Passerage des champs - Perspectives Agricoles

publicité
FICHE ADVENTICE
Le passerage des champs appartient
à la famille des crucifères. Il s’agit
typiquement d’une espèce qui s’installe
aussi bien sur des terrains en friche que
le long des routes et chemins, sur des
chantiers et dans les parcelles agricoles.
La mauvaise herbe est redoutée,
essentiellement dans la culture du colza
dans le Nord-Est de l’Hexagone. Elle
colonise aussi les céréales d’hiver où
les solutions d’éradication sont là plus
nombreuses.
Description
• Plantule : en rosette, et dont les feuilles sont
alternes et de teinte vert grisâtre. Les feuilles
sont toutes munies d’un long pétiole, d’abord
glabre sur les premières et assez poilu sur les
ultérieures.
• Adulte : tige de 20-50 cm, dressée, et ramifiée
vers le haut en candélabre. Les poils courts et
denses sur la plante entière lui donnent une
couleur grisâtre. Les fleurs, petites, aux pétales
blanchâtres, sont disposées en grappes denses
et divisées. Le fruit est appelé silicule.
Limbe du cotylédon
plus long que le
pétiole
Passerage des champs
(Lepidium campestre)
Biologie
• Cycle végétatif : annuel ou bisannuel.
• Périodes de levées préférentielles : assez groupées : généralement septembre à
novembre.
Aut.
Hiv.
Print.
Eté
• Floraison : mai à juillet.
• Persistance du stock semencier et dormance : aucune référence disponible.
• Production grainière : 300 à 1 500 graines/plante.
Ecologie/habitat
Le passerage des champs peut s’installer quasiment
partout en France dans tous les types de sols, avec une
préférence pour les sols secs, argileux, argilo-calcaires
et argilo-limoneux. L’espèce est peu fréquente, mais
abondante localement en Lorraine, également en
Bourgogne et Franche-Comté. Elle est assez rare ailleurs,
même dans les grands bassins de production de colza
(Poitou-Charentes, Centre, Picardie).
Cotylédon
elliptique
© L. Jung, Cetiom
CULTURES
Sommet
arrondi
« lobée »
Dégradation de la qualité
Comme la plupart des crucifères à fort
développement végétatif, le passerage
exerce une concurrence directe très vive
vis-à-vis du colza dès les premiers stades de
la culture. Le potentiel de rendement de la
culture est altéré en cas de forte infestation.
Les orges et les blés d’hiver ont moins de
risque d’être pénalisés que le colza en
raison de leur compétition plus importante
vis-à-vis de la crucifère adventice.
Le risque de dégrader la qualité des
produits (impuretés, glucosinolates) et de
gêner les chantiers de récolte estivale est en
règle générale limité : la taille de l’adventice
à maturité ne permet pas aux graines
de passerage d’être récoltées en grande
quantité par les moissonneuses-batteuses.
Tige dressée
et ramifiée
« divisée »
S Le passerage des champs a un
pouvoir concurrentiel élevé dès le début
de son installation.
Source : ACTA
• Feuilles alternes : feuilles insérées une à une
à des hauteurs différentes sur la tige.
• Plantule : stade jeune de la plante (jusqu’à
4 feuilles).
• Rosette : la tige s’allonge après la formation
de feuilles plaquées au sol.
• Pétiole : support de la feuille la joignant à
la tige.
• Glabre : dépourvu de poils.
• Feuille lobée : division de la feuille
n’atteignant pas le milieu du limbe.
• Feuille divisée : dont les découpures
atteignent la nervure médiane.
PERSPECTIVES AGRICOLES • N° 354 • MARS 2009
Situations aggravantes
• Rotations courtes à base de colza.
• Programme herbicide défaillant.
Espèces hôtes
de bio-agresseurs
• Comme la plupart des crucifères,
le passerage attire bon nombre
d’insectes ravageurs du colza (altises,
mouches du chou, méligèthes).
