ment les revenus de la chasse, la valeur patrimoniale des ongulés, le contrôle d’espèces enva-
hissantes et la dispersion des graines. Au regard de ces effets divers et de leur importance pour
l’homme et l’écosystème,l’équilibre forêt-gibier est une composante essentielle de la gestion
durable. Pour prendre sens et valeur, le concept d’équilibre forêt-gibier, qui fait consensus, doit
lui aussi être explicité dans ses différentesfacettes :écologique, économique et sociale (cf.
encadré ci-dessous).
L’enjeu est de réussir àconcilier les aspects écologiques, économiques et sociaux, en trouvant
un compromis acceptable par tous, basé sur des réalités biologiques comme la capacité de la
forêt àserégénérer. La difficultédeladémarche réside dans l’identification des niveaux accep-
tables et des seuils ànepas franchir. Ce compromis pourra être évalué et pourra également
évoluer en fonction des outils de gestion disponibles, dans une démarche de gestion adaptative.
La gestion forestière joue en effet un rôle important et elle peut contribuer àaccentuer ou à
atténuer les conflitsforêt-gibier en fonction du choix de l’essence objectif, du mode de renou-
vellement des peuplements et du degré d’hétérogénéité du milieu àdifférentes échelles spatiales
et temporelles (Graham
et al.
,2010 ;Kuiper, 2011).
Cette démarche de gestion adaptative repose donc sur la mise en œuvre d’indicateurs que nous
détaillons ci-dessous pour les aspects principalement écologiques en lien avec la végétation
forestière.
712 Rev. For. Fr. LXIV -5-2012
ANDERS MÅRELL –MARYLINE PELLERIN –AGNÈS ROCQUENCOURT
Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux
liés au concept d’équilibre forêt-gibier
Une composante essentielle de la gestion durable est d’évaluer et de suivre l’équilibre
forêt-gibier qui est àexpliciter selon trois aspects, qui correspondent également aux piliers
de la multifonctionnalité en forêt :l’économie, le social et l’écologie.
Du point de vue économique, le concept d’équilibre forêt-gibier repose sur les notions de
coûts et bénéfices liés àlaprésence de gibier. En effet, la présence de grand gibier sur un
territoire engendre une activité économique non négligeable àl’échelle locale dans certaines
régions, grâce notamment àlachasse (Vollet
et al.
,2008). Sur ces aspects cynégétiques, à
titre d’exemple, les recettes annuelles globales brutes de l’ONF s’élevait à45M€en 2010.
Cependant, le grand gibier est également àl’origine de contraintes pour certains acteurs du
milieu rural. Ces dernières peuvent se traduire par des coûts supplémentaires. Parmi les
coûts engendrés, on peut citer l’indemnisation des dégâts occasionnés aux cultures agri-
coles par les sangliers et les cervidés —23millionsd’euros aujourd’hui (Guibert, 2008) soit
le double du montant des années 1980 —etlerenouvellement des peuplements dont
l’avenir aété compromis par les cervidés. Sur ce dernier point, une étude récente de Ballon
et al.
(2005) sur cinq départements (Landes, Oise, Sarthe, Tarn et Vosges) estime que, sur
1,2 million d’hectares de forêt étudiés, les cervidés auraient compromis l’avenir des peuple-
ments sur environ 5000 ha des 40000 ha de peuplements sensibles, soit 12,5 %. Sur la
base d’évaluations actuelles des coûts liés àlarégénération par plantation (de 3000 à
5000 €/ha), le préjudice peut être estimé àentre 15 et 25 millions d’euros àl’échelle des
départements étudiés. Les ongulés sauvages constituent également un potentiel important
de collisionsroutières —progression de 3700 à23500 collisionsannuelles depuis la
période 1984-1986 (Vignon et Barbarreau, 2008) —qui se traduisent en général par des
dégâts matériels importants, des blessures, voire des décès. De plus, les mesures dédiées