2015 ! Comment concilier qualité de l’air et enjeux climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Concilier qualité de l’air et enjeux
climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Les enjeux de l’air et du climat en Provence-Alpes-Côte d’Azur :
que savons-nous ?
Les liens entre qualité de l’air et climat, d’un point de vue scientifique, sont nombreux. Les
sources d’émissions sont globalement communes, certains composés sont impliqués à la fois
dans les phénomènes de pollution locale et d’effet de serre. Par ailleurs, les paramètres
météorologiques influent largement la pollution atmosphérique et le changement climatique
impactera la qualité de l’air. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les problèmes de qualité de l’air
dégradée sont récurrents et l’attention de l'État est donc particulièrement forte sur ce sujet
comme en témoignent les quatre Plans de Protection de l'Atmosphère (PPA) applicables.
Agglomérations fortement urbanisées, zone industrielle de premier plan, réseau routier dense,
écosystème méditerranéen particulièrement émetteur de polluants (ou précurseurs) biogéniques
et climat chaud, sec et très ensoleillé sont autant de facteurs se combinant pour générer des
épisodes de pollution atmosphérique. Ce sont également des facteurs qui font de la région un
territoire à la fois fortement émetteur de gaz à effet de serre et particulièrement vulnérable aux
effets du changement climatique.
De quels polluants parle-t-on ?
Pollution atmosphérique
Effet de serre / changement climatique
Impacts locaux
sur la santé humaine et l’environnement
Impacts planétaires
sur le climat
Aérosols / Particules (PM10, PM2,5, etc.) :
carbone-suie (black carbon)
composés organiques volatils (COV) comme les
Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP)
dont le benzène, mais aussi les dioxines et
furanes
composés inorganiques (sulfates, nitrates,
ammonium, etc.)
métaux
Oxydes d'azote (NOx), notamment dioxyde d’azote (NO2)
Ozone (O3)
Monoxyde de carbone (CO)
Dioxyde de soufre (SO2)
Ammoniac (NH3)
Vapeur d’eau (H2O)
Les gaz à effet de serre (GES) visés par le protocole de
Kyoto :
dioxyde de carbone (CO2)
méthane (CH4)
protoxyde d'azote (N2O)
gaz fluorés comme les hydrofluorocarbures
(HFC) et perfluorocarbures (PFC)
hexafluorure de soufre (SF6)
Mais aussi :
ozone (O3)
certaines particules
Les polluants peuvent avoir des origines naturelles ou anthropiques.
La combustion (carburants, production de chaleur, incendies…)
reste la source d’émissions la plus importante, qu’il s’agisse de
polluants atmosphériques ou de GES :
le transport routier est sans conteste une source commune
d’émissions de polluants locaux et de gaz à effet de
serre ;
l’industrie et le bâtiment (logement, tertiaire) constituent
également des contributeurs importants à ces émissions.
Les émissions issues de sources
naturelles sont loin d’être
négligeables, plus encore en
région PACA qu’ailleurs en
France, notamment du fait des
caractéristiques de la
végétation particulièrement
émettrice de COV et du climat
méditerranéen.
2015 ! Comment concilier qualité de l’air et enjeux climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Comment observer, comprendre et maîtriser les pollutions ?
Emissions dans l’air et concentrations de polluants sont deux notions qui sont liées mais qui doivent
bien être distinguées et considérées de manière complémentaire.
Tant pour la qualité de l’air que pour l’effet de serre, les concentrations de polluants ou de GES dans
l’air constituent l’indicateur de référence. Le lien entre concentrations et émissions diffère dans les
deux domaines :
les concentrations de GES étant considérées de manière globale, à l’échelle de la planète, elles
dépendent essentiellement des quantités de GES émises par les différentes sources, n’importe
où sur Terre ;
les concentrations en polluants auxquelles
une population donnée est exposée
dépendent de nombreux facteurs, comme
les quantités de polluants émises à
proximité, mais également les quantités de
polluants apportées depuis d’autres régions,
la météorologie, la topographie, la
réactivité chimique des polluants dans
l’atmosphère, etc.
Des outils de calcul permettent de
modéliser les liens entre émissions et
concentrations, en prenant en compte les
différents facteurs précédemment cités.
Dans les deux cas, c’est principalement en agissant sur les émissions qu’il est possible de stabiliser ou
faire baisser les concentrations. Ainsi, les objectifs internationaux et nationaux portent sur les deux
indicateurs : concentrations et émissions.
Les polluants atmosphériques
Les gaz à effet de serre
ÉMISSIONS
Quoi ? L’inventaire local des émissions par source.
Comment ? Un calcul à partir des facteurs
d’émissions.
