Marketing stratégique et opérationnel

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Marketing
stratégique
et opérationnel
management sup
m a r k e t i n g - c o mm u n i c at i o n
Marketing
stratégique
et opérationnel
Du marketing à l’orientation-marché
8e édition
Jean-Jacques Lambin
Chantal de Moerloose
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© Dunod, 2012
5 rue Laromiguière, 75005 Paris
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-057721-7
Table des matières
Avant-propos
1
Partie 1
Le nouveau rôle du marketing
1 
Le marketing et l’orientation-marché
Section 1 Les fondements idéologiques du marketing
1 Le principe de la souveraineté du client
2 Les fondements de l’économie de marché
3 Les déviances de l’économie de marché
4 La démarche marketing, facteur de démocratie économique
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Section 2La démarche marketing 1 Le marketing stratégique et le marketing opérationnel
2 Le déclin du paradigme de « mix marketing » Section 3Les étapes du marketing stratégique
Section 4Le concept d’orientation-marché
1 Un modèle d’orientation-marché étendu
2 Trois conceptions erronées de l’OM
3 Le coût d’une faible orientation-marché 2 
Les nouveaux défis pour le marketing
Section 1 L’impact d’Internet
1 Du commerce électronique au business électronique
2 Les nouvelles valeurs véhiculées par Internet
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V
Marketing stratégique et opérationnel
3 L’impact d’Internet sur le fonctionnement des marchés
4 L’impact d’Internet sur les pratiques du marketing
Section 2La mondialisation
1 Les vertus du libre-échange
2 Les inefficiences du libre-échange
3 L’impact de la mondialisation en marketing
4 Les bénéfices du localisme
Section 3L’émergence de nouvelles valeurs
1 L’autonomisation de la société
2 L’élargissement à plus de parties prenantes
3 L’exigence d’une gouvernance mondiale
4 Le développement durable
5 La responsabilité sociétale des entreprises
6 L’impact pour le marketing
Section 4 La pauvreté dans le monde
1 Le marketing peut-il éradiquer la pauvreté dans le monde ?
2 Une fortune au pied de la pyramide ?
3 Une question éthique
Section 5 La recherche de nouveaux modèles économiques
3 
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Partie 2
La compréhension du comportement du client
La compréhension des besoins du client
Section 1 La notion de besoin, vu dans sa multidimensionnalité
1 Le besoin générique et le besoin dérivé
2 Les besoins génériques absolus et relatifs
3 Le besoin, le désir et la demande
4 La hiérarchie des besoins selon Maslow
5 La théorie des chaînes « moyens et fins »
6 La théorie des valeurs de Sheth, Newman et Gross
Section 2La notion de produit, vu comme un panier d’attributs
1 La fonctionnalité de base
2 Les fonctionnalités périphériques
3 La modélisation du produit, panier d’attributs
4 La typologie des biens de consommation
5 Les spécificités des services
Section 3La notion de client, vu comme un acteur aux multiples rôles
VI
41
42
1 Les rôles du client dans les marchés de grande consommation
2 Le processus d’achat, une conduite résolutoire rationnelle
3 Le client organisationnel
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4 
Table des matières
L’analyse du processus de réponse du client
Section 1 Les niveaux de réponse du marché
1 Le modèle hiérarchique de réponse
2 Le modèle d’implication de Foote, Cone et Belding (FCB)
Section 2La mesure de la réponse cognitive
Les mesures de la notoriété
Section 3La mesure de la réponse affective
1 L’ensemble disponible et l’ensemble évoqué
2 La définition de l’attitude
3 Le modèle du produit panier d’attributs
Section 4La mesure de la réponse comportementale
1 L’analyse des habitudes d’achat
2 L’analyse de la part de marché
3 L’analyse statique de la part de marché : occupation, exclusivité, intensité
Section 5La mesure de la réponse post-comportementale
1 Le concept de satisfaction
2 Le concept de fidélité à la marque
3 L’analyse dynamique de la part de marché : fidélité et attraction
4 La relation satisfaction-fidélité est équivoque
5 La relation fidélité-rentabilité n’est pas généralisable
6 Les stratégies à développer face à l’insatisfaction
5 
Le système d’information marketing
Section 1La structure d’un système d’information marketing
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Le système comptable interne
2 Le système de renseignements marketing
3 Le système d’analyse et de modélisation
Section 2 Le système de recherche marketing
1 L’utilité de la recherche marketing
2 La recherche marketing et la méthode scientifique
3 Les étapes du processus de recherche
4 La typologie des études de marché
