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I - Définitions et concepts
BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013
Qu’est-ce que le rythme veille/sommeil ?
Deux états physiologiques rythment la vie quotidienne : le sommeil et la veille. Le sommeil permet
une récupération physique, psychologique et intellectuelle qui prépare la veille qui va suivre. Le
sommeil est constitué de stades qui s’organisent en plusieurs cycles d’environ 90 minutes chacun au
cours de la nuit. Ces stades comprennent le sommeil lent (qui correspond au sommeil léger et
sommeil profond) et le sommeil paradoxal (phase au cours de laquelle les rêves dont on se souvient
le mieux se produisent). Le sommeil profond est surtout présent en début de nuit alors que les
sommeils léger et paradoxal sont plus abondants dans la seconde moitié de la nuit, ce qui explique
que la première partie de la nuit soit plus réparatrice.
L’organisation des stades de sommeil évolue au cours de la vie [3]
- Le nouveau-né dort presque autant le jour que la nuit. L'installation d’un rythme circadien (c’est-à-
dire de 24 h) survient entre le 1
er et le 6
ème mois, le sommeil devient surtout nocturne.
L’endormissement se fait souvent en sommeil paradoxal à la naissance.
- Le sommeil agité est le plus représenté au cours des premiers jours de la vie. Il va laisser place à un
sommeil paradoxal dès l’âge de 3 mois. Ce dernier va beaucoup diminuer pour représenter 20 à 25 %
du temps de sommeil vers un an, comme chez l’adulte.
- Entre 1 et 6 ans, les endormissements se font comme chez l’adulte et le grand enfant, en sommeil
lent léger. Le sommeil profond est abondant à chaque cycle de sommeil, bien que plus représenté en
début de nuit. Il existe aussi à cette période de la vie un besoin indispensable de sieste qui disparaît
vers 5-6 ans. Avec la disparition des siestes, le sommeil est en première partie de nuit principalement
représenté par du sommeil profond.
- Entre 6 et 12 ans, le sommeil nocturne est très riche en sommeil lent profond en première partie de
nuit. Il existe parfois des difficultés d’endormissement liées à une occupation tardive et/ou à une
discordance entre le coucher des enfants et celui des adultes.
- Les adolescents ont des besoins de sommeil plus importants et une tendance naturelle à un retard
de phase (coucher et lever tardifs) due aux modifications biologiques qui accompagnent la puberté
et accentuée par des comportements souvent inadaptés. Un coucher tardif entraîne une privation de
sommeil rarement rattrapé par un éveil tardif ou une sieste.
- Chez les adultes, la proportion de sommeil profond est de 20 à 25 %, celle du sommeil paradoxal est
également de 20 à 25 % et le sommeil léger représente 50 à 55 %. Les éveils nocturnes vont être de
plus en plus nombreux. Les sollicitations familiales et sociales entraînent souvent un coucher tardif,
donc une réduction du temps de sommeil.
- Les seniors ont un sommeil plus léger, plus fragmenté et se lèvent plus tôt. Leur besoin de sommeil
demeure sensiblement le même qu’au début de l’âge adulte. L’incidence des troubles du sommeil et
notamment de l’insomnie, augmente considérablement avec l’âge.
- A partir de 75 ans, le temps passé à dormir diminue alors que le temps passé au lit continue
d’augmenter. Le délai d’endormissement s’accroît et peut atteindre 45 minutes à 80 ans. Les
éveils nocturnes augmentent et s’allongent.
Un large éventail de troubles du sommeil [4]
L’American Academy of Sleep Medicine a établi la classification internationale des
troubles du sommeil qui fait référence en la matière. Cette classification distingue :
- L’insomnie : mauvais sommeil nocturne caractérisé par des difficultés
d’endormissement, de maintien du sommeil ou une sensation de sommeil non
récupérateur. Ce sommeil de mauvaise qualité s’accompagne de perturbations diurnes
telles que la baisse de la vigilance et des performances, la fatigue ou l’irritabilité ;
- Les troubles du sommeil en relation avec la respiration : syndrome d’apnée du sommeil,
qu’elle soit obstructive ou centrale ;
- Les hypersomnies de tous types, c’est-à-dire une augmentation du besoin de sommeil
dans la journée ;
- Les troubles du rythme circadien du sommeil : retard ou avance de phase, rythme veille/
sommeil irrégulier ;
- Les parasomnies qui recouvrent les éveils confusionnels, le somnambulisme, les terreurs
nocturnes, les cauchemars, etc.
- Autres catégories : agitations au cours du sommeil paradoxal, mouvements des jambes
au cours du sommeil, symptômes isolés (ronflement), somniloquie et autres troubles du
sommeil.
Ces différents troubles ont des répercussions en terme de santé physique, mentale et
sociale.
Source : adapté de Challamel M.J., Thirion M. et Apple-
ton & Lange, Kandel, Schwartz, Jessell, Principles of
Neural Science
Fatigue et somnolence diurne excessive (SDE) : une confusion
persistante entraînant des défauts de prise en charge
La somnolence est « un état intermédiaire entre la veille et le sommeil
caractérisé par une tendance irrésistible à l’assoupissement si la personne
n’est pas stimulée » [5]. La SDE résulte d’un déficit quantitatif de sommeil
le plus souvent lié à une privation volontaire de sommeil, une consomma-
tion de médicaments psychotropes ou un ronflement pathologique asso-
cié à des apnées du sommeil. La SDE est directement en cause dans un
tiers des accidents mortels sur autoroutes [6]. La confusion entre fatigue
et somnolence accentue le retard de diagnostic de la SDE. Lorsqu’elle est
dépistée, le plus souvent il existe un traitement de la cause (adaptation
thérapeutique, suppression des apnées la nuit par pression positive
continue, hygiène du sommeil, prise de psychostimulants pour certaines
maladies rares). La sieste est le meilleur traitement naturel de la somno-
lence par manque de sommeil.
La fatigue se caractérise par la sensation de ne pas pouvoir effectuer les
tâches habituelles sans faire appel à des ressources insoupçonnées de la
volonté. En l’absence de cause connue, la fatigue peut résulter d’une
désynchronisation des horloges du sommeil. La prise en charge de la
fatigue doit être adaptée au cas par cas mais il est maintenant reconnu
qu’un temps excessif au lit et non adapté à la personne accentue la sensa-
tion de fatigue et aggrave une insomnie.
L’amélioration des dépistages de la fatigue ou de la somnolence constitue
un enjeu fort de santé publique.
Déroulement temporel d'une nuit de som-
meil (hypnogramme) en fonction de l’âge