Diagnostic Biodiversité POUGET - Agriculture Durable de Moyenne

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Projet Agriculture Durable de Moyenne Montagne
En collaboration avec la Fédération régionale Auvergne des
Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu Rural
Diagnostic Biodiversité
de l’exploitation agricole de Jean-Marc POUGET
- commune de Riom-ès-Montagnes L’herbe naturelle de montagne
pour une viande du Cantal
Décembre 2010
0
Département : Cantal
Exploitation éclatée sur quatre communes
Commune : Riom-ès-Montagne
(siège d’exploitation)
Production : Salers allaitantes
Altitude moyenne : 1000 m
Nombre de bêtes : 50 mères
31 broutards
Label / spécificité : transformation, vente directe
Sommaire
1- Description générale........................................................................................................................2
2- Présentation générale des infrastructures et unités agro-écologiques (IAE et UAE)......................3
3 -Diagnostic des infrastructures Agro-Ecologiques (HAIES – MARES – RUISSEAUX) .........................7
3-1 – HAIES .......................................................................................................................................7
3-2 – RUISSEAUX ..............................................................................................................................8
3-3 – BARRE ROCHEUSE BASALTIQUE............................................................................................10
4 -Diagnostic des unités Agro-Ecologiques (PRAIRIES NATURELLES, BOSQUETS).............................12
4-1 – PRAIRIES NATURELLES et PRAIRIES HUMIDES ......................................................................12
4-2 – BOSQUETS.............................................................................................................................18
Conclusion..........................................................................................................................................19
1
1- Description générale
Située entre le plateau de l’Artense et les Monts du Cantal, en contexte montagnard dominant,
l’exploitation de Jean-Marc Pouget bénéficie d’un climat humide et de sols profonds riches en
matières organiques, propices à la production de biomasse, notamment dans les prairies de
fauche.
Les prairies de fauches, estives et zones humides couvrent la plus grande partie de l’exploitation,
répartie sur quatre secteurs distincts : les prairies autour du centre d’exploitation au Taphanel, les
parcelles aux environs d’Apchon, l’estive du Clau de Bour (Collandres), ainsi que deux îlots près du
hameau du Coudert (commune de Montboudif), plus au nord.
Occupation du sol
PRAIRIES TEMPORAIRES JEUNES
CULTURES
PRAIRIES NATURELLES ET PRAIRIES HUMIDES
AUTRES INFRASTRUCTURES ET UNITES AGRO-ECOLOGIQUES
Total
1
0 ha
0 ha
85,49 ha
2,65 ha1
88,14 ha
Comprend la surface des haies, qui peut être recouvrante des prairies périphériques
2
2- Présentation générale des infrastructures et unités agro-écologiques (IAE et UAE)
2-1 Types d’IAE et UAE présentes sur l’exploitation
Surface totale exploitée : 88,14 ha dont 82,73 ha de SAU (en 21 îlots PAC)
Surface totale des UAE-IAE : 88,14 ha
L’exploitation agricole présente plusieurs infrastructures et unités agroécologiques assez
caractéristiques du plateau de l’Artense et Monts du Cantal:
Carte 1 : localisation des IAE-UAE
Infrastructures Agro-Ecologiques : éléments ponctuels et linéaires.
- Haies
- Ruisseaux
Unités Agro-Ecologiques : éléments surfaciques
- Prairies naturelles dominées par des pâtures, prairies de fauches et prairies humides
- Bosquets
Part de chaque IAE-UAE par rapport à leur surface totale
2%
1%
0%
19%
Prairie naturelle
Prairie humide
Bosquet
Haie
Ruisseau
78%
0%
IAE-UAE
Prairies temporaires et cultures
100%
3
0
L’exploitation est uniquement constituée d’IAE-UAE, ce qui représente à priori un atout important en terme
de potentialité d’accueil de biodiversité. Parmi elles, les infrastructures agro-écologiques sont très peu
représentées sur l’exploitation (2% de la surface exploitée), contrairement aux unités agro-écologiques
(prairies et bosquets), qui couvrent près de la totalité de l’exploitation. Ces dernières peuvent donc
potentiellement abriter une diversité en flore et faune importante
Taux d’artificialisation de l’exploitation : 0 %
Ce taux d’artificialisation nul est donc de prime abord un atout certain pour la biodiversité. Aucune
prairie temporaire jeune n’a été recensée lors du diagnostic de terrain. L’altitude élevée de
l’exploitation est un blocage certain à toute culture de céréales pour un complément alimentaire.
