régulièrement ou souvent somnolents
pendant la journée contre 6 % pour les femmes.
Un cinquième des 15-85 ans de Poitou-Charentes déclarent
consommer des produits pour dormir
Plus d’un quart des femmes et 12 % des hommes déclarent avoir recours
à un produit, médicamenteux ou non, pour dormir. Dans plus de la moi-
tié des cas, le produit utilisé est un hypnotique ou un anxiolytique, parti-
culièrement chez les hommes (65 %). La moitié de ce type de médica-
ment est un benzodiazépine, c’est-à-dire un médicament psychotrope
avec possibilité d’accoutumance et d’addiction à long terme. L’homéo-
pathie et la phytothérapie représentent plus d’un quart des produits
utilisés, principalement chez les femmes (33 %) [13]. La phytothérapie
est recommandée en première intention par les médecins généralistes.
Le Baromètre Santé Poitou-Charentes 2010 est une enquête téléphonique mise en place par l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé
(INPES) afin d’appréhender les connaissances, les attitudes et les comportements à l’égard de la santé. En 2010, 1 736 individus âgés de 15 à 85 ans et
représentatifs des habitants de la région ont répondu à l’enquête. Répétée dans le temps, cette enquête permet de mettre en avant des spécificités régio-
nales et les évolutions au cours des 10 dernières années [14].
Enquête « Enquête adolescents 15 ans 2012 Rectorat de Poitiers et Association Relais 17 » [15]
Cette enquête a été initiée et mise en place en 2012 par le Rectorat de Poitiers et l’association Relais 17, avec le concours financier de l’ARS Poitou-Charentes. Au total,
923 adolescents de 15 ans scolarisés dans 99 établissements de l’Académie de Poitiers ont répondu à un auto questionnaire abordant un ensemble de thématiques
dont le sommeil. En partie basé sur le questionnaire HBSC, l’outil de recueil a été construit par l’association Relais 17 avec le concours du département de médecine
générale de l’Université de Poitiers, l’Institut universitaire de santé publique, le Rectorat de Poitiers et l’Observatoire régional de la santé Poitou-Charentes.
Insatisfaitdeson
sommeil
Difficul tés
d'endormissement
Réveilnocturne RéveilprécoceSommeilnon
récupérateur
Fairedes
cauchemarsdepuis1
an(Assez/très
souvent)
16,9
30,4 28,9
40,0
45,3
4,2
24,7
53,5 53,6 50,3
33,0
20,4
Garçon(n=454) Fille(n=466)
Déclaration des troubles du sommeil à 15 ans
selon le sexe en 2012 (en %)
Source:EnquêteAdolescents15ans2012RectoratdePoitiersetAssociationRelais17
Exploitation:ORSPoitouCharentes
Les horaires atypiques ont des conséquences sur le sommeil et la santé
Selon les données du Baromètre Santé 2010 en Poitou-Charentes, près de 14 % des actifs interrogés déclaraient travailler de nuit* (20 % des hommes et 7 % des femmes) et 31 % être concernés par le
travail posté ou avec des horaires alternants. Ces horaires atypiques sont pratiqués plus particulièrement chez les agriculteurs exploitants (43 % en horaires de nuit et 28 % en horaires décalés) et les
ouvriers (respectivement 18 % et 39 %). Si 6 actifs sur 10 jugeaient leur travail fatigant physiquement, un quart déclaraient que celui-ci les empêchait de dormir. Cette proportion augmentait avec l’âge
et était plus marquée chez les agriculteurs (38 %) et les cadres (36 %) [14].
Depuis les années 1980, la proportion de salariés travaillant la nuit est restée stable puis a légèrement augmenté à partir des années 1990 (13 % en 1991, 14 % en 2002 et 15 % en 2005). Le travail en
équipe alternante continue également de progresser régulièrement [16].
Les troubles de santé associés à court ou à long terme au travail de nuit sont nombreux : troubles du sommeil et digestifs en premier lieu mais aussi troubles gynécologiques, cardiovasculaires, psycho-
logiques… Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le travail de nuit comme cancérogène probable, sur la base d’études menées sur les infirmières et les hôtesses de l’air et qui
montrent une augmentation du risque du cancer du sein chez les femmes travaillant la nuit [17].
* Dans les enquêtes INSEE et Baromètre santé, il est considéré qu’une personne travaille la nuit quand elle déclare que sa période de travail se situe, même partiellement, dans la tranche de minuit à 5 h du
matin, alors que selon le code du travail, il recouvre une plage horaire plus large (21 h-6 h du matin).
Type de produits utilisés pour aider à dormir
selon le sexe en 2010 (en %)
Source:BaromètresantéPoitouCharentes2010‐INPES,ORSPoitouCharentes
Hypnotiqueset
anxiolotiques
Homéopathieet
phytothérapie
Traitementnon
médicamenteux
NSP/neconnaitpasle
produit
Autres
65
17,2
0
8,2 9,6
48,9
33,4
2,3 6,7 8,7
Homme(n=70) Fe mme(n=207)
1 / 8 100%
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