Cours Histoire CRPE

publicité
Cours d'Histoire pour
concours CRPE
Le monde celtique ................................................................................ 2
Romanisation de la Gaule..................................................................... 3
La christianisation du monde Gallo-Romain ......................................... 5
Naissance de la France : un Etat royal, une capitale, une langue ......... 7
L’Europe des abbayes et des cathédrales ........................................... 12
L'Islam ............................................................................................... 17
Le temps des découvertes et des conquêtes ...................................... 20
La Renaissance .................................................................................. 22
La monarchie absolue en France ........................................................ 25
Le mouvement des Lumières, la Révolution française, le Premier
Empire ............................................................................................... 28
Expansion industrielle et urbaine en Europe, Colonisation ................. 31
Naissance de la République................................................................ 34
La planète en guerre : l'extrême violence du XXème siècle ................ 37
La Vème République........................................................................... 41
La société en France........................................................................... 44
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
1
Le monde celtique
La France n'est pas la Gaule. Celle-ci n'a jamais existé dans l'antiquité que par l'invention de Jules
César, alors général romain. La Gaule, en effet, n'est qu'une entité purement géographique créée à
posteriori par César pour justifier le cadre de sa conquête. La Gaule n'est pas plus l'ancêtre de la France
que les Gaulois ne sont les nôtres. Ces celtes, que les romains appelaient Gaulois, furent érigés par l'école
de la IIIème république au rang d'ancêtres des Français : "nos ancêtres les Gaulois…"
Les Celtes ne connaissent pas l'écriture. C'est un choix volontaire qui fit refuser l'emploi de l'écrit
pour tout ce qui concernait le domaine du sacré, alors très vaste. La mythologie, la médecine, les annales
historiques étaient transmissent oralement par les druides. Il ne s'agit donc pas d'un retard culturel mais
d'un parti pris délibéré.
Les sources écrites concernant les Celtes émanent d'auteurs grecs et romains, tels que Hécatée de Millet
et Hérodote (Vème av.). C'est par César dans la Guerre des Gaules que l'on connaît surtout la Gaule.
Les celtes en Gaule
Une nouvelle civilisation s'implante en Gaule au IXè et VIIIè siècles, les tombes sous tumulus qui la
caractérisent font apparaître une hiérarchie sociale dominée par des guerriers à cheval qui semblent jouir
de beaucoup de richesses. Les guerriers sont désormais inhumés avec leurs parures en or, des services à
boisson, et surtout avec de longues épées en lames de bronze, puis de fer. Cette civilisation du 1er age du
fer, du milieu du VIIIè à la fin du VIème siècle, est dite de Hallstatt.
De petites principautés princières se forment alors progressivement, qui s'organisent autour de sites
fortifiés matérialisant l'importance de la nouvelle aristocratie.
Une grande vague d'immigration celtique a lieu lors du second age du fer, ou époque de la Tène. Ces
mouvements ne se limitent pas à la Gaule les migrations celtes se déclinant à l'échelle européenne. Au
début du IVème siècle, les Celtes devenus conquérants se répandent au-delà des Alpes, et s'installent
durablement au nord de la péninsule italienne qui devient la Gaule cisalpine. Aux alentour de 390, ceux
que les Romains appellent Gaulois prennent Rome. En 335, ils rencontrent Alexandre le Grand dont la
renommée ne les impressionne pas.
La société celtique
Une nouvelle société se met en place en Gaule, qui repose maintenant sur l'agriculture et l'élevage. La
plupart des outils en fer utilisés par les agriculteurs jusqu'au XIXème siècle apparaissent à cette période.
Le pays est riche, et ses productions variées. La population, difficile à estimer, atteint probablement 10
ou 15 millions d'habitants à la veille de la conquête de César.
Les Gaulois ne forment pas une nation, mais sont divisés en une soixantaine d'états souverains. Chaque
peuple a sur son territoire une enceinte fortifiée, ou oppidum, qui en est l'agglomération principale et le
centre du pouvoir politique. Les formes d'autorité sont multiples, du chef héréditaire au conseil des
notables. Le régime de la société est toujours aristocratique, les grands propriétaires dominant la masse
du peuple.
La religion celtique
De la religion gauloise, nous savons très peu de chose. Les sources archéologiques sont d'interprétation
difficile, et la principale source écrite est Jules César, qui nous donne son interprétation personnelle de
cultes qu'il connaît mal.
La société celte était dominée par les croyances religieuses. Les druides faisaient partie de l'élite
intellectuelle. Ils étaient à la fois prêtre, avocat, médecin, enseignant et prophète. Le druide sert
d'intermédiaire entre les dieux et les hommes. Il possède l'autorité spirituelle et est le seul à être
détenteur du savoir, de la connaissance et de toutes autres activités intellectuelles et religieuses. Ces
druides seront interdits par le gouvernement romain dès le Ier siècle après.
Les dieux du panthéon celte manifestaient les forces de la nature. Lug "le lumineux", dieu solaire,
était le plus important. Teutatès, "le père de la tribu", était associé à la fonction guerrière.
Seule leur incapacité à s'unir et à constituer une entité politique unique a permis à Rome de vaincre
les Celtes.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
2
Romanisation de la Gaule
Il convient d’analyser comment les Romains ont conquis et annexé les territoires gaulois ;
comment la présence romaine en Gaule a contribué à intégrer ce territoire dans l’Empire en façonnant
une civilisation « gallo-romaine ». Il s’agit d’analyser l’empreinte durable laissée par les Romains en
Gaule, à partir de la conquête de Jules César.
L’intégration de la Gaule au monde Romain
Le processus de romanisation ne peut se réduire à une conquête militaire et encore moins à la
Guerre des Gaules. La romanisation de la Gaule fut en effet lente, progressive, et le plus souvent
pacifique. Elle connut une accélération certaine à partir de la création de la province romaine de
Transalpine en 125-122 av. JC.
Le sud de la Gaule, pour sa part, était entré dans l’orbite grecque autour de l’an 600 avec la
fondation de Marseille (Massalia) par des colons originaires de Phocée. Marseille devint rapidement la
place commerciale essentielle de la Gaule du Sud dont le dynamisme se fit sentir dans la vallée du Rhône
à partir du IVème siècle.
La Gaule centrale fut en fait conquise par le commerce bien avant l’époque de César. A partir du
IIIème siècle, certains peuples se mirent à battre monnaie d’or à l’imitation de celle de Philippe II de
Macédoine. Le commerce y est très important, la Gaule importait de l’huile, mais surtout du vin, en
échange de salaisons, de cuir, de bétails et surtout d’esclaves. La Gaule est alors une région prospère et
ouverte sur le monde extérieur.
Dès la fin du IIIème siècle, avec l’installation de Rome dans la péninsule Ibérique, la Gaule du sud
avait pris une dimension nouvelle en devenant un axe de circulation essentiel. Une voie romaine est
construite (via Domitia), et Narbonne devient colonie romaine en 118 av, les romains créent alors la
province de Gaule transalpine.
La Guerre des Gaules
Cette conquête est décrite dans le détail par Jules César dans le commentaire de la Guerre des
Gaules. Il s’agit d’un document qui raconte dans un récit continu les opérations militaires menées alors.
Sans aucun doute, ce livre apparaît comme un ouvrage de propagande à la gloire de son auteur, et même
s’il doit être lu avec esprit critique, il n’en demeure pas moins un témoignage irremplaçable pour
comprendre.
En 58 av, le Sénat donne à Jules César les pouvoirs militaires en Gaule, il est alors gouverneur de
la Transalpine. La même année, il intervient dans des querelles qui divisent les peuples gaulois, à la
demande des Eduens attaqués par les Germains. Il se pose en protecteur des peuples alliés pour intervenir
militairement. Les romains étaient intéressés par les richesses agricoles et forestières de la Gaule, et
César souhaitait conquérir la Gaule pour affiner son pouvoir à Rome. Suite à son intervention, il choisi
alors de laisser désormais son armée cantonner en Gaule, ce qui provoqua un cycle de révoltes durement
réprimées. En 52 av, les chefs gaulois décident de s’unir sous la direction de Vercingétorix et de se
soulever contre les Romains. Vercingétorix inflige d’abord un grave échec à César devant Gergovie en
52av, et rejoint ensuite Alésia. César assiège la ville pendant 2 mois et finalement, Vercingétorix se rend.
Le mythe Vercingétorix fut bâti par Plutarque deux siècles plus tard, afin de magnifier la vie d’un
« homme illustre » et repris par les historiens du XIXème siècle pour faire de lui un héros bienveillant
incarnant la courageuse résistance gauloise.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
3
Le monde Gallo-Romain
Les deux civilisations se mêlent peu à peu, puis fusionnent. De cette fusion est née une civilisation
originale que nous appelons gallo-romaine.
Si l’on excepte quelques révoltes sporadiques, l’assimilation de la Gaule au monde romain se fit
sans heurts majeurs. Cela passa d’abord par une organisation administrative : la Gaule chevelue des
soixante cités (qu’on appelait désormais Les Trois Gaules) fut divisée en trois provinces : l’Aquitaine, la
Lyonnaise et la Belgique. La transalpine, enfin, devint la Narbonnaise, province sénatoriale qui avait à sa
tête un proconsul, les Trois Gaules étant gouvernées par des légats de l’empereur.
Devenue langue officielle, la langue latine se diffuse largement. Un brassage des populations
s’opère à la faveur des déplacements de troupes et de négociants. A la fin de leur service militaire, les
soldats acquièrent un lot de terre dans les nouvelles provinces conquises et beaucoup s’installent alors sur
leurs domaines. On peut effectivement devenir citoyen romain en servant 25 ans dans l’armée.
Le processus de romanisation était avant tout un processus d’urbanisation. Les oppida se
transformèrent en véritables villes dont les notables s’intégrèrent au jeu politique romain en accédant à
la citoyenneté. 3 statuts de cités : les cités pérégrines, les cités de droit latin (même droits civils, mais
pas politiques), et les cités de droit romain. Il faut attendre 212 et l’édit de Caracalla pour que tous les
habitants de l’Empire, et donc de la Gaule, deviennent des citoyens romains.
Les cités étaient dirigées par des magistrats et avaient des institutions calquées sur le modèle
romain. Peu à peu les villes se couvrirent de monuments publics : temples, cirques, théâtres,
amphithéâtres, thermes, aqueduc témoignent d’une romanisation des modes de vie et de la mise en
place d’une nouvelle sociabilité urbaine qui s’organisait autour du forum, cœur de la vie publique. Ces
villes étaient reliées entre elles par un important réseau routier qui rayonnait dans toutes les directions à
partir de Lyon, fondé en 43 av. Auguste en fit la capitale des Trois Gaules en 12 av.
De plus, le culte impérial est un profond facteur d’intégration et un vecteur important de
romanisation. Il permet de mesurer la loyauté e l’unité des populations de l’Empire. Il en fut de même de
la religion en général, les dieux gaulois étant rapidement assimilés à des divinités romaines.
Tout s’effondra au début du Vème siècle avec la rupture du fragile équilibre qui s’était établi
entre les Romains et les Germains : en 406, les peuples germaniques franchirent le Rhin et ravagèrent la
Gaule. La Gaule romaine avait vécu.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
4
La christianisation du monde Gallo-Romain
Le christianisme
Jésus est probablement né vers -6 et sans doute mort vers +30. Sa prédication, commencée vers
27-28, n'aura duré que 2 ans.
Les sources dont nous disposons sont partielles et partiales. Citons les Evangiles. Ce sont des récits en
langue grecque dont 4, ceux de Matthieu, Marc, Luc, et Jean furent retenus par l’Eglise. Ils n’ont pas pour
objet d’être des biographies du Christ, mais de mettre en lumière certains de ses faits et gestes relus dans
une perspective d’évangélisation.
Le christianisme est une religion d'amour des autres et de fraternité universelle. C'est sa vocation
à l'universalité qui en fait le succès et explique son triomphe. Elle se caractérise par la croyance en un
dieu unique et en l'immortalité de l'âme. Héritant de la religion juive et des préceptes de la Bible, elle
commande de s'aimer les uns les autres.
La diffusion du christianisme dans le monde romain
L’histoire du christianisme s’inscrit d’emblée dans celle de l’Empire romain. Jésus est né dans
une colonie romaine, et c’est une peine romaine, la crucifixion, qui lui fut infligée par Ponce Pilate. Elle
s’inscrit aussi dans l’histoire juive, puisque Jésus, ses disciples et ses apôtres étaient tous juifs.
Le christianisme, qui n’était à l’origine qu’une des formes du judaïsme, se sépara clairement de
celui-ci après la destruction du Temple par les Romains en 70.
Les premières communautés chrétiennes se constituèrent progressivement sur les rives de la
Méditerranée. Pourtant, à l’inverse de l’idée communément admise par les Eglises chrétiennes actuelles,
la diffusion du christianisme fut lente et modérée. Importance de Paul dans la diffusion de la nouvelle
religion. Il se convertit en 38 et meurt à Rome en 67 pendant les persécutions. Paul est celui par qui le
christianisme sort du milieu juif palestinien et pénètre le monde romain.
On a probablement exagéré les persécutions dont furent victimes les chrétiens. Si persécutions il
y eut à cette époque, ce ne fut pas tant pour des motifs religieux que pour des motifs politiques, le refus
des chrétiens de participer au culte impérial étant vécu comme une rupture de la concorde civique.
Pendant 2 siècles, le christianisme est probablement resté dans l’Empire à l’état d’une secte
minoritaire. Il s’est au contraire répandu partout au IIIe siècle. Il est désormais acquis que la diffusion
massive du christianisme dans l’Empire romain est la conséquence et non la cause de la conversion de
l’empereur Constantin en 312. Elle ne s’explique donc que par le caractère de religion d’Etat qui fut
progressivement accordé à la religion chrétienne. Celle-ci ne s’est pas imposée par ses vertus et sa
supériorité naturelle mais par la séduction et la puissance de coercition du pouvoir impérial.
La conversion de Constantin est ainsi un moment majeur de la diffusion du christianisme dans le
monde romain. L’édit de Milan, promulgué en 313, accorda « aux chrétiens et à tous la faculté de suivre
librement leur religion préférée ».
En 325, Constantin réunit le Concile de Nicée. Avec ce premier concile, l'Église commence à se doter
d'une organisation centralisée fondée sur une stricte hiérarchie du clergé. ( Fixation du credo,
affirmation des croyances, confirmation de la Trinité)
En 391, l’empereur Théodose proclame le christianisme religion officielle de l’Empire romain et
interdit toute manifestation du paganisme. A leur tour, les chrétiens se font persécuteurs en combattant
les traditions païennes, en détruisant les temples et en pourchassant les hérétiques. Les petites
communautés indépendantes de croyants du 1er siècle qui s’appelaient elles-mêmes Eglises donnèrent
ainsi naissance à une Eglise officielle qui lia définitivement son sort à celui du pouvoir politique. La
structure de l’Eglise se calqua sur celle de l’Empire. L’Eglise y gagna en puissance mais y perdit en
indépendance.
Mais dès le Vème siècle, l'Empire, affaibli et divisé, est menacé par l'arrivée massive des
Barbares. Les chrétiens s'organisent de plus en plus en marge des structures politiques de l'Empire. La
papauté se met réellement à exister. Rome apparaît désormais comme le centre de la chrétienté. Les
dogmes sont définitivement fixés et surtout des règles précisent s'imposent à toutes les communautés,
avec l'institution d'une hiérarchie qui établit pour longtemps le fonctionnement du clergé.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
5
La christianisation de la Gaule
Comme dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, le christianisme pénétra en Gaule par
les colonies grecques et syriennes qui s’installèrent à Lyon. L’Eglise de Lyon fut probablement fondée au
milieu du IIe siècle. En 177, sous le règne de l’empereur Marc Aurèle, elle fut victime d’une sévère
persécution. Elle eut pour origine le refus des chrétiens de s’associer au culte de Rome et d’Auguste.
Universelle et exclusive, la religion chrétienne ne pouvait s’accommoder du culte impérial. Les chrétiens
apparaissaient alors comme des ennemis de l’Etat. Se dissocier du culte civique, c’était se mettre au ban
de l’Empire et se livrer à la vindicte populaire.
Le premier document à donner une image synthétique du christianisme en Gaule émane du
concile tenu à Arles en 314. Seize communautés chrétiennes étaient alors attestées, pour la plupart à
l’Est et dans la vallée du Rhône. Seules quelques villes étaient touchées par la nouvelle religion. Les
paysans habitant la campagne restaient attachés aux cultes anciens.
L’apôtre de Gaule fut finalement saint Martin (vers 316-397) dont la Vie fut écrite avant même sa mort
par Sulpice Sévère, ce qui en fait l’un des rares évêques du 4e siècle sur lequel on dispose d’une
documentation abondante. Il introduisit l’érémitisme occidental en Gaule en fondant les abbayes de
Ligugé en 360 et de Marmoutier en 372. Il évangélisa inlassablement les campagnes. Mais il est probable
que les campagnes gauloises aient été encore majoritairement païennes au début du Ve siècle.
L’Eglise gauloise fut donc une église tardive qui ne s’installa solidement qu’aux IVe et Ve siècles,
au moment où le pouvoir romain avait perdu tout contrôle sur les campagnes.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
6
Naissance de la France : un Etat royal, une
capitale, une langue
Il convient d'abord de caractériser la royauté des Capétiens puis des Valois : ses liens étroits avec
l'Eglise, son rôle militaire et sa fonction judiciaire. Il convient ensuite d'étudier la mainmise progressive de
la monarchie sur l'ensemble du royaume grâce à l'institution d'une administration centrale et provinciale.
Paris devient capitale du royaume, tandis que l'usage du français se répand. La guerre de Cent Ans conduit
paradoxalement au renforcement de l'Etat royal avec la création d'une armée permanente et des impôts
royaux, elle contribue surtout à l'affirmation d'un sentiment national.
La monarchie franque
A la fin du 4e siècle, après la mort de Théodose, en 395, et la séparation définitive de l'empire
romain entre une entité orientale et une entité occidentale, la «pax romana» n'est plus qu'un souvenir.
Hiver 406 : l’Empire romain d’Occident est envahi par les Germains et fractionné en royaumes
barbares. Parmi ces royaumes, celui des Francs, de première importance. Clovis en hérite en 481.
Vers 496, il se convertit au christianisme et est baptisé à Reims par l’évêque Remi.
La conversion de Clovis entraîne celle de son peuple. Avec Clovis, fondateur de la 1ère monarchie
française, la Gaule devient mérovingienne et tous les habitants du royaume deviennent "Francs".
Les successeurs de Clovis, les Mérovingiens, maintiennent cette alliance avec l’Eglise et fondent
des monastères où les moines vivent en communauté selon la règle édictée par saint Benoît vers 530.
Ils perdent cependant peu à peu tout pouvoir du fait des luttes incessantes et des partages successifs du
royaume. Les Francs ont en effet une conception patrimoniale de la royauté qui implique qu’à la mort du
souverain, son héritage soit partagé entre ses fils.
A la fin du règne de Dagobert, le pouvoir est progressivement contrôlé par de riches familles
aristocratiques franques qui, via leur rôle de "Maire du Palais" (placés à la tête de l’armée et de
l’administration), vont tenir les rênes de l'état. L’un d’eux, Charles Martel, qui jouit d’un grand prestige
après avoir arrêté les Arabes à Poitiers en 732, devient le véritable maître du royaume.
Le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, s’empare de la couronne avec l’accord du Pape qui le sacre roi
des Francs en 754. C’est le début de la dynastie carolingienne. A la mort de Pépin le Bref en 768, son fils
Charlemagne lui succède.
Charlemagne
Il renforce la puissance des Francs dont il étend le royaume et diffuse le christianisme en
Germanie. Dans ce but, il organise chaque année une expédition militaire qu’il dirige en personne. Tous
les hommes libres du royaume doivent le service armé.
Les victoires de Charlemagne aboutissent à la création d'un vaste empire européen qui nécessite
une administration plus complexe que la traditionnelle administration franque : il va ainsi faire
évoluer l'administration en place
La civilisation médiévale se constitue en Occident autour d’un triple héritage : romain,
germanique et chrétien.
A la Noël de l’an 800, le pape couronne Charlemagne empereur d’Occident. Celui-ci établit sa
résidence permanente à Aix-la-Chapelle. Il y fait construire un vaste palais et y installe son
administration, son trésor ainsi qu'une bibliothèque.
L’empire carolingien est découpé en comtés. A leur tête, les comtes représentent l’empereur,
perçoivent les impôts, rendent la justice et lèvent l’armée. Ils prêtent serment de fidélité à l’empereur
et sont contrôlés par les missi dominici, «envoyés du maître », qui vont toujours par deux (un comte et
un évêque) et informent Charlemagne de l’état du royaume.
Fin de l’unité de l’Empire
Avant même la mort de Charlemagne, l’unité de l’empire est menacée. Les comtes échappent à
l’autorité de l’empereur et la sécurité extérieure est mise en danger par le retour des invasions.
En 814, Louis le Pieux succède à son père mais ses fils se livrent une guerre fratricide. A la mort de
Louis en 840, la guerre reprend de plus belle entre l’aîné Lothaire, Louis le Germanique et Charles le
Chauve. En 843, l’empire est partagé par le traité de Verdun.
La monarchie connaît un tel affaiblissement que la majeure partie du royaume est donnée à des ducs
ou à des comtes qui acquièrent une véritable autonomie sur leurs terres et les transmettent à leurs
descendants. De fait, ces grands seigneurs s'affranchissent de l'autorité royale et exercent localement les
droits régaliens. A la même époque commence une nouvelle vague d’invasions. La lignée carolingienne
est contestée.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
7
La monarchie capétienne
Une nouvelle famille, celle des Capétiens, s’installe au pouvoir avec l’élection d’Hugues Capet à la
tête du royaume en 987. Le pouvoir des rois de France repose initialement sur une alliance avec l'Eglise,
symbolisée par le baptême de Clovis à Reims. Cette alliance est renouvelée quand Pépin le Bref et
Charlemagne sauvent le pape des Lombards et lui permettent de constituer les Etats de l'Eglise. Les rois
de France sont donc les défenseurs naturels de la papauté.
Afin d'assurer une monarchie stable, la 1ère préoccupation d'Hugues Capet fut de fonder une dynastie
héréditaire. Jusqu'au début du XIIIème siècle, les rois prennent la précaution de faire sacrer leur fils
aînés alors qu'ils sont encore sur le trône, associer du vivant du roi le fils aîné au trône.
De nouvelles relations entre les hommes vont apparaître, donnant ainsi naissance à la féodalité.
Règles vassaliques : le vassal doit à son seigneur : assistance militaire, service de conseil et aide
financière (participation pour la rançon si le seigneur est fait prisonnier, lors du mariage de sa fille aînée,
lors de l'adoubement de son fils aîné et lorsqu'il part en croisade).
Au lieu d'appartenir au roi, le pouvoir est morcelé aux mains de puissants seigneurs qui lèvent des
impôts, font la guerre ou rendent la justice eux-mêmes dans leur fief. La France est ainsi un puzzle de
seigneuries.
