L`Évangile de la philosophie et de la révolution

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Jimmy Dalleedoo
L’Évangile de la philosophie
et de la révolution
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Avant-propos
J’ai écrit ce livre car je suis sincèrement convaincu
qu’une poignée d’hommes peut changer le monde. Mais pas
n’importe lesquels et pas n’importe comment non plus. Il
faut que ces hommes soient imbibés de convictions à
rompre les cieux. Un groupe d’hommes peut changer le
monde à condition d’être dotés de principes pour lesquels
ils doivent être prêts à se battre et peut-être même à mourir
pour elles. Car ce sont des principes qui dirigent notre
monde. Les principes et les idées ne sont pas détachés, ils
sont liés et forment un tout uni. Les idéaux et les principes
constituent un socle sur lequel s’élèvent nos sociétés, ces
dernières étant le reflet de ces idéaux et principes. Parfois,
dans certaines séquences historiques, des hommes se
détachent et leurs idées changent les sociétés. J’ai voulu dans
ce livre faire une forme de synthèse de ce qui constitue la
contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme. J’ai voulu
faire état de cette contradiction, en indiquant de quelle
façon elle agissait sur nos sociétés. Il m’a donc fallu aussi
faire une présentation imparfaite de ce qu’est notre société,
ses origines et ses conséquences. En effet, il m’était difficile
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de réfléchir sur la contradiction entre l’idéalisme et le
matérialisme, sans parler de ce qui engendre le mouvement
de toutes sociétés : la lutte de classe et les contradictions
entre les forces sociales qu’elle renferme. Je n’ai pas la
prétention de penser que ce livre vous apprendra des choses
extraordinaires, mais il pourra cependant vous servir
d’introduction à des lectures plus complexes mais
nécessaires : le Capital ou la dialectique d’Engels par
exemple. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que toutes les
sociétés ne sont pas figées et ne sont pas éternelles : toutes
les sociétés, à un moment donné, se sont effondrées. Cela est
inévitable et nous ne pouvons pas véritablement prévoir,
d’une manière exacte et à quel moment notre société
prendra fin. Mais ce que nous pouvons faire est de
comprendre le fonctionnement de notre société, de
comprendre les forces qui la constituent et d’essayer de les
analyser pour anticiper cet effondrement. Pour comprendre
ce processus, il est nécessaire et inévitable de prendre
connaissance du matérialisme et de sa dialectique. En ce qui
concerne la connaissance de l’idéalisme, celle-ci nous est
presque naturelle, puisque nous sommes tous imbibés
d’idéalisme, car baignant dans cette atmosphère dès notre
naissance. La première partie de ce livre porte donc sur
l’explication de cette contradiction. La seconde partie
tentera d’expliquer ce que sont le capitalisme et les
différentes forces sociales en mouvement. Enfin,
j’examinerai l’idéologie du capitalisme et j’essayerai de
mettre en application dans ce livre, la méthode dialectique.
Pour cela, il faudra nous transporter dans la société du futur,
sur la base d’une analyse dialectique des éléments objectifs
actuels. Nous essaierons aussi de matérialiser la révolution :
quelle forme peut-elle prendre ? Pour certains lecteurs, ce
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livre paraîtra facile, les marxistes de formation par exemple ;
mais pour d’autres, il sera un appui sous forme de synthèse
qui leur permettra de lire d’autres livres un peu plus
compliqués. Au XXIème siècle, on a souvent entendu que la
lutte de classe était obsolète ou dépassée ! Ceci est
évidemment faux et j’affirme que la lutte des classes fait
partie de la vie simplement. C’est la base de notre existence :
qu’elle soit douloureuse ou heureuse. La vie sera un paradis
terrestre ou un enfer, selon que vous appartenez à la classe
ouvrière ou à la classe des nantis, car le problème est qu’un
groupe d’homme voudrait s’approprier ce paradis tandis
qu’un autre groupe voudrait le partager. Ce livre s’adresse à
des personnes qui ne sont pas forcément des professionnels
de la révolution, mais qui voudraient découvrir ce qu’est la
révolution. Pour ceux qui ont déjà une bonne connaissance
de ce qu’est la révolution, le matérialisme, l’idéalisme, et
leurs contradictions, ce livre sera un bon outil de révision.