Section 3Les études de marché exploratoires
1 Les objectifs d’une étude exploratoire
2 Les méthodes utilisées dans les études exploratoires
3 Les limites des études exploratoires
Section 4Les études de marché descriptives
1 Les objectifs des études descriptives
2 Les méthodes de recueil des informations primaires
3 L’élaboration d’un questionnaire
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VII
Marketing stratégique et opérationnel
4 L’erreur totale dans une enquête
5 L’analyse ou le passage des données à l’information
Section 5Les études de marché causales
1 Les objectifs des études de marché causales
2 Les principes de l’expérimentation
Section 6 Les méthodes de prévision de la demande
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193
196
Partie 3
L’élaboration de la stratégie marketing
6 
L’analyse des besoins par la segmentation
Section 1La macrosegmentation
1 La conceptualisation du marché de référence
2 Les structures du marché de référence
3 L’utilité d’une analyse de macrosegmentation
Section 2La microsegmentation
1 La segmentation et la différenciation
2 Les étapes de la démarche : segmentation-ciblage-positionnement
3 La segmentation par avantages recherchés
4 La segmentation sociodémographique ou descriptive
5 La segmentation comportementale
6 La segmentation socioculturelle ou segmentation par styles de vie
7 La segmentation par occasion d’achat
Section 3Les tribus
1 Les spécificités des tribus
2 L’utilité des tribus
Section 4 La segmentation des marchés industriels
1 La segmentation industrielle par avantages recherchés
2 La segmentation industrielle descriptive
3 La segmentation industrielle comportementale
Section 5 La segmentation internationale
1 Segmenter le marché international par groupes de pays
2 Vendre à des segments supranationaux ou universels
3 S’adresser à des segments différents dans chaque pays
Section 6 Les conditions d’efficacité d’une microsegmentation
VIII
1 Réponse différenciée
2 Taille suffisante
3 Mesurabilité
4 Accessibilité
5 Stabilité
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7 
Table des matières
L’analyse de l’attractivité des segments
Section 1 Les concepts de demande primaire et de demande à l’entreprise
1 La demande primaire expansible et non expansible
2 La demande primaire comme fonction de réponse
Section 2La recherche des opportunités de développement
de la demande
1 L’analyse des écarts entre demande actuelle et marché potentiel
2 La recherche d’un méta-marché
3 Les dimensions qualitatives de l’attractivité
1 Les déterminants du cycle de vie d’un produit-marché
2 Les implications stratégiques et opérationnelles du cycle de vie
d’un produit-marché
3 Le modèle du CVP comme cadre conceptuel
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265
L’analyse de la compétitivité sur les segments
Section 1La notion d’avantage concurrentiel
1 L’avantage concurrentiel externe basé sur la qualité
2 L’avantage concurrentiel interne basé sur le coût
3 La recherche du positionnement concurrentiel défendable
4 L’avantage concurrentiel basé sur les compétences clés
5 La chaîne de valeur comme source d’avantage concurrentiel
6 Avantage concurrentiel stratégique et opérationnel
Section 2La notion de « rivalité élargie »
Section 3Les situations concurrentielles
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Section 3Le modèle du cycle de vie d’un produit-marché
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1 La concurrence pure ou parfaite
2 L’oligopole
3 La concurrence monopolistique ou imparfaite
4 Le monopole
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284
1 Le produit offert est toujours un panier d’attributs
2 Aucun marché n’est tout à fait homogène en termes de besoins
et d’attentes des acheteurs
3 Les conditions de réussite d’une différenciation
4 Le choix du nombre d’attributs de différenciation
5 La mesure du pouvoir de marché
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Section 4L’avantage concurrentiel externe par la différenciation
Section 4L’avantage interne et l’effet d’expérience
1 L’énoncé de la loi d’expérience
2 La pente d’expérience
3 Les implications stratégiques de la loi d’expérience
4 Les limites de la loi d’expérience
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IX
Marketing stratégique et opérationnel
9 
Le choix de ciblage et de positionnement
Section 1Le ciblage
1 Le choix d’une stratégie de couverture des segments : « combien ? »
2 Le choix des segments prioritaires : « Lesquels ? »
Section 2 Le positionnement
1 Le choix entre imitation ou différenciation
2 Le mix opérationnel idéal
3 Le repositionnement
Section 3La couverture internationale 1 La recherche d’un compromis entre standardisation et adaptation
