H+ Palais fédéral 4-08

publicité
Novembre 2008 + No 4
editorial
palais fÉdÉral
Lorsqu’elle a été lancée à la fin des
années 90, la révision de la LAMal ne
devait porter que sur le financement
hospitalier. De nombreux thèmes
sont venus s’y greffer par la suite.
Le Parlement procède donc pas à
pas : le financement hospitalier en
tant que pièce maîtresse en 2007,
le financement des soins à mi-2008.
Trois étapes doivent être encore
franchies : la liberté de contracter
avec le gel de l’ouverture des cabinets, la participation des assurés
aux coûts et le Managed Care.
Le Parlement a lié ces trois tranches.
Il discute actuellement de trois modèles qui couvrent un large spectre
allant de « plus de marché » à « plus
d’Etat ». Il s’agit avant tout d’un
transfert du pouvoir des patients
vers les assurés et des cantons vers
les assureurs.
Charles Favre, président de H+
Sommaire
Liberté de contracter
Modèle Helsana : priorité au marché 2
Liberté de contracter
Aperçu des modèles
2
Liberté de contracter
Proposition Oggier : concurrence entre
3
les modèles
Liberté de contracter
Modèle des cantons et des médecins :
3
planification des ressources
SwissDRG
Forfait par cas : un accompagnement
4
scientifique est indispensable
Révision de la LAMal
Suspension des prestations selon
Art. 64a LAMal : solution globale – la
balle est dans le camp du Parlement 4
Impressum
Nouvelles brèves de H+
4
Liberté de contracter
Révision de la LAMal : liberté de contracter
Trois modèles et un changement de paradigme.
Au début de l’année, le Parlement a
prolongé le moratoire sur l’ouverture des nouveaux cabinets médicaux
afin de se donner le temps de trouver une porte de sortie. Les messages sur le Managed Care, la liberté
de contracter et la participation des
assurés aux coûts, qui étaient aussi
gelés, sont touchés. La solution que
le Parlement adoptera pour la liberté
de contracter aura en effet un impact sur les trois autres volets.
La Commission de la santé des Etats
(CSSS-E) s’est penchée en août sur
la liberté de contracter et a chargé
l’administration fédérale de préparer une nouvelle proposition.
Trois modèles…
Depuis la publication du message
du Conseil fédéral de mai 2004, divers modèles ont été discutés. Trois
sont encore sur la table : un modèle
est proposé par l’assureur Helsana,
un est issu des cantons et de la
Fédération des médecins suisses
alors que le troisième est élaboré
par l’économiste de la santé Willy
Oggier. Le message du Conseil fédéral, qui prévoyait une fourchette,
n’est aujourd’hui plus débattu.
… et un changement de paradigme
Ces modèles privilégient des approches et des objectifs différents.
Tous tentent cependant de tirer
les leçons du passé. Alors que les
cantons et les médecins s’appuient
fortement sur le statu quo, Helsana
veut engager un changement de
paradigme en confiant la direction
du système aux assureurs. Jugeant
que ces deux solutions n’ont aucune
chance politiquement, Willy Oggier
mise donc sur la concurrence dans
le pilotage entre les cantons et les
assureurs.
Ni le modèle des cantons, ni celui
d’Helsana ne peuvent garantir que
leur objectif de maîtrise des coûts
sera atteint. Dans le modèle Oggier,
les deux variantes seront en pratique opposées l’une à l’autre, au
lieu de miser politiquement sur une
variante. C’est pourquoi ce modèle
est le plus honnête. Il laisse le choix
aux assurés et ne fait pas miroiter
des améliorations qui ne peuvent
pas être mesurées.
Un transfert du pouvoir des
cantons aux assureurs
Il importe de savoir que chacun de
ces modèles de liberté de contracter
implique un déplacement du pouvoir de décision des patients vers
les assurés. Est-ce que nous savons
aujourd’hui, en tant qu’assurés,
de quel traitement médical nous
aurons besoin demain comme patients ? La liberté de contracter
entraîne aussi un transfert du pouvoir de direction des cantons vers
celui des caisses.
Bernhard Wegmüller, Directeur H+
Liberté de contracter
Modèle Helsana : priorité au marché
Fondamentalement, ce modèle propose d’inverser en faveur des assureurs
maladie le rapport actuel entre l’obligation et la liberté de contracter.
Ce que l’on appelle aujourd’hui les
formes particulières d’assurances
(ex. : le Managed Care) deviendront
la norme. Et le libre-choix du prestataire de soins exercé actuellement
par le patient sera financièrement
pénalisé.
