LABORATOIRE D’ELECTROMAGNETISME ET D’ACOUSTIQUE INSTITUT "TRANSMISSION ONDES ET PHOTONIQUE" (LEMA– ITOP –EPFL) Prof. Juan R. Mosig "RAYONNEMENT ET ANTENNES" Électriciens, SEL-EPFL, 3e année Bachelor RAYONNEMENT [Rejonmã]. n.m. (1 558 de rayon, XIIIe ; lat. radius). → 1o Littér. Lumière rayonnante, clarté. → 2o Emission et propagation d’un ensemble de radiations avec transport d’énergie et émission de corpuscules. ♦ Occult. Fluide. → 3o Phys. Ensemble de radiations de nature similaire ou voisine, mais dont les longueurs d’onde et les énergies peuvent être différentes : rayonnements électromagnétiques. → 4o Fig. (1 869). Influence heureuse, éclat excitant l’admiration. ANTENNE [ãtεn]. n.f. (Antaine, XIIIe ; lat. antenna). → 1o Mar. Vergue longue et mince des voiles latines. → 2o (1 712). Appendice sensoriel à l’avant de la tête de certains arthropodes dits Antennifères. Fig. Avoir des antennes, une sensibilité très aiguë, de l’intuition. → 3o Par anal. Conducteur (ou ensemble de conducteurs) aérien destiné à rayonner ou à capter les ondes électromagnétiques. V. Aérien. Antenne de télévision. → 4o Par ext. Antenne chirurgicale, unité avancée du service de santé militaire. Tout poste avancé en liaison avec un centre. EPFL — Station 11 Hiver 2007-2008 Table des matières 1 INTRODUCTION 1.1 Le rayonnement électromagnétique . . . . . . . . 1.1.1 Longueur d’onde, fréquence et vitesse . . . 1.1.2 Le spectre électromagnétique . . . . . . . 1.2 Le concept d’antenne . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2 Une antenne est également un filtre spatial 1.3 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4 Modèle intuitif d’une antenne à fil conducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE 2.1 Les équations de Maxwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1 La forme des équations de Maxwell . . . . . . . . . . 2.1.2 Conditions aux limites, puissances, énergies (rappel) . 2.2 Les courants sources et les courants induits . . . . . . . . . . 2.3 Solution des équations de Maxwell : les potentiels . . . . . . 2.4 Les champs et la densité de puissance rayonnés . . . . . . . 2.5 Un exemple : le dipôle de Hertz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1 2 3 3 4 4 6 . . . . . . . 9 9 9 11 12 15 16 18 3 PARAMETRES CARACTERISTIQUES D’UNE ANTENNE 3.1 Diagrammes de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.1 Diagramme en champ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.2 Diagramme en puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.3 Paramètres caractéristiques d’un diagramme de rayonnement en puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Puissance totale rayonnée et directivité . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 Résistance de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4 Application au dipôle de Hertz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i 21 21 21 23 23 24 26 26 TABLE DES MATIÈRES 4 ETUDE D’ANTENNES IDEALES 4.1 Théorème de réciprocité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Réciprocité en terme de circuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 Equivalence des diagrammes à l’émission et à la réception . . . 4.4 Circuit équivalent d’un système émetteur – récepteur . . . . . 4.5 L’hypothèse unilatérale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5.1 Réciprocité des puissances dans l’hypothèse unilatérale 4.5.2 Puissances dans un système émetteur-récepteur idéal . 4.6 Surface de captation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.7 Application au dipôle de Hertz . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.8 Rapport surface de captation / directivité . . . . . . . . . . . 4.9 Formule de transmission de FRIIS . . . . . . . . . . . . . . . . 4.10 Equation du radar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 29 31 32 33 34 35 36 36 37 38 39 39 5 LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL 41 5.1 RENDEMENT ET GAIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 5.2 DESADAPTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 5.2.1 Antenne réelle à l’émission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 5.2.2 Antenne réelle à la réception . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 5.3 POLARISATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 5.4 FORMULE DE TRANSMISSION DE FRIIS POUR DES ANTENNES RÉELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 6 LES ANTENNES A OUVERTURE 51 6.1 INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 6.2 LE CONCEPT DE COURANT MAGNÉTIQUE . . . . . . . . . . 52 6.2.1 Asymétrie des équations de Maxwell . . . . . . . . . . . . . 52 6.2.2 Un univers parallèle : l’Antimonde . . . . . . . . . . . . . . 53 6.3 LE PRINCIPE DE DUALITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 6.4 LE THÉORÈME D’ÉQUIVALENCE . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 6.5 THEORIE DES IMAGES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 6.6 RAYONNEMENT D’UNE OUVERTURE DANS UN PLAN CONDUCTEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 6.7 LE RAYONNEMENT D’UNE FENTE MINCE : LA DIFFRACTION 61 7 THÉORIE DES RÉSEAUX 7.1 COURANTS DANS LE RÉSEAU : COUPLAGE MUTUEL . . 7.2 LE FACTEUR DU RÉSEAU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3 LES RÉSEAUX LINÉAIRES A ÉLÉMENTS ÉQUIDISTANTS 7.3.1 Réseaux à déphasage linéaire . . . . . . . . . . . . . . . ii . . . . . . . . 65 65 67 68 70 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, TABLE DES MATIÈRES 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8 I ANNEXE I 7.9 II 7.3.2 Réseaux équiamplitude à déphasage linéaire . . . . . . . . . 7.3.3 Méthode graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . RÉSEAUX A POINTAGE VARIABLE : CAS BROADSIDE ET ENDFIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . SYNTHÈSE DE SCHELKUNOFF . . . . . . . . . . . . . . . . . . LE RÉSEAU BINOMIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . RÉSEAUX SYMÉTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.7.1 Cas pair N = 2M . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.7.2 Cas impair N = 2M + 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.7.3 Remarque générale sur les réseaux symétriques . . . . . . . . SYNTHÈSE DE DOLPH-TCHEBICHEFF POUR RÉSEAUX SYMÉTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 71 72 73 75 76 76 77 77 77 79 L’EVOLUTION DE L’ELECTROMAGNETISME . . . . . . . . . . 80 ANNEXE II 86 7.10 UN EXEMPLE ANALYTIQUE SIMPLE . . . . . . . . . . . . . . . 87 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, iii Chapitre 1 INTRODUCTION 1.1 Le rayonnement électromagnétique Le mot "rayonnement" a plusieurs sens dans le dictionnaire (voir la définition du Petit Robert en page de garde). Nous nous restreindrons dans ce cours au cas du rayonnement électromagnétique, que le dictionnaire définit comme "une émission et propagation d’énergie sous forme d’un ensemble d’ondes électromagnétiques à travers un milieu matériel". Toutefois, cette définition – introduite en 1874 – est inexacte de nos jours, car nous acceptons maintenant que les ondes électromagnétiques n’ont pas besoin d’un support matériel pour se propager. Ce fait les distingue nettement d’autres ondes, également présentes dans les sciences de l’ingénieur comme les ondes acoustiques et les ondes élastiques. Aussi, il existe une différence technique très importante entre la propagation et le rayonnement d’ondes électromagnétiques, qui est bien marquée dans la plupart des ouvrages spécialisés. Le mot propagation est réservé et se dit dans le cas où l’acheminement des ondes est guidé par une structure matérielle (câble, guide d’onde, fibre optique, couche atmosphérique. . .) qui définit une direction privilégiée dans l’espace, tandis que le mot rayonnement est réservé et se dit dans le cas d’une émission et d’une propagation libre dans un espace souvent vide et théoriquement infini. Toutefois, la frontière entre propagation et rayonnement n’est pas très précise et de nombreuses situations hybrides existent dans la vie réelle. 1.1.1 Longueur d’onde, fréquence et vitesse Le Petit Robert introduit aussi le concept de longueur d’onde comme indissolublement lié au rayonnement. En effet, longueur d’onde λ, fréquence f et vitesse de propagation v sont trois grandeurs essentielles dans tout phénomène ondulatoire. Rappelons (Traité, vol.3) que dans un cas simple unidimensionnel, une onde dépend de la coordonnée spatiale x et du temps t à travers la combinaison algébrique 1 CHAPITRE 1. INTRODUCTION x − vt. Symboliquement : Onde = f onction(x − vt). Par conséquent, les phénomènes ayant lieu à l’instant t1 au point x1 , se retrouvent à l’instant t2 en x2 ; si x1 − vt1 = x2 − vt2 alors nous avons la relation : v= x2 − x1 t2 − t1 Donc, la quantité v, qui a forcément les dimensions d’une vitesse, représente réellement la vitesse de propagation de l’onde (plus précisément la vitesse de phase ou du front d’onde, ce dernier étant le lieu géométrique des points x − vt = cste). Pour une onde monochromatique sinusoïdale de fréquence f = ω/2π, la longueur d’onde λ est définie comme étant la distance parcourue par le front d’onde dans une période T = 1/f . Cette distance vaut λ = vT et nous avons la relation fondamentale suivante : λ · f = v (longueur d’onde x fréquence = vitesse) En théorie, des ondes électromagnétiques peuvent être générées à n’importe quelle fréquence. Toutefois, on ne construit pratiquement pas d’antennes fonctionnant à très basse fréquence (en dessous du kilohertz) suite à des considérations pratiques concernant la taille et le rendement à ces fréquences. En effet, on verra par la suite que des dimensions de l’antenne comparables ou supérieures à la longueur d’onde sont souhaitables pour un bon rendement. 1.1.2 Le spectre électromagnétique Le spectre électromagnétique est l’ensemble de toutes les fréquences entre zéro et l’infini. Il est traditionnellement divisé en bandes dont l’ampleur est d’une décade. Donc, dans chaque bande, la fréquence limite supérieure est dix fois la valeur de la limite inférieure. Ces fréquences limites sont choisies de telle façon que les longueurs d’onde associées soient toujours une puissance décimale du mètre. Les bandes les plus utilisées sont : 2 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 1.2. LE CONCEPT D’ANTENNE Bande VLF Very Low Frequency LF Low Frequency MF Medium Frequency HF High Frequency VHF Very High Freqency UHF Ultra High Frequency SHF Supra High Frequency EHF Extremely High Frequency Fréquence 3 – 30 KHz Longueur d’onde 100 – 10 Km Applications Navigation, sonar 30 – 300 KHz 10 – 1 Km Ondes longues, radio 300 KHz – 3 MHz 1 Km – 10O m 3 – 30 MHz 100 – 10 m 30 – 300 MHz 10 – 1 m 300 MHz – 3 GHz 1 m – 10 cm 3 – 30 GHz 10 – 1 cm 30 – 300 GHz 10 – 1 mm Goniométrie, radio AM CB, ondes courtes, trafic aérien Radio FM, TV, radar communic. mobiles Natel, Satellite, TV, chauffage, radar Satellite, faisceaux hertziens, radioastronomie Satellite, radar, radioastronomie, millimétriques La plage 300 MHz – 300 GHz est considérée comme le domaine des hyperfréquences (micro-ondes) caractérisé par le fait que les circuits et appareillages utilisés ont des dimensions comparables à la longueur d’onde. A titre de comparaison, la longueur d’onde vaut 6 000 Km ( !) à la fréquence du réseau (50 Hz) tandis qu’elle est de l’ordre de 600 nanomètres aux fréquences optiques visibles qui correspondent aux fréquences de 500 000 GHz ( !). 1.2 1.2.1 Le concept d’antenne Définition La définition d’antenne, telle qu’on la trouve dans le Petit Robert a été reprise en page de garde. Une définition un peu plus précise du point de vue technique que celle du Petit Robert est la suivante : Une antenne est un transducteur servant à transformer une énergie électromagnétique guidée en énergie électromagnétique rayonnée et réciproquement. Autrement dit, une antenne peut accepter une puissance électrique fournie par un générateur sous forme tension/courant et l’émettre dans l’espace environnant sous forme d’onde électromagnétique (Émission). Mais elle peut également capter des ondes électromagnétiques et fournir une puissance électrique à une charge c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 3 CHAPITRE 1. INTRODUCTION (Réception). Cet aspect dual ou réciproque des antennes, qui n’a pas échappé au Petit Robert, est d’une plus grande importance. Dans la plupart des applications actuelles, le rôle de l’antenne est de transmettre une information. Les mots énergie/puissance peuvent alors être remplacés dans les définitions précédentes par le mot signal. Il y a toutefois des applications énergétiques où la densité de puissance électromagnétique de l’onde émise ou captée est aussi importante que l’information transportée. Par exemple, au sens de la définition précédente, les panneaux solaires photovoltaïques, peuvent être considérés comme des antennes à la réception fonctionnant à très haute fréquence. 1.2.2 Une antenne est également un filtre spatial A l’émission, elle distribue une puissance dans l’espace en privilégiant certaines directions par rapport à d’autres. A la réception, elle est beaucoup plus sensible aux ondes électromagnétiques en provenance de ces mêmes directions privilégiées. L’aspect "transducteur " se reflète dans certaines grandeurs caractéristiques comme l’impédance d’entrée, la résistance de rayonnement ou encore le rendement de l’antenne. Tandis que l’aspect "filtre spatial " apparaît nettement dans le diagramme de rayonnement. L’étude des antennes a comme partie essentielle le développement de méthodes de calcul et de mesure de ces grandeurs caractéristiques. Le Petit Robert demeure trop classique quand il définit les antennes comme des conducteurs aériens. En effet, on peut fabriquer des antennes avec des matériaux non-conducteurs (par exemple des barreaux diélectriques) et on peut les faire rayonner dans des milieux autres que l’air (l’eau, pour les antennes sous-marines). Toutefois, il est vrai que les antennes formées par un ensemble de conducteurs rayonnant dans l’air ont été les premières connues et demeurent les plus courantes. Par ailleurs, elles constituent un très bon point de départ pour l’étude théorique des propriétés générales des antennes. 