Economie Générale, Géraldine Carminatti-Marchand
ECONOMIE GENERALE
G. Carminatti-Marchand
SEANCE I
ENTREPRISE, DYNAMIQUE DE CROISSANCE ET EMPLOI
1. Introduction à l’économie
La science économique naît de la confrontation entre les besoins illimités éprouvés par les
êtres humains et la quantité limitée de biens disponibles pour les satisfaire. Dans un premier
temps, l'économie cherche à décrire et à mesurer les choix effectués par les agents
économiques. Dans un second temps, elle cherche à bâtir des lois et des modèles pouvant
servir à guider l'action politique.
Quel est l'objet de la connaissance économique ? Une première définition due à A. Smith
(Recherche sur le Nature et les Causes de la Richesses de Nations (1776)) rapproche
l'économie à la science des richesses (matérielles). Une deuxième définition rapproche
l'économie de la science de l'échange marchand (étude des fondements de l'échange). Une
troisième conception, plus proche de nous, permet d'intégrer les problème de planification,
l'économie est considérée comme une science des choix efficaces.
L'économie a mis longtemps à se constituer en tant que science. La réflexion économique
apparaît chez les philosophes grecs (Aristote et Platon), mais lorsqu'ils parlent "d'économie",
le sens est différent du nôtre. Etymologiquement, le terme vient de deux mots grec: "oïkos"
qui signifie maison et "monos" qui signifie ordre, principe, règle, loi. D'ailleurs, les penseurs
grecs étudient l'économie domestique et la gestion de la cité. L'économie est donc d’abord
conçue comme l'administration de la maison. Il faut attendre le milieu du 18ème siècle pour
trouver une vraie analyse de l’économie. Les Physiocrates (Quesnay (1758) et Turgot (1766))
donnent une analyse économique globale sous forme de circuit. Pour eux, il y a
interdépendance entre toutes les parties du circuit économique régi selon un "ordre naturel".
Les Physiocrates peuvent être considérés comme des précurseurs
A la fin du 18ème siècle, de véritables courants théoriques se développent à partir des idées des
Physiocrates. L'inspiration libérale se concrétise au début du 19ème siècle avec Adam Smith
(1776), David Ricardo (1817), J.B. Say (1803) et Malthus (1798 et 1820) qui fondent
l'économie politique classique. En parallèle des Classiques, on retrouve le courant marxiste
qui est à la fois en liaison et en rupture avec l'économie politique classique. Marx (1848 et
1867) représente l'économie à travers des classes sociales.
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A la fin du 19ème siècle se développe le courant néo-classique ou marginaliste. Pour les Néo-
Classiques, l'économie se conçoit sur le modèle des sciences physiques. L'analyse privilégie le
comportement d'un agent économique, "l'homo oeconomicus".
Ce développement analytique se poursuit durant tout le 20ème siècle. Mais les guerres
mondiales et la crise de 1929 montrent les limites du raisonnement néo-classique. Keynes
(Théorie Générale (1936)) impose alors une vision différente de l'économie de type macro-
économique.
Cette vision keynésienne perdure jusqu'au milieu des années 70. A partir de cette date, nous
assistons progressivement à l'émergence de l'économie mondiale qui transcende les espaces
nationaux pour prendre leur place dès le milieu des années 80. Des phénomènes nouveaux
comme la stagflation ou l'effondrement du « bloc Est », avec la chute du mur de Berlin
marquent la généralisation de l'économie de marché, du système capitaliste.
Les objectifs principaux de la théorie économique sont d'expliquer le fonctionnement de
l'économie dans son ensemble, en déterminant le niveau de production totale de la nation,
l'emploi des facteurs de production (en particulier la main d'œuvre), ou encore le niveau
général des prix. L'analyse économique décrit les relations entre les individus qui composent
la société. Les questions fondamentales qu'elle se pose sont:
ð Que produire?
