alimentaires » date, en France, de 1851 (cette loi a été complétée par
la loi du 1er août 1905 sur les fraudes et falsifications en matière de
produits ou de services). Le Food and Drug Act a été promulgué aux
États-Unis en 1906.
Cependant, la notion de sécurité alimentaire a aussi son histoire.
Elle a été forgée par les économistes agricoles et les nutritionnistes
spécialistes des pays en voie de développement à partir des années 60
pour désigner un objectif de disponibilité de nourriture en quantité suf-
fisante (en calories et protéines) pour alimenter la population d’un
pays. On doit mentionner ici que cet objectif est loin d’être atteint
aujourd’hui puisque, selon les estimations de la FAO, 854 millions de
personnes demeuraient sous-alimentées dans le monde durant la
période 2001-2003, soit 17 % de la population des PVD. De plus, les
carences en vitamines et oligo-éléments, du fait d’une nourriture
inadéquate, concerneraient 2 milliards de personnes, particulièrement
les enfants, les femmes et les personnes âgées.
Le concept de sécurité alimentaire « quantitative » a marqué, pen-
dant des décennies, les travaux et les débats au sein de la FAO et ins-
piré certaines politiques agricoles. Après la crise de la vache folle
(1996), le terme de sécurité alimentaire a été repris dans les pays tou-
chés, sans investigation approfondie, et consacré par les médias à tel
point que la première acception a été quasiment oubliée. Plus récem-
ment, certains gouvernements et l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) ont attiré l’attention sur le développement de véritables pandé-
mies imputables à des causes alimentaires. Il s’agit des maladies d’ori-
gine alimentaire (MOA) 2et en particulier de l’obésité, mais aussi des
maladies cardio-vasculaires, du diabète, d’allergies et de certains can-
cers. Selon l’OMS, l’obésité toucherait dans le monde, en 2006, plus
d’un milliard d’individus, dont 30 % dans les PVD.
Ce sont donc plus de 3 milliards d’humains (soit le tiers de la popu-
lation mondiale) qui souffriraient de troubles liés à une alimentation
non « sûre ».
La « deuxième » sécurité alimentaire doit donc évidemment s’en-
tendre comme « qualitative ». Certains spécialistes ont tenté de distin-
guer sécurité (security) et sûreté (safety) alimentaire 3. En réalité, il n’y
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2Les MOA sont définies par leur cause, l’aliment ou la boisson, du fait d’une conta-
mination (microbiologique, virale, chimique, physique) ou d’une composition (excès ou
carence d’un élément nutritif), générateurs de pathologies. Cette approche n’est pas celle
de la classification internationale des maladies de l’OMS, ce qui rend difficile la mesure,
mais est utile dans une posture préventive qui est la nôtre ici.
3Il y a également une ambiguïté entre sécurité des aliments et sécurité alimentaire,
la sécurité des aliments pouvant alors être assimilée à la sûreté alimentaire.