la
flore.
Cette
adaptation
fut possible en raison de
la
lenteur
de
la
modificati
on
des
écosystèmes.
La vie sauvage avait bénéficié
du
temps à l'échelle de
la
nature,
c'est
-à-dire des siècles.
3.
Avec
l'avènement de la
société
industrielle,
la
production,
c'est.
à-dire
la
transformation de
la
nature,
s'
est intensifiée
de
façon considérable
par
rapport
aux siècles précédents.
Pour
la
première fois dans l'histoire
de l'humanité, les rapports entre
rêtre
humain et le
monde
naturel
allaient connaître une rupture
complète.
Le progrès marqua de
la
sorte
la
fin du vieux pacte qui unissait
l'homme
à
la
nature.
La soif de domination
etde
profit devait conduire l'homme occidental
aux
confins
de
la
planète. La
mission
dite
civilisatrice de
la
co-
lonisation allait en l'espace de quelques siècles effacer des cartes
les Terrae incognitae.
Et
c'e~t
avec une prodigalité déconcertante
que
les nations
colonisatrices
dila.pidèrent les ressources naturelles
des terres
nouvellement
découvertes.
Le théâtre de cette expansion sera
tout
d'abord l'Amérique
du
Nord.
Ses prairies
seront
rapidement mises en cultures, ses forêts
défrichées,
sa
faune sauvage décimée. La
longue
évolution
qui avait
permis à
la
faune et à
la
flore du
continent
européen
et asiatique
de s'adapter progressivement aux nouveaux milieux de vie fut condensée
ici à quelques décennies (7). Il suffit de
se
rappeler de l'extinction
du
pigeon
voyageur
dont
les migrations massives venaient jusqu'à
obsc
urcir le ciel et de l'extermination des troupeaux de
bisons
pour
se
rendre
compte
de
l'ampleur
dévastatrice de
la
conquête
de
ce
cont
inent. La faune sauvage allait
même
devoir
payer un lourd tribut
à
la
mode vestimentaire, les plumes
cl
'aigrettes étant devenues l'apparat
des belles de cette fin de siècle.
L'Asie, l'Afrique et l'Océanie allaient rapidement connaître un sort
semblable. Les puissances coloniales s'étant emparées de ces terres
vierges,
pi
Itèrent sans ménagement leurs richesses naturelles (8). Pour
(7)
J.
DORST,
o.
C.,
p.
52.
(8) Cette analyse mérite toutefois d'être nuancée sur certains points. L'expansion
coloniale en Amérique latine fut à l'origine d'un processus prolongé
de
• désanthropisation
)jo
de vastes contrées de cc continent. L'entreprise coloniale
fut
en
effet accompagnée par
un
véritable génocide des peuples amochtones
dont
la
cause doit entre autres être imputée à un syndrome d'immuno-déficience
ayant affecté les entre autres peuples indigènes de ce continent. Suite à cette
hécatombe,
la
nature reprit pour un temps ses droits. Sur cette question,
168