Cependant, Le roi dispose d'un atout majeur qui lui donne de l'autorité sur les autres seigneurs qui
sont bien souvent plus puissants que lui : il est couronné et sacré par un évêque, et est ainsi reconnu
comme roi de droit divin. Ce sacre religieux lui assure un pouvoir qui le distingue de ses vassaux et lui
garantit un prestige incomparable.
1ère croisade en 1096 : Jérusalem a été prise par les Fatimides en 996. Le Saint Sépulcre est détruit et
l’arrivée des Turcs musulmans en 1078 bouleverse encore cet équilibre précaire. Face à la gravité de la
situation en Terre Sainte, région devenue quasiment inaccessible aux pèlerins, le Pape Urbain II réunit un
concile à Clermont en 1095 et invite les chevaliers à aller libérer le tombeau du Christ en leur
promettant une place au Paradis. La croisade est donc un pèlerinage en armes, qui se donne pour but la
délivrance du Saint Sépulcre.
Echec de la 2ème croisade (1147 – 1149) : Profitant des rivalités au sein du royaume de Jérusalem, les
turcs envahissent le comté d'Edesse en 1144. A la demande de Louis VII, le pape Eugène III prêche cette
2ème croisade en 1145 ou 1146. Cette dernière ne rencontre pas l'enthousiasme de la 1ère croisade.
L'expédition est un échec total.
Au XIIème siècle, Louis VI (1108-1137), en butte aux révoltes de petits seigneurs assiège leurs
châteaux qu'il démantèle, et met fin à leur indépendance. A sa mort, le domaine royal, agrandi, est d'un
seul tenant. Louis VII (1137-1180) épouse Aliénor d'Aquitaine, héritière du quart sud-ouest du royaume,
et il installe ainsi pour la première fois l'autorité du roi dans le Midi. Ce rattachement est de courte
durée : le couple royal se sépare, Aliénor épouse Henri II Plantagenêt qui devenu roi d'Angleterre, tient
par sa femme ou par héritage toute la moitié ouest de la France.
Philippe Auguste (1180 – 1223)
A partir de 1180, Philippe Auguste succède à son père Louis VII : il n'a que 15 ans et est encerclé
de principautés théoriquement vassales mais en réalité indépendantes et arrogantes vis à vis du pouvoir
royal. Il va se consacrer en priorité à affirmer son pouvoir en agrandissant son royaume. Il lutte contre
les rois d'Angleterre, Henri II et ses fils Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, en exigeant la stricte
application du droit féodal.
1202 : Philippe Auguste fait condamner Jean Sans Terre à la saisie de ses fiefs français. Il s’empare
ainsi de l’Anjou, du Maine et de la Touraine et envahit la Normandie.
24 juillet 1214 : Bataille de Bouvines emportée par les chevaliers français. Par ses victoires, l'autorité
et la puissance de Philippe Auguste en sortent renforcées et l'unité du pays s'affirme.
Echec de la 3ème croisade : 1190 : Les rois Philippe Auguste, Richard Coeur de Lion et l'empereur
d'Allemagne Frédéric Barberousse rassemblent leurs contingents à Vézelay et font le "votum crusis"
(voeu de croisade). Pour la première fois les armées française et anglaise arrivent par la mer. Suivant la
vallée du Danube, l'empereur d'Allemagne Frédéric Barberousse se noie en traversant une rivière en Asie
Mineure et son armée se disloque : il ne reste donc en lice plus que les armées française et anglaise pour
poursuivre cette croisade. La mésentente entre les souverains ne tarde pas à être préjudiciable à
l'efficacité de l'expédition. Philippe Auguste rentre en France en 1191, Richard Coeur de Lion négocie
en 1192 avec Saladin le traité de Jaffa. Mais est fait prisonnier sur le chemin du retour et ne sera libéré
qu'en 1194.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
8
Louis IX : Saint Louis (1226 – 1270)
Louis IX renforce les acquisitions de Philippe Auguste; grâce à lui, l'autorité royale progresse dans
le Sud-est, il contribue à la répression contre l'hérésie cathare et en profite pour parachever la conquête
du comté de Toulouse. C'en est fini des libertés des pays de langue d'Oc : le Midi se trouve définitivement
placé sous l'autorité royale et le Nord lui impose sa civilisation. Le pouvoir des rois s'étend et se renforce.
Un roi législateur et justicier :
Systématise son pouvoir législateur en multipliant les ordonnances
Impose sa propre monnaie par ordonnance et limite la circulation de celles des seigneurs à leur
propre domaine
1254 : crée un Parlement à Paris (cour de justice et conseil politique) met fin au jugement de
Dieu en faisant rechercher des preuves par des enquêtes et des auditions de témoins
Philippe IV le Bel (1285 – 1314)
Son règne est marqué par un accroissement de l'autorité royale, un affranchissement de
l'autorité pontificale, un développement de l'administration et une extension du domaine sous contrôle
royal. Conflits avec la papauté, au nom de l'indépendance de l'Eglise de France. La victoire de Philippe
le Bel confirme l’indépendance absolue des rois chrétiens à l’égard de la papauté.
En 1314, Philippe le Bel meurt. La paix règne dans son royaume qui abrite entre 15 et 20 millions
d'habitants, les frontières sont bien gardées et les féodaux sont maintenus dans l'obéissance : le roi
devient enfin plus un vrai souverain qu'un suzerain.
A la mort de Charles IV le Bel en 1328, faute d’héritier mâle en ligne directe, la noblesse du
royaume donne le trône à Philippe IV de Valois. Cela excitera la rancœur du roi d’Angleterre Edouard III
et sera à l’origine de la Guerre de Cent Ans.
Le « roi-Etat »
Tout au long du Moyen Âge ont été précisées les caractéristiques du pouvoir monarchique dont le
prestige tient probablement à son caractère sacré et dont les prérogatives se renforcent sans cesse. Les
premiers Capétiens utilisent politiquement le sacre et le système des liens fédéo-vassaliques pour asseoir
leur autorité. Le roi est le suzerain suprême, le seul à ne prêter hommage à personne.
Le prestige du sacre : Le roi est sacré avec les saintes huiles que les anges auraient apportées du ciel à
Clovis. Il prononce alors les 4 serments qui l'engagent à protéger l'Eglise et son peuple. Il reçoit
vêtements et attributs symboliques (les sandales, la camisole, les bottines, les éperons et l'épée). La
tunique et la dalmatique, signes de distinction ecclésiastique, le manteau, l'anneau, le sceptre et la main
de justice en ivoire, symbole de sa toute puissance lui sont ensuite remis. On lui prête des pouvoirs de
thaumaturge et l'on croit qu'il peut guérir miraculeusement les écrouelles par le seul contact de ses
mains.
Ses sujets lui doivent une soumission et une obéissance sans bornes; toute désobéissance est
considérée comme un sacrilège. Roi très chrétien, le monarque est le représentant de Dieu sur la terre.
Souverain de droit divin, il est responsable devant Dieu seul. Le roi rassemble tous les pouvoirs, qu'ils
soient exécutifs, législatif ou judiciaire. Il peut lever l'impôt, décider de la paix et la guerre, disposer de
la vie et des biens de tous ses sujets. La création des impôts réguliers est une conséquence de la guerre,
le roi est obligé d'avoir recours à des finances extraordinaires.
Le terme France n’apparaît dans son sens moderne qu’au début du XIe siècle. Selon Alain Boureau,
« l’émergence du royaume comme Etat, hors de la structure féodale, naît avec Philippe Auguste,
même si cette « institution imaginaire » précède largement sa consolidation administrative ».
La royauté se définit alors comme le sommet d’une pyramide (roi, ducs, comtes), tout en faisant du roi
le souverain direct de ses sujets.
C’est de 1180 à 1328, et particulièrement sous les règnes de Philippe II Auguste (1180 – 1223),
Louis IX:Saint Louis (1226 – 1270) et Philippe IV le Bel (1285 – 1314) que s’accomplit l’essentiel :
- Philippe Auguste se consacre à la lutte contre le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt et ses fils.
Il réussit finalement à confisquer les fiefs français des Anglais. Il devient alors le maître de la France
du Nord et le plus grand prince territorial du royaume. Il triomphe ensuite à Bouvines d’une coalition
menée par l’empereur germanique et le comte de Flandre en 1214 ;
- Le règne de Saint Louis marque l’apogée de la monarchie féodale. Modèle de la chrétienté, mort
de la peste à Tunis lors d’une croisade, il est canonisé dès 1297 : les rois de France ont désormais un
saint pour ancêtre.
- Philippe le Bel, quant à lui, se proclame « empereur en son royaume » : délié de toute influence
extérieure, fût-elle papale. En 1302, il réunit à Paris une grande assemblée qui peut être considérée
comme les premiers états généraux du royaume.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
9
Une administration royale se construit très progressivement. Philippe Auguste met en place des
baillis dans le nord et des sénéchaux dans le sud qui représentent le roi dans les provinces et qui sont
chargés de contrôler les prévôts, ces agents locaux du roi qui administrent ses biens et exercent la justice
en son nom. Sous Saint Louis apparaît le Parlement, où est rendue la justice royale et qui joue le rôle de
chambre d’appel. Le roi impose aussi sa monnaie dans tout le royaume. Philippe le Bel crée la Chambre
des Comptes, chargée du contrôle de la gestion financière du domaine royal. La Chancellerie, qui
s’occupe de la rédaction et de l’expédition des actes royaux, se développe enfin considérablement.
Une capitale
Au XIIIe siècle, Paris compte environ 200 000 habitants et est la ville la plus peuplée de l’Occident
chrétien. Philippe II Auguste décide d’y laisser ses archives, qui jusqu’alors suivaient le roi dans ses
déplacements, d’y construire une enceinte plus vaste et de faire paver quelques rues. La ville, et tout
particulièrement l’île de la Cité, devient ainsi le centre administratif du royaume. Le palais n'est plus
seulement la résidence du roi, il est devenu le siège du gouvernement.
Le lien privilégié entre Paris et le roi s’affaiblit pourtant singulièrement au cours de la guerre de
Cent Ans. En 1418, sous le roi fou Charles VI, la ville se donne aux Anglais pour être la capitale d’une
France anglo-bourguignonne. Après 1453, le royaume libéré, la royauté s’établit dans la vallée de la
Loire. C’est là que résident désormais les rois et que se trouvent les centres du pouvoir. A la fin du Moyen
Age, les rois de France ne font plus que visiter Paris où ils ne vivent plus.
Paris, qui fut la capitale du royaume pendant plusieurs siècles, ne l’est donc plus au XVe. Retenons
enfin que sa domination ne fut ni absolue, ni exclusive.
Une langue
Comme toutes les nations médiévales, la France est multilingue. Au nord la langue d’oïl et au sud la
langue d’oc. Certaines provinces du royaume parlent le flamand, le basque, le breton. Quant au latin, il
est la langue des clercs, de la liturgie, des étudiants, mais aussi de l’administration royale, au moins
jusqu’au début du XIVe siècle.
Au XIIIe siècle, le succès international du français est incontestable. Il est parlé dans les Etats latin
d’Orient, mais aussi à la cour d’Angleterre et par les principaux seigneurs flamands et allemands. C’est en
français que l’italien Marco Polo rédige Le Livre des Merveilles du Monde.
Le succès du français de Paris à l’intérieur du royaume est en revanche beaucoup plus mitigé. S’il
progresse dans les actes royaux à partir de Philippe le Bel, dans la France du Sud, la langue de
l’administration royale reste le latin, alors que les actes privés ou municipaux sont rédigés en langue d’oc.
Pourtant, vers 1300, l’unité linguistique commence à apparaître comme nécessaire aux nations.
L’idée de langue maternelle, au sens actuel du terme, surgit chez Dante à cette époque. L’idée émerge
aussi progressivement que les peuples parlant la même langue ont vocation à vivre dans le même Etat, et
que les membres du même Etat doivent parler la même langue.
Rappelons pour mémoire que l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui impose l’usage du français dans
les actes publics, qui fait donc du français la langue de l’Etat, date de 1539, sous François 1er.
La Guerre de Cent Ans (1337 – 1453)
La guerre de Cent Ans est un moment clé de la construction de l’Etat national. Elle tire son
origine de la crise dynastique à laquelle est confronté le royaume de France au début du XIVe siècle.
Quand Charles IV meurt sans héritier en 1328, Philippe VI de Valois est choisi pour lui succéder. Le roi
d’Angleterre Edouard III refuse de lui prêter hommage pour ses fiefs de Guyenne et réclame la couronne
de France en 1337. C’est le début d’un long conflit entrecoupé de trêves.
Les français sont vaincus à Crécy (1346), puis à Poitiers (1356) où le roi Jean le Bon (1350-1364) est
fait prisonnier. Aidé de son connétable, Du Guesclin, Charles V le Sage (1364-1380) parvient à reconquérir
l'essentiel de son royaume.
Le règne de Charles VI (1380 – 1422) plonge alors la France dans l’anarchie. Victime de fréquents
accès de folie, le roi laisse la guerre civile éclater entre les partisans du duc de Bourgogne, les
Bourguignons, qui s’allient aux Anglais, et les partisans de Louis d’Orléans, les Armagnacs. Les Anglais
écrasent les troupes françaises à Azincourt (1415) avant que le traité de Troyes (1420) ne déshérite le
dauphin au profit du roi d’Angleterre.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
10
Le sursaut vient alors de Jeanne d’Arc, une jeune Lorraine, qui rejoint Charles VII (1422 – 1461)
réfugié au sud de la Loire en 1429, délivre Orléans et conduit le roi à Reims où il est sacré. En le faisant
sacrer à Reims, Jeanne d'Arc a contribué à lui donner tout son prestige, en application de la tradition
capétienne. Cette cérémonie conforte de manière définitive la légitimité du roi aux yeux du peuple, c'est
dire l'importance de la religion et du fait religieux au Moyen Âge. Arrêtée devant Compiègne par les
Bourguignons en 1430, Jeanne est livrée aux Anglais puis brûlée vive à Rouen en 1431.
Charles VII entreprend la reconquête de son royaume grâce à une armée professionnelle
financée par un nouvel impôt, la taille. Après la bataille de Castillon (1453), les Anglais quittent le sol
français, à l’exception de Calais qu’ils n’évacuent qu’en 1559.
Le roi est désormais à la tête d’un royaume réunifié que protège une armée soldée, financée par un impôt
permanent.
1347 : Grande Peste.
Le terrible virus de la peste s'est installé en Europe à la faveur de l'accostage d'une nef en provenance
d'Asie dans les ports de Marseille et de Gênes en 1347. Il va frapper en quelques mois la plupart des
régions d'Europe et tuer jusqu'à 40% de la population de certaines d'entre elles.
La guerre de Cent Ans a eu pour effet de fragiliser la monarchie, mais elle a surtout contribué à
obliger les rois de France à mettre en place un système de gouvernement plus solide. Au terme de la
guerre, les rois de France ont réussi à renforcer l'Etat monarchique. Ils sont les seuls à entériner des lois,
à exercer la justice, à lever des impôts, à frapper monnaie et les seuls à décider de la guerre et de la
paix. Paradoxalement la monarchie sort affermie des épreuves et peut s'appuyer désormais sur un
sentiment national qui s'est construit dans les combats contre les anglais.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
11
L’Europe des abbayes et des cathédrales
Expression monumentale avec des réalisations, en particulier aux XIIème et XIIIème siècles, la
construction des églises est l'aboutissement de l'épanouissement de la pensée spirituelle catholique.
Comment peut-on expliquer le mouvement de grande ampleur qui a construit les églises et
cathédrales ? Comment peut-on expliquer l'importance et la diversité des autres manifestations de la
ferveur religieuse des populations européennes ?
Une des réponses possibles se trouve dans la vigueur de la foi. La spiritualité catholique se fonde
d'abord sur l'affirmation du dogme, construit par les papes et la hiérarchie épiscopale dans la phase de
christianisation de l'Europe dès le IVème siècle, en s'appuyant sur la vie de Jésus et les textes sacrés.
Il ne s'agit pas moins que de sauver son âme pour l'éternité et de participer à la Résurrection des
Corps : la société entière est éduquée dans cette perspective. Les églises, abbayes et cathédrales sont les
lieux sacrés qui y contribuent.
Aborder aujourd'hui l'étude de la construction des cathédrales au Moyen Age ne peut donc se limiter
à une description du visible (décrire les formes, les ornements, les décorations…); il faut dépasser le
visible pour découvrir l'invisible, l'essence même de la foi qui a construit les monuments. Il faut entrer
dans les mentalités des époques et des lieux concernés et mettre en valeur le sens du sacré, ce qui est
difficile car étranger à la pensée profane. L'enjeu pédagogique est bien de tenter de comprendre le fait
religieux.
Une église omniprésente
Dotée d’une organisation puissante, l’Eglise est au cœur de la société médiévale occidentale dont elle est
le principal élément d’unité. Elle contrôle la population par un encadrement efficace et hiérarchisé
placé sous l’autorité du pape. Elu par les cardinaux, celui-ci affirme son indépendance à partir du XIe
siècle face aux puissants : seigneurs, rois et empereur. Il bénéficie d’une arme redoutable :
l’excommunication, qui fait douter même les rois et les plus grands seigneurs.
Aux laïcs s’opposent les clercs qui exercent une fonction religieuse et se distinguent par la tonsure.
Les clercs se répartissent entre le clergé régulier, qui regroupe ceux d’entre eux qui observent une règle
de vie et vivent en communauté comme les moines, et le clergé séculier qui vit dans le siècle, au milieu
des fidèles, comme les prêtres et les évêques.
Groupe sacralisé par sa fonction religieuse, le clergé dans son ensemble est placé au somment de la
hiérarchie sociale, ce qui le rend incontournable. L'individu n'a de reconnaissance sociale que religieuse.
Un état civil est totalement inconcevable dans cette société. De la naissance à la mort, la religion est
présente à chaque instant de la vie des hommes au Moyen Age. Les fêtes religieuses rythment l’année
et la vie sociale des paroisses et des corporations. Les chrétiens sont soucieux d’assurer leur salut. Le jour
du Jugement dernier, en effet, les bon, qui accèderont au royaume des cieux, seront séparés des
méchants qui brûleront en enfer. Aussi la foi s’exprime-t-elle par la prière, la pratique régulière, la
vénération des reliques, la construction d’édifices religieux et les pèlerinages. Ceux-ci conduisent les
chrétiens vers Rome, Jérusalem ou Saint Jacques de Compostelle.
Les évêques sont placés à la tête des diocèses (ou évêchés) subdivisés en paroisses. Ils célèbrent le culte
dans l’église principale du diocèse, la cathédrale, et étendent leur autorité sur tous les clercs du diocèse.
L’Eglise est riche grâce à la dîme, impôt en nature qui correspond en principe au dixième des récoltes, et
grâce aux donations des fidèles.
En 1054, après de nombreuses crises et des évolutions liturgiques divergentes, les Eglises d’Orient et
d’Occident se séparent définitivement. Le schisme d’Orient voit le pape Léon IX et le patriarche de
Constantinople s’excommunier mutuellement. L’église d’Orient prend alors le nom d’Eglise Orthodoxe.
Du XIe au XIIIe siècle, l’Eglise se fait conquérante et s’attaque à l’Islam (croisades et Reconquista :
première croisade engagée par les chrétiens d’Occident contre les envahisseurs musulmans), alors que le
tribunal de l’Inquisition (tribunal créé en 1233 par le pape Grégoire IX) pourchasse les hérétiques comme
les Cathares.
Impliquée dans tous les pouvoirs, religieux, économique, social et politique, la religion catholique connaît
un apogée pendant plusieurs siècles et imprègne profondément les mentalités mais la confusion des
fonctions devient un problème incessant.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
12
Des abbayes, des cathédrales…
L'architecture religieuse du Moyen-âge est l'expression de la pensée religieuse catholique qui la
soutend. Elle est la trace visible et marquante de la relation des croyants avec Dieu, dans une société
dans laquelle la religion est le lien social puissant qui assure la cohérence du groupe.
C'est l'église qui est au cœur de la religion catholique :
- Le lieu de culte pour les rites catholiques qui rythment le temps du croyant, dans le temps
journalier mis sous la protection d'un saint patron, dans le temps hebdomadaire, avec le dimanche
(obligation de faire de cette journée un moment de réflexion et de pratiques religieuses), dans le
temps de l'année par les fêtes religieuses, par le temps personnel des individus en les accompagnant
tout au long de la vie par les 7 sacrements. L'église est ouverte à tous et tout est occasion de
célébrations. La cloche, objet sonore et musical, est le marqueur de temps et le clocher qui l'abrite
un repère dans l'espace.
- Le siège de l'autorité du clergé, qui s'instaure comme médiateur entre les chrétiens et Dieu.
- L'ancrage de la foi et un rempart contre les hérétiques,
- La maison du peuple, la sacralisation de l'église n'empêche pas l'utilisation par les fidèles de cet
espace comme lieu de rencontre, de discussions et d'échanges (le parvis). De plus, c'est dans les
églises que se développent des lieux d'enseignement dans les villes et plus tard, des universités.
La fièvre des chantiers veut traduire la pensée chrétienne par des monuments, dans une recherche
de perfectionnement permanente. Les églises et les cathédrales constituent un maillage religieux qui
marque le territoire.
Les initiatives reviennent souvent et d'abord des religieux, ces "grands abbés bâtisseurs" vont multiplier
les constructions. On peut citer St Bernard (T 1152) ou Suger, abbé de St Denis en 1121/1151 qui se
consacre à la reconstruction de l'abbaye pour en faire la plus belle réalisation du moment, à la gloire de
Dieu et des rois de France dont c'est la nécropole. Les prêtres et évêques s'engagent également, ainsi
que les papes de Rome ou à Avignon (au XIVème), qui ont lancé des opérations de grande envergure avec
le Vatican et le Palais des Papes. Ce dernier est le plus grand des édifices gothiques du monde.
Avec le développement des villes au XIIème siècle, la bourgeoisie urbaine a voulu montrer sa ferveur
mais aussi sa puissance et sa richesse : les cathédrales ne sont plus seulement des signes religieux mais
des signes de son pouvoir économique et social qui ne fait que croître.
La construction des cathédrales représente une somme de travail difficilement imaginable dans le
contexte technique de l'époque et des investissements financiers colossaux à la hauteur des ambitions
démesurées qui animent les travaux. Tous les métiers de la construction interviennent. Les techniques
utilisées supposent des personnels compétents et formés.
La construction des édifices a mobilisé des énergies multiples, créé de l'emploi, développé les techniques
et les innovations; mais il ne suffisait pas de construire… Il fallait aussi faire du beau : la recherche
esthétique va triompher dans l'architecture religieuse.
L'importance du beau
Le catholicisme a cherché à toucher les émotions des fidèles pour créer un contexte favorable au
recueillement mystique. Tous les sens sont appelés. Cette sensibilité accélère le chemin pour se
rapprocher de Dieu, qui est la beauté dans sa perfection. C'est un espoir pour l'au-delà qui permet de
supporter la précarité de la vie terrestre.