2 Le potentiel de mondialisation des produits et des marques
10 
Le choix d’une stratégie de marketing
Section 1L’analyse du portefeuille d’activités
1 La matrice « croissance/part de marché relative »
2 La matrice « attractivité/compétitivité »
3 L’analyse SWOT
4 L’utilité des analyses du portefeuille d’activités
Section 2Les options stratégiques de base
1 Les stratégies de base dans les marchés existants
2 La spécialisation dans l’une des stratégies de base
3 Les conceptions de la stratégie
Section 3Les stratégies de croissance
1 Les stratégies de croissance intensive
2 Les stratégies de croissance intégrative
3 Les stratégies de croissance par diversification
Section 4 Les stratégies concurrentielles
1 Les stratégies du leader
2 Les stratégies du challenger
3 Les stratégies du suiveur
4 Les stratégies du spécialiste
Section 5Les stratégies de croissance internationale
1 Les objectifs de la croissance internationale
2 Les modalités de la croissance internationale
11 
Les nouveaux produits
Section 1Les dilemmes de l’innovateur
X
1 Innovation incrémentale ou innovation de rupture ?
2 La possibilité de réussir avec une stratégie d’imitateur
3 Le processus de développement : séquentiel ou parallèle ?
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Table des matières
Section 2Les étapes du processus de développement
1 La recherche d’idées
2 Le filtrage des idées
3 Le développement du concept de produit
Section 3Le processus d’adoption des innovations
1 La réceptivité à l’innovation
2 Les étapes du processus d’adoption d’une innovation
Section 4La prévision de la demande d’un nouveau produit
1 Les sources d’information
2 Les profils des courbes d’adoption
Section 5Les mesures du succès des produits nouveaux
1 La performance financière des investissements
2 L’analyse dynamique de la performance financière
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Partie 4
La mise en œuvre du marketing opérationnel
La marque
Section 1L’importance stratégique de la marque
Section 2La marque comme panier d’attributs spécifiques
1 Les caractéristiques objectives
2 La notion d’attribut
Section 3Les fonctions de la marque
1 Les fonctions de la marque pour le vendeur
2 Les fonctions de la marque pour le client B2C
3 Les fonctions des marques pour le client B2B
Section 4Les concepts clés de la gestion des marques
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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393
1 Le positionnement de la marque
2 L’identité de marque
3 L’image de marque
4 Le capital de marque
Section 5La construction d’une marque forte
1 Les caractéristiques d’une marque ayant réussi
2 Le cycle de vie d’une marque
Section 6La gestion des noms de marque
1 Les stratégies de marques de fabricants
2 La gestion des marques de distributeurs
3 Les stratégies de réplique des fabricants
4 Les stratégies d’extension et d’expansion de marque
5 Le cobranding
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XI
Marketing stratégique et opérationnel
13 
La distribution
Section 1 Le rôle économique de la distribution
1 Les fonctions de la distribution
2 Les raisons d’être des intermédiaires
3 Le coût de la distribution
Section 2Le choix d’un réseau de distribution
1 Les configurations d’un circuit de distribution
2 Les critères de choix d’un réseau de distribution
Section 3Les stratégies de couverture du marché
1 La distribution intensive
2 La distribution sélective
3 La distribution exclusive et le franchisage
Section 4Les stratégies vis-à-vis des distributeurs
1 Les stratégies d’aspiration
2 Les stratégies de pression
Section 5La distribution par internet
14 
1 La désintermédiation et la vente directe
2 L’infomédiation
3 La réintermédiation indépendante
4 La réintermédiation représentant le vendeur
5 La réintermédiation défendant l’acheteur
Le prix
Section 1Le rôle du prix dans la stratégie marketing
1 La perception du prix par le client
2 L’importance des décisions de prix
3 Les objectifs des stratégies de prix
Section 2Le prix sous l’angle des coûts
1 Les prix internes
2 L’utilité des prix internes
3 Le prix des nouveaux produits
Section 3Le prix sous l’angle de la demande
1 La définition de l’élasticité au prix
2 Les déterminants de la sensibilité au prix
3 Le calcul du prix optimal de vente
4 Le prix à la valeur perçue
5 Le prix correspondant à l’avantage économique
6 Le revenue management
Section 4Le prix sous l’angle de la concurrence
XII
1 La pratique du price leadership
2 Le risque de guerre des prix destructrice
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Table des matières
Section 5L’impact d’Internet sur les décisions de prix
1 Les sites comparateurs de prix
2 Les mécanismes de formation des prix sur Internet
3 Des prix plus élevés sur Internet ?
4 Mesurer la sensibilité au prix en ligne
5 L’adaptation des prix en ligne
6 Le décloisonnement des prix en ligne
15 
La communication
Section 1La nature et le rôle de la communication marketing
1 Les moyens de la communication marketing
2 La nécessité d’un plan de communication d’ensemble
3 Le processus de communication
4 Les stratégies de communication personnelle et impersonnelle
Section 2La force de vente ou la communication personnelle
1 Les tâches et les missions exercées par les vendeurs
2 La relation plutôt que la transaction
3 La détermination du nombre de vendeurs
Section 3La promotion des ventes
1 Les objectifs de la promotion des ventes
2 Les différentes techniques promotionnelles
3 Les effets de la promotion sur les ventes
Section 4Les relations extérieures
1 Les objectifs des relations extérieures
2 Le parrainage et le mécénat
3 Les événements
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Section 5La publicité ou la communication impersonnelle
1 Les objectifs de la communication publicitaire
2 La création du message publicitaire
3 La détermination du budget publicitaire
4 L’élaboration d’un plan média
5 La mesure de l’efficacité publicitaire
Section 6Internet, un nouvel espace publicitaire
1 Les nouveaux outils de communication
2 La révolution de la wikinomie 3 Les mesures d’audience de la publicité en ligne
4 Les spécificités de la publicité en ligne
Section 7La publicité internationale
1 Les obstacles à la publicité globale
2 Les options stratégiques de la publicité internationale
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XIII
Marketing stratégique et opérationnel
16 
Le plan de marketing
Section 1Les raisons d’être d’un plan marketing
1 La structure générale du plan de marketing stratégique
2 L’importance d’un plan stratégique
3 Les objections à la planification formelle
Section 2Le contenu d’un audit marketing stratégique
1 La définition de la mission stratégique
2 L’audit externe : analyse de l’attractivité de l’environnement
3 L’audit interne : analyse de compétitivité
Section 3Le choix des objectifs et du chemin stratégique
1 La définition des objectifs
2 Le choix du chemin stratégique
3 L’énoncé de la stratégie retenue
4 L’élaboration du plan marketing
Section 4L’analyse du risque et la planification de l’imprévu
1 Le test de robustesse d’un plan stratégique
2 L’analyse du risque et de la vulnérabilité
3 La planification d’urgence
4 Les nouveaux rôles de la planification stratégique
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599
Section 5 Mesurer la performance du marketing
599
599
601
601
602
Index des auteurs
607
Index
613
1 Les carences des mesures
2 La tyrannie de la mesure et ses effets pervers
3 Le cycle de réponse du consommateur
4 Le calcul du RSI marketing
XIV
565
Table des matières
Annexe 5.1 Exemples de questions
Annexe 5.2 Quelques revues utiles en recherche marketing
Annexe 5.3 Les méthodes d’échantillonnage
Annexe 5.4 L’analyse multidimensionnelle des similarités
Annexe 5.5 L’analyse en composantes principales (ACP)
Annexe 5.6 L’analyse conjointe
Annexe 5.7 Les équations structurelles
Annexe 5.8 Les systèmes experts intelligents
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Annexe 7.1 L’estimation quantitative de la demande primaire
Annexe 11.1
Les typologies des innovations
Annexe 13.1
L’analyse des coûts de distribution
Annexe 13.2
Le marketing stratégique du distributeur
Annexe 13.3
Les stratégies d’entrée dans les marchés étrangers
Annexe 14.1
Les stratégies de baisse et de hausse de prix
Annexe 14.2
Les méthodes de mesure de l’élasticité-prix
Annexe 14.3
Les prix d’une gamme de produits
Annexe 14.4
Le prix dans le marketing international
Annexe 15.1
La détermination du budget de publicité
Annexe 16.1
Questionnaires de planification marketing
Annexes Web
Les annexes Web sont téléchargeables sur le site des Éditions Dunod à l’adresse :
www.dunod.com/pages/ouvrages/complement.asp?id=52137
XV
Avant-propos
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
P
ar rapport à la septième édition de 2008, ce nouveau texte continue à soutenir le concept
de « gouvernance guidée par le marché » comme substitut au concept marketing
traditionnel basé sur le paradigme des 4P popularisé par les business schools américaines.