1.3 Historique Comme souvent dans les phénomènes électromagnétiques, l’histoire des antennes commence en 1868, date à laquelle l’écossais James Clerk Maxwell publie ses équations reliant les quatre vecteurs associés au champ électromagnétique → − − → → − − → → − E , D , H , B aux densités de charge (ρ, scalaire) et de courant ( J , vecteur) : → − − − → → ∂B ∇×E =− ∂t 4 − − → → ∇·D =ρ c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 1.3. HISTORIQUE → − − − → → − → ∂D ∇×H = J + ∂t − − → → ∇·B =0 Charges et courants (charges en mouvement) sont les sources des phénomènes électromagnétiques. Ceux-ci se manifestent et interagissent avec la matière à tra→ − − → → − − → vers les quatre champs E , D , H , B . En général, toute composante scalaire des champs et des sources est une fonction réelle des trois coordonnées spatiales x, y, z (r = f (x, y, z)) et du temps t. A partir de ces équations, on peut dériver (cf. cours d’Électromagnétisme) les équations d’onde ou d’Alembert pour les quatre vecteur-champs. La prédiction théorique des ondes électromagnétiques était déjà contenue dans les équations de Maxwell. Malheureusement, le pauvre James ne vivra pas assez longtemps pour voir ses prédictions confirmées. En effet, la première observation d’une onde électromagnétique en laboratoire est le fait de l’allemand Heinrich Hertz en 1888, neuf ans après la mort de Maxwell. Chienne de vie ! En 1901, Guglielmo Marconi, italien émigré en Grande-Bretagne, sort les ondes électromagnétiques des laboratoires universitaires pour réaliser la première transmission sans fil au-dessus de l’Atlantique. L’antenne utilisée par Marconi était un long mât vertical supportant un fil conducteur. En 1909, Arnold J.W. Sommerfeld commence l’étude théorique des effets de la terre et de la mer sur la propagation des ondes électromagnétiques. En même temps il découvre les phénomènes de réflexion dans l’ionosphère. Le rêve de la communication directe et presque instantanée entre deux points quelconques du globe devient réalité grâce aux réflexions multiples des ondes radio entre la surface de la Terre et l’ionosphère. En envoyant des bribes d’information du Vieux au Nouveau Monde, Marconi accomplit, sans le savoir, un geste prémonitoire : après la Grande Guerre de 1914 – 1918, le poids de la recherche est transféré aux États-Unis, qui réussissent à attirer les plus brillants chercheurs. Dans les décades suivantes, presque la totalité des nouvelles innovations et découvertes sont sorties de ce pays. Du temps de Marconi, les générateurs et les amplificateurs disponibles n’allaient guère au-delà de quelques KHz. Il était donc impossible de construire des antennes de taille comparable à la longueur d’onde. Or de très petites antennes par rapport à la longueur d’onde ont un très mauvais rendement dans la transformation de l’énergie guidée en énergie rayonnée. Ces problèmes ont été résolus en 1920 avec l’invention du triode par l’américain Lee de Forest. Le triode, premier tube amplificateur, permet de disposer de puissances raisonnables à 1 MHz (λ = 300 m). Ce qui a donné la possibilité de construire de grandes antennes-mâts de longueur λ/4 et λ/2. Peu après, le professeur R.W. P. King à Harvard conçoit et étudie des antennes rhomboïdales et des antennes à boucle dans les années 1920 – 1930. A la même époque John Kraus construit dans l’Ohio des antennes à hélice – encore très courantes de nos jours – et les premiers réflecteurs. Les efforts théoriques pour c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 5 CHAPITRE 1. INTRODUCTION la compréhension des antennes à fil conducteur culminent dans les années 1930 – 1940 avec les travaux de Stratton, Chu et Schelkunoff. Des géométries ellipsoïdales et biconiques incluant le fil cylindrique de longueur finie comme cas limite, sont étudiées. Les techniques pour le groupement d’antennes en réseaux se sont également développées. Dans les années 1940, en pleine guerre mondiale, les recherches sur le radar entraînent l’introduction de nouveaux types d’antennes fonctionnant à de très hautes fréquences (hyperfréquences ou micro-ondes, autour de 1 GHz). De nouveaux tubes amplificateurs (klystron, magnétron . . . ) fournissant la puissance requise ont également vu le jour. Les laboratoires Bell et le M.I.T. sont particulièrement actifs dans ces domaines. Des tuyaux conducteurs creux (guides d’ondes) remplacent les câbles traditionnels pour véhiculer l’énergie. En pratiquant des ouvertures sur ces mêmes tuyaux, une nouvelle génération d’antennes s’est développé : les antennes à fente, à ouverture et les cornets. Avec le développement de la TV commerciale vers la fin des années cinquante, le besoin d’une antenne domestique robuste et bon marché se fait pressant. Le choix se porte sur l’antenne Yagi-Uda. Cette antenne avait été proposée en 1926 par un professeur japonais, Yagi, et son assistant Uda dans un obscur journal technique de Tokyo et aussitôt oubliée. Cinquante ans plus tard elle est devenue partie intégrante du paysage urbain, et hante encore les cauchemars des urbanistes. Dans les années 1950 J.B. Keller introduit la théorie géométrique de la diffraction (GTD) pour l’étude de structures aux dimensions très grandes par rapport à la longueur d’onde. Le calcul précis d’antennes paraboliques, de lentilles électromagnétiques, et de réflecteurs devient alors possible. L’avènement de l’ordinateur fait naître des méthodes numériques puissantes comme la méthode des moments (MoM) développée par R.F. Harrington vers la fin des années soixante. Ces techniques sont toujours utilisées pour l’étude de petites antennes en termes de longueur d’onde. Des nos jours la tendance vers les hautes fréquences continue avec les ondes millimétriques. Des antennes miniaturisées en technologie circuit imprimé (antennes microruban) connaissent un grand essor. Dans leur sillage apparaissent de nouvelles antennes (antennes diélectriques, à ondes de fuite, antennes actives intégrées) avec à la clé des méthodes numériques puissantes permettant leur analyse. En parallèle, de nouvelles méthodes pour la synthèse de groupement d’antennes conduisant à des réseaux adaptatifs "intelligents" voient le jour. 1.4 Modèle intuitif d’une antenne à fil conducteur Considérons une ligne de transmission bifilaire de longueur L finie en circuit ouvert (Figure 1.1a). La ligne est connectée à un générateur de fréquence f = ω/π dont la nature précise est pour l’instant sans importance. D’après la théorie des lignes de transmission (cf. Cours d’Électromagnétisme) 6 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 1.4. MODÈLE INTUITIF D’UNE ANTENNE À FIL CONDUCTEUR (a) (b) (c) Figure 1.1: La transformation d’une ligne de transmission en antenne filaire la distribution de courant sur les fils est toujours donnée par une combinaison de deux ondes guidées, incidente et réfléchie : I(z) = A cos(ωt − βz) − B cos(ωt + βz) Rappelons que β est la constante de propagation sur la ligne (appelée aussi déphasage linéique) qui dépend du type de ligne de transmission employée. Aussi, la vitesse de propagation des ondes sur la ligne est v = ω/β et la longueur d’onde guidée vaut : λg = 2π/β. Revenant à notre ligne particulière, les conditions aux limites dans les extrémités (générateur en z = 0 et circuit ouvert en z = L) permettent d’écrire le courant sur chacun des fils comme : I1 (z) = −I2 (z) = I(z) = C cos(ωt) sin(β(z − L)) où C est une constante de proportionnalité. Le terme sin(β(z − L)), typique d’une onde stationnaire, est forcé par le circuit ouvert. Maintenant, on sait que n’importe quel courant alternatif est susceptible de créer un rayonnement électromagnétique, puisqu’il est constitué d’électrons accélérés. Toutefois, les courants dans les fils de notre ligne sont de même amplitude mais de sens opposé. Donc les champs rayonnés par les deux brins de fil ont tendance à s’annuler. Ce cas arrive surtout quand la distance entre les fils est petite par rapport à la longueur d’onde et qu’on observe le champ à grande distance. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7 CHAPITRE 1. INTRODUCTION Imaginons maintenant qu’on "ouvre" la ligne en redressant les fils (Figure 1.1b et Figure 1.1c). On peut admettre, en première approximation, que les courants dans les fils demeurent inchangés. Néanmoins, si la situation n’a pratiquement pas changé du point de vue circuit, elle est tout autre du point de vue électromagnétique. En effet, les courants dans les fils ont maintenant le même sens et leur rayonnement se renforce : nous venons de fabriquer une antenne. Signalons finalement que le rayonnement de cette antenne se décrit aussi en termes d’ondes électromagnétiques rayonnées. Cependant, on verra par la suite que ces ondes sont bien différentes des ondes guidées existant originairement sur la ligne. En particulier, bien que la fréquence des ondes guidées et des ondes rayonnées soit la même, leurs vitesses, leurs exposants de propagation et leurs longueurs d’onde peuvent être différentes. Du point de vue impédance d’entrée, la théorie des lignes prédit pour la configuration de la Figure 1.1a une valeur purement imaginaire : ZIN = −jZc cot(βL) où Zc est l’impédance caractéristique de la ligne. Pour l’antenne de la Figure 1.1c on peut s’attendre à une impédance dont la partie imaginaire suivra essentiellement la loi ci-dessus. Mais la structure ainsi obtenue rayonne et envoie une certaine puissance dans l’espace. Ceci ajoute à l’impédance d’entrée une partie réelle même si l’on admet que les fils conducteurs sont parfaits, sans résistance ohmique. Beaucoup d’antennes sont conçues pour que cette partie réelle, dite résistance de rayonnement, devienne la partie dominante de l’impédance d’entrée. 8 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, Chapitre 2 CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE 2.1 Les équations de Maxwell 2.1.1 La forme des équations de Maxwell La forme la plus générale des équations de Maxwell a été rappelée au paragraphe 1.3. On les reproduit ici en termes de l’opérateur vectoriel "nabla" utilisé couramment pour représenter les opérations "rot", "div" ou "grad" : → − − − → → ∂B ∇×E =− ∂t (2.1) → − − − → → − → ∂D ∇×H = J + ∂t → − − → ∇·D =ρ (2.3) − − → → ∇·B =0 (2.4) (2.2) En outre, les charges et les courants sont liés, en général, par l’équation de continuité : → ∂ρ − − → =0 ∇· J + ∂t (2.5) En théorie des antennes, on travaille le plus souvent en régime sinusoïdal permanent. En effet, même les phénomènes transitoires sont souvent étudiés par décomposition de l’onde temporelle en spectre de fréquences (transformation de Fourier) 9 CHAPITRE 2. CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE et par analyse sur chaque fréquence, suivie d’une transformation inverse. En régime sinusoïdal de pulsation ω = 2πf , on peut donc admettre une dépendance temporelle du type cos(ωt + φ) et écrire : √ √ A jφ jωt jφ jωt = 2e(Ae ejφ ejωt ) (2.6) A cos(ωt + φ) = e(Ae e ) = 2e √ e e 2 √ A est ici la valeur crête et Ae = A/ 2 la valeur efficace. → − → − → − → − → − On remplace alors les vraies grandeurs physiques E (t), D (t), H (t), B (t), J (t), ρ(t) – quantités réelles et fonction du temps – par de nouvelles grandeurs associées E, D, H, B, J, ρ qui seront des quantités complexes mais indépendantes du temps (phaseurs). Par souci de simplicité on retiendra les mêmes symboles. La relation générale permettant de retrouver la grandeur physique f (r, t) à partir du phaseur associé f (r) est : f (r, t) = √ 2e f (r) · ejωt (2.7) √ Le facteur 2 est introduit dans la définition pour que le module du phaseur corresponde à la valeur efficace du signal sinusoïdal, conformément à la convention adoptée dans le traité d’Electricité. √ Remarque : Dans la plupart des textes anglo-saxons, le facteur 2 n’est pas présent dans la définition des phaseurs. La norme du phaseur est alors la valeur crête et un facteur supplémentaire 1/2 apparaît dans les formules associées aux énergies et aux puissances. Nous √ suivrons la convention adoptée au traité d’Electricité et garderons le facteur 2. En revanche, et dans un souci de simplicité, nous ne soulignerons pas les phaseurs. L’introduction des phaseurs permet aussi de remplacer les dérivées temporelles par des facteurs jω. Finalement, les équations de Maxwell en termes de vecteursphaseurs s’écrivent : − − → → → − ∇ × E = −jω B − − → → − → → − ∇ × H = J + jω D → − − → ∇·D =ρ → − − → ∇·B =0 (2.8) (2.9) (2.10) (2.11) plus l’équation de continuité − − → → ∇ · J + jωρ = 0 10 (2.12) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 2.1. LES ÉQUATIONS DE MAXWELL Nous allons nous restreindre dans ce cours à l’étude de milieux linéaires. En effet, la plupart des milieux (par exemple l’air ou l’eau) qui véhiculent le rayonnement électromagnétique sont linéaires pour les niveaux usuels de puissance. On peut alors relier les deux vecteurs électriques et les deux vecteurs magnétiques entre eux par des relations simples : → − → − D = εE (2.13) − → → − B = μH (2.14) où ε et μ sont deux constantes du milieu qui peuvent, en général, prendre des valeurs complexes (Traité d’Electricité, vol. III) : ε = ε − jε (2.15) μ = μ − jμ (2.16) − → → − → − Les parties imaginaires introduisent un déphasage entre D et E ou entre B et → − H et correspondent physiquement à l’existence de pertes dans le milieu. Si on est dans l’espace libre (l’air en est une bonne approximation), alors on a des valeurs purement réelles : ε = ε0 = 8, 854·10−12 [farad/m] et μ = μ0 = 4π ·10−7 [henry/m]. On peut finalement écrire les équations de Maxwell sous la forme qu’on utilisera dans ce cours : → − − → → − ∇ × E = −jωμ H (2.17) − − → → − → → − ∇ × H = J + jωε E → − − → ρ ∇·E = ε → − − → ∇·H =0 2.1.2 (2.18) (2.19) (2.20) Conditions aux limites, puissances, énergies (rappel) En présence d’une surface séparant deux milieux #1 et #2 de nature différente, les équations de Maxwell doivent être complétées par les conditions aux limites suivantes (Figure 2.1) : − → − → → − − → n × (E2 − E1 ) = 0 (2.21) → → − − → − → −− n × (H 2 − H 1 ) = J s (2.22) → où − n est le vecteur unitaire normal traversant la surface de séparation du milieu → − #1 vers le milieu #2 et Js [A/m] est un éventuel courant pouvant exister sur la surface. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 11 CHAPITRE 2. CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE #2 n #1 Figure 2.1: Conditions aux limites Les définitions suivantes sont aussi valables en régime sinusoïdal (phaseurs) : → − − → 1. we = (1/2) · ε E · E [J/m3 ] : Valeur moyenne de la densité d’énergie électrique ; → − − → 2. wm = (1/2) · μ H · H [J/m3 ] : Valeur moyenne de la densité d’énergie magnétique ; → − − → − → 3. S = E × H ∗ [W/m2 ] : Valeur moyenne du flux de puissance (Vecteur de Poynting). Il s’agit, bien sûr, de moyennes temporelles (voir Traité, vol. III). L’intégration des équations de Maxwell sur un volume v entouré par une surface s donne alors le théorème de Poynting : → − − → − − → → S · n ds + jω (We + Wm )dv = − J · E dv [W] (2.23) s v v → où − n est le vecteur unitaire normal à s et dirigé vers l’extérieur de v. Le premier terme de gauche est le flux du vecteur de Poynting, c’est à dire la puissance s’échappant du volume à travers la surface s (rayonnement). Le deuxième terme de gauche correspond à la puissance réactive emmagasinée dans le volume v. La somme de ces deux puissances est égale à celle fournie par les sources de courant (terme de droite). 2.2 Les courants sources et les courants induits Dans tout problème d’électromagnétisme, on admet l’existence des courants → − sources J src qui ne sont pas susceptible d’être modifiés ni par les champs qu’ils génèrent ni par un autre champ quelconque. Ces courants sources génèrent des champs électromagnétiques d’excitation. Si un objet quelconque est placé au voisinage des sources, ces champs d’excitation produisent sur l’objet des courants → − induits J ind . A leur tour, ces courants induits dans l’objet génèrent des champs diffractés. Le champ total est la somme des champs d’excitation et des champs 12 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 2.2. LES COURANTS SOURCES ET LES COURANTS INDUITS diffractés, crées par ces deux types de courant. Il n’y a presqu’aucune différence physique entre ces deux courants (dans les deux cas, ce sont essentiellement des électrons en mouvement). On doit toutefois établir une différence conceptuelle, subtile mais essentielle. → − J src est un courant connu et imposé. Il n’est pas affecté par le champ existant. C’est le courant source, donnée du problème ; → − J ind est un courant le plus souvent inconnu qui est "induit" dans les objects environnant la source et qui dépend du champ total. → − − → → − → − → − Dans l’équation de Maxwell ∇ × H = J + jωε E le courant J est une valeur → − − → − → → − − → totale, et donc J = J src + J ind ( E , H ). On aimerait isoler la partie du courant → − total indépendante des champs, J src , qui jouera le rôle mathématique de terme inhomogène dans l’équation différentielle. Ce souhait est facile à réaliser pour des objets composés de matériaux linéaires non magnétiques car le courant induit est → − → − lié exclusivement au champ électrique total par la loi d’Ohm : J ind = σ E . On peut donc écrire : → − − → → − − → → − → − − → → − → σ − jωε E + J = jωε E + J src + J ind = (jωε+σ) E + J src = jω(ε+ ) E + J src (2.24) jω et le tour de passe-passe est joué en introduisant une permittivité globale εT = ε + σ jω (2.25) ce qui permet d’écrire comme nouvelle équation de Maxwell : → − − → → − − → ∇ × H = jωεT E + J src (2.26) Toutefois, pour ne pas alourdir la notation, on continuera à écrire la forme originale → − → − de l’équation. Mais désormais, J ne contiendra que la partie "source" J src et ε (qui pourrait déjà être complexe au départ) inclura une partie imaginaire négative supplémentaire −jσ/ω. La séparation entre ces deux types de courant est souvent matière de convenance et les courants qui jouent le rôle de courants induits dans un problème donné peuvent être assimilés à des courants sources dans un problème ultérieur plus compliqué. Par exemple, considérons une antenne filaire excitée par un générateur de courant. Ici, la formulation la plus évidente est de prendre comme courant source → − connu le courant du générateur J gen et comme courant induit inconnu le courant → − sur l’antenne J ant0 (Figure 2.2a). Donc : → − → − → − → − J src = J gen et J ind = J ant0 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 13 CHAPITRE 2. CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE (a) Antenne isolée (b) Antenne plus obstacle (c) Approximation pour (b) Figure 2.2: Courants sources et courants induits Une fois les courants sur l’antenne