Mentionnons tout de même que certaines prairies de l’îlot 5 et 6 présentent une flore banale,
dominée par le Dactyle aggloméré, espèce souvent présente dans les prairies très améliorées avec
des fertilisants.
2-2 Etat de conservation des IAE-UAE
Etat de conservation général de l’ensemble des IAE-UAE :
Cartes 2-1 et 2-2 : Etat de conservation des IAE-UAE sur l’exploitation
Répartition de l'état de conservation sur l'ensemble des IAEUAE
14%
29%
Bon
Moyen
Défavorable
57%
Bien que représentant la totalité de la surface exploitée, les infrastructures et unités
agroécologiques présentent un état de conservation globalement moyen : cela concerne les
prairies naturelles et humides de l’îlot 15 ainsi que des îlots vers le lieu-dit le Taphanel. Seuls 30
% des IAE-UAE sont en bon état de conservation : elles sont représentées principalement par des
pacages, certaine prairies de fauches localisées et quelques prairies humides. Les UAE en état de
conservation défavorable sont principalement des prairies de fauches, localisées autour du lieu-dit
Le Taphanel ainsi que vers Apchon.
5
0
3 -Diagnostic des infrastructures Agro-Ecologiques (HAIES – RUISSEAUX)
3-1 – HAIES
3-1-1 CONSTAT
Les infrastructures agro-écologiques sont principalement représentées par le linéaire de haies, qui totalise
tout de même près de 4 km. Les haies représentent ainsi près de 2 % de la surface exploitée (1,6
ha=linéaire x largeur moyenne).
Carte 1 : localisation des IAE-UAE
Globalement, sur l’ensemble de l’exploitation, un seul type de haie a pu être observé : des haies de
haut-jet pluristratifiées (strate arborescente – strate arbustive haute et strate arbustive basse).
Notons une infrastructure plus originale, localisée entre les îlots 3 et 4, constituée d’un cordon dense de
Noisetiers, de largeur importante, piquetée de vieux hêtres, en connexion avec des massifs de hêtraies.
Cette haie couvre un chemin, bordé de murets de pierres sèches, éléments qui contribuent grandement à
abriter une diversité faunistique importante.
Le secteur de l’estives du Clau de Bour est dénué de haies, compte tenu de l’altitude et du système
d’élevage en estive.
Au niveau de la structure des haies de l’exploitation, elle est globalement assez homogène, avec le
Frêne commun comme essence ligneuse dominante. Cet arbre peut d’ailleurs être valorisé en terme de
fourrage pour le bétail, comme il le fut anciennement (frênes têtards près des fermes). Les haies présentes
sur l’exploitation sont très bien structurées et diversifiées au niveau des essences ligneuses (80 % des
haies en bon état de conservation), ainsi que bien entretenues, favorisant ainsi la régénération d’essences
forestières et d’essences arbustives.
Ainsi, l’addition des trois strates favorise une diversité animale et végétale au niveau de l’ensemble de
l’exploitation et permet une liaison entre les populations animales (chauves-souris par exemple) des
massifs forestiers avoisinants. Les 20 % de haies en état moyen et défavorable sont attribués à la
structuration en une seule strate ainsi qu’à une faible diversité en essences ligneuses.
Le réseau bocager de l’exploitation participe ainsi à la bonne intégrité du maillage à une échelle plus
globale du plateau, permettant une continuité entre les massifs forestiers. Il contribue à l’échelle de
l’exploitation à un complément en terme fourrager, certes faible mais présent, ainsi qu’à l’abri des
troupeaux lors d’intempéries, étant donné la largeur globale des haies relativement importante (4 mètres).