Selon ce modèle, la différenciation
s’opérera non au travers des primes mais au travers des franchises
et de la participation. Les assurés
pourront choisir entre les options
« Liberté » (pour eux) et «Devoir ».
La participation dans le premier
cas sera moitié moins élevée que
dans le second (voir tableau). En
toute logique, la possibilité de recourir au Managed Care n’est pas
assurée dans l’option «Devoir ».
Position de H+
H+ est favorable à un modèle où
les fournisseurs et les assureurs
concluent des conventions. La sécurité de l’approvisionnement et
la qualité constituent cependant
des pierres d’achoppement. Les
institutions démocratiques doivent
régir ces aspects, si possible à l’échelle nationale.
Bernhard Wegmüller
Aperçu des modèles
ouvert
–
–
–
oui
oui
–
oui
Devoir
Modèle CDS-FMH
Proposition
Oggier
oui
Libre-choix
limité
Approvisionnement étatique
oui
Managed Care
Oui au travers des assurances
–
–
–
–
oui
–
300
10%
limité
non
possible
1000
20%
oui
oui
non
–
oui
oui
–
limité
non
possible
oui
oui
non
égales
Oui, au travers des cantons
–
–
–
Oui au travers des assurances
–
–
–
–
–
–
«–» le modèle ne prend pas position sur ce point
H+ a un nouveau site internet. Vous êtes cordialement invités à visiter nos nouvelles pages > www.hplus.ch
égales
Planification
cantonale
–
Libre-choix du
patient
–
Participation
limité
Modèle Helsana Liberté
Approvisionnement
Franchise
Limitée, subordonnée à la planification
oui
Assurance
Primes
–
Message du Conseil fédéral :
Modèle de la fourchette
Efficience
Qualité
oui
Accès
Approvisionnement
Objectifs d’un système de santé
Liberté de contracter
Proposition Oggier:
concurrence entre les modèles
La concurrence entre les modèles – c’est-à-dire la liberté de choix pour les assurés – constitue le fondement de cette proposition.
Ses règles ne donnent la préférence ni à une variante étatique,
ni à une variante orientée sur le
marché. Plutôt que de laisser aux
politiques le soin d’expérimenter
des modèles, elle laisse cette prérogative aux acteurs, soit avant
tout aux assurés et aux caisses.
Seules les franchises sont abolies
dans la variante « Approvisionnement étatique ». Les différences
résident dans le rapport entre les
prestataires et les assureurs. Les
patients en sentent les effets dans
le choix du médecin, des hôpitaux,
cliniques ou institutions de soins.
Les assurances qui se prononcent
pour la variante « Libre-choix »
sont obligées de proposer également la variante « Approvisionnement étatique ».
Position de H+
Ce modèle contribue à une objectivation de la discussion. Il pose des
règles claires à la concurrence. Au
sein d’un système concurrentiel,
les citoyens peuvent choisir entre
les variantes «Plus de marché» et
«Plus d’Etat». Malheureusement, ce
modèle, comme celui d’Helsana, laisse de côté les aspects de la sécurité de
l’approvisionnement et de la qualité.
Martin Bienlein
Ce modèle ne diffère par fondamentalement de la situation
actuelle. Il ouvre cependant un
champ défini à la concurrence et
fixe des règles.
Liberté de contracter
Modèle des cantons et des médecins:
planification des ressources
Ce modèle est centré sur la planification pour éviter un surapprovisionnement.
Le modèle des cantons et de la Fédération des médecins suisses s’écarte
fondamentalement des deux autres
modèles en discussion. Il ne mise ni
sur la mise en concurrence de deux
variantes (modèle Oggier), ni sur un
renforcement général de la concurrence (modèle Helsana). Ce modèle
est centré bien davantage sur la
garantie politique de l’approvisionnement et de la qualité, ainsi que
sur la planification pour éviter un
surapprovisionnement. La planifica-
tion cantonale serait étendue à
l’ensemble du secteur ambulatoire,
y compris celui relevant des hôpitaux et cliniques. Ce modèle est de
loin le plus détaillé.
Ses faiblesses résident dans l’absence de définition du surapprovisionnement, respectivement dans
la reconduction sous une forme à
peine modifiée du gel des cabinets
médicaux. Les cantons ont interprété différemment ce moratoire. Une
évaluation nationale et systématique de son impact fait défaut.
Position de H+
H+ rejette l’extension de la planification cantonale à l’ensemble du
secteur ambulatoire. L’absence de
définition du surapprovisionnement
pose plus de problèmes qu’elle n’en
résout.
Martin Bienlein
SwissDRG
Forfaits par cas: un accompagnement
scientifique est indispensable!
