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L’Observateur
rovincial
Octobre 2012
Secteur manufacturier : encore et toujours
des défis à surmonter
L’industrialisation du Canada a facilité son passage d’une économie
de production à une économie de services. Ce processus a permis
aux Canadiens de s’enrichir et a ainsi façonné la structure de leur
consommation. La plupart des économies avancées, partenaires du
Canada, ont également subi cette transformation. Puis, l’ouverture
des frontières et la levée des barrières tarifaires ont contraint
l’industrie manufacturière canadienne à une plus grande compétition
internationale. De toute évidence, la mondialisation des marchés a
mis l’industrie et ses travailleurs à rude épreuve. Ainsi, le Canada, le
Mexique et la Chine ont commencé à se faire compétition dans le
commerce avec la plus importante économie mondiale, les États-
Unis. Bien que les produits manufacturés du Canada aient préservé
une bonne réputation étant plus sophistiqués et de meilleure qualité
comparativement à ceux du Mexique et de la Chine, cela n’a pas
empêché les États-Unis d’importer davantage de biens en
provenance de la Chine que du Canada à partir de la fin 2008.
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2008
2009
2010
2011
Parts de marché: Proportion des importations
américaines (%)
Canada
Mexique
Chine
Source : United States CENSUS Bureau
Depuis le début des années 90, les exportateurs canadiens, dont
plus de 50 % sont issus du secteur manufacturier, ont évolué dans
un cadre réglementaire et économique en constant changement.
Voici certains éléments ayant eu un impact sur la performance
générale du secteur manufacturier :
Élimination des barrières tarifaires à la suite de l’implantation de
l’Accord de libre-échange avec les États-Unis (ALE) en 1988 et
l’ajout du Mexique en 1994 (Alena);
Dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain
86 cents US en 1990 à 63 cents en 2002;
… Et de retour à la parité en 2011;
Éclatement de la bulle technologique en 2000;
Accélération du changement technologique;
Augmentation des importations de biens non durables en
provenance de l’Asie;
Événements du 11 septembre 2001 qui ont poussé les coûts du
commerce transfrontalier à la hausse;
Boom des ressources naturelles au niveau mondial qui a
contribué à propulser le dollar canadien à parité avec le dollar
américain;
Récession mondiale 2008-2009, suivie d’une reprise très lente.
Les bouleversements sociaux-économiques de l’industrialisation ont ainsi
entraîné le développement et l’expansion de secteurs autres que ceux
rattachés à l’industrie manufacturière : au début des années 80, le
secteur des services occupait 64 % de l’économie canadienne, alors que
depuis 2009, il en occupe 72 %. Actuellement, la part de l’activité
manufacturière dans l’économie est de près de 13 % alors qu’elle s’est
maintenue entre 16 et 19 % durant les belles années, soit de la mi-1990
à la mi-2000. Depuis le début de la reprise, elle a repris du terrain – 1
point de pourcentage en proportion du PIB – mais il sera difficile d’en
reprendre encore plus. En effet, des tendances lourdes pèsent sur le
secteur provoquant un ralentissement de la productivité du travail
généralisé à partir de 2000. Ces facteurs sont encore présents malgré la
reprise, mais il semble que les entreprises s’y sont accoutumées,
puisque suite à la récession, le processus de restructuration et
d’optimisation du secteur s’est poursuivi et des gains de productivité ont
été observés dans plusieurs sous-secteurs (voir tableau page 9).
Durant la période postérieure à 2000, des capacités excédentaires se
sont accumulées en raison des difficultés que l’économie a subies au
sud de la frontière, et d’autres facteurs (mentionnés ci-dessus) ayant
entraîné la diminution des exportations et brimé la productivité. Pour
certaines industries manufacturières telles que les pâtes et papiers et
l’imprimerie, l’impact de ces facteurs a causé des changements
structurels importants nuisant à leur performance alors que pour
d’autres, l’innovation et le développement de connaissances a favorisé
l’essor. Le secteur de l’alimentation, des produits chimiques et de la
fabrication de machines en sont des exemples. En outre, la
prépondérance des ressources au Canada et leur valorisation ont été et
demeure favorables au développement des machines spécialisées dans
l’extraction minière, pétrolière et gazière.
Reprise à saveur canadienne
Le secteur manufacturier se remet de façon surprenante de la
dépression qu’il a subie à la suite de la récession 2008-2009 : sa
production réelle se situe à un peu plus de 10 % de ce qu’elle était en
2005, une année où le secteur avait bien performé. Rappelons que la
première moitié de la décennie 2000 a été marquée par une bonne
performance du secteur manufacturier notamment en raison de la
faiblesse du dollar canadien par rapport au billet vert et l’élimination
intégrale, à partir du 1er janvier 2003, de presque tous les tarifs s’étant
appliqués au commerce des produits d’origine entre le Canada et le
Mexique.
Plus précisément, la forte reprise dans certains sous-secteurs
manufacturiers depuis le creux observé à la mi-2009 résulte entre autres
de deux facteurs. Le premier étant la reprise rapide de l’économie
domestique en écho à une récession beaucoup moins sévère au Canada
qu’aux États-Unis.
Le deuxième étant la montée du prix des matières premières, d’un côté
les métaux destinés au marché asiatique et de l’autre les cours du
pétrole brut, en raison des tensions géopolitiques dans les pays du
Moyen-Orient et de l’augmentation de la demande mondiale. Ainsi, la
bonne tenue de l’économie domestique, mais également la force
persistante de la devise canadienne, aurait incité les manufacturiers à se
tourner vers le marché canadien.