OBJECTIF CONSEILLER
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FORUMDES CONSEILLERS BRADLEY G.STEIMAN
endant plusieurs années, le
monde de l’investissement a été
divisé en deux philosophies : la
gestion active traditionnelle, qui met
l’accent sur le stock picking ou sur la
synchronisation des marchés, et la ges-
tion passive, qui cherche à saisir le taux
de rendement du marché à un coût
avantageux. La plupart des stratégies
passives visent à calquer leur indice de
référence largement suivi, comme le
S&P 500. Au fil des ans, les termes
«passives» et «indicielles» ont été utili-
sés de façon interchangeable.
Au cours des 30 dernières années,
les stratégies indicielles ont connu du
succès à la fois sur le plan des rende-
ments et sur le plan commercial: le
total des placements effectués dans le
monde avec cette démarche a atteint
près de trois billions de dollars.
Toutefois, de récentes recherches
ont révélé certaines imperfections.
Les indices de référence classiques
ont été conçus comme des tableaux
d’affichage des rendements des mar-
chés, et non comme des modèles pour
les stratégies d’investissement.
Les gestionnaires d’indices sont
souvent jugés sur leur habileté à retra-
cer les erreurs relativement à un
indice, mais, jusqu’à tout récemment,
les coûts relatifs à cette méthode
n’avaient pas été examinés de près.
Comme les révisions d’indices sont
annoncées à l’avance, les gens qui
négocient sur le marché peuvent
devancer, et ils le font, les gestion-
naires d’indices, qui doivent acheter
ou vendre des placements à la date de
reconstitution afin de minimiser les
erreurs de parcours. En d’autres
termes, les résultats des indices sont
biaisés par cet effet à court terme. Les
actions qui entrent dans l’indice mon-
tent généralement avant la date de
reconstitution, et les actions qui quit-
tent l’indice tombent généralement à
ce moment. Les gestionnaires peu-
vent donc obtenir le rendement sur
l’indice, mais l’indice lui-même est
pénalisé par cette situation.
Une autre problématique est ratta-
chée à l’interprétation de l’indice. Les
indices conventionnels sont supposés
être une simple carte routière du com-
portement du marché, utiles pour les
analyses sommaires de la performance
des marchés. Mais les démarches
alternatives offrent l’occasion de défi-
nir avec plus de précision la relation
entre le risque et le rendement d’une
catégorie d’actifs ainsi que les caracté-
ristiques du rendement. Par exemple,
avec les actions de type valeur, une
stratégie misant sur les placements
ayant des caractéristiques valeur bien
définies peut s’avérer plus attrayante
qu’une stratégie qui sépare l’univers
des actions simplement à parts égales
entre la valeur et la croissance.
Une solution
Si les stratégies indicielles ne sont pas
parfaites, cela ne veut pas dire qu’il
faut les abandonner. Pensez plutôt à
les appliquer d’une façon simple basée
sur l’équilibre. Selon cette optique, les
cours des placements varient, alors
que de grandes forces travaillent pour
les limiter à leur valeur intrinsèque. Il
est plus sensé d’exploiter ces forces
avantageusement, plutôt que de subir
les cours ou l’inquiétude associée aux
efforts pour les déjouer.
Mais comment concevoir des stra-
tégies d’investissement en l’absence
d’indices de référence? Une firme
devrait créer ses propres indices pri-
vés et les maintenir secrets. Si on se
base sur la dimension du risque dans
les marchés des capitaux, l’accent mis
sur les caractéristiques d’une catégorie
d’actifs devient plus significatif. Si, par
exemple, l’immobilier est une catégo-
rie d’actifs à part entière, il est tout à
fait pertinent que les placements
immobiliers fassent l’objet d’une stra-
tégie isolée et qu’ils soient supprimés
des stratégies générales. Les investis-
seurs sont alors libres de combiner les
deux catégories d’actifs dans n’im-
porte quelle composition qu’ils jugent
convenable, et ce, avec une plus
grande compréhension des caractéris-
tiques liées au risque et au rendement
de leurs choix reliés au portefeuille.
Une fois qu’une optique d’équilibre
est adoptée, l’attention est portée sur la
détermination des caractéristiques
reliées au risque et au rendement et
sur l’établissement des règles du por-
tefeuille pour saisir les rendements de
la façon la plus sûre possible.
Cette optique implique vraisembla-
blement une plus grande complexité
que la première génération des straté-
gies d’indices, mais elle offre la possi-
bilité de résultats plus satisfaisants à
long terme.
Bradley G. Steiman est directeur
régional de Dimensional Fund Advisors
Canada. Avec l’apport de Weston J.
Wellington, qui fait partie de l’équipe
de chercheurs de la firme.
OC
Philosophie passive
Malgré leurs imperfections,
n’abandonnez surtout pas
les stratégies indicielles.
Pensez plutôt à réviser votre
façon de les appliquer.
P
Bradley G.Steiman