"Le Seigneur, le Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère riche en grâce et en fidélité; qui garde son Amour à des milliers..."
Cette lettre se trouve au cœur d'une énumération de ce que les juifs appellent "les treize attributs du Nom du
Seigneur". Et selon l'affirmation de Rabbi Eisenberg, "chaque fois qu'un juif prononcera cette parole des
treize attributs, Je pardonnerai, dit le Seigneur !" Depuis des siècles lors de la grande célébration du Yom
Kippour (supplication pour demander le pardon) on récite et on répète plusieurs fois cette manifestation du
Seigneur à son peuple.
Chaque fois que le juif entend ce que le Seigneur a confié de son Nom à Moïse et à son peuple avec le
Notser, le nom de Nazareth est dans son cœur.
Le chrétien devrait-il sous prétexte qu'il n'est pas juif ignorer cette longue tradition qui fait de Nazareth la
gardienne de la grâce et de la tendresse de Dieu, alors qu'il sait que l'Ange Gabriel a appelé Marie la Mère
du Seigneur: "la Comblée de grâce" ?
Les sens complémentaires du terme "Nazor": « ermitage » et « couronné »...
Il importe de bien comprendre le midrash judéo-chrétien de Matthieu : "il sera appelé Nazoréen" en
revenant d'Egypte. Ce n'est pas un mot araméen mais un mot hébreu signifiant "consacré", "à l'écart" d'où le
sens d'ermitage, de lieu où l'on se retire avec la terminaison "et".
La mise à l'écart volontaire (nazir ou nazor) s'exprime par la tonsure des cheveux qui ne laisse qu'une
couronne de cheveux. "Nazor" signifie et désigne le naziréat mais aussi la couronne princière ou le diadème
précieux qui marque une consécration.
Le livre de la Sagesse annonce prophétiquement la cause de la "retraite à Nazareth" en disant qu'en revenant
d'Egypte (Mt 2,15 et Osée 11, 1) et fuyant le fils d'Hérode régnant à Jérusalem, Jésus devient le couronné
d'un diadème car Hérode et Archelaüs dans leur orgueil de régner sont morts spirituellement (Sagesse 4,
20-5, 14) et le Seigneur a pris soin de Jésus pour le faire échapper à leurs mains et recevoir la couronne
royale de gloire et le diadème de beauté (Sagesse 5, 15-16). Jésus peut vraiment être appelé celui qui a reçu
le diadème, la couronne royale dans la retraite de Nazareth, une image qu'on retrouve développée à la fin
d'Isaïe (Isaïe 61,7-10) et du psaume 132 (Ps 132, 17-18).
Père Michel Cuënot
Lire aussi : Marie Vidal "Un juif nommé Jésus", p.144
Chapitre : Que sait-on de Nazareth au temps de Jésus ?
Nazareth en l'an zéro : une petite ville dans une contrée verdoyante