Le message principal que j’ai voulu faire passer au lecteur,
c’est que nous pouvons changer le monde. Mais pour cela,
il faut apprendre, beaucoup apprendre, s’organiser, s’unir et
se battre pour nos convictions. Mais quelles sont nos
convictions ? Les convictions pour lesquelles nous nous
battons sont les notions de justice, d’égalité, de vérité et de
vengeance. La vengeance est aussi une bonne motivation.
En ce qui me concerne, la vengeance est une motivation qui
est ancrée en moi. Le lecteur me pardonnera de parler un
peu de moi, avant de commencer ce livre. En effet, trop
parler de soi-même peut-être une preuve d’opportunisme,
mais je crois qu’avant de commencer un livre qui demande
surtout un effort de compréhension d’autrui, il est
important de parler un peu de soi-même pour qu’une
espèce d’harmonie se forme avec le lecteur. Quand j’étais
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petit, je me disais parfois que je n’aimais pas la bourgeoisie.
Dans ma tête j’étais un peu en colère que des personnes
vivent dans le luxe, alors que nous avions des difficultés
pour vivre tous les mois. Nous vivions dans une cité de la
banlieue parisienne et mes parents étaient des ouvriers tous
les deux. Mon père travaillait comme cuisinier et ma mère
comme secrétaire. Ils ont beaucoup travaillé tous les deux et
ils y ont laissé leur santé, surtout mon père. Je considère
l’homme qui m’a élevé comme mon père, mais je n’ai jamais
connu mon père biologique. Tout ce que je sais, c’est qu’il
est mort d’avoir bu trop d’alcool et qu’il avait demandé à me
voir avant de mourir : mais malheureusement je n’étais pas
là. Je porte cela dans mon cœur comme un poids dont je
voudrais me débarrasser sans savoir comment faire pour
cela. Mes parents se sont séparés, ma sœur et moi avons été
élevés par ma mère ensuite. Elle travaillait beaucoup et elle
était seule face à toutes ces difficultés. Elle était exploitée par
une mandataire judiciaire, juive et très dure avec elle. Les
fins de mois étaient toujours difficiles et souvent nous ne
savions pas ce que nous pourrions manger, car nous
n’avions pas grand-chose. C’est à l’âge de 16 ans que j’ai été
déscolarisé pour intégrer un apprentissage en qualité de
cuisinier : c’est ici que j’ai goûté à l’exploitation. Tous les
soirs je rentrais chez ma mère avec le corps qui me faisait
mal, car je travaillais énormément. Je nettoyais, frottais,
balayais, faisais la plonge, épluchais les pommes-de-terre et
tout ce qui était possible de nettoyer, je le faisais. En qualité
d’apprenti je n’étais presque pas payé et le patron se faisait
un maximum d’argent ! Je me souviens que parfois le patron
du restaurant dans lequel je travaillais me ridiculisait devant
ses clients. Il me parlait avec un accent de nègre (alors qu’il
était breton et parlait bien le français) afin de faire rire tous
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ses clients. Je me suis retrouvé plus tard sans emploi et ne
sachant pas quoi faire de ma vie. Je me posais des questions
politique, mais je n’avais alors aucun lien avec une
organisation quelconque. J’ai réussi à m’engager dans la
marine nationale et je me suis embarqué à bord du porteavion Foch. Ce passage a été une très bonne chose pour moi,
car j’ai voyagé un peu et j’ai acquis mes premières
expériences politiques en observant la misère du monde. Je
ne raconterai pas toute ma vie, car je n’ai pas envie que mes
lecteurs aient pitié de moi. Ce que je peux affirmer avec
certitude, c’est que la vie est difficile et qu’elle ne m’a pas fait
de cadeau comme le savent depuis longtemps beaucoup
d’entre vous. En ce qui me concerne, je crois que la
vengeance est mon moteur et je me suis toujours promis que
lors de la révolution, tous ceux qui nous ont fait du mal à
moi et à ma famille, paieront puissance 10. Combien sontils dans le monde et en France à être ridiculisés par des
patrons voraces de profit et qui n’hésitent pas à sacrifier des
familles sur l’hôtel de souffrance pour leur soif de profit ?
