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programme des patients étrangers du RUS doublerait le chiffre d’affaires du programme en deux
ans »11. Autre exemple, le Centre des sciences de la santé Sunnybrook a obtenu l’autorisation de
solliciter dix patients étrangers au cours d’une phase pilote d’un an et affirme sur son site Web
que « nous commençons à annoncer que nous sommes essentiellement en affaires »12.
Les promoteurs du tourisme médical affirment que ces activités produiront un revenu qui
favorisera la viabilité de notre système de santé universel sans compromettre les soins pour les
Canadiens13. Ces arguments rappellent la justification invoquée par le Dr Brian Day, fondateur
du Centre chirurgical Cambie à but lucratif, pour justifier l’expansion de la prestation des soins
par le secteur privé dans le système public14. Pour défendre l’argument en faveur de la possibilité
de couper les files d’attente, l’Institut des études de marché de l’Atlantique suggère un « principe
de Robin des Bois » qui permettrait de facturer « peut-être cinq fois le coût réel de
l’intervention » afin de permettre à une personne de sauter au début de la file d’attente15.
Deloitte, société-conseil en affaires, commercialise le tourisme médical auprès des
gouvernements provinciaux comme moyen de créer « de nouvelles occasions de générer des
revenus », ce qui peut en retour accroître la disponibilité des services dans le système public16.
Dans une étude de délimitation portant sur le tourisme médical, l’OCDE indique que cette
tendance croissante révèle un « changement de paradigme » qui « pourrait avoir de vastes
répercussions sur les soins de santé financés par le secteur public, y compris l’apparition du
concept des patients comme consommateurs de services de santé plutôt que comme citoyens qui
ont droit à des services de santé »17.
En 2010, le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Kevin Falcon, a préconisé d’offrir
« des traitements médicaux aux patients étrangers disposés à payer un supplément » en
demandant : « Pourquoi la Colombie-Britannique ne peut-elle être la clinique Mayo du
Nord? 18 ». En réponse à cette question, Leigh Turner invoque sept raisons convaincantes pour
lesquelles les systèmes provinciaux de santé au Canada ne devraient pas essayer de vendre des
services de santé aux touristes médicaux :
1. La promotion du tourisme médical risque d’avoir l’effet d’un cheval de Troie et de
miner l’assurance-maladie, car « les Canadiens qui en ont les moyens financiers
insisteront probablement pour pouvoir eux aussi acheter des services qui sont
actuellement financés par le secteur public »19.
2. Toute « capacité inutilisée » devrait servir à réduire les temps d’attente au Canada20.
3. Même si on le décrit souvent comme une « source de revenu profitable », le
marketing du tourisme médical « pourrait facilement devenir un gouffre financier où
l’on gaspille les fonds publics pour des campagnes de marketing coûteuses ou,
comme cela s’est produit en Inde, ce sont des sociétés privées qui les engloutissent21.
4. « Le Canada n’a pas de surplus de professionnels de la santé disponibles pour le
tourisme médical »22.
5. Comme le marché mondial des services de santé est très concurrentiel, « les
investissements nécessaires pour faire du Canada une destination pour les touristes
médicaux pourraient mieux servir à aider les Canadiens à avoir accès aux services de
santé au Canada »23.
6. Ce « modèle douteux de soins de santé » perturbe la sécurité des patients, la
continuité des soins et celle des soignants24.
7. L’équité en santé importe. « L’égalité d’accès aux soins constitue une caractéristique
clé de la Loi canadienne sur la santé et un élément important de la vie de chaque