Jimmy Dalleedoo L’Évangile de la philosophie et de la révolution 2 2 Avant-propos J’ai écrit ce livre car je suis sincèrement convaincu qu’une poignée d’hommes peut changer le monde. Mais pas n’importe lesquels et pas n’importe comment non plus. Il faut que ces hommes soient imbibés de convictions à rompre les cieux. Un groupe d’hommes peut changer le monde à condition d’être dotés de principes pour lesquels ils doivent être prêts à se battre et peut-être même à mourir pour elles. Car ce sont des principes qui dirigent notre monde. Les principes et les idées ne sont pas détachés, ils sont liés et forment un tout uni. Les idéaux et les principes constituent un socle sur lequel s’élèvent nos sociétés, ces dernières étant le reflet de ces idéaux et principes. Parfois, dans certaines séquences historiques, des hommes se détachent et leurs idées changent les sociétés. J’ai voulu dans ce livre faire une forme de synthèse de ce qui constitue la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme. J’ai voulu faire état de cette contradiction, en indiquant de quelle façon elle agissait sur nos sociétés. Il m’a donc fallu aussi faire une présentation imparfaite de ce qu’est notre société, ses origines et ses conséquences. En effet, il m’était difficile 2 3 de réfléchir sur la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme, sans parler de ce qui engendre le mouvement de toutes sociétés : la lutte de classe et les contradictions entre les forces sociales qu’elle renferme. Je n’ai pas la prétention de penser que ce livre vous apprendra des choses extraordinaires, mais il pourra cependant vous servir d’introduction à des lectures plus complexes mais nécessaires : le Capital ou la dialectique d’Engels par exemple. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que toutes les sociétés ne sont pas figées et ne sont pas éternelles : toutes les sociétés, à un moment donné, se sont effondrées. Cela est inévitable et nous ne pouvons pas véritablement prévoir, d’une manière exacte et à quel moment notre société prendra fin. Mais ce que nous pouvons faire est de comprendre le fonctionnement de notre société, de comprendre les forces qui la constituent et d’essayer de les analyser pour anticiper cet effondrement. Pour comprendre ce processus, il est nécessaire et inévitable de prendre connaissance du matérialisme et de sa dialectique. En ce qui concerne la connaissance de l’idéalisme, celle-ci nous est presque naturelle, puisque nous sommes tous imbibés d’idéalisme, car baignant dans cette atmosphère dès notre naissance. La première partie de ce livre porte donc sur l’explication de cette contradiction. La seconde partie tentera d’expliquer ce que sont le capitalisme et les différentes forces sociales en mouvement. Enfin, j’examinerai l’idéologie du capitalisme et j’essayerai de mettre en application dans ce livre, la méthode dialectique. Pour cela, il faudra nous transporter dans la société du futur, sur la base d’une analyse dialectique des éléments objectifs actuels. Nous essaierons aussi de matérialiser la révolution : quelle forme peut-elle prendre ? Pour certains lecteurs, ce 42 livre paraîtra facile, les marxistes de formation par exemple ; mais pour d’autres, il sera un appui sous forme de synthèse qui leur permettra de lire d’autres livres un peu plus compliqués. Au XXIème siècle, on a souvent entendu que la lutte de classe était obsolète ou dépassée ! Ceci est évidemment faux et j’affirme que la lutte des classes fait partie de la vie simplement. C’est la base de notre existence : qu’elle soit douloureuse ou heureuse. La vie sera un paradis terrestre ou un enfer, selon que vous appartenez à la classe ouvrière ou à la classe des nantis, car le problème est qu’un groupe d’homme voudrait s’approprier ce paradis tandis qu’un autre groupe voudrait le partager. Ce livre s’adresse à des personnes qui ne sont pas forcément des professionnels de la révolution, mais qui voudraient découvrir ce qu’est la révolution. Pour ceux qui ont déjà une bonne connaissance de ce qu’est la révolution, le matérialisme, l’idéalisme, et