DOSSIER COOPÉRATIONS ET T2A
rien ne soit changé durablement, ou sommes-nous
en présence d’une lame de fond amenant une réelle
évolution, voire une révolution du système de santé?
Pourquoi le parcours?
L’idée sous-tendue par le parcours est simple: mieux
coordonner. Cela inclut l’articulation des profession-
nels de santé, des institutions de santé et des
secteurs (social, médico-social et sanitaire). Le
parcours vise également à guider le patient dans le
système, qui lui apparaît souvent peu lisible, à
améliorer la sécurité du patient et la qualité des soins
qu’il reçoit. Ne nous voilons pas la face! L’enjeu du
parcours est également de lutter contre la non-perti-
nence des actes, gangrène qui menace la pérennité
de notre système de santé tel qu’il existe aujourd’hui,
c’est-à-dire soutenu par des financements collectifs
qui garantissent son accès à chacun d’entre nous,
quels que soient ses revenus. En témoigne l’enquête
réalisée par la Fédération hospitalière de France
(juillet 2012). Elle met en évidence, sur la base des
dires des médecins interrogés, 26 à 32% d’actes non
justifiés. Admettons que cette manne ouvre le champ
des possibles, si l’on réussit à la récupérer.
Le parcours:
pourquoi maintenant seulement?
Si l’évidence du parcours semble s’imposer à tous,
se pose alors la question de savoir pourquoi il a
fallu attendre si longtemps pour en parler. En fait,
le discours est plus renouvelé que nouveau. Déjà
dans les années 80, les réseaux coordonnés de
santé caressaient la même ambition. Les groupe-
ments de coopération sanitaire qui se développent
à partir du début des années 2000, puis les
communautés hospitalières de territoire créées
par la loi HPST de 2009 fournissent les dispositifs
supports des projets de coopération. Si tout existe
pour créer les conditions favorables à une
meilleure coordination, pourquoi ces efforts ne
portent-ils pas leurs fruits?
Le paramètre oublié de l’équation réside dans l’in-
citation financière. Aujourd’hui, rien n’est fait pour
inciter à la coopération. Les effets délétères de la
tarification à l’activité (T2A) sur celle-
ci ont été largement pointés par le
rapport de la MECSS en 2012; le
paiement à l’acte poursuit la même
logique d’une course effrénée à l’ac-
tivité. Cette situation peut s’analyser
comme l’expression d’un problème d’alignement
des intérêts des producteurs de soins avec ceux
des financeurs du système de santé. Les incitations
actuelles du système poussent les producteurs à
développer leur activité. Or, qui dit production dit
aussi consommation de financements collectifs,
rares par nature: la pertinence de la production
s’affirme comme une clé de voûte du système à
réinventer.
Le «comment» importe beaucoup
Une tarification au parcours semble se profiler,
prenant appui sur les enseignements tirés de l’evi-
dence-based medicine. Housseyni Holla, directeur de
l’Agence technique de l’information sur l’hospitali-
sation (ATIH), annonce le calcul de coûts théoriques
par parcours, résultant de l’addition des coûts des
épisodes composant ce parcours, tout en soulignant
qu’il ne s’agira pas des coûts réels 4.
Ne court-on pas alors le risque de voir se construire
une nouvelle usine à gaz tarifaire qui ne réserverait
de salut que pour ceux entrant dans ses cases? Un
tel schéma serait nécessairement désincitatif pour
toute forme d’innovation, comme l’est aujourd’hui la
T2A. Certes, il se révélerait cohérent avec la tradition
planificatrice historiquement majoritaire dans notre
pays, en permettant à la tutelle, nationale ou régionale,
de caresser l’illusion de tout contrôler dans un mouve-
32 # 556 Janvier - Février 2014 REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE
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Le paramètre oublié de l’équation réside
dans l’incitation financière. Aujourd’hui,
rien n’est fait pour inciter à la coopération.
TARIFICATION AU CYCLE DE SOINS
PROGRAMME DE RECHERCHE
ET ESPACE D’ÉCHANGES
La TCS est un programme de recherche de longue haleine
qui a été validé par le conseil scientifique de la Maison des
sciences de l’homme Ange-Guépin*. Il dispose d’un carnet
de recherche sous la forme d’un site Internet qui informe
sur le programme et son avancement. Il inclut également
un lieu d’accueil et d’échanges entre ses membres.
Si vous êtes intéressé(e), que vous soyez professionnel
de santé, directeur ou chercheur, nous serons heureux de
vous compter parmi les membres de l’équipe, portée par le
département de recherche en management de la santé
de la faculté de médecine de Nantes.
Alors, n’hésitez plus, rejoignez-nous!
http://tcs.hypotheses.org
*NDLR: la Maison des sciences de l’homme Ange-Guépin a pour
objet de promouvoir la recherche relative aux différents aspects
du lien social. www.msh.univ-nantes.fr
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