Le beau doit être signifiant. Pour rendre intelligible la pensée spirituelle forcément abstraite, les milieux
intellectuels catholiques ont manié le symbole, représentation imagée d'abord pour formuler la pensée,
mais aussi comme outil pédagogique de vulgarisation de la Bible à l'usage des populations qui ne savaient
pas lire.
Des exemples de thèmes fondateurs que l'on va retrouver dans la décoration des édifices religieux :
l'Ascension du Christ, la Nativité de Jésus dans la crèche, la mort par Crucifixion, le Jugement Dernier et
la Résurrection…
Les monastères, des foyers culturels et artistiques dès le IXème siècle :
L’une des principales caractéristiques de l’Eglise médiévale est l’importance du monarchisme. Un
ensemble de moines obéissant à la même règle forment un ordre. Dans la 1ère partie du M-A la règle de
St Benoît eut un certain succès, o point d'être imposé à tous les monastères par les Carolingiens. Les
moines vivent au sein de monastères dirigés par un abbé, d’où leur autre nom d’abbayes. Les abbayes
s’organisent le plus souvent autour d’un jardin central, le cloître, entouré d’une galerie. Il s’agit là
d’édifices de type roman.
Fondé au Xe siècle, l’ordre de Cluny est au XIe à la tête de plus de 800 monastères et devient une
puissance économique et politique. Les moines clunisiens accordent une attention particulière à la
prière, au luxe et aux cérémonies somptueuses.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
13
En 1098, la création de l’ordre de Cîteaux relève d’une volonté de retour aux sources et à l’austérité.
L’ordre se développe au XIIe siècle sous la direction de Bernard de Clairvaux. Chez les cisterciens, les
bâtiments sont simples et dépouillés. Les monastères sont construits à l’écart du monde, dans des lieux
reculés. Les moines contribuent ainsi à l’aménagement de l’espace rural par d’importants défrichages de
forêts.
Au XIIIe siècle, de nouvelles communautés ne vivant que d’aumônes apparaissent : les ordres mendiants.
Le fils d’un riche marchand italien, François d’Assise, choisit de se consacrer aux exclus et crée l’ordre
des franciscains. Un Espagnol, Dominique, fonde celui des dominicains.
Ces religieux ne vivent plus dans des monastères isolés du monde mais au cœur des villes où ils se
consacrent à la charité (franciscains) et à la prédication (dominicains).
L'art roman (an mil) :
Autour de l’an mil, l’Occident connaît un vif élan de construction d’art religieux. Du milieu du XIe siècle
au milieu du XIIe siècle se répand un art dit « roman » parce qu’il emprunte de nombreux éléments à
l’art romain, surtout dans le domaine de l’architecture. Dans ces églises basses et peu éclairées, le plan
en croix latine remplace le plan basilical. Les sculptures prennent une place primordiale. L’art roman se
manifeste aussi dans la construction de nombreuses abbayes.
L'art gothique, l'art français du XIIème au XIVème siècle :
L’art gothique, né au cœur du royaume de France, succède à l’art roman au milieu du XIIe siècle et
s’épanouit au XIIIe. Les villes construisent des cathédrales, églises de l’évêque et de la cité, plus hautes
et plus lumineuses grâce à l’utilisation de la croisée d’ogives et à celle de l’arc-boutant (pilier en demi
arc servant à soutenir un mur). Les murs sont percés de larges ouvertures ornées de vitraux qui laissent
pénétrer la lumière à l’intérieur des édifices.
L'art gothique est toujours l'expression de la ferveur d'une population urbaine, mais clergé et bourgeois
veulent utiliser la richesse pour la gloire de Dieu. L'évolution de la pensée théologique au XIIIème siècle
met l'accent sur l'humanité du Christ, homme parmi les hommes et donc sur sa mère : le culte marial se
développe et se concrétise dans l'art gothique avec la décoration et les appellations des édifices, sous le
vocable de "Notre Dame"
Entre les IXème et XIIIème siècle, soit pendant presque 500 ans, l'imbrication entre les croyances et les
arts est totale parce que la vie terrestre est imprégnée de l'espérance du ciel.
L’art roman
L'art roman ne s'affirme vraiment qu'à partir du 10e siècle. On distingue plusieurs phases :
1er âge roman (950 – 1060/70)
L'art roman apparaît dans l'Europe méridionale. Les premières églises romanes ont un plan simple (une nef
à trois vaisseaux terminés par une abside, sans transept). Elles sont généralement de petite taille et
massives. La charpente en bois est progressivement remplacée par un voûtement en pierre qui ne
concerne dans un premier temps que quelques parties des églises (collatéraux, absides).
Un souci de rythmer l'espace apparaît avec l'évolution des piliers. La sculpture monumentale se
développe également.
2nd âge roman (1060/70 – 1130)
Le plan en croix latine se généralise (il apparaît déjà à la fin du IXe siècle). Le
voûtement en pierre s'étend à la nef, même si l'on trouve encore des
charpentes. On favorise les voûtes en berceau (brisé ou cintré) et les voûtes
d'arêtes. Les poussées sont contenues soit par des murs épais, soit par des bascôtés soutenus par des contreforts. On peut trouver des élévations à trois
niveaux, en ajoutant au-dessus des tribunes des fenêtres hautes qui permettent
un éclairage direct de la nef. Cette dernière solution sera la plus utilisée dans les
édifices gothiques. L'intérieur des édifices était parfois peint (il est difficile de
déterminer aujourd'hui quelle était la proportion d'édifices peint).
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
14
Bien souvent, les points essentiels de l'architecture sont ornés de
sculptures (chapiteaux, tympan), même si on ne trouve pas de tels
ornements dans toutes les régions. Les grands tympans sculptés
apparaissent vers 1100. Auparavant, seuls le linteau et l'encadrement des
portes étaient ornés. Ensuite, la sculpture historiée s'étend aux voussures
et aux ébrasements. Le tympan le plus orné donne souvent sur la rue
principale de la ville.
L'art roman a longtemps été considéré comme un art barbare. La
réhabilitation du roman et du gothique commence au début du XIXe avec l'action de restauration de
Mérimée.
L’art gothique
On situe généralement la naissance de l'art gothique à SaintDenis (ci-contre). On identifie généralement l'art gothique à la
croisée d'ogives et aux arcs-boutants. Pourtant, l'apparition de
la croisée d'ogives précède de beaucoup celle de l'art gothique,
puisqu'on la trouve pour la première fois à Lessay, en Normandie
ou à Durham, en Angleterre à la toute fin du 11e siècle. Suger
s'est d'ailleurs inspiré des innovations normandes pour la
construction de sa basilique. Quant aux arcs-boutants, leur
utilisation n'est devenue systématique qu'au 13e siècle. NotreDame de Paris en était initialement dépourvue.
Ils n'étaient pas toujours techniquement indispensables
(d'ailleurs, lorsqu'ils sont utilisés le point d'application de l'arc
n'est pas toujours celui de la poussée) et leur systématisation
répond plutôt à un parti pris esthétique. Le gothique n'est donc pas seulement le recours aux possibilités
architectoniques offertes par la croisée d'ogives et l'arc-boutant. C'est aussi la recherche d'une lumière
toujours plus abondante, d'une élévation toujours plus haute et d'une unification de l'espace par le
décloisonnement des volumes
Le gothique primitif (1140 – 1190)
Le gothique se dessine essentiellement à travers deux edifices : la basilique
Saint Denis et la cathédrale de Sens. A Saint Denis, le double déambulatoire
révèle la liberté laissée par les croisées d'ogives. Sa grande finesse, très
audacieuse, ne sera pas immédiatement comprise et suivie. Suger fait un autre
choix important en optant pour la façade harmonique, apparue en Normandie. A
Sens, les choix architecturaux sont moins audacieux : l'alternance des supports
(piliers forts et faibles) est conservée et avec elle la voûte sexpartite. Les murs
restent épais. Cependant des innovations sont bel et bien présentes : l'absence
de transept unifie l'espace, l'éclairage fourni par les grandes baies des bascôtés est abondant.
Les apports de Sens sont compris plus vite que
ceux de Saint Denis. Ils sont transposés, avec de
nombreuses adaptations, à Senlis, Noyon...Notre-Dame de Noyon inaugure
la formule de l'élévation à quatre niveaux (grands arcades, tribunes,
triforium, fenêtres hautes) qui, sans être exclusive (Notre-Dame de Paris a
trois niveaux...) connaîtra un grand succès pendant toute la seconde
moitié du 12e siècle. A partir de 1160 commence une course à la
hauteur, inaugurée par Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Laon (cicontre). A Laon, le maître d’œuvre utilise un mur découplé, une élévation
à quatre niveaux et réussit à donner à la cathédrale un éclairage
abondant. A Paris, le mur est simple, le triforium supprimé au profit de
tribunes à larges baies et la lumière moins abondante. C'est pourtant ce
second modèle qui connaît le plus de succès. De nombreuses recherches
sont faites par la suite sur le rythme des percements, sur la diaphonie.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
15
Le gothique classique (1190 – 1240)
En 1190, le gothique trouve un nouveau souffle, notamment au Nord de la France.
Les deux édifices les plus marquants de cette période sont Chartres et Bourges. A
Bourges est adoptée une élévation pyramidale à cinq niveaux, permise par
l'utilisation de double collatéraux.
1 - Arc formeret : la voûte sexpartite unit deux travées.
2 - Elévation de la nef centrale
3 - Elévation du premier collatéral, englobée par la grande arcade de la nef centrale
4 - Elévation du second collatéral, englobée par la grande arcade du premier
collatéral
C'est la combinaison de l'élévation de la nef centrale et des deux collatéraux qui
constitue une élévation à cinq niveaux
Le maître d'oeuvre renonce à la tribune mais pas aux voûtes sexpartites. A
Chartres subsiste une alternance des piliers dans le décor mais pas sur le plan
technique. L'adoption de l'élévation à trois niveaux, soutenue par des arcsboutants, qui est faite à Chartres vaudra désormais pour tous les autres édifices.
Enfin, Chartres se caractérise par la recherche d'un ajournement maximal.
Le gothique rayonnant (1240 – 1350)
A partir de 1231 émerge progressivement un nouveau style qui se
caractérise surtout par la virtuosité des remplages, une
verticalité accrue, des piliers fasciculés et l'édification de murs
de verre. L'origine du gothique rayonnant peut être située à Paris.
Là encore, la basilique de Saint Denis fait figure de précurseur,
puisque ces innovations apparaissent
lors de la réfection des parties
hautes du choeur. On introduit
notamment un triforium à clairevoie. La constitution de murs de
verre prend toute son ampleur avec
la Sainte Chapelle.
Le gothique rayonnant s'impose réellement à partir de 1240. Les édifices
alors en construction, comme Amiens, Reims ou Beauvais, prennent
immédiatement en compte cette évolution et changent partiellement leur
plan (parties hautes du choeur à Beauvais, façade occidentale à Reims...).
C'est à cette époque que la rose devient vraiment un élément
incontournable du décor, même si elle était déjà très utilisée avant. La
multiplication des chapelles latérales permet d'agrandir l'espace de la
cathédrale.
Le gothique flamboyant (1350 – 1500)
Les innovations se font rares pendant une longue période. Un souffle
nouveau est trouvé vers 1420. La structure des édifices reste la même,
mais ceux-ci "flamboient" sous l'effet de décors exubérants, notamment
en Normandie (Saint Maclou de Rouen...). Le terme de flamboyant est dû
à la forme de flamme des remplages des baies (notamment des roses). A
l'intérieur les voûtes deviennent très complexes. On constate aussi un
retour plus fréquent à des élévations à deux niveaux qui font disparaître
les murs entre les grandes arcades et les baies supérieures (Saint Germain
l'Auxerrois, Saint Etienne du Mont). Plus tardivement, certains éléments
d'architecture gothique sont utilisés à des fins essentiellement
décoratives. C'est le cas des croisées d'ogives qui se complexifient jusqu'à
perdre leur sens. On leur adjoint des clefs de voûtes pendantes qui
peuvent menacer la stabilité de l'édifice (ex : certaines chapelles de
Senlis, dont on voit le transept ci-contre)
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
16
L'Islam
On insistera davantage sur cette civilisation et son rayonnement, abordés à partir de l'exemple d'une ville,
que sur les constructions politiques qui résultent de l'expansion.
Il s'agit de mettre en valeur la diversité des contacts que développent ces différentes civilisations :
affrontements guerriers (croisades, Reconquista…), échanges commerciaux (comptoirs), influences
culturelles. Outre une étude approfondie de l'Islam, le problème de fond qui est posé dans ce thème
revient à étudier les rapports entre deux religions du Livre.
Une religion nouvelle à la conquête du monde
Le mot Islam, au sens propre de son attitude religieuse de soumission à Dieu, caractérise la révélation
monothéiste prêchée par Mahomet en Arabie au VIIe siècle, et répandue au cours des temps sur toute une
partie des terres habitées. Il s’applique aussi à la communauté formée par les adeptes de cette foi, et à la
civilisation qui en est issue.
L’islam est donc une religion apparue en Arabie au VIIe siècle de notre ère.
Son fondateur, Mahomet, est né à La Mecque aux alentours de 570. Sa vie nous est connue grâce à une
biographie traditionnelle, la Sîra. En 612, Mahomet raconte que l'ange Gabriel lui a révélé en songe
qu'Allah (Dieu en arabe) l'a choisi comme prophète. C'est la Révélation. La nouvelle religion s’inscrit ainsi
dans la continuité des religions juive et chrétienne.
En dehors de quelques intimes, la communauté initiale touche essentiellement des humbles en marge de
la cité. Elle passe donc pour subversive.
En 622, en proie à l’hostilité de l’aristocratie mecquoise, le Prophète et ses partisans quittent La Mecque
pour Yathrib qui prend le nom de Médine. C’est l’Hégire, point de départ du calendrier musulman.
En 632, le Prophète accomplit le Pèlerinage à La Mecque avant de mourir en 633.
Mahomet ne laisse pas d’héritier mâle et ne désigne pas clairement de successeur (calife). Aussi, sa mort
provoque-t-elle une crise politique et religieuse. Pour les uns, les sunnites, le calife ne doit être qu’un
remplaçant du prophète, chargé de perpétuer et d’appliquer sa pensée. Pour les autres, les chiites,
l’étincelle divine est appelée à se perpétuer à travers Ali (beau-fils de Mahomet) et ses descendants.
Sous les quatre premiers califes, l’islam connaît une expansion triomphale qui lui permet de prendre le
contrôle de l’Arabie, de la Syrie, de la Mésopotamie (Irak), de la Perse (Iran), de l’Egypte et de la
Cyrénaïque. Suivent ensuite en Occident la prise de la Tripolitaine, la conquête du Maghreb et la
soumission définitive de la rive méridionale de la Méditerranée. En Orient, les troupes arabes prennent
l’Afghanistan, le Turkestan chinois, le Pendjab.
En moins d’un siècle, l’islam, parti de l’Arabie, se répand donc de l’Atlantique à l’Inde.
L’Espagne est conquise entre 711 et 715, à l’exception du nord-ouest de la Péninsule. Les musulmans
avancent encore en Gaule mais sont vaincus près de Poitiers par Charles Martel en 732.
Le Coran promet le paradis au guerrier mort pour l'expansion de l'islam, au nom du djihâd, ce qui renforce
l'ardeur au combat et la cohésion des armées musulmanes, un des facteurs décisifs dans les conquêtes. Le
mot djihâd peut prendre le sens de guerre légale (plutôt que guerre sainte), défensive et offensive,
contre les infidèles. En outre, la préoccupation majeure des conquérants ne fut pas de convertir à l'islam
les habitants des pays conquis, mais d'assurer leur propre hégémonie et d'organiser le prélèvement d'un
tribut.
Le Coran et l’islam
La révélation transmise par Dieu à son Prophète par l’intermédiaire de l’archange Gabriel se trouve
consignée dans le Coran. Le texte sacré, en langue arabe, se décompose en 114 sourates, elles-mêmes
réparties en versets. Il est complété par la Sunna, l'ensemble des traditions qui relatent des événements
parfois légendaires de la vie du prophète. Tel qu’il se dégage du Coran et de la Sunna, l’islam repose sur
cinq piliers : la profession de foi, la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage.
- La profession de foi est la reconnaissance de la transcendance et l’unicité divines. Elle peut se
traduire par « j’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu (Allâh) et que Mahomet est son prophète ».
- La prière est dite cinq fois par jour : aube, midi, après-midi, coucher du soleil, nuit. La prière est dite
face à La Mecque sur un tapis qui sépare du monde extérieur. Elle peut s’accomplir en tous lieux, sauf
celle du vendredi midi pour laquelle les musulmans doivent se réunir à la mosquée.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
17
- Le jeûne est défini explicitement par le Coran comme une continuation de la loi juive et chrétienne.
Il a lieu au cours du mois de Ramadan, époque de l’année où Mahomet eut ses premières révélations.
- L’aumône légale s’apparente à une dîme prélevée sur les riches au profit des pauvres
- Le pèlerinage (hajj) à La Mecque est recommandé une fois dans sa vie à tout musulman s’il est en
état de le faire. En sont donc dispensés les esclaves, les femmes n’ayant aucun parent pour les
accompagner, les pauvres et les malades. Le pèlerinage est une manifestation collective qui a lieu au
sanctuaire de la Ka’ba, édifice rectangulaire en pierre.
Le Coran n'est pas seulement un ouvrage religieux, il prescrit des règles morales, juridiques, et il
influence toute la vie sociale et politique. Il précise ainsi comment doit se comporter un musulman dans
sa vie de tous les jours. Il tolère ainsi la polygamie. Il définit enfin des interdits alimentaires : le porc et
les bêtes non égorgées, l’alcool. Notons enfin que l’islam est une religion sans clergé, l’imam n’ayant
pour fonction que de mener la prière dans une mosquée et d’y prononcer le sermon du vendredi.
Les chrétiens à travers le Coran
Mahomet s’inscrit dans la lignée des prophètes bibliques. Il ne prétend pas s’opposer aux religions juive et
chrétienne mais les dépasser. Le principal reproche fait aux juifs et aux chrétiens est de rejeter son
message. L’islam médiéval ne fait donc preuve d’aucune hostilité particulière à l’égard des chrétiens. Les
musulmans, tout comme les chrétiens, estiment légitime de combattre pour soumettre le monde à leur
autorité. Ils n’envisagent pourtant nullement de convertir les juifs et les chrétiens qui, s’ils acceptent la
soumission au pouvoir politique symbolisé par le paiement d’un impôt, sont libres de pratiquer leur
religion. En dehors de périodes rares et limitées, l’accès aux lieux saints ne leur est jamais interdit, les
musulmans comprenant parfaitement leur volonté d’accomplir un pèlerinage sur le tombeau du Christ.
Les conflits guerriers : croisades et Reconquista
a) Les croisades
Les croisades sont incontestablement les mieux connues des conflits qui mettent aux prises l’islam et la
chrétienté. L’historiographie traditionnelle en distingue huit. Plutôt que des croisades, on pourrait parler
de la croisade, tant l’effort est continu pendant deux siècles. Les croisades s’inscrivent dans le grand
mouvement de pèlerinage vers Jérusalem qui se développe au XIe siècle.
En prêchant la croisade au concile de Clermont en 1095, Urbain II a deux objectifs : tendre la main à
l’autre partie de la chrétienté, l’Empire byzantin récemment séparé par le schisme de 1054, et exporter
la violence endémique des chevaliers inoccupés auxquels il offre une occasion de faire fortune en
rachetant leur âme. Les chrétiens prennent la croix pour accomplir en armes le pèlerinage de Jérusalem.
Jérusalem est prise en 1099, et quatre Etats francs s’établissent en Terre Sainte : la principauté
d’Antioche, le comté d’Edesse, le comté de Tripoli et le royaume de Jérusalem.
La belle unité qui avait permis aux troupes musulmanes de constituer un immense empire n’est plus qu’un
lointain souvenir. Aux Omeyades, installés à Damas aux VIIe et VIIIe siècles, ont succédé en 750 les
Abbassides et leur nouvelle capitale Bagdad. Mais le califat abbasside s’affaiblit de plus en plus, la réalité
du pouvoir étant désormais exercée par des dynasties régionales autonomes. Elle finit par passer sous le
contrôle des Turcs Seldjoukides qui confisquent le pouvoir politique. C’est donc à un empire seldjoukide
divisé en émirats rivaux que sont confrontés les croisés en arrivant en Terre Sainte.
L’éveil musulman ne se produit qu’un demi-siècle plus tard avec la reprise d’Edesse (1144) à l’initiative
de l’émir Zengî qui lance un appel à la guerre sainte (djihad) et à l’unité des musulmans.
La victoire de Saladin à Hâttin en 1187 entraîne la chute de Jérusalem. La troisième croisade, conduite
par Frédéric Barberousse, Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste échoue à reprendre la ville mais
permet de remettre la main sur la côte de Syrie et de Palestine.
La quatrième croisade, quant à elle, est détournée de son but initial à l’instigation de Venise et aboutit à
la prise et au pillage de Constantinople par les croisés en 1204.
Suivent encore quatre croisades dont les deux dernières sont menées par Louis IX qui meurt finalement de
la peste à Tunis en 1270.
A ces croisades clairement identifiées, il faudrait ajouter les départs réguliers de chevaliers qui effectuent
le pèlerinage à Jérusalem et viennent au secours des Etats latins avant de retourner au pays. Ils ne
peuvent cependant empêcher la chute d’Accre, en 1291, ce qui marque la fin des Etats latins d’Orient.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
18
L’ensemble aboutit finalement à un piètre bilan. Les croisades ont pour principal effet de renforcer
l’incompréhension mutuelle entre les chrétiens d’Occident et les musulmans. Elles permettent
accessoirement aux cités italiennes de prendre le contrôle de la navigation en Méditerranée.
b) La Reconquista
La deuxième zone de conflits majeurs entre chrétiens et musulmans est la péninsule Ibérique. A l’origine,
la conquête militaire menée de 711 à 715 ne semble pas avoir eu comme objectif l’occupation
permanente du territoire. L’essentiel est plutôt de ramasser un important butin et de faire des esclaves.
L’émirat indépendant d’Al-Andalus ou de Cordoue est crée en 756. Cordoue, qui compte alors 100 000
habitants, est l’une des plus grandes et des plus riches cités du monde musulman. La période califale va
durer un siècle, pour laisser la place en 1031 à un émiettement du pouvoir en une multitude de royaumes.
L’ère omeyyade est marquée en Espagne par de très nombreux conflits de faible envergure entre les
royaumes chrétiens, qui se constituent peu à peu dans le Nord, et les musulmans. Là encore, il s’agit plus
souvent de mener de brèves razzias pour rapporter du butin que de s’installer durablement.
Le tournant majeur de la Reconquista : la bataille de La Navas de Tolosa en 1212. Là, les armées
coalisées des rois chrétiens du nord de l’Espagne, aidés d’Italiens et de Français qui répondent à l’appel
à la croisade lancé par le pape, infligent une cuisante défaite aux troupes musulmanes. Les îles Baléares
(1229 – 1235), Cordoue (1236), Valence (1238), Séville (1248), Cadix (1263) tombent successivement.