Ceci est plus qu’un jeu sémantique. Le marketing traditionnel est davantage orienté vers le court
terme et est centré principalement sur le rôle fonctionnel du marketing aval et sur la coordination
des 4P dans la promotion et la vente des produits ou services offerts par l’entreprise. La crise
économique et financière de 2008-2009 a montré combien l’orientation à court terme des marchés
financiers avait été préjudiciable pour l’entreprise et pour l’économie mondiale.
Le concept d’orientation-marché par contraste (a) met l’accent sur l’orientation à long terme de
l’entreprise dans une économe mondialisée et en profond changement ; (b) élargit la définition
du marché à tous les acteurs clés, distributeurs, concurrents directs et indirects, fournisseurs,
prescripteurs et autres parties prenantes ; (c) rappelle que la création de valeur pour le
consommateur-citoyen est la seule manière pour une entreprise d’atteindre ses objectifs de
croissance et de profit et de créer de ce fait de la valeur pour l’actionnaire et (d) met l’accent sur
la responsabilité sociétale de l’entreprise et sur l’objectif de développement durable qui influence
profondément ses choix économiques.
1
Marketing stratégique et opérationnel
1
Caractéristiques distinctives
Cet ouvrage propose un traitement complet de la mise en œuvre de la démarche marketing
c’est-à-dire du marketing stratégique et du marketing opérationnel. Le texte introduit les
dimensions stratégiques du concept d’orientation-marché alors que la plupart des livres
d’introduction au marketing, mettent l’accent d’emblée sur la dimension « vente et publicité » et
négligent la partie cachée de l’iceberg, c’est-à-dire les choix stratégiques qui se situent en amont
du processus de mise en marché et qui vont déterminer son succès ou son échec. Avoir des
options stratégiques solides ne suffit pas toutefois. Tout produit même de qualité supérieure doit
avoir un prix acceptable, être disponible dans les circuits de distribution adaptés à la clientèle
cible et être soutenu par des actions de communication et de vente. Le bras commercial de
l’entreprise est donc le complément indispensable de la réflexion stratégique.
Le texte couvre les décisions marketing dans le domaine des biens et services, des marchés de
consommation (B2C) et des marchés industriels (B2B), des marchés hors ligne et des marchés en
ligne.
La mondialisation et le développement d’Internet constituent deux changements fondamentaux
dans le fonctionnement des marchés qui se subdivisent en deux groupes spécialisés, mais
étroitement interdépendants : les Marchés Mondialisée Électroniques et les Marchés Mondialisés
Traditionnels. De nouveaux acteurs venant des marchés apparaissent qui ouvrent de nouveaux
débouchés, créent de nouveaux circuits de distribution en ligne et concurrencent directement les
acteurs des marchés géographiques traditionnels. Ces changements constituent des opportunités
et des menaces pour l’entreprise. Dans cette nouvelle édition, on s’attache à mettre en évidence
l’impact de la technologie d’Internet sur le marketing opérationnel et en particulier sur les
décisions de distribution, de prix et de communication.
2
Structure de l’ouvrage
La structure d’ensemble de l’ouvrage est présentée à la figure 1. Elle comprend quatre parties
et seize chapitres au total.
La partie 1 comprend deux nouveaux chapitres consacrés à l’analyse du rôle de la démarche
marketing dans un marché mondial et interconnecté. Dans le chapitre 1, nous introduisons et
comparons le concept traditionnel de marketing et le concept d’orientation-marché. Une
distinction est faite d’emblée entre le marketing stratégique (la dimension analyse), le marketing
opérationnel (la dimension action) ; puis le rôle des différents acteurs du marché est analysé. Le
chapitre 2 est consacré à l’analyse du nouvel environnement socio-économique mondial. Les
entreprises sont confrontées au problème de la mondialisation et au dilemme « standardisation/
adaptation », mais également au problème de la réduction de la pauvreté dans le monde et du rôle
que le marketing peut assumer. On examine également d’autres défis auxquels l’entreprise est
confrontée, en particulier l’objectif de développement durable et l’impact d’Internet.