Chemin bordé de murets de pierres sèches, sous
haie dense de noisetiers et hêtres (îlots 3-4)
7
Haie de haut-jet à chênes et frênes (îlot 1)
3-1-2 FACTEURS D’INFLUENCE
Facteurs favorables :
-
Linéaire relativement important de haies (4 km) bien structurées et à plusieurs strates,
formant un réseau bocager assez dense (Riom-ès-Montagne, Apchon)
Gros hêtres
Taille raisonnée
Espèces appétentes et fourragères pouvant être valorisées: frêne, noisetier
Facteurs d’amélioration :
-
Localement une seule strate (hauts arbres) et diversité en essences ligneuses faible
3-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
INTERET FORT
- Structure à plusieurs strates majoritaire accueillant une faune diversifiée
- Continuité du réseau créant des axes de circulation pour la faune (chauves-souris et
oiseaux).
-
Faune : aucune observation remarquable
3-1-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
Maintien de l’existant par entretien raisonné
3-3 – RUISSEAUX
3-3-1 CONSTAT
Trois portions de ruisseaux ont pu être inventoriées sur l’ensemble de l’exploitation, totalisant un linéaire
de près de 800 mètres :
• sur l’estive du Clau du Bour, le ruisseau du Gour traverse les deux parcs du nord au sud par l’ouest
• Le deuxième ru, paraissant intermittent, traverse l’îlot 21 en amont et 16 en aval.
De manière générale, ces rus permettent de rafraîchir le bétail.
Le ruisseau du Gour (îlot 15) apparaît en bon état de conservation, avec un style sinueux et naturel bien
marqué, caractères devenus rares pour les ruisseaux de montagne. Notons un recouvrement important des
berges par la végétation, entremêlant prairies à hautes herbes humides (mégaphorbiaies) et bas-marais à
Carum verticillé.
Sur les berges de ce ruisseau, a pu être observé une espèce de libellule, assez exigeante dans la qualité de
son milieu de vie : le Caloptéryx vierge.
8
Quelques points cependant pourraient être améliorés :
• Ponctuellement, en deux endroits (jonction des parcs à l’ouest et aval du bosquet de hêtres), le
surpiétement des berges entraîne une déstructuration du sol et des berges, un apport de matières
organiques et en suspension dans l’eau, et des problèmes de parasitisme.
• Localement un point de franchissement direct du ruisseau, dans le petit vallon, qui entraîne
également une remise en suspension de matières dans le ruisseau.
Le deuxième ru des îlots 16 et 21 paraît globalement plus dégradé malgré la végétalisation de ses
berges sur la majeure partie de son linéaire. La flore (orties, chardons), bien qu’abondante, montre un
certain niveau d’eutrophisation du ru, pouvant être expliqué par l’apport de matières organiques de
fertilisants des parcelles attenantes.
3-3-2 FACTEURS D’INFLUENCE
Facteurs favorables :
Cours d’eau marqué et sinueux
Ressource en eau permanente en période estivale
Assurent l’humidité des prairies environnantes
-
Facteurs d’amélioration :
Berges surpiétinées localement entraînant une mise en suspension de matières
dans l’eau et une déstructuration du sol
Franchissement direct du ruisseau du Gour dans le petit vallon
Fertilisation des parcelles environnantes, entraînant les matières organiques dans
le ruisseau (îlot 16 et 21)
-
3-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
INTERET MOYEN
- Végétations humides d’intérêt écologique fort omniprésentes le long du Gour
- Deux habitats naturels d’intérêt patrimonial communautaire (Directive Habitat) :
MEGAPHORBIAIE : prairie humide le long des rus à Reine des prés et Bistorte.
BAS-MARAIS : prairie tourbeuse à Carum, linaigrette, gentiane pneumonanthe
-
Faune : Caloptéryx virgo
Flore : aucune observation remarquable
Vallon dans lequel circule le
ruisseau du Gour (îlot 15)
Piétinement des berges du Gour à
la jonction des parcs 1 et 2
9
3-2-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
Aménager un point de franchissement sur le ruisseau du Gour, en aval de la limite des parcs, au
sein du petit vallon, de façon à éviter le piétinement du ruisseau et éviter que les bêtes stagnent
dans l’eau (parasites…).
Si possible, installer deux points d’abreuvement, afin d’éviter le piétinement des berges, à la
jonction des deux parcs de pâturage de l’îlot 15, ainsi que plus en aval.
Si possible, limiter la fertilisation des prairies attenantes au ruisseau, dans les îlots 16 et 21.