leurs contradictions, ce livre sera un bon outil de révision. Le message principal que j’ai voulu faire passer au lecteur, c’est que nous pouvons changer le monde. Mais pour cela, il faut apprendre, beaucoup apprendre, s’organiser, s’unir et se battre pour nos convictions. Mais quelles sont nos convictions ? Les convictions pour lesquelles nous nous battons sont les notions de justice, d’égalité, de vérité et de vengeance. La vengeance est aussi une bonne motivation. En ce qui me concerne, la vengeance est une motivation qui est ancrée en moi. Le lecteur me pardonnera de parler un peu de moi, avant de commencer ce livre. En effet, trop parler de soi-même peut-être une preuve d’opportunisme, mais je crois qu’avant de commencer un livre qui demande surtout un effort de compréhension d’autrui, il est important de parler un peu de soi-même pour qu’une espèce d’harmonie se forme avec le lecteur. Quand j’étais 2 5 petit, je me disais parfois que je n’aimais pas la bourgeoisie. Dans ma tête j’étais un peu en colère que des personnes vivent dans le luxe, alors que nous avions des difficultés pour vivre tous les mois. Nous vivions dans une cité de la banlieue parisienne et mes parents étaient des ouvriers tous les deux. Mon père travaillait comme cuisinier et ma mère comme secrétaire. Ils ont beaucoup travaillé tous les deux et ils y ont laissé leur santé, surtout mon père. Je considère l’homme qui m’a élevé comme mon père, mais je n’ai jamais connu mon père biologique. Tout ce que je sais, c’est qu’il est mort d’avoir bu trop d’alcool et qu’il avait demandé à me voir avant de mourir : mais malheureusement je n’étais pas là. Je porte cela dans mon cœur comme un poids dont je voudrais me débarrasser sans savoir comment faire pour cela. Mes parents se sont séparés, ma sœur et moi avons été élevés par ma mère ensuite. Elle travaillait beaucoup et elle était seule face à toutes ces difficultés. Elle était exploitée par une mandataire judiciaire, juive et très dure avec elle. Les fins de mois étaient toujours difficiles et souvent nous ne savions pas ce que nous pourrions manger, car nous n’avions pas grand-chose. C’est à l’âge de 16 ans que j’ai été déscolarisé pour intégrer un apprentissage en qualité de cuisinier : c’est ici que j’ai goûté à l’exploitation. Tous les soirs je rentrais chez ma mère avec le corps qui me faisait mal, car je travaillais énormément. Je nettoyais, frottais, balayais, faisais la plonge, épluchais les pommes-de-terre et tout ce qui était possible de nettoyer, je le faisais. En qualité d’apprenti je n’étais presque pas payé et le patron se faisait un maximum d’argent ! Je me souviens que parfois le patron du restaurant dans lequel je travaillais me ridiculisait devant ses clients. Il me parlait avec un accent de nègre (alors qu’il était breton et parlait bien le français) afin de faire rire tous 62 ses clients. Je me suis retrouvé plus tard sans emploi et ne sachant pas quoi faire de ma vie. Je me posais des questions politique, mais je n’avais alors aucun lien avec une organisation quelconque. J’ai réussi à m’engager dans la marine nationale et je me suis embarqué à bord du porteavion Foch. Ce passage a été une très bonne chose pour moi, car j’ai voyagé un peu et j’ai acquis mes premières expériences politiques en observant la misère du monde. Je ne raconterai pas toute ma vie, car je n’ai pas envie que mes lecteurs aient pitié de moi. Ce que je peux affirmer avec certitude, c’est que la vie est difficile et qu’elle ne m’a pas fait de cadeau comme le savent depuis longtemps beaucoup d’entre vous. En ce qui me concerne, je crois que la vengeance est mon moteur et je me suis toujours promis que lors de la révolution, tous ceux qui nous ont fait du mal à moi et à ma famille, paieront puissance 10. Combien sontils dans le monde et en France à être ridiculisés par des patrons voraces de profit et qui n’hésitent pas à sacrifier des familles sur l’hôtel de souffrance pour leur soif de profit ? Après l’armée je suis retourné travailler dans la restauration en qualité de cuisinier et c’est