Après l’armée je suis retourné travailler dans la restauration
en qualité de cuisinier et c’est dans un petit restaurant que
j’ai connu un homme qui allait devenir mon meilleur ami.
Il s’appelait Laurent, il avait une dizaine d’année de plus que
moi et on a sympathisé dès le début. C’est avec lui que j’ai
effectué mes premières armes en politique. Laurent était très
intéressé par la politique et c’était notamment un
sympathisant des idées révolutionnaires. Chez lui on
discutait très souvent politique ou quasiment tout le temps.
C’est avec lui que j’ai été invité dans mes premières réunions
politiques de partis « révolutionnaires » comme la LCR à
l’époque. Et c’est donc dans ces réunions que j’ai acquis mes
premières réponses qui engendrèrent d’autres questions et
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ainsi de suite. Laurent est devenu comme un grand frère et
je savais que je pouvais compter sur lui. Quand vous êtes
seul et perdu c’est vraiment génial d’avoir une personne à
ses côtés. Mais Laurent avait une existence difficile aussi et
il était très altruiste : il pensait toujours aux autres et jamais
à lui. Alors il est entré dans un processus d’autodestruction
en absorbant des quantités d’alcool excessives. J’ai essayé de
lui faire changer d’avis, mais impossible car il avait décidé
de se laisser mourir en buvant trop d’alcool. J’ai été le voir à
l’hôpital, il était branché sur des machines mais déjà à
moitié mort. Cette mort fut un élément déclencheur pour
moi ! Je n’avais pas de travail, pas d’argent, plus d’ami,
malade, désespéré, brouillé avec ma famille. Je n’avais pas
confiance en moi, car on m’avait dit toute ma vie que j’étais
idiot, pas beau et que j’étais un moins que rien : que faire ?
Quelle serait mon existence ? Étais-je condamné à mourir
moi aussi ? Lors de cette période de ma vie je croyais encore
en Dieu et une intuition me poussait à ouvrir les livres. Le
premier livre que j’ai ouvert fut Le Manifeste du Parti
Communiste de Marx et Engels : je n’allais plus jamais les
lâcher ! J’ai été totalement absorbé par ce que je lisais et une
grande partie de mes questions trouvaient enfin des
réponses. Moi qui croyait que c’était moi le problème, je me
suis aperçu que la réalité était toute autre : c’est le système
capitaliste qui avait engendré une grande partie de ma
désespérance ! C’est à moment-là que des larmes se sont
mises à couler sur mes joues. Ce n’était pas des larmes de
tristesse, mais des larmes de haine, de colère et d’envie de
vengeance. Une chose était alors certaine pour moi : il fallait
apprendre, apprendre et encore apprendre. Il fallait
démontrer que je n’étais pas idiot et une autre chose était
certaine : les bourgeois allaient payer. Je suis convaincu à
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présent que la seule solution pour changer nos vies est la
révolution socialiste et je dirais même que la révolution
socialiste est une nécessité naturelle. Les chapitres 7, 8, 9 et
10 sont des thèses que je voulais présenter aux lecteurs. En
effet, les deux grandes idées de ce livre sont deux théories
que j’ai appelées « la force de travail autonome » et « la
révolution socialiste combinée ».
Ce livre prend donc pour point de départ la contradiction
entre l’idéalisme et le matérialisme, c’est-à-dire une approche
philosophique. Ensuite nous nous orientons vers l’analyse du
développement de notre société avec une présentation du
mode de production capitaliste. Pour finir je présente mes
deux théories : « la révolution socialiste combinée » et « la force
de travail mobile et autonome ». Entre les deux, un passage sur
le développement du syndicalisme révolutionnaire.
Je dédie ce livre à mon ami Laurent Shueler décédé trop
tôt.
