II] Le Directeur Marketing face aux tensions d’ordre éthique
a- La relation entreprise/consommateur
Tout d’abord, comment réagir en cas de tension entre l’entreprise et les consommateurs ?
La question repose sur l’opposition entre l’autonomie du consommateur et l’efficacité du
marketing. Pour que le marketing soit efficace, les consommateurs doivent y répondre de
la façon attendue par les marqueteurs. Les questions éthiques soulevées par cette tension
peuvent être liées à une communication et une politique de prix trompeuse. Le rôle du
consommateur ne doit pas être cantonné au rôle de récepteur du produit ou du service
mais au rôle de coproducteur. Le directeur marketing, dans son rôle de manager doit alors
donner plus d’importance à cette dimension collaborative du marketing. En ce sens, il est
contre-productif de tromper ou de faire pression sur les consommateurs. En effet, le client
est plus que jamais informé, rationnel dans ses choix, exigeant et donc acteur dans la
relation.
b- La protection du consommateur
Se pose ensuite la question de la protection des consommateurs dans leur choix. Certes,
le consommateur est libre de prendre ses propres décisions mais il n’est pas toujours
capable de porter un jugement et d’agir dans son propre intérêt. Le rapport à l’éthique
porte alors sur l’exploitation de la vulnérabilité, de l’addiction et sur la promotion d’une
certaine forme de matérialisme. Le rôle de l’échange est alors remis en cause. De
l’échange pour la simple obtention d’un bien, l’évolution se fait vers un échange pour
acquérir les bénéfices de compétences spécialisées. (Abela, Murphy, 2007) Il faut donc se
concentrer sur les bénéfices apportés aux consommateurs. Pour illustrer cette variable,
nous pouvons citer Apple et ses lancements de nouveaux produits, pas toujours si
nouveaux que l’on pourrait le croire. Le passage de l’Iphone 3G à l’Iphone 3G’s, soit
quelques modifications mineures, ainsi que l’addiction et le matérialisme des
consommateurs a permis à Apple de vendre plus d’un million d’exemplaires en trois jours.
Afin de nuancer ces propos, il faut savoir que la notion d’éthique est différente selon le
pays, la culture. En s’appuyant sur la littérature et sur l’expérience de l’auteur, ayant
intégré un département marketing dans une entreprise française ainsi que dans une
compagnie américaine basée à Londres, nous pouvons établir une opposition entre le
mode de pensée anglo-saxon, très pragmatique, où les conséquences d’une action