5 Dans les sections A et B de la plate-forme d’action de Pékin, l’accès limité des femmes aux
ressources productives et leur pouvoir restreint dans la prise de décision économique ont été
largement admis comme causes principales de la pauvreté. Le faible accès à la terre et aux
autres intrants agricoles est un des obstacles fondamentaux à une productivité efficace. Cet
aspect a été repris par le Plan d’action pour les femmes dans le développement de la FAO,
1995.
Dans les secteurs non-agricoles, l’emploi est le plus souvent discriminatoire à l’égard des
femmes, que ce soit par la nature des travaux, la catégorie professionnelle ou les potentialités
d’avancement professionnel. Depuis plus de vingt ans et dans toutes les régions du monde, les
femmes ont de plus en plus investi le marché du travail. Pourtant, elles continuent à occuper
des fonctions moindres, à percevoir des salaires plus bas et à avoir moins d’opportunités de
promotion6.
6 Nations Unies, The World’s Women 1995: Trends and Statistics. Sale numéro E.95.XVII.2,
New York, 1995
En plus des a priori sexistes, les femmes sont également obligées de concilier leur rôle de
femme au foyer avec celui d’agent économique productif. La durée et l’organisation de leur
journée de travail, l’évolution de leur carrière professionnelle7 et le niveau de leur salaire s’en
ressentent. En résumé, les possibilités et le champ du travail sont plus limités pour les femmes
que pour les hommes, auxquels s’ajoute une rémunération inférieure à fonction égale.
7 L’organisation internationale du travail (OIT ou bureau international du travail BIT) a
adopté en 1993 l’appellation “situation dans le travail” à la classification qui, en anglais, est
dénommée “status”. En français, l’anglicisme “statut” s’utilise parfois ou les expressions
“occupation”, “catégorie de travail”, etc.
2.3.2. Dans le domaine de la pauvreté
La pauvreté se caractérise par la précarité des revenus, voire même l’absence de revenus,
associée à un accès très restreint aux ressources productives indispensables pour garantir des
conditions de vie durables. Elle est synonyme de faim, de malnutrition, de mauvaise santé, de
mortalité et de morbidité élevées, d’instruction insuffisante, d’habitat précaire et malsain.
Les études ont démontré que la pauvreté se féminise: au cours de la décennie 1970-1980, le
nombre de femmes qui vivaient au-dessous du seuil de pauvreté a augmenté davantage que
celui des hommes. En 1988, il était estimé que 60% des pauvres étaient des femmes8. En plus
des discriminations sexistes dans le secteur de l’emploi, d’autres facteurs sont à l’origine de
ce phénomène: restructuration économique mise en oeuvre dans les pays en développement,
réductions budgétaires effectuées par les gouvernements et autres mesures liées à l’adoption
des modèles économiques néo-libéraux. Les femmes ont subi, beaucoup plus cruellement que
les hommes, la réduction des postes de travail de la fonction publique et des services et
avantages sociaux. La désintégration des systèmes d’assistance a accru la charge de travail
des femmes. Les soins aux enfants, aux anciens, aux malades et aux handicapés, assurés
auparavant en partie par les services sociaux, ont alors échu totalement aux femmes. Elles
doivent, non seulement parer à cette défaillance, mais gérer leurs faibles ressources. Cette
féminisation de la pauvreté est encore plus tangible pour les femmes chefs de famille. Dans
un ménage dirigé par un homme, les apports se complètent: l’homme participe au bien-être de