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Chapitre 1
1) Matérialisme dialectique et matérialisme historique
Dès le départ nous devons faire une distinction entre le
matérialisme dialectique et le matérialisme historique. Le
matérialisme historique est la continuité nécessaire du
matérialisme dialectique, mais cette distinction est
nécessaire pour notre compréhension uniquement. Le
matérialisme dialectique touche aux phénomènes de la
nature. Alors que le matérialisme historique touche aux
phénomènes des sociétés. Les phénomènes de la nature ou
les phénomènes sociaux sont dans un processus de devenir
permanent (en mouvement), et ces mouvements sont
conditionnés par les contradictions. Se sont donc les
contradictions qui vont engendrer le développement de ces
différents phénomènes. Nous avons ensuite la dialectique
qui ne doit pas être confondue avec le « matérialisme
dialectique » et même si nous retrouvons le même mot. Car,
la dialectique est un outil d’analyse, une méthode
permettant de comprendre les phénomènes naturels et
sociaux, et donc de comprendre leurs contradictions qui
mettent en mouvement ces phénomènes.
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Pour être bref :
Le matérialisme dialectique : Les phénomènes de la
nature impacts nos sociétés, en fournissant la matière
première et certains phénomènes naturels permettant
ensuite de développer des lois économiques : par exemple la
compréhension de la foudre a permis aux hommes de se
doter de l’électricité.
Le matérialisme historique : Ensuite, nos sociétés sont
dotées d’une vie sociale (superstructure) qui s’élève sur une
base économique ou mode de production (infrastructure)
dans laquelle les hommes vivent et travaillent. Ce mode de
production est déterminé par une classe sociale
(bourgeoise) dominant une autre classe sociale
(prolétaires). Cette dernière produit les biens matériels
nécessaires à la société des hommes (vêtements, chauffages,
voiture, etc…) : elle modifie la matière et créer des
marchandises qui circuleront et se vendront sur les
marchés. On a donc des contradictions dans les
phénomènes de la nature, notamment des contradictions
entre particules qui créer la foudre par exemple et qui
impactes le développement nos sociétés, et ensuite des
contradictions à l’intérieure de la société elle-même : le
prolétariat contre la bourgeoisie. Et se sont ces
contradictions à l’intérieure de nos sociétés qui engendrent
le mouvement de nos sociétés : il y a donc eu plusieurs
sociétés à travers les siècles. Notre société est composée de
deux éléments indissociables : l’infrastructure et la
superstructure. Notre vie sociale se situe dans la
superstructure qui est à son tour composée et consolidée par
plusieurs éléments : économie, politique, juridique, social,
religions et philosophie. Et c’est du dernier élément que
nous allons commencer ce livre. En effet, je crois que c’est
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ici que les révolutionnaires pêches. La philosophie est un
des éléments les plus importants, car il est un outil de
consolidation et de conservation de la domination de la
classe capitaliste. Il faut le comprendre, l’analyser et le
développer, si nous voulons détruire l’infrastructure, le
mode de production capitaliste et élever à sa place un autre
mode de production : socialiste. Les lecteurs m’excuseront
si la distinction entre le matérialisme dialectique et le
matérialisme historique n’est pas très clair lors de cet
exposé : mais les deux éléments se complétant, il n’était pas
possible de faire autrement.
2) Contradiction entre le matérialisme et l’idéalisme
Depuis des siècles a lieu une bataille que certains
ignorent, mais qui pourtant, est une bataille de la plus
grande importance
Une « bataille de l’ombre », pourrait-on dire, à l’image
de ces héros de science-fiction, qui se battent via une lutte
acharnée, sans que personne ne s’aperçoive de ce qui se passe
dans l’ombre. C’est une bataille de deux grandes philosophies
du monde et ces deux philosophies impactent nos sociétés
avec plus de force qu’on pourrait se l’imaginer. Le
matérialisme et l’idéalisme mènent une bataille acharnée
depuis des siècles, et selon les périodes de l’histoire, les
différentes sociétés ont été absorbées par l’une de ces visions
du monde, selon son avancée dans cette bataille des titans.
