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2. L’APPROCHE GENRE
2.1. Le concept “genre”
2.2. Conférences internationales et ‘genre’
2.3. Illustration des disparités liées au genre
2.4. Politiques de développement et limites relatives au genre
2.5. Plan d’action de la FAO pour traiter les questions de genre
2.1. Le concept “genre”
“L’approche genre” suppose de considérer les différentes opportunités offertes aux hommes et
aux femmes, les rôles qui leur sont assignés socialement et les relations qui existent entre eux.
Il s’agit de composantes fondamentales qui influent sur le processus de développement de la
société et sur l’aboutissement des politiques, des programmes et des projets des organismes
internationaux et nationaux. Le genre est intimement lié à tous les aspects de la vie
économique et sociale, quotidienne et privée des individus et à ceux de la société qui a assigné
à chacun (hommes et femmes) des rôles spécifiques.
Les spécialistes des sciences sociales et ceux du développement utilisent deux termes distincts
pour marquer, entre hommes et femmes, les différences déterminées biologiquement et celles
construites socialement: il s’agit dans le premier cas du mot “sexe”, dans le second cas du
vocable “genre”. Même si les deux termes sont liés aux différences entre les hommes et les
femmes, les notions de “sexe” et de “genre” ont des connotations distinctes.
Le sexe marque les caractéristiques biologiques (permanentes et immuables) des hommes et
des femmes, communes à toutes les sociétés et à toutes les cultures. Le genre, par contre, se
réfère aux caractéristiques qui se sont forgées tout au long de l’histoire des relations sociales.
Les différences de genre sont socialement édifiées et inculquées sur la base de la perception
que les diverses sociétés ont des différences physiques et des présupposés de goûts, tendances
et capacités des hommes et des femmes. Les différences relatives au sexe sont immuables. Par
contre, l’histoire et l’analyse comparative des sociétés ont largement confirmé que les
disparités liées au genre varient selon les cultures et selon les périodes en fonction de
l’évolution de la société.
Les relations de genre sont alors définies comme les mécanismes, particuliers à chaque
culture, qui déterminent les fonctions et les responsabilités assignées aux uns et aux autres.
Par effet, elles déterminent l’accès aux ressources matérielles (terre, crédit, formation, etc.) et
immatérielles telles que le pouvoir. Les implications dans la vie quotidienne sont multiples:
répartition du travail domestique et extra-domestique et des responsabilités familiales, niveau
d’éducation et opportunités de promotion professionnelle, insertion dans les instances du
pouvoir et capacité de négociation et de décision, etc.
2.2. Conférences internationales et ‘genre’
Cela fait plusieurs années que les gouvernements et les organisations de développement
accordent une priorité importante à la problématique de genre lorsqu’ils arrêtent
conjointement leurs orientations stratégiques et conçoivent les politiques. En effet, les
dernières conférences internationales ont toutes inscrit à l’ordre du jour le principe de la parité
entre hommes et femmes en ce qui concerne l’accès et l’allocation des ressources et les
opportunités de promotion économique et sociale. Elles se sont entendues sur la relation
fondamentale qui existe entre développement durable et égalité de genre.
La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), à Rio,
en 1992, a explicitement abordé les aspects de genre dans la plate-forme du Sommet de la
terre: “Action 21”. De même, à la Conférence mondiale sur les droits de l’Homme, à Vienne,
en 1993, les droits des femmes ont été mis en exergue. Il a été réaffirmé que les droits
fondamentaux des femmes et des filles font partie de façon inaliénable, intégrale et
indissociable des droits humains universels. Ce principe a été repris par la Conférence
internationale sur la population et le développement, au Caire, en 1994. La problématique de
genre a été au centre des débats et la promotion du pouvoir des femmes pour un
développement égalitaire a été soulignée: “... l’objectif est de promouvoir l’égalité entre les
sexes dans tous les aspects de la vie de l’être humain, (...), et d’encourager les hommes à faire
preuve du sens des responsabilités dans leur vie sexuelle et leur comportement procréateur et
dans leur vie familiale et sociale...”. Au Sommet mondial sur le développement social à
Copenhague, en 1995, la parité a été l’axe des stratégies retenues pour le développement
social, économique et pour la protection de l’environnement. Enfin, la quatrième Conférence
mondiale sur les femmes à Pékin, en 1995, a insisté sur ces nouvelles options. Elle a fixé un
ordre du jour pour le renforcement du statut des femmes et a adopté une déclaration,
accompagnée d’une plate-forme d’action, visant à éliminer les obstacles à l’égalité entre
hommes et femmes et à garantir la participation active des femmes à toutes les sphères de la
vie. Les gouvernements, la communauté internationale et la société civile, y compris les
organisations non gouvernementales et le secteur privé, ont été sollicités pour trouver des
solutions aux questions critiques identifiées3:
3 Rapport de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, Pékin, 4-15 septembre 1995,
chapitre III: Domaines critiques, point 44, page 23, Nations Unies, A/CONF.177/20.