2
Avant-propos
L’objectif de la deuxième partie est d’analyser les comportements d’achat et les comportements
de réponse des clients individuels (B2C) et des clients organisationnels ou industriels (B2B). Le
marketing stratégique s’appuie au départ sur l’analyse des besoins (chapitre 3) et sur la
compréhension des comportements d’achat (chapitre 4). Un consommateur ne recherche pas un
produit pour lui-même, mais pour la solution d’un problème que ce produit peut apporter. Le rôle
de la recherche marketing et des études de marché (chapitre 5) est essentiel pour acquérir une
connaissance certifiée permettant de comprendre et surtout de prédire les comportements de
réponse des consommateurs.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans la troisième partie de l’ouvrage, les tâches spécifiques du marketing stratégiques sont
décrites en cinq étapes. La première étape (chapitre 6) est de suivre l’évolution du marché de
référence et d’identifier les différents produits-marchés et segments qui en font partie. L’étape
suivante consiste à évaluer l’opportunité économique de ces segments potentiels, dont les attraits
intrinsèques et leur potentiel de croissance peuvent être mesurés en se référant à la notion de
marché potentiel absolu et au modèle du cycle de vie (chapitre 7). Pour une entreprise particulière,
le potentiel d’un produit-marché ou d’un segment dépend de sa compétitivité, c’est-à-dire de sa
capacité et de ses qualités distinctives pour rencontrer les besoins du segment mieux que ses
concurrents directs. Cette supériorité ou avantage concurrentiel peut résulter soit d’éléments de
différentiation importants pour le consommateur, soit de coûts inférieurs imputables à une
meilleure productivité (chapitre 8). Sur base de cet audit stratégique, l’entreprise pourra
sélectionner le ou les segments cibles et construire uns stratégie de positionnement adaptée à
chaque unité d’activité stratégique retenue dans le portefeuille de l’entreprise (chapitre 9). Le
volet stratégique du plan de marketing va décrire les objectifs, le positionnement et le budget
nécessaire à la mise en place de l’option stratégique retenue (chapitres 10 et 16). Enfin, le
chapitre 11 couvre un aspect essentiel du marketing stratégique, les décisions de lancement de
produits nouveaux.
La partie 4 du livre est entièrement consacrée au marketing opérationnel et aux problèmes de
mise en application des options retenues au niveau du marketing stratégique. On retrouvera ici
les décisions du marketing opérationnel qui concernent, la politique de marque (chapitre 12), la
politique de distribution (chapitre 13), la politique de prix (chapitre 14) et la communication
(chapitres 15).
Enfin le chapitre 16 décrit la structure et le contenu du plan de marketing stratégique et
opérationnel et propose une liste détaillée des questions qui doivent être examinées lors de
l’élaboration de ce plan. On y trouvera également une section portant sur les mesures de
performance économique du marketing, une exigence de plus en plus fréquente en ces périodes
d’austérité financière.
3
Public visé
Cet ouvrage a été conçu comme un texte d’introduction au marketing pour des étudiants en
gestion. Il s’adresse aussi à ceux et à celles qui, exerçant des responsabilités dans l’entreprise,
3
Marketing stratégique et opérationnel
souhaitent disposer d’une introduction approfondie aux fondements, aux concepts, aux méthodes
et aux applications du marketing dans les marchés de consommation ou dans les marchés
industriels. Les éditions précédentes se sont révélées particulièrement utiles aux lecteurs
suivants :
––les responsables du marketing, chargés de l’élaboration d’un plan de marketing stratégique ;
––les dirigeants – très souvent des ingénieurs – qui reçoivent la mission de créer ou de développer
la fonction marketing, en particulier dans des activités de haute technologie où la fonction
marketing était traditionnellement inexistante ou sous-développée;
––les commerciaux ou les responsables de la vente, qui ont une expérience étendue dans le
domaine commercial ou publicitaire et qui doivent évoluer vers une fonction de marketing
stratégique dans leur entreprise ;
––les consultants en management stratégique, qui ont pour mission de procéder à un audit
marketing de leurs clients et de formuler des recommandations sur la stratégie de développement
à suivre ;
––les dirigeants d’entreprises d’Europe centrale ou de Russie, qui participent à des séminaires de
formation en management et qui sont chargés de la restructuration de leur entreprise dans la
perspective d’une économie en transition vers une économie de marché ;
––les responsables expérimentés en marketing, qui souhaitent structurer leur expérience passée et
mieux comprendre les méthodes et concepts qui sont à la base du marketing stratégique.
En ce qui concerne les étudiants en gestion, l’ouvrage a été utilisé avec succès dans les
programmes suivants :
––les étudiants débutants, qui suivent un programme de bachelier en sciences de gestion ou en
ingéniorat de gestion (deuxième et troisième année du baccalauréat dans le système de Bologne,
soit Bac + 2, Bac + 3 pour les Français) ;
––les étudiants plus avancés dans leur cursus, notamment ceux qui détiennent déjà un diplôme
d’ingénieur, de polytechnicien, de droit, de sociologie, de communication… et qui suivent une
année complémentaire de formation en gestion ;
––les étudiants informaticiens et concepteurs de site Web commerciaux ou non qui désirent
comprendre les attentes et comportements de leurs interlocuteurs afin de concevoir un interface
orienté-marché ;
––les étudiants qui suivent un programme de maîtrise (MBA).
Une note pédagogique, destinée aux enseignants utilisant l’ouvrage comme principale référence
dans leurs cours, est disponible sur demande adressée aux auteurs : [email protected],
[email protected]. Elle contient une série de transparents, reprenant les
principaux graphiques de l’ouvrage, ainsi que les solutions des exercices présentés en fin de
chapitre. Les annexes Web des chapitres sont disponibles sur le site de l’éditeur : www.dunod.com.