Seul un dernier royaume peut se maintenir autour de Grenade avant d’être conquis en 1492 : la
Reconquista est achevée.
Les échanges
Les trois siècles qui vont du milieu du VIIIe au milieu du XIe correspondent à l’apogée du monde musulman.
La civilisation musulmane s’appuie sur un important réseau urbain qui constitue son armature
économique, sociale et culturelle.
Quand ils n’échangent pas des coups, chrétiens et musulmans échangent des marchandises, des
connaissances et des techniques. Des chrétiens, les musulmans attendent essentiellement le bois et les
métaux qui leur font défaut, produits à l’utilité militaire évidente.
Les chrétiens, en retour, importent des « épices » que l’on aurait tort d’assimiler à de simples denrées
d’usage alimentaire : poivre, gingembre, girofle, muscade certes, mais aussi séné, camphre, myrrhe (à
usage médicinal), des colorants, de la verrerie, des faïences, des pierres précieuses. A ces épices
s’ajoutent l’alun, le cuir et les soieries. Plus encore que les marchandises, ce sont les techniques agricoles
et de nouvelles plantes qui sont acclimatées en Occident par les musulmans d’Al-Andalus. Dattes, oranges,
citrons, pamplemousses, grenades, abricots, safran, riz, coton, canne à sucre, bananes, artichauts,
aubergines font ainsi leur apparition au nord de la Méditerranée.
Mais le domaine dans lequel l’apport du monde musulman au monde chrétien est le plus important est
celui de la culture. Le monde musulman médiéval est en effet d’une incroyable richesse intellectuelle. Il a
gardé la mémoire des connaissances grecques et orientales, auxquelles s’ajoutent les travaux de ses
propres savants.
L’Espagne musulmane joue là un rôle fondamental d’interface entre les lettrés musulmans et les clercs
chrétiens.
Un sujet propice à l'éducation à la citoyenneté
Il semblerait important en cycle 3 d'insister sur le concept de croyance et le comparatif entre la religion
chrétienne et l'islam. Sur ce qu'elles ont de commun et sur ce qui les sépare dans leurs rites, leur
fonctionnement ou dans leurs croyances spécifiques.
Dans notre société où règne une réelle intolérance qui, de fait, correspond souvent à la méconnaissance
de la religion de l'autre, cette approche peut avoir le mérite d'inciter à une meilleure compréhension et à
combattre les préjugés.
Valoriser la religion musulmane, insister sur la tolérance qui a souvent prévalu dans les relations entre les
chrétiens et les musulmans. Il est également préférable de constater combien les engagements religieux
(croisade ou djihâd) ont souvent été détournés par des projets politiques qui ont débouché sur des
conquêtes militaires.
Etudier les religions monothéistes de manière comparative, c'est la meilleure entrée possible pour que
tous les enfants comprennent à quel point les principes fondamentaux de la foi chrétienne, judaïque ou
musulmane sont proches. En abordant l'histoire des religions, l'enseignant contribue à donner du sens au
religieux, comme les programmes du primaire ou du secondaire l'exigent aujourd'hui. Il s'agit bien de
3 "religion du Livre" inspirées par la Bible; de croyance en un même Dieu unique, celui d'Abraham et de
Moïse; des même références à de hautes valeurs morales : la justice, l'amour, la paix.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
19
Le temps des découvertes et des conquêtes
Le temps des découvertes
Au XVe et XVIe siècle, les Européens élargissent considérablement le champ de leur connaissance du
monde. Ils accomplissent de nombreux voyages dont le principal objectif est d’ouvrir une route
maritime de la soie et des épices afin d’en réduire le coût et de contourner le monde musulman qui
constitue un obstacle majeur en direction des Indes. Car en effet, dans l'Europe d'après la Peste Noire et
la Guerre de Cent Ans, il y avait une forte demande pour les produits de l'Orient que les Croisades avaient
contribué à faire apprécier en dehors des élites : les épices, les cotonnades, les soieries, les colorants…
Il s’agit aussi pour eux de diffuser le christianisme hors des frontières en poursuivant l’œuvre de la
Reconquista.
Ces voyages sont facilités par un certain nombre d’innovations techniques. La caravelle est un navire de
petite taille maniable et rapide qui élargit l’éventail du possible. Les premières cartes maritimes
(portulans) donnent une connaissance plus précise du tracé des côtes, alors que la boussole et l’astrolabe
se diffusent et permettent des expéditions au grand large.
Le Génois Christophe Colomb espère atteindre l’Asie par l’ouest. En 1492, ayant enfin fini la Reconquête
avec la prise de Grenade, et sous la pression des relations religieuses et financières de Colomb, la reine
Isabelle donne son accord. Le voyage fut assez facile et assez brefs (36 jours). Il aborde aux Antilles
persuadé qu’il s’agit d’îles proches de la Chine. Colomb n'y trouva pas les richesses espérées. Ce fut la
violence qui fut surtout utilisée : le travail forcé dans les plantations sucrières et les mines fit que la
population d'Hispaniola (Haïti) s'effondra.
Entreprise sur une erreur, terminée par un semi échec, idéologiquement contestable par la naissance de
l'esclavage, l'épopée de Colomb finit, dans un deuxième temps, au XVIème siècle, par se révéler payante
pour l'Espagne.
7 juin 1494 : Traité de Tordesillas signé entre l’Espagne et le Portugal. Il partage les découvertes futures
en deux zones dont la limite passe à l’ouest des îles du Cap Vert. Tout ce qui est à l’ouest de cette ligne
de partage revient à l’Espagne, ce qui est à l’est étant attribué au Portugal. Les Portugais créent des
comptoirs sur la route des Indes et occupent les côtes du Brésil. Les Espagnols s’emparent de l’Amérique
centrale et de l’ouest de l’Amérique du Sud où ils détruisent les empires amérindiens.
Au cours du XVe siècle, les navigateurs portugais progressent lentement le long des côtes de l’Afrique,
Vasco de Gama n'ouvre la voie maritime de Lisbonne aux Indes qu'en 1498. Ce voyage de 9 mois qui
supposait l'utilisation de toutes sortes d'alizés et de courants était un exploit maritime bien supérieur à ce
lui de Colomb. Cette nouvelle route permit à Lisbonne de concurrencer Venise mais cette "Grande
Découverte" ne provoqua aucun bouleversement ni économique ni politique. Ce ne fut pas la fin du
commerce méditerranéen et le basculement brutal vers l'atlantique.
En 1519, Magellan quitte l’Espagne pour l’Amérique où il découvre le détroit qui porte aujourd’hui son
nom et qui permet de passer de l’Atlantique au Pacifique. Il meurt pendant le voyage, mais les survivants
de l’expédition rejoignent l’Espagne par l’est en 1522 et bouclent ainsi le premier tour du monde.
En 1520, Cortés arrive au Mexique avec moins de 600 hommes et s’empare de la capitale des Aztèques
(Mexico) et réussi à renverser l'empire avec ses 12 millions d'habitants.
Des colons s’installent dans les territoires nouvellement conquis où ils créent de grandes plantations et
exploitent les mines d’or et d’argent grâce à l’utilisation de la population indienne réduite en esclavage.
Celle-ci dépérit par millions en raison des mauvais traitements et de l’apparition de maladies venues
d’Europe contre lesquelles elle n’est pas immunisée. Le choc microbien fut catastrophique; la variole et
la grippe provoquèrent un énorme effondrement démographique chez les Amérindiens; leur isolement et
une faiblesse héréditaire les rendaient très vulnérables; d'environs 40 millions la population tomba à 4
millions. Les violences des conquêtes et le travail forcé accentuèrent le reste.
Espagnols et Portugais imposent la religion catholique et leurs langues aux populations de leurs empires :
l’Amérique latine est née.
L’exploitation des empires coloniaux provoque un essor économique important en Europe du fait de
l’afflux soudain de métaux précieux. Des produits nouveaux apparaissent, comme le tabac et le cacao,
alors que des plantes inconnues sont acclimatées en Europe (maïs, tomate, pomme de terre). Elle a
surtout comme conséquence la naissance de nouvelles formes d’esclavage à partir de la traite des Noirs.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
20
La traite négrière
La traite négrière européenne débute en Afrique dès le XVe siècle, soit avant même la découverte de
l’Amérique. Celle-ci n’est pas une nouveauté, car le continent noir est depuis plusieurs siècles livré à une
traite transsaharienne à destination du Maghreb, et à une traite musulmane en direction de la péninsule
arabique qui se poursuivra jusqu’au 20e siècle.
Elle n’en prend pas moins une ampleur nouvelle, puisqu’on estime qu’en trois siècles, 12 millions
d’Africains sont conduits en esclavage en Amérique.
Les Espagnols puis les Portugais développent le commerce des esclaves en direction de leurs colonies
d’Amérique. Ce fut le Brésil (Portugal) qui reçut plus du tiers des 9 millions de Noirs amenés d'Afrique (de
1500 à 1800). La Hollande, l’Angleterre, la France et le Danemark se lancent à leur tour dans ce fructueux
trafic. Le Sénégal et la Gambie, la Côte de l’or et la Côte des esclaves (Ghana, Togo et Bénin actuel), le
Congo et l’Angola sont particulièrement touchés par la traite. Celle-ci transforme certains royaumes
préexistants en esclavagistes qui ravagent l’intérieur du continent pour revendre leurs prises aux
Européens qui se cantonnent aux côtes.
Les premiers esclaves apparaissent en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle.
Le commerce triangulaire enrichit alors bon nombre de ports européens, comme Bordeaux ou Nantes
pour la France. Les navires quittent l’Europe chargés de verroterie, de métaux ou d’alcool, marchandises
qui sont échangées en Afrique contre des esclaves aussitôt emmenés en Amérique dans des conditions
effroyables. Les esclaves sont vites revendus et les navires rentrent en Europe les cales pleines de
produits tropicaux, comme le tabac, le sucre ou le coton.
EUROPE
Tabac, coton,
sucre
AMERIQUE
Verroterie,
métaux, alcool
Esclaves
AFRIQUE
C’est pour sauver des âmes païennes que Louis XIII autorise l’importation d’esclaves aux Antilles en
1642, soit dès les premières années de la présence française. Aux Antilles, les religieux eux-mêmes
possèdent des exploitations agricoles, les habitations, où les esclaves ne sont guère mieux traités que chez
les colons.
En 1685, un édit royal connu sous le nom de Code Noir précise le statut des esclaves des possessions
françaises. Il reste en vigueur tout au long de l’Ancien Régime.
Il faut attendre 1794 pour que l’esclavage soit aboli dans les îles à sucre, avant d’être rétabli par
Bonaparte en 1802.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
21
La Renaissance
Il y a un consensus relatif pour situer le début de la Renaissance aux alentours de 1430/50; le point de
repère généralement retenu est celui de 1453, chute de l'empire chrétien de Byzance avec la prise de
Constantinople par les Turcs. 1492, qui marque à la fois la découverte de nouvelles terres à l'ouest et la
fin de l'occupation arabe en Andalousie est une année remarquable : la période de transition se fait donc
sur 50 ans environ (1450/1500). La date qui en annonce la fin pose davantage de questions; on pourrait
retenir un repère français significatif : 1598 (Edit de Nantes) ou 1610, mort d'Henry IV.
Il s'agit donc d'une période qui se déroule sur un peu plus d'un siècle qui par la densité et la multiplicité
des champs de transformations, est une période cruciale pour l'Europe Occidentale.
Humanisme et Renaissance
A la fin du Moyen Age, une nouvelle vision du monde, inspirée par la redécouverte de l’Antiquité,
apparaît en Occident. Dès le XIVème siècle, l’Italie est le lieu d’un renouveau intellectuel imprégné de
culture gréco-latine. Celle-ci irrigue la société italienne par le biais des relations commerciales avec
l’Empire byzantin qui mettent les Italiens au contact de la Grèce ancienne. En 1453, la prise de
Constantinople par les Turcs ottomans provoque un exode des érudits grecs qui cherchent refuge dans
la péninsule. Redécouverte des textes anciens. Il s’agit désormais de restituer le sens original des
oeuvres de l’Antiquité en en assurant une traduction de qualité. Mais ce serait une erreur de concevoir la
Renaissance uniquement comme un retour à l'Antiquité; il s'agit davantage d'une intégration dans la
pensée religieuse contemporaine des deux volets païen et chrétien, avec des retombées dans tous les
domaines des mentalités. C'est l'émergence d'un nouveau système explicatif du monde.
La pensée nouvelle éclot dans une effervescence culturelle. L'humanisme fait la synthèse des
philosophies anciennes païennes et de l'héritage chrétien du Moyen Âge, en changeant la vision que
l'homme a de lui même et de sa place dans le monde. "Le nouvel homme idéal" est celui qui se construit
lui-même par la culture qu'il acquiert et la réflexion critique qu'il exerce, celui qui s'engage dans la
société pour la vivifier…. Ce sont les élites intellectuelles : religieux, philosophes, théologiens, politiques,
bourgeois, artistes ou astronomes qui sont les acteurs directs de l'élaboration de la pensée nouvelle. Ceux
qu’on appelle désormais les humanistes font confiance à l’homme et valorisent les activités
esthétiques et intellectuelles.
La diffusion est rapide car elle va trouver des conditions favorables, par la naissance et le
développement du livre imprimé. Ce nouveau moyen de diffusion, l’imprimerie, favorise en effet un
profond renouveau artistique et littéraire. Avant le XVème siècle, il n’existe que des livres manuscrits
recopiés sur parchemin, et donc très coûteux. L’invention de Gutenberg est décisive. L’emploi de
caractères de bois puis de plomb, mobiles et réutilisables, permet la fabrication de livres à moindre coût
grâce à l’utilisation d’une presse efficace. Le premier livre imprimé, une Bible, l’est ainsi vers 1450 à
Mayence. Des ateliers typographiques s’installent un peu partout en Europe, où l’on estime que 20
millions d’ouvrages sortent des presses en un siècle.
Cette renaissance de la culture classique est soutenue par de puissants mécènes, qui s'impliquent dans la
nouveauté et s'entourent des hommes les plus représentatifs (intellectuels ou artistes), comme les Médicis
à Florence ou les papes à Rome. Les idées nouvelles apparaissent en France par le biais des guerres
d’Italie menées de 1494 à 1525. François Ier (1515 – 1547) attire à sa cour Léonard de Vinci et d’autres
artistes transalpins. Il soutient et protège les humanistes.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
22
Une vision scientifique du monde
Les humanistes veulent comprendre le monde qui les entoure. L’astronome polonais Nicolas Copernic
(1473 – 1543) critique la théorie de Ptolémée, reprise par l’Eglise, qui fait de la Terre le centre du monde.
En 1543, il montre que la Terre tourne sur elle-même et autour du soleil.
Comme l’astronomie, la médecine fait de remarquables progrès grâce à l’usage de plus en plus répandu
de la dissection des cadavres.
Une véritable vision scientifique du monde ne s’élabore pourtant que bien plus tardivement avec Galilée
(1564 – 1642), Descartes (1596 – 1650) et Newton (1642 – 1727). Galilée fonde la science moderne en
utilisant de manière systématique la méthode expérimentale. La publication en 1632 du Dialogue sur les
Deux Grands Systèmes du Monde, dans lequel il défend les idées de Copernic, lui vaut d’être condamné
par l’Inquisition. Cinq ans plus tard (1637) paraît le Discours sur la Méthode de Descartes.
En 1687, Newton énonce la loi de la gravitation universelle.
A noter également qu'un décalage entre le mouvement de la terre et le calendrier amène l'Eglise a mettre
en concordance le temps réel et le temps liturgique par un nouveau calendrier : le calendrier grégorien
le 15 octobre 1582
Le renouveau de l'art
Les valeurs développées par la pensée humaniste génèrent aussi un art nouveau fondé sur des
représentations de l'homme inspirées de l'antiquité mais intégrées dans la pensé chrétienne. Architecture
et peinture sont les arts majeurs de l'expression artistique de l'époque. Quand aux artistes qui ont un rôle
primordial, ils changent de statut : ils sont désormais reconnus pour leur talents artistiques.
L'Italie est considérée comme le berceau de la Renaissance, grâce à une pléiade d'artiste. Léonard de
Vinci (1452-1519) est le 1er d'entre eux, parce que le plus représentatif. Par ses talents exceptionnels
d'une grande diversité, il incarne bien l'artiste de la Renaissance. Architecte, peintre, sculpteur, musicien,
inventeur en recherche permanente, il s'intéresse aussi à la botanique et à la médecine. Michel Ange
(1475-1564), sculpteur et peintre, architecte, poète, il est aussi un génie créateur, né à Florence. C'est là
qu'il passe sa première période d'artiste. Appelé par les papes successifs, il travaille ensuite à Rome. Ses
œuvres maîtresses sont les fresques de la Chapelle Sixtine, et en matière d'architecture, la
reconstruction du Vatican. Raphaël (1483-1520) devient rapidement le peintre préféré des papes. Il fait
preuve de qualités artistiques tant dans la composition très étudiée, que dans le dessin et la peinture.
En France, l'évolution fut lente et se déroula sur le siècle. C'est principalement dans l'architecture noble
que s'exprima le changement. Les châteaux de la Loire en sont les meilleurs exemples. La Renaissance se
traduit également par des productions littéraires et poétiques de facture nouvelle; en 1532, François
Rabelais publie Pantagruel avant de lui donner un début, Gargantua, en 1534.
La réforme protestante
Avec l’imprimerie, le lecteur a accès directement à la Bible dont les humanistes cherchent à établir un
texte plus exact grâce à la maîtrise des langues anciennes.
En 1517, l’Allemand Martin Luther (1483 – 1546) s’oppose à la hiérarchie et au dogme catholique. Il est
excommunié par le pape en 1520, mais ses idées se répandent rapidement dans l’Empire germanique et
aboutissent à la mise en place d’Eglises luthériennes. En Suisse et en France, la doctrine de Jean Calvin
(1509 – 1564) donne naissance à des Eglises réformées. En Angleterre, Henri VIII (1509 – 1547) rompt avec
le pape avant qu’Elizabeth Ière n’instaure une Eglise anglicane qui adopte le dogme calviniste mais
conserve certains aspects catholiques comme le rôle des évêques.
Les Protestants ne reconnaissent pas l’autorité du pape. La relation avec Dieu ne doit pas passer par la
médiation de prêtres, les pasteurs sont seulement des accompagnateurs. Ceux-ci sont libres de se marier.
La lecture de la Bible est fondamentale pour tout croyant et les offices sont célébrés dans la langue
locale. Sont rejetés les rajouts et les inventions : la messe, la transsubstantiation, le purgatoire, le culte
marial et le cultes des saints (fêtes et reliques). Seuls deux sacrements, le baptême et la communion,
sont conservés. Un des points théologiques important est le Salut par la Grâce.
Secouée par la violence de la contestation et par la division, l'Eglise Catholique se devait de réagir pour
se préserver, se défendre, se développer. Ainsi l'Eglise catholique essaie à son tour de se réformer.
D’importantes décisions sont alors prises au Concile de Trente (1545 – 1563) qui condamne les thèses
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
23
protestantes et précise la doctrine officielle de l’Eglise. Les prêtres, toujours voués au célibat, devront
être mieux instruits dans les séminaires, alors qu’un catéchisme est publié pour l’instruction des fidèles. Il
faut aussi à l'Eglise de se développer par des actions militantes, avec le rôle des Jésuites par exemple.
Cette réaction a pris plus tard l'appellation de Contre Réforme.
La France des guerres de religion
Après la séparation de la chrétienté occidentale en deux églises (romaine et protestante), la tolérance
humaniste ne survit que difficilement. Un mouvement de haine apparaît et conduit à de terribles et
douloureuses guerres civiles en Europe.
Dans les dernières années de son règne François Ier subit l’influence des catholiques intransigeants et se
montre disposé à frapper les hérétiques. La répression s’accentue sous Henri II (1547–1559) qui se lance
dans une politique systématique de persécutions. La mort d’Henri II est suivie d’une longue période de
guerres civiles que l’on a coutume d’appeler les guerres de religion parce qu’elles ont pour cause
essentielle les haines religieuses entre catholiques et protestants (huguenots). Trois fils d’Henri II se
succèdent sur le trône : François II (1559–1560), Charles IX (1560–1574), roi à dix ans, et Henri III (15741589). A la mort de François II, Catherine de Médicis assure la régence au nom de son fils, Charles IX.
En signe de bonne volonté, Charles IX décide de marier sa soeur Marguerite (la Reine Margot de Dumas) à
un responsable protestant, Henri de Navarre, le futur Henri IV. Catherine de Médicis décide alors de
convaincre son fils de supprimer les chefs protestants présents à Paris en raison du mariage projeté : c’est
le massacre de la Saint Barthélemy (24 août 1572). Les passions sont à leur paroxysme.
Il faut plusieurs années à Henri IV pour conquérir son trône (suite à la mort de Henry III), conquête qui
passe par son abjuration et son retour au sein de l’Eglise catholique en juillet 1593, avant le sacre du 27
février 1594. Après de longues et délicates négociations, Henri IV réussit à faire accepter une solution de
compromis, l’Edit de Nantes (30 avril 1598), qui règle les rapports entre catholiques et protestants
jusqu’à la révocation par son petit-fils Louis XIV en 1685. La religion catholique reste la religion
officielle du royaume, la Religion prétendue réformée (RPR) n’étant que tolérée. La liberté de conscience
est reconnue, mais l’exercice du culte soigneusement circonscrit. Des places de sûreté sont concédées aux
protestants pour garantir leurs droits.
L’épisode des guerres de religions est désormais définitivement clos, même si les catholiques ne
pardonnent pas au roi de tolérer les huguenots dans le royaume. L’assassinat d’Henri IV par Ravaillac en
1610 en fournira la preuve.
Les guerres permanentes ne sont pas faites seulement pour la conquête de territoires, mais on voie
apparaître dans toute l'Europe des guerres idéologiques toutes aussi meurtrières et cruelles, qui sont le
résultat négatif et contradictoire de la pensée humaniste qui a suscité les évolutions
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
24
La monarchie absolue en France
L'absolutisme de Louis XIV a été bâti de toute pièce par les historiens du XIXè siècle. La notion
même d'absolutisme leur revient et les conceptions d'un monarque très autoritaire qui a abusé de son
pouvoir arbitraire, notamment par la révocation de l'édit de Nantes, qui a ruiné le royaume par ses
dépenses somptuaires et appauvri le bon peuple, ont longtemps prévalu dans l'historiographie hexagonale.
Tout n'est pas faux dans ces points de vue, mais les recherches menées récemment conduisent à réviser en
baisse les prétentions centralisatrices et surtout à considérer combien la monarchie était prisonnières d'un
système ou le pouvoir tendait de fait à lui échapper.
Au-delà de l'affirmation d'un pouvoir absolu et de la volonté du roi d'organiser un "Etat-spectacle" où son
image devait être constamment valorisée, quelle efficacité pouvait avoir le gouvernement monarchique ?
