peu nombreux à s’y rendre.
Au XVIIIème siècle, les Occidentaux se détournent de Jérusalem, au contraire des Orientaux
(notamment des Arméniens orthodoxes, qui s’y rendent en grand nombre). Le voyage vers la
Terre Sainte est périlleux, notamment à cause des corsaires.
Au siècle suivant, le romantisme suscite un regain d’intérêt pour la Terre Sainte et le souvenir
des croisades. Des pélerins plus nombreux font le voyage de Jérusalem, notamment sous
l’impulsion des Assomptionnistes. A cette époque, tous les ordres religieux catholiques ainsi
que de nombreux protestants veulent s’investir en Terre Sainte.
En somme, le XVIIème siècle apparaît comme une “période de creux”. Les raisons expliquant
cette situation sont internes à l’Occident:
- Depuis le XVIème siècle, le pélerinage sur longue distance est assimilé à du vagabondage;
- certaines pratiques -telles que la descente du feu sacré- sont considérées comme
superstitieuses par les catholiques comme par les protestants;
- le pélerinage n’est plus indispensable, car l’Orient a déjà été “transporté” en Occident. Par
exemples: au XVIIème siècle l’on fabrique de petits Saint-Sépulcres en bois; il existe également
un trafic d’eau du Jourdain;
- les Occidentaux se détournent de la Terre Sainte: certes -jusqu’au XVIIIème siècle- le pape
appelle toujours à la croisade en échange d’indulgences, mais l’objectif de cette expédition est
non plus Jérusalem, mais Constantinople; La croisade elle-même a mauvaise presse, car elle
est considérée comme une manière bien peu moderne de conquérir l’Empire ottoman;
- le caractère sacré des lieux saints n’intéresse plus parce qu’il a été “transplanté” en Occident.
Ainsi, les vingt-huit marches de la Scala Sancta ainsi que la Colonne de la Flagellation se
trouvent désormais à Rome. Celle-ci est -pour les catholiques et sous l’impulsion des papes-
devenue la nouvelle Jérusalem. Le succès au XVIème siècle du pélerinage de Lorette -la
maison de la Vierge ayant été déplacée au Moyen-Âge de Nazareth à Lorette en Italie- entre
dans ce contexte. Ce succès est notamment dû à l’action des Jésuites. Durant la première
moitié du XVIIème siècle se développe en Europe la pratique des stations dans les chemins de
croix, pratique propagée par les franciscains, lesquels étaient bien implantés en Terre Sainte.
Par ailleurs, en réaction aux attaques de la Réforme, les catholiques s’efforcent de retrouver
des pratiques ascétiques des premiers temps. La spiritualité orientale, le désert oriental -
notamment à travers les écrits de Saint Jean Climaque (en particulier son Echelle Sainte)- les
fascinent.
Michel VERGÉ-FRANCESCHI:
Si nous observons la chronologie de nos ports français, nous constatons que le dernier port
a avoir été fondé est celui de Lorient. 2500 ans séparent la fondation de Marseille de celle de
Lorient. Ce dernier port évoque donc un Orient en Occident particulièrement tardif... Cet espace
intégré tardivement l’a été d’une manière variée et lente:
Les Portugais ouvrent la route en longeant la côte africaine, avant de franchir le Cap de Bonne
Espérance puis de se rendre en Orient. Au XVème siècle, celui-ci est synonyme d’épices (les
viandes faisandées des Occidentaux ayant en effet alors besoin d’être épicées). Jusqu’aux
années 1580, les Portugais ont l’exclusivité de ce commerce. Au moment où les Espagnols
intègrent le Portugal, les Hollandais prennent le relais des Portugais -Madrid n’éprouvant pas
d’intérêt particulier pour les Indes-.
Sous Colbert, des expéditions donnent naissance à la Compagnie des Indes (1664). La création
du port de Lorient est liée à la fondation de cette compagnie.