calculés, on place un objet métallique au voisinage de l’antenne (Figure 2.2b). Sur cet objet vont apparaître de nouveaux → − courants inconnus J obs tandis que les courants dans l’antenne changent (influen→ − cés par la présence de l’objet) et deviennent J ant . Dans la nouvelle situation, on a en principe : → − − → J src = J gen et − → → − → − J ind = J ant + J obs → − La solution des équations de Maxwell nous fournirait alors les valeurs de J ant et → − J obs . Mais, si on peut admettre à priori que la présence de l’objet ne modifie pas → − → − de façon sensible les courants de l’antenne ( J ant = J ant0 ), on peut formuler un problème plus simple (Figure 2.2c) en considérant que les courants dans l’antenne → − sont aussi des sources connues, dont la valeur J ant0 a été trouvée lors d’un calcul préalable. Cette façon de raisonner permettra d’obtenir une estimation raisonnable → − J obs0 des courants dans l’objet avec la décomposition : → − → − − → J src = J gen + J ant0 14 et − → → − J ind = J obs0 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 2.3. SOLUTION DES ÉQUATIONS DE MAXWELL : LES POTENTIELS 2.3 Solution des équations de Maxwell : les potentiels Le problème de base en théorie des antennes est de trouver par résolution des → − équations de Maxwell, des expressions donnant les champs électromagnétiques E → − → − et H en fonction des sources J et ρ. Pour faciliter les calculs mathématiques, il est de tradition d’introduire deux quantités auxiliaires intermédiaires appelées po→ − tentiel vecteur A et potentiel scalaire V . Les potentiels sont liés aux champs par les relations (cours d’Électromagnétisme) : → − − → − → μH = ∇ × A (2.27) − → → − − → E = −jω A − ∇V (2.28) En plus, ils sont liés entre eux par la relation, dite jauge de Lorentz : → − → − − → → 1 − ∇·A ∇ · A + jωμεV = 0 ⇔ V = − jωμε (2.29) → − Il est à remarquer que, suite à cette relation, la connaissance de A seule suffit à déterminer les champs car on peut écrire : →− − → − → → − → ∇( ∇ · A ) − (2.30) E = −jω A + jωμε En remplaçant dans les équations de Maxwell les champs par leurs expressions en termes des potentiels on arrive à : → − → − → − ∇2 A + k 2 A = −μ J (2.31) ∇2 V + k 2 V = − ρ ε (2.32) où k 2 = ω 2 με. Ces deux dernières équations sont des équations d’onde ou de Helmholtz. Elles montrent que l’on peut attacher le potentiel vecteur aux courants et le poten→ − − → tiel scalaire aux charges. On peut montrer aussi que les champs E et H satisfont aussi une équation d’onde du même type, bien que les termes indépendants soient plus compliqués. D’après les propriétés de l’équation d’onde, les potentiels et les champs vont se propager avec une vitesse c = ω/k = (με)−1/2 . Pour le vide on obtient simplement c = c0 = 299 800 Km/s, la vitesse de la lumière. Considérons maintenant un volume v qui contient une distribution arbitraire → − de courant J (r ) et de charge ρ(r ) (Figure 2.3). c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 15 CHAPITRE 2. CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE Figure 2.3: Potentiels d’une distribution de courant et de charge Ces sources sont entourées par un milieu homogène infini. Les potentiels en un point r sont obtenus par intégration des équations de Helmholtz en coordonnées sphériques avec le résultat : − → μ A (r) = 4π 1 V (r) = 4πε − e−jk|r−r | → J (r ) dv |r − r | v v (2.33) ρ(r ) e−jk|r−r | dv |r − r | (2.34) Donc on peut dire que les potentiels sont donnés par une superposition (inté√ grale) d’ondes sphériques ayant une constante de propagation k = ω με et une longueur d’onde λ = 2π/k. Dans les expressions ci-dessus le vecteur radial r représente un point quelconque qui peut se trouver loin, près et même à l’intérieur des sources. Une fois les potentiels connus, le calcul des champs est immédiat à partir des équations Equation (2.27) et Equation (2.30). 2.4 Les champs et la densité de puissance rayonnés Pour le calcul du rayonnement d’une antenne, on s’intéresse aux points d’observation r très éloignés (champ lointain) car, en général la distance source-observateur est bien plus grande que les dimensions linéaires de l’antenne. La distance source — observateur |r − r | apparaît dans les formules dans deux rôles différents : soit comme dénominateur (amplitude) soit à l’intérieur de l’exponentielle (phase). Si |r | << |r| on peut remplacer l’expression exacte de cette distance par un développement limité. Pour l’amplitude, le terme dominant |r − r | ≈ |r| = r suffit. Par contre on doit être plus précis dans l’estimation de la phase et prendre un terme supplémentaire en faisant l’approximation suivante 16 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 2.4. LES CHAMPS ET LA DENSITÉ DE PUISSANCE RAYONNÉS dans l’exponentiel : |r − r | ≈ r − er · r = r − x sin(θ) cos(ϕ) − y sin(θ) sin(ϕ) − z cos(θ) (2.35) Ces relations approchées sont évidentes du point de vue géométrique quand on considère que les vecteurs (r − r ) et r sont pratiquement parallèles. Ces approxi→ − mations introduisent une simplification notable dans le calcul de A et des champs → − − → E , H . En effet, on trouve aisément : − → μ e−jkr f (θ, ϕ) A (r) = 4π r avec − jker ·r → dv J (r )e f(θ, ϕ) = (2.36) (2.37) v L’intégrale vectorielle (également appelée intégrale de rayonnement) f donnant la dépendance angulaire, joue un rôle essentiel dans la théorie des antennes. Le calcul des expressions approchées pour les champs se fait alors en calculant → − le rotationnel et la divergence de A et en négligeant les termes à décroissance plus rapide que 1/r. Le résultat final est : − → jω − → H = (2.38) A × er Zc → − → − → − (2.39) E = −jω[ A − er · (er · A )] où Zc = μ/ε est une constante appelée impédance caractéristique du milieu. En utilisant l’identité er · er = 1 on peut aussi écrire le champ électrique comme un double produit vectoriel : → − → − (2.40) E = jωer × (er × A ) A partir de ces relations, ou en partant directement des équations de Maxwell, on peut montrer que les champs rayonnés satisfont entre eux la relation simple : − → → − 1 H = er × E Zc → − → − E = Zc H × er (2.41) (2.42) En définitive, le calcul du champ électromagnétique lointain se réduit à celui du potentiel vecteur à travers l’évaluation de l’intégrale de l’équation Equation (2.36). Puis les composantes du champ en coordonnées sphériques sont données par : → − → − → − → − → − → − → − → − → − → − E θ = −jω A θ , E ϕ = −jω A ϕ , H θ = − E ϕ /Zc, H ϕ = E θ /Zc, E r = H r = 0 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 17 CHAPITRE 2. CALCUL DU CHAMP ELECTROMAGNETIQUE En terme de l’intégrale angulaire, on trouve pour les composantes du champ électrique : Eθ (r, θ, ϕ) = − jZc e−jkr eθ · f(θ, ϕ) 2λ r (2.43) jZc e−jkr ϕ) eϕ · f(θ, (2.44) 2λ r Les champs rayonnés par une antenne dépendent bien sûr des trois coordonnées sphériques du point de vue calcul. Tandis que l’intégrale f donne la dépendance angulaire du champ par rapport à θ et à ϕ, la fonction universelle e−jkr /r quant à elle donne la dépendance par rapport à la coordonnée radiale r. Dans la région du champ lointain, le vecteur de Poynting est purement radial et réel : Eϕ (r, θ, ϕ) = − → − → → 1 − =− S E × H ∗ = | E |2er Zc (2.45) Cette composante radiale donne la densité de puissance rayonnée vers l’extérieur que l’on peut écrire sous la forme : →2 → → − 1 − · er = 1 |− E | = (| E θ |2 + | E ϕ |2 ) p(r, θ, ϕ) = S Zc Zc [W/m2 ] (2.46) où en terme des composantes de l’intégrale vectorielle f : p(r, θ, ϕ) = Zc 1 (|fθ |2 + |fϕ |2 ) 4λ2 r 2 [W/m2 ] (2.47) A l’instar des champs, la densité de puissance dépend des trois coordonnées sphériques mais la dépendance par rapport à la coordonnée radiale est toujours la même (inversement proportionnel au carré de la distance). On définit alors l’intensité de rayonnement U comme : U(θ, ϕ) = r 2 p(r, θ, ϕ) = Zc (|fθ |2 + |fϕ |2 ) 4λ2 [W/stéradians] (2.48) Cette intensité de rayonnement correspond à la puissance par unité d’angle solide et ne dépend pas de la distance r. 2.5 Un exemple : le dipôle de Hertz L’antenne la plus simple possible est le dipôle de Hertz, appelé aussi doublet. Il s’agit d’un filament de courant de petite longueur l parcouru par un courant 18 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 2.5. UN EXEMPLE : LE DIPÔLE DE HERTZ √ I (de valeur temporelle i(t) = 2I cos(ωt)). Dans un sens strict, le doublet n’a qu’une utilité mathématique : il est la source élémentaire que l’on intègre pour obtenir les champs d’une antenne de dimensions finies. Sa longueur est alors une vraie quantité différentielle dl. Mais en pratique, le dipôle de Hertz peut être un bon modèle mathématique pour des antennes à fil, petites par rapport à la longueur d’onde et dont le courant I est pratiquement indépendant de la position à l’intérieur du fil. Sous ces hypothèses, on donnera alors des valeurs finies à la longueur du dipôle l. Considérons maintenant un tel dipôle placé à l’origine de coordonnées et dirigé suivant une direction arbitraire définie par le vecteur unitaire el . Si s est la → − section du dipôle, la densité de courant vaut J = el I/s et l’élément de volume vaut dv = s · dl . L’intégrale angulaire vaut (Equation (2.37)) : l f(θ, ϕ) = el Idl = Ilel (2.49) 0 avec : → fθ = −Il sin(θ), fϕ = 0 et el = − ez Le potentiel vecteur peut alors être écrit comme : − → μIl e−jkr A (r) = el 4π r et le champ électrique rayonné est donné par : (2.50) − → e−jkr jZc Il er × (er × el ) (2.51) E = 2λ r ou, en composantes sphériques par (Equation (2.43) et Equation (2.44)) : e−jkr jZc Il sin(θ) 2λ r Eϕ (r, θ, ϕ) = 0 Eθ (r, θ, ϕ) = (2.52) (2.53) Si nécessaire, le champ magnétique se déduit alors facilement : − → e−jkr j Il el × er H = 2λ r et en composantes sphériques : e−jkr j Il sin(θ) Hϕ (r, θ, ϕ) = 2λ r Hθ (r, θ, ϕ) = 0 (2.54) (2.55) (2.56) Quant à l’intensité du rayonnement (équation Equation (2.48)), elle vaut : Zc (2.57) U(θ, ϕ) = 2 (Il)2 sin2 (θ) 4λ c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 19 Chapitre 3 PARAMETRES CARACTERISTIQUES D’UNE ANTENNE 3.1 Diagrammes de rayonnement Pour représenter les caractéristiques angulaires du rayonnement électromagnétique d’une antenne on utilise les diagrammes de rayonnement. La dépendance par rapport à la coordonnée radiale (c’est à dire la distance par rapport à la source) des champs et de la densité de puissance est toujours la même et n’est donc jamais incluse dans ces diagrammes. 3.1.1 Diagramme en champ Un diagramme de rayonnement en champ est une représentation graphique des deux composantes de l’intégrale angulaire (intégrale de rayonnement) fθ (associée à Eθ et à Hϕ ) et fϕ (associée à Eϕ et à Hθ ). Il ne faut pas oublier que l’on travaille avec des phaseurs. Donc, les composantes du champ sont en général des valeurs complexes et il en va de même pour les composantes de l’intégrale angulaire f. Dans la plupart des problèmes d’antennes, on s’intéresse surtout à l’amplitude du champ rayonné. La seule information à retenir est alors celle contenue dans les normes |fθ (θ, ϕ)| et |fϕ (θ, ϕ)|. Le plus souvent, on travaille avec des diagrammes normalisés et on dessine la fonction appelée diagramme en champ normalisé (normalized field pattern). Pour la composante θ, il est donné par : DEθ (θ, ϕ) = |fθ (θ, ϕ)| |Eθ (θ, ϕ)| = |Eθ (θ0 , ϕ0 )| |fθ (θ0 , ϕ0 )| 21 (3.1) CHAPITRE 3. PARAMETRES CARACTERISTIQUES D’UNE ANTENNE où la direction (θ0 , ϕ0 ) correspond à la valeur maximale de |Eθ | : (3.2) Eθ (θ0 , ϕ0 ) = max [Eθ (θ, ϕ)] (θ,ϕ) Une normalisation similaire est utilisée pour la composante Eϕ et on définit un deuxième diagramme en champ normalisé : DEϕ (θ, ϕ) = |Eϕ (θ, ϕ)| |fϕ (θ, ϕ)| = |Eϕ (θ0 , ϕ0 )| |fϕ (θ0 , ϕ0 )| (3.3) Mais, attention : les angles θ0 et ϕ0 ne sont pas forcément les mêmes pour les composantes Eθ et Eϕ ! Rappelons que ces diagrammes en champ représentent aussi bien des champs électriques que des champs magnétiques. Les composantes Hθ et Hϕ ayant la même dépendance angulaire que Eϕ et Eθ respectivement. Les diagrammes de rayonnement ainsi définis ont des valeurs toujours comprises entre 0 et 1 et atteignent la valeur unité dans la direction où le champ est maximal. Pour les diagrammes de rayonnement d’amplitude, on utilise souvent des valeurs en décibels données par les relations standards : DEθ (dB) = 20 log10 |DEθ | (3.4) DEϕ (dB) = 20 log10 |DEϕ | (3.5) Les valeurs possibles s’échelonnent alors entre −∞ (champ nul) et 0 dB (champ maximal), mais évidemment on tronque la représentation en dessous d’une valeur minimale (par exemple −40 dB, correspondant à 1% du champ maximal). Les diagrammes de rayonnement sont des fonctions de deux variables qui exigent une représentation graphique tridimensionnelle ou par des lignes de niveau. Souvent, on essaie de choisir les axes de coordonnées de telle façon que les directions où l’on veut étudier le rayonnement se trouvent dans les plans ϕ = 0˚ ou ϕ = 90˚, appelés plans principaux. On peut alors représenter – souvent en coordonnées polaires – le diagramme de rayonnement comme une fonction de la seule coordonnée angulaire θ. Il faut finalement remarquer qu’en normalisant chaque composante par rapport à sa valeur maximal, on perd l’information concernant le rapport d’amplitude entre les composantes suivant θ et ϕ. C’est pour cela qu’on utilise souvent le même facteur de normalisation pour les deux composantes. Ce facteur peut être par exemple le "maximum des maximums" : max(|Eθ |max , |Eϕ |max ) — ou encore la valeur maximale du module du champ : √ E · E∗ = max Eθ · Eθ∗ + Eϕ · Eϕ∗ max (θ,ϕ) Avec ces normalisations les diagrammes de rayonnement n’atteignent pas forcément la valeur maximale unité (0 dB). 22 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 3.1. DIAGRAMMES DE RAYONNEMENT 3.1.2 Diagramme en puissance Le diagramme de rayonnement en puissance (normalized power pattern) est une représentation graphique de la densité de puissance p(r, θ, ϕ) ou de l’intensité (puissance par unité d’angle solide) U(θ, ϕ) = r 2 p, en fonction des angles θ et ϕ. Dans la région du champ lointain, la densité de puissance p est un scalaire réel. Donc il ne faut pas distinguer de composantes ou séparer amplitude et phase. Ici, la normalisation est unique et on représente la quantité appelée diagramme de puissance DP comme : DP (θ, ϕ) = U(θ, ϕ) p(θ, ϕ) = p(θ0 , ϕ0 ) U(θ0 , ϕ0 ) (3.6) où les valeurs maximales de p et de U sont atteintes pour une certaine direction donnée par des angles θ0 et ϕ0 . (3.7) U(θ0 , ϕ0 ) = max [U(θ, ϕ)] (θ,ϕ) Pour les diagrammes de rayonnement en puissance, on utilise souvent des valeurs en décibels, données par la relation standard : DP (dB) = 10 log10 |DP | (3.8) Il est important de rappeler que la densité de puissance p est donnée, à une constante près, par le carré de la norme du champ électrique : |Eθ |2 + |Eϕ |2 . Donc, si une des composantes θ ou ϕ du champ est nulle, le diagramme de rayonnement de puissance et celui de la composante non nulle sont strictement identiques quand ils sont exprimés en décibels. 