Scène d l vi ordinair :
Marie se rend avec Hélène au marché...
Les voilà devant l’étal de Sophie.
Dialogue Inspiré des 13 doléances pour l’accès
de tous et de toutes à une alimentation de
qualité produite par des paysannes et des pay-
sans qui vivent de leur travail et pratiquent une
agriculture paysanne.
Toute ressemblance avec les personnes pré-
sentées est fortement recommandée!
M Tiens regarde les belles carottes, je vais en
prendre… et un chou aussi, c’est la saison…
H T’achètes des légumes bio, mais c’est su-
per cher!
M Non pas du tout… En vente directe, les prix
sont très raisonnables, pas d’intermédiaire,
pas d’emballages, pas de pub... Moi, j’achète
le plus possible mes légumes ici, avec Sophie…
Je sais où ils sont cultivés, ils ne sont pas trai-
tés, ils n’ont pas voyagé à travers toute l’Eu-
rope en camion et ce sont des produits de
saison…
H Oui mais ce n’est pas possible pour tout le
monde! Sophie ne pourra pas nourrir toute la
ville...
M Sophie non! Mais si la filière s’organise, si!
Par exemple, en commançant par nourrir les
enfants qui vont à la cantine scolaire.
Tu sais que je suis à l’association de parents
d’élèves? Eh bien on a convaincu la mairie
d’acheter le plus possible de produits locaux
et bios. C’est important pour la santé des en-
fants quand on commence à découvrir tous les
effets des pesticides... Bonjour Sophie, ça va?
S Oui très bien! Je t’entendais parler de la
cantine... J’ai justement livré des épinards
hier. Bien cuisinés, les enfants en ont redé-
couvert le goût!
M Super! Au fait depuis combien de temps tu
es installée?
S Depuis 5 ans… J’ai pu acheter des terres
par l’intermédiaire des actionnaires de mon
Groupement Foncier Agricole. Cela m’a permis
de ne pas trop m’endetter... Je sais aussi que
certaines mairies sont très attentives à la pré-
servation des espaces agricoles. Cela permet
à des jeunes de s’installer plutôt qu’agrandir
sans cesse les grosses exploitations ou d’éta-
ler les villes tous azimut. Cela permet aussi de
nourrir ses propres voisins.
H Je ne savais pas... Mais les bananes vous ne
pourrez pas les produire sur place!
S Non, bien sûr, et le café non plus ! Les
échanges sont nécessaires… mais ce qui pose
problème c’est le libre-échange, cela pousse
à produire partout à bas coût, de façon in-
dustrielle. La viande de nos éleveurs sera mise
en concurrence avec la production OGM des
fermes géantes du Canada.
Et à l’inverse, si l’Europe vend en Afrique de
l’Ouest nos poulets subventionnés, comment
voulez-vous que le paysan africain vende sa
production localement à un juste prix?
H C’est quand même un comble de ne pas
pouvoir vivre en nourrissant les autres!
M Oui, c’est pour ça que des villes, des élus,
des citoyens s’engagent contre les traités de
libre-échange… L’agriculture vivrière nourrit
pourtant les 2/3 de la population mondiale et
en orientant la recherche agronomique vers
l’agro-écologie, de grosses marges de produc-
tion sont possibles…
H Mais alors, si on se mobilise tous, on pour-
rait faire évoluer les choses…
M Oui, de plein de façons. J’ai une amie dans
une association de consommateurs, qui de-
mande une meilleure transparence affichée
sur l’origine et les qualités nutritionnelles...
H D’accord, et bien je sais maintenant qu’on
peut tous agir! Notre ticket de caisse peut être
un bulletin de vote… en achetant local, bio,
paysan, on façonne aussi notre monde!