
N° 75 > MAI 2015 > La Lettre de la MMEI ● 3
Santé
Prévention : résultats prouvés
scientifiquement
Un rapport du Fonds Mondial de Recherche
contre le Cancer rappelle que 40 à 50 % des
cancers du côlon et 25 % des cancers du
sein pourraient être évités avec un mode de
vie plus sain, associant activité physique
régulière et alimentation riche en fruits et
légumes.
D’autres études lient également
activité physique et diminution du
risque de développer d’autres types
de cancers, tels que le cancer de la
prostate ou des ovaires.
D’une manière générale, par son
action sur la diminution du surpoids
et de la graisse abdominale, l’activité
physique exerce un rôle protecteur
indirect vis-à-vis de l’ensemble des cancers
pour lesquels le surpoids et l’obésité sont des
facteurs aggravants.
L’activité physique doit être suffisam-
ment intense pour enclencher les chan-
gements métaboliques et permettre ses
effets bénéfiques. Elle doit faire travail-
ler l’ensemble du corps et mobiliser les
quatre membres.
L’Académie de Médecine préconise 30 mi-
nutes d’activité par jour, cette durée pouvant
être fractionnée au cours de la journée avec
un même effet bénéfique. Elle peut être in-
tégrée facilement à la vie quotidienne. Par
exemple, pourquoi ne pas aller à pied ou à
bicyclette au travail ou prendre les escaliers
plutôt que l’ascenseur ? On peut aussi faire
de la marche tonique ou des petites séries
d’exercices de renforcement et/ou d’assou-
plissement plusieurs fois par jour. Pour un
bénéfice optimum, il est important de prati-
quer de manière régulière et durable.
Bienfaits thérapeutiques démontrés
Chez les patients atteints d’une pathologie
cancéreuse, la pratique d’une activité phy-
sique améliore la qualité de vie, diminue la
fatigue et les effets secondaires, influence
la survie et contribue à la prévention des
récidives.
La fatigue est l’un des principaux symp-
tômes identifiés par les patients. 80 à
100 % des patients traités par chimiothé-
rapie déclarent subir cette fatigue qui est
bien différente de la « fatigue normale »
ressentie par une personne bien portante.
En effet, elle est persistante, invalidante et
elle entraîne une faiblesse généralisée.
De nombreuses études ont prouvé que
l’activité physique a un impact positif sur
la fatigue en cancérologie : elle diminue
d’environ 35 % le symptôme, quel que soit
le moment de la prise en charge (pendant
ou après les traitements) et quel que soit le
stade du cancer.
L’activité physique, en créant de la fibre
musculaire, compense la fonte des muscles
induite par la maladie et par certains traite-
ments. Le maintien de la masse musculaire
limite la toxicité des traitements antican-
céreux sur l’organisme. L’amélioration de
la force musculaire permet aussi de limi-
ter les douleurs osseuses et musculaires
provoquées par certains traitements et les
corticoïdes.
Le CHU de Rennes encourage les patients
atteints d’un cancer à pratiquer une activité
physique adaptée. Ainsi, toute personne
suivie à l’Institut Régional de Cancérologie
peut, après accord de son médecin, béné-
ficier d’un programme d’entraînement à
l’effort adapté à son état de santé et dis-
pensé par l’unité de médecine du sport du
CHU. A la clé, un bénéfice thérapeutique :
la reprise de contact avec un corps que la
maladie et les médicaments fatiguent per-
met de se sentir mieux et atténue la sen-
sation de fatigue liée au cancer. Encadrés
par des éducateurs sportifs spécialisés, les
patients consomment le sport comme ils
consomment les médicaments.
Autre avantage : les ateliers collectifs d’en-
traînement mettent en relation le patient
avec des personnes aux parcours similaires.
En gagnant en résistance à la fatigue et aux
effets secondaires de traitements parfois
lourds, il renoue avec une vie sociale plus
riche et recouvre une certaine auto-
nomie dans sa vie quotidienne.
L’expérience de Rennes se généralise.
Ainsi, à Chartres, seulement six mois
après le lancement des premières
séances de marche nordique, de
gymnastique aquatique et de remise
en condition physique, les patients
« se bousculent au portillon » pour
avoir leur activité quotidienne. «
A terme nous voudrions que le sport soit
reconnu en tant que soin comme l’est la
chimiothérapie » confie le docteur Arnaud
Monier qui ajoute : « Le sport est un sup-
port pour un meilleur rendement de la chi-
miothérapie ».
D’autres structures existent. Si vous êtes
concerné, n’hésitez pas à vous renseigner
auprès de votre médecin.
Et après ?
Après la guérison, le fait de mobiliser ré-
gulièrement son corps produit encore des
effets positifs.
Il a été démontré, par une enquête publiée
en 2005 dans le Journal of the American
Medical Association (JAMA), que les
femmes ayant eu un cancer du sein qui
pratiquaient une activité physique régu-
lière avaient un risque réduit de récidive
de 20 % (pour plus de trois heures d’exer-
cice par semaine) à 50 % (plus de neuf
heures par semaine).
Tout au long de votre vie, l’activité phy-
sique protège ainsi votre santé. N’oubliez
pas qu’elle doit être avant tout une source
de bien-être et d’épanouissement. C’est à
cette condition que vous pourrez l’intégrer
durablement dans votre quotidien. ■
Le sport contre le cancer
Nous vous avons déjà vanté les bienfaits de la pratique sportive dans plusieurs de nos Lettres. Dans cet
article, nous allons vous montrer que l’activité physique est un véritable allié, dans le cadre de la lutte
contre le cancer, que ce soit pour en prévenir l’apparition, pendant la maladie ou en phase de rémission.