3.1.3 Paramètres caractéristiques d’un diagramme de rayonnement en puissance En général, un diagramme de rayonnement présente plusieurs lobes séparés par des directions où le rayonnement est nul (mais certaines antennes simples donnent un rayonnement presque omnidirectionnel – sans aucune direction où le champ s’annule – donnant ainsi un lobe unique de forme patatoïde). La Figure 3.1 présente une coupe à ϕ = cste d’un diagramme typique en échelle linéaire. On appelle lobe principal ou majeur (main lobe) le lobe contenant la direction de rayonnement maximal. Les autres lobes sont des lobes secondaires ou encore mineurs (minor lobe). Un lobe latéral (side lobe) est un lobe dans une direction autre que celle souhaitée pour le rayonnement de l’antenne. Dans la plupart des c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 23 CHAPITRE 3. PARAMETRES CARACTERISTIQUES D’UNE ANTENNE Figure 3.1: Diagramme de rayonnement en puissance cas, l’antenne est conçue pour exploiter son rayonnement dans la direction du lobe principal et donc tous les lobes latéraux sont secondaires et vice versa. La largeur du lobe principal ou largeur du faisceau (beamwidth, θBW ) est l’angle formé par les deux directions du champ nul entourant le lobe principal. Si la position des nuls n’est pas bien définie, on prendra la largeur du faisceau à moitié puissance (half power beamwidth, θHPBW ) qui est l’angle entre deux directions où la densité de puissance est la moitié de la valeur maximale. L’importance des lobes latéraux peut se chiffrer en considérant la direction appartenant à ceux-ci où l’intensité est maximale. On définit alors le niveau des lobes latéraux (side lobe level, SLL) comme : SLL = 10 log10 Pmax (lobe principal) Pmax (lobes latéraux) (3.9) En général, après une normalisation, on a Pmax (lobe principal) = 1. Ceci implique que : SLL = −10Pmax (lobes latéraux) 3.2 (3.10) Puissance totale rayonnée et directivité La puissance totale rayonnée ou émise Prad par une antenne est obtenue par intégration de la densité de puissance sur une surface sphérique de rayon r. Avec 24 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 3.2. PUISSANCE TOTALE RAYONNÉE ET DIRECTIVITÉ ds = r 2 sin(θ)dθdϕ on obtient : 2π dϕ Prad = p(r, θ, ϕ)ds = s 2π dϕ = 0 2 0 π r 2 sin(θ)p(r, θ, ϕ)dθ 0 π (3.11) sin(θ)U(θ, ϕ)dθ 0 Le terme r du différentiel surfacique compense la dépendance 1/r 2 de la densité de puissance et permet d’exprimer la puissance comme une intégrale de l’intensité U. On peut dire que la puissance totale rayonnée Prad demeure indépendante du rayon r mais, en s’éloignant de l’antenne, elle se distribue sur des surfaces sphériques de plus en plus grandes donnant lieu à une décroissance de la densité. La densité de puissance p(r, θ, ϕ) peut varier fortement avec la direction. On obtient sa valeur moyenne en divisant la puissance totale rayonnée à travers une surface sphérique par la surface de cette sphère. Cette valeur moyenne est appelée densité de puissance isotropique : Prad (3.12) 4πr 2 Une antenne qui émettrait réellement cette densité de puissance indépendante de la direction serait appelée antenne isotrope ou omnidirectionnelle. Une telle antenne est irréalisable en pratique, mais constitue un concept très utile pour la caractérisation des antennes réelles. Le quotient D(θ, ϕ) de la densité de puissance par sa valeur moyenne est une grandeur adimensionnelle, une fonction de la direction, mais pas de la distance, appelée gain de directivité ou tout simplement directivité. On trouve : < p >= piso = D(θ, ϕ) = 4πr 2 p(r, θ, ϕ) 4πr 2p(r, θ, ϕ) p(r, θ, ϕ) (3.13) = = 2π π piso Prad dϕ r 2 sin(θ)p(r, θ, ϕ)dθ 0 0 On peut donc imaginer la directivité comme une "intensité de rayonnement normalisée". Aussi, la directivité donne le rapport entre la densité de puissance d’une antenne réelle et celle d’une antenne fictive rayonnant la même puissance totale mais de façon isotropique. Des valeurs de la directivité supérieure à l’unité indiquent des directions "favorisées" où l’antenne concentre son rayonnement. La directivité peut être calculée à partir du diagramme de rayonnement. Elle est couramment exprimée en dB : D(θ, ϕ)dB = 10 log10 (D(θ, ϕ)) (3.14) En pratique, on s’intéresse surtout à la valeur maximale de la directivité atteinte pour une direction (θ0 , ϕ0 ) : Dmax = max[D(θ, ϕ)] = D(θ0 , ϕ0 ) ≥ 1 (3.15) (θ,ϕ) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 25 CHAPITRE 3. PARAMETRES CARACTERISTIQUES D’UNE ANTENNE ou Dmax (dB) = 10 log10 (Dmax ) ≥ 0 (3.16) On voit facilement qu’un diagramme de directivité est simplement un diagramme de rayonnement de puissance multiplié par la valeur Dmax (ou augmenté d’une valeur constante 10 log10 (Dmax ) si l’on travaille en dBs). Une antenne est un élément passif. Elle peut concentrer le rayonnement dans certaines directions privilégiées par rapport aux autres. Si l’on calcule la valeur moyenne de la directivité sur toutes les directions de l’espace, on obtient forcément l’unité : 2π π 1 < D(θ, ϕ) >= dϕ sin(θ)D(θ, ϕ)dθ = 1 (3.17) 4π 0 0 3.3 Résistance de rayonnement Du point de vue de la théorie des circuits, une antenne à l’émission correspond à un élément passif linéaire dissipatif, possédant une impédance d’entrée complexe Zin qui est une fonction de la fréquence. Si cet antenne est excitée par un courant de valeur efficace I, la puissance fournie à l’antenne est : Pf = I 2 e(Zin ) (3.18) Si l’on admet que l’antenne est faite en matériaux idéaux sans pertes, la conservation de l’énergie implique que cette puissance soit égale à la puissance électromagnétique rayonnée Prad . On peut donc obtenir la partie réelle de l’impédance d’entrée d’une antenne idéale, dite résistance de rayonnement Rrad , comme : Rrad = e(Zin ) = Prad I2 (3.19) En revanche, le calcul de la partie imaginaire de l’impédance d’entrée est beaucoup plus délicat. La réactance n’est pas liée au rayonnement mais plutôt au champ proche. Elle est très sensible à la géométrie et à la façon dont l’antenne est connectée au générateur. Sauf pour des antennes à géométrie très simple, des calculs numériques à l’ordinateur sont nécessaires pour son évaluation. Mais souvent, on se contente d’une estimation empirique approchée. 3.4 Application au dipôle de Hertz Pour un dipôle de Hertz, le diagramme de rayonnement en puissance normalisé est indépendant de la coordonnée ϕ (symétrie de révolution) et il est donné par la 26 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 3.4. APPLICATION AU DIPÔLE DE HERTZ fonction : DP (θ) = sin2 (θ) (3.20) en échelle linéaire ou : DP (dB) = 10 log10 (sin2 (θ)) = 20 log10 (sin(θ)) (3.21) en échelle logarithmique. Donc un diagramme à deux dimensions est suffisant. Le rayonnement maximal se produit pour θ = 90˚où DP = 1, et comme sin2 (θ) = 0 pour θ = 0˚et θ = 180˚ et sin2 (θ) = 0.5 pour θ = 45˚ et θ = 135˚. On trouve : θBW = 180 − 0 = 180˚ et θHPBW = 135 − 45 = 90˚. Il est bien entendu que ce diagramme ne comporte pas de lobes secondaires. Comme Eϕ = 0, les diagrammes en décibels pour la puissance (DP ) et pour le champ (DEθ ) sont les mêmes. La puissance totale rayonnée est : 2 π 2π l 2 2 Prad = 2π r sin(θ)p(r, θ, ϕ)dθ = (3.22) Zc I 3 λ 0 Le calcul de la directivité est alors immédiat et l’on obtient : D(θ, ϕ) = 3 2 sin (θ) 2 (3.23) et une valeur maximale : Dmax = 1.5 = 1.76 dB. Quant à la résistance de rayonnement, on obtient : 2 2 l 2π l 2 Zc I ≈ 800 [Ω] (3.24) Rrad = 3 λ λ Pour une longueur donnée, la résistance de rayonnement est proportionnelle au carré de la fréquence. Par exemple, un fil de cuivre de 1 mètre de longueur a une résistance de rayonnement de 0.0088 Ω à 1 MHz, 0.88 Ω à 10 MHz, et 88 Ω à 100 MHz. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 27 Chapitre 4 ETUDE D’ANTENNES IDEALES Une antenne idéale est essentiellement une antenne construite avec des matériaux sans pertes. L’antenne idéale ne produit pas de la chaleur par effet joule quand elle fonctionne en émission ou en réception ! A l’émission, toute la puissance fournie par le générateur est rayonnée. A la réception, toute la puissance reçue est transmise à la charge. Pour étudier le comportement des antennes idéales, et en particulier d’un couple d’antennes idéales constituant un système émetteurrécepteur, il nous faut encore aller plus en profondeur dans le contenu des équations de Maxwell, en développant les théorèmes de réciprocité. 4.1 Théorème de réciprocité Un système émetteur-récepteur formé par deux antennes quelconques possède un ensemble de propriétés générales qui découlent directement des équations de Maxwell. Parmi elles, les plus importantes sont rattachées au théorème de réciprocité, dont nous discuterons dans ce qui suit. EA JA EB HA HB JB (a) Problème A (b) Problème B Figure 4.1: Théorème de réciprocité 29 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES → − Considérons un problème A où des sources J A occupant un volume vA pro→ − → − duisent des champs E A et H A en tout point de l’espace. Le milieu environnant les sources est linéaire, isotrope mais peut être inhomogène (Figure 4.1a). Les équations de Maxwell pour ce problème sont : → − − → → − ∇ × E A = −jωμ H A (4.1) → − − → → − → − ∇ × H A = J A + jωε E A (4.2) Sans changer de fréquence, on considère maintenant le même milieu mais avec → − un ensemble différent de sources J B occupant un volume vB et produisant en tout → − → − point des champs E B et H B . C’est le problème B (Figure 4.1b), obéissant aux équations : → − → − − → (4.3) ∇ × E B = −jωμ H B → − − → → − → − ∇ × H B = J B + jωε E B (4.4) Construisons maintenant un vecteur assez "capricieux " → − − → → − → − → − X = EA × HB − EB × HA (4.5) qui mélange les champs des deux problèmes. Prenant alors la divergence de ce vecteur et faisant usage des équations de Maxwell (équations Equation (4.1) — Equation (4.4)) on obtient : → → − − → → − − → − → − (4.6) ∇ · X = J A · EB − J B · EA Si maintenant, on intègre cette divergence sur un volume arbitraire v et on fait usage du théorème de la divergence, on arrive au résultat : → − → − → − → − → − − → → − − → ( E A × H B − E B × H A ) · ds = ( J A · E B − J B · E A )dv (4.7) s v où s est la surface fermée entourant le volume v. Cette égalité est l’expression classique du théorème de réciprocité. Un cas particulier très intéressant est obtenu quand on laisse le volume v remplir tout l’espace. La surface s est alors à l’infini et donc dans le champ lointain des sources qui occupent toujours des volumes finis vA , vB . Les champs sur la surface satisfont alors les relations (chapitre 2) : → − → − (4.8) E A = −Zcer × H A → − → − (4.9) E B = −Zcer × H B On peut montrer qu’avec ces relations l’intégrale de surface dans l’équation Equation (4.7) s’annule, et on obtient comme expression particulière du théorème de réciprocité : → → → − − → − − (4.10) J A · E B dv = J B · E A dv vA 30 vB c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 4.2. RÉCIPROCITÉ EN TERME DE CIRCUIT Figure 4.2: Réciprocité en terme de circuit 4.2 Réciprocité en terme de circuit Prenons une paire d’antennes quelconques #1 et #2. On appliquera le théorème de réciprocité sous la forme de l’équation Equation (4.10) aux deux situations suivantes (Figure 4.2) : A : #1 est l’émetteur connecté à un générateur idéal de courant I1 et #2 est le récepteur laissé en circuit ouvert et ayant une tension V2open entre ses bornes ; B : #2 est l’émetteur connecté à un générateur idéal de courant I2 et #1 est le récepteur laissé en circuit ouvert et ayant une tension V1open entre ses bornes. On applique à ces deux situations la réciprocité en se rappelant qu’ici les sources sont les courants des générateurs et que, par conséquent, le volume occupé par les sources se trouve à l’extérieur des antennes et se réduit à l’ensemble générateur idéal + fils de connexion reliant les bornes des antennes. Ces considérations nous permettent d’écrire pour l’antenne #1 (Figure 4.2) : → − − → J A dv = I 1 dl (4.11) → − avec dv = s dl et J = el I1 /s et l’intégrale de volume comme : → → → − − → − − J A · E B dv = I1 E B · dl VA (4.12) LA où : − → dl = el dl c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 31 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES Figure 4.3: Equivalence des diagrammes → − Mais E B est le champ créé par l’antenne #2 dans la situation "B" et l’intégrale curviligne est évaluée entre les bornes de l’antenne #1. On conclut que cette intégrale donne la tension en circuit ouvert aux bornes de l’antenne #1 quand l’antenne #2 est excitée par un courant I2 . On appellera cette tension V1open (I2 ). Finalement, le théorème de réciprocité Equation (4.10) donne en termes de circuit : I1 V1open (I2 ) = I2 V2open (I1 ) (4.13) En particulier, si les courants d’excitation ont la même valeur numérique (par exemple 1 A) on trouve : V1open (I2 = 1 A) = V2open (I1 = 1 A) (4.14) C’est à dire : "à égalité de courant d’excitation, la tension détectée par #1 quand #2 émet est la même que celle détectée par #2 quand l’émetteur est #1". 4.3 Equivalence des diagrammes à l’émission et à la réception Le dernier résultat de la section précédente est de la plus haute importance, car il implique l’identité entre les diagrammes de rayonnement à l’émission et à la réception. En effet, considérons une situation où l’antenne #1, alimentée par un courant unité, est stationnaire et joue le rôle d’émetteur. Autour d’elle on fait tourner une antenne sonde #2 sur une surface sphérique de rayon r >> l (champ lointain), l étant la distance maximale entre deux points distincts de l’antenne. En chaque point de la surface sphérique, on oriente l’antenne #2 pour obtenir toujours une réception optimale (Figure 4.3a). La tension V2open détectée par l’antenne #2 donne clairement une mesure du diagramme de rayonnement à l’émission de l’antenne #1. 32 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 4.4. CIRCUIT ÉQUIVALENT D’UN SYSTÈME ÉMETTEUR – RÉCEPTEUR (b) Circuit en T (a) Biporte Figure 4.4: Circuits équivalents Maintenant (Figure 4.3b), on fait émettre #2 (toujours en mouvement) avec un courant unité et on capte une tension dans #1 (qui demeure stationnaire). Comme précédemment, on oriente #2 en chaque point de la surface sphérique pour une réception optimale dans #1. La tension captée est une mesure du diagramme de rayonnement à la réception de l’antenne #1. Or, d’après l’équation Equation (4.14), ces tensions sont égales. On conclut donc à l’équivalence des diagrammes de rayonnement à l’émission et à la réception d’une antenne donnée : "Les directions privilégiées par une antenne à l’émission sont aussi celles où l’antenne se montrera être la plus sensible à la réception". 4.4 Circuit équivalent d’un système émetteur – récepteur Un système émetteur-récepteur formé par un couple d’antennes est équivalent à une biporte linéaire passive (Figure 4.4a). Du point de vue de la théorie des circuits, on doit donc pouvoir le représenter avec une matrice impédance [Z] avec les relations classiques : V1 = Z11 I1 + Z12 I2 (4.15) V2 = Z21 I1 + Z22 I2 (4.16) On constate tout de suite que : V1 V1open Z12 = = I2 I1 =0 I2 (4.17) et Z21 V2 = I1 = I2 =0 V2open I1 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, (4.18) 33 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES I1 Ug Zg V1 Z11 Z22 I 2 UT V2 ZL Zin,#1 (a) Schéma du système (b) Circuit équivalent Figure 4.5: Hypothèse unilatérale Or, d’après le théorème de réciprocité ces valeurs sont identiques : donc la matrice impédance est réciproque (Z12 = Z21 ). "La réciprocité électromagnétique implique la réciprocité au niveau de la circuiterie". On arrive ainsi au circuit équivalent en T de la Figure 4.4b. On introduira la notation Z12 = Z21 = Zm (impédance mutuelle). Si les antennes émettrice et réceptrice sont identiques, la symétrie du problème exige en plus que Z11 = Z22 . Une représentation en termes d’admittances combinée avec un circuit équivalent en T et un générateur de Norton est aussi possible. Considérons maintenant que l’antenne #1 est l’émetteur excité par un générateur de tension Ug et d’impédance interne Zg . L’antenne #2 est le récepteur chargé par une impédance ZL . L’impédance d’entrée de l’antenne #1 est, d’après le circuit équivalent (Figure 4.4b) : Zin,#1 = Z11 − Zm + Zm Z22 − Zm + ZL Z22 + ZL (4.19) Elle est donc affecté par l’antenne #2 et même par l’impédance de charge de cette antenne. 4.5 L’hypothèse unilatérale Dans la plupart des cas pratiques (Figure 4.5a), on peut admettre que la densité de puissance p produite par l’antenne émettrice au voisinage de l’antenne réceptrice est la même que celle qui existerait dans cette région de l’espace en absence du récepteur. Autrement dit, l’existence du récepteur n’altère aucune des caractéristiques de l’émetteur : densité de puissance, impédance d’entrée, diagramme de rayonnement. . . (l’émetteur de la radio locale ne se rend pas compte du fait que vous enclenchez votre poste récepteur à la maison). D’un point de vue circuit équivalent, on peut alors remplacer les équations générales de la biporte par des 34 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 4.5. L’HYPOTHÈSE UNILATÉRALE relations approchées où le terme Z12 I2 est négligé et le terme Z21 I1 est transformé en générateur dépendant de tension UT = Z21 I1 (Figure 4.5b). On a alors : V1 = Z11 I1 (4.20) V2 = UT + Z22 I2 (4.21) Ce qui donne d’après le circuit équivalent de la Figure 4.5b : (4.22) Zin,#1 = Z11 L’impédance d’entrée de l’émetteur est indépendante des paramètres du récepteur. Le circuit équivalent approché tiré de l’hypothèse unilatérale établit une différence claire entre le coté émetteur et le coté récepteur. Tandis que dans le circuit général en T on peut échanger les rôles entre émetteur et récepteur, l’hypothèse unilatérale exige un circuit équivalent différent de celui de la Figure 4.5b si l’antenne #2 est l’émetteur. Si l’on considère un système formé par deux antennes identiques, les équations ci-dessus permettent d’affirmer qu’une antenne à la réception est équivalente à un générateur dont l’impédance interne est identique à l’impédance d’entrée de la même antenne à l’émission. 