3-1 – BARRE ROCHEUSE BASALTIQUE
Au niveau de l’entrée du parc 2 de l’îlot 5, a pu être
observée une infrastructure originale, ne participant pas
forcément à l’exploitation, mais rare à ces altitudes : il s’agit
d’une végétation pionnière sur une dalle rocheuse basaltique
horizontale. Nous ne nous attacherons pas à décrire cette
entité puisqu’elle ne présente que peu d’intérêt pour
l’exploitation et est bien préservée du fait de son
inaccessibilité par le bétail. La végétation est composée de
plantes succulentes de type Orpins et de Scléranthes.
Ce type de végétation, très rare à l’échelle
européenne, est à ce titre un habitat naturel d’intérêt
communautaire (Directive Habitat-faune-flore), inscrit sous
la dénomination « Pelouses pionnières montagnardes à
subalpines des dalles siliceuses du Massif central », habitat
8230.
Cette infrastructure bien conservée doit être
maintenue en l’état.
10
0
4 -Diagnostic des unités Agro-Ecologiques (PRAIRIES NATURELLES, BOSQUETS)
4-1 – PRAIRIES NATURELLES et PRAIRIES HUMIDES
4-1-1 CONSTAT
Les prairies naturelles sont présentes sous deux formes :
• Des prairies dites moyennement sèches, sur sols profonds et sans déficit en eau
• Des prairies humides dans les cuvettes ou fonds de vallon, constamment humides, à cette altitude.
Sous la dénomination « prairies humides », seront regroupées les prairies humides à proprement
parler, les tourbières ainsi que les mégaphorbiaies (prairies à hautes herbes).
Ces deux types de prairies couvrent la quasi-totalité de la surface exploitée : de par leur nature, elles
confèrent donc forcément un intérêt plus important pour la biodiversité, contrairement à des prairies
temporaires, pauvres en espèces végétales.
•
Prairies moyennement sèches
* Les prairies de fauche
Les prairies fauchées couvrent 33 hectares, soit près de 40 % de la surface totale exploitée.
Leur biomasse permet de produire une quantité de fourrage importante. Leur état de conservation diffère
en fonction de leur localisation géographique par rapport au siège d’exploitation.
Ces prairies de fauche sont localisées près du Taphanel (1), d’Apchon (2) et du hameau du Coudert (3):
(1) L’ensemble des prairies autour du Taphanel apparaît en état de conservation moyen voire
défavorable (îlots 2 et 10) : en effet, on remarque la présence d’espèces d’ombellifères nitrophiles
(Anthrisc, Grande Berce), c'est-à-dire préférant les sols riches en azote, et l’absence d’espèces
végétales montagnardes, typiques des prairies de fauche de montagne. Ceci montre un taux de
fertilisation de ces prairies assez élevé, entraînant un appauvrissement de la flore, avec une
domination des graminées. Par conséquent, la richesse en insectes de ces prairies devient moins
importante. De manière générale, une fertilisation élevée n’est pas favorable à la biodiversité.
Les prairies de fauche des îlots 5 et 6 présentent une diversité très faible en espèce végétale,
dominée par le Dactyle : il semblerait que ces prairies aient été fortement améliorées. Par ailleurs,
on note la présence de litière, qui nuit au développement de la végétation.
(2) Sur le site d’Apchon, ont été observés
presque autant de prairies en bon état de
conservation qu’en mauvais état : ces
dernières renferment également des espèces
nitrophiles telles que l’Anthrisque (voir photo
ci-contre), qui recouvre de grandes surfaces,
signe d’une fertilisation encore plus intense
que les prairies décrites précédemment.
Ce type de prairie montagnarde, très fertilisée
par fumier ou lisier, tend à évoluer vers une
friche à Anthrisque, où cette espèce est
exclusive, qui ne devient plus exploitable à
cause de sa toxicité.
12
Deux prairies maigres fraîches, apparemment peu fertilisées et donc en bon état de conservation
ont été rencontrées (îlot 16 et 21). Bien que couvrant une faible surface, elles renferment des
espèces végétales indicatrices d’un bon état de conservation telles que la Bistorte, la Sanguisorbe
officinale, la Crête de coq, la Centaurée noire. Elles présentent donc un intérêt écologique
important mais également agricole puisque leur productivité est assez importante.
