Spasmus nutans
la fixation, tantôt inhibées par celle-ci. Ces oscillations
sont parfois méconnues et doivent être recherchées à
l’interrogatoire devant un nystagmus intermittent. Elles
peuvent apparaître après le nystagmus.
Le nystagmus est acquis, apparaissant en général après
six mois : il est horizontal ou horizonto-rotatoire, plus
rarement vertical [7], pendulaire de faible amplitude, de
haute fréquence (plus de 15 Hz). Bien que bilatéral, il peut
être asymétrique, disconjugué, les deux yeux n’oscillant
pas en phase. Il est parfois unilatéral. Ce nystagmus
n’est pas constant, mais survient par bouffées en fonc-
tion de l’activité de l’enfant. La prévalence du SN parmi
277 enfants présentant un nystagmus asymétrique sur une
période de huit ans est de 25 % pour Shaw et al. [8].
Les rapports entre oscillations céphaliques et nystag-
mus sont complexes. Pour certains, les oscillations seraient
compensatrices du nystagmus, pour d’autres il n’y a pas
de relation évidente entre les mouvements des yeux et de
la tête [9].
Le torticolis est plus inconstant, il s’agit d’une latéro-
flexion ou rotation, le regard est en général dirigé de l’autre
côté.
L’examen oculaire révèle assez souvent un strabisme ;
le fond d’œil est normal ; l’examen neurologique est nor-
mal. Le développement psychomoteur est le plus souvent
normal, bien des cas de retard de développement ont été
rapportés [3].
L’évolution spontanée se fait vers la guérison du syn-
drome dans un délai moyen de deux à trois ans, mais
parfois un nystagmus infraclinique peut persister jusqu’à
l’âge de cinq à 12 ans [8, 10].
Diagnostic différentiel
Le diagnostic de SN repose sur la normalité de
l’examen clinique, ophtalmologique et de l’imagerie.
Le nystagmus doit être différencier des opsoclonies,
mouvements multidirectionnels des globes oculaires [11].
Il faut éliminer les formes dites SN-like incluant des
affections neurologiques et ophtalmologiques pouvant
simuler ce syndrome bénin.
Il faut ainsi éliminer un certain nombre d’affections :
–une tumeur cérébrale des voies optiques ou du
plancher du troisième ventricule [12, 13] ;
–la leucodystrophie de Pelizaeus-Merzbacher, qui
se révèle par un nystagmus, des oscillations de la tête, une
hypotonie axiale et l’hypomyélinisation sur l’IRM ;
–le syndrome de Leigh des mitochondriopathies
[14] ;
–une hypoplasie du vermis cérébelleux, qui peut
se révéler chez le tout-petit par des oscillations la tête,
l’apraxie oculomotrice n’étant pas facile à mettre en évi-
dence à cet âge [15] ;
–le bobble head syndrome ou le syndrome de la
poupée ballotante, secondaire à une hydrocéphalie [16].
Les causes ophtalmologiques de nystagmus : cata-
racte, malformation du nerf optique, troubles sévères de
la réfraction, affections de la rétine : cécité nocturne
congénitale, dystrophie des cônes avec achromatopsie
nécessitant un électrorétinogramme qui permettra de pré-
ciser le diagnostic de ces rétinopathies [8, 17-20].
Le nystagmus congénital essentiel peut poser des pro-
blèmes diagnostiques quand le SN débute tôt, vers trois
mois, d’autant qu’il peut s’associer à des oscillations de la
tête et un torticolis qui correspond en fait à une position
de blocage relatif du nystagmus. Le nystagmus congéni-
tal essentiel est plus lent, ample, bilatéral, symétrique et
permanent. Il peut s’atténuer avec la croissance, mais ne
disparaît pas [7, 17, 21].
Avant de porter le diagnostic de SN, il faut donc
toujours réaliser une IRM cérébrale et un électrorétino-
gramme.
Physiopathologie
La physiopathologie est inconnue. Il est suggéré un
défaut d’afférence visuel transitoire perturbant le méca-
nisme de contrôle moteur oculaire durant la période
maturative postnatale des premiers mois [22, 23].
Conclusion
Le diagnostic de SN reste un diagnostic d’élimination
nécessitant un examen clinique, ophtalmologique, une
IRM et un électrorétinogramme normaux.
Cette entité bénigne est à connaître parmi les causes
de nystagmus et oscillations de la tête chez le nourrisson,
car elle évolue favorablement en deux à trois ans. La cause
en est inconnue. Aucun traitement n’est nécessaire.
Conflits d’intérêts : aucun.
Références
1. Dickson G. Spasmus nutans or nodding spasm. Lancet 1895;2:
845-6.
2. Fernandez-Alvarez E. Transient movements disorders in children.
J Neurol 1998 ; 245 : 1-5.
3. Doummar D, Roussat B, Beauvais P, Billette de Villemeur T,
Richardet JM. Spasmus nutans: apropos of 16 cases. Arch Pediatr
1998;5:264-8.
4. Wizov SS, Reinecke RD, Bocarnea M, Gottlob I. A comparative
demographic and socioeconomic study of spasmus nutans and infan-
tile nystagmus. Am J Ophthalmol 2002 ; 133 : 256-62.
114 mt pédiatrie, vol. 14, n◦2, mars-avril 2011
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