Pourquoi ? Pour construire des modèles numériques
permettant de représenter et de prévoir les
concentrations de polluant dans notre atmosphère.
Quoi ? L’inventaire local des émissions par source.
Comment ? Un calcul à partir des facteurs
d’émissions.
Pourquoi ? Pour attribuer ces émissions (par type
d’activité, par pays, etc.) et suivre l’effet des mesures
prises pour leur atténuation.
CONCENTRATIONS
Quoi ? La concentration en polluant de notre
atmosphère à l’échelle locale.
Comment ? Un réseau d’environ 80 stations de
mesure réparties dans la région.
Pourquoi ? Pour vérifier les concentrations réelles
afin de calibrer les modèles réalisés et surveiller les
seuils définis par la réglementation.
Quoi ? La concentration globale en GES de notre
atmosphère à l’échelle planétaire.
Comment ? Une station de mesure de référence à
Hawaii et un seau d’environ 130 stations de mesure
réparties dans le monde.
Pourquoi ? C’est une donnée essentielle qui alimente
les modèles climatiques et permet les projections
futures.
Les quantités d’émissions « admissibles » sont ainsi définies en cohérence avec les objectifs de
concentrations qu’il est souhaitable de retrouver dans l’air pour minimiser les effets de la qualité
de l’air sur la santé et l’environnement d’une part ou pour limiter le changement climatique
d’autre part.
2015 ! Comment concilier qualité de l’air et enjeux climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
3
Impact global, impact local
Les gaz à effet de serre courants n’ont pas
d’impact direct sur la santé humaine et ne sont
donc pas considérés comme polluants
atmosphériques pouvant avoir un impact local.
Par contre, certains polluants atmosphériques
locaux peuvent intervenir dans les phénomènes
à l’origine du changement climatique.
L’ozone, formé à partir des polluants
atmosphériques (NOx, COV), est lui même un
gaz à effet de serre, même s’il reste peu de
temps présent dans l’atmosphère
(contrairement au CO2 et autres GES). De plus,
il perturbe la productivité des végétaux et leur
capacité d’absorption du CO2. La maîtrise des
concentrations d’ozone constitue donc un enjeu
à la fois pour la santé humaine et pour la lutte
contre le changement climatique.
Les particules peuvent également intervenir
dans plusieurs phénomènes globaux impactant
le climat de la planète, mais leur rôle précis est
encore mal connu et le bilan final reste difficile
à estimer. Par exemple, lorsque le carbone-
suie, compo de particules noires, se dépose
sur la neige ou la glace, les noircit, diminuant
ainsi leur la capacité à réfléchir les
rayonnements solaires vers l’espace (l’albédo).
De cette manière, il contribue au
réchauffement global. D’autres particules
peuvent avoir des effets inverses. Compte-tenu
de ces incertitudes sur le rôle des aérosols dans
l’effet de serre, ces émissions restent avant
tout préoccupantes pour la qualité de l’air à
l’échelle locale.
Conditions météorologiques et épisodes de pollution atmosphérique
Le lien entre pollution atmosphérique et
conditions météorologiques est très net. De
nombreux facteurs météorologiques
(température, humidité, vent, ensoleillement,
etc.) influent sur la qualité de l’air, tant sur les
réactions physico-chimiques à l’origine de la
formation des polluants que sur la dispersion de
ces polluants.
D’une manière générale, des conditions calmes,
anticycloniques, ensoleillées sont favorables à
l’apparition d’épisodes de pollution. Des
phénomènes météorologiques très localisés sont
souvent en cause (comme les inversions de
température, surtout l’hiver, ou les
mouvements pendulaires des brises
thermiques), phénomènes influencés également
par la topographie du territoire et la nature de
l’occupation du sol. Certains phénomènes
restent cependant mal connus, comme les
interactions entre la formation d’îlots de
chaleur urbains et les épisodes de pollution.
2015 ! Comment concilier qualité de l’air et enjeux climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
4
Des mesures pour répondre à ces deux enjeux :
co-bénéfices ou contradictions ?
Lutte contre le changement climatique et amélioration de la qualité de l’air se rejoignent la
plupart du temps au travers de mesures dites « gagnant-gagnant » ( ). Pour les collectivités,
de nombreuses mesures peuvent être prises, en priorité dans le domaine des déplacements,
mais également dans celui du logement et de l’urbanisme. Les actions d’information et
d’éducation (plus que de sensibilisation) ne sont pas à négliger car les leviers comportementaux
sont nombreux. La vigilance reste de mise sur quelques points ( ) afin d’éviter des effets
négatifs dans l’un ou l’autre domaine, mais il s’agit plus de points d’attention que de réelles
contradictions dans les mesures à prendre.
