Bilan du langage : Exalang Lyfac

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Bilan du langage : Exalang Lyfac
Isidore est âgé de 17 ans 11 mois le jour du bilan. Il est scolarisé en PACES (1ère année de
médecine) en vue d’effectuer des études en dentaire et souhaite obtenir un 1/3 temps pour
le concours.
Il a obtenu en juin dernier un Bac S Mention AB avec 1/3 temps, qu’il dit avoir utilisé dans sa
totalité sur toutes les épreuves.
Plusieurs examens ont été effectués :
- Un WISC III à l’âge de 8 ans (motif de la consultation : lenteur) => QIV = 92, QIP = 104,
QIG = 97. Les conclusions du psychologue étaient les suivantes :
o Manque de souplesse cognitive
o Manque de confiance, tendance à l’évitement
o Résultats globalement bons mais hétérogènes (dispersion de 6 à 16)
- Un bilan psychomoteur a été proposé en 2010 (à l’âge de 13 ans ; motif de la
consultation : lenteur). Les résultats faisaient apparaître :
o Un manque de confiance
o Pas de pathologie psychomotrice
o Une lenteur
- Un bilan orthophonique effectué en primaire n’a pas fait ressortir de pathologie ;
- Un autre bilan effectué en 1ère (plainte : difficultés en orthographe et en
compréhension) met en évidence un TSA. Les épreuves proposées ne sont pas
étalonnées par rapport à l’âge d’Isidore. Il n’y a donc pas de score quantitatif. Une
rééducation est alors mise en place.
Le bilan proposé en septembre suit le cheminement suivant :
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Empan visuel, flexibilité lexicale, lecture de mots, lecture de logatomes, consignes
orales, empan endroit, compréhension de texte, texte à choix multiple, empan envers,
repérage d’anaphores, phrases à compléter, leximétrie, inférences. Ce choix d’ordre
des épreuves s’est dessiné au fur et à mesure de la construction du bilan, en fonction
des réponses fournies et du coût cognitif plus ou moins lourd attribué à chaque
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-
épreuve. Ce choix a permis à Isidore d’alterner des épreuves longues et courtes,
coûteuses ou non, de façon à ne pas saturer et ne pas fournir de réponses altérées par
des composantes externes (fatigabilité, lassitude…). Il est bien question de mesurer ses
compétences, performances et déficits, sans pour autant le mettre en situation de
surcharge. Entre les épreuves, des moments de discussion se sont intercalés, qui ont
permis d’affiner l’anamnèse.
Les questions abordées entre les épreuves ont pu concerner des éléments de sa vie
privée et permettre ainsi de le situer socialement : il vit seul pour la première fois (du
fait de l’éloignement du domicile des parents par rapport à la fac), sa famille lui fournit
les repas pour la semaine. Il est bien socialisé, s’est intégré dans un groupe d’amis
malgré l’ambiance difficile qui règne en PACES. Il ne montre pas d’addiction au tabac,
cannabis, alcool.
Les résultats aux différentes épreuves (dossier joint) suggèrent les interprétations suivantes :
En mémoire, on relève une dissociation entre la mémoire visuelle et la mémoire auditive, la
première étant bonne et la seconde encore dans la zone de normalité mais un peu faible (1.33 σ, empan à 5). La mémoire de travail se situe dans la zone pathologique, ce qui interpelle
d’emblée si on rapporte ce score aux études en cours qui nécessitent une bonne mémoire
générale et une mémoire de travail efficiente.
Le langage oral élaboré est globalement pathologique en score (entre -1.07 σ et -3.19 σ) dans
un temps qui se situe dans la norme. La plainte initiale portant sur la lenteur repérée depuis
la petite enfance, on peut constater ici qu’Isidore est capable d’accélérer, au détriment de la
qualité de ses réponses. Seule l’épreuve d’inférences obtient de bons résultats, en score et en
temps. Cette épreuve fait évidemment appel aux notions inférentielles, mais elle se présente
sur un mode écrit et la bonne vitesse de traitement est en opposition avec les vitesses relevées
lors des épreuves de lecture processuelles, mais en accord avec celles relevées lors des
épreuves de lecture fonctionnelle. On peut supposer un trouble résiduel de l’identification.
L’appui sur le texte écrit permet à Isidore de mieux fonctionner, ce qui est cohérent avec les
résultats aux épreuves mnésiques. L’oral est peu mémorisé, la persistance de la trace de la
consigne à l’écrit lui facilite la tâche.
Les processus de lecture, notamment pour les mots et les logatomes, montrent des scores
échoués et un temps non strictement pathologique, mais allongé. La leximétrie est meilleure,
le format texte se rapprochant plus du quotidien, avec une épreuve un peu plus écologique
que les précédentes.
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En compréhension de texte, on retrouve le comportement remarqué aux épreuves orales :
bonne vitesse de lecture, mais échec à la compréhension (-3.74 σ), ce qui est cohérent avec
les résultats obtenus aux épreuves orales. Le produit de l’identification et de la
compréhension orale (L=R*C, équation de Gough et Tunmer) ne peut être efficient, les deux
multiplicateurs étant altérés. Le temps moyen des retours au texte est rapide, ce qui, dans ce
cas, n’est pas un bon signe et prouve que cette possibilité a été mal employée ; la relecture
n’est pas efficiente.
L’orthographe lexicale et grammaticale (dans cette tranche d’âge, la mesure de la
transcription phonologique n’apporte plus de renseignements pertinents) se situe
globalement dans la moyenne, quelles que soient les modalités proposées.
De surcroît, les concours de PACES sont proposés sous forme de QCM et ne sollicitent pas les
performances orthographiques des élèves.
Ce jeune homme montre un trouble réel, de type TSA, avec difficultés orales et écrites. Un 1/3
temps est nécessaire pour ses concours. La question à se poser et à discuter avec lui est celle
du choix de l’orientation. Il envisage un redoublement de cette première année s’il est classé
dans les 600 premiers, et une orientation dans une autre branche, non encore définie, si son
classement le situe au-delà.
En dehors des stricts résultats à un concours très sélectif, un bilan de jeune en première année
d’études supérieures doit amener à discuter avec lui de ses motivations pour l’exercice d’une
profession ultérieure, ainsi que ses capacités à exercer cette profession. La difficulté à bien
comprendre l’oral élaboré et le texte dans une orientation en dentaire pourra probablement
être compensée et n’aura pas d’incidences majeures sur les diagnostics ou les traitements, le
diagnostic s’effectuant de visu. Il pourrait en être autrement en médecine, en soins infirmiers,
en orthophonie ….
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