Dans la majorité des sociétés, c’est l’idéalisme qui a imprégné
la conscience des masses, mais dans d’autres sociétés, il a été
démontré que le matérialisme n’était pas utopique et qu’il
pouvait imprégner une société. Toute société est dotée d’une
idéologie, et cette idéologie est assénée aux masses, de par un
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groupe d’hommes au pouvoir. Ce combat entre l’idéalisme et
le matérialisme impactera considérablement nos sociétés. Il
nous faudra donc comprendre ce que sont l’idéalisme et le
matérialisme et ensuite les fondements de notre société. Dans
toutes les sociétés jusqu’à nos jours, existait une vie sociale
déterminée par la domination d’une classe sur une autre.
Mais nous allons voir aussi que ceci n’est pas une fatalité et
qu’il peut y avoir des sociétés sans classes sociales. Toujours
est-il que l’idéalisme a imprégné notre société jusque dans ses
fondements : nous sommes tous idéalistes. Le matérialiste
sera donc en contradiction totale dans sa société et s’il ne
comprend pas cette société elle-même, les choses peuvent
devenir plus difficiles pour lui. Pour l’heure, notre société est
un conglomérat d’hommes stables caractérisant donc une
nation, dans laquelle une classe domine.
Les patriciens ne dominait-ils pas les plébéiens ? Ou les
hommes libres les esclaves ? Cette domination d’un groupe
d’hommes sur un autre était alors conditionnée par une
société qui s’élevait sur une vision du monde idéaliste. Et
quand des hommes arrivèrent à se détacher des masses et à
imposer leurs idées totalement novatrices pour une société
donnée, ils furent châtiés ou considérés comme des héros.
Nous en avons des exemples avec Galilée ou Copernic qui
faisaient avancer la science et la philosophie, mais qui ont
été traqués par les autorités de l’époque qui voulaient les
brûler vif pour « hérésie ». Servet avait découvert la
circulation du sang et il a été brûlé vif par les autorités
religieuses de l’époque. Nous verrons que l’église catholique
a été particulièrement belliqueuse contre les peuples et cela
à toutes les époques. Et dans toutes ces époques, nous
pourrions d’ailleurs retrouver la contradiction entre
l’idéalisme et le matérialisme. Dans cette bataille des titans,
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il y a effectivement certains « titans » qui se démarquent de
par leurs idées et font avancer leur vision du monde. Mais
du matérialisme ou de l’idéalisme naîtront d’autres visions
du monde qui ajouteront alors leurs idées dans cette bataille
déjà si acharnée. Il est donc important de comprendre
quelles sont les bases de ces deux philosophies du monde.
Quelles sont les différences entre le matérialisme et
l’idéalisme ? Et quelles en sont les conséquences ? Les
masses sont-elles déjà soumises à l’une de ces philosophies
du monde ? Et si oui, laquelle ?
Dans la seconde partie du livre, nous parlerons de la
société en elle-même et du processus qui forge la société
dans son entier : le capital.
Nous allons analyser le processus de production et ses
différents capitaux. Nous y sommes contraints, car la société
actuelle est basée sur l’idéalisme et nous devons alors faire le
lien entre cette vision du monde idéaliste et la société (basée
sur l’anarchie de la production) qui s’élève sur cette
philosophie. Evidemment, la place de la classe ouvrière dans
le processus de production est essentielle, car sans elle et sa
force de travail la société capitaliste ne pourrait pas se
pérenniser. Effectivement, nous avons exposé plus haut le fait
que l’idéologie de la classe au pouvoir est liée à l’une de ces
visions du monde, c’est-à-dire à celle qui se démarquera le
plus dans la bataille. Il est indispensable dès lors de présenter
les bases de ce système social, politique et économique : le
mode de production capitaliste. Nous allons analyser aussi ce
qu’il en est de l’impérialisme, car analyser le capitalisme sans
aborder la question de l’impérialisme serait alors une
question incomplète. Comment l’impérialisme se « nourrit »
de la violence, des colonies, du pillage, etc.
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Que signifie le mot matérialisme ?