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© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Avant-propos
Figure 1 — Organisation générale de l’ouvrage
5
Partie
1
Le nouveau rôle
du marketing
7
Chapitre
1
Le marketing et
l’orientation-marché
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L
e marketing est une discipline de gestion qui comprend un système de pensée, d’analyse et
d’action. L’objectif de ce premier chapitre est de décrire le système de pensée, de préciser
les fondements idéologiques du concept marketing et d’en analyser les principales
implications au plan du fonctionnement et de l’organisation de l’entreprise. En tant que système
d’analyse, le marketing se doit de comprendre les besoins des individus et des organisations, en
identifiant des marchés existants ou en imaginant des besoins non exprimés ou futurs. En tant que
système d’action, le marketing remplit un certain nombre de tâches nécessaires au bon
fonctionnement d’une entreprise opérant dans une économie de marché basée sur l’échange
volontaire et concurrentiel.
Objectifs
Dans ce chapitre, nous nous poserons les interrogations suivantes :
– Quels sont les fondements théoriques et idéologiques de la démarche marketing et leurs déviances ?
– Quelles sont les différences entre le concept de marketing et d’orientation-marché ?
– Qu’est-ce qui différencie le marketing stratégique du marketing opérationnel ?
– Quelles sont les différences entre marketing stratégique réactif et proactif ?
– Quelles sont les différences entre le marketing opérationnel transactionnel et relationnel ?
+
9
Marketing stratégique et opérationnel
+
– Quels sont les avantages et limites de chacun de ces concepts ?
– Quelles sont les différentes étapes du marketing stratégique ?
– Qu’est-ce que le concept d’orientation-marché ?
– Quels sont les coûts d’une faible orientation-marché ?
Section 1
Section 2
Section 3
Section 4
Section
1
■
Les fondements idéologiques du marketing
■
Les étapes du marketing stratégique
■
■
La démarche marketing
Le concept d’orientation-marché
Les fondements idéologiques du marketing
Entré dans le vocabulaire courant de la langue française, le terme marketing est un mot chargé,
galvaudé et souvent mal compris, non seulement par ses détracteurs, mais également par certains
de ses adeptes. Trois acceptions populaires se retrouvent habituellement.
1. Le marketing, c’est la publicité, la promotion et la vente sous pression, c’est-à-dire un
ensemble de moyens de vente particulièrement agressifs, utilisés pour conquérir des marchés
existants. Dans ce premier sens, très mercantiliste, le marketing s’appliquerait principalement
dans les marchés de grande consommation et beaucoup moins dans les secteurs plus nobles
des produits de haute technologie, de l’administration publique, des services sociaux et
culturels.
2. Le marketing, c’est un ensemble d’outils d’analyse, de méthodes de prévision et d’études de
marché mis en œuvre afin de développer une approche prospective des besoins et de la
demande. Ces méthodes, souvent complexes, seraient réservées aux grandes entreprises mais
inaccessibles aux petites et moyennes entreprises.
3. Le marketing, c’est le grand corrupteur, l’architecte de la société de consommation, c’est-àdire d’un système marchand dans lequel les individus font l’objet d’une exploitation
commerciale par le vendeur. Pour vendre toujours plus, il faudrait fabriquer continuellement
de nouveaux besoins. À l’aliénation des individus en tant que travailleurs du fait de
l’employeur s’ajouterait l’aliénation des individus en tant que consommateurs, du fait du
vendeur. Le langage courant trahit fréquemment cette dévalorisation implicite.
« C’est un coup marketing » pour signifier une tromperie. « C’est du pur marketing » lorsque deux
produits identiques sont vendus à des prix différents. « … pour des raisons (bassement) marketing »
qui sont, en fait, bien plus souvent financières… « Il va falloir (se résoudre à) faire du marketing » pour
rattraper un lancement raté de nouveau produit, mal conçu à l’origine. « C’est une bonne opération
marketing » pour une action ponctuelle rentable.
10
Le marketing et l’orientation-marché
Ces vues schématiques cachent une réalité marketing bien plus large où il faut voir la démarche
marketing complète en trois facettes (voir tableau 1.1). Une composante action (la conquête des
marchés), une composante analyse (la compréhension des marchés) et une composante culture
(une philosophie de gestion).
La tendance la plus fréquemment rencontrée est de réduire la démarche marketing à la
composante action, c’est-à-dire à un ensemble de méthodes de vente (le marketing opérationnel),
de sous-estimer la dimension analyse (le marketing stratégique) et d’oublier la culture marketing
sous-jacente (l’orientation-marché). Est implicite dans cette vision du rôle du marketing l’idée de
l’omnipotence du marketing et de la publicité qui seraient capables de faire tout accepter par le
marché, grâce à des actions puissantes de communication qui se résument au faire savoir et au
faire valoir, et qui seraient conçues indépendamment de tout souci de satisfaction des besoins
réels des acheteurs.