dans un petit restaurant que j’ai connu un homme qui allait devenir mon meilleur ami. Il s’appelait Laurent, il avait une dizaine d’année de plus que moi et on a sympathisé dès le début. C’est avec lui que j’ai effectué mes premières armes en politique. Laurent était très intéressé par la politique et c’était notamment un sympathisant des idées révolutionnaires. Chez lui on discutait très souvent politique ou quasiment tout le temps. C’est avec lui que j’ai été invité dans mes premières réunions politiques de partis « révolutionnaires » comme la LCR à l’époque. Et c’est donc dans ces réunions que j’ai acquis mes premières réponses qui engendrèrent d’autres questions et 2 7 ainsi de suite. Laurent est devenu comme un grand frère et je savais que je pouvais compter sur lui. Quand vous êtes seul et perdu c’est vraiment génial d’avoir une personne à ses côtés. Mais Laurent avait une existence difficile aussi et il était très altruiste : il pensait toujours aux autres et jamais à lui. Alors il est entré dans un processus d’autodestruction en absorbant des quantités d’alcool excessives. J’ai essayé de lui faire changer d’avis, mais impossible car il avait décidé de se laisser mourir en buvant trop d’alcool. J’ai été le voir à l’hôpital, il était branché sur des machines mais déjà à moitié mort. Cette mort fut un élément déclencheur pour moi ! Je n’avais pas de travail, pas d’argent, plus d’ami, malade, désespéré, brouillé avec ma famille. Je n’avais pas confiance en moi, car on m’avait dit toute ma vie que j’étais idiot, pas beau et que j’étais un moins que rien : que faire ? Quelle serait mon existence ? Étais-je condamné à mourir moi aussi ? Lors de cette période de ma vie je croyais encore en Dieu et une intuition me poussait à ouvrir les livres. Le premier livre que j’ai ouvert fut Le Manifeste du Parti Communiste de Marx et Engels : je n’allais plus jamais les lâcher ! J’ai été totalement absorbé par ce que je lisais et une grande partie de mes questions trouvaient enfin des réponses. Moi qui croyait que c’était moi le problème, je me suis aperçu que la réalité était toute autre : c’est le système capitaliste qui avait engendré une grande partie de ma désespérance ! C’est à moment-là que des larmes se sont mises à couler sur mes joues. Ce n’était pas des larmes de tristesse, mais des larmes de haine, de colère et d’envie de vengeance. Une chose était alors certaine pour moi : il fallait apprendre, apprendre et encore apprendre. Il fallait démontrer que je n’étais pas idiot et une autre chose était certaine : les bourgeois allaient payer. Je suis convaincu à 82 présent que la seule solution pour changer nos vies est la révolution socialiste et je dirais même que la révolution socialiste est une nécessité naturelle. Les chapitres 7, 8, 9 et 10 sont des thèses que je voulais présenter aux lecteurs. En effet, les deux grandes idées de ce livre sont deux théories que j’ai appelées « la force de travail autonome » et « la révolution socialiste combinée ». Ce livre prend donc pour point de départ la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme, c’est-à-dire une approche philosophique. Ensuite nous nous orientons vers l’analyse du développement de notre société avec une présentation du mode de production capitaliste. Pour finir je présente mes deux théories : « la révolution socialiste combinée » et « la force de travail mobile et autonome ». Entre les deux, un passage sur le développement du syndicalisme révolutionnaire. Je dédie ce livre à mon ami Laurent Shueler décédé trop tôt. 2 9 10 2 Chapitre 1 1) Matérialisme dialectique et matérialisme historique Dès le départ nous devons faire une distinction entre le matérialisme dialectique et le matérialisme historique. Le matérialisme historique est la continuité nécessaire du matérialisme dialectique, mais cette distinction est nécessaire pour notre compréhension uniquement. Le matérialisme dialectique touche aux phénomènes de la nature. Alors que le matérialisme historique touche aux phénomènes des sociétés. Les phénomènes de la nature ou les phénomènes sociaux sont dans un processus de devenir permanent (en mouvement), et ces mouvements sont conditionnés par les contradictions. Se sont donc les contradictions qui vont engendrer le développement de ces différents phénomènes. Nous avons ensuite la dialectique qui ne doit pas être confondue avec le « matérialisme dialectique » et même si nous retrouvons le même mot. Car, la dialectique est un outil d’analyse, une méthode permettant de comprendre les phénomènes naturels et sociaux, et donc de comprendre leurs contradictions qui mettent en mouvement ces phénomènes. 