ð Comment Produire?
ð Pour qui produire?
Cependant, la production totale se compose d'un très grand nombre de biens et services dont
la fabrication et l'utilisation font intervenir des milliers de décisions individuelles. La prise en
compte de toutes ces décisions individuelles est trop difficile, il faut donc les agréger, c’est à
dire les regrouper en un nombre de catégories homogènes.
La macro-économie (du grec makros qui signifie grand) étudie la comportement d'un certain
nombre d'agrégats tels que la consommation, l'investissement, les dépenses publiques, les
exportations et le revenu national. Elle étudie aussi des moyennes comme le niveau d'emploi,
le sous-emploi et le niveau général des prix. L'analyse macro-économique envisage les
phénomènes d'un point de vue global; elle décrit les relations entre les individus qui
composent la société, les Ménages, les Entreprise et l'Etat. Elle cherche la réponse aux trois
questions fondamentales sous l'angle de la nation.
La micro-économie analyse ces trois questions sous l'angle de l'individu. Elle cherche à
maximiser le revenu et minimiser les coûts. L'individu ou agent économique peut être les
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Ménages, les Entreprises ou l'Etat. Chaque agent produit (du travail, des biens de
consommation, de production ou des biens publics), consomme ( du travail, des biens de
consommation, de production ou des biens publics), et transfert sa richesse ( d'une génération
à l'autre, d'un agent à l'autre).
L'économie générale étudie les aspects macro et micro-économiques, car les uns s'expliquent
par les autres et vice versa.
2. La dynamique de croissance
La croissance économique d’un pays représente son activité économique mesurée par la
production globale des entreprises dont la grandeur est le produit intérieur brut, PIB. Etudier
l’activité économique d’un pays revient à étudier les relations économiques, et donc les
fonctions économiques, entre les différents agents économiques.
On peut définir la croissance économique comme étant l'augmentation soutenue du revenu
réel ou de la production de plein-emploi. La référence au plein-emploi s'explique par le fait
que si la production peut s'accroître d'une année sur l'autre lorsqu'il existe des ressources et
des capacités productives inutilisées, cette augmentation n'est pas durable puisque tôt ou tard,
les facteurs et les capacités disponibles seront épuisés. Pour qu'un processus de production se
poursuive dans le temps, il faut que les investissements nets et les progrès technologiques
repoussent les limites de la productivité du travail et permettent l'élévation du revenu réel par
habitant. Il faut noter que la notion de plein-emploi ne doit pas être prise au sens strict du
terme. Une économie en croissance suppose des transformations exigeant la mobilité de la
main d’œuvre, donc un volume permanent de chômage frictionnel. Le plein-emploi
"praticable" ou réalisable n'implique pas l'absence de tout chômage.
L'investissement joue un rôle important dans le processus de croissance économique car il
agit sur la capacité de production des biens en modifiant la qualité et la quantité du stock de
capital disponible. Depuis l'industrialisation des économies, l'investissement est un des
facteurs explicatifs dans l'alternance des cycles de prospérité et de dépression. Il faut
distinguer les concepts de croissance, décrivant un phénomène de long terme, et d'expansion,
un phénomène de court terme.
La prise de conscience de l'irrégularité de la conjoncture permet de déterminer des périodes de
crise et d'expansion. Ces phénomènes de crise sont très anciens, mais la révolution industrielle
marque une rupture quant à leur origine. Jusqu'alors, les crises étaient agricoles, les causes
étaient très souvent une mauvaise récolte. La première crise industrielle apparaît en 1825 en
Angleterre. Les premiers travaux concernant les phénomènes de fluctuations économiques ne
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font que décrire les cycles et leur durée. Il faut attendre le 20ème siècle pour voir des théories
explicatives apparaître.