Il s'agit de comprendre comment ce système de monarchie absolue, qui s'est bâti tout au long du
XVIIème siècle, a connu son apogée sous Louis XIV, avec la recherche d'un pouvoir absolu; analyser les
conquêtes du "roi de guerre" avec toutes leurs conséquences sur la construction du territoire français; se
demander ensuite comment s'est opérée une mainmise sur les esprits des français en usant d'un art
consommé de la propagande; réfléchir enfin à la notion d'absolutisme en relevant les nombreux obstacles
qui entravent les ordres du roi.
La recherche d'un pouvoir absolu
De François Ier à Louis XIII, les rois de France se sont efforcés, non sans difficultés, à imposer leur
autorité à l’ensemble du royaume. Par le concordat de Bologne (1516), le roi de France obtient du pape
la tutelle de l’ensemble du clergé français. Il choisit ainsi les évêques auxquels le pape accorde
l’investiture spirituelle. L’Eglise est donc placée dans la dépendance étroite du roi.
A la mort de Louis XIII, la régente Anne d’Autriche et son ministre Mazarin, qui dirigent le royaume au nom
de l’enfant Louis XIV, doivent affronter un très grave soulèvement, la Fronde. Celle-ci dévaste en partie
le royaume entre 1648 et 1653.
Louis XIV est bien décidé à gouverner seul. En 1661, le roi décide de prendre, seul, les rênes du
pouvoir. Pour gérer les affaires de son royaume, Louis XIV fait appel à 6 ministres auprès desquels il prend
conseil avant de prendre une décision. Des conseils spécialisés contribuent à gérer les affaires du
royaume. La vieille noblesse est écartée du pouvoir; il la remplace souvent par des bourgeois récemment
anoblis. L’affirmation de la monarchie passe par une administration efficace du royaume. Une
administration constituée par des officiers dévoués à la cause monarchique impose partout une justice
royale et une fiscalité plus rigoureuse. L’office est une fonction publique rétribuée par gages dont le
titulaire, l’officier, est propriétaire. Il peut la revendre, d’où la vénalité des offices. Certains offices
confèrent la noblesse à leur propriétaire.
Les intendants sont les agents dans l'absolutisme centralisateur. Ils sont envoyés dans les généralités om
ils sont chargés de surveiller la justice et les impôts, de maintenir l'ordre, de contrôler les autorités
locales, et enfin de veiller sur la vie économique et le ravitaillement des provinces.
Colbert, l'ordonnateur des grandes réformes économiques, est nommé contrôleur général des
finances (décembre 1665-1683). Pour faire face aux dépenses de la monarchie, il a dû faire preuve
d'efficacité en améliorant les recettes fiscales et en mettant en œuvre une politique économique appelée
mercantilisme ou "colbertisme". En vertu de cette théorie, l'idée s'est imposée que l'Etat, pour s'enrichir,
doit avoir une balance commerciale positive afin d'accumuler le plus possible d'or et d'argent. Pour ce
faire, il doit intervenir en entravant les importations de produit de luxe, en stimulant les exportations et
créer des manufactures royales pour satisfaire les besoins intérieurs. Selon lui, il convient surtout de
développer le commerce, et cela débouche sur une politique de création de compagnies commerciales, au
nom du roi.
La politique coloniale va dans le même sens. Il s'agit de conquérir des terres qui fourniraient à la
métropole les produits tropicaux : le café, le tabac, le sucre, le coton. Enfin, le mercantilisme a pour
objectif majeur d'affirmer la puissance du pays par rapport aux pays étrangers.
Le lien entre la monarchie et l'Eglise est un des fondements essentiels de l'Ancien Régime. Depuis
1598, l'édit de Nantes accordait aux protestants la liberté de conscience et la liberté de cultes. En
période d'affirmation de l'absolutisme monarchique, le principe : une foi, une loi, un roi, ne peut, aux
yeux de Louis XIV, être plus longtemps bafoué. En révoquant l’édit de Nantes le 16 octobre 1685, le roi
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
25
contraint les protestants à se convertir sous peine d’emprisonnement ou de galères. De nombreux
huguenots passent outre à l’interdiction royale et s’exilent.
Convertis de force, les protestants acceptent très mal l'édit royal. Cette décision est lourde de
conséquences que ne manquent pas de dénoncer le duc de Saint-Simon, Fénelon ou Vauban : des milliers
d'huguenots quittent la France, ce qui affaiblit le commerce, la marine royale et les finances du royaume.
Louis XIV, roi guerrier
La France de Louis XIV s'est agrandie, dès le début de son règne. Aux traités de Westphalie, qui
mettent fin en 1648 à la guerre de Trente ans, l'Empereur d'Autriche cède la majeure partie de l'Alsace à
la France; la guerre avec les Habsbourg d'Espagne s'achève en 1659 par le traité des Pyrénées qui laisse à
la France l'*Artois et le Roussillon. A partir de 1661, le roi entreprend de renforcer la sécurité du pays en
protégeant son "pré carré". Louis XIV réussit à imposer son hégémonie sur l'Europe en renforçant les forces
militaires du royaume. Une marine de guerre est constituée par Colbert et une armée permanente de
400000 hommes réorganisée par Le Tellier et Louvois. Il compte surtout protéger les limites de son "pré
carré" en confiant à Vauban la construction d'une "frontière de fer", notamment, en faisant restaurer les
fortifications des places fortes ou en édifiant de nouvelles.
A partir des années 1680, Louis XIV se heurte à la plupart des grands Etats d'Europe occidentale
qui organisent de grandes coalitions. La France reste isolée et les guerres coûtent très cher. A la taille,
un impôt direct qui frappe tous les roturiers et qui a quintuplé depuis Louis XIII, doivent s'ajouter trois
nouveaux impôts directs : la capitulation et le dixième (crées en 1695) puis le vingtième.
Louis XIV se fait représenter sur de nombreux tableaux de peinture, sur son cheval, en chef de
bataille ou en héros guerrier.
Mainmise sur les arts et sciences
Le pouvoir monarchique entend faire connaître ses actions, ses exploits guerriers par une
propagande que les agents du roi contrôlent habillement dans les nombreux libellés ou almanachs élaborés
à la gloire du roi. L'autre objectif du roi est d'exercer un patronage sur la création artistique et littéraire.
Il crée les Académies qui contribuent à exiger des règles et à imposer l'art classique.
C'est pour mieux contrôler la vie intellectuelle et servir le prestige de son royaume que Louis XIV
pensionne les artistes et les écrivains contraints de mettre leurs talents et leurs idées au service de l'Etat
monarchique et de se dévouer à sa propagande.
Versailles, le cadre du culte monarchique
Le roi n'a pas oublié les désordres de la Fronde ; il entend soumettre la grande noblesse à son
autorité, et lui imposer une obéissance sans faille. Afin de mieux les surveiller, il attire autour de lui les
nobles et plus puissants. Les courtisans ainsi "domestiqués" vivent selon un cérémonial précisément
codifié, "l'étiquette". Louis XIV donne à la Cour un éclat sans précédent et un rôle politique bien précis.
Le roi décide en 1668 d'entreprendre la construction de Versailles. Mettant à profit le vaste espace dont il
dispose, Le Nôtre entreprend l'agencement des jardins et les architectes Le Vau puis Hardouin-Mansart
édifient le gigantesque palais que décore Lebrun. A partir de 1682, le roi et la cour s’y installent. Le
château n’est pas tant une résidence royale que le siège du gouvernement. Versailles est devenu le lieu
central du pouvoir monarchique. En regroupant la noblesse à la cour, le roi peut la contrôler. On assiste
aussi à une véritable domestication de la noblesse qui ne joue plus aucun rôle politique.
Versailles permet une mise en scène du pouvoir royal, qui insiste sur la vénération et l'exaltation
de la personne du roi.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
26
La monarchie absolue selon Bossuet
Nul mieux que Bossuet (1627–1704) n’a exprimé la théorie de l’absolutisme royal. Pour Bossuet, la
personne des rois et leur autorité sont sacrés. Ainsi, « les princes agissent comme ministres de Dieu et ses
lieutenants sur la terre. C’est par eux qu’il exerce son empire ». « Il paraît de tout cela que la personne
des rois est sacrée et qu’attenter sur eux est un sacrilège ».
L’autorité royale est absolue : « Le prince ne doit rendre compte à personne de ce qu’il ordonne ». Le roi
est ainsi le seul détenteur de la puissance publique. « Tout l’Etat est en la personne du prince. En lui est
la puissance. A lui seul appartient de faire tout conspirer au bien public. Il faut faire concourir ensemble
le service qu’on doit au prince et celui qu’on doit à l’Etat comme deux choses inséparables ».
La monarchie absolue n’est pourtant nullement arbitraire, il existe des limites à l'absolutisme. En
effet, le roi est contraint à respecter les lois fondamentales du royaume. Il s'agit d'un ensemble de règles
non écrites qui limite impérativement ses prérogatives. Ainsi il ne peut pas désigner son successeur et il
doit observer la loi salique en vertu de laquelle la couronne ne peut être transmise par les femmes.
L'autre règle qui s'impose à lui est celle de l'inaliénabilité du domaine royal et de l'unité de la couronne.
Le roi ne peut vendre ou céder une partie des biens qu'il a reçus en héritage et dont il n'est que
l'usufruitier. De même, il ne peut partager son trône. Son pouvoir est encore plus limité lorsqu'il s'engage
par serment lors du sacre, à respecter les privilèges de ses sujets qu'il agisse de coutumes, de franchises
ou de libertés accordées par le passé à des villes, à des provinces, à des groupes sociaux comme le clergé
et la noblesse ou encore à des corporations. En raison de cette multitude d'entraves, l'administration
royale impose difficilement son emprise sur la société.
De plus, la géographie administrative de l'ancienne France devient de plus en plus confuse et enchevêtrée.
Les pouvoirs des rois sont limités par bien des obstacles et ce d'autant que la lenteur des communications
(15 jours pour Paris/Aix) ne permet pas au roi d'être rapidement informé.
L'absolutisme tel qu'il vient d'être analysé repose sur des institutions, des instruments symboliques
qui ont permis à Louis XIV d'imposer une autorité, en apparence sans faille, pendant tout son règne.
Affirmant sans cesse la raison d'Etat, il a cherché à rendre plus rationnelle l'administration du royaume par
la mise en place d'une véritable bureaucratie, contrôlée par son gouvernement.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
27
Le mouvement des Lumières, la Révolution
française, le Premier Empire
Il ne s'agit pas d'étudier les événements de la Révolution et de l'Empire, mais de comprendre en
quoi les idées et l'application de nouveaux droits ont conduit à la fin du système de l'Ancien Régime et à la
mise en place d'une nouvelle organisation de la société, concept de changement. L'étude de cette
question oblige à approfondir deux idées fortes (liberté et égalité) qui ont assurément marqué notre
histoire sur le long terme, les deux mots clé de la devise républicaine qui constituent les fondements
historiques de la citoyenneté depuis la Révolution française.
Comment se sont imposées les idées de liberté et d'égalité ? Quels événements ont marqué "l'an I
de la liberté" ? Comment l'instauration de la République a-t-elle conduit à affirmer de nouveaux droits ? La
période napoléonienne a-t-elle renforcé les acquis révolutionnaires ou les a-t-elle remis en cause ?
Lumières et liberté
La société française du XVIIIe siècle est une société d’ordre bloquée dans sa division traditionnelle
entre clergé, noblesse et tiers état. Incapable de se réformer, elle est soumise à des tensions de plus en
plus vives. Une aspiration à la liberté et un désir d’égalité des droits progresse donc tout au long du
siècle. Les philosophes considèrent qu'il faut tout analyser à la lumière de la raison. Ils développent leurs
critiques à l'égard de l'organisation de la société qu'ils n'hésitent pas à contester. Par leurs écrits, ils
remettent en cause la monarchie absolue et proposent d'autres formes d'exercice du pouvoir. Ils
préfèrent chercher un système politique qui évite toute forme de despotisme. Les philosophes des
Lumières rejettent ainsi la monarchie absolue et réclament le respect des libertés fondamentales :
penser, se déplacer, s’exprimer.
De 1751 à 1772 est publiée l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des
métiers, sous la direction de Diderot et d’Alembert.
En 1748, Montesquieu préconise la séparation des pouvoirs dans l’Esprit des Lois. Dans le Contrat
Social, Rousseau émet en 1762 l’idée d’un contrat entre le peuple souverain et ceux qui le gouvernent.
Voltaire combat l'omnipotence de l'Eglise catholique et défend les protestants
Les Lumières ont connu une large diffusion. Les livres, les journaux, les salons, les cafés, les
académies provinciales, les loges maçonniques ont joué un rôle capital dans la propagation des idées
nouvelle en France, mais aussi en Europe.
En Angleterre :
Pour beaucoup, la monarchie parlementaire anglaise fait figure de modèle. L’Habeas Corpus (loi votée
par le Parlement anglais sous le roi Charles II d’Angleterre) garantit la liberté individuelle dès 1679 en
interdisant toute arrestation arbitraire. Le Bill of Rights du 13 février 1689, cette Déclaration des Droits,
marque la véritable naissance de la démocratie moderne. Le Parlement est composé d'une chambre basse,
la Chambre des Communes (House of Commons), qui vote les lois, tandis qu'une Chambre haute, la
Chambre des Lords, contrôle celles-ci et peut les modifier.
En Amérique :
En Amérique du Nord, de nombreux conflits opposent à partir des années 1760 les colons à la couronne
britannique qui multiplie les contributions. L’instauration d’une nouvelle taxe sur le thé met le feu aux
poudres en 1773. Le 4 juillet 1776, les délégués des 13 colonies proclament l’indépendance des EUA. Il
s’ensuit une guerre où la France, qui intervient militairement pour soutenir les insurgés, s’enthousiasme
pour leur cause. La constitution adoptée le 13 septembre 1787, complétée par une série
d’amendements, est toujours en vigueur aujourd’hui. Elle s’inspire du principe de la séparation des
pouvoirs. Le pouvoir exécutif appartient à un Président élu pour 4 ans au suffrage universel. Le pouvoir
législatif est exercé par un Congrès composé de deux assemblées : le Sénat, qui comprend deux sénateurs
par Etat, et la Chambre des Représentants, où la représentation de chaque Etat est proportionnelle à sa
population.
C’est de cette recherche de la liberté et de l’impossibilité de mettre en œuvre les réformes nécessaires
que naît la Révolution.
La Révolution française
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
28
A la fin du XVIIIe siècle, la monarchie française est confrontée à un déficit financier chronique.
Louis XVI hérite en 1774 d’un royaume au bord de la faillite. Les mauvaises récoltes de 1787/88 entraînent
une disette et une forte hausse du prix du pain. Dans un monde dominé par l’économie agricole, la crise
économique se propage rapidement. L'exaspération des mécontentements grandit dans de nombreuses
catégories sociales du pays et aggrave la crise sociale perceptible depuis longtemps, contestant les
inégalités et décalages entre les cadres institutionnels (les 3 ordres traditionnels) et la société réelle qui
se fonde désormais sur une diversification des catégories socioprofessionnelles avec la prédominance d'une
bourgeoisie, force vive de la nation. La crise des mentalités, latente depuis plusieurs années avec le
développement des idées contestataires sur la monarchie absolue et ses liens avec le catholicisme
dominant, y trouve confirmation des thèmes qui se sont développés au cours du siècle : liberté, égalité,
citoyenneté.
Le roi décide alors, en décembre 1788, de revenir à une pratique ancienne : la convocation des
Etats Généraux, organisme institutionnel de consultation qui ne s'était pas réuni depuis presque 200 ans.
La rédaction des cahiers de doléances est lancée au printemps 1789. Toute la population se mobilise dans
les paroisses rurales et les métiers urbains pour faire émerger les problèmes, vécus au quotidien ou
ressentis sur fondements idéologiques. Ces cahiers font apparaître des thèmes récurrents sur la lourdeur
des taxes, les dysfonctionnements de l'administration royale mais aussi des revendications pour l'égalité,
la liberté individuelle, la citoyenneté. Ainsi, les trois ordres s’expriment dans des cahiers de doléances et
élisent leurs députés aux Etats généraux qui se réunissent à Versailles le 5 mai 1789. Mais la réunion
des Etats généraux ne pouvait qu'échouer car cette structure n'était plus adaptée aux évolutions sociales
et politiques de la société du XVIIIème siècle. Représentant plus de 95% de la nation, les députés du Tiers
exigent un vote par tête et non par ordre, qui leur garantit un droit d'expression. Le blocage immédiat
provoque la scission et la rupture. Le 17 juin, les députés du tiers état se proclament Assemblée
nationale. Le 20 juin, réunis dans la salle du Jeu de Paume, ils font le serment de ne pas se séparer
avant d’avoir donné une constitution au royaume. Louis XVI cède alors et demande aux députés du clergé
et de la noblesse de rejoindre l’Assemblée qui se proclame constituante le 9 juillet : la monarchie
absolue a vécu. Le pouvoir appartient désormais à la nation représentée par des députés, la révolution
juridique des institutions est faite.
Au même moment, l’agitation est à son comble à Paris où le petit peuple supporte mal la hausse
du prix du pain et le chômage, et n’accepte pas le renvoi de Necker le 11 juillet. L’inquiétude gagne la
population quand des rumeurs font état d’un encerclement de la ville par des troupes royales. Croyant y
trouver des armes, le peuple prend la Bastille le 14 juillet, prison symbole de l’arbitraire royal, et la
bourgeoisie se constitue en Garde Nationale sous le commandement de La Fayette. Le roi est obligé au
compromis et, le 17 juillet, accepte de se rendre à Paris et arbore la cocarde tricolore où le blanc de la
monarchie est encadré par le bleu et le rouge du peuple de Paris. Les trois couleurs scellent l'union de la
nation et de son Roi et deviennent le symbole du changement.
En juillet et en août, les troubles gagnent les campagnes. Les paysans refusent l’ordre seigneurial et
brûlent les châteaux : c’est la « Grande Peur ». Inquiets devant le soulèvement populaire, les députés
abolissent l’ensemble des droits seigneuriaux et des privilèges au cours de la nuit du 4 août. La société
repose désormais sur les nouveaux principes fixés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen adoptée le 26 août 1789. Il n’y a plus de sujets soumis à l’arbitraire royal, mais des citoyens
libres et égaux en droit. Inspiré par une philosophie de droit naturel qui était déjà inscrite dans le Bill of
Rights anglais de 1689 et la Déclaration d'indépendance américaine de 1776, la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen doit poser les bases d'un nouveau droit pour les citoyens et d'un nouveau régime
de gouvernement. Pour défendre les droits naturels, les individus se lient par contrat et deviennent
citoyens d'une communauté nationale. Membres de la nation, les citoyens naissent libres et égaux. La
souveraineté réside dans la Nation et le principe de séparation des pouvoirs est consacré. Elle proclame
l'égalité civile ou égalité devant la loi, la liberté individuelle et la liberté de conscience en vertu
desquelles nul ne peut être arrêté arbitrairement et nul ne peut être inquiété pour ses croyances
religieuses. Elle reconnaît les libertés publiques d'opinion et de presse, les droits de propriété et de sûreté
(la garantie de la sécurité des personnes et des biens) et le droit de résistance à l'oppression.
Une nouvelle hausse du prix du pain mécontente le peuple de Paris. Le 5 octobre, un cortège de
femmes se rend à Versailles et ramène le roi. Celui-ci est maintenant l’otage de Paris.
Les députés réorganisent rapidement le royaume. Les biens du clergé sont nationalisés et les
provinces cèdent la place à 83 départements subdivisés en communes. Le 17 juillet 1790, la fête de la
Fédération commémore la prise de la Bastille. La Fayette prête alors le serment de fidélité à la nation, à
la loi et au roi. La Constitution civile du clergé adoptée en juillet 1790 qui prévoit l’élection des curés
et des évêques provoque pourtant une crise, une partie du clergé (les réfractaires) refusant de prêter
serment à la constitution.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
29
Le 20 juin 1791, l’arrestation du roi en fuite à Varennes témoigne de son double jeu et marque
la rupture du souverain avec son peuple. L’agitation se renforce alors chez les sans-culottes,
révolutionnaires issus du peuple qui réclament l’instauration de la république. Une monarchie
constitutionnelle est mise en place en septembre 1791. Le roi détient le pouvoir exécutif et dispose du
droit de veto, alors que le pouvoir législatif appartient à l’Assemblée législative.
A l’étranger, on s’inquiète du risque de contagion révolutionnaire. Le 20 avril 1792, les députés,
soutenus par le roi qui attend une défaite de la Révolution, déclarent la guerre à l’Autriche. Les sansculottes prennent les Tuileries le 10 août 1792. Les députés votent la déchéance du roi et son arrestation
avant de proclamer la République le 22 septembre 1792, deux jours après la bataille de Valmy où des
volontaires en armes arrêtent l’invasion étrangère.
Une nouvelle assemblée, la Convention, est aussitôt élue au suffrage universel. Elle est divisée
entre les Montagnards, qui s’appuient sur le peuple de Paris, et les Girondins, modérés qui souhaitent un
retour aux principes de 1789. La Convention vote la mort du roi qui est guillotiné le 21 janvier 1793.
Un tribunal révolutionnaire et un Comité de salut public sont mis en place. En mars 1793, une première
levée en masse provoque le soulèvement des paysans vendéens. Le 2 juin 1793, les sans-culottes
obtiennent l’arrestation des Girondins qui sont exécutés. Les Montagnards mettent en place un régime
d’exception, la Terreur, destinée à vaincre les ennemis de la Révolution en satisfaisant les sans-culottes.
Le Comité de salut public, dominé par Robespierre, multiplie les mesures d’exception. Robespierre
élimine alors Danton et ses partisans, qui veulent atténuer la Terreur (avril 1794). Robespierre et ses amis
sont finalement arrêtés à leur tour le 9 thermidor (27 juillet 1794) avant d’être exécutés le lendemain.
La Terreur est ainsi un exemple parmi d’autres de la contradiction entre les principes généraux de la
Révolution et la réalité de leur application.
Une nouvelle constitution instaurant le Directoire est adoptée en septembre 1795. Le suffrage
universel est remplacé par un suffrage censitaire très restreint, et le pouvoir législatif confié à deux
assemblées : le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq Cents. Le nouveau régime est très rapidement
discrédité et l’armée devient l’arbitre du jeu politique. Le 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799),
devenu très populaire après l’expédition d’Egypte, le général Bonaparte organise un coup d’Etat qui met
fin au Directoire.
Le Consulat et l’Empire
Bonaparte établit une nouvelle constitution qui est ratifiée par voie de plébiscite. En approuvant
par leur vote le texte proposé par Bonaparte, les citoyens lui manifestent leur confiance et lui assurent
une apparence de légitimité. En 1802, le Consulat à vie est instauré, et le 2 décembre 1804, Bonaparte
est sacré « empereur des Français » sous le nom de Napoléon Ier.
L’Empereur est le seul maître de l’exécutif face à un législatif impuissant. Il contrôle le pays grâce à une
administration efficace qui s’appuie sur les préfets placés à la tête des départements. Napoléon Ier veut
mettre un terme à la Révolution en en consolidant les acquis.