Tableau 1.1 — Les trois composantes d’une démarche marketing
Composantes
Orientation
Activités
Lieu dans l’organisation
Action
La conquête des marchés
Le bras commercial
Le département vente
Analyse
La compréhension des
marchés
La réflexion stratégique
Le département marketing
ou stratégie
Culture
L’orientation de la pensée
Les choix stratégiques
La direction générale
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Ce mythe de la toute-puissance du marketing est une rumeur persistante, en dépit du fait que
les preuves du contraire abondent, par exemple les taux d’échec très élevés de marques et de
produits réellement nouveaux qui témoignent de la capacité de résistance du marché aux
tentatives de séduction des producteurs. Ainsi Ernst & Young/Nielsen rapportent un taux de
d’échec de plus de 40 % pour des produits réellement nouveaux (1999) et Robert Cooper relève
un taux d’échec similaire de 44 % (2007).
1
Le principe de la souveraineté du client
En réalité, le malentendu est profond et la théorie à la base de la démarche marketing est tout
autre. L’idéologie à la base de la démarche s’appuie en fait sur une théorie des choix individuels
fondée sur le principe de la souveraineté du client. Une idée qui n’est pas nouvelle, loin s’en faut,
et déjà exprimée par l’empereur romain Marc-Aurèle dans ses méditations sur la philosophie
stoïcienne :
« En servant les autres, on se sert soi-même. »
Ou encore les principes énoncés par Adam Smith (1776) :
« Le bien-être social ne dépend pas en définitive des intentions altruistes, mais résulte davantage de la
conjonction, par l’échange volontaire et concurrentiel, des mobiles intéressés des producteurs et des
consommateurs. »
11
Marketing stratégique et opérationnel
Partant du principe que la poursuite de l’intérêt personnel est une tendance indéfectible chez la
plupart des êtres humains – ce que l’on peut déplorer sur le plan moral mais qui reste un fait –
Adam Smith suggère de laisser les gens être ce qu’ils sont, mais de développer un système qui
fasse en sorte que les individus égocentriques contribuent, sans le vouloir, au bien commun. Ce
système est alors celui de l’échange concurrentiel et volontaire géré par la main invisible, celle
de la poursuite égoïste d’intérêts personnels qui sert en fin de compte l’intérêt général.
Dans les économies modernes, ce principe de base a, certes, été amendé de considérations
sociales et sociétales (effets externes, préférences collectives, solidarité sociale, État-arbitre…),
mais il reste néanmoins le principe directeur qui oriente l’activité économique de toute entreprise
opérant sur un marché de libre concurrence. En outre, il est devenu plus clair que jamais que les
pays qui ont nié les idées d’Adam Smith ont découvert à leurs dépens qu’ils ont régressé sur le
plan économique. Les tribulations de l’Europe de l’Est et le renouveau économique des pays qui
ont résolument pris l’option de l’économie de marché en témoignent.
« Le coup de génie du capitalisme traditionnel consiste à ne rien demander d’autre aux individus que
de suivre leur intérêt : soyez égoïstes, si possible intelligemment, et si le marché fonctionne bien, tout
se passera à peu près correctement. Mais la présomption d’égoïsme généralisé, attribuée à Adam Smith,
d’un homo economicus dépourvu de dimensions affectives et morales ne correspond pas à la réalité
puisque [comme on le verra au chapitre 2] de nombreux comportements compassionnels, solidaires et
coopératifs sont parfaitement rationnels et efficaces. » (Lambin, 2011, p. 15).
Le cliché selon lequel le capitalisme est guidé par le seul égoïsme reste cependant tenace.
2
Les fondements de l’économie de marché
À la base de l’économie de marché, on retrouve donc trois idées centrales, innocentes en
apparence, mais lourdes d’implications au plan de la philosophie d’approche des marchés :
1. La liberté individuelle : comme ce que les individus recherchent, ce sont des expériences
gratifiantes pour eux ; c’est la poursuite d’un intérêt personnel qui les incite à produire et à
travailler. Cette recherche est le moteur de la croissance, du développement individuel et, en
définitive, détermine le bien-être général. De plus, ce qui est gratifiant relève des choix
individuels, lesquels varient selon les goûts, les cultures, les systèmes de valeurs, etc. Sous
réserve du respect des règles éthiques, morales et sociales qu’une société se donne, aucun
jugement ne doit être porté sur la valeur ou la frivolité des choix ou sur ce qui pourrait être
considéré comme de vrais ou de faux besoins. Le système est pluraliste et respectueux de la
diversité des goûts et préférences (Friedman & Friedman, 1980).
2. La concurrence volontaire : c’est par l’échange volontaire et concurrentiel que les individus
et les organisations qui s’adressent à eux réaliseront le mieux leurs objectifs. Si l’échange est
volontaire, il n’aura réellement lieu que si les termes de l’échange sont générateurs de valeurs
pour les deux partenaires ; si l’échange est concurrentiel, les risques d’abus de pouvoir de
marché des producteurs seront limités.
12
Le marketing et l’orientation-marché
3. La responsabilité sociétale : si le fondement moral du système réside dans la reconnaissance
du fait que les individus sont responsables de leurs actes et le plus souvent capables de décider
ce qui est bon et mauvais pour eux, celui-ci n’est pas nécessairement garant d’un mieux-être
sociétal. Pour évaluer l’impact complet d’une transaction, il faut encore prendre en compte
des conséquences extérieures sur toutes les autres parties prenantes : les externalités. Les
externalités négatives, ou déséconomies externes, sont des impacts négatifs que fait subir un
acteur à d’autres parties prenantes, sans avoir à payer pour les compenser (épuisement de
ressources rares, pollution, destruction sociale…). Elles commencent à être prises en compte
par des entreprises durables qui adoptent un triple bilan : économique, social et environnemental.