(3) Sur le site du hameau du Coudert (îlots 13 et
14), se distingue une prairie typique des
montagnes cantaliennes, extrêmement
fleurie, avec un cortège d’espèces végétales,
renfermant plus de six espèces indicatrices
d’un bon état de conservation : citons entre
autres le Cistre ou Fenouil des Alpes, la
Pensée jaune, le Géranium des bois, la Crête
de coq, la Gesse à feuilles de lin, la Centaurée
noire, la Gentiane champêtre. La présence de
ces espèces indique un taux de fertilisation
assez faible, certainement lié à l’éloignement
par rapport au siège d’exploitation. Ces
prairies semblent subir une alternance de
pratique : pâture / fauche. Il conviendra de conserver ces prairies en l’état.
L’intérêt écologique de ces prairie est très fort : leur richesse floristique avoisinant la quarantaine
d’espèces en est la raison. Trois espèces d’orchidées y ont notamment été observées : la
Platanthère verdâtre, l’Orchis tâcheté et l’Orchis bouffon.
La majorité des prairies de fauche décrites ci-avant sont reconnues comme d’intérêt communautaire à
l’échelle de l’Europe (Directive Habitats-faune-flore).
* Les pacages
Les pacages couvrent 30 hectares, soit près de 36 % de la surface totale exploitée.
Les pâtures sont réparties sur l’ensemble de l’exploitation : elles sont globalement en état de
conservation moyen. Une partie d’entre elles ne présente plus aucun caractère montagnard, par apport
de matière organique direct de la part du troupeau. L’exemple typique est celui des parcs 1 et 2 des
estives du Clau du Bour, où l’on observe beaucoup de pissenlits et des Véroniques petits-chênes,
espèces indiquant un déséquilibre écologique.
D’autres déséquilibres ont été observés sur d’autres îlots :
l’apparition de fougères aigles et de genêts à balais sur les
îlots 1, 3, 4, 5 et 7, en bordure de haie ou de bois, indique
un sous-pâturage des parcelles. Ces espèces à fort pouvoir
colonisateur s’installe ainsi rapidement : elles ont pour
conséquence de réduire la productivité des parcelles, en
réduisant la surface broutée. Notons sur l’îlot 7 la présence
de matériel agricole stocké ainsi que de sacs d’engrais,
entraînant une flore nitrophile importante.
Les pacages près d’Apchon paraissent également
déséquilibrés (îlot 16 et 20), au regard de la flore
nitrophile très recouvrante : orties, rumex, chardons, grands
plantains. Le chargement semble plus important sur ces
parcelles, créant des zones ouvertes, où s’implantent des
espèces de friche comme le chardon ou le plantain.
13
Au niveau de l’îlot 11 et 12 et ponctuellement à l’entrée
du parc 2 de l’îlot 15, les pâtures présentent par contre
un cortège d’espèces assez typique des pacages de
montagne : Centaurée noire, Alchémilles, Gentianes
jaunes, et Bistortes côtoient de nombreux trèfles,
preuve d’une ressource en azote pour le bétail
importante.
Un dernier type en très bon état de conservation a été
observé sur une grande surface du parc 1 de l’îlot 15 : il
s’agit d’une pelouse à Nard raide, renfermant des
espèces montagnardes comme la Gentiane jaune et la Pensée jaune. Cet habitat naturel relève de la
Directive européenne Habitats-faune-flore : il est considéré comme un habitat prioritaire en terme
d’intervention car très rare. Les pentes un peu rocailleuses sont très caractéristiques. Par contre sur le
plateau, le sol plus profond, entraîne un appauvrissement de la flore.
•
Prairies humides
Les prairies humides couvrent 18 hectares, soit près de 20 % de la surface totale exploitée.
Près de 70 % de leur surface est à l’heure actuelle dans un état de conservation moyen.
* Les prairies humides de type jonçaies
Elles représentent la majorité des prairies humides de
l’exploitation.
