Point de situation – Epidémie du virus Ebola – 2014
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propagation de l’épidémie. Le gouvernement libérien a également décidé de fermer l’ensemble des marchés
dans les zones frontalières.
La mise en quarantaine des cas avérés ou suspectés demeurent l’une des mesures majeures dans
l’ensemble des pays affectés par cette épidémie. Au Mali, 311 personnes sont actuellement placées sous
surveillance sanitaire tandis que des provinces entières ont été mises en quarantaines en Sierra Leone.
Néanmoins, l’efficacité générale de cette mesure est remise en cause par le déficit de lits dans les trois
principaux pays touchés : les hôpitaux guinéens sont capables d’accueillir environ la moitié des cas, la Sierra
Leone à peine un tiers et le Libéria seulement un cinquième des patients atteints malgré un budget de la santé
estimé à 19,5% de son PIB. Les hôpitaux publics sont soutenus par les dispensaires des ONG qui peinent
également à accueillir de nouveaux patients, ainsi, début octobre 2014, Médecins Sans Frontières avait refusé des
patients à Monrovia. Seuls 19 des 53 centres spécialisés sont actuellement opérationnels dans les trois pays. A
moyen terme, la mobilisation internationale devrait toutefois permettre de renforcer la capacité des
systèmes de santé de ces trois pays.
En dépit de campagnes de sensibilisation, des comportements à risque persistent dans la majorité des
zones touchées. Outre la consommation de viande de brousse, les rites funéraires traditionnels constituent des
vecteurs de propagation du virus alors que la toilette mortuaire demeure pratiquée. Les réticences des populations
à accepter les mesures sanitaires mises en place et les recommandations ont provoqué des incidents violents,
notamment en Guinée. Le 16 septembre 2014, une équipe de sensibilisation a été attaquée à Womey (Guinée
forestière) par les locaux qui les accusaient de propager le virus. Huit membres ont été assassinés dans des
circonstances troubles, donnant lieu à l’ouverture d’une enquête et au déploiement des forces armées dans la
zone. Des tensions avaient déjà été signalées dans la région de Nzérékoré au cours du mois d’août. Des incidents
ont également été rapportés en Sierra Leone où un cadavre à l’abandon dans les rues de Freetown a provoqué
des affrontements avec les forces de sécurité le 14 octobre 2014.
En Sierra Leone, la grève des fossoyeurs, débutée le 8 octobre 2014, a renforcé ces tensions. Ces derniers
réclamaient le versement d’arriérés de salaires et une amélioration de leurs conditions de travail en raison des
risques pesant sur leur profession lors de l’inhumation de patients décédés du virus Ebola. Des revendications
similaires ont été portées par les professionnels de la santé au Libéria qui ont conduit une grève au cours du mois
d’octobre pour obtenir une revalorisation salariale. Dans les faits, le personnel soignant est particulièrement
touché avec 324 décès sur 570 cas signalés, provoquant d’importantes tensions sociales.
A l’échelle régionale et internationale, les autorités sanitaires des pays non-affectés ont mis en place une
série de mesures contraignantes afin de limiter toute propagation de l’épidémie en dehors des pays
affectés (fermetures de frontières terrestres, réglementations spécifiques concernant les flux de personnes ou de
marchandises par voie terrestre, maritime ou aérienne, interdictions de séjour pour les ressortissants en
provenance d’un pays affecté, contrôles des températures corporelles à l’arrivée, mises en quarantaine des navires
ayant effectué une escale dans un pays touché au cours des 21 derniers jours, etc.). Ces différentes mesures –
variables selon les pays – ont été renforcées par la décision de plusieurs compagnies aériennes régionales et
internationales de suspendre leurs liaisons en direction des pays affectés par l’épidémie. British Airways, Korean
Air et Emirates maintiennent la suspension des vols tandis que Air France a repris ses liaisons à destination des
pays touchés par Ebola, exception faite des vols vers Freetown. Le 15 novembre, la France a annoncé qu’elle
étendait son dispositif de contrôle aux passagers en provenance du Mali.
Outre l’impact sur les déplacements de personnels, cette situation a une répercussion sur l’activité
économique des pays affectés. Selon la Banque Mondiale, la Sierra Leone et le Libéria ont perdu 3.5 points de
PIB et la Guinée 1.5 points en 2014. Au total, les trois pays auraient subi une perte de revenus supérieure à 359
millions USD alors que les investissements ont drastiquement ralenti depuis le début de l’épidémie. Pour sa part, le
FMI a annoncé que des mesures pour alléger leur dette seraient envisagées. La dette cumulée des trois pays
s’élève à 500 millions USD, l’institution serait prête à l’alléger de 100 millions USD.
Risque accru de troubles localisés dans les pays affectés par le virus Ebola, ainsi que dans les pays
voisins.
Ce risque est alimenté par l’actualité de l’épidémie, les conditions de traitement des malades, des cas
suspects ou de la population locale ainsi que par la propagation de rumeurs ou encore d’éventuelles
pénuries de biens de première nécessité.