2.1 Les cycles économiques et leur périodicité
Le terme de cycle renvoie à l'idée que le monde est régi par des lois, la représentation
graphique est la sinusoïde. Cependant, cette représentation n'est que schématique, car il est
évident que les mouvements réels des variables économiques ne se reproduisent pas avec la
régularité de la courbe sinusoïdale. C'est pour cela qu'au terme de cycle, on préfère ceux
d'oscillations ou de fluctuations. Le but est toujours de rechercher le caractère récurrent de
l'activité. Une fois ces régularités dégagées, nous cherchons à analyser les variations de prix,
d'activité, de production ou d'emploi car ces variables varient dans le même sens.
2.2 Les différents types de cycles
Dès 1862, l'économiste français Clément Juglar met en évidence l'existence de mouvements
réguliers périodiques de l'activité et des prix dont la durée moyenne est de 8-10 ans. Les
cycles Juglar sont encore appelés cycles classiques ou cycles majeurs.
Vers 1920, un autre économiste, Kitchin, met en évidence des cycles beaucoup plus courts
d'une périodicité d'environ 40-42 mois. Ce sont les cycles courts, ou cycles mineurs ou cycles
Kitchin. Ces cycles sont en quelque sorte inscrits à l'intérieur des cycles majeurs.
Enfin dans l'entre deux guerres, Kondratieff découvre l'existence de cycles longs d'une durée
supérieure au demi siècle: ce sont les cycles Kondratieff dont le premier est observé vers
1790. Ces cycles se caractérisent par deux phases de même longueur (25 ans): une phase
d'expansion et une phase de baisse économique. Cette dernière ne se concrétise pas par un
recul de la production comme dans les cycles majeurs, mais on constate une croissance
ralentie. Les différentes phases se superposent aux cycles majeurs et sont façonnés par eux.
Le point de retournement du troisième Kondratieff commencé en 1896, correspond à l'année
1930. Le quatrième Kondratieff commencé en 1940 s'est retourné en 1970.
Joseph Schumpeter (économiste autrichien) a tenté d'expliquer les cycles Kondratieff par les
vagues d'innovation. Pour lui, les phénomènes de fluctuations et de croissance sont
inséparables. Des profits élevés stimulent les inventions et les innovations. Au contraire, de
faibles profits les découragent. Les fluctuations de profit donnent lieu à des fluctuations de
dépenses d'investissement qui entraînent alors des fluctuations dans l'économie en général, car
les nouvelles productions et techniques mises en œuvre par les dépenses d'investissement sont
le moteur de la croissance. Ainsi la machine à vapeur et le textile peuvent expliquer le premier
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Kondratieff, l'acier et le chemin de fer le second, le moteur à explosion, l'électricité et les
produits chimiques, le troisième.
Les différents cycles sont étroitement liés les uns aux autres, car une phase d'expansion d'un
Kondratieff est, en fait, la résultante de phases d'expansion plus fortes d'un cycle Juglar, elles-
mêmes résultat de phases d'expansion de cycles Kitchin. Schumpeter détermine dans chaque
Kondratieff six cycles Juglar de 9-10 ans chacun. De même, le cycle Juglar se décompose en
trois cycles Kitchin d'un peu plus de 3 ans chacun. Les différents cycles analysent les crises
de la même façon, seule la périodicité qui change.
2. 3 Le découpage du cycle.
Le cycle peut se découper en quatre phases distinctes caractérisé par deux optimum: un
maximum appelé sommet, qui marque en fait le début de la crise industrielle, et un minimum,
le creux, qui lui indique une reprise industrielle puis générale.
Le creux représente le fonds d'un cycle. Si la situation économique est très mauvaise, le creux
est alors appelé récession, terme apparu en 1930 pour désigner la diminution du taux de
croissance. Une récession est caractérisée par un faible niveau d'emploi ainsi qu'un faible
niveau de la demande de biens de consommation par rapport à la capacité industrielle. Cet
Expansion
Depression
Creux ou Recession
Sommet
Temps
Revenu National
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