coûts et à atteindre des objectifs de santé publique. Le salariat est le système le plus
forfaitaire, celui qui génère le moins d’incitations, la rémunération à l’acte le système le
moins forfaitaire et celui qui produit le plus d’incitations. La capitation et le paiement par
épisode de maladie occupent une position intermédiaire entre ces deux extrêmes.
Le choix du système de paiement influence les choix et l’activité du médecin ainsi que sa
productivité. Avec la rémunération à l’acte, un tarif indique le prix de chaque service et le
revenu du médecin varie en fonction du volume et du type de prestations fournies. Les
médecins rémunérés à l’acte sont incités à voir beaucoup de clients et à fournir à chacun un
volume important de prestations3, d’où un risque de surconsommation (Simoens et al. 2004).
Le paiement à l’acte crée les conditions d’une induction de la demande par l’offre, le médecin
utilisant son avantage en termes de connaissances pour fournir plus de prestations au patient
que ce dernier n’en aurait demandées s’il disposait de la même information que son médecin
(Evans 1974). Si le prix des soins diminue à la suite d’un réaménagement du tarif, le médecin
réagit en augmentant le volume de prestations s’il entend conserver son revenu (Grignon et al.
2002). Une étude de Gerdtham et al. (1992) portant sur 19 pays de l’OCDE a montré que le
paiement des médecins à l’acte est un facteur de hausse des coûts de la santé: les pays où ce
système domine ont, toutes choses égales par ailleurs, des dépenses 11% plus élevées que
ceux qui ont adopté un autre système de paiement. Selon une autre étude dans les pays de
l’OCDE portant sur la période 1970-1991, la densité médicale est associée à des coûts
médicaux plus élevés lorsque les médecins sont payés à l’acte. La rémunération à l’acte
présente un avantage en termes d’équité, puisque le médecin n’a pas de raison de refuser les
patients qui exigent des traitements lourds et coûteux. Ce mode de paiement est par ailleurs
associé à une forte productivité des fournisseurs de soins : le médecin est incité à déployer des
efforts importants pour traiter ses patients. Quant aux coûts d’administration du système, ils
sont élevés en comparaison avec des systèmes plus forfaitaires.
Sous le régime de la capitation, le médecin reçoit un montant forfaitaire pour chacune des
personnes auxquelles il est tenu de fournir des soins (habitants d’une zone déterminée, ou
personnes figurant sur une liste). Le niveau de soins et le catalogue de services sont
prédéfinis. Le catalogue peut couvrir uniquement les soins de première ligne (y compris les
diagnostics) ou comprendre également les soins hospitaliers. Le calcul du montant forfaitaire
fait en principe intervenir les caractéristiques de la population (âge et sexe, plus rarement des
variables socio-économiques). Quant au revenu du médecin, il dépend de la capacité de ce
dernier à maintenir les coûts aussi bas que possible. Au contraire du tarif à l’acte, la capitation
est une incitation donnée au médecin à rationner les prestations avec un risque pour la qualité
des soins (Forsberg et al. 2001). C’est une induction de la demande à l’envers en quelque
sorte. Il n’y a pas de risque de surconsommation, moins de risques de traitements inutiles. Il
apparaît aussi que les médecins payés par capitation font davantage de prévention afin
d’éviter des coûts futurs. Pour réduire ses coûts, le médecin payé par capitation aura tendance
à référer plus vite un patient à un spécialiste ou à un hôpital s’il n’est pas tenu de couvrir ce
type de prestation avec le forfait. Comme le médecin a intérêt à avoir sur sa liste des individus
en bonne santé nécessitant des soins peu fréquents et à éviter les patients exigeant des soins
coûteux, il peut être tenté de sélectionner les risques. Il n’existe toutefois pas de preuve d’un
tel mécanisme d’écrémage (« cream-skimming »). Les inconvénients de la capitation – une
possible moindre qualité des traitements, une possible sélection des risques par le médecin –
peuvent être évités en combinant de bonnes incitations au paiement forfaitaire et en
introduisant un contrôle de qualité.
3 Comme le tarif est fixé de manière à couvrir les frais fixes et variables, un acte supplémentaire accroît le
revenu net du médecin (Grignon et al. 2002).
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