Dans l’ensemble, les jonçaies à Jonc diffus et Jonc à
tépales aigus, sont moyennement conservées : la
diversité floristique y est faible. On observe de plus
dans certains cas un surpiétinement local (îlot 21),
voire une accumulation des matières fécales,
entraînant une eutrophisation du milieu (grandes
jonçaies de l’îlot 15). Certaines, bien que piétinées
régulièrement, conservent une flore plus riche,
comme dans l’îlot 2 ou au sud ouest de l’îlot 15 : dans
ce dernier, a d’ailleurs été observé une plante
carnivore assez rare en Auvergne : la Grassette commune. Ces types de jonçaies correspondent à des zones
de bas marais (tourbières basses), dont le piétinement modifie tout de même la flore.
Au sein de l’îlot 11, les prairies sont plus pauvres en joncs : elles sont caractérisées par la Canche cespiteuse
et le Scirpe des bois. Leur état de conservation est globalement bon.
* Les tourbières et prairies tourbeuses
Localisées dans les zones de talweg, près des sources
ou rus, elles permettent un stockage de l’eau en été.
Dans la zone d’estive du Clau du Bour, on rencontre
ainsi des bas marais à sphaignes (mousses des
tourbières) le long du Gour dans le petit vallon, mais
également près du bosquet central de hêtres (photo
ci-contre).
Ils abritent des espèces typiques des tourbières telle
que la plante carnivore protégée à l’échelle
nationale : la Droséra à feuilles rondes.
14
Cette plante confère un intérêt écologique supplémentaire au site. Le Lézard vivipare et des grenouilles
rousses ont pu être observées également, renforçant l’intérêt faunistique du site. Notons un affaissement
des buttes de sphaignes du au chargement localement important, causant des dégâts non négligeables sur
cet habitat naturel d’intérêt majeur (tâches blanches photo ci-dessus).
Egalement sur ce site, au sud du parc 2, est présente une zone très inondée (0,33 ha) qui renferme des
trèfles d’eau, des carex de bas marais. Sont présents en grand nombre des joncs diffus, signes d’un
déséquilibre du milieu, qui devait être à l’origine une zone tourbeuse pauvre en nutriments. Il semblerait
que le pâturage de cette zone ait apporté un surplus de nutriments (accumulation de matières fécales),
entraînant un appauvrissement de la flore. Il conviendrait désormais de clôturer cette zone de façon à
laisser la végétation cicatriser ainsi qu’à prévenir d’éventuels accidents de bêtes dans les zones les plus
inondées.
Le bas-marais de l’îlot 2 présente un intérêt fort pour la biodiversité, d’autant que son pâturage est assez
extensif. Il fait partie d’un immense complexe tourbeux du secteur, intégré au réseau Natura 2000.
* Les cariçaies (prairies à grands Carex)
s
De manière générale, la physionomie de ces végétations est assez haute, avec une espèce dominante : le
Carex à bec, espèce peu valorisable en tant que tel pour le pâturage, car rude à brouter. On rencontre ces
végétations en bon état de conservation, le long des écoulements dans l’îlot 15 ainsi qu’au niveau de l’îlot
3. Ponctuellement dans l’îlot 6, il existe des telles végétations, avec la Canche cespiteuse, qui ne sont pas
forcément valorisées (espèces peu appétentes).
* Les mégaphorbiaies
Très localisées au niveau le long de ruissellements de l’îlot 15, ces prairies humides à hautes herbes sont en
bon état de conservation.
4-1-2 FACTEURS D’INFLUENCE
Facteurs favorables :
-
Diversité de systèmes prairiaux, impliquant une diversité animale et végétale, ainsi qu’une
diversité de fourrage, favorable au troupeau
Ressource en eau permanente, importante en période estivale
Aucun drainage important observé (légers fossés dans l’îlot 8)
Valorisation des zones humides
Facteurs d’amélioration :
-
Fertilisation importante de certaines prairies de fauche (îlots 8, 10, 17 et 18)
Envahissement de certains pacages par les genêts et fougères aigles (îlots 1, 3, 4, 5 et 7) :
faible pression de pâturage ?