4.5.1 Réciprocité des puissances dans l’hypothèse unilatérale Considérons maintenant une situation où l’hypothèse unilatérale est acceptée et où l’émetteur (antenne #1) et le récepteur (antenne #2) sont connectés, respectivement à un générateur et à une charge. On suppose d’autre part qu’on a une ∗ parfaite adaptation d’impédance en entrée (Z11 = Zg∗ ) et en sortie (ZL = Z22 ). La puissance rayonnée par l’émetteur est : Prad−1 = |Ug |2 4e(Z11 ) (4.23) tandis que la puissance disponible au niveau du récepteur est donnée par : Pav−r2 = |Zm I1 |2 |UT |2 = 4e(Z22 ) 4e(Z22 ) (4.24) Comme |Ug | = 2e(Z11 )|I1 |, le rapport entre ces deux puissances vaut : |Zm |2 Pav−r2 = Prad−1 4e(Z11 )e(Z22 ) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, (4.25) 35 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES Cette relation demeure inchangée si on échange les rôles entre émetteur et récepteur (autrement dit, si on échange les indices 1 et 2). On obtient donc la relation de réciprocité entre puissances : Pav−r2 Pav−r1 = Prad−1 Prad−2 (4.26) En résumé, si les quelques centaines de watts fournis à votre émetteur radio préférée produisent quelques milliwatts dans votre transistor, vous êtes en droit d’attendre une perturbation de quelques milliwatts dans le studio central si vous réussissez à fournir à votre transistor des centaines de watt et qui sont ensuite entièrement émises par ce dernier (et si l’hypothèse unilatérale demeure acceptable). 4.5.2 Puissances dans un système émetteur-récepteur idéal Considérons maintenant un couple d’antennes idéales formant un système émetteur-récepteur. En admettant la validité de l’HYPOTHESE UNILATÉRALE, prenons un cas où la ligne de visée entre émetteur et récepteur correspond à la direction (θ1 , ϕ1 ) dans le système de coordonnées rattaché à l’antenne #1 (émetteur) et à la direction (θ2 , ϕ2 ) par rapport à l’antenne #2 (récepteur). On a alors la relation suivante entre la puissance rayonnée par un émetteur et la puissance disponible dans le récepteur situé à une distance r : Pav−r2 = Ae2 (θ2 , ϕ2 )p = Ae2 (θ2 , ϕ2 )pisoD1 (θ1 , ϕ1 ) Prad−1 (4.27) 4πr 2 où, en plus de considérer des antennes idéales, on a admis que le récepteur est capable d’accepter intégralement la densité de puissance incidente. = Ae2 (θ2 , ϕ2 )D1 (θ1 , ϕ1 ) 4.6 Surface de captation Considérons une antenne à la réception située dans le champ lointain d’un émetteur. Si les dimensions de l’antenne-récepteur sont petites en comparaison avec sa distance de l’émetteur, l’antenne-récepteur peut être considérée comme excitée par une onde plane de densité de puissance constante p. Du point de vue de la théorie des circuits, l’antenne à la réception peut être considérée comme un générateur dépendant de tension ou de courant selon que l’on utilise l’équivalent de Thévenin ou de Norton. On a vu que l’impédance interne de ce générateur est la même impédance Zin de l’antenne à l’émission. La puissance maximale disponible (available) à la réception Pav−r est la puissance que l’antenne réceptrice fournit quand on la connecte sur une impédance 36 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 4.7. APPLICATION AU DIPÔLE DE HERTZ de charge qui est égale à la valeur complexe conjuguée de l’impédance interne de ∗ l’antenne (Zload = Zin , adaptation conjuguée). On définit alors la surface de captation équivalente Ae (effective aperture) d’une antenne à la réception comme le rapport entre la puissance maximale disponible à la réception et la densité de puissance incidente. Ae2 (θ, ϕ) = Pav−r p [m2 ] (4.28) Cette surface de captation dépend bien sûr de l’orientation de l’antenne réceptrice par rapport à l’onde incidente. En pratique, on s’intéresse souvent à sa valeur maximale, lorsque l’orientation de l’antenne est telle qu’elle capte un maximum de puissance. La surface de captation équivalente maximale Ae max est atteinte pour une direction (θ0 , ϕ0 ) et vaut donc : Ae max = max[Ae (θ, ϕ)] = Ae (θ0 , ϕ0 ) (θ,ϕ) (4.29) Comme pour la directivité, quand on parle dans la littérature technique de "surface de captation" on se réfère le plus souvent à sa valeur maximale. La quantité Ae mérite bien le nom de surface de captation car, outre sa relation évidente avec les propriétés réceptrices de l’antenne, elle a les dimensions d’une surface. Toutefois, il faut remarquer qu’aucune surface géométrique n’est intervenue dans sa définition. Pour certaines antennes comme les paraboles et les cornets, la surface de captation est directement liée à la surface géométrique interceptée par l’onde plane. Dans d’autres cas, comme les antennes à fil, on ne peut rattacher Ae à aucune surface géométrique. 4.7 Application au dipôle de Hertz En utilisant un schéma équivalent de Thévenin, un dipôle de Hertz à la réception est équivalent à un générateur de tension dont la valeur est obtenue en mesurant la tension induite entre les extrémités du dipôle en circuit ouvert. On sait que la densité de puissance de l’onde incidente est liée au champ élec→ − trique E par la relation : p= E2 Zc (4.30) avec : → − E = |E | c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 37 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES La tension induite dans le dipôle de Hertz sera simplement le produit de la longueur du dipôle par la composante tangentielle du champ (ou bien le produit de la norme du champ par la valeur de la longueur "effective" offerte par le dipôle) : Vop = El sin(θ) = Zc p l sin(θ) (4.31) La puissance disponible à la réception est alors (équation Equation (4.24)) : Pav−r 2 Vop = 4e(Zin ) (4.32) [W] et la surface de captation vaut : Ae = 2 Vop Pav−r 1 = p p 4e(Zin ) [m2 ] (4.33) En admettant un dipôle idéal où e(Zin ) = Rrad , et en utilisant la valeur désormais connue de cette résistance de rayonnement (équation Equation (3.24)), on trouve pour la surface de captation d’un dipôle de Hertz : Ae = 3λ2 sin2 (θ) 8π (4.34) Elle est indépendante des dimensions du dipôle mais plutôt fonction seulement de la fréquence ! Sa valeur maximale est : Ae(max) = 4.8 3λ2 8π (4.35) Rapport surface de captation / directivité La réciprocité des puissances que nous venons de démontrer a une conséquence analytique importante. En effet, si l’antenne #1 est l’émetteur et l’antenne #2 le récepteur, on sait que le rapport entre la puissance disponible à l’émission et celle disponible à la réception est donnée par : Pav−r2 Ae (θ2 , ϕ2 )D1 (θ1 , ϕ1 ) = 2 Prad−1 4πr 2 (4.36) Si maintenant on fait émettre l’antenne #2 et l’antenne #1 devenant le récepteur, on trouve : Pav−r1 Ae (θ1 , ϕ1 )D2 (θ2 , ϕ2 ) = 1 Prad−2 4πr 2 38 (4.37) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 4.9. FORMULE DE TRANSMISSION DE FRIIS La relation de réciprocité entre puissances implique alors que : Ae1 (θ1 , ϕ1 ) Ae (θ2 , ϕ2 ) = 2 D1 (θ1 , ϕ1 ) D2 (θ2 , ϕ2 ) (4.38) Comme aucune hypothèse n’a été faite concernant la nature des antennes et les angles de visée, il faut en conclure que "le rapport surface de captation / directivité est une constante indépendante du type et de l’orientation des antennes". La valeur de ce rapport peut alors être obtenue à partir des résultats connus pour un système formé par deux dipôles de Hertz orientés pour une transmission optimale. A partir des valeurs maximales connues pour la directivité (équation Equation (3.23)) et la surface de captation (équation Equation (4.34)) d’un dipôle de Hertz on trouve : Ae λ2 = (4.39) D 4π Cette relation, fort utile, permet de calculer la surface de captation à partir de la directivité et vice versa. Par exemple, pour une antenne à réflecteur parabolique, on peut estimer que la surface de captation efficace maximale est proche de la surface de l’ouverture circulaire sous-tendue par la paraboloïde. Si R est le rayon de ce cercle, on obtient alors comme estimation raisonnable de la directivité maximale d’une antenne parabolique : 2 2πR Dmax = (4.40) λ 4.9 Formule de transmission de FRIIS On peut maintenant exprimer la relation entre puissance disponible à la réception et puissance rayonnée par l’émetteur en termes des directivités des deux antennes comme : 2 λ Prad (4.41) Pav−r = D1 D2 4πr Cet expression est connue comme formule de transmission de Friis pour deux antennes idéales. 4.10 Equation du radar Considérons un émetteur #1 qui illumine une cible avec une densité de puissance incidente pi (Figure 4.6). La cible renvoie un écho et une certaine densité c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 39 CHAPITRE 4. ETUDE D’ANTENNES IDEALES Emetteur R1 e Ond R2 e nd Récepteur nte Cible ide inc di ée ct a ffr O Figure 4.6: Equation du radar de puissance diffractée pd qui arrive sur un récepteur #2. La cible se trouve à une distance R1 de l’antenne #1 et à une distance R2 de l’antenne #2. Le pouvoir réfléchissant de la cible est quantifié par le paramètre "surface effective radar, SER" (en anglais "radar cross section, RCS ") défini par : SER = 4πR22 pd pi (4.42) C’est à dire, on admet que la cible absorbe une puissance (pi ·SER) et la re-rayonne intégralement de façon isotrope sur une sphère de rayon R2 . La puissance disponible dans le récepteur est Pav−r2 = Ae1 pd , tandis que la puissance totale rayonnée par l’émetteur est Prad1 = 4πR12 pi /D1 . On peut combiner toutes ces relations et obtenir le résultat : Pav−r2 λ2 D1 D2 SER = Prad1 (4π)3 R12 R22 (4.43) connu comme équation du radar. Quand la même antenne joue le rôle d’émetteur et de récepteur, (#1 et #2 confondues) le radar est dit monostatique. Autrement, il est appelé bistatique. 40 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, Chapitre 5 LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL 5.1 RENDEMENT ET GAIN Toute antenne réelle est construite avec des matériaux non idéaux exhibant des pertes. Ces pertes se traduisent par une dissipation de chaleur dans l’antenne (effet Joule). Pour les antennes auxquelles on peut associer un modèle équivalent en ligne de transmission, on pourra alors parler des pertes ohmiques dues à la résistivité non nulle des conducteurs réelles et des pertes diélectriques dues à des isolants imparfaits. Du point de vue circuit équivalent, on verra apparaître respectivement une résistance série et une conductance parallèle à ajouter à la résistance de rayonnement. Dans tous les cas, pour une antenne réelle la puissance fournie à l’antenne Pf = I 2 e(Zin ) ne se transforme pas intégralement en puissance rayonnée Prad (obtenue par intégration du diagramme de rayonnement). Une partie de la puissance fournie est dissipée par effet Joule dans l’antenne. On a donc Prad < Pf et on peut définir un rendement η comme : Prad ≤1 (5.1) Pf Le rendement est une mesure, souvent empirique, de la qualité des matériaux faisant partie de l’antenne. Une version plus réaliste de la directivité est obtenue quand on remplace dans sa définition la puissance totale rayonnée par la puissance fournie à l’antenne. On obtient alors le gain en puissance, ou gain tout court G(θ, ϕ), qui est défini comme : η= G(θ, ϕ) = 4π U(θ, ϕ) = ηD(θ, ϕ) Pf (5.2) 41 CHAPITRE 5. LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL Figure 5.1: Schéma équivalent de l’antenne à l’émission et à la réception On peut considérer le gain comme une directivité pratique qui inclut l’effet des pertes par effet joule la directivité comme la limite théorique supérieure pour le gain et vice versa,. On a vu que la directivité peut être calculée à partir du diagramme de rayonnement. En revanche, il est clair que le calcul du gain exige la connaissance du rendement et de la puissance fournie. Comme la directivité, le Gain est couramment exprimé en dB : (5.3) G(θ, ϕ)dB = 10 log10 (G(θ, ϕ)) APPLICATION AU DIPÔLE DE HERTZ Nous avons vu que la puissance totale rayonnée, obtenue par intégration du vecteur de Poynting était : 2 π 2π Δl 2 Zc I U(r, θ, ϕ) sin(θ)dθ = (5.4) Prad = 2π 3 λ 0 Ce qui correspondait à une résistance de rayonnement : 2 2 Δl 2π Δl Zc Rrad = ≈ 800 [ohms] 3 λ λ (5.5) Quand on prend en compte les pertes, nous pouvons considérer qu’un dipôle de Hertz réel consiste essentiellement en un fil métallique de longueur Δl. Il aura alors une résistance ohmique, qui en haute fréquence est surtout due à l’effet pelliculaire et est donnée par : Δl μπf (5.6) Rloss = 2πa σ où μ et σ sont respectivement la perméabilité et la conductivité électrique du matériau du fil. Le même courant qui produit le rayonnement cause aussi les pertes. Du point de vue circuit équivalent, dans une antenne réelle à fils conducteurs, la résistance 42 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 5.2. DESADAPTATION ohmique Rloss doit être ajoutée en série avec l’impédance d’entrée idéale et on peut écrire : (5.7) Zin = Rloss + Rrad + jX En termes de circuit équivalent, le rendement est donc donné par : η= Prad Rrad = Pf Rrad + Rloss (5.8) Nous devons remarquer que, pour une longueur donnée, la résistance de rayonnement est proportionnelle au carré de la fréquence. Un fil de cuivre de 1 mètre de longueur a une résistance de rayonnement de 0.0088 Ω à 1 MHz, 0.88 Ω à 10 MHz et 88 Ω à 100 MHz. En revanche, la résistance de pertes, due à l’effet pelliculaire, augmente seulement avec la racine carrée de la fréquence. On peut alors trouver les résultats de la Table 5.1 pour un fil de cuivre (σ = 5.7 107 S/m) de longueur L = 1 m et de rayon a = 0.4 mm : ce qui nous permet de voir clairement l’intérêt des hautes fréquences. Table 5.1: Tableau récapitulatif f (MHz) Rrad (ohms) Rloss (ohms) η 1 0.0088 0.1 8% 10 0.88 0.3 73% 100 88 1 98.9% 5.2 DESADAPTATION La puissance fournie Pf n’est souvent pas la puissance maximum disponible dans le générateur Pav−e . Considérons, pour simplifier, un générateur de tension U et d’impédance interne réelle Rg. Ce générateur a une puissance maximale disponible U 2 /4Rg. Malheureusement, cette puissance ne sera fournie à l’antenne que si son impédance d’entrée est aussi Rg. Un calcul simple sur le circuit équivalent montre que la puissance fournie vaut en réalité : Pf = (1 − |Γ2g |)Pav−e (5.9) où : Γg = Zin − Rg est le coefficient de réflexion entre générateur et antenne-émetteur. Zin + Rg c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 43 CHAPITRE 5. LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL Figure 5.2: Schéma équivalent de l’antenne à l’émission et à la réception Le terme |Γ2g |Pav−e donne la puissance perdue par désadaptation et renvoyée vers le générateur. Remarquons ici que le gain aurait pu être défini par rapport à la puissance disponible et non à la puissance fournie. On aurait ainsi tenu compte des pertes par désadaptation. Telle n’est pas la pratique courante, car l’on considère que, contrairement aux pertes ohmiques, les pertes par désadaptation ne sont pas intrinsèques à l’antenne et peuvent être facilement éliminées avec un circuit externe d’adaptation. 5.2.1 Antenne réelle à l’émission En combinant les effets de la désadaptation et des pertes ohmiques, on trouve que pour une antenne réelle la puissance rayonnée Prad par une antenne-émettrice #1, vaut : Prad = η1 Pf = η1 (1 − |Γ2g |)Pav−e 44 (5.10) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 5.3. POLARISATION au lieu d’avoir, comme dans le cas idéal, tout simplement Prad = Pav−e 5.2.2 (5.11) Antenne réelle à la réception Les mêmes considérations sont valables pour une antenne réceptrice. La puissance délivrée à la charge Pload n’est pas égale en réalité à la puissance disponible à la réception Pav−r . En général, on a, à cause des pertes et d’une désadaptation éventuelle : Pload = η2 (1 − |Γ2L |)Pav−r (5.12) au lieu de (cas idéal) : Pload = Pav−r (5.13) Ici ΓL = 5.3 Zin − RL est le coefficient de réflexion de la charge. Zin + RL POLARISATION En plus des pertes ohmiques et par désadaptation, un facteur additionnel peut réduire la puissance reçue dans une antenne-réceptrice, même idéale. Il s’agit là du phénomène des pertes par dépolarisation , lié à la nature vectorielle des champs électromagnétiques. Considérons une antenne où l’on fait coïncider la direction en étude du rayonnement avec l’axe (oz). Les seules composantes possibles des champs rayonnés sont transverses et se trouvent alors selon les axes (ox) et (oy) : − → E = Exex + Eyey (5.14) → − Ici, E est un vecteur-phaseur et ses composantes sont des nombres complexes (phaseurs) : Ex = E0x ejϕx (5.15) Ey = E0y ejϕy (5.16) qui représentent des grandeurs en fonction du temps : √ Ex (t) = 2E0x cos(ωt + ϕx ) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, (5.17) 45 CHAPITRE 5. LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL Figure 5.3: Polarisation Ey (t) = √ (5.18) 2E0y cos(ωt + ϕy ) → − La courbe décrite par l’extrémité du vecteur E (t) en fonction du temps donne la polarisation du champ (cours d’Électromagnétisme). On peut connaître cette courbe sans passer par le domaine temporel. En effet, si l’on sépare les partie réelle → − et imaginaire du vecteur-phaseur E , on peut écrire : − → → − → − E = Er + jEi (5.19) et on vérifie aisément les équivalences : √ − → → − E (ωt = 0) = 2 E r √ − → → − E (ωt = π/2) = − 2 E i (5.20) (5.21) Il suffira donc d’examiner ces deux vecteurs : – s’ils sont colinéaires, la polarisation est linéaire ; – s’ils sont perpendiculaires et de même amplitude, la polarisation est circulaire ; – dans tous les autres cas, la polarisation est elliptique. Les axes de l’ellipse peuvent être trouvés en calculant les valeurs maximale et → − minimale de la norme du vecteur E (t). 