Les externalités positives, ou économies externes, sont des impacts positifs dont bénéficie un
acteur sans avoir eu à les payer (un apiculteur profite de la proximité d’un arboriculteur…).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
3
Les déviances de l’économie de marché
Telle est donc l’idéologie à la base de la démarche marketing. On conçoit que l’écart puisse être
grand entre ce que cette philosophie de gestion prétend être en théorie et ce qu’elle pratique en
réalité. Les bavures sont présentes à l’esprit de chacun. En effet, le système économique libéral
n’est pas naturellement conçu pour éviter quatre dysfonctionnements pourtant prévisibles :
1. La prépondérance du court terme sur le long terme : de nombreuses décisions politiques,
économiques, sociales sont clairement irrationnelles à l’aune de la durée, mais apparaissent
optimales à court terme aux yeux des décideurs. En effet, pourquoi une entreprise soumise au
contrôle trimestriel de ses résultats financiers prendrait-elle des décisions d’investissement à
long terme ? Pourquoi un politicien dépendant d'élections tous les quatre ans se risquerait-il à
faire des choix de société pour la génération suivante ? Comment un salarié à contrat à durée
déterminée peut-il s’intéresser à la vision stratégique de son métier ? Ainsi on observe que,
même si une succession de décisions optimales à court terme ne réalise pas nécessairement
une optimisation à long terme, ce sont elles qui s’imposent dans le libéralisme actuel. Le choix
délibéré de certaines entreprises de produire des biens à obsolescence programmée en est une
triste illustration, même s’il se justifie par le désir de sauvegarder l’emploi (Campenhout,
2011).
2. La prévalence des intérêts individuels sur un intérêt collectif : l’idéologie libérale présuppose
qu’une addition de décisions individuelles optimales génère un progrès collectif. La réalité du
xxie siècle montre malheureusement beaucoup de contre-exemples à ce principe. Par exemple,
le syndrome nimby (« not in my back yard ») est une illustration flagrante d’intérêt individuel
incompatible avec un intérêt collectif.
3. La dictature du pouvoir d’achat : elle favorise la création de produits populaires, certes, mais
pas nécessairement porteurs de progrès de société. Ainsi le pouvoir de l’audimat a déjà prouvé
ses effets pervers sur la dégradation des émissions de télévision. En conséquence, les individus
n’appartenant pas à un marché potentiel important ont largement moins de chance de voir
leurs besoins pris en compte, indépendamment de la valeur sociale ou humaine de leur
13
Marketing stratégique et opérationnel
demande. Ceci génère, par exemple, le drame des maladies orphelines, ces maladies trop rares
– donc trop peu rentables – pour que l’industrie pharmaceutique accepte d’y consacrer des
investissements de recherche nécessaires à la découverte d’un traitement, pourtant
techniquement envisageable.
4. La tyrannie de la croissance : une croissance continue de l’activité économique est supposée
protéger les économies développées du chômage en compensant l’inexorable amélioration de
la productivité. C’est sans compter qu’une croissance infinie est incompatible avec une
planète finie et que le bonheur n’est pas uniquement lié à la croissance (Jackson, 2008, p.7).
Même les nantis peuvent se trouver dans une profonde misère morale (Latouche, 2006, p. 56).
De plus, comme cette croissance est majoritairement mesurée en termes de PIB (Produit
Intérieur Brut), l’attention et l’énergie se focalisent à l’excès sur ce seul indicateur qui devient
un but en soi (Cassiers & Thiry, 2009). D’autres objectifs peuvent pourtant être poursuivis :
la prospérité, le développement, sans accent explicite sur la croissance (Fournier, 2008 ; De
Bouver, 2008). Une économie qui opère dans un monde fini doit arrêter de croître
(quantitativement), mais peut continuer à se développer (qualitativement). On peut alors
envisager un développement durable sans croissance qui respecterait deux conditions (a)
s’appuyer principalement sur l’utilisation de ressources renouvelables (b) limiter au mieux les
externalités négatives (Lambin, 2011, pp. 112-113).
La montée en vogue de mouvements alternatifs tels l’écologie, l’éthique, la responsabilité
sociétale des entreprises révèle bien une aspiration à corriger ces déviances. Mais leurs difficultés
à se diffuser montrent également la complexité de la tâche, face à la puissance des intérêts
individuels et à court terme, qui fondent encore l’économie de marché.
Il n’en reste pas moins qu’un système de pensée orienté vers la satisfaction des besoins réels
du marché est l’idéal de gestion à rechercher par l’entreprise performante. Il s’agit peut-être d’un
mythe, mais d’un mythe directeur qui doit guider en permanence les actions de l’entreprise.
4
La démarche marketing, facteur de démocratie économique
Le marketing, et en particulier le marketing stratégique, a donc un rôle économique important
à jouer dans une économie de marché parce qu’il déclenche un cercle vertueux de développement
économique. Les étapes de ce processus de développement sont les suivantes (voir figure 1.1) :
1. Le marketing stratégique identifie des besoins insatisfaits ou mal rencontrés et développe des
produits nouveaux adaptés à ces attentes.
2. Le marketing opérationnel met en place un plan d’action marketing qui crée et développe la
demande pour ces produits nouveaux.
3. Cette demande accrue engendre des baisses de coûts, lesquelles permettent des baisses de prix
grâce auxquelles de nouveaux groupes de clients entrent dans le marché.
4. Cet élargissement du marché suscite des investissements nouveaux qui engendrent des
économies d’échelle et qui permettent le développement de produits améliorés ou nouveaux.
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