· la persistance de la pauvreté qui pèse de plus en plus sur les femmes;
· l’accès inégal à l’éducation, la formation et les disparités et insuffisances dans ce domaine;
· l’accès inégal aux soins de santé, aux services sanitaires et les disparités et insuffisances;
· la violence à l’égard des femmes;
· les effets des conflits armés et autres sur les femmes;
· l’inégalité face aux structures et politiques économiques, à toutes formes d’activité de
production et à l’accès aux ressources;
· le partage inégal du pouvoir et des responsabilités de décision à tous les niveaux;
· l’insuffisance des mécanismes de promotion de la femme à tous les niveaux;
· le non-respect des droits fondamentaux des femmes et les carences pour la promotion et la
protection de ces droits;
· les images stéréotypées des femmes et l’inégalité d’accès et de participation à tous les
systèmes de communication, en particulier les médias;
· les disparités entre les hommes et les femmes dans le domaine de la gestion des ressources
naturelles et de la préservation de l’environnement;
· la persistance de la discrimination à l’égard des petites filles et des violations de leurs droits
fondamentaux.
La planification et l’évaluation des programmes de développement ont été débattus et
gouvernements et organismes internationaux ont été priés de promouvoir de façon urgente:
· la recherche et la diffusion d’informations sur les différents domaines d’intérêt relatifs à la
problématique hommes-femmes;
· la production et la vulgarisation de statistiques sensibles aux questions de genre.
A cet égard, des recommandations spécifiques en matière de travail statistique ont été
formulées dans la Plate-forme d’action:
· revoir l’adéquation des systèmes statistiques nationaux pour couvrir les sexospécificités;
· collecter, compiler, analyser et présenter les statistiques ventilées par sexe et par âge et de
façon à refléter la problématique hommes-femmes dans la société;
· publier régulièrement un bulletin statistique sur ces éléments qui soit compréhensible par un
large éventail d’utilisateurs non spécialisés;
· utiliser les données sexospécifiques pour la formulation des politiques et la mise en œuvre
des programmes et des projets.
Les actions suivantes ont été proposées (annexe 1: objectif stratégique H34):
4 Objectif stratégique H3: “Produire et diffuser des données et des informations ventilées par
sexe aux fins de planification et d’évaluation”, op. cit. page 106.
· amélioration de la collecte de données sur la totalité des apports économiques des femmes et
des hommes, notamment par leur participation aux secteurs informels et au travail non
rémunéré (dans l’agriculture, en particulier celle de subsistance et pour les productions non
marchandes) déjà pris en considération dans le système de comptabilité nationale de l’ONU;
· élaboration, dans les instances appropriées, de méthodes d’évaluation quantitative du travail
non rémunéré et non quantifié par les comptabilités nationales (garde des personnes
dépendantes, préparation de la nourriture, etc.) afin de l’intégrer dans les comptes accessoires
ou autres comptes officiels séparés des comptabilités nationales;
· élaboration d’une classification internationale des activités pour établir des statistiques
budget-temps, et pour prendre en compte les différences entre les femmes et les hommes en
matière de travail rémunéré et non-rémunéré, et rassembler des données ventilées par sexe;
· amélioration des évaluations qui, à l’heure actuelle, sous-estiment le chômage et le sous-
emploi des femmes sur le marché du travail;
· amélioration des principes et méthodes de collecte de données concernant l’évaluation de la
pauvreté chez les femmes et les hommes, et leur accès aux ressources;
· appui aux systèmes statistiques de l’état civil et introduction d’analyses sexospécifiques;
· production de données sur la morbidité et l’accès aux soins et aux services de santé;
· établissement de meilleures statistiques, ventilées par sexe et par tranche d’âge sur les
victimes et les auteurs de toutes les formes de violence contre les femmes;
· amélioration des principes et méthodes de collecte de données sur la participation des
femmes et des hommes handicapés, y compris leur accès aux ressources.
2.3. Illustration des disparités liées au genre
2.3.1. Dans le domaine du travail
2.3.2. Dans le domaine de la pauvreté
2.3.3. Dans le domaine de la vie familiale
2.3.4. Dans le domaine de la santé et de la nutrition
2.3.5. Dans le domaine de l’éducation
2.3.6. Dans le domaine de l’environnement
2.3.7. Dans le domaine de la vie publique et des instances de décision
Les fonctions assumées par les femmes et les hommes ainsi que les besoins spécifiques qui en
découlent sont des aspects relevant du concept de genre. Connaître et tenir compte de ces
éléments sont indispensables pour formuler des politiques et des programmes de
développement durable.