Dans le dernier rapport du GIEC, paru en 2014, la réduction des émissions polluantes et
nocives pour la santé humaine est bien identifiée comme un co-bénéfice des politiques
de lutte contre le changement climatique et d’atténuation des émissions de GES.
Transports et aménagement du territoire : report modal et maîtrise des déplacements
La diminution des besoins de déplacements
à travers l’organisation du territoire.
Un report modal de la voiture particulière
vers des transports collectifs et des modes
actifs.
Le développement du covoiturage.
L’augmentation des parts du marché du
fret ferroviaire et fluvial pour le transport
de marchandises.
Une consommation moindre grâce l’éco-
conduite, l’entretien des véhicules et la
fluidification du trafic en zones
congestionnées.
Un parc de véhicules plus performant.
L’exposition des populations lors des reports de flux de
trafic
Qualité de l’air, circulation d’air dans les quartiers et
exposition des populations à des sources d’émissions intenses
de polluants doivent être mieux pris en compte dans les
projets d’urbanisme.
Le choix des motorisations / carburants
Favoriser le retrait de la circulation des véhicules anciens et
leur remplacement par des véhicules à la norme Euro 6.
Vérifier l’entretien des véhicules et la bonne utilisation des
filtres à particules. En particulier pour les flottes captives,
appliquer des contrôles stricts sur les FAP.
Pour les flottes captives, dans les agglomérations la qualité
de l’air est régulièrement dégradée, chercher des alternatives
aux moteurs à combustion (véhicules électriques) et, par
précaution, éviter les motorisations diesel.
Rester prudents sur le développement des biocarburants et
encourager la recherche sur les prochaines générations de ces
carburants alternatifs.
Consommation des ménages : réduction des déchets
La réduction des déchets à la source : lutte contre le
gaspillage alimentaire, réduction des emballages, fin de
l’obsolescence programmée, etc.
Le développement d’activités de type recycleries et
réparation-revente.
Le tri et le recyclage des déchets via des procédés
appropriés.
La mise en place de procédés de traitement performant
avec valorisation énergétique.
La promotion d’alternatives respectueuses de
l’environnement pour éviter le brûlage des chets
verts.
Le traitement des déchets
Les procédés de dépollution (air, sols, eau) du
traitement des déchets peuvent être très
consommateurs d’énergie. Attention à ne pas
créer une autre source de pollution en voulant la
limiter ...
2015 ! Comment concilier qualité de l’air et enjeux climatiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
5
Consommation d’énergie : performance des équipements et recours aux énergies
renouvelables
La diminution des besoins en chauffage,
rafraichissement et ventilation par la
conception des bâtiments et leur usage.
La conception des espaces urbains.
L’usage d’appareils performants.
L’inspection et l’entretien réguliers des
appareils.
Le recours à des sources d’énergie
renouvelables.
Le chauffage au bois
Il reste une alternative positive aux énergies fossiles mais il
est impératif de prendre des mesures pour le
remplacement des appareils de chauffage peu
performants.
La sensibilisation et l’information sont essentielles auprès
du public et des professionnels pour que la réglementation
en place soit bien comprise et acceptée.
Les usages permettront de tirer profit de ce mode de
chauffage sans nuire à la santé des habitants (choix du
bois, stockage, entretien des appareils).
Le développement de chaufferies collectives permettant
d’investir dans des équipements les plus performants et de
maîtriser la qualité du combustible, reste une solution
préférable pour le chauffage principal des logements.
La qualité de l’air intérieur
Aller au delà de la réglementation pour les niveaux
d’exigence en matière de renouvellement d’air et de
ventilation dans les cahiers des charges des bâtiments sans
se baser uniquement sur des critères de performance
énergétique.
Former les professionnels à la prise en compte de ces
critères et l’installation d’équipements performants.
Vérifier les émissions dans l’air intérieur des matériaux
utilisés, y compris dans le cas de matériaux à faible impact
environnemental.
L’industrie : progresser dans la performance et la valorisation énergétique
L’amélioration de l’efficacité énergétique dans
l’industrie.
Le soutien aux projets d’écologie industrielle
et de récupération de chaleur.
Le traitement des rejets
Certains procédés de traitement des rejets industriels
peuvent être très consommateurs d'énergie.
L’agriculture : limiter l’usage d’engrais azotés
L’amélioration de l’efficacité énergétique dans
l’agriculture (pratiques culturales, parcs
d'engins, énergies renouvelables).
La limitation de l’utilisation des engrais à fort
taux de volatilisation.
L’enrichissement des sols
Optimiser la fertilisation azotée en utilisant la juste dose
et en accroissant la fixation d’azote atmosphérique grâce à
de légumineuses au sein des rotations.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !