MISE AU POINT CLINIQUE Supports à air à pressions alternées Intérêts des valves de dégonflage individuel des cellules sur le Nimbus® PRO Bien que ne pouvant prétendre se substituer aux études cliniques bien conduites, les données issues de tests réalisés en laboratoire peuvent donner des informations pertinentes sur les performances d’un support d’aide à la prévention et au traitement des escarres. Ces tests peuvent évaluer, d’une part, la capacité d’un support à réduire de façon plus ou moins forte les pressions de contact, mais aussi l’impact de cette action sur la perfusion tissulaire. Il est maintenant bien reconnu que la perfusion tissulaire représente un facteur fondamental de la survenue d’escarre : tout en restant conscient des limites de ces mesures, les analyses, notamment de perfusion, réalisées en laboratoire, sont à même d’apporter des informations tout à fait utiles en ce qui concerne l’efficacité clinique d’un support. Elles sont particulièrement intéressantes lorsqu’elles permettent de comparer, techniquement et/ou en terme de performances physiologiques, plusieurs supports entre eux. Par ailleurs, et même si, dans la majorité des cas, les résultats cliniques sont excellents avec la gamme Nimbus «classique», il existe des situations cliniques extrêmement complexes (artériopathies oblitérantes des membres inférieurs, escarres très sévères, ou patient chez lequel une greffe a été réalisée), nécessitant dans l’idéal la décharge totale et permanente des pressions d’appui. Jusqu’à présent, le moyen de réaliser cette décharge totale et permanente était représenté par le repositionnement physique du patient et/ou du membre concerné (par exemple, l’utilisation d’accessoires de positionnement), pouvant constituer des difficultés, particulièrement en terme de qualité de vie. C’est pour répondre à ces problématiques bien particulières que la nouvelle gamme Nimbus a été développée. La possibilité de décharger sélectivement certaines zones d’appui particulièrement problématiques est désormais facilitée, grâce à l’utilisation de valves de dégonflage individuel. A noter bien entendu que, pour les autres zones d’appui, le cycle gonflage/dégonflage «une cellule sur deux – cycle de 10 min», reste de mise (sauf 3 cellules de tête). Pour évaluer l’impact des valves de dégonflage individuel, des tests, réalisés dans des laboratoires indépendants et répondant à des méthodes validées, ont été entrepris : les résultats sont présentés ci-après… Méthodes des tests 1 – Enregistrement des pressions de contact, d’une part dans le cadre du fonctionnement classique du support (alternance de gonflage/dégonflage, cycle de 10 min), puis lors du dégonflage total d’une cellule. 2 – Etude de débit sanguin par Doppler (évaluation de la perfusion), au niveau du talon et du mollet, lors de l’application d’une pression de contact, puis lors de son retrait. 3–M esure de TCPO2, au niveau du sacrum et des zones environnantes, lors du retrait de la pression de contact (cette zone n’est pas accessible à la mesure par Doppler). Résultats • Lorsque la cellule se trouvant au niveau du talon est totalement dégonflée de façon permanente, une hyperhémie réactive survient (comme classiquement pour les supports à pressions alternées), suivie par le retour rapide de la perfusion à la valeur «hors appui» : la perfusion au niveau de la cellule totalement dégonflée est en effet la même que lorsque le patient est couché sur le côté, avec absence totale de charge sur le talon (fig. 1)… 1 - Le talon appuie sur la cellule : la pression d’interface augmente, puis diminuera en fonction du cycle 3 - Au lieu de suivre le cycle normal, cette cellule est complètement dégonflée par l’utilisation de la valve de dégonflage individuel 4 - Après une courte période d’hyperhémie, la perfusion tissulaire revient rapidement à sa valeur « hors appui », les tissus restent bien perfusés jusqu’à l’application ultérieure d’une nouvelle pression d’appui 2 - Une hyperhémie réactive normale est constatée lors de la décharge cyclique des points d’appuis Figure 1 Courbes de pressions d’interface et de perfusion tissulaire montrant les effets du dégonflage individuel d’une cellule au niveau du talon. Cette courbe représente un tracé continu de pression d’interface, mesuré au sommet d’une cellule de talon, lors de son gonflage et dégonflage… Courbe noire : pressions de contact entre le talon et la cellule du support. On observe, cycliquement, une augmentation puis une diminution de celles-ci, selon que la cellule est gonflée ou dégonflée (courbes rouges et roses = pressions mesurées dans la cellule). Courbe bleue : perfusion tissulaire. On peut constater l’effet de la charge puis de la décharge sur les tissus, avec les périodes d’hyperhémie réactive, l’effet de la décharge totale de la cellule (valve de dégonflage), et enfin en absence de charge (patient couché sur le côté – talon hors appui). • Lorsque les cellules sous le sacrum sont totalement dégonflées, les mesures de TcPO2, TcPCO2, et de perfusion sont les mêmes que les valeurs mesurées en dehors de tout appui. • Par ailleurs, lorsqu’une cellule est totalement dégonflée, les pressions de contact des zones adjacentes ne sont pas modifiées de façon significative : – Cellule de talon : la pression sur le mollet augmente de moins de 5 mmHg, c’est-à-dire pas davantage que les variations normales inter-individuelles, et sans grande signification clinique. – Cellule du sacrum : il n’est pas observé non plus d’augmentation significative des pressions de contact dans les zones adjacentes. Discussion Impact du dégonflage individuel d’une cellule sur les tissus environnants Lorsque l’on dégonfle totalement une cellule, la pression d’appui qui s’exerce sur les tissus environnants n’est pas significativement augmentée, et il n’y a pas d’effet délétère, ni sur la perfusion, ni sur les tissus qui se trouvent en périphérie de la zone déchargée, ni sur la zone déchargée elle-même. Lorsqu’il est constaté que cette pression augmente de façon marginale, cette augmentation n’est pas supérieure aux variations que l’on peut constater « normalement », de sorte qu’il est très improbable que cela ait des conséquences cliniques notables. Performance clinique globale Bien que les données issues de tests réalisés en laboratoire ne remplacent pas les données cliniques, les données recueillies indiquent bien la similarité de fonctionnement entre le Nimbus Pro et le Nimbus « classique » : les praticiens peuvent attendre des résultats similaires en ce qui concerne l’aide à la prévention et le traitement des escarres pour les zones qui sont prises en charge de façon alternée « une cellule sur deux », avec, bien entendu, un bénéfice supplémentaire pour les zones totalement déchargées grâce aux valves de dégonflage individuel. Conclusion Le principe de la décharge totale d’une zone cutanée est bien acceptée : elle peut être réalisée soit grâce à des changements de positions, soit par l’intermédiaire d’accessoires de positionnements. Ces deux techniques peuvent être de réalisation pratique difficile, ou difficile à tolérer pour le patient. De surcroît, les patients qui nécessitent ce type d’interventions sont le plus souvent ceux qui ont le risque d’escarre le plus élevé. Les valves de dégonflage individuel des cellules constituent une aide dans la prise en charge de zones particulièrement fragiles, et doivent donc être considérées comme un atout supplémentaire…