Dans cette société, lorsque l’on parle du matérialisme, la
définition dévie de son sens réel. Dans notre société le
matérialiste est présenté comme une personne qui chérit
d’une façon exagérée les biens matériels, par exemple une
belle voiture, une maison ou de beaux vêtements, etc., c’està-dire une personne qui serait prête à faire n’importe quoi
pour jouir de ces différents biens matériels. Il existe donc une
définition du mot matérialiste, mais celle-ci est tout à fait
erronée, et d’ailleurs cette définition du mot matérialisme est
pour beaucoup d’entre nous péjorative. Cette déformation
sémantique du matérialisme est tout à fait intentionnelle. Elle
masque la véritable définition du matérialisme : dans
matérialisme on trouve le mot « matière ». Un lien doit donc
être établi avec le mot matière pour connaître le véritable sens
de ce mot. Le matérialisme est une vision du monde, du
monde dans son entier, c’est-à-dire une vision du monde
dans laquelle sont intégrés la planète, la nature, l’univers :
c’est une philosophie. Si nous sommes matérialistes, nous
serons donc dotés d’une vision du monde dans laquelle les
éléments ci-dessus exposés sont des éléments clefs. C’est déjà
une première difficulté car jusqu’à présent on admettait une
définition de ce mot plus courante. La première difficulté est
donc d’accepter qu’il existe une autre définition de ce mot,
renfermant beaucoup plus de richesse de connaissances. La
matière est aussi appelée « substance » car c’est elle qui
engendre le monde dans son ensemble. Chaque société est
dotée d’une idéologie qui sera insufflée aux masses. En
France par exemple, cette idéologie est celle de la classe
bourgeoise qui s’était émancipée avec la grande Révolution
Française de 1789 : le libéralisme. Le libéralisme (que nous
verrons plus loin) est donc une idéologie qui prend appui sur
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l’idéalisme inévitablement. Nous verrons pourquoi les deux
sont liés. En effet, la corrélation entre l’idéalisme et le
libéralisme se situe dans l’égoïsme tout-puissant. Un égoïsme
qui a été institutionnalisé avec la révolution de 1789 et qui est
devenu le point central de notre société capitaliste. Que cela
soit dans le libéralisme ou dans l’idéalisme, l’homme devient
le centre du monde et c’est ici que les difficultés commencent.
Car les intérêts égoïstes de l’homme ne peuvent aller dans le
sens de l’intérêt général, puisqu’en réalité ils vont toujours
dans le sens d’une oligarchie parasitaire. L’intérêt égoïste sur
le plan financier est l’équivalent du libéralisme ou de la
pensée individuelle sur le plan philosophique. Dans ce
système social, économique et politique et philosophique, la
classe dominante déformant ainsi la définition du mot
matérialisme, cache aux masses une autre vision du monde :
le capital veut que les masses se détachent du matérialisme.
En effet, contrairement à l’idéalisme, le matérialisme met au
centre de sa vision du monde l’humanité dans son entier et
non l’homme égoïste. Pour le matérialisme, l’humanité et
donc l’homme en général, doit être la base du développement
d’un seul homme. Pour le matérialisme, un homme seul ne
peut rien effectuer de cohérent, car il sera inévitablement
isolé à un moment ou à un autre. Le matérialisme ne pourra
donc que s’opposer avec un système social, politique et
économique fondé sur l’égoïsme. C’est-à-dire que l’idéalisme
est égal à un mode de production, alors que le matérialisme
est égal à un autre mode de production qui diffère totalement.
Il faut donc dans un premier temps comprendre le
fonctionnement de ces deux modes de production et ensuite,
comprendre ce qui serait nécessaire à la naissance d’un
nouveau mode de production. Commençons donc par
analyser ce qu’est le matérialisme.
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3) Le matérialisme
Selon que l’on adoptera donc l’une de ces deux
philosophies, on adoptera des conceptions différentes
concernant la création de ce monde, sa composition et sur
la place des humains dans ces philosophies. Le matérialisme
se place en contradiction avec l’idéalisme : il est son ennemi.
