Nicolas Poussin (1595-1665) L’enfance de Bacchus Localisation!: GALERIE DE PEINTURES L’enfance de Bacchus, non daté, huile sur toile, 134 x 168. Ce tableau exprime la sérénité et la mélancolie (gestes des personnages, composition, couleurs chaudes et lumière du soleil couchant). Personnages er Ils sont neuf au total. Au 1 plan, deux Putti sont allongés sur le sol, l’un est endormi sur le dos, l’autre regarde dans le vague, appuyé e contre une souche d’arbre Au 2 plan, debout, le jeune dieu Bacchus, appuyé sur une nymphe. Ils sont entourés d’une nymphe et d’un jeune homme endormi devant lequel se tient un satyre couronné de feuilles de vignes et qui s’apprête à boire le vin contenu dans une corne. De dos, à droite du groupe central, un personnage transporte une corbeille de raisins sur son épaule et sur la gauche du groupe, à l’arrière-plan, on peut distinguer un autre personnage de dos. La scène se déroule le soir, au coucher du soleil. Commentaire : Ce tableau, exécuté au début de la première période romaine de Poussin, avant 1627, est la 1 version la plus accomplie et la plus ambitieuse des scènes que l’artiste dédie à Bacchus . C’est, du point de vue du contenu, une œuvre novatrice. En effet, Poussin innove en traitant de la jeunesse de Bacchus et non plus de sa petite enfance. Ici le personnage n’a plus rien du bébé, mais tout d’un jeune dieu conscient de sa divinité et de son pouvoir : appuyé contre le dos d’une nymphe, il ordonne à un satyre, par un geste impérieux de la main gauche, de vider une coupe en forme de corne. C’est un jeune garçon autoritaire alors que dans les deux autres versions conservées au Louvre et à la national Gallery, le personnage est un enfant aux traits poupins. Comme souvent chez Poussin, la composition est pyramidale. Trois scènes triangulaires s’ordonnent de part et d’autre d’une jeune nymphe pensive, assise en un point culminant, point central d’une diagonale montante, parachevée par le petit Bacchus. L’association d’une composition triangulaire et du thème de Bacchus pourrait venir de l’auteur grec antique Philostrate dont la Renaissance a redécouvert les écrits et les a diffusé chez les artistes. Le triangle exprime la perfection de la divinité. Poussin ne pouvait manquer de connaître les écrits relatifs aux ouvrages de Philostrate. 1 Voir aussi les deux autres tableaux intitulés L’enfance de Bacchus , l’un conservé au musée du Louvre, à Paris et l’autre à la National Gallery, à Londres. Musée Condé, juin 2002 Nathalie Rambault, service éducatif La naissance et l’enfance de Bacchus dans la mythologie1 Zeus, déguisé en mortel, avait en secret une aventure avec la belle Sémélé, fille du roi Cadmos de Thèbes. Héra, extrêmement jalouse et excédée par un mari qui la trompait continuellement, apprit que Sémélé était enceinte de six mois. Elle entra alors dans une colère effroyable et décida de mettre un terme à l’aventure amoureuse de son mari. Déguisée en une vieille voisine de Sémélé, elle se rendit chez elle et lui conseilla de demander à son mystérieux amoureux de se montrer sous son aspect véritable. Elle fit croire à la jeune fille crédule que son bien-aimé était un monstre horrible. Sémélé fit sa demande à Zeus qui refusa ; elle décida donc de rompre avec lui. Alors, furieux, le roi des dieux lui apparut sous la forme du tonnerre et de l’éclair : aussitôt Sémélé est brûlée vive. Mais Hermès sauva l’enfant, le cousit dans la cuisse de Zeus et trois mois plus tard, l’en fit sortir. Dionysos était un enfant cornu dont la tête était couronnée de serpents. Héra, furieuse, ordonna aux Titans de s’emparer du nouveau-né. Ils le coupèrent en morceaux et le firent bouillir dans un chaudron de bronze. Mais sa grand-mère, Rhéa, scandalisée, ramassa ses restes et reconstitua le corps de son petit-fils : il revint à la vie. Zeus qui ne pouvait s’occuper de son fils, le confia d’abord à Perséphone, la déesse des Enfers mais comme vivre sous la terre ne convient pas à un enfant, elle l’amena à Ino, une reine grecque, à qui elle recommanda de l’élever dans les appartements des femmes, déguisé en fille. Mais on ne pouvait tromper Héra qui découvrit rapidement la supercherie et punit la reine et son époux en les rendant fous. Après ces évènements, sur ordre de Zeus, Hermès transforma provisoirement Dionysos en chevreau et le mena auprès des nymphes du mont Hélicon : Macris, Nysa, Erato, Bromie et Bacché. Elles l’installèrent dans une caverne, lui passant tous ses caprices, le nourrissant de bonbons et de miel. Un jour, sur le mont Nysa, Dionysos qui était encore un enfant, inventa le vin. Il en fit boire à Silène, son précepteur, aux satyres, ses compagnons, aux nymphes et aux Ménades qui partageaient sa vie. Tous apprécièrent beaucoup la nouvelle boisson mais tombèrent ivres morts ! Lorsque Dionysos devint un homme, Héra le reconnut comme étant le fils de Zeus mais, comme elle n’aimait ni son éducation ni son air qu’elle trouvait efféminé, elle le rendit fou et le condamna à parcourir le monde où il fit couler beaucoup de sang en tuant ses victimes atrocement. Puis Zeus le fit monter sur l’Olympe à ses côtés. 1 Sources : Dernier dieu à entrer dans l’Olympe, les textes anciens qui nous ont été transmis ne font que de brèves allusions à ce dieu. Hésiode, Cosmogonie ; Euripide, Les Bacchantes ; scholiaste de Pindare pour Pythiques III, 177 ; Fragment orphique 59 ; Plutarque, Symposiaques VII, 5 ; Apollodore, III, 4, 3 ; Apollonios de Rhodes, Argonautiques, IV, 1137 ; Ovide, Métamorphoses, III, 255-317 raconte l’aventure de Jupiter et Sémélé et la naissance de Bacchus. Dionysos (Bacchus) n’est pas admis dans le panthéon des dieux grecs par Homère au IXe siècle av. J.C. Musée Condé, juin 2002 Nathalie Rambault, service éducatif