Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections

UN CONGRÈS « HÉPATOPHILE »
Les nouveaux traitements contre l’hépatite
C étaient à l’honneur, avec lannonce pour
2015 de la fin des schémas thérapeutiques
basés sur l’interféron. « Les nouveaux
antiviraux agissent directement sur les
enzymes nécessaires à la réplication du virus
de l’hépatite C, par exemple la protéase,
la polymérase… Administrables par voie
orale, utilisés en association, ils guérissent
définitivement la majorité des patients
mono-infectés par le virus de l’hépatite C
ou co-infectés par le VHC et le VIH, en 12 à
24 semaines, voire moins », s’enthousiasme
le Professeur Morand. « Cependant, ces
nouveaux traitements coûtent chers et leur
financement pose une vraie question de santé
publique. Leurs interactions avec certains
antirétroviraux sont un problème. Pour nous,
virologistes, ils vont aussi entrainer une
modification des schémas de surveillance
des charges virales et la nécessité de
détecter par séquençage des mutants
résistants en cas d’échec thérapeutique. Ils
justifient également de nouvelles stratégies
pour améliorer le dépistage, par exemple
les Test Rapides d’Orientation Diagnostique
(TROD). »
VIH : VERS UNE SIMPLIFICATION
DES TRAITEMENTS
« Plusieurs grands essais cliniques ont
démontré l’efficacité de traitements plus
simples, mieux supportés et moins coûteux,
par exemple avec un seul comprimé par
jour combinant 3 ou 4 antirétroviraux, ou la
possibilité de relayer une trithérapie efficace
par une bi voire une monothérapie. Il est
essentiel de simplifier les traitements anti-VIH
pour améliorer la qualité de vie des patients
et de trouver les combinaisons ayant le
meilleur rapport coût-efficacité. Il faut aussi
bien comprendre les effets indésirables à long
terme de ces médicaments, qui vont être pris
pendant plusieurs décennies. »
« Lespoir ultime est évidemment de guérir
le patient comme pour l’hépatite C, mais
l’intégration du rétrovirus dans le génome
cellulaire rend la tâche bien plus compliquée.
Un seul cas d’éradication définitive est
actuellement décrit chez le célèbre "patient de
Berlin". Souffrant d’une leucémie, ce patient
séropositif a vu disparaitre son virus après deux
greffes de moelle osseuse issue d’un donneur
dont les lymphocytes T étaient résistants au
VIH-1 du fait d’une mutation spontanée du
corécepteur CCR5, empêchant ainsi le virus
d’entrer dans les cellules greffées. Sur cette
base, de nombreux axes de recherche tentent
de modifier les lymphocytes T des patients
séropositifs pour les rendre non infectables
par le VIH. »
« D’autres espoirs résident dans certaines
études qui ont montré qu’un traitement très
précoce et suffisamment long permet de
contrôler le virus après l’arrêt du traitement,
même si le virus est toujours présent. Il s’agit
du « bébé de Boston » ou de l’étude Visconti
conduite par lANRS
1. Il est primordial
d’élucider les mécanismes de ces guérisons
fonctionnelles pour les appliquer à grande
échelle. »
LE SUIVI DU VIH EN PRATIQUE
DANS LES LABORATOIRES
DE VIROLOGIE
Le Professeur Morand ajoute « Les débats
entre virologues et cliniciens continuent sur
la signification d’une charge virale détectable
non quantifiable chez les patients traités, sur
les techniques moléculaires pour quantifier le
réservoir viral et sur la place des techniques
de séquençage nouvelle génération ou
NGS, next generation sequencing, dans la
détection des résistances aux antirétroviraux.
En pratique, dans notre laboratoire, nous
informons le clinicien si un patient a une
charge virale détectable non quantifiable mais
nous ne savons pas ce que le clinicien en fait,
ni ce que le patient en pense… Par contre,
nous participons dans le cadre de lANRS à
l’évaluation de l’outil NGS pour la détection
des résistances car ce nouvel outil aura un
jour sa place en routine dans les laboratoires
de virologie. »
10 000 BIO - N° 91 - SEPTEMBRE 2014
22 VALEUR MÉDICALE AJOUTÉE : POST-CONGRÈS
Avec plus de 4 000 participants issus de 85 pays,
la CROI 2014 (conrence internationale sur les rétrovirus
et infections opportunistes), qui s'est tenue cette année
à Boston, a été un nouveau un moment fort de la lutte
contre le VIH.
Retour sur les points clefs de cette conférence
avec le Pr Patrice Morand, directeur du laboratoire
de Virologie du CHU de Grenoble.
Conference on Retroviruses
and Opportunistic Infections
[1] Cohorte ANRS EP 47 VISCONTI (Viro-Immunologic
Sustained COntrol after Treatment Interruption), Prof.
Christine Rouzioux (Hôpital Necker et Université Paris
Descartes) et Dr. Asier Sáez-Cirn (Institut Pasteur)
PREP, TROD, TASP
POUR COMPLÉTER LE PRÉSERVATIF
Le traitement comme prévention, ou TasP,
treatment as prevention, préconise de
traiter tous les patients séropositifs avec
des antirétroviraux. « Le TasP, en rendant
la charge virale indétectable, diminue
drastiquement le risque de transmettre le
virus, comme l’a montré létude PARTNER où
aucune transmission du VIH n’est observée
quand le partenaire séropositif est traité. C’est
une manière efficace de prévenir l’infection
et cela démontre la nécessité de détecter les
personnes qui ignorent leur séropositivité d’où
l’importance des TROD. »
La prévention pré-exposition, ou Prep,
vise à traiter « préventivement » avec des
antirétroviraux, par voie locale ou orale,
les personnes séronégatives qui ont un
comportement sexuel à risque, c’est à dire qui
ont des partenaires multiples et des rapports
sexuels non protégés. « Cette prévention est
efficace s'il y a une bonne observance, mais
elle entrne un risque de stigmatisation des
personnes souhaitant y recourir et certains
professionnels de santé s'interrogent sur
l’efficacité de cette stratégie.»
DES PROGS À DEUX VITESSES
« Dans les pays riches, les progrès
thérapeutiques font du sida une maladie
chronique contrôlée chez la grande majorité
des patients. Notre principale préoccupation
actuellement est donc de dépister les patients
qui s’ignorent, d’améliorer la qualité de vie
des patients traités, d’en faire des patients
porteurs de pathologies chroniques, et,
peut-être, de les guérir un jour. Dans les
pays en développement, les préoccupations
concernant la prévention, le dépistage, l’accès
au soin sont d’un tout autre ordre. Malgré des
progrès spectaculaires, c’est partout le même
virus mais pas partout la même maladie »,
conclut le Pr Morand.
LE MAGAZINE D’INFORMATION BIOMÉDICALE DE ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE
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« Certaines études ont montré quun
traitement très précoce et suffisamment
long permet de contrôler le virus après
l’arrêt du traitement (...). Il est primordial
d’élucider les mécanismes
de ces guérisons fonctionnelles,
pour les appliquer à grande échelle... »
PROFESSEUR MORAND, CHU DE GRENOBLE
Ci-dessus : virus VIH (HIV)
L'artiste plasticien anglais Luke Jerram
sensibilise l'opinion, en donnant à voir,
dans son projet Glass Microbiology,
de délicates sculptures de verre représentant
les virus les plus agressifs pour l'humain.
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