46 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 5.3. POLARISATION ÉTAT DE POLARISATION La polarisation d’une antenne peut être définie par un vecteur-phaseur e dit état de polarisation et défini comme le champ électrique normalisé de l’antenne : − → → − E E e = − → = → − − → |E | E · E∗ (5.22) Prenons alors deux antennes #1 et #2 avec des états de polarisation e1 et e2 . Si l’on construit avec elles un système émetteur-récepteur et on définit l’axe (oz) comme allant de #1 à #2, l’antenne #2 pointe vers les z négatives. De ce fait, il faut utiliser dans les calculs qui s’ensuivent le complexe conjugué de e2 . Du champ → − E 1 rayonné par l’émetteur, le récepteur ne peut utiliser que la projection sur e2∗ , → − c’est à dire : E 1 · e2∗ . Les pertes de puissance par rapport à une situation optimale sont alors données par le Facteur DéPolarisant (FDP) : 2 − → ∗ E · e puti 1 2 (5.23) F DP = − = |e1 · e2∗ | = → E1 p qui relie la densité de puissance p existante aux points occupés par le récepteur à la partie puti qui peut être réellement utilisée. Figure 5.4: Obtention d’une polarisation circulaire c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 47 CHAPITRE 5. LES ANTENNES RÉELLES : DÉVIATIONS PAR RAPPORT AU CAS IDÉAL EXEMPLE Figure 5.5: Facteur Dépolarisant Suivant le schéma ci-dessus, nous avons : − → E 1 = C1 · ex Linéaire → − E 2 = C2 · (ex + jey ) Circulaire En normalisant les vecteurs directeurs de chaque champ, nous avons : e1 = ex ex + jey √ 2 En calculant le facteur dépolarisant nous obtenons : e2 = 1 F DP = |e1 · e2∗ | = √ = 50% 2 Nous remarquons la perte de la moitié de la puissance existante. 5.4 FORMULE DE TRANSMISSION DE FRIIS POUR DES ANTENNES RÉELLES Avec les considérations des paragraphes précédentes, on peut modifier la formule de Friis pour établir, dans le cas d’un système émetteur-récepteur réel, la relation entre puissance disponible à l’émission et puissance délivrée à la charge du récepteur. On trouve facilement : 2 λ 2 2 Pav−e Pload = F DP · (1 − |Γg | )(1 − |ΓL | )η1 η2 · D1 D2 4πr 48 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 5.4. FORMULE DE TRANSMISSION DE FRIIS POUR DES ANTENNES RÉELLES = F DP · (1 − |Γg | )(1 − |ΓL | )G1 G2 2 2 λ 4πr 2 Pav−e (5.24) formule à utiliser pour tous les systèmes réels. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 49 Chapitre 6 LES ANTENNES A OUVERTURE 6.1 INTRODUCTION Plusieurs types d’antennes parmi les plus utilisées (cornets, guides d’ondes ouverts, antennes à fentes...) appartiennent à une famille caractérisée par la présence de surfaces métalliques dans lesquelles on a pratiqué une ou plusieurs ouvertures (anglais : aperture antenna) : voir par exemple le guide d’onde débouchant sur un cornet dans la Figure 6.1. Figure 6.1: Le cornet : une antenne à ouverture typique. Du point de vue physique, le rayonnement électromagnétique de ces antennes est toujours produit par les courants électriques J circulant sur les parties métalliques de l’antenne. On a cependant l’impression intuitive que le rayonnement sort par l’ouverture et que celle-ci est l’élément essentiel de ces antennes. Par ailleurs, le rayonnement est très sensiblement modifié par un objet bloquant l’ouverture et 51 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE ce phénomène contribue à notre perception intuitive d’un flux électromagnétique s’échappant par l’ouverture. L’analyse mathématique directe de ces antennes à partir des courants électriques dans les parois est malaisée, surtout à cause de l’énorme difficulté à calculer la valeur exacte de ces courants en réponse à une excitation connue, comme la sonde coaxiale de la Figure 6.1. Ce calcul peut être fait, mais demande des méthodes numériques sophistiquées (éléments finis) et un puissant ordinateur. Historiquement, l’étude et le développement de plusieurs de ces antennes à ouverture à précédé de quelques décennies l’apparition des ordinateurs. On avait alors introduit des modèles intuitifs qui voyaient dans l’ouverture l’élément générateur du rayonnement. Ces modèles débouchent sur un traitement analytique facilement transformable en prédictions quantitatives et dont la précision est, encore de nos jours, suffisante pour la plupart des applications. En revanche, ces modèles exigent l’introduction de quelques concepts relativement sophistiqués qui ont pour nom : courants magnétiques, principe de dualité, théorème d’équivalence, théorie des images...etc. Nous donnerons par la suite un aperçu de ces concepts sans chercher une trop grande rigueur dans le développement. L’effort investi à maîtriser ces concepts sera largement récompensé par l’établissement au bout du compte d’une méthode simple pour l’analyse du rayonnement des antennes à ouverture. Le modèle ainsi développé suffit pour des prédictions raisonnables du rayonnement dans des directions pas très éloignés de l’axe perpendiculaire à l’ouverture et vers l’avant. Lorsqu’on souhaite un calcul du rayonnement dans des directions proches du plan de l’ouverture ou vers l’arrière, on doit recourir à l’étude rigoureuse des courants sur les parois métalliques. Il faut finalement remarquer que le modèle est aussi applicable à d’autres types pratiques d’antennes comme les réflecteurs paraboliques. 6.2 LE CONCEPT DE COURANT MAGNÉTIQUE 6.2.1 Asymétrie des équations de Maxwell Les équations de Maxwell : − − → → → − ∇ × E = −jωμ H − − → → − → → − ∇ × H = J + jωε E → − − → ρ ∇·E = ε 52 (6.1) (6.2) (6.3) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.2. LE CONCEPT DE COURANT MAGNÉTIQUE − − → → ∇·H =0 (6.4) mettent en évidence une forte asymétrie entre le champ électrique et le champ magnétique. En effet, contrairement au champ électrique, le champ magnétique a une divergence nulle, relation mathématique qui traduit le fait que des charges magnétiques isolées ne semblent pas exister dans la Nature. Cette absence de charges magnétiques se manifeste clairement dans le fait qu’on ne peut pas séparer les deux pôles d’un aimant. Depuis l’époque de Maxwell, la communauté scientifique a cherché et cherche toujours le fameux monopôle magnétique, qui serait la preuve de l’existence de charges magnétiques. Ces recherches se sont avérées jusqu’à maintenant infructueuses nonobstant les moyens très considérables engagés et malgré quelques fausses alertes. L’inexistence de charges magnétiques entraîne forcément l’absence dans notre univers d’éventuels courants magnétiques (qui seraient des charges magnétiques en mouvement). Donc, il n’y a pas de terme équivalent à la densité de courant électrique J dans l’équation pour le rotationnel du champ électrique. Également, on remarque une asymétrie dans les conditions aux limites associées aux équations de Maxwell, quand on a affaire aux valeurs des composantes tangentielles des champs d’un coté et d’autre part d’une surface donnée. Tandis qu’une discontinuité peut apparaître pour le champ magnétique , traduisant la présence d’éventuels courants de surface Js , le champ électrique tangentiel est lui toujours continu. Ceci s’exprime mathématiquement avec les conditions aux limites bien connues : → − → − −n × ( E 2 − E 1 ) = 0 (6.5) → − → − → − n × ( H 2 − H 1 ) = J s (6.6) 6.2.2 Un univers parallèle : l’Antimonde Imaginons pour un instant qu’il existe un univers parallèle au notre, l’Antimonde, où les charges magnétiques sont monnaie courante et donnent lieu à des densités − → de charge magnétique ρm et à des densités de courant magnétique M . En revanche, personne n’a jamais vu dans l’Antimonde une charge électrique isolée. Les densi→ − tés de charge électrique ρ et de courant électrique J n’existent donc pas dans ce monde. Nous pouvons être surs que tôt ou tard, un certain Monsieur Anti-Maxwell aurait trouvé là-bas que les champs électrique et magnétique sont liés dans l’Antimonde par les équations suivantes : c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 53 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE → − − → − → → − − ∇ × E = M + jωμ H (6.7) − − → → → − ∇ × H = jωε E → − − → ∇·E =0 → − − → ρm ∇·H = μ (6.8) (6.9) (6.10) et les conditions aux limites associées s’écriraient dans l’antimonde : → − − → → − −n × ( E 2 − E 1 ) = M s (6.11) → − → − (6.12) n × ( H 2 − H 1 ) = 0 − → où M s est une densité de surface de courant magnétique. Remarquons, en − → passant, qu’une densité de courant magnétique M a les mêmes dimensions que le rotationnel d’un champ électrique et de ce fait se mesure en [V /m2 ]. La densité de − → courant magnétique de surface M s s’exprime donc en [V /m] et un éventuel courant → − magnétique I m circulant dans un fil aurait comme dimension [V ] (les courants magnétiques se mesurent en volts ! !). Ce qui est maintenant très intéressant est le fait que nous pouvons prédire le rayonnement d’une source magnétique sans besoin de refaire des développements à partir des équations d’Anti-maxwell. On peut tout simplement appliquer au résultat obtenu pour la source électrique correspondante le soi-disant principe de dualité. 6.3 LE PRINCIPE DE DUALITÉ Les deux ensembles d’équations, de Maxwell et d’Anti-maxwell, sont formellement identiques du point de vue mathématique. En fait on peut déduire un ensemble à partir de l’autre ensemble à l’aide des correspondances suivantes (at→ − − → tention au signe négatif dans le couple ( H , − E )) : Table 6.1: Tableau de correspondance au niveau des sources → − → − − → ρ E ε μ Notre univers J H − → → − → − M ρm H − E μ ε L’Anti-monde 54 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.3. LE PRINCIPE DE DUALITÉ Cette correspondance formelle reçoit le nom de Principe de Dualité. Pour la compléter, on peut affirmer que les coordonnées spatiales et temporelles sont les mêmes dans les deux ensembles d’équations (Notre monde et l’Antimonde partagent le même espace-temps...). Donc la fréquence et la longueur d’onde demeurent invariables en changeant de monde. Une quantité composite comme √ √ k = ω εμ se transforme en ω εμ , c’est à dire en elle-même. En revanche, notre = μ/ε devient dans l’Antimonde une admittance impédance caractéristique Z c caractéristique Yc = ε/μ. On complète alors le tableau de la façon suivante : Table 6.2: Tableau de correspondance au niveau des caractéristiques → − A f λ k Zc I Notre univers → − f λ k Yc Im A m L’Anti-monde Avec le principe de dualité le calcul des champs dus à une source magnétique devient immédiat si l’on possède le résultat pour la source électrique correspon→ − → − dante. En effet, on définit l’équivalent du potentiel vecteur A m (souvent noté F ) comme : ε e−jkr f(θ, ϕ) Am (r) = 4π r avec : − → M(r )ejker ·r dv f(θ, ϕ) = (6.13) (6.14) v et les champs sont donnés par : → − → − − E = jωZc A m × er (6.15) − → → − H = jωer × (er × A m ) (6.16) EXEMPLE : LE DIPÔLE MAGNETIQUE Par exemple, on a trouvé qu’un filament de longueur élémentaire dl placé à l’origine des coordonnées, dirigé suivant el et parcouru par un courant électrique I (dipôle de Hertz) produit un champ rayonné (section 2.5) : − → e−jkr jZc Il er × (er × el ) E = 2λ r (6.17) − → e−jkr j Il el × er H = 2λ r (6.18) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 55 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE Donc, les champs d’un dipôle magnétique de moment Im Δl seront, par dualité : − → H = e−jkr j Im l er × (er × el ) 2λZc r (6.19) → − e−jkr j Im l el × er (6.20) −E = 2λ r Dans le cas particulier d’un dipôle magnétique orienté suivant l’axe (oz), on obtient en composantes sphériques : − → H θ (r, θ, ϕ) = j e−jkr sin(θ) Im l 2λZc r − → H ϕ (r, θ, ϕ) = 0 (6.22) → − j e−jkr − E ϕ (r, θ, ϕ) = Im l sin(θ) 2λ r → − E θ (r, θ, ϕ) = 0 6.4 (6.21) (6.23) (6.24) LE THÉORÈME D’ÉQUIVALENCE Après l’introduction des sources magnétiques et du principe de dualité, l’outil mathématique suivant, nécessaire pour l’étude des antennes à ouverture, est le théorème d’équivalence. Les théorèmes d’équivalence en Électromagnétisme sont une conséquence directe de l’unicité de la solution des équations de Maxwell, une fois que l’ensemble des conditions aux limites et la nature des milieux matériels intervenant dans un problème donné ont été parfaitement spécifiés. La version particulière qui nous intéresse ici fait référence à un problème où l’on considère deux demi espaces infinis. Celui de gauche comporte un ensemble → − bien défini de sources J 1 et ρ1 , tandis que dans le demi espace de droite il existe → − − → une distribution de matière quelconque où l’on détermine les champs E 1 , H 1 . En particulier, les composantes tangentielles de ces champs prennent dans le plan z = → − → − 0 (plan séparant les deux demi espaces) les valeurs E TAN1 , H TAN1 (Figure 6.2). → − Admettons maintenant que l’on remplace les sources J 1 et ρ1 par un ensemble → − nouveau J 2 et ρ2 . Le théorème d’équivalence affirme alors que si on ajuste ces nouvelles sources afin que les champs tangentielles en z = 0 demeurent inchangés → − → − → − → − ( E TAN1 = E TAN2 et H TAN1 = H TAN2 ) alors on peut assurer que les champs seront → − → − → − → − identiques partout dans le demi espace de droite ( E 1 = E 2 et H 1 = H 2 ) si l’on 56 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.5. THEORIE DES IMAGES Figure 6.2: Illustration du théorème d’équivalence. ne touche pas à la distribution de la matière. Des preuves mathématiques de ce théorème à partir des équations de Maxwell et des théorèmes vectoriels de Green se trouvent dans la plupart de textes avancés sur la théorie des Antennes (cf Balanis). 6.5 THEORIE DES IMAGES Un dipôle magnétique crée un champ électrique azimutal qui tourne autour de l’axe du dipôle. On comprend alors aisément que lorsqu’on place un tel dipôle parallèlement à un plan conducteur, l’image du dipôle représentant l’effet du plan conducteur a le même sens que le dipôle original, afin de produire un champ électrique tangentiel nul dans tous les points du plan. En ce qui concerne les images remplaçant l’effet d’un plan conducteur, dipôles électriques et magnétiques ont un comportement opposé ! La Figure 6.3 résume les différentes situations possibles. