Forêt-entreprise n°210-mai 2013
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impact des cervidés
lorsque l’effectif de cette dernière
progresse. Sous certaines conditions,
cela peut entraîner une réduction du
taux de croissance de la population.
Au-delà d’un certain niveau d’effectif
(productivité maximale), la perfor-
mance individuelle et la production
de la population décroissent forte-
ment jusqu’au point de saturation.
Trois indicateurs…
Cette approche par indices repose
sur l’utilisation croisée de plusieurs
indicateurs issus de trois types d’in-
formations distinctes : l’abondance
de la population (
e.g.
, indice d’abon-
dance et non plus comptage exhaus-
tif4)), la performance des individus de
la population (
e.g.
, qualité phénoty-
pique5)), et l’impact des animaux sur
l’habitat (
e.g.
, indice de consomma-
tion6)). Là où les suivis traditionnels
ne s’intéressent qu’à une perception
aléatoire de l’effectif des populations,
cette nouvelle méthode par indices
intègre l’aspect dynamique de l’éva-
luation de l’écosystème.
Les premiers travaux ont porté sur
le suivi des populations de chevreuil
avec la mise au point d’une batterie
d’indicateurs sur des territoires de
référence (Chizé, Trois Fontaines et
Dourdan). Depuis, les autres espèces
d’ongulés sont intégrées à cette dé-
marche avec pour le cerf : la réserve
nationale de la Petite Pierre ; le cha-
mois et l’isard : les réserves nationales
des Bauges et d’Orlu et le territoire
du Bazès ; le mouflon : la réserve du
Caroux-Espinouse et le bouquetin :
la réserve de Belledonne. Le sanglier
avec sa démographie particulière fait
récemment l’objet d’études desti-
nées à trouver la bonne méthode qui
permettra de suivre l’évolution de
son abondance. Pour cette espèce les
sites d’étude sont les massifs d’Arc
en Barrois et de Chizé.
La problématique reste cependant
ouverte. En effet, les principaux ICE
validés l’ont été sur un nombre réduit
de sites de référence où les condi-
tions écologiques sont particulières :
populations de plaine, forêt mixte et
surfaces modestes (1 000 à 5 000 ha).
Les premières expériences
in situ
ont
encouragé et favorisé l’utilisation des
ICE7) par les gestionnaires. De nom-
breuses données sont alors devenues
disponibles pour différentes espèces
et dans des conditions écologiques
aussi variées que celles rencontrées
sur notre territoire national.
… à adapter aux territoires
Il a été également nécessaire d’adap-
ter ces outils aux échelles de gestion
opérationnelles (unité de gestion,
massif, unité bio-géographique…)
pour que les schémas départemen-
taux de gestion cynégétique puissent,
sur ce volet de la gestion des grands
ongulés, s’en inspirer.
Enfin, la composante spatiale est au-
jourd’hui intégrée, afin que les direc-
tives de gestion puissent être adap-
tées aux caractéristiques fines des
écosystèmes : répartition des espèces
et des ressources. Il faut également
intégrer la nouvelle composante re-
posant sur la compétition intra et
inter-spécifique. À titre d’exemple,
l’expansion géographique des po-
pulations de cerfs n’est probable-
ment pas sans effet sur d’autres es-
pèces, tel que le chevreuil. Dans ce
contexte, l’interprétation de certains
ICE ne peut se faire indépendamment
de la présence, ou non, des autres
espèces présentes sur un même ter-
ritoire d’étude. C’est le cas des mas-
sifs montagneux où cerfs, chevreuils,
chamois, mouflons et quelque fois
bouquetins cohabitent sur des sur-
faces restreintes.
L’adoption de ce mode de gestion
nécessite toutefois des conditions de
mise en place rigoureuses, en parti-
culier sur le respect des protocoles.
La première priorité est de bien défi-
nir l’enveloppe géographique à partir
de laquelle les suivis seront organi-
Graphique 1 - Évolution des tableaux de chasse
pour le cerf de 1990 à 2011
Graphique 2 - Tableaux de chasse pour le cerf
en 2011