ALLEZ SAVOIR! / N°23 JUIN 2002 47
La Suisse n’est pas épargnée
Ces maladies qui, pour de nombreu-
ses personnes, sont encore taboues, ne
sont pas l’apanage des pays non indus-
trialisés et la Suisse n’est pas épargnée.
«L’image d’une Suisse «propre», avec
absence de toute MST, n’est pas une réa-
lité scientifique. Nous sommes plutôt
surpris de voir des incidences très éle-
vées, comme pour l’herpès ou d’autres
infections telles les annexites (infections
des trompes)», souligne le D
r
Gerber.
De plus, contrairement aux idées
reçues, les groupes dit «à risque» ne
sont pas seulement les toxicomanes ou
les homosexuels, mais de plus en plus,
les hétérosexuels âgés de 30 à 45 ans.
Pour quelles raisons? «Certes, notre
souci est centré sur les groupes mar-
ginaux, mais ce sont les gens qui ne
s’estiment pas à risque qui sont les plus
touchés. Ils pensent que les MST et
surtout le SIDA sont liés à l’homo-
sexualité ou à la toxicomanie. En réa-
lité, la moitié des nouveaux cas sont des
hétérosexuels. L’âge moyen de la per-
sonne infectée par le VIH est de 42 ans.
Il est très difficile de faire des catégo-
ries : vous trouverez à nos consultations
aussi bien des ouvriers, des directeurs
d’entreprise, des jeunes, des très vieux,
des paysans que des personnes du mi-
lieu médical. Tout le monde», explique
le D
r
Amalio Telenti, responsable de
la consultation ambulatoire des mala-
dies infectieuses au CHUV.
Ces quadras trop insouciants
«Peut-être que l’été favorise les rap-
ports sexuels, tout comme le contexte
des vacances, les voyages... Mais on ne
peut pas dire qu’il existe de relation
particulière entre l’été et les MST»,
tient à clarifier le D
r
Gerber.
Si les jeunes sont les plus menacés
et que la moitié de cette population est
en danger de se faire contaminer par
une MST avant l’âge de 20 ans, ce sont
les quadragénaires qui font exploser les
statistiques. L’explication? Pour les
adolescents, la capote a un prix. Il faut
toujours en avoir une sur soi et, de ce
fait, la spontanéité disparaît. Mais
pour les plus âgés, on met plutôt en
cause le ras-le-bol.
On leur a répété durant des années
que, s’ils ne portaient pas cet objet, la
mort finirait par les emporter. Mais au-
jourd’hui, le SIDA ne leur fait plus peur.
Avec les progrès en médecine, les vac-
cins et autres médicaments, la tendance
est au relâchement, à l’insouciance!
Le retour de la «chaude-pisse»
et de la syphilis
Le sentiment d’une omnipotence des
nouveaux médicaments pousse à dimi-
nuer notre vigilance ou à relâcher notre
attention quant à la prévention. De plus
si l’on écoute l’Eglise, l’abstinence est de
rigueur, et le port du condom proscrit…
Pour le D
r
Telenti, spécialiste du
SIDA, nul doute : «Le préservatif est le
seul moyen de se protéger des MST.»
L’utilisation correcte de ce contracep-
tif, aussi durant les préliminaires, est un
moyen simple et efficace d’éviter
l’infection par les agents responsables
des MST. Mais dans les couloirs des
urgences ou des cabinets médicaux, les
MST sont d’actualité, et certaines in-
fections aux noms évocateurs font un
retour en force comme la «chaude-
→
Le D
r
Amalio Telenti, responsable de la consultation ambulatoire
des maladies infectieuses au CHUV
© N. Chuard