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 57 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE Figure 6.3: Théorie des images pour des dipôles au-dessus d’un plan de masse 6.6 RAYONNEMENT D’UNE OUVERTURE DANS UN PLAN CONDUCTEUR Considérons maintenant un plan conducteur infini z = 0 dans lequel on a pratiqué une ouverture S. A gauche de ce plan nous avons une excitation connue (par exemple une onde plane qui arrive de z = −∞ ou un guide d’ondes connecté à l’ouverture. On souhaite déterminer les champs rayonnés vers le demi espace de droite (Figure 6.4.a). On remarque que la valeur du champ électrique tangentiel sur le plan z = 0 est : − → E tan (z = 0) = → − E ap dans l’ouverture S 0 ailleurs (6.25) → − En toute rigueur, la valeur du champ dans l’ouverture E ap (en anglais : aperture) n’est pas connue. Toutefois, on admet souvent en pratique que ce champ est celui qui existerait en ces mêmes points du plan z = 0 en absence du plan conducteur : il serait le champ de l’onde plane non perturbée ou celui du guide d’onde infini dans les deux types d’excitation mentionnés plus haut. Cette approximation équivaut à négliger la réaction du plan conducteur sur les champs d’excitation. Elle fournit souvent des résultats raisonnables et, de toutes les façons, si on ne l’a 58 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.6. RAYONNEMENT D’UNE OUVERTURE DANS UN PLAN CONDUCTEUR Figure 6.4: Principe d’équivalence → − pas fait et qu’on traite E ap comme une inconnue, on est bon pour une thèse de doctorat. Nous allons maintenant considérer un problème fictif équivalent où l’écran conducteur n’aurait pas d’ouverture (Figure 6.4.b). Comme l’écran est continu, on a de toute évidence : − → E tan (z = 0) = 0 Partout dans le plan (6.26) Pour recréer artificiellement les conditions aux limites de départ on peut placer aux points où se trouve l’ouverture dans le problème réel, une densité fictive de courant magnétique de surface qui vaut exactement : − → → − M s = −ez × E ap (6.27) car d’après la condition aux limites on a : → − → − − → ez × E tan (z = 0+ ) = ez × E tan (z = 0− ) − M s (6.28) → − et comme E tan (z = 0− ) = 0 (plan conducteur) on récupère directement les conditions aux limites de l’Equation (6.25). On peut alors affirmer, grâce au c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 59 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE théorème d’équivalence, que le plan métallique percé, qui est un objet physique réel (Figure 6.4.a), produit dans le demi espace de droite les mêmes champs qu’un objet mathématique formé par un plan conducteur continu avec une distribution en surface de courant magnétique (Figure 6.4.b). Nous venons de montrer l’intérêt des courants magnétiques, même si elles ne correspondent pas directement à un phénomène physique ! Il va de soi que si l’on fait un tel effort en remplaçant l’objet physique par un objet mathématique équivalent c’est parce que l’étude du nouvel objet est beaucoup plus simple. En effet, du fait que le plan conducteur soit continu, on peut appliquer la théorie des images et remplacer ce plan par la distribution de courant magnétique image. Comme les courants originaux sont à une distance nulle du plan et leurs images ont le même sens, l’effet du plan métallique est de doubler les courants magnétiques. On arrive ainsi à la conclusion suivante : "un plan métallique avec une ouverture où le champ électrique tangentiel vaut → − E ap est équivalent à une distribution de courant magnétique de surface de valeur → − − → M s = −2n × E ap , où n est le vecteur unitaire normal à l’ouverture et orienté vers la région de calcul". Aussi surprenante qu’elle paraisse, cette conclusion est absolument correcte et permet de réduire l’étude du rayonnement des ouvertures dans des plans métalliques à un calcul trivial des champs rayonnés par des courants magnétiques. L’emploi des images justifie aussi le fait de ne jamais s’être préoccupés des champs magnétiques tangentiels dans les deux situations avec ou sans ouverture. En effet la différence entre deux valeurs distinctes d’un champ magnétique tan→ − gentiel peut être effacée par introduction d’un courant électrique de surface J s et, indépendamment de sa valeur, ce courant s’annulera toujours avec son image. Les expressions pour les champs rayonnés par une ouverture sont maintenant immédiates par application des équations (6.13) à (6.16). En effet, on a : (6.29) r = x ex + y ey k · r · er = kx x + ky y (6.30) où : kx = k sin(θ) cos(ϕ) ky = k sin(θ) sin(ϕ) Le résultat final peut s’écrire : 60 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.7. LE RAYONNEMENT D’UNE FENTE MINCE : LA DIFFRACTION − → − → j e−jkr E rad = er × F [M s ] 2λ r (6.31) où F est une transformée de Fourier vectorielle bidimensionelle : − → F[V ] = − jkxx +jky y → V (x , y )e dx dy (6.32) L’Equation (6.32) montre que la dépendance angulaire du champ rayonné produit du courant magnétique dans l’ouverture par la transformée de Fourier en utilisant kx et ky comme variables dans le plan transformé. Ce résultat, qui résume la théorie des ouvertures, est général et valable pour toute ouverture dans un plan conducteur infini. 6.7 LE RAYONNEMENT D’UNE FENTE MINCE : LA DIFFRACTION Un phénomène électromagnétique de la plus haute importance est celui de la transmission d’une onde plane à travers une rainure rectangulaire pratiquée dans un plan conducteur. Ce problème a été étudié au XIX e siècle pour la lumière visible (Fresnel, Young) et les phénomènes de diffraction qui s’y rattachent ont été un des arguments de poids en faveur d’une théorie ondulatoire de la lumière. Le phénomène de diffraction existe bien sûr à d’autres fréquences et est utilisé dans la conception d’antennes à fentes en hyperfréquences. Aussi, la transmission d’une onde électromagnétique à travers une fente dans un plan métallique est un phénomène très important à caractériser dans le cadre de la compatibilité électromagnétique. Considérons alors une onde plane se propageant dans la direction z + et dont le champ électrique est donné par : − → E ONDE (z ≤ 0) = E0 e−jkzex (6.33) On place dans le chemin de cette onde et dans le plan z = 0 un écran conducteur dans lequel on a pratiqué une fente rectangulaire dans la région −a < x < +a et −b < y < +b. Les dimensions de cette fente sont donc 2a suivant x et 2b suivant y. On accepte, tel que nous l’avons montré dans la section précédente, que le champ dans l’ouverture est celui qui existait là avant l’introduction de l’écran, → − → − soit : E AP = E ONDE(z = 0) = E0ex . Le rayonnement dans la région z > 0 est alors celui d’un courant magnétique de surface : c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 61 CHAPITRE 6. LES ANTENNES A OUVERTURE Figure 6.5: Fente mince → − − → M S = −2ez × E AP = −2E0ey (6.34) dirigé selon y. Dans le cas de notre fente, la transformée de Fourier se calcule facilement avec le résultat final pour le champ rayonné : j e−jkr − → 4abE0 cos(θ) sin(ϕ)eϕ ± cos(ϕ)eθ sinc(kx a)sinc(ky b) (6.35) E rad = − 2λ r En particulier dans le plan (xz)(ϕ = 0) nous avons : − → j e−jkr 4abE0 sinc(ka sin(θ))eθ E rad = 2λ r (6.36) Ce résultat montre clairement le phénomène de diffraction. Le champ dans le plan xz est fonction de la largeur 2a de la fente suivant x, mais pas en fonction de la longueur 2b suivant y (la réciproque est vraie dans le plan (yz)). Le champ rayonné est maximum dans la direction normale à la fente, mais ne décroît pas de façon monotone lorsque l’angle θ augmente. Bien au contraire, l’amplitude du champ oscille avec l’angle suivant une fonction sinus cardinal et s’annule par exemple pour un angle : θnull = arcsin(π/ka) 62 (6.37) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 6.7. LE RAYONNEMENT D’UNE FENTE MINCE : LA DIFFRACTION Donc, des fentes larges par rapport à la longueur d’onde produisent beaucoup de lobes très minces (pour autant que l’hypothèse de départ d’un champ constant dans l’ouverture soit respectée). En revanche, des fentes étroites (ka < π) ne donnent pas lieu à des angles à rayonnement nul. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 63 Chapitre 7 THÉORIE DES RÉSEAUX On peut définir un réseau d’antennes comme un ensemble d’antennes identiques et possédant la même orientation. Chaque antenne du réseau est appelée élément du réseau ; tous les éléments d’un réseau doivent pouvoir être obtenus par translation dans l’espace d’un élément quelconque. Le terme réseau, utilisé au sens strict, exclut donc les groupements d’antennes où les éléments seraient identiques mais possèderaient des orientations différentes dans l’espace. 7.1 COURANTS DANS LE RÉSEAU : COUPLAGE MUTUEL Considérons un réseau de N antennes. Ces antennes sont, bien sûr, identiques et repérées par les vecteurs de position dn (n = 1, 2...N) caractéristique de chaque élément. Un point quelconque de l’antenne #n est repéré par le vecteur r . On introduit pour chaque antenne des vecteurs de position locaux pn , dont les composantes correspondent aux cordonnées locales ayant comme origine l’extrémité de dn . Donc, au sein de l’antenne #n on a : r = dn + pn (7.1) → − La densité de courant dans l’antenne #n s’écrit alors J (dn + pn ) ou, dans une no→ − tation locale, J n (pn ). La question qu’on se pose tout de suite quant à la nature de ces densités de courants est la suivante : Puisque tous les éléments d’un réseau sont identiques, peut-on affirmer par exemple que si tous les éléments sont excités de façon identique, on obtiendra la même distribution de courant dans chacun de ces éléments ? La réponse précise est négative. Considérons par exemple trois sphères 65 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX Figure 7.1: Le Réseau générique métalliques alignées. On introduit en trois points équivalents de ces antennes (par exemple leurs trois pôles Sud ) des courants identiques en amplitude et en phase. Figure 7.2: Exemple On comprend aisément que la densité de courant dans le pôle Nord de la sphère du centre n’est sûrement pas la même que dans le pôle Nord de la sphère de gauche ou de droite. C’est une affaire de position relative : l’environnement géométrique n’est pas le même pour une antenne placée au centre d’un réseau et pour une antenne à l’extrémité du réseau. L’influence d’un élément du réseau sur un autre dépend de leur position relative. Cette influence entre éléments est connue sous le nom générique de couplage mutuel. Le couplage mutuel a été longtemps le cauchemar des ingénieurs, car il est difficile à inclure dans des modèles théoriques simples pour prédire son importance. Il est vrai que dans beaucoup de situations pratiques on constate a posteriori que le couplage mutuel est un effet de deuxième ordre. Dans ce chapitre, on négligera systématiquement l’existence du couplage mutuel entre éléments. Pour en tenir compte, il faudrait des modèles bien plus compliqués, qui font largement appel à l’ordinateur et où les résultats purement analytiques sont presque inexistants. Hypothèse "couplage mutuel nul" → − Soit J (p ) la distribution de courant existant dans un élément du réseau quand 66 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.2. LE FACTEUR DU RÉSEAU Figure 7.3: Elément isolé de reférence on le considère isolé dans l’espace et excité par un courant unité. Si maintenant chaque élément du réseau est excité par un courant complexe I n , on peut en première approximation écrire : − → → − → − J (dn + pn ) = J n (pn ) = I n J ( pn ) (7.2) − → J n (pn ) In = → − Im pm ) J m ( (7.3) où : ce qui peut s’exprimer en affirmant qu’en absence de couplage, "le rapport entre les densités de courant dans deux éléments quelconques est égal à celui existant entre les courants d’excitation respectifs". 7.2 LE FACTEUR DU RÉSEAU Quant on néglige le couplage mutuel, on peut alors calculer aisément le champ rayonné par le réseau en un point lointain r à partir du potentiel vecteur et de Comme le volume du réseau est formé par l’union l’intégrale vectorielle associée f. des volumes vn de chaque élément, l’intégrale f aura comme expression (section 2.4) : → − jker ·r dv f(θ, ϕ) = J (r )e (7.4) vn n ou bien, en introduisant les coordonnées locales : f(θ, ϕ) = n jker ·dn e − → J (dn + pn )ejker ·pn dv (7.5) vn c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 67 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX et en se référant à la densité de courant d’un élément isolé avec une excitation unité : − jker ·p → J (p )e dv f(θ, ϕ) = ve jker ·dn In e (7.6) n où ve est le volume de l’élément de référence et l’intégrale a pu être extraite de l’intérieur de la somme. On remarque que f(θ, ϕ) est le produit de deux quantités bien distinctes, et on écrit symboliquement : f(θ, ϕ) = fe (θ, ϕ) · AF (θ, ϕ) où : AF (θ, ϕ) = In ejker ·dn (7.7) (7.8) n est une quantité appelée facteur du réseau (Array Factor). Comme la dépendance angulaire des champs rayonnés est directement donnée par l’intégrale f(θ, ϕ), on peut affirmer que : "Le diagramme de rayonnement d’un réseau est le produit du diagramme de rayonnement d’un élément isolé par le facteur du réseau". Le facteur du réseau traduit l’effet de la position relative et de l’excitation des ϕ)| = |AF (θ, ϕ)|. Le facteur du réseau est éléments. Si |fe (θ, ϕ)| = 1 , alors |f(θ, donc le diagramme de rayonnement qu’on obtiendrait si tous les éléments du réseau étaient des sources isotropes. En pratique on construit souvent des réseaux avec des éléments dont le rayonnement a une dépendance angulaire peu marquée (quasi-isotropes). La forme du diagramme de rayonnement est alors contrôlée essentiellement par le facteur du réseau AF (θ, ϕ). Le facteur du réseau n’est pas influencé par la nature des antennes et chaque élément peut être assimilé à un point en ce qui concerne le calcul du facteur du réseau. On doit finalement remarquer que le facteur du réseau est une quantité scalaire complexe. Il ne comporte donc aucune information sur la polarisation des champs rayonnés, mais agit sur leur amplitude et sur leur phase. 7.3 LES RÉSEAUX LINÉAIRES A ÉLÉMENTS ÉQUIDISTANTS On appelle réseau linéaire celui dont les éléments sont alignés le long d’une ligne droite. De plus, les éléments sont fréquemment séparés par un écart constant 68 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.3. LES RÉSEAUX LINÉAIRES A ÉLÉMENTS ÉQUIDISTANTS d . On peut alors développer une théorie simple pour le calcul des facteurs du réseau. Figure 7.4: Réseau linéaire Traditionnellement, on fait coïncider l’axe des coordonnés z avec l’axe du réseau et on numérote les éléments depuis n = 0 jusqu’à n = N − 1 (un total de N éléments). Le premier élément définit l’origine de coordonnées et on a alors : dn = ndez et er · dn = nd cos(θ) Le facteur du réseau possède alors une symétrie de révolution autour de l’axe z et dépend donc de l’angle sphérique θ mais pas de ϕ. On l’écrit : AF (θ) = N−1 In ejnkd cos(θ) (7.9) n=0 Les courants d’excitation In sont des phaseurs complexes possédant une amplitude An et une phase αn . On a alors In = An ej(nkd cos(θ)+αn ) et on peut écrire : AF (θ) = N−1 An ej(nkd cos(θ)+αn ) (7.10) n=0 Les expressions des équations (7.9) et (7.10) seront à la base de tous les calculs successifs dans la théorie des réseaux linéaires équidistants. c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 69 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX 7.3.1 Réseaux à déphasage linéaire Une excitation assez courante en pratique consiste en une distribution de courants An ejαn à déphasage linéaire (αn = nα ), incluant le cas equiphase α = 0 . En effet, il est relativement aisé d’introduire un déphasage en contrôlant simplement la longueur des lignes de transmission amenant la puissance aux antennes. De plus, on verra que les diagrammes de rayonnement résultants présentent des caractéristiques intéressantes et facilement modifiables. Nous avons dans ce cas comme facteur du réseau : AF (θ) = N−1 An ejnψ (7.11) n=0 avec : ψ = kd cos(θ) + α La variable auxiliaire ψ joue un rôle très important dans la théorie des réseaux. Elle inclut notamment l’effet de : – la fréquence (k) ; – la distance entre éléments (d) ; – l’angle de pointage (θ) ; – le déphasage entre excitations successives (α). Le facteur du réseau est une fonction périodique de la variable ψ qui a les dimensions d’un angle mais qui ne doit pas être confondue avec l’angle géométrique θ. On peut dire qu’à l’ensemble des directions physiques possibles θ ∈ [−π, π] correspond une plage de valeurs de ψ[−kd + α, kd + α] qui constitue la région dite visible de ψ. Si kd < π, la plage de valeurs visibles de ψ ne remplit pas une période 2π . On peut alors envisager des valeurs de ψ à l’extérieur de la région visible qui correspondent à des valeurs imaginaires de l’angle géométrique θ et on parle donc de région invisible. Ces concepts de région visible et invisible en ψ sont très utiles dans la synthèse de réseaux linéaires. 