2 11 Pour être bref : Le matérialisme dialectique : Les phénomènes de la nature impacts nos sociétés, en fournissant la matière première et certains phénomènes naturels permettant ensuite de développer des lois économiques : par exemple la compréhension de la foudre a permis aux hommes de se doter de l’électricité. Le matérialisme historique : Ensuite, nos sociétés sont dotées d’une vie sociale (superstructure) qui s’élève sur une base économique ou mode de production (infrastructure) dans laquelle les hommes vivent et travaillent. Ce mode de production est déterminé par une classe sociale (bourgeoise) dominant une autre classe sociale (prolétaires). Cette dernière produit les biens matériels nécessaires à la société des hommes (vêtements, chauffages, voiture, etc…) : elle modifie la matière et créer des marchandises qui circuleront et se vendront sur les marchés. On a donc des contradictions dans les phénomènes de la nature, notamment des contradictions entre particules qui créer la foudre par exemple et qui impactes le développement nos sociétés, et ensuite des contradictions à l’intérieure de la société elle-même : le prolétariat contre la bourgeoisie. Et se sont ces contradictions à l’intérieure de nos sociétés qui engendrent le mouvement de nos sociétés : il y a donc eu plusieurs sociétés à travers les siècles. Notre société est composée de deux éléments indissociables : l’infrastructure et la superstructure. Notre vie sociale se situe dans la superstructure qui est à son tour composée et consolidée par plusieurs éléments : économie, politique, juridique, social, religions et philosophie. Et c’est du dernier élément que nous allons commencer ce livre. En effet, je crois que c’est 12 2 ici que les révolutionnaires pêches. La philosophie est un des éléments les plus importants, car il est un outil de consolidation et de conservation de la domination de la classe capitaliste. Il faut le comprendre, l’analyser et le développer, si nous voulons détruire l’infrastructure, le mode de production capitaliste et élever à sa place un autre mode de production : socialiste. Les lecteurs m’excuseront si la distinction entre le matérialisme dialectique et le matérialisme historique n’est pas très clair lors de cet exposé : mais les deux éléments se complétant, il n’était pas possible de faire autrement. 2) Contradiction entre le matérialisme et l’idéalisme Depuis des siècles a lieu une bataille que certains ignorent, mais qui pourtant, est une bataille de la plus grande importance Une « bataille de l’ombre », pourrait-on dire, à l’image de ces héros de science-fiction, qui se battent via une lutte acharnée, sans que personne ne s’aperçoive de ce qui se passe dans l’ombre. C’est une bataille de deux grandes philosophies du monde et ces deux philosophies impactent nos sociétés avec plus de force qu’on pourrait se l’imaginer. Le matérialisme et l’idéalisme mènent une bataille acharnée depuis des siècles, et selon les périodes de l’histoire, les différentes sociétés ont été absorbées par l’une de ces visions du monde, selon son avancée dans cette bataille des titans. Dans la majorité des sociétés, c’est l’idéalisme qui a imprégné la conscience des masses, mais dans d’autres sociétés, il a été démontré que le matérialisme n’était pas utopique et qu’il pouvait imprégner une société. Toute société est dotée d’une idéologie, et cette idéologie est assénée aux masses, de par un 2 13 groupe d’hommes au pouvoir. Ce combat entre l’idéalisme et le matérialisme impactera