Le Parlement a fixé le délai d’entrée en vigueur des forfaits par cas à 2012. Les partenaires de la santé – cantons,
hôpitaux, médecins et assurances – s’emploient à réaliser cet objectif (SwissDRG SA).
Les Diagnosis Related Groups (DRG)
recèlent – outre leurs aspects positifs – certains travers, qui sont déjà
connus. Dans le pire des cas, le
traitement médical et la couverture
des soins peuvent en souffrir. Cela
ne doit pas se produire. Les « bloody
exits » (sorties prématurées) constituent un exemple de soins inappropriés ou insuffisants, où le patient
quitte l’hôpital avant la fin des traitements nécessaires et la guérison.
Autre exemple : le risque de voir les
hôpitaux et cliniques spécialiser
leurs activités, ce qui peut entraîner
des lacunes dans la couverture de
certaines disciplines ou dans l’approvisionnement de certaines régions.
Un monitoring en temps utile comme système d’alerte
Afin qu’il soit possible de réagir en
cas de problème, les faits doivent
être documentés, durant et après la
période d’introduction des forfaits
par cas. Ce monitoring doit impérativement démarrer quelques années
avant l’introduction des forfaits par
cas et comprendre des indicateurs
de qualité qui ne se rapportent
pas directement à des hôpitaux en
particulier, mais à l’ensemble de
la couverture des soins (interface
ambulatoire – stationnaire – soins
de longue durée).
Avec les forfaits par cas, H+ s’attend
notamment à un déplacement du
secteur stationnaire vers l’ambulatoire. Cela n’est pas mauvais, au
contraire. Mais un monitoring prévient la découverte inattendue d’un
déplacement des coûts. Les mesures
éventuellement nécessaires peuvent
être prises plus rapidement si des
analyses sont faites régulièrement.
Dans son ordonnance relative au
financement hospitalier, le Conseil
fédéral confie aux partenaires tarifaires la surveillance de la qualité
des forfaits par cas. C’est bien pour
l’avenir. Mais cela ne résout pas le
problème de la collecte des données
précédant l’introduction des forfaits
par cas. Et la question de l’évolution
du traitement des maladies dans
la perspective globale du système
de couverture des soins ne trouve
pas vraiment de réponse. Toutes
les données de l’Office fédéral de la
statistique, ou d’autres institutions,
sont nécessaires, et pas seulement
celles des partenaires tarifaires de
SwissDRG SA. Un financement des
cantons et des assureurs – les instances qui assument actuellement
les coûts – s’impose.
Reinhard Voegele
Révision de la LAMal
Suspension des prestations selon l’art. 64a LAMal
Solution globale – La balle est dans le camp du Parlement
Sur la base de l’art. 64a LAMal, les assureurs-maladie peuvent suspendre leurs prestations en cas d’arriérés de primes, une pratique qui
a coûté 80,5 millions de francs aux hôpitaux et aux cliniques sous forme de factures impayées.
H+ soutient la proposition de révision de la loi élaborée en commun par les directeurs de la santé et les assureurs.
Depuis la révision de la loi du 1er
janvier 2006, les assureurs-maladie
reportent les risques sur les hôpitaux et les cliniques. Les factures
impayées auprès de ces derniers
s’élèvent au total à 80,5 millions de
francs. Les directeurs cantonaux de
la santé et les caisses ont élaboré
Impressum
H+ Palais fédéral, nouvelles brèves, paraît quatre fois pas an
en allemand et en français. Rédaction: Reinhard Voegele,
Marie-Anne Perrot, H+ Berne.
Secrétarial central, Lorrainestrasse 4A, 3013 Berne,
[email protected], www.hplus.ch. Tél. 031 335 11 11.
H+ est une association de droit privé.
ensemble une solution nationale.
Elle garantit à nouveau le versement des prestations des caisses
dans tous les cas.
L’art. 64a LAMal doit être révisé
conformément à cette solution
provisoire. Sous sa forme actuelle,
cet article ne sert ni les intérêts
des patients ni ceux du système de
santé en général. Le Conseil fédéral
lui-même s’est dit ouvert à une révision, si les cantons et les assureurs
parvenaient à se mettre d’accord.
Il incombe maintenant au Parlement
d’ancrer cette proposition commune
dans la loi.
Le 1er août 2007, le Conseil fédéral
avait modifié l’Ordonnance sur la
LAMal (art. 105c OAMal) en raison
du niveau élevé des factures impayées. Les cantons avaient ainsi pu
s’entendre avec certains assureurs
pour prendre en charge les primes
en retard.
Jusqu’à présent cependant, seuls
six cantons sont parvenus à un tel
accord – dans tous les cas avant
l’entrée en vigueur de la révision de
l’Ordonnance.
Stefan Berger
Téléchargement