SÉQUENCE II – Séance 7 À TABLE !
accompagnements traditionnels qu’un maître de maison cultivé offre à ses amis pour agrémenter le
banquet. Mais, pour Pline, ce qui rend un dîner agréable, ce sont surtout les échanges entre les
convives (la convivialité, au sens étymologique) : discuter, plaisanter, rire (point de vue d’un
intellectuel aimant la conversation), dans une ambiance chaleureuse et décontractée (voir les≪ ≫
adverbes au comparatif hilarius, simplicius, incautius). Son ami Septicius, qui a dédaigné son
invitation pour aller dîner chez un autre hôte, préfère le luxe des plats et des divertissements. On
note, au passage, la mode des Gaditanae ( danseuses de Gades , soit Cadix), aussi réputées≪ ≫
dans l’Antiquité que le seront plus tard les fameuses belles de Cadix .≪ ≫
–Les reproches de Pline sont-ils sérieux ? Relevez des expressions justifiant votre réponse.
Les reproches de Pline ne sont pas sérieux : ils sont faits sur le mode humoristique, voire ironique.
On relève les exclamations ( ≪Eh bien toi alors ! ), les digressions marquées par les tirets (sur la≫
neige, sur la dépense), le vocabulaire juridique de la sanction (dicitur jus), le ton de la plainte et de
la menace feintes ( tu me paieras la dépense jusqu’au dernier sou , tu as fait du mal , tu≪ ≫ ≪ ≫ ≪
vas en subir la punition ), les expressions volontairement vagues ( chez je ne sais qui , je ne≫ ≪ ≫ ≪
dis pas laquelle ), la boutade finale autour des excuses.≫
LECTURE DE L'IMAGE : Mosaïque romaine d'une scène de banquet, env. 450 ap. J-C,
Neuchâtel (Suisse), musée du château de Boudry.
–Présentation de l'image.
Cette page propose de découvrir une scène de banquet caractéristique d’une certaine période et
d’une certaine société : celle que la postérité a considérée de manière souvent stéréotypée et
caricaturale comme typique du mode de vie romain, c’est-à-dire l’orgie romaine .≪ ≫
Cette immense mosaïque (250 x 360 cm) représente une scène de banquet bien arrosée.
Il est important d’expliquer aux élèves que ce type de repas n’est pas représentatif de toutes les
époques (distinguer la sobriété républicaine du luxe impérial), ni de toutes les classes sociales, ni
de tous les repas. On ne sert pas un banquet de ce genre tous les soirs dans une maison romaine !
Le fameux épisode du banquet de Trimalcion dans le Satyricon de Pétrone a beaucoup contribué à
répandre l’image stéréotypée de l’orgie romaine (voir la vision de Federico Fellini dans son
adaptation au cinéma, Satyricon, 1969).
Cf Document 1 : Les repas
La mosaïque, exceptionnelle par sa taille et par son état de conservation, est caractéristique des
pavements trouvés dans l’Est de l’Empire romain et datant du IV°/V° siècles après J.-C. Les scènes
de la vie quotidienne y sont un thème très populaire, parallèlement aux nombreuses scènes
mythologiques classiques .≪ ≫
On peut noter aussi que la composition de cette mosaïque n’est pas sans rappeler l’une des scènes
les plus célèbres de l’art chrétien : la cène, le dernier repas du Christ avec ses disciples. On sait
que les liens iconographiques entre paganisme et christianisme sont nombreux dans l’art romain à
partir des II°/III° siècles après J.-C. (voir les nombreuses représentations d’Orphée en pasteur≪
charmant les animaux). Faut-il voir ici une scène volontairement parodique de la cène des≫
chrétiens ?
Le pavement en mosaïque représentant des restes de nourriture sur un sol non balayé ≪ ≫
(asarotos oikos en grec) est un type de décor très populaire depuis l’époque hellénistique (IVè-IIIè
siècles avant J.-C.). Pline l’Ancien attribue son invention à un mosaïste de Pergame.
On fait remarquer le fond noir, qui contraste avec les couleurs vives du reste de la scène : sur ce
fond, on distingue têtes et arêtes de poisson, têtes de crevettes, coquilles d’escargots et de fruits de
mer, os de poulet et pinces, indiquant les sortes de viandes et de poissons servis, comme un menu
illustre. Les légumes et les fruits sont aussi représentés : tiges d’artichauts, longues feuilles vertes,