Le matérialisme donne une priorité à l’humanité dans son
ensemble, alors que l’idéalisme donnera la priorité à
l’homme seul et à son égoïsme. Mais pour le matérialisme
l’homme est aussi le produit du monde dans son ensemble :
il ne détache pas l’homme de ses véritables origines. On
parle du monde : donc de l’univers, de la galaxie et de tout
ce qui est constitué de la matière. Etre matérialiste veut dire
donner à la matière une priorité, c’est-à-dire une place
essentielle dans la constitution du monde. La matière
devient la « donnée première » et elle est dans un état de
changement et d’évolution permanent. Si, on adopte la
conception du monde matérialiste, la donnée première sera
le monde, la nature, constitués donc de matière. Si, au
contraire, on adopte la conception du monde idéaliste, la
donnée première serait alors nos représentations, c’est-àdire notre esprit. Pour que le lecteur comprenne, on peut
expliquer cela sous forme de questions :
Qu’est ce qui a existé en premier ? La nature a-t-elle
existé avant l’esprit ?
Quand on est matérialiste la réponse est affirmative.
C’est-à-dire que la nature qui est constituée de matière,
étant la donnée première aurait existé en premier : le
« vital ».
Prenons un exemple : imaginons qu’il n’y ait aucun
homme sur terre. Il n’y aurait donc aucune pensée, c’est-à18
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dire aucune représentation et donc aucun esprit puisque
aucun homme. Mais la nature, constituée de matière,
existerait indépendamment de toute représentation et des
hommes. La nature existerait donc avant toute forme de
pensée. Le monde serait toujours dans un processus
d’évolution, de développement, et cela même s’il n’existait
aucun esprit. On a donc vu que la nature est une « réalité
objective » – on verra plus loin que ce mot est important –
la donnée première est qu’elle est dotée, selon les lois du
matérialisme, d’une existence avant tout esprit. On parle
donc de cette nature, de ce monde qui est constitué de
matière.
Quelle est la composition de la matière ?
La matière est constituée d’atomes, de molécules, de
particules élémentaires. Ce qu’on nomme la matière
baryonique est à son tour constituée d’atomes ; la matière
baryonique est composée de baryons. Chaque baryon est
composé de particules plus petites, des « particules
élémentaires » que sont les protons, les neutrons et les
électrons. Dans chacune de ces particules élémentaires, on
retrouve d’autres particules, encore plus petites, les quarks,
les antis-quarks, les mésons, les pions, les kaons, les gluons,
etc, etc.
Deux familles ont été créées pour classer toutes ces
particules élémentaires : les bosons et les fermions.
On a donc des particules élémentaires, c’est-à-dire des
quarks et des antis-quarks, ainsi que des gluons, ou des
pions, ou des kaons, ou d’autres qui forment un proton par
exemple.
Un proton + un neutron + un électron = atome ;
plusieurs atomes = une molécule ; plusieurs molécules =
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brique moléculaire. Plusieurs briques moléculaires = un
homme !
Et c’est donc plusieurs milliards d’atomes qui forment
la matière. C’est une description très incomplète de la façon
dont est constituée la matière en mouvement. Il s’ensuit que
dans la réalité qui nous entoure tout est constitué de
matière : même les hommes. En dernière analyse, les
humains sont aussi constitués d’atomes : de l’univers à
l’homme tout est matière. Ces atomes qui sont intégrés dans
la matière sont un « composé changeant », c’est-à-dire que
la matière est toujours dans un processus d’évolution, de
changement et de développement. La matière qui créée
notre réalité n’est pas stable, c’est-à-dire immobile. Par
exemple, si on touche un arbre, on touche donc de la
matière constituée d’atome. On touche de la matière avec
notre main qui elle-même est aussi matière : c’est un contact
objectif entre matière. Cette matière existe dans le temps et
dans l’espace, car elle est présente à travers tous les siècles,
mais elle est aussi partout autour de nous. Au début du
monde il y avait des cellules, qui ont déclenché après
plusieurs siècles d’évolution un produit qui s’est présenté
comme le produit très développé de ce processus : l’homme.
Après des siècles d’évolution, de mouvements et de
changements, les protistes (cellules vivantes très infimes,
qui ont existé au début de l’évolution) créeront l’homme. Le
lien entre l’homme et la matière est ainsi soudé, consolidé à
travers des siècles de développement qui présentent
l’homme comme le produit le plus évolué de la matière en
mouvement et changeante : l’homme est une matière
pensante impressionnante.
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