En 1801, la signature d’un Concordat avec le pape met fin à la querelle religieuse. L’Eglise renonce à ses
propriétés vendues comme biens nationaux et le clergé est salarié par l’Etat. Le catholicisme n’est plus
religion officielle mais est reconnu comme la religion de « la majorité des Français ».
En 1803, Bonaparte crée une nouvelle monnaie, le franc germinal.
L’Empereur s’appuie sur les notables qui accèdent à l’administration locale et approuvent
l’instauration d’un ordre bourgeois fondé sur le Code civil de 1804. Celui-ci fait aboutir le projet
révolutionnaire visant à unifier les coutumes de France en un ensemble clair et simple. Il confirme la
liberté, l’égalité civile et le partage égal des successions tout en garantissant la propriété. L’autorité du
père de famille est renforcée alors que la femme est maintenue dans une position subalterne.
Les lycées créés en 1802 forment l’élite de la nation en garantissant la promotion au mérite et non plus
en vertu de la naissance. Le baccalauréat est créé en 1809.
En dépit du despotisme impérial qui a pu laisser croire à un retour de l'Ancien Régime, la période
napoléonienne a définitivement jeté les bases de la nouvelle société qui s'est établie en France au XIXème
siècle.
L’Empereur conquiert militairement un immense empire qui englobe plus de la moitié de l’Europe
par une série de victoires remportées de 1805 à 1807 contre l’Europe aristocratique coalisée. La
campagne de Russie de 1812 marque un tournant. Après avoir atteint Moscou, la Grande Armée bat en
retraite dans des conditions désastreuses. Napoléon est vaincu à Leipzig en 1813 et, en 1814, les
armées coalisées entrent en France. Napoléon doit abdiquer et le frère de Louis XVI, Louis XIII, est
rétabli sur le trône : c’est la Restauration. Exilé à l’île d’Elbe, Napoléon rentre en France le 1er mars
1815 pour une épopée de cent jours qui s’achève à Waterloo. Il abdique de nouveau et meurt en exil à
Sainte-Hélène en 1821.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
30
Expansion industrielle et urbaine en Europe,
Colonisation
Touchant aux mutations économiques et sociales du XIXème siècle, le sujet est vaste et son abord
complexe. Il faut avoir à l'esprit ce qu'en dit le programme de première : "on présente le processus
d'industrialisation et les transformations économiques et sociales qui lui sont liées. Il s'agit de saisir les
évolutions et les ruptures majeures sur près d'un siècle et non d'examiner le détail de la conjoncture."
Lorsque les historiens évoquent les transformations économiques de l'Europe avant 1850, ils utilisent
de moins en moins le concept de "révolution industrielle" pour les caractériser. Le mot "révolution"
suppose des changements rapides qui n'ont pas vraiment eu lieu dans le domaine économique et matériel.
Le passage d'une économie agraire et artisanale à une économie industrialisée et mécanisée s'est
progressivement opéré tout au long du XIXème siècle.
Comment est née une nouvelle organisation de l'économie en rupture avec l'économie agraire et
artisanale de l'Ancien Régime ? Pourquoi l'industrialisation s'est-elle produite en Europe au XIXème siècle ?
En quelques décennies, la vie quotidienne des populations, les mutations sociales, les rapports des
Européens au reste du monde se trouve profondément transformés.
L’expansion industrielle en Europe
L'industrialisation démarre en Grande-Bretagne entre 1780 et 1830, avec une large avance sur les
autres pays d'Europe occidentale : le pays connaît un décollage (take off) de son économie grâce aux
inventions techniques. Le tissage progresse et, vers 1840, toute la production des tissus de coton est
assurée par des machines dans de grandes usines. En un demi-siècle, l'activité cotonnière est passée d'une
production artisanale à une production industrielle, en adoptant les méthodes du capitalisme. La
productivité est multipliée alors que les coûts de production et les prix de vente s’effondrent.
L'extraction du charbon connaît elle aussi une progression accélérée. La houille devient le
combustible indispensable aux nouvelles machines, ce qui entraîne un essor minier sans précédent. La
machine à vapeur de Watt permet de mécaniser la remontée du charbon. La production quintuple entre
1800 et 1850. La machine à vapeur de Watt mise au point vers 1765 est désormais utilisée comme force
motrice, non seulement dans les mines de charbon, mais aussi dans toute l'industrie.
Vers 1830, la Grande-Bretagne jouit d'une avance incontestable sur tous les autres pays d'Europe. Les
trois facteurs décisifs dans l'avance anglaise : le cercle vertueux de la mécanisation, de la baisse des prix
industriels et de la croissance des profits place, vers 1830, l'industrie britannique en position
hégémonique; elle sera, pour 50 ans, l'atelier du monde.
A l'origine de toutes les grandes innovations techniques, la Grande-Bretagne conserve son avance et
maintient sa suprématie dans la grande industrie. Devenue le moteur de la croissance, la métallurgie a
pris le relais des industries cotonnières et l'acier anglais envahit l'Europe.
Le chemin de fer devient le moteur de la révolution industrielle. Il naît de la conjonction de deux
progrès : l’usage de rails de fer et la machine à vapeur mobile. En 1830 est inaugurée la première ligne
de chemin de fer Manchester-Liverpool. Ce nouveau mode de transport connaît alors un immense succès
en Europe : tous les pays occidentaux adoptent ce nouveau moyen de transport capable de déplacer, plus
vite et à moindre coût, d'énormes quantités de marchandises, en franchissant fleuves et montagnes. Au
milieu du siècle, le réseau atteint déjà 10 000 Km.
Les chemins de fer ont un effet d'entraînement sans précédent sur toutes les activités économiques. Ils
provoquent une hausse considérable de la demande pour l'extraction de charbon, la métallurgie et les
travaux publics. La métallurgie devient le secteur pilote de la croissance industrielle.
En France, la Monarchie de Juillet donne une impulsion décisive aux chemins de fer en décidant,
en 1842, de faire prendre en charge le financement des infrastructures par l’Etat. En 1870, le réseau
ferré français atteint 17 500 Km, et en 1913 59 000 Km, ce qui en fait le plus dense d’Europe.
L’industrialisation en Europe continentale est plus tardive. Alors que la France poursuit une
croissance économique "raisonnable", l'Allemagne et les Etats-Unis rattrapent très rapidement leur retard
sur les Britanniques. Dans tous ces pays industrialisés naît une civilisation commune dont les autres pays
européens, vers l'est et le sud, restent à l'écart. En France, la modernisation est inégale selon les
secteurs. Mais l’essor décisif a lieu sous le Second Empire grâce à la révolution des transports qui permet
l’unification du marché intérieur. Cet essor dépend largement de la technologie anglaise.
L’industrie automobile apparaît dans les années 1890, Les frères Lumière inventent le cinéma en
1895. En 1903, les frères Wright volent pour la première fois. Dès 1909, Louis Blériot traverse la
Manche en avion.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
31
Une main-d’œuvre ouvrière
Les ouvriers connaissent des conditions de vie difficiles. Leur travail est très pénible, souvent
dangereux, et ils subissent une discipline sévère dans les usines. Leurs journées de travail sont longues
(12h par jour et plus), et leurs salaires très médiocres. Travaillant dans des conditions aussi difficiles, les
femmes et les enfants, qui entrent parfois à l'usine dès l'age de 8 ans, ont des salaires inférieurs à ceux
des hommes. Trop mal payés, les ouvrier du XIXème siècle arrivés récemment en ville, vivent
généralement dans des logements sans aucun confort et insalubres. Leur condition misérable explique la
gravité de drames cil l'abandon d'enfants et la criminalité, mais aussi le fléau de la tuberculose ou celui
de l'alcoolisme dénoncé par Emile Zola (1840-1902) dans l'Assommoir (1877)
Si le sort des ouvriers tend à s'améliorer pendant la seconde moitié du XIXème siècle, cela tient
d'abord à leur solidarité et à leur capacité à mener des actions collectives pour améliorer leurs
conditions de vie et de travail. Cette prise de conscience de leurs intérêts communs favorise
l’émergence de mouvements revendicatifs. Les marxistes y voient la naissance d’une classe ouvrière
constituée de prolétaires vendant leur force de travail aux détenteurs du capital. Ils obtiennent le droit
de faire grève et de constituer des syndicats, dès 1824 au Royaume-uni plus tard en France, par la loi de
1864 (création des syndicats légalisée en 1884). Le sort des ouvriers s'améliore grâce à l'augmentation de
leurs salaires et grâce à des lois sociales. La législation fixe peu à peu les règles précises sur l’âge minimal
au travail (8 ans en 1841, 12 ans en 1874, 13 ans en 1892), sur le travail des femmes qui est interdit la
nuit en 1892, sur la journée de travail (12 h en 1892, 10h en 1900, 8h en 1919) et sur le repos
hebdomadaire obligatoire (1906).
Prolongeant les revendications professionnelles des ouvriers, des partis politiques naissent et se
préoccupent de la question sociale (on les appelle "socialistes"). Très vite ces partis se divisent : les
marxistes veulent détruire le système capitaliste par la révolution, tandis que les réformistes rejettent la
violence et souhaitent une transformation progressive en respectant la légalité.
Sous la pression conjuguée de ces syndicats et des nouveaux partis qui reprennent les revendications
ouvrières, des lois améliorent les systèmes de protection sociale à l'égard de la maladie, de l'accident et
de la vieillesse.
L'essor urbain en Europe
La croissance des villes au cours du XIXème siècle est liée à l'industrialisation, aux progrès des
transports et à l'exode rural. Dès la seconde moitié du XVIIIème siècle, l'avance de la Grande-Bretagne est
manifeste : les villes y sont nombreuses, très populeuses et plus industrialisées que dans les autres pays
européens. Dickens présente la gigantesque métropole londonienne, la ville la plus peuplée du monde
avec 4,5 millions d'habitants en 1900, comme une "monstre dévorant". Paris, qui comptait environ
550 000 habitants en 1800, en compte plus d’un million en 1851, 2,3 millions en 1881, 2,9 en 1911.
Si la révolution démographique est loin d'être une condition nécessaire à l'urbanisation, un facteur a
joué un rôle décisif, dès le XVIIIème siècle, c'est l'arrivée massive dans les villes de populations nouvelles à
la recherche d'un emploi. Les villes industrielles attirent le surplus de population qui ne trouve plus à
s’employer dans les campagnes et les quitte massivement : c’est l’exode rural. Il se caractérise par des
départs définitifs de jeunes qui quittent leur campagne.
La population urbaine augmente au XIXème siècle. Autour du noyau urbain central entouré de
boulevards, s'édifient de nouveaux quartiers où s'élèvent, souvent pèle même, des usines et des
immeubles neufs, particulièrement du coté de la gare. Les capitales comme Londres, mais aussi comme
Paris, Bruxelles, Berlin deviennent d'énormes métropoles.
L'industrialisation s'accompagne d'une véritable urbanisation sauvage. Elle provoque la misère des
populations ouvrières, celle des anciens citadins, intégrés dans le système industriels, mais surtout celle
des ruraux chassés de leurs terres par l'exode rural. Les arrivants s'installent dans les immeubles vétustes
des faubourgs ou dans un habitat précaire installé dans les banlieues avec des conditions extrêmement
difficiles dues à la promiscuité et au manque d'hygiène. La ville devient un foyer de désordres où sévit
la mendicité, la délinquance, l'alcoolisme et où se propagent les épidémies.
Il en résulte une ségrégation spatiale qui bouleverse la géographie sociale de la ville. Partout, les
banlieues populaires et usinières s'opposent aux "beaux quartiers" résidentiels.
Des politiques d'urbanisme entendent réorganiser et rationaliser les espaces. Pour faciliter l'accès,
améliorer la circulation et embellir la ville, de larges rues rectilignes sont ouvertes dans les anciens
quartiers. A Paris, Rambuteau effectue de tes travaux au temps de Louis-Philippe et, sous le Second
Empire, le préfet Haussmann entreprend de grandes percées dans le tissu urbain médiéval. Les centres
des villes deviennent la vitrine de la nouvelle vie sociale telle qu'elle s'organise au XIXème siècle.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
32
Le temps de l’émigration et des colonies
La population de l’Europe s’accroît à un rythme très élevé tout au long du XIXe siècle, puisqu’on
estime qu’elle passe de 200 millions à plus de 480 millions de 1800 à 1913. Sur la même période, près de
40 millions d’émigrants la quittent. Jusqu’en 1880, il s’agit essentiellement de Britanniques, d’Irlandais
et d’Allemands. Ainsi, en Irlande, la grande famine de 1845 est une véritable catastrophe démographique
qui entraîne le départ de plus d’un million de personnes vers la côte est des Etats-Unis. A la fin du siècle,
les Italiens, les Slaves et les Scandinaves prennent le relais.
La France n’est pas concernée par cette émigration. La France est une terre d’immigration, surtout dans
les régions frontalières. En 1891, il y a plus d’un million d’étrangers en France, dont 40% de Belges. Les
Italiens sont présents dans le sud, mais aussi dans les mines de fer et dans la sidérurgie lorraine.
Outre le Canada et les possessions d’Amérique du Nord, l'empire anglais se compose d’îles antillaises,
de comptoirs africains, de la majeure partie de l’Inde et d’une colonie pénitentiaire en Australie. La
Nouvelle-Zélande s’y ajoute en 1840 et Hong Kong en 1842.
La France a pour sa part perdu l’essentiel de l’empire constitué au XVIIe siècle dans les guerres
franco-britanniques du XVIIIe. Elle ne conserve en 1814 que quelques îles des Antilles et de la Guyane,
Gorée et Saint-Louis au Sénégal, l’île Bourbon (La Réunion), les comptoirs de l’Inde et Saint-Pierre-etMiquelon. En 1830, elle entreprend la conquête de l’Algérie. En juin 1830, un corps expéditionnaire
français s’empare d’Alger.
L’interdiction de la traite négrière est effective par le traité de Vienne en 1815. La GrandeBretagne abolit finalement l’esclavage dans ses colonies en 1833, et la France en 1848.
Les principales puissances européennes se lancent alors dans un vaste mouvement d’expansion
coloniale dans les années 1870 – 1880. Les Européens sont à la recherche de matières premières et de
débouchés pour leurs productions industrielles. Les explications économiques ne sont pourtant pas les
plus importantes. Il est intéressant de constater que Jules Ferry, dont on retient surtout l’image du père
fondateur de l’école de la République, est tout autant un fervent défenseur de l’expansion coloniale
française, et ce en dépit d’une farouche opposition parlementaire. Pour Jules Ferry, la France, patrie des
Droits de l’homme, a naturellement vocation à répandre les Lumières sur le monde. Ferry reprend l’idée
du « fardeau de l’homme blanc » évoquée par le Britannique Kipling. Les « races supérieures », affirme
Ferry, ont « le devoir de civiliser les races inférieures » (Discours à la Chambre des Députés, 18 juillet
1885). On aurait tort cependant d’imaginer une France unanime menant une politique coloniale mûrement
réfléchie. La colonisation ne fut jamais un grand destin national, tout au plus le rêve un peu fou d’une
minorité agissante.
La loi de finances du 13 avril 1900 pose le principe de l’autonomie financière des colonies. Le
texte stipule que « toutes les dépenses civiles et de la gendarmerie sont supportées en principe par les
budgets des colonies ». Il revient donc aux colonisés de payer eux-mêmes les frais engagés par le
colonisateur venu les soumettre à son autorité…
A la veille de la Première Guerre mondiale, les possessions françaises sont administrées par trois
ministères différents : l’Algérie est rattachée au ministère de l’Intérieur, la Tunisie et le Maroc au
ministère des Affaires étrangères et tout le reste au ministère des Colonies. L’Algérie apparaît comme un
prolongement de la France au sud de la Méditerranée. Depuis 1898, elle a à sa tête un gouverneur
général et est constituée de trois départements.
La Tunisie, depuis 1881, et le Maroc, depuis 1912, sont des protectorats qui conservent leur
souverain et leur personnalité propres. Il s’agit en fait d’un trompe-l’œil, l’essentiel du pouvoir se
trouvant concentré dans les mains du résident général qui est à la fois le chef des services administratifs
du territoire, le ministre des Affaires étrangères du souverain et le commandant des forces armées.
Depuis 1891, le gouvernement général de l’Indochine regroupe le Cambodge, le Laos, l’Annam, la
Cochinchine et le Tonkin. L’Afrique Noire se divise en Afrique occidentale française et en Afrique
équatoriale française, chaque fédération étant un ensemble de colonies. Le quatrième gouvernement
général rassemble Madagascar et les Comores.
A cela s’ajoute ce que l’on a pris l’habitude d’appeler les « quatre vieilles » : la Guadeloupe, la Guyane,
la Martinique et La Réunion, qui deviendront des départements d’outre-mer en 1946, les Territoires
d’outre-mer (TOM) d’aujourd’hui, les quatre comptoirs français de l’Inde, et la Côte française des
Somalis, l’actuelle Djibouti.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
33
Naissance de la République
Restauration et monarchie de Juillet
La défaite des armées de Napoléon entraîne le rétablissement de la monarchie et l’installation sur le
trône de Louis XVIII, le frère de Louis XVI. La Restauration n’est pourtant pas un retour à l’Ancien
Régime. L’égalité civile est maintenue, tout comme les transferts de propriétés effectués pendant la
Révolution. La Charte constitutionnelle octroyée en 1814 répartit le pouvoir législatif entre deux
assemblées : une Chambre des députés, élue au suffrage censitaire, et une Chambre des pairs,
héréditaires ou nommés à vie par le roi.
En 1824, Charles X succède à son frère. Il rompt rapidement avec l’esprit d’apaisement qui prévalait
dans le pays, avant d’être renversé finalement par une révolution, les Trois Glorieuses des 27, 28 et 29
juillet 1830.
Le duc d’Orléans accède au trône et devient Louis-Philippe, roi des Français et non plus de France :
c’est la monarchie de Juillet.
Des oppositions républicaines et socialistes prennent forme surtout dans les sociétés secrètes et suscitent
plusieurs révoltes armées qui sont écrasées par la force.
La IIe République
En février 1848, une insurrection populaire parisienne contraint Louis-Philippe à abdiquer et
entraîne la proclamation de la République. Un gouvernement provisoire est formé, et le suffrage dit
universel, bien qu’excluant les femmes du corps électoral, est adopté le 5 mars. Dans la foulée sont
créés des ateliers nationaux chargés d'occuper les chômeurs à des travaux publics (véritable gouffre
financier qui aggrave le déficit grandissant du Trésor public). L'abolition de l'esclavage est décidée.
La Seconde République se réfère à la Révolution française et renoue avec ses fêtes publiques et ses
symboles. De nombreuses municipalités procèdent à la plantation d'arbres de la Liberté et les mairies
achètent le buste de la Marianne de Dubray, coiffée du bonnet phrygien.
Les premières élections au suffrage universel qui ont lieu le dimanche de Pâques (23 avril 1848) sont
plus qu’une célébration de l’unité sociale : une communion dans la République. Les électeurs des
campagnes se rendent au chef-lieu de canton en véritables processions, au sortir de la messe. Près de 7
millions d’électeurs participent au scrutin. Ils élisent une assemblée qui fait la part belle aux modérés et
noie dans le sang l’insurrection ouvrière à Paris, en juin 1848, consécutive à la fermeture des Ateliers
nationaux.
La constitution du 12 novembre 1848 adopte un régime présidentiel qui permet à Louis-Napoléon
Bonaparte de se faire élire, le 10 décembre, à la présidence de la République.
Aux élections législatives de mai 1849, les républicains modérés sont mis en minorité au profit d'une droite
qui met en place une République conservatrice. Ces conservateurs sont amenés à modifier la loi
électorale. La constitution ne permettant pas de revenir au suffrage indirect ni d’abolir le suffrage
indirect ni d’abolir le suffrage universel, il reste la possibilité de jouer sur les conditions de résidence.
Ainsi la loi du 31 mai 1850 impose trois ans de domicile fixe pour obtenir le droit de vote. Près de 3
millions d’électeurs sur 9 millions et demi sont privés de droit de vote.
Le 2 décembre 1851, date anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804, et de la bataille d’Austerlitz
en 1805, le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte met un terme à la République. Une génération de
républicains, dont beaucoup doivent s'exiler comme Ledru-Rollin ou Victor Hugo, entre dans une farouche
opposition au régime impérial.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
34
Le Second Empire
Le Second Empire est proclamé le 2 décembre 1852.
Le Second Empire est une période de forte expansion économique. La France se développe et s’enrichit.
Elle se dote d’un puissant secteur bancaire et d’un vaste réseau de chemins de fer, tandis que le préfet de
la Seine, Georges Haussmann, modernise la capitale où il perce de larges avenues.
Les élections ne sont guère démocratiques, et l’administration désigne des candidats officiels. Du
moins ont-elles lieu régulièrement, ce qui ancre profondément le suffrage universel dans les habitudes des
Français. A partir de 1869, avec l’amnistie des républicains, se dessine une évolution vers un « empire
libéral ». Le droit de grève est accordé en 1864, et la législation sur la presse assouplie en 1868. Une
véritable vie politique peut ainsi renaître.
L'Empire s’effondre quelques mois plus tard à la suite d’une guerre malheureuse contre la Prusse.
L’Empereur est fait prisonnier à Sedan le 2 septembre et la République est proclamée à Paris le 4
septembre 1870.
La difficile naissance de la IIIe République
Un gouvernement de Défense nationale est constitué, mais la situation militaire est désastreuse.
Paris doit capituler le 28 janvier 1871.
Une Assemblée constituante à majorité monarchiste est élue le 8 février et Adolphe Thiers, « chef du
pouvoir exécutif de la République Française », signe le traité de Francfort le 10 mai 1871 avec l’Empire
allemand (solennellement proclamé dans la galerie des glaces du château de Versailles le 18 janvier
1871). L’Alsace et la Lorraine sont cédées à l’Allemagne à qui la France est contrainte de verser une
indemnité de 5 milliards de francs or.
Ce même mois de mai voit l’écrasement de la Commune, qui prend naissance le 18 mars 1871 quand
le gouvernement tente de s’emparer des canons de la garde nationale à Montmartre. Une insurrection se
propage aussitôt, tandis que le gouvernement doit abandonner la capitale et se réfugier à Versailles. Du
21 au 28 mai 1871, les « Versaillais » donnent l’assaut à la capitale à l’aide de troupes provinciales. La
répression est féroce, c’est la « semaine sanglante ». Les combats s’achèvent au cimetière du PèreLachaise où sont fusillés les derniers insurgés.
L’assemblée est divisée sur les modalités d’une restauration. Les orléanistes favorables à la famille
de Louis-Philippe, duc d’Orléans et roi des Français de 1830 à 1848, s’opposent aux légitimistes qui,
depuis 1830, considèrent la branche aînée des Bourbons comme seule légitime et soutiennent le comte de
Chambord, petit-fils de Charles X. Hostile à l’héritage de la Révolution et notamment au drapeau
tricolore, le comte de Chambord fait échouer toutes les initiatives de ses partisans.
