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Ces premiers bâtiments étaient souvent démontables et parfois sur
roues ou plus simplement des galeries couvertes que l’on obstruait
l’hiver. Parfois appelées citronnières les futures orangeries culti-
vaient également des myrtes, lauriers, jasmins, grenadiers et lentis-
ques !
Au XVIesiècle les orangeries voient également le jour dans les
domaines princiers allemands où les techniques de chauffage se
développaient, l’électeur de Pfalz abritait plus de 400 arbres dans
une orangerie de 80 mètres de long ! Henri II en fit élever une à
Anet pour Diane de Poitiers. On les cultivait alors dans des demi-
tonneaux refendus et des vases de terre cuite, puis vinrent les bacs
en bois décrits dès 1564 qui vont largement s’imposer.
François Ier qui confisque les biens du duc Charles de Bourbon fait amener dans les
jardins de Fontainebleau la collection de bigaradiers que le Connétable cultivait à
grands frais. AuXVIIesiècle la plupartdes grands domaines princiers et seigneuriaux
avaient une orangerie signe de pouvoir et de modernité. La Quintinie put écrire, en
1690, son « traité sur la culture des orangers » aussitôt traduit en anglais. L’oranger
était l’agrume fétiche, marque de prestige de la haute société dès la fin du XVesiècle.
En Ile-de-France une des premières orangeries d’importance a été construite par Abel
Servien Secrétaire d’État à la Guerre de Louis XIII, au château de Meudon, qui confia
certainement à Le Vau la réalisation de sa grande orangerie. De son côté, Fouquet à
Saint-Mandé crée sa propreorangerie. Les deux hommes se détestaient mais entou-
raient le futur roi Soleil.
À Versailles, avec la construction d’un premier bâtiment par Le Vau en 1664 et une ré-
interprétation par Jules Hardouin Mansartentre1684 et 1686, Louis XIV imposa les
orangeries comme un programme d’architecture indispensable. La réalisation magis-
trale de Versailles confirme la caractéristique typiquement française d’une construction
rarement intégrée aux bosquets et salles de verduremais plutôt détachée avec un trai-
tement plus soigné que les autres bâtiments des communs. Plus à l’est, les princes et
prélats allemands, impressionnés par Versailles et dans leur soif de prestige installent de
nombreuses orangeries dans leur résidence d’été en y donnant un style particulier : le
corps central du bâtiment est surélevé, afin d’y donner fêtes et spectacles quitte à élu-
der l’objet même d’y abriter des orangers. En France l’orangerie de cour céda la place
dès 1750 à des espaces « raisonnables » et à des bâtiments d’utilité.