- les outils techniques d’appui, au bureau, au guichet, au comptoir, à l’hôpital… qui peuvent aussi être
énergivores et polluants. L’avènement de l’ordinateur et de l’utilisation des applications informatiques
promettait un avenir avec « moins de ressources, moins de papiers » ; cela s’est pourtant soldé par «
encore plus de ressources et encore plus de papier ». Du fait de ces technologies et notamment de
l’accessibilité aux imprimantes et photocopieuses privées du fait de prix devenus excessivement bas
(certaines imprimantes coûtent moins cher que le prix du set de cartouches nécessaire à son
fonctionnement, jamais autant de documents n’ont été imprimés. La consommation mondiale de papier
augmente de 4% par an en moyenne.
Tout l’art réside donc dans la mise en place de services utiles et accessibles au plus grand nombre, aux
empreintes écologiques faibles, en optimisant les déplacements à effectuer, le nombre et la qualité des
bâtiments à faire utiliser et la gestion des outils techniques.
Créer de nouveaux services
A côté de l’optimisation des services existants, une piste à développer davantage est celle de l’économie
fonctionnelle ou de la "fonctionnalité". L’idée d’une telle économie est de substituer la prestation d’un
service à la vente d’un bien.
Quelques exemples : une entreprise gère des lavoirs au lieu de vendre des machines à laver individuelles
fussent-elles A++++ ; une autre loue des tapis (lien vers niews Entreprise durable : vendre un service
plutôt qu’un produit), une autre encore vend de la mobilité plutôt que des voitures. Dans ce dernier
exemple, à prestations sensiblement égales, une voiture Cambio remplace en moyenne 30 voitures
individuelles, réduisant d’autant la production automobile et sa consommation en ressources naturelles [3].
On peut imaginer que si les pouvoirs publics mettaient en place des réglementations suffisamment
contraignantes à l’égard des entreprises, ils contribueraient à l’évolution vers plus de dématérialisation :
celles-ci deviendraient de plus en plus des prestataires de services au lieu de rester des vendeurs de biens
matériels. Dans une telle configuration, le producteur est réellement incité à concevoir des équipements à
longue durée de vie, faciles à réparer et à recycler et consommant peu d’énergie.
Revoir notre modèle de croissance
Favoriser une telle économie est une piste intéressante mais elle soulève aussi de nombreuses questions.
Par exemple, est-ce que les nouvelles activités générées par ce type d’économie compenseront les pertes
d’emplois liés aux activités de production de biens ?
Par ailleurs, nous l’avons vu, les services nécessiteront toujours un support matériel (ressources,
infrastructures, …). Ce qui signifie que même si la totalité de l’économie était « immatérielle », dans un
contexte économique caractérisé par un objectif de croissance, la question des limites se fera sentir un
jour ou l’autre. Comme le remarque Mauro Bonaiuti, « on ne pourra jamais obtenir le même nombre de
pizzas en diminuant toujours la quantité de farine, même si l’on augmente le nombre de cuisiniers ». Le
compte à rebours sera certes allongé mais pour combien de temps ?
Par la porte ou par les fenêtres, il est indispensable de reconsidérer notre modèle économique basée sur
la croissance. Comme le rappelle Tim Jackson, John Stuart Mill, un des pères fondateurs de l’économie
moderne, pensait qu’il était nécessaire et souhaitable d’évoluer vers un état stationnaire du capital et de
richesse précisant que cela n’impliquait pas l’arrêt de l’évolution positive de l’homme. Keynes, économiste
du début du 20ème siècle insistait aussi sur la nécessité d’avoir une croissance « prudente », et prévoyait
un moment où nos problèmes de nature économiques seraient réglés et que nous préférerions consacrer
nos énergies à des matières non économiques...