Surpiétinement des bas-marais, jonçaies induisant une diversité floristique moins
importante ainsi qu’une déstructuration du sol (buttes de sphaignes)
Accumulation de matières fécales, enrichissant en matières organiques des zones d’intérêt
écologique très sensibles
Franchissement des écoulements, secteurs de surpiétinement
15
4-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
PRAIRIES SECHES : INTERET ASSEZ FORT
- Diversité de systèmes prairiaux Diversité floristique et faunistique
- Localement intérêt très fort (Le Coudert) : prairies avec nombreuses espèces végétales
montagnardes typiques
- Trois habitats naturels d’intérêt patrimonial communautaire (Directive Habitat) :
PRAIRIE DE FAUCHE DE MONTAGNE : îlot 13, 14, 16, 21 : intérêt fort
PRAIRIE DE FAUCHE EUTROPHE : îlots 8, 10, 17, 18, 19
PELOUSE MONTAGNARDE : îlot 15 : intérêt fort
-
Flore :
Gentiane champêtre
Orchis verdâtre
-
Espèce peu commune en Auvergne
Espèce peu commune en Auvergne
Faune :
Circaète jean-le-blanc
En chasse dans l’îlot 15, protégée en France et en Europe
PRAIRIES HUMIDES : INTERET MOYEN
- Diversité des types de prairies humides Diversité floristique et faunistique
- Intérêt entomologique moyen : libellules (Caloptéryx)
- Un habitat naturel d’intérêt patrimonial communautaire (Directive Habitat) :
BAS-MARAIS à sphaignes (tourbières) : îlot 2 et 15 : intérêt fort
-
Flore
Rossolis à feuilles rondes Espèce protégée en France
Grassette commune
Espèce assez rare en Auvergne, présente en montagne
-
Faune : aucune espèce remarquable
Grenouille rousse
Lézard vivipare
Espèce des tourbières, protégée en France
Grassette commune
Rossolis à feuilles rondes
16
4-1-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
Prairies sèches :
- Limiter les apports de fertilisants dans les prairies où l’Anthrisc et la Grande Berce sont déjà très
présentes (îlots 8, 10, 17, 18, 19), de façon à valoriser la biomasse : permettra d’éviter la colonisation par
l’Anthrisc, espèce toxique pour le bétail.
- Eviter tout retournement de prairies qui nuirait d’une part à la faune du sol qui contribue au bon
développement de la prairie mais aussi réduirait fortement la diversité végétale, très importante.
- Dans la mesure du possible, réduire le nombre de fauches pour favoriser la diversité des prairies de
l’îlot 2 et 6
- Conserver le même niveau de fertilisation sur les prairies des îlots 13 et 14 pour garder la diversité
floristique actuelle (+ de 40 espèces).
- Débroussailler les zones envahies par les genêts et fougères aigle des îlots 1,3,4 et 7.
- Valoriser l’îlot 7 en terme de production : remise en pâturage ou fauche + enlèvement du matériel
agricole et des sacs d’engrais afin de reconstituer une prairie.
Prairies humides :
- Ne pas créer de fossés supplémentaires qui mettraient en péril l’équilibre actuel des prairies déjà
fragiles
- Dans la mesure du possible, limiter le chargement moyen sur les zones de jonçaies
- Dans la mesure du possible, mettre en défens les deux zones très dégradées de bas-marais dans l’îlot
15, de façon à favoriser la cicatrisation des buttes de sphaignes et de la zone à Trèfle d’eau.
- Mettre en place des points de franchissement dans la jonçaie de l’îlot 15, le long du ruissellement à
l’est.
17
4-2 – BOSQUETS
4-2-1 CONSTAT
Plusieurs petits bosquets de taille modeste (environ 1000 m²) sont répartis sur l’exploitation : ils
couvrent à peine 1 % de la surface totale exploitée. Leur seule présence contribue à augmenter la
biodiversité au sein de l’exploitation.
Deux bosquets de hêtres sont situés dans l’îlot 15 :
leur état de conservation est assez mauvais en
raison de leur fonction d’abri auprès du troupeau :
le surpiétinement causé empêche ainsi la
régénération du hêtre et induit une flore nitrophile
(orties, Géranium herbe à robert, stellaires des
oiseaux). D’autre part, bien que participant à la
diversité de la faune (abri pour oiseaux), les
essences ligneuses telles que le houx ou l’aubépine
sont des espèces peu appétentes pour le bétail.
Malgré cela, il conviendra de les conserver dans les
boisements. Il peut être envisagé une exploitation
raisonnée de ce boisements car les hêtres
présentent de beaux sujets exploitables : un
prélèvement jardiné pourra être réalisé.
