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La première partie de l’analyse consiste à établir certaines bases sur lesquelles s’appuiera
par la suite la réflexion pour déterminer les impacts potentiels. Les changements
climatiques seront vécus différemment dans les différentes régions du monde. Le sud du
Québec devrait expérimenter, d’ici la fin du siècle, des augmentations de température
supérieures à la moyenne mondiale, soit de 1,5 ºC selon les scénarios les plus optimistes
ou de 6 à 7 ºC selon les scénarios les plus pessimistes. Pour ce qui est des précipitations,
on s’attend à une augmentation des précipitations hivernales de l’ordre de 5 à 20 % selon
les régions et au plus 5 % d’augmentation pour les précipitations estivales. Malgré
l’augmentation des précipitations en hiver, on prévoit une importante diminution du couvert
de neige (50 % d’ici 2050). Finalement, les phénomènes climatiques extrêmes (verglas,
tempêtes, canicules, vagues de froid), bien que difficiles à prévoir, pourraient augmenter
en fréquence et en intensité sur le territoire québécois.
L’étude de la phénologie de l’érable à sucre permet de constater que la réalisation et
l’alternance de ses différentes phases de développement au fil des saisons sont
grandement dirigées par le climat. À la fin de l’hiver, les températures qui augmentent
enclenchent les mécanismes qui sortent l’arbre de son état de dormance. Au printemps, le
passage à un état actif enclenche le débourrement puis la feuillaison, deux stades aussi
dirigés par la température. Pendant l’été, l’arbre consacre un certain temps à sa
croissance pour ensuite arrêter de croître et accumuler des réserves en vue de la
prochaine saison. À l’automne, l’arbre met en branle les processus physiologiques
nécessaires à l’établissement de son état de résistance au froid de l’hiver. Cette étape est
d’abord dirigée par la photopériode, et ensuite par la température qui chute. Les
complexes mécanismes impliqués dans la coulée de la sève au printemps sont aussi
dépendants de certains facteurs climatiques, soit l’alternance des températures au-delà et
en dessous du point de congélation.
Les impacts potentiels du changement climatique sur le fonctionnement des érablières et
donc sur la production acériocle sont donc réels. Ils risquent en fait d’affecter celle-ci à
trois niveaux : l’écosystème de l’érablière, l’érable à sucre en tant qu’organisme vivant et
le mécanisme spécifique à la coulée de la sève.
Les impacts potentiels identifiés sur l’écosystème de l’érablière risquent tous de provoquer
un déséquilibre menaçant la croissance et le développement de l’érable à sucre. D’abord,