considérablement nos sociétés. Il nous faudra donc comprendre ce que sont l’idéalisme et le matérialisme et ensuite les fondements de notre société. Dans toutes les sociétés jusqu’à nos jours, existait une vie sociale déterminée par la domination d’une classe sur une autre. Mais nous allons voir aussi que ceci n’est pas une fatalité et qu’il peut y avoir des sociétés sans classes sociales. Toujours est-il que l’idéalisme a imprégné notre société jusque dans ses fondements : nous sommes tous idéalistes. Le matérialiste sera donc en contradiction totale dans sa société et s’il ne comprend pas cette société elle-même, les choses peuvent devenir plus difficiles pour lui. Pour l’heure, notre société est un conglomérat d’hommes stables caractérisant donc une nation, dans laquelle une classe domine. Les patriciens ne dominait-ils pas les plébéiens ? Ou les hommes libres les esclaves ? Cette domination d’un groupe d’hommes sur un autre était alors conditionnée par une société qui s’élevait sur une vision du monde idéaliste. Et quand des hommes arrivèrent à se détacher des masses et à imposer leurs idées totalement novatrices pour une société donnée, ils furent châtiés ou considérés comme des héros. Nous en avons des exemples avec Galilée ou Copernic qui faisaient avancer la science et la philosophie, mais qui ont été traqués par les autorités de l’époque qui voulaient les brûler vif pour « hérésie ». Servet avait découvert la circulation du sang et il a été brûlé vif par les autorités religieuses de l’époque. Nous verrons que l’église catholique a été particulièrement belliqueuse contre les peuples et cela à toutes les époques. Et dans toutes ces époques, nous pourrions d’ailleurs retrouver la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme. Dans cette bataille des titans, 14 2 il y a effectivement certains « titans » qui se démarquent de par leurs idées et font avancer leur vision du monde. Mais du matérialisme ou de l’idéalisme naîtront d’autres visions du monde qui ajouteront alors leurs idées dans cette bataille déjà si acharnée. Il est donc important de comprendre quelles sont les bases de ces deux philosophies du monde. Quelles sont les différences entre le matérialisme et l’idéalisme ? Et quelles en sont les conséquences ? Les masses sont-elles déjà soumises à l’une de ces philosophies du monde ? Et si oui, laquelle ? Dans la seconde partie du livre, nous parlerons de la société en elle-même et du processus qui forge la société dans son entier : le capital. Nous allons analyser le processus de production et ses différents capitaux. Nous y sommes contraints, car la société actuelle est basée sur l’idéalisme et nous devons alors faire le lien entre cette vision du monde idéaliste et la société (basée sur l’anarchie de la production) qui s’élève sur cette philosophie. Evidemment, la place de la classe ouvrière dans le processus de production est essentielle, car sans elle et sa force de travail la société capitaliste ne pourrait pas se pérenniser. Effectivement, nous avons exposé plus haut le fait que l’idéologie de la classe au pouvoir est liée à l’une de ces visions du monde, c’est-à-dire à celle qui se démarquera le plus dans la bataille. Il est indispensable dès lors de présenter les bases de ce système social, politique et économique : le mode de production capitaliste. Nous allons analyser aussi ce qu’il en est de l’impérialisme, car analyser le capitalisme sans aborder la question de l’impérialisme serait alors une question incomplète. Comment l’impérialisme se « nourrit » de la violence, des colonies, du pillage, etc. 2 15 Que signifie le mot matérialisme ? Dans cette société, lorsque l’on parle du matérialisme, la définition dévie de son sens réel. Dans notre société le matérialiste est présenté comme une personne qui chérit d’une façon exagérée les biens matériels, par exemple une belle voiture, une maison ou de beaux vêtements, etc., c’està-dire une personne qui serait prête à faire n’importe quoi pour jouir de ces différents biens matériels. Il existe donc une définition du mot matérialiste, mais