© J.-P. Palleau, Cetiom
Lexique botanique
54
Concurrence/rendement
Gêne à la récolte
Premières
feuilles ovales
et entières,
aux contours
irréguliers
Feuilles
suivantes
Nuisibilité
La plantule forme une rosette, ses
feuilles sont pétiolées. X
FICHE ADVENTICE
CULTURES
Mesures préventives
Rotation
> Miser sur l’esquive ou l’étouffement des passerages
Technique
Principes
Exemples/illustrations
Diversification
des cultures
Couper le cycle
de l’adventice par
l’introduction d’une
culture de printemps
Colza/blé/OH
Faire germer un
maximum de graines
situées en surface
Destruction mécanique
ou chimique
En conditions optimales :
- le 15 juillet
Interculture
Faux-semis
Efficacité
Commentaires
Les passerages sont potentiellement
sensibles à l’alternance des dates de semis
des cultures du fait d’une période de levée
relativement groupée et, dans tous les cas,
avant le mois de janvier.
Colza/blé/culture de printemps/blé
Très superficiel sur un sol bien émietté et
rappuyé, le faux-semis peut être efficace
contre passerage.
La période la plus propice se situe de fin
août à début octobre avant implantation
d’une céréale ou culture de printemps.
- le 15 septembre
- le 15 octobre
Labour
Enfouir en profondeur
le stock de semences
superficielles
Les graines enfouies peuvent conserver leur
viabilité. Le labour serait donc peu efficace.
Modalités de
semis (colza)
- Une variété à bonne vigueur au démarrage (type hybride) concurrencera plus l’adventice, quel que soit le milieu.
- Dans les sols favorables à une levée et une croissance rapide du colza (bonne disponibilité en azote), le semis à écartement réduit
(< 30 cm), autour du 15-20 août va davantage mettre à profit la capacité d’étouffement de la culture vis-à-vis de la mauvaise herbe.
Dans ce cas, il faut opter pour une variété vigoureuse à la levée et très peu sensible à l’élongation.
Mesures curatives en cultures
> Lutte chimique : profiter des solutions dans les cultures de la rotation
• Colza : la clomazone (à 100 g/ha)
associée à la famille des chloroacétamides
(métazachlore dans Butisan S ou Sultan ;
dimétachlore pour Axter ou Colzor Trio) est
une stratégie incontournable dans la lutte
chimique contre le passerage. Si ce type de
produit postsemis prélevée est appliqué dans
de bonnes conditions (humidité du sol les
jours qui suivent l’application), le contrôle
peut être parfait.
• Céréales d’hiver : le passerage étant une
crucifère, les produits disponibles pour
lutter contre celle-ci sont nombreux dans les
céréales :
- metsulfuron (ex : Allié 20/25 g)
- association ioxynil + MCPP-P (Mextra,
Quattro 2…)
- DFF, présent au travers de spécialités type
First à 0,75 l/ha, ou Quartz, Lauréat, Carat
- Foxpro D + à 1,25 l/ha
• Tournesol : maïs, betterave, protéagineux
de printemps : du fait de leur date de
semis, ces cultures échappent aux levées de
passerage.
de 2-3 feuilles sera peu rentabilisé car les
plantes ne seront plus sensibles aux outils.
Le binage demeure une solution intéressante
et complémentaire au chimique sur l’interrang.
Les conditions climatiques conditionnent
en grande partie la réussite du désherbage
mécanique.
Une des particularités des passerages
concerne leur rapidité de développement
foliaire et de mise en place d’un pivot dans
le sol. En conséquence, tout passage en
plein de herse étrille et houe rotative au-delà
© J.-P. Palleau, Cetiom
W Les fleurs, petites, aux
pétales blanchâtres, sont
disposées en grappes
denses et divisées.
© J.-P. Palleau, Cetiom
> Lutte mécanique : bon complément !
Avec du côté vert : efficacité bonne/présence peu pénalisante Du côté rouge : efficacité médiocre/présence pénalisante
Fiche réalisée par ARVALIS - Institut du végétal et le CETIOM avec l’appui de l’ACTA « Mauvaises herbes des cultures »
sur la base du groupe de travail « Stratégies de désherbage en Poitou-Charentes » (CA 16, 17, 79, 86, SRPV/FREDON)
Une plante de passerage
peut compter jusqu’à 1 500
silicules. X
PERSPECTIVES AGRICOLES • N° 354 • MARS 2009
55
Téléchargement