Adolphe Thiers joue un rôle fondamental dans la nouvelle République. D’abord favorable à la
monarchie, il va progressivement acquérir la conviction qu’il n’y a d’autre gouvernement possible pour la
France que la République conservatrice. Il est contraint de démissionner au profit du légitimiste MacMahon qui devient président de la République en mai 1873. A cette date, la République n’a toujours pas
de constitution. En novembre, Mac-Mahon instaure le septennat qui doit lui laisser le temps de faire
aboutir la restauration à laquelle il aspire. Le 30 janvier 1875 est adopté à une voix de majorité
l’amendement Wallon qui précise que « le président de la République est élu par le Sénat et la
Chambre », ce qui revient à instituer la République.
Trois lois constitutionnelles sont votées en février et juin 1875. Elles constituent l'embryon de
constitution de la IIIème République. Ces lois prévoient de respecter le suffrage universel et la séparation
des pouvoirs. C'est donc un régime parlementaire qui est mis en place. Le pouvoir législatif appartient à
un Parlement formé de deux chambres : la Chambre des députés, élus pour 4 ans au suffrage universel
direct, et le Sénat dont les membres sont élus pour 9 ans au suffrage indirect. Le Président de la
République, élu pour 7 ans par le Parlement réuni à Versailles, est le chef de l’Etat. Il dirige les armées,
dispose du droit de grâce, promulgue les lois dont il a l’initiative avec le Parlement et nomme le Président
du Conseil, qui est le chef du gouvernement. La République est désormais en place.
Les républicains choisissent bientôt la Marseillaise comme hymne officiel et font du 14 juillet la fête
nationale alors que le Parlement, qui siégeait à Versailles depuis la Commune, s’installe de nouveau à
Paris.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
35
La République par l’école
Pour consolider la République, il faut soustraire la jeunesse à l’influence de l’Eglise, ce qui passe
nécessairement par le contrôle de l’enseignement primaire. On aurait tort cependant d’imaginer que la
IIIe République alphabétise des petits Français qui ne connaissent pas les chemins de l’école. La majeure
partie des enfants fréquente l’école dès avant Ferry. L’essentiel s’est joué sous la monarchie de Juillet
avec la loi Guizot de juin 1833 qui contraignit chaque commune à entretenir au moins une école
primaire élémentaire et chaque département une école normale d’instituteurs.
La gratuité avait de même fortement progressé avant l’instauration de la République.
Une première loi du 16 juin 1881 instaure la gratuité de l’enseignement primaire avant la loi du 28
mars 1882 sur l’obligation et la laïcité.
Les républicains comptent sur l’école publique pour affermir le régime et interdire à jamais toute
restauration. L’histoire est alors une pièce maîtresse des programmes qui exaltent la nation et ses héros,
quand la géographie permet aux petits Français de se représenter un espace national qu’ils ne connaissent
pas.
La République des républicains
Les républicains entendent consolider le nouveau régime en adoptant les grandes lois républicaines.
Ils affirment les libertés publiques par les lois de 1881 instituant la liberté de la presse et le droit de
réunion. Ils renforcent la démocratie locale par la loi de 1882 qui décide l'élection des maires (sauf à
Paris). Ils adoptent les lois sur l'enseignement en 1881 et 1882. Par ailleurs sont créés des lycées de
jeunes filles. La loi de 1884 rétablit le divorce, mesure qui déplait au parti clérical.
Pourtant de 1885 à 1898, la République connaît une période de difficultés qui témoignent de sa
fragilité. La crise boulangiste (1886-1889) suscite une coalition de mécontents. Le scandale de Panama
(1892-1893) éclabousse de nombreux parlementaires accusés de corruption. L'affaire Dreyfus, avec ses
manifestations d'antisémitisme, déchire l'opinion et conduit à l'affirmation d'une gauche républicaine
favorable aux droits de l'homme et très anticléricale. Aux dreyfusards qui défendent les Droits de
l’Homme et la Justice s’opposent les antidreyfusards qui mettent en avant l’honneur de l’armée et la
raison d’Etat, avec des arguments antisémites.
Les radicaux s’installent alors durablement au pouvoir et instaurent une laïcité de combat.
La loi de juillet 1901 sur les associations permet la naissance de véritables partis politiques mais soumet
les congrégations religieuses à l’approbation du Parlement.
Le 9 décembre 1905, enfin, est adoptée la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Désormais, « la
République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». La République laïque est
définitivement établie.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
36
La planète en guerre : l'extrême violence du
XXème siècle
La Grande Guerre
8 400 000 mobilisés en métropole, et plusieurs centaines de milliers dans les colonies; 1 380 000
morts, dont 70 000 originaire de l'outre mer, 600 000 veuves, 700 00 orphelins, peut être 1 000 000
d'invalides. Ramené aux seuls chiffres nationaux, le bilan de la première guerre mondiale est effrayant. La
nation tout entière est meurtrie dans sa chair.
Tout débute le 28 juin 1914 quand, à Sarajevo, un bosniaque assassine l'archiduc FrançoisFerdinand, l'héritier de la couronne impériale d'Autriche-Hongrie. Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie, qui
espère un conflit limité, déclare la guerre à la Serbie. La machine infernale est désormais lancée. Le tsar
mobilise pour défendre son allié serbe. L'Autriche-Hongrie en fait de même, tout comme l'Allemagne.
Quant à la France, elle ne peut abandonner son allié russe. Le 2 août, l'Allemagne déclare la guerre à la
France, ce qui conduit le Royaume-Uni à déclarer la guerre à l'Allemagne le 4 août.
La mobilisation s'effectua en France dans le calme et avec le sentiment d'un devoir à accomplir. Le temps
semblait venu de vider une fois pour toutes le contentieux franco-allemand et de reprendre l'Alsace et la
Lorraine qui avaient été perdues en 1871. Le service militaire obligatoire, qui avait été porté à 3 ans
l'année précédente, l'école de la République, qui exaltait le sentiment national, tout concourait à faire
accepter une guerre qui serait, pensait-on, courte et victorieuse. Début août, les Français se rassemblent
dans ce qu'on a appelé l'Union sacrée pour défendre la patrie.
Les allemands attaquent par la Belgique, pourtant neutre. Le nord de la France est peu protégé.
La Belgique franchie, les allemands approchent dangereusement de Paris (45 km). Le général Joffre
stoppe l'avancée ennemie sur la Marne du 5 au 12 septembre 1914. S'ensuit une course à la mer ou chaque
armée essaie de déborder l'autre pour aboutir, à la fin de l'année, à un front continu de la Suisse à la mer
du Nord où les troupes se font face, enterrées dans des tranchées. Le front n'évolue pratiquement plus
avant le printemps 1918. Le 21 février 1916 débute la bataille de Verdun, dirigé par Pétain. Elle est
interrompue en juillet car la bataille de la Somme est lancée le 1er juillet 1916, commandé par Joffre.
Celle-ci se termine le 18 novembre, les alliés ont avancé d'une dizaine de km. Elle a fait 1 200 000 tués ou
blessés. Quant à la bataille de Verdun, elle prend fin en décembre 1916, avec 700 000 morts, et pourtant
les positions des 2 camps n'ont pas changées. Le général Nivelle lance en 1917 l'offensive du Chemin des
dames. C'est une telle boucherie que des mutineries se déclanchent dans l'armée, durement réprimées.
Pendant les 6 semaines d'offensive, 270 000 soldats trouveront la mort. Le 7 mai 1915, le navire Lusitania
fait naufrage. Les Etats-Unis entrent alors en guerre. Le 13 juin 1917, les premiers contingents américains
débarquent en France. L'année 1918 commence par des offensives allemandes sérieuses. Ceux-ci
atteignent la Marne à 60 km de Paris, mais ils doivent reculer devant la contre-offensive (18 juillet 1918)
que Foch peut organiser grâce à l'arrivée massive de soldats américains (1 millions de renforts).
L'armistice qui met fin aux hostilités est alors signé à Rethondes, le 11 novembre 1918.
La deuxième Guerre mondiale
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni et la
France déclarent la guerre à l'Allemagne. Le 10 mai 1940, les Pays-Bas, la Belgique et la France sont
envahis par les troupes allemandes. Le corps expéditionnaire britannique est évacué en catastrophe à
Dunkerque. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris. L'armistice est signé le 22 juin 1940; les
Britanniques sont désormais seuls face à l'armée allemande. Galvanisés par le Premier ministre Winston
Churchill, ils résistent courageusement aux bombardements massifs et conservent la maîtrise du ciel.
Le 22 juin 1941, l'Allemagne envahit l'URSS. L'armée rouge est balayée et, en décembre 1941, les troupes
allemandes sont aux portes de Moscou et de Leningrad, où elles sont arrêtées par l'hiver russe auquel elles
sont mal préparées. Les Etats-Unis entrent à leur tour dans la guerre. Leur politique isolationniste n'est
plus d'actualité avec l'extension du conflit. Le 7 décembre 1941, sans déclaration de guerre, l'aviation
japonaise détruit à Pearl Harbor la plus grande partie de la flotte américaine du Pacifique. La guerre
s'internationalise. Parallèlement à la guerre européenne se déroule en effet une guerre dans le Pacifique
où le Japon mène une politique impérialiste depuis le début des années 1930.
Au printemps 1942, la puissance de l'Axe est à son apogée, tant en Europe et dans le Pacifique qu'en
Afrique. L'expansion Japonaise est pourtant stoppée en mai lors de la bataille de la mer de Corail. En
août, les troupes allemandes échouent à prendre Stalingrad (elles capitulent en février 1943). La victoire
des Alliés qui disposent d'une énorme supériorité industrielle n'est plus alors qu'une question de temps. Le
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
37
6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. Paris est libéré le 25 août. Un nouveau débarquement à
lieu en Provence le 15 août, ce qui provoque la retraite des armées allemandes. Le Rhin est franchi en
mars 1945. Les soviétiques entrent dans Berlin, et Hitler se suicide le 30 avril. Berlin capitule le 8 mai sans
conditions.
Dans le Pacifique, les Etats-Unis doivent faire face à une défense acharnée des troupes japonaises qui
refusent de se rendre. Le président Truman décide alors d'utiliser la nouvelle arme atomique. Une
première bombe est larguée sur Hiroshima le 6 août, une seconde sur Nagasaki le 9 août. Le 2 septembre
1945, le Japon signe l'acte de capitulation : c'est la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Plus de 50 millions de morts dans le monde, dont 20 pour la seule URSS. C'est le conflit le plus
meurtrier de l'histoire. Certains pays comme l'Allemagne et la Pologne ont eu plus de morts civils que
militaires, car les bombardements aériens sur les villes furent effroyables (celui de Dresde en février 1945
fit 135 000 victimes). Le massacre des populations et des camps d'extermination firent 15 millions de
morts dont 6 millions de juifs et tziganes par les nazis.
La France dans la deuxième guerre mondiale
En déclarant la guerre à l'Allemagne, la France ne veut pas connaître à nouveau les sanglantes
hécatombes de l'été 1914. Elle attend donc l'ennemi de pied ferme, retranchée derrière la ligne Maginot.
La frontière belge n'est pas protégée, les Ardennes étant réputées infranchissables. La surprise est ainsi
totale lors de l'attaque du 10 mai 1940. Dès le 14 juin, les troupes allemandes sont dans Paris, abandonné
par le gouvernement. Le 22 juin, l'armistice est signé à Rethondes sur les lieux mêmes où avait été signé
celui du 11 novembre 1918. La guerre a été courte, mais sanglante : 92 000 tués en cinq semaines dans les
rangs dans l'armée française. Les conditions faites à la France sont dures. Le pays est partagé entre une
zone nord, occupée, et une zone sud, dite "libre". L'Alsace et la Moselle sont annexées de fait. Les frais
d'occupation sont à la charge des Français, et les soldats démobilisés sont considérés comme prisonniers
de guerre et emmenés en Allemagne.
La IIIème République n'est plus. Le pouvoir appartient à un vieil homme de 84 ans qui entend bien imposer
à la France un ordre nouveau. Pétain met rapidement en place un régime xénophobe et antisémite, et
choisit d'entrer dans la voie de la collaboration avec l'Allemagne dont il tient la victoire finale pour
inéluctable. Le 24 octobre, il rencontre Hitler à Montoire. Si la majorité des Français semble faire
confiance au héro de Verdun, tous ne se résignent pas à la défaite. Le 17 juin 1940, le général de Gaulle,
sous-secrétaire d'Etat à la Défense nationale, rejoint Londres d'où il lance, le 18 juin, un appel à
poursuivre le combat. Il est bien peu entendu. L'Afrique équatoriale française (AEF) se rallie fin août à
l'initiative du gouverneur du Tchad Félix Eboué. Parallèlement à l'action de De Gaulle se développe une
résistance intérieure qui se structure progressivement en mouvements à partir de 1941. Après l'invasion
de l'URSS en juin 1941, les communistes entrent massivement dans la Résistance. Ils sont rejoints en 1943
par des travailleurs qui refusent d'être envoyés en Allemagne au titre du service du travail obligatoire
(STO) mis en place par Vichy.
Avec le débarquement allié en Afrique du Nord, de Gaulle s'installe à Alger. Il parvient progressivement à
faire reconnaître son rôle de chef de la France Libre par les Alliés et à asseoir son autorité sur la
Résistance intérieure, que son envoyé Jean Moulin regroupe au sein du conseil national de la Résistance
(CNR). Le 3 juin 1944, il proclame à Alger la naissance du Gouvernement provisoire de la République
française (GPRF). Il s'agit dès lors de songer à la reconstruction politique du pays au lendemain de la
Libération.
La Libération commence avec le débarquement anglo-américain en Normandie (6 juin 1944). La
Résistance intérieure y participe activement par des actions de renseignement, de sabotage, de guérilla.
Le régime de Vichy s'effondre dès le reflux de l'armée allemande, et le général de Gaulle peut installer le
GPRF dans la capitale à la fin du mois d'août 1944. La France poursuit alors la guerre avec les Alliés, ce
qui permet de faire partie du camp des vainqueurs.
Les pertes matérielles sont énormes, bien plus qu'en 1918. Des villes entières, comme Le Havre, ont été
rasés par les bombardements alliés. Le ravitaillement reste une obsession quotidienne, et il faut attendre
1949 pour voir la fin du rationnement. Sur le plan économique comme sur le plan politique, le pays est à
reconstruire.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
38
L'extermination des juifs par les nazis
Le nazisme fut d'abord un racisme extrême, présenté dès 1925 dans Mein Kampf. Hitler reprend à son
compte les idées racistes qui ont servi de fondement à la doctrine national-socialiste. Pour Hitler, la lutte
des peuples s'explique par la lutte des races entre les peuples. A ces yeux, les germains sont les plus
dignes descendants des Aryens. Ils constituent la "race supérieure", ce qui les désigne comme les plus
aptes à dominer le monde et à disposer d'un espace vital qui favorise leur épanouissement. La priorité doit
être de préserver la pureté de la race aryenne des menaces de contamination par les races inférieures. Ce
qui fut nouveau dans le nazisme ce fut, en très peu de temps, l'ampleur et la violence des moyens utilisés
pour créer une "race aryenne supérieure pure". Des mesures eugéniques destinées à améliorer la race
furent utilisées.
La persécution contre les Juifs débuta en Allemagne dès 1933 par leur exclusion de certains emplois, dont
l'administration. Les lois de Nuremberg en 1935 marquèrent une nouvelle étape en les transformant en
citoyens de seconde zone, avant la politique d'"aryanisation" de 1938 qui les exclut de la vie économique
(le 9 septembre 1938, lors de la nuit de cristal, 7000 magasins juifs furent saccagés et des synagogues
incendiées).
Puis, au début de la guerre, confrontés aux millions de Juifs de Pologne et d'URSS, les allemands utilisent
trois méthodes différentes. D'abord, ce furent les ghettos qui servirent à regrouper et enfermer les Juifs;
celui de Varsovie voyait s'entasser 435 000 habitants. Puis pendant l'invasion de l'URSS, des groupes de
soldats spécialisés furent chargés de massacrer les civils juifs et communistes. Enfin en décembre 1941
eurent lieu les premières exécutions avec des camions à gaz, en Pologne. Le durcissement de la guerre et
le besoin de main-d'œuvre amenèrent les nazis à mettre au point la Solution finale lors de la conférence
de Wansee (janvier 1942. Il se mêlait deux objectifs : utiliser la main d'œuvre et/ou éliminer les juifs. Les
camps de concentration étaient soit des camps de travail, soit des camps d'extermination, soit les deux
comme à Auschwitz-Birkenau. Les ghettos furent donc fermés et un énorme système de transport fut mis
en place dans toute l'Europe pour acheminer les Juifs raflés.
Le bilan est effroyable, mais ne concerne pas que les Juifs. Sur 8 millions de Juifs vivant en
Europe en 1939, 5,1 périssent dont 3 millions exterminés dans les camps, 1,3 millions massacrés en URSS,
800 000 décimés dans les ghettos, soit plus de 70 % de la communauté juive. Sur les 75 000 juifs français
déportés dans les camps, seuls 2 500 en sont revenus. Les tziganes, autre "race inférieure" sans patrie,
furent exterminés à 47 % soit 240 000 morts; et la volonté de création d'une race supérieure amena
l'euthanasie de 70 000 handicapés; même les homosexuels furent exterminés par milliers. Les slaves furent
aussi massivement tués.
Le 27 janvier est retenu comme la journée de la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des
crimes contre l'humanité.
Les guerres coloniales
La deuxième guerre mondiale joua un rôle décisif : les Alliés, en affirmant les principes de la
Chartes de l'Atlantique, encouragèrent l'émancipation des peuples colonisés que leur participation à la
guerre paraissant justifier amplement. Mais la France, humiliée en 1940, essaya de rétablir partout sa
domination, même assouplie; les incohérences de l'Union Française et la crise de la IVème république
l'entraînèrent dans deux guerres longues et meurtrières, en Indochine et en Algérie.
La guerre d'Indochine (1946-1954)
Le bombardement de Haïphong en novembre 1946, qui, au lieu de calmer l'agitation, provoqua des
massacres de Français à Hanoï le 19 décembre. La guerre allait durer huit ans et devenir de plus en plus
un conflit idéologique internationalisé.
De nombreux facteurs contribuèrent à affaiblir l'armée française. D'abord l'instabilité politique de la IVème
République qui laissa se développer des politiques contradictoires entre civils et militaires. Cette guerre
du bout du monde fut peu soutenue par les médias et la population qui avait bien d'autres problèmes. Le
nombre important de morts (75 000), de prisonniers (14 000) et de blessés (50 000), aggravait le manque
d'effectifs.
L'armée Vietminh bénéficia rapidement de plusieurs atouts essentiels; elle fut armée et financée par l'aide
chinoise puis russe; cela lui permit de posséder une artillerie lourde et des canons antiaériens décisifs lors
de la bataille de Dien-Bien-Phû. Elle fut aussi très encadrée et motivée par l'appareil communiste.
Une grande base aéroterrestre, avec 12 000 hommes fut installée à Dien-Bien-Phû en 1953. Mais le 6 mai
1954, après 55 jours de siège, ce fut la capitulation devant des forces 5 fois supérieures et très bien
armées.
Les négociations de Genève aboutirent en juillet 1954 à l'indépendance du Laos, du Cambodge et du
Vietnam nord.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
39
La guerre d'Algérie (1954-1962)
Conquise dès 1830, l'Algérie constituait la plus grande colonie française et la seule véritable colonie de
peuplement. Près d'un million d'Européens y vivaient avec 8 500 000 Algériens.
A la différence de la guerre d'Indochine, la guerre fut ici surtout nationaliste.
Après Dien-Bien-Phû, les mouvements nationalistes firent la preuve de leur unification dans le cadre du
Front de Libération Nationale (FLN) en organisant 30 attentats lors de la "Toussaint sanglante" de 1954.
Avec l'envoi d'une armée de 400 000 hommes et 30 000 harkis, les violences réciproques s'amplifièrent. En
France, l'opposition du PC et de nombreux intellectuels et les attentats du FLN divisèrent l'opinion.
Sur place, l'arrivée du général Salan, ancien d'Indochine, conduisit l'armée à s'adapter à la guérilla et à
employer la torture, ce qui permis de gagner la "Bataille d'Alger". Craignant l'abandon, les "pieds-noirs" et
l'armée organisèrent le putsch d'Alger le 13 mai 1958. Pour éviter la guerre civile, le retour de De Gaulle
s'imposa et entraîna le changement des institutions : naissance de la Vème république. Mais dès
septembre 1959, il parle d'auto-détermination, puis l'Algérie algérienne. En janvier 1961, un référendum
approuve cette politique à 75 %. Finalement les Accords d'Evian du 18 mars 1962 amenèrent le cessez-lefeu et un référendum d'auto-détermination le 3 juillet.
Le plus tragique fut le massacre d'environ 50 000 harkis restés en Algérie; et bien sur le départ de 800 000
"pieds-noirs" et harkis vers la France.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
40
La Vème République
Ainsi qu’y invitent les documents d’application, ce thème doit être envisagé comme une première
approche du fonctionnement des institutions de la République. Il s’agit donc de se familiariser avec les
rôles respectifs de président de la République, du gouvernement et du Parlement.
Quelle place le général de Gaule a-t-il occupé dans notre histoire nationale ? Comment a-t-il
contribué au renforcement du pouvoir exécutif dans la constitution de 1958 ? Quels rôles ont joué Georges
Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing ou François Mitterrand ? Comment ont fonctionné les institutions au
temps de l'expérience socialiste ?
La Cinquième République est née de l’insurrection algérienne. Le 13 mai 1958, les généraux
Massu et Salan font un putsch à Alger par lequel ils marquent leur refus de toute négociation avec les
nationalistes ; ils constituent un Comité de salut public. Charles de Gaulle fait alors savoir le 15 mai qu'il
est "prêt à assumer les pouvoir de la République". Il est appelé le 1er juin à la présidence du conseil par le
président de la République René Coty et est invité à former un gouvernement. Le 2 juin, devant
l’Assemblée Nationale, De Gaulle réclame les pleins pouvoirs pour six mois et promet de soumettre
rapidement un projet de constitution au vote des Français.
Le 28 septembre a lieu le référendum sur la nouvelle constitution : elle est adoptée à près de 80%. A la
fin du mois de novembre se déroulent les premières élections législatives de la Cinquième République.
Elles voient le succès de l’UNR (Union pour une Nouvelle République) du général. Lequel est élu président
le 21 décembre.
Les institutions de la Cinquième République
Le pouvoir exécutif
- Le président de la République est au départ élu pour sept ans au suffrage restreint. Un collège
de « grands électeurs » est chargé de désigner le magistrat suprême. Le référendum du 28 octobre 1962
révise la Constitution et transforme l’élection du président de la République en scrutin au suffrage
universel à deux tours. Une dernière modification au statut du président de la République est enfin
apportée le 24 septembre 2000, l'adoption par référendum du quinquennat entrant en application avec
la réélection de Jacques Chirac le 5 mai 2002. Le président de la République nomme le Premier ministre
parmi les membres de la majorité parlementaire et, sur sa proposition, désigne les membres du
gouvernement. Ses pouvoirs sont particulièrement étendus : outre ce qui vient d’être évoqué, il préside le
Conseil des ministres ainsi que le Conseil supérieur de la magistrature ; il est le chef des armées,
promulgue les lois et peut en appeler à la voix populaire par le référendum. Il peut dissoudre l’Assemblée
nationale et ordonner l’état de siège en cas de menace grave. Il dispose enfin du droit de grâce.