2.3.1. Dans le domaine du travail
Dans toutes les sociétés, les hommes et les femmes ont des activités distinctes et ils assument
des responsabilités différentes au sein du ménage. Pour les femmes, production et
reproduction sont deux domaines étroitement imbriqués. Une grande partie de leur travail
n’est pas rétribué même s’il est productif. Les hommes ont toujours eu un rôle mineur dans les
tâches domestiques: ils sont supposés avoir un travail rémunéré à l’extérieur (tout au moins la
société le conçoit ainsi).
Les disparités d’accès aux ressources entre hommes et femmes ont un effet direct sur les
potentialités d’autonomie économique assurant aux femmes et aux personnes qui en
dépendent une meilleure qualité de vie5. De plus, l’accès restreint des femmes aux facteurs de
production agricole, en particulier pour les cultures vivrières, confère de sérieuses limitations
à la productivité de leur travail.
5 Dans les sections A et B de la plate-forme d’action de Pékin, l’accès limité des femmes aux
ressources productives et leur pouvoir restreint dans la prise de décision économique ont été
largement admis comme causes principales de la pauvreté. Le faible accès à la terre et aux
autres intrants agricoles est un des obstacles fondamentaux à une productivité efficace. Cet
aspect a été repris par le Plan d’action pour les femmes dans le développement de la FAO,
1995.
Dans les secteurs non-agricoles, l’emploi est le plus souvent discriminatoire à l’égard des
femmes, que ce soit par la nature des travaux, la catégorie professionnelle ou les potentialités
d’avancement professionnel. Depuis plus de vingt ans et dans toutes les régions du monde, les
femmes ont de plus en plus investi le marché du travail. Pourtant, elles continuent à occuper
des fonctions moindres, à percevoir des salaires plus bas et à avoir moins d’opportunités de
promotion6.
6 Nations Unies, The World’s Women 1995: Trends and Statistics. Sale numéro E.95.XVII.2,
New York, 1995
En plus des a priori sexistes, les femmes sont également obligées de concilier leur rôle de
femme au foyer avec celui d’agent économique productif. La durée et l’organisation de leur
journée de travail, l’évolution de leur carrière professionnelle7 et le niveau de leur salaire s’en
ressentent. En résumé, les possibilités et le champ du travail sont plus limités pour les femmes
que pour les hommes, auxquels s’ajoute une rémunération inférieure à fonction égale.
7 L’organisation internationale du travail (OIT ou bureau international du travail BIT) a
adopté en 1993 l’appellation “situation dans le travail” à la classification qui, en anglais, est
dénommée “status”. En français, l’anglicisme “statut” s’utilise parfois ou les expressions
“occupation”, “catégorie de travail”, etc.
2.3.2. Dans le domaine de la pauvreté
La pauvreté se caractérise par la précarité des revenus, voire même l’absence de revenus,
associée à un accès très restreint aux ressources productives indispensables pour garantir des
conditions de vie durables. Elle est synonyme de faim, de malnutrition, de mauvaise santé, de
mortalité et de morbidité élevées, d’instruction insuffisante, d’habitat précaire et malsain.
Les études ont démontré que la pauvreté se féminise: au cours de la décennie 1970-1980, le
nombre de femmes qui vivaient au-dessous du seuil de pauvreté a augmenté davantage que
celui des hommes. En 1988, il était estimé que 60% des pauvres étaient des femmes8. En plus
des discriminations sexistes dans le secteur de l’emploi, d’autres facteurs sont à l’origine de
ce phénomène: restructuration économique mise en oeuvre dans les pays en développement,
réductions budgétaires effectuées par les gouvernements et autres mesures liées à l’adoption
des modèles économiques néo-libéraux. Les femmes ont subi, beaucoup plus cruellement que
les hommes, la réduction des postes de travail de la fonction publique et des services et
avantages sociaux. La désintégration des systèmes d’assistance a accru la charge de travail
des femmes. Les soins aux enfants, aux anciens, aux malades et aux handicapés, assurés
auparavant en partie par les services sociaux, ont alors échu totalement aux femmes. Elles
doivent, non seulement parer à cette défaillance, mais gérer leurs faibles ressources. Cette
féminisation de la pauvreté est encore plus tangible pour les femmes chefs de famille. Dans
un ménage dirigé par un homme, les apports se complètent: l’homme participe au bien-être de
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