celle-ci est tout à fait erronée, et d’ailleurs cette définition du mot matérialisme est pour beaucoup d’entre nous péjorative. Cette déformation sémantique du matérialisme est tout à fait intentionnelle. Elle masque la véritable définition du matérialisme : dans matérialisme on trouve le mot « matière ». Un lien doit donc être établi avec le mot matière pour connaître le véritable sens de ce mot. Le matérialisme est une vision du monde, du monde dans son entier, c’est-à-dire une vision du monde dans laquelle sont intégrés la planète, la nature, l’univers : c’est une philosophie. Si nous sommes matérialistes, nous serons donc dotés d’une vision du monde dans laquelle les éléments ci-dessus exposés sont des éléments clefs. C’est déjà une première difficulté car jusqu’à présent on admettait une définition de ce mot plus courante. La première difficulté est donc d’accepter qu’il existe une autre définition de ce mot, renfermant beaucoup plus de richesse de connaissances. La matière est aussi appelée « substance » car c’est elle qui engendre le monde dans son ensemble. Chaque société est dotée d’une idéologie qui sera insufflée aux masses. En France par exemple, cette idéologie est celle de la classe bourgeoise qui s’était émancipée avec la grande Révolution Française de 1789 : le libéralisme. Le libéralisme (que nous verrons plus loin) est donc une idéologie qui prend appui sur 16 2 l’idéalisme inévitablement. Nous verrons pourquoi les deux sont liés. En effet, la corrélation entre l’idéalisme et le libéralisme se situe dans l’égoïsme tout-puissant. Un égoïsme qui a été institutionnalisé avec la révolution de 1789 et qui est devenu le point central de notre société capitaliste. Que cela soit dans le libéralisme ou dans l’idéalisme, l’homme devient le centre du monde et c’est ici que les difficultés commencent. Car les intérêts égoïstes de l’homme ne peuvent aller dans le sens de l’intérêt général, puisqu’en réalité ils vont toujours dans le sens d’une oligarchie parasitaire. L’intérêt égoïste sur le plan financier est l’équivalent du libéralisme ou de la pensée individuelle sur le plan philosophique. Dans ce système social, économique et politique et philosophique, la classe dominante déformant ainsi la définition du mot matérialisme, cache aux masses une autre vision du monde : le capital veut que les masses se détachent du matérialisme. En effet, contrairement à l’idéalisme, le matérialisme met au centre de sa vision du monde l’humanité dans son entier et non l’homme égoïste. Pour le matérialisme, l’humanité et donc l’homme en général, doit être la base du développement d’un seul homme. Pour le matérialisme, un homme seul ne peut rien effectuer de cohérent, car il sera inévitablement isolé à un moment ou à un autre. Le matérialisme ne pourra donc que s’opposer avec un système social, politique et économique fondé sur l’égoïsme. C’est-à-dire que l’idéalisme est égal à un mode de production, alors que le matérialisme est égal à un autre mode de production qui diffère totalement. Il faut donc dans un premier temps comprendre le fonctionnement de ces deux modes de production et ensuite, comprendre ce qui serait nécessaire à la naissance d’un nouveau mode de production. Commençons donc par analyser ce qu’est le matérialisme. 2 17 3) Le matérialisme Selon que l’on adoptera donc l’une de ces deux philosophies, on adoptera des conceptions différentes concernant la création de ce monde, sa composition et sur la place des humains dans ces philosophies. Le matérialisme se place en contradiction avec l’idéalisme : il est son ennemi. Le matérialisme donne une priorité à l’humanité dans son ensemble, alors que l’idéalisme donnera la priorité à l’homme seul et à son égoïsme. Mais pour le matérialisme l’homme est aussi le produit du monde dans son ensemble : il ne détache pas l’homme de ses véritables origines. On parle du monde : donc de l’univers, de la galaxie et de tout ce qui est constitué de la matière. Etre matérialiste veut dire donner à la matière une priorité, c’est-à-dire une place essentielle dans la