7.3.2 Réseaux équiamplitude à déphasage linéaire Si toutes les amplitudes des excitations sont identiques (An = 1) le facteur du réseau est une progression géométrique facilement sommable : AF (θ) = A N−1 n=0 70 ejnψ = ejN ψ − 1 sin(Nψ/2) j(N −1)ψ/2 = e jψ e −1 sin(ψ/2) (7.12) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.3. LES RÉSEAUX LINÉAIRES A ÉLÉMENTS ÉQUIDISTANTS En pratique, on ne s’intéresse souvent qu’à l’amplitude des champs rayonnés et non pas à la phase. On prend alors la norme du facteur du réseau et on trouve : sin(Nψ/2) |AF (θ)| = sin(ψ/2) (7.13) Aussi, ce qui importe souvent est le niveau relatif des champs quand la direction θ change. On utilise alors un facteur de réseau normalisé NAF (Normalized Array Factor) dont la valeur ne dépasse pas l’unité. On a NAF = |AF |/max|AF | et dans notre cas d’un réseau équiamplitude à déphasage linéaire : sin(Nψ/2) NAF (θ) = N sin(ψ/2) (7.14) Dans l’écriture courante on se passe souvent des barres du module, mais il est sous-entendu qu’un "NAF " ne comporte que des valeurs réelles positives. On voit facilement dans le NAF que le faisceau principal de l’antenne est compris entre les directions de rayonnement nul Nψ/2 = π. Donc la largeur du faisceau est 4π/N, en termes de variable ψ, ce qui veut dire qu’un faisceau mince demande un nombre d’éléments élevé. Pour N grand, le lobe latéral atteint son maximum approximativement pour Nψ/2 = 3π/2 . Cette valeur maximale est alors 1/(N sin(3π/2N)). Le niveau du lobe secondaire tend alors vers la valeur limite de 2/(3 π) soit environ −13.3 dB, lorsque N augmente indéfiniment. Ces données sont facilement transformables en termes d’angle géométrique θ. 7.3.3 Méthode graphique Une méthode graphique traditionnelle permet l’esquisse rapide du diagramme de rayonnement d’un réseau équiamplitude à déphasage linéaire. Il s’agit de dessiner la fonction universelle NAF pour un nombre d’éléments donné N en fonction de la variable auxiliaire ψ. D’autre part, on reconnaît aisément que l’équation ψ = kd cos(θ) + α correspond à un cercle de coordonnées (ψ, θ) en coordonnées polaires. Ceci permet l’esquisse directe en coordonnées polaires du diagramme de rayonnement (cf Stutzman, section 3.1) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 71 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX Figure 7.5: Méthode graphique 7.4 RÉSEAUX A POINTAGE VARIABLE : CAS BROADSIDE ET ENDFIRE Il est évident qu’un réseau équiamplitude à déphasage linéaire émet un rayonnement maximum pour ψ = 0, c’est à dire dans la direction θmax solution de : kd cos(θmax ) + α = 0 72 (7.15) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.5. SYNTHÈSE DE SCHELKUNOFF Ceci implique qu’on peut pointer le réseau vers n’importe quelle direction en introduisant un déphasage entre éléments α = −kd cos(θmax ). Ceci est le principe même des antennes à pointage électronique variable où il est possible d’orienter le faisceau sans faire tourner mécaniquement l’antenne. Mais, attention !, contrairement au pointage purement mécanique, le pointage électronique déforme le diagramme de rayonnement et par exemple le niveau des lobes secondaires peut monter fortement quand on force l’antenne à pointer dans certaines directions par contrôle du déphasage. Si les éléments du réseau sont alimentés avec la même amplitude et la même phase (α = 0), le réseau émet un rayonnement maximum pour θ = π/2 et ceci pour toute valeur de kd. On a affaire à un réseau rayonnant essentiellement perpendiculairement à son axe. Ce cas est connu sous le nom broadside dans la littérature. Si l’on souhaite un rayonnement maximum dans l’axe du réseau (configuration endfire) il faut alors que θmax = 0, et donc α = ±kd. On remarquera finalement que la condition du rayonnement maximum n’est pas seulement liée à la valeur ψ = 0 mais en réalité aussi à tous les multiples ψ = 2nπ. Si kd > π(d > λ/2), il se pourait qu’une où plusieurs de ces valeurs multiples tombe dans la région visible de ψ. La conséquence est que ces réseaux, où l’espacement entre les éléments est supérieur à la demi-longueur d’onde, peuvent montrer plusieurs directions θmax de rayonnement maximum. On parle alors souvent de lobes d’ambiguïté (anglais : grating lobes). 7.5 SYNTHÈSE DE SCHELKUNOFF Le problème générale de la synthèse des réseaux est analogue à celui de la synthèse des filtres en théorie des circuits linéaires, avec l’angle θ remplaçant la fréquence. Il faut remarquer que si le réseau n’a pas de symétrie de révolution, il faut deux angles θ et ϕ pour définir chaque direction de pointage, et alors le problème devient plus compliqué. Mais on se cantonnera ici aux réseaux à symétrie de révolution. En principe, on se donne un ensemble de spécifications relatives au comportement du facteur du réseau en fonction de l’angle (un gabarit) et le problème mathématique consiste à synthétiser une fonction AF (θ) obéissant à ce gabarit. Une des possibilités de synthèse, partielle mais très utile, fut déjà introduite dans les années quarante par Serguei A. Schelkunoff. L’idée de Schelkunoff repose sur un constat mathématique simple : avec la variable complexe auxiliaire w = ejkd cos(θ) , le facteur du réseau dans le cas linéaire équidistant (Equation (7.9)) devient un polynôme de la variable complexe w où c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 73 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX les coefficients complexes sont les excitations des éléments : AF (θ) = N−1 In w n (7.16) n=0 Donc, d’après le théorème générale de l’algèbre, ce polynôme aura N −1 racines complexes wn et pourra s’écrire : AF (θ) = IN−1 (w − w1 )(w − w2 )......(w − wN−1 ) (7.17) Schelkunoff reconnût immédiatement une possibilité de synthèse : pour tout réseau linéaire à N éléments équidistants on peut fixer à l’avance N − 1 directions θn pour lesquelles on aura un rayonnement nul (AF (θ) = 0). En effet, il suffit de choisir les racines du polynôme wn = ejkd cos θn , construire le polynôme selon l’équation (7.17) et calculer les excitations en revenant à la forme donnée par l’équation (7.16). Les N − 1 directions ne doivent pas nécessairement être différentes. On peut répéter des racines wn , ou les choisir dans la région invisible, c’est à dire les faire correspondre à des directions imaginaires θn . Pour cela il suffit de prendre |wn | = 1, ou encore dans le cas kd < π, |wn| = 1 mais avec arg(wn) en dehors de la plage [−kd, +kd]. Ceci donne des possibilités très intéressantes à la synthèse de Schelkunoff. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une synthèse très partielle où seulement sont contrôlées les directions de rayonnement nul. On n’a aucun contrôle sur le comportement du AF entre les zéros et on ne sait même pas où se trouvera le lobe principale et donc la direction du rayonnement maximum. EXEMPLE On souhaite avec un réseau à N = 5 éléments avec un espacement d = λ/4 et qui puisse garantir un rayonnement nul dans les directions θ = 60◦ , 90◦ et 120◦. Solution : L’espacement correspondant à kd = π/2, on choisit : √ ◦ w1 = ejπ/2 cos(60 ) = (1 + j)/ 2 ◦ w2 = ejπ/2 cos(90 ) = 1 √ ◦ w3 = ejπ/2 cos(120 ) = (1 − j)/ 2 On a le choix de la quatrième racine. Si on ne souhaite pas créer une direction supplémentaire de rayonnement nul, on peut répéter une racine ou bien la prendre dans la région invisible, par exemple w4 = −1. Donc une solution possible est : 74 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.6. LE RÉSEAU BINOMIAL √ √ AF (θ) = (w − 1)(w + 1)(w − (1 + j)/ 2)(w − (1 − j)/ 2) c’est à dire : AF (θ) = w 4 − √ 2w 3 + √ 2w − 1 √ (I = 1, I = − 2, I2 = 0, d’où l’on obtient directement les excitations I n 4 3 √ I1 = 2, I0 = −1). Remarquons que I2 = 0. On n’a donc pas besoin dans ce cas de l’élément central et en réalité le réseau ne comporte que 4 éléments (mais ils ne sont plus équidistants). Des surprises semblables sont courantes dans la synthèse de Schelkunoff. 7.6 LE RÉSEAU BINOMIAL On a vu que dans le cas d’un réseau equiamplitude, l’apparition de lobes secondaires est inévitable quand le nombre N d’éléments augmente. De plus le niveau de ces lobes ne descend jamais en-dessous de la valeur limite de −13.3dB. On peut se poser la question de savoir si on peut éliminer les lobes secondaires en utilisant une loi différente pour les amplitudes des courants d’excitation. L’excitation binomiale répond à cette question. Commençons avec le cas trivial N = 2 avec excitation équiamplitude. On sait que (Equation (7.11)) : AF (θ) = 1 + ejψ = 1 + w (7.18) où on a généralisé la notation de Schelkunoff avec la nouvelle variable complexe : w = ejψ = ej(kd cos(θ)+α) (7.19) On voit que le polynôme complexe 1 + w ne s’annule que si w = −1, c’est à dire si kd cos(θ) + α) = ±π. Par exemple, dans le cas où le déphasage est nul (α = 0), il n’y aura pas de directions à rayonnement nul si kd < π et dans le cas limite kd = π les nuls ne peuvent apparaître que pour θ = 0, π. Maintenant, on sait que si une fonction n’est pas nulle pour une certaine valeur de la variable, les puissances successives de cette fonction sont toujours non nulles. L’idée est alors d’essayer de synthétiser un diagramme de rayonnement donné par : c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 75 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX AF (θ) = (1 + w) N −1 = N −1 n=0 N −1 n wn (7.20) La réponse est donc de donner aux éléments des amplitudes d’excitation An correspondant aux coefficients du binôme de Newton. On sait alors que les seules directions de rayonnement nul sont celles du réseau initial à deux éléments et on peut alors contrôler l’existence des lobes secondaires. Par exemple, un réseau à N = 5 éléments equiphase avec d = λ/2 et avec une loi d’amplitudes 1, 4, 6, 4, 1 ne possède pas de lobes secondaires et le lobe principal pointe vers θmax = 90◦ avec une directivité Dmax = 3.66 et une largeur de faisceau à puissance moitié θHPBW = 30.3◦ . Pour comparaison, le même réseau avec une loi équiamplitude 1, 1, 1, 1, 1 a un lobe principal toujours pointé vers θmax = 90◦ et plus étroit (θHPBW = 20.8◦ ) ce qui se traduit par une directivité supérieure (Dmax = 5). Mais en revanche il y a des lobes secondaires avec un niveau SLL = −12 dB (voir Stutzman, figure 3.23, pages 148 − 149). 7.7 RÉSEAUX SYMÉTRIQUES Très souvent, les réseaux linéaires équidistants et à déphasage linéaire ont une loi d’excitation symétrique, avec A0 = AN−1 , A1 = AN−2 , etc. Une façon plus pratique pour étudier ces réseaux consiste alors à prendre l’origine de coordonnées au centre géométrique du réseau plutôt que sur son premier élément. On distingue alors deux possibilités. 7.7.1 Cas pair N = 2M On numérote les éléments du réseau −M, −M + 1, ..., −1, 1, ..., M −1, M. L’origine des coordonnées se trouve entre les éléments # − 1 et #1. On trouve alors comme facteur du réseau : AF (θ) = 2 M An cos[(n − 1/2)ψ] (7.21) n=1 où ψ = kd cos(θ) + α. 76 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.8. SYNTHÈSE DE DOLPH-TCHEBICHEFF POUR RÉSEAUX SYMÉTRIQUES 7.7.2 Cas impair N = 2M + 1 On numérote les éléments du réseau −M, −M + 1, ..., −1, 0, 1, ..., M − 1, M. L’origine de coordonnées se trouve à l’élément #0. On trouve alors comme facteur du réseau : AF (θ) = A0 + 2 M (7.22) An cos(nψ) n=1 où ψ = kd cos(θ) + α. 7.7.3 Remarque générale sur les réseaux symétriques On constate au vue des équations (7.21) et (7.22) qu’un réseau symétrique possède un facteur qui peut toujours s’exprimer comme un polynôme en puissances de la variable auxiliaire u = cos(ψ/2). Par ailleurs, la direction du rayonnement maximum correspond toujours à ψ = 0 et donc à u = 1. Dans le cas de l’excitation à déphasage nul (α = 0) ceci équivaut à la direction θ = 90◦ (cas broadside) 7.8 SYNTHÈSE DE DOLPH-TCHEBICHEFF POUR RÉSEAUX SYMÉTRIQUES La synthèse de Dolph-Tchebicheff correspond en théorie des réseaux à la synthèse de Tchebicheff pour les filtres. Elle garantit un niveau des lobes secondaires SLL pré-établi. On peut la considérer comme un compromis pratique entre le cas binomial où SLL = −∞ dB (pas de lobes du tout) et le cas equiamplitude (SLL > −13.3 dB). La synthèse se base sur les propriétés bien connues des polynômes de Tchebicheff dont on rappelle ici les plus importantes. Ces polynômes sont définis par la relation de récurrence : T0 (x) = 1 T1 (x) = x Tn+1 (x) = 2xTn (x) − Tn−1 (x) (7.23) ou par la formule générale : ⎧ ⎨ (−1)n cosh(n arcosh(x)) cos(n arccos(x)) Tn (x) = ⎩ cosh(n arcosh(x)) si x < −1 si − 1 < x < 1 si x > 1 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, (7.24) 77 CHAPITRE 7. THÉORIE DES RÉSEAUX On montre facilement que ces polynômes oscillent à l’intérieur de l’intervalle −1 < x < 1 sans jamais dépasser les limites −1 < Tn (x) < 1. Au delà de la valeur critique |Tn (|x| = 1)| = 1, la valeur absolue |T n| croît très rapidement pour |x| > 1. D’autre part, on sait que le facteur d’un réseau symétrique (équations (7.21 et (7.22)) peut toujours s’écrire comme un polynôme en puissance de la variable auxiliaire u = cos(ψ/2). L’idée intuitive est alors d’assimiler les valeurs du polynôme TN−1 au facteur d’un réseau à N éléments en introduisant une correspondance linéaire entre la variable x du polynôme de Tchebicheff et la variable auxiliaire u, de telle façon à ce que la direction de rayonnement maximum u = 1 corresponde à une valeur |x| > 1. En pratique, on réalise souvent la synthèse dans le cas excitation à déphasage nul (α = 0) et on procède de la façon suivante : 1. On se donne le nombre d’éléments N et le niveau des lobes secondaires souhaités en décibels (SLLdB ). 2. On traduit le SLL en échelle linéaire : SLLdB = −20 log(R) et donc R = 10−SLLdB /20 . 3. On calcule une valeur xmax > 0, telle que |TN−1 (xmax )| = R. 4. On établit la correspondance u ⇔ x comme : u = cos(ψ/2) = cos[(kd cos(θ))/2] = x/xmax . 5. On remarque que les valeurs possibles de la variable x s’étalent entre x = xmax , correspondant à la direction de rayonnement maximum donnée par l’équation θmax = 90◦ et x = xmin = xmax cos(kd/2) pour l’angle θ = 0◦ , 180◦ . Il faut absolument que cette valeur xmin tombe dans l’intervalle [−1, 1]. Souvent on choisit un espacement kd = π ce qui donne automatiquement xmin = 0. 6. On écrit le facteur du réseau comme AF = TN−1 (x = xmax cos(ψ/2)) et on identifie avec les équations (7.21) et (7.22) pour trouver les coefficients An . Exemple On souhaite avec un réseau à N = 5 éléments équidistants de (d = λ/2) obtenir une direction de rayonnement maximum pour θ = 90◦ et des lobes sécondaires à −20 dB. 78 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, Première partie ANNEXE I 79 7.9 L’EVOLUTION DE L’ELECTROMAGNETISME L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (1) ELECTROSTATIQUE MAGNETOSTATIQUE POLES MAGNETIQUES CHARGES ELECTRIQUES r P Thalès (-550) de Coulomb (1 785) FORCE ELECTRIQUE Tite Live (-60) Gilbert (1 600) FORCE MAGNETIQUE L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (2) ELECTROSTATIQUE CHARGES ELECTRIQUES r Gauss, Green Laplace, Poisson (1 800 - 1 830) 80 MAGNETOSTATIQUE Mouvement des charges POLES MAGNETIQUES Volta 1 800 P Oersted, Biot Savart, Ampère (1 820 - 1 830) CHAMPS ELECTRIQUES CHAMPS MAGNETIQUES E, D B, H Tite Live (-60) Gilbert (1 600) c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.9. L’EVOLUTION DE L’ELECTROMAGNETISME L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (3) : L'apport de Faraday CHARGES ELECTRIQUES r Mouvement des charges Volta 1 796 Gauss, Green Laplace, Poisson (1 800 - 1 830) Oersted, Biot Savart, Ampère (1 820 - 1 825) CHAMPS ELECTRIQUES Variation temporelle E, D Faraday Henry 1 832 CHAMPS MAGNETIQUES B, H QUASI-STATIQUE : INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (4) : La situation avant Maxwell CHARGES ELECTRIQUES r J = rv xE = 0 D=r xH = J B=0 ELECTROMECANIQUE DYNAMOS MOTEURS CHAMPS ELECTRIQUES E, D xE = - CHAMPS MAGNETIQUES B t QUASI-STATIQUE : c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, t B, H = 0 81 L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (5) : L'analyse de Maxwell CHARGES ELECTRIQUES r xE = 0 D=r J = rv ! ! OK xH = J B = 0 OK OK CHAMPS ELECTRIQUES E, D xE = - B t CHAMPS MAGNETIQUES B, H ??? L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (6) : Les équations de Maxwell (1 865) CHARGES ELECTRIQUES J=- r t r xH = J + D / t CHAMPS ELECTROMAGNETIQUES E, D, B, H 82 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.9. L’EVOLUTION DE L’ELECTROMAGNETISME c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 83 L'EVOLUTION DE L'ELECTROMAGNETISME (6) : Les équations de Maxwell (1 865) CHARGES ELECTRIQUES J=- r t r xH = J + D / t CHAMPS ELECTROMAGNETIQUES E, D, B, H 84 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.9. L’EVOLUTION DE L’ELECTROMAGNETISME c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 85 Deuxième partie ANNEXE II 86 7.10. UN EXEMPLE ANALYTIQUE SIMPLE 7.10 UN EXEMPLE ANALYTIQUE SIMPLE LE CONDENSATEUR A PLAQUES PARALLELES GEOMETRIE DU CONDENSATEUR : P >> a Q >> a Région d'observation : a, p, q << P, Q Alors : / y = / z=0 Problème 1 D Condition : "infini" suivant (oy) et (oz). c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 87 88 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.10. UN EXEMPLE ANALYTIQUE SIMPLE c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 89 90 c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 7.10. UN EXEMPLE ANALYTIQUE SIMPLE c Juan Mosig, Septembre 2007 Rayonnement et Antennes, 91