- Le gouvernement est composé de ministres et de secrétaires d’Etat dont le chef est le Premier
ministre qui lui dirige l’action du gouvernement. Celui-ci peut engager la responsabilité de son équipe
devant les députés (vote de la question de confiance) ; l’Assemblée peut également le censurer. Les
ministres ne peuvent exercer un mandat électoral en même temps qu’une fonction gouvernementale.
Le pouvoir législatif (un régime à deux assemblées : bicamérisme) :
- L’Assemblée Nationale ou chambre des députés (Palais Bourbon) est élue pour cinq ans au
suffrage universel direct. Son président est élu parmi les membres de la majorité pour la durée de la
législature. Une session parlementaire dure 9 mois, du premier jour ouvrable d’octobre au dernier jour
ouvrable de juin.
L’Assemblée Nationale vote les lois d’origine gouvernementale (projets de loi) et celles d’origine
parlementaire (proposition de loi) ; elle vote également le budget. Les députés exercent un contrôle de
l’action du gouvernement par l’intermédiaire des « questions ».
- Le Sénat (Palais du Luxembourg) est élu pour neuf ans, au suffrage restreint à deux degrés (un
collège électoral formé d’élus), et renouvelable par tiers tous les trois ans ; le mandat du sénateur dure
six ans. La haute assemblée ne peut être dissoute. Son président est le troisième personnage de l’Etat et
peut être amené à diriger le pays en cas de vacance du pouvoir jusqu’à l’organisation de nouvelles
élections présidentielles. Comme les députés, les sénateurs ont l’initiative des lois (proposition) et
l’exercice du contrôle du gouvernement. En revanche, ils ne peuvent renverser un gouvernement. En cas
de désaccord avec la chambre des députés à propos d’une loi, une commission paritaire est formée afin de
trouver un compromis ; s’il s’avère impossible, l’Assemblée Nationale a le dernier mot.
Le Conseil constitutionnel
Il comprend neuf membres appelés les neuf sages : trois d’entre eux sont nommés par le président de la
République, les trois suivants par le président de l’Assemblée nationale et les trois derniers par celui du
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
41
Sénat. Il siège à Paris, au Palais-Royal. Le président du Conseil constitutionnel est nommé par le président
de la République et possède une voix prépondérante. En plus des neufs, les anciens présidents de la
République en sont membres de droit. Ledit Conseil se renouvelle par tiers tous les trois ans ; le mandat
est de neuf ans non reconductible. Lors des élections présidentielles, les sages veillent à la régularité du
scrutin, proclament les résultats et examinent les éventuelles réclamations. Même chose lors d’élections
législatives et sénatoriales.
Le Conseil économique et social
Il conseille le gouvernement et participe à l’élaboration de la politique économique et sociale du pays.
Ses 213 membres sont nommés par le gouvernement pour cinq ans sur proposition des grands organismes
économiques et sociaux du pays ainsi que des organisations syndicales, patronales et ouvrières. Il est
obligatoirement consulté pour tout projet de loi, de programme ou de plan, et pour tout sujet
économique et social. En séance plénière, cette assemblée se réunit à Paris au palais d’Iéna.
La fin des conflits coloniaux
La Vème République naît de l'incapacité des gouvernements de la IVème de sortir des conflits
coloniaux. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l'Empire colonial français est transformé en
une Union française formée par la France et les Territoires d'outre-mer (anciennes colonies ou
protectorats), alors que les quatre "vieilles" colonies (Guadeloupe Guyane, Martinique et Réunion)
deviennent des départements d'outre-mer. L'Indochine est indépendante en 1954, le Maroc et la Tunisie
en 1956. Cette même année, une loi-cadre permet aux territoires d'Afrique noire de prendre
progressivement leur destin en main. Tous acceptent d'entrer dans la Communauté en 1958, à l'exception
de la Guinée qui accède de fait à l'indépendance immédiate. La Communauté, qui prévoit l'autonomie
interne associée à des liens étroits avec la France, cède rapidement la place à l'indépendance totale des
pays africains en 1960. Le temps des empires coloniaux est définitivement révolu.
Les choses sont beaucoup plus complexe en Algérie, où vivent plus d'un million de colons d'origine
européenne. L'accession du général de Gaulle au pouvoir est accueillie avec enthousiasme par les Français
d'Algérie qui voient en lui l'homme providentiel capable de les sauver du FLN qui mène la guerre
d'indépendance. Mais dès 1959, il propose de recourir à l’autodétermination en soumettant trois solutions
à la population : sécession, francisation ou association en collaboration étroite avec la France. De Gaulle
se heurte alors aux partisans de l’Algérie française qui se sentent trahis ; il essuie successivement des
émeutes – semaine des barricades à Alger en 1959 – et un putsch militaire en avril 1961. Le président ne
faiblit pas et maintient l’idée d’une autodétermination en le faisant approuvé par référendum le 8
janvier 1961. L’OAS (Organisation armée secrète) se lance alors dans une campagne terroriste sanglante
sur le territoire métropolitain, tout en essayant de persuader l’armée française de s’opposer à la volonté
gouvernementale. Cela se solde par un échec. Le FLN négocie avec l’Etat français pour aboutir à la
signature des accords d’Evian le 18 mars 1962. Les Européens fuient alors l’Algérie.
Une constitution à l'épreuve du temps
Le cas algérien étant définitivement levée, Charles de Gaulle peut se consacrer à ce qui est pour
lui l'essentiel : restituer à la France son rang dans le monde. Il s'appuie, pour ce faire, sur un contexte
économique favorable et une croissance soutenue. Une politique budgétaire rigoureuse permet une
modernisation spectaculaire du pays qui prend progressivement ses distances avec les Etats-Unis et se
rapproche de l'Allemagne. La France est désormais une puissance nucléaire qui, tout étant fidèle à
l'Alliance atlantique, décide la fermeture des bases américaines qui se trouve sur son territoire et la sortie
de l'OTAN en 1966. Cette politique de grandeur passe aussi par la coopération avec les pays de l'ancien
empire colonial et par des voyages remarqués dans le tiers-monde.
A la surprise de tous, Charles de Gaulle est pourtant mis en ballottage par François Mitterrand à la
première élection présidentielle au SU direct en 1965. Il est finalement élu au deuxième tour avec plus de
55 % des voix, ce qui constitue pour lui un demi-échec. Un fossé semble peu à peu se creuser entre le
général et les Français, fossé qui apparaît en pleine lumière avec la crise de mai 1968.
Le mois de mai 1968 témoigne d’une véritable crise politique et sociale, des grèves paralysent le pays. Le
mouvement est d’abord étudiant puis devient rapidement ouvrier ; on compte près de dix millions de
grévistes. La crise sociale est résolue par les accords de Grenelle (27 mai). De Gaulle dissout l’Assemblée
et provoque des élections législatives anticipées qu’il remporte en juin, preuve que l’opposition n’aura
pas su profiter de cette agitation. L’année suivante, le général soumet un nouveau référendum aux
Français : il porte sur la régionalisation et la réforme du Sénat ; en filigrane se lit la question de son
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
42
maintien à la tête de l’Etat. Les Français rejettent sa proposition le 27 avril 1969, Charles de Gaulle en
tire immédiatement les conséquences et quitte ses fonctions le lendemain.
Une première page de l'histoire de la Vème République est définitivement tournée. Il reste
maintenant à vérifier que les institutions peuvent survivre à leur fondateur. Georges Pompidou, Premier
ministre de 1962 à 1968, est élu président de la République en juin 1969. Durant cinq années, Georges
Pompidou poursuit la politique gaullienne dans ses grandes lignes en l’infléchissant vers la concertation
sociale. Ce qui permet au gouvernement de Jacques Chaban-Delmas de surmonter divers mouvements
sociaux, échos de mai 1968. La gauche non communiste fonde le parti socialiste en 1969, dont François
Mitterrand deviendra 1er secrétaire au congrès d’Épinay (1971). Le président, gravement malade, s'éteint
en cours de mandat le 2 avril 1974.
L’élection de Valéry Giscard d’Estaing marque l’avènement d’une droite rajeunie et libérale. Il
nomme Jacques Chirac à Matignon et se démarque de ses prédécesseurs par l’adoption de mesures
symboliques ainsi qu’une plus grande proximité avec le peuple : Giscard d’Estaing entreprend la
légalisation de l’avortement (Loi Veil) (1974-1975), la libéralisation du divorce (1975), abaisse la majorité
à 18 ans.
Le septennat doit cependant affronter les répercussions de la crise économique et mondiale des années
1970. Jacques Chirac démissionne en 1976 de son poste de chef du gouvernement. Le ministre du
commerce extérieur Raymond Barre le remplace avec pour objectif de juguler l’inflation, alors que les
régions industrielles du nord de la France entrent en crise. Globalement le président est très présent en
politique intérieure et peine à s’imposer sur la scène internationale.
Le 10 mai 1981, pour la première fois dans l’histoire de la République, un président socialiste est
élu au suffrage universel. L’alternance démontre une fois encore la solidité des institutions de la
Cinquième République. Le gouvernement se lance dans une série de réformes qui devaient amener le «
changement » promis par le candidat Mitterrand : abolition de la peine de mort, régularisation des
immigrés clandestins, réduction de la durée du temps de travail à 39h, age de la retraite à 60 ans,
instauration de la cinquième semaine de congés payés, création de l'impôt sur la fortune,
décentralisation, nationalisations… Mais la réalité économique rattrape l’idéologie politique et Pierre
Mauroy comme son successeur Laurent Fabius doivent se rallier à l’orthodoxie financière : augmentation
du chômage, lenteur de la croissance, échec de la réforme scolaire de 1984 (loi Savary), résurgences
extrémistes…
Une modification de la loi électorale permet d'éviter une déroute électorale aux élections législatives de
1986. La droite remporte cependant une courte victoire en sièges, ce qui place le pays devant une
situation inédite sous la Vème République : le président n'a pas de majorité à l'Assemblée. C'est le début
d'une phase inédite de la République, la cohabitation. Jacques Chirac est alors nommé Premier ministre
et mène une politique libérale marquée par la privatisation d’entreprises notamment parmi celles qui
avaient été nationalisées en 1981.
François Mitterrand est réélu à la présidentielle de mai 1988. Les trois premiers ministres successifs
nommés par François Mitterrand entre 1988 et 1993 – Michel Rocard, Edith Cresson, Pierre Bérégovoy – ont
à affronter la crise structurelle de l’économie française. Qu’ils soient partisans d’une modernisation du
socialisme – Rocard – où partisans d’un « virage à gauche » plus prononcé, ils ne parviennent pas à
endiguer la crise de confiance envers des socialistes. Surtout, le chômage, générateur d’exclusion sociale,
ne cesse de croître, touchant des couches de plus en plus larges de la société, aggravant le malaise des
banlieues. Le paysage politique est alors en pleine recomposition : effondrement des communistes après
la chute du Mur de Berlin (1989) et montée du Front national. La victoire de la droite aux élections
législatives de 1993 réduit les forces de gauche à 92 députés sur 577. Édouard Balladur est nommé à la
tête d’un gouvernement de centre droit pour une deuxième période de cohabitation. Il réforme les
retraites du secteur privé, effectue de nouvelles privatisations et se pose en rival de Jacques Chirac pour
l'élection présidentielle suivante.
Jacques Chirac est élu président de la République le 7 mai 1995. Il nomme Alain Juppé à la tête
du gouvernement. Lequel est confronté à un chômage en hausse et à la nécessité de réformer l’Etat afin
de réaliser l’union monétaire. Le plan Juppé de 1995 provoqua de nombreuses grèves (réforme de la
Sécurité Sociale). Sur le plan extérieur, le président affirma la place de la France dans l’Union
européenne et dans le monde. Mais désireux de trouver une majorité plus confortable pour gouverner, il
décida de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997. Les élections législatives anticipées se soldèrent par
une victoire de la gauche dite « plurielle » (socialistes/communistes/écologistes), sanctionnant la
politique gouvernementale. Lionel Jospin est alors appelé à Matignon, inaugurant la troisième période de
cohabitation de la Cinquième République. Le nouveau premier ministre s’entoure de ministres
communistes et écologistes et opte pour un programme de gauche avec une réduction du temps de travail
(35 heures) et la création d’emplois-jeunes pour endiguer la crise du chômage.
La multiplication des candidatures à gauche (8) ne permet pas à Lionel Jospin de se maintenir au
second tour de l’élection présidentielle de 2002 qui oppose Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen : le
président sortant l’emporte avec plus de 80% des suffrages alors que l’entre-deux tours connaît un ample
mouvement populaire rejetant l’extrême droite et appelant à voter pour le président sortant.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
43
La société en France
dans la deuxième moitié du XXème siècle
Cette question doit inciter à une réflexion sur l'histoire immédiate, en mettant en perspective les
changements qui s'opèrent dans la vie sociale d'un pays occidental marqué par une forte croissance
économique (les Trente Glorieuses) et perturbé par la crise qui a suivi. L'objectif doit être d'analyser la
manière dont la société de consommation s'organise en impose une manière de vivre qui concerne,
aujourd'hui, la grande majorité des Français.
De 1945 au milieu des années 1970, l'économie mondiale est marquée par une phase de forte croissance,
les Trente Glorieuses, à laquelle succède, de 1973 à 1995, une dépression. Ces fluctuations économiques
ont provoqué de grands changements dans la vie sociale et ont eu des répercussions incontestables dans
la vie des Français. Malgré de fortes inégalités, les niveaux de vie ont augmenté en France comme dans
tous les pays développés. Cependant, les nouvelles habitudes de consommation et les innovations
techniques posent de nouveaux problèmes de protection de l'environnement et la mondialisation suscite le
désarroi de pans entiers de l'économie.
Expansion économique et prospérité
De 1945 à 1975, la France, tout comme l'ensemble des pays occidentaux, connaît une formidable
période de croissance économique que l'économiste Jean Fourastié a pu qualifier de Trente Glorieuses
(1979). La croissance annuelle est alors de l'ordre de 5 % par an, ce qui entraîne le pays dans un essor
économique et social tel qu'il n'en a jamais connu encore dans son histoire. La France se relève ainsi très
rapidement des ruines de la guerre dans une frénésie de travail.
Entre 1945 et 2004, la population active passe de 19 à plus de 26 millions de personnes. Cette
augmentation s'explique tout à la fois par l'arrivée sur le marché de l'emploi d'une main-d'œuvre
abondante, par les progrès du travail féminin et par le recours à l'immigration. L'appel à la main d'œuvre
immigrée, qui ne prend fin qu'en 1974, est alors indispensable en raison de l'insuffisance de la population
active.
Les campagnes françaises vivent une véritable révolution dans les années 1950, avec la
mécanisation généralisée qui substitue le tracteur aux bœufs et aux chevaux de labours. Cela permet une
formidable augmentation des rendements mais entraîne la quasi-disparition des ouvriers agricoles et des
petits exploitants. L'agriculteur succède au paysan. L'agriculture n'est plus un état, mais une profession.
Elle occupe 36 % des actifs en 1946, moins de 5 % aujourd'hui.
Dans un premier temps, l'industrie se développe en se modernisant et en se concentrant. Cette
modernisation des Trente Glorieuses fait pourtant des victimes, comme les petits commerçants qui
doivent affronter la concurrence de la grande distribution. Le pouvoir d'achat des Français progresse
considérablement, et l'Etat garantit un revenu décent aux bas salaires (Smig en 1950, Smic en 1970).
Le premier choc pétrolier de 1973 met fin aux Trente Glorieuses. Depuis 1975, le taux de
croissance est retombé à 2 %. Pourtant, ce qui a été longtemps perçu comme une période de crise est bien
une période de prospérité où le niveau de vie de la majorité de la population continue de progresser. A la
différence des Trente Glorieuses cependant, cette progression n'est plus générale. La société sécrète des
exclus qui les mécanismes sociaux (allocations chômage ou RMI, crée en 1998) ne parviennent pas à
endiguer. Avec la crise, la société française découvre à nouveau le chômage qu'elle avait oublié depuis les
années 1930. Le plein emploi n'est aujourd'hui qu'un lointain souvenir, le taux de chômage s'établissant
durablement autour de 10 % de la population active. En 2004, l'ensemble des exclus, des chômeurs et des
travailleurs occupant un emploi précaire s'établit autour de 5 millions de personnes. L'emploi salarié
stable, caractéristique des Trente Glorieuses, se raréfie.
Plus qu'une crise, la période qui commence en 1973 traduit l'adaptation de l'économie française
à la mondialisation, ce qui impose donc de douloureuses restructurations industrielles dans le textile, les
mines et la sidérurgie. Des régions entières comme le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine sont sinistrées.
Dans un contexte mondial dominé par le libéralisme, de nombreuses entreprises investissent à l'étranger
et délocalisent leur production. L'importance des ouvriers décroît dans la société française, et il n'y a
aujourd'hui plus de mineurs en France. Le secteur tertiaire connaît en revanche un essor plus marqué et
regroupe la moitié des actifs depuis 1972. Il y a aujourd'hui plus d'employés que d'ouvriers.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
44
Une profonde transformation des genres de vie
La population française croit fortement au lendemain de la guerre. En fait, l'inflexion est
perceptible dès 1942, qui voit l'indice de fécondité remonter nettement. C'est le début du baby-boom. La
baisse de la natalité ne se manifeste que tardivement, au milieu des années 1970. La population passe de
40,5 millions en 1976 à 52,6 millions en 1975 et près de 62 millions en 2004.
La principale transformation de la société française depuis les années 1950 est incontestablement
le net recul du monde rural qui conduit le sociologie Henri Mendras à publier en 1967 un ouvrage au titre
évocateur : la fin des paysans. La population des campagnes, qui constituait encore 47 % de la population
locale en 1976, n'en représente plus que 34 % en 1968.
Au lendemain de la guerre, il faut construire, et construire vite pour répondre aux besoins des
générations du baby-boom qui demandent des logements plus spacieux et plus confortables. Le manque de
logements est énorme, et les sans-logis nombreux, comme en témoigne l'action de l'abbé Pierre durant le
terrible hiver 1954. Au début des années 1960, une partie de la population la plus pauvre, souvent
immigrée, vit encore dans des bidonvilles. De grands ensembles sont construits à la périphérie des villes
qui voit apparaître barres et tours du milieu des années 1950 à celui des années 1970. Cette politique
d'urbanisation répondait à la nécessité de construire rapidement et à un moindre coût les millions de
logements dont le pays manquait. Ces grands ensembles sont perçus à l'époque comme une formidable
avancée de l'hygiène et du confort. Le mal des banlieues, aujourd'hui flagrant, est perceptible dès les
années 1960.
La période est encore marquée par l'extension rapide et durable des classes moyennes qui
regroupent les salariés du tertiaire et une nouvelle classe ouvrière. L'extension du salariat et
l'enrichissement de la société française se traduisent par une uniformisation relative des niveaux de vie.
Les Français découvrent avec avidité la société de consommation, se qui se lit essentiellement pendant
les Trente Glorieuses dans le domaine de l'équipement des familles (réfrigérateur, voiture, télévision,
machine à laver)
La durée de vie des Français s'allonge nettement, du fait des progrès de la médecine, de l'hygiène
et d'une meilleure alimentation. L'esperance de vie à la naissance passe de 62 ans pour les hommes et 67
ans pour les femmes en 1946 à 76 et 83 en l'an 2000. Le taux de mortalité infantile qui est de 60 ‰ en
1950 n'est plus que de 4,5 aujourd'hui. La Sécurité sociale, créée en 1945, contribue à cette avancée et
améliore les conditions de vie de l'ensemble de la population.
De nouvelles pratiques culturelles
L'amélioration du niveau de vie et le rajeunissement de la population se traduisent aussi par de
nouvelles pratiques culturelles. On se dirige vers une civilisation des loisirs. Au début des années 1950,
les pratiques sont encore très proches de celles d'avant-guerre. Le journal, la radio et le cinéma font
partie de la vie des Français. L'imprimé reste un support essentiel, même si la presse quotidienne connaît
un recul inexorable. L'accès au livre se démocratise, avec l'apparition du livre de poche en 1953. L'arrivé
de la télévision s'affirme nettement au cours des années 1960. La deuxième chaîne fait son apparition en
1964, la troisième en 1971. Le monopole d'Etat disparaît en 1981.
Dans les années 1960, un Français sur 3 a moins de 20 ans, contre 1 sur 4 aujourd'hui. Une "culture
jeune" apparaît alors. Le disque 45 tours et le poste à transistors sont les outils indispensables de la
jeunesse dans le vent. L'émission Salut les copains, diffusé sur Europe en 1959, réunit les jeunes. Le 22
juin 1963, la Nuit des Copains réunit 150 000 adolescents place de la Nation. C'est le temps des "idoles de
jeunes".
Depuis la fin de la guerre, la pratique religieuse enregistre une forte baisse. La crise des
vocations, sensible dès les années 1960, pose de nombreux problèmes à l'Eglise catholique. La sexualité et
la vie de couple échappent à son emprise : près d'un enfant sur deux naît désormais hors mariage. Les
familles se font, se défont et se recomposent dans un mouvement qui s'accélère depuis le milieu des
années 1980. Les mariages sont ainsi moins nombreux et surtout moins stables que par le passé : on
compte un divorce pour 3 mariages. Si 62 % des Français se disent encore catholiques, cette affirmation
exprime essentiellement une fidélité à un ensemble de traditions et de souvenirs où le religieux n'est plus
essentiel : moins d'un Français sur dix atteste d'une pratique régulière. L'Islam est maintenant la seconde
religion de France.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
45
Une progressive amélioration de la condition féminine
La seconde partie du XXème siècle voit une nette amélioration du statut de la femme dans la
société française. Depuis 1965, la femme mariée peut gérer ses propres biens, tout comme elle peut
exercer une activité professionnelle sans l'autorisation de son mari. C'est ainsi par le biais de l'activité
professionnelle que la femme conquiert peu à peu son autonomie.
La loi Neuwirth légalisant l'usage de la pilule contraceptive est adoptée en 1967, mais les décrets
d'application ne paraissent que 5 ans après. L'année 1975 voit la création d'un secrétariat d'Etat à la
Condition féminine confiée à Françoise Giroud. Cette même année, un projet de loi émanant de la
ministre de la santé Simone Veil, soutenu par le président Valéry Giscard d'Estaing, légalise l'interruption
volontaire de grossesse (IVG). Il s'agit alors d'adapter la législation aux mœurs. L'année 1975 voit encore
l'adoption d'une loi sanctionnant les discriminations fondées sur le sexe, en particulier en matière
d'embauche, l'instauration du divorce par consentement mutuel. En 1970, remplacement de "l'autorité
paternelle" par "l'autorité parentale" qui supprime la notion de chef de famille.
Mélann
http://prepacrpe.hautetfort.com/
46
Téléchargement