constitution du monde. La matière devient la « donnée première » et elle est dans un état de changement et d’évolution permanent. Si, on adopte la conception du monde matérialiste, la donnée première sera le monde, la nature, constitués donc de matière. Si, au contraire, on adopte la conception du monde idéaliste, la donnée première serait alors nos représentations, c’est-àdire notre esprit. Pour que le lecteur comprenne, on peut expliquer cela sous forme de questions : Qu’est ce qui a existé en premier ? La nature a-t-elle existé avant l’esprit ? Quand on est matérialiste la réponse est affirmative. C’est-à-dire que la nature qui est constituée de matière, étant la donnée première aurait existé en premier : le « vital ». Prenons un exemple : imaginons qu’il n’y ait aucun homme sur terre. Il n’y aurait donc aucune pensée, c’est-à18 2 dire aucune représentation et donc aucun esprit puisque aucun homme. Mais la nature, constituée de matière, existerait indépendamment de toute représentation et des hommes. La nature existerait donc avant toute forme de pensée. Le monde serait toujours dans un processus d’évolution, de développement, et cela même s’il n’existait aucun esprit. On a donc vu que la nature est une « réalité objective » – on verra plus loin que ce mot est important – la donnée première est qu’elle est dotée, selon les lois du matérialisme, d’une existence avant tout esprit. On parle donc de cette nature, de ce monde qui est constitué de matière. Quelle est la composition de la matière ? La matière est constituée d’atomes, de molécules, de particules élémentaires. Ce qu’on nomme la matière baryonique est à son tour constituée d’atomes ; la matière baryonique est composée de baryons. Chaque baryon est composé de particules plus petites, des « particules élémentaires » que sont les protons, les neutrons et les électrons. Dans chacune de ces particules élémentaires, on retrouve d’autres particules, encore plus petites, les quarks, les antis-quarks, les mésons, les pions, les kaons, les gluons, etc, etc. Deux familles ont été créées pour classer toutes ces particules élémentaires : les bosons et les fermions. On a donc des particules élémentaires, c’est-à-dire des quarks et des antis-quarks, ainsi que des gluons, ou des pions, ou des kaons, ou d’autres qui forment un proton par exemple. Un proton + un neutron + un électron = atome ; plusieurs atomes = une molécule ; plusieurs molécules = 2 19 brique moléculaire. Plusieurs briques moléculaires = un homme ! Et c’est donc plusieurs milliards d’atomes qui forment la matière. C’est une description très incomplète de la façon dont est constituée la matière en mouvement. Il s’ensuit que dans la réalité qui nous entoure tout est constitué de matière : même les hommes. En dernière analyse, les humains sont aussi constitués d’atomes : de l’univers à l’homme tout est matière. Ces atomes qui sont intégrés dans la matière sont un « composé changeant », c’est-à-dire que la matière est toujours dans un processus d’évolution, de changement et de développement. La matière qui créée notre réalité n’est pas stable, c’est-à-dire immobile. Par exemple, si on touche un arbre, on touche donc de la matière constituée d’atome. On touche de la matière avec notre main qui elle-même est aussi matière : c’est un contact objectif entre matière. Cette matière existe dans le temps et dans l’espace, car elle est présente à travers tous les siècles, mais elle est aussi partout autour de nous. Au début du monde il y avait des cellules, qui ont déclenché après plusieurs siècles d’évolution un produit qui s’est présenté comme le produit très développé de ce processus : l’homme. Après des siècles d’évolution, de mouvements et de changements, les protistes (cellules vivantes très infimes, qui ont existé au début de l’évolution) créeront l’homme. Le lien entre l’homme et la matière est ainsi soudé, consolidé à travers des siècles de développement qui présentent l’homme comme le produit le plus évolué de la matière en mouvement et changeante : l’homme est une matière pensante impressionnante. 20 2