Trois autres bosquets de nature diverse (taillis mélangé de chênes, noisetiers et saulaie à Saule cendré)
sont plutôt dans un bon état de conservation et participent ainsi à la biodiversité des parcelles. Ils
constituent également un abri pour le troupeau.
4-2-2 FACTEURS D’INFLUENCE
Facteurs favorables :
-
Abri du bétail
Gros hêtres exploitables (îlot 15), en bois de chauffe par exemple
Facteurs d’amélioration :
-
Surpiétinement important localisé modifiant la strate herbacée et tassant le sol
4-2-3 INTERET ECOLOGIQUE
INTERET MOYEN
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Diversité des boisements Diversité floristique et faunistique
Un habitat naturel d’intérêt patrimonial communautaire (Directive Habitat) :
HETRAIE A HOUX : îlot 15 : intérêt faible car très dégradé
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Flore : aucune espèce remarquable observée
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Faune : aucune espèce remarquable observée mais abri important
4-2-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
Maintien de l’existant, sans coupe franche (pouvant nuire à la faune installée).
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Conclusion
Le diagnostic de cette exploitation a mis en évidence une très forte diversité
d’infrastructures agro-écologiques, propice à une diversité d’êtres vivants assez importante. Le
taux d’artificialisation nul abonde d’ailleurs dans ce sens.
Cette diversité d’habitats naturels est représentée en grande partie au niveau des prairies, qui
constituent une ressource fourragère apparemment suffisante. Le maintien des pratiques
actuelles sur les zones décrites à fort intérêt écologique, comme les prairies du Coudert,
contribuera à conserver une forte biodiversité et à alimenter qualitativement le bétail.
Par contre, de façon à éviter une évolution des prairies déjà bien amendées vers des ourlets ou
friches à Anthrisc (espèce toxique pour le bétail), il conviendra de réduire l’apport de
fertilisant, notamment vers Apchon et le Taphanel.
La gestion des zones humides actuelle peut être améliorée si l’éleveur le souhaite de façon
à ne pas polluer les eaux de source et à éviter tout accident du bétail : la cellule d’assistance
technique apportée par le CEPA pourra être mise en place (volontariat) sur la zone de l’îlot 15
pourra être prise comme exemple.
Par rapport aux surfaces topographiques (haies, prairies naturelles, mares) à déclarer dans le
cadre des Bonnes conditions agro-écologiques (BCAE), l’agriculteur est donc bien supérieur au
seuil minimum de 1 % obligatoire pour l’année 2010.
L’intérêt écologique global des zones naturelles de l’exploitation est globalement bon
même si l’état de conservation des infrastructures est moyen. Le réseau bocager, bien que peu
développé, est bien entretenu et présente dans sa grande majorité un intérêt écologique fort
pour la faune. Ce maillage contribue également à limiter l’érosion des sols et abriter le bétail.
Globalement, les zones naturelles sont dans un état de conservation moyen (57 %). 14 %
sont dans un état défavorable, il s’agit notamment des prairies de fauche à Anthrisc.
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS :
Afin de valoriser l’intérêt écologique de l’exploitation mais surtout l’élevage en lui-même,
nous proposons à M. POUGET de participer au concours « prairies fleuries » mis en place par le
Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, au titre des prairies de l’îlot 13 ou 14, qui sont
très riches au niveau floristique et à l’esthétisme prononcé (variété de couleurs).
Dans le but d’améliorer l’intérêt écologique de ces unités et de diversifier ainsi la flore et la
faune, il est donc conseillé prioritairement une limitation de la fertilisation des prairies de
fauche.
Au regard de la problématique « zones humides », il pourra être envisagé des points
d’abreuvement et de franchissement, notamment dans l’îlot 15, ainsi que d’éventuelles mises
en défens afin de préserver des zones relictuelles de tourbières où sont présentes des espèces
rares.
Sur les prairies humides, nous pensons également qu’une baisse du chargement dans les
secteurs de jonçaies serait profitable à la flore et à la faune (réduction des apports directs de
matière organique), dans les îlots 16 et 21 surtout.
Carte 3 : localisation des actions proposées
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