Chapitre introductif : Quelques définitions clés en sciences sociales 2 Sommaire INTRODUCTION ...................................................................................................................... 4 I. Définition de quelques notions clés en science sociale ................................................... 5 1.1 Définition(s) de la science et critères de scientificité .................................................. 5 a) Définition 1 .................................................................................................................. 5 b) Définition 2 .................................................................................................................. 5 c) Définition 3 .................................................................................................................. 5 1.2. Une notion ................................................................................................................... 6 1.3. Le concept.................................................................................................................... 6 1.4. Un construit ................................................................................................................. 7 1.5. Une théorie ................................................................................................................. 7 3 INTRODUCTION La recherche scientifique a connu depuis plus de deux siècles d’énormes évolutions à travers l’émergence de nouvelles disciplines. Cette croissance a conduit à de nombreuses tentatives de classification des sciences. L’une des plus célèbres est celle proposée par Auguste Comte qui propose la distinction entre six sciences fondamentales : mathématiques, astronomie, physique, chimie, biologie, sociologie. Une autre classification proposée par Jean Piaget en 1967 préconise une classification en quatre domaines : les sciences logico-mathématiques, physiques, biologiques et psychosociologiques, ces derniers sont rattachés à des objectifs qui sont respectivement : la forme ou la démonstration, la matière, la vie et l’Homme. On peut aussi citer une classification par les méthodes qui distingue entre les sciences formelles appelées aussi sciences théoriques, fondamentales ou pures qui reposent sur un domaine de définition et des démonstrations comme les mathématique, l’informatique, etc. et les sciences expérimentales qui elles reposent sur un tryptique : observation, hypothèse et vérification de l’hypothèse par l’expérimentation. 4 I. Définition de quelques notions clés en science sociale 1.1 Définition(s) de la science et critères de scientificité Deux démarches sont possibles pour définir ce qu’est une science. La première est une démarche normative, qui consiste à édicter à priori une norme de scientificité, c’est-à-dire de donner les critères qui permettent de statuer sur le caractère scientifique d’une discipline. Cette approche tend à concevoir les différentes disciplines scientifiques comme des cas particuliers d’une Science idéale, qui n’est jamais incarnée dans sa totalité. La seconde démarche est descriptive : elle consiste à analyser les différentes disciplines reconnues comme scientifiques, et à en dégager a posteriori les points communs, qui seront ensuite pris comme des critères de scientificité. Le mot « science » est dérivé du latin classique « scientia » (connaissance, et plus particulièrement connaissance scientifique, rationnelle), qui prend très tôt le même sens que le terme grec « épistémé ». Scientia vient de sciens, scientis qui signifie « qui sait », « instruit », « habile ». Il faut noter que l’emploi de l’appellation « scientifiques » pour désigner ceux qui pratiquent la science est beaucoup plus récent. En français, « scientifiques » ne sera couramment employé qu’à partir du XXe siècle, remplaçant le mot « savants ». Regardons maintenant les définitions actuelles du mot science trouvées dans quelques dictionnaires couramment utilisés : a) Définition 1 (Petit Robert) : « ensemble de connaissances, d’études d’une valeur universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminés, et fondées sur des relations objectives vérifiables. » b) Définition 2 (Larousse) : « ensemble cohérent de connaissances relatives à une certaine catégorie de faits, d’objets ou de phénomènes. » auxquelles on peut ajouter d’autres définitions, comme par exemple pour les sciences empiriques (ou sciences de la nature) c) Définition 3 : « La science est une connaissance objective qui établit entre les phénomènes des rapports universels et nécessaires autorisant la prévision de résultats (effets) dont on est capable de maîtriser expérimentalement ou de dégager par l’observation la cause.» Les définitions présentées dans ce qui précède mettent en lumière plusieurs points clés. 5 Tout d’abord, l’objet dont traite une science doit être clairement identifiée. Se pose ici le problème de la définition des frontières du domaine couvert par une discipline scientifique, et de son possible chevauchement avec d’autres disciplines. Ensuite, une science doit apporter « des connaissances » sur son objet, c’est-à-dire avoir un contenu. Pour accéder au statut de connaissance et non de simple croyance, son contenu doit être justifiable, c’est-à-dire vérifiable ou validable. Cette étape de validation, centrale dans la définition de la science dans l’acceptation moderne du terme, implique que la vérification doit pouvoir être faite par toute personne le désirant (si elle possède le bagage théorique et technique requis pour mener à bien cette opération). C’est en cela que le savoir scientifique est dit objectif : il est (idéalement) indépendant de la personne menant l’opération de vérification. Par exemple, la masse d’un objet est supposée être indépendante de la personne qui le pose sur une balance. De plus, pour que la vérification soit acceptable, il faut être capable de dire en quoi le processus de vérification mis en œuvre justifie l’énoncé scientifique que l’on cherche à justifier. Un autre caractère central de la science est le caractère universel de son contenu : la loi de la gravité est supposée s’appliquer partout dans l’univers, aussi bien hier, aujourd’hui que demain. L’espace et le temps scientifiques sont en cela homogènes 1.2. Une notion C'est l’ensemble des connaissances et des idées que l’on a d’une chose. Le mot « notion » a souvent une connotation floue, qui présuppose que le terme doit être défini davantage pour être considéré comme un concept. Une idée abstraite ou générale, le plus souvent considérée comme déjà donnée dans la langue ou dans l’esprit. C’est ce qui distingue la notion (qui n’a besoin, étymologiquement, que d’être connue ou reconnue) du concept (qu’il faut d’abord concevoir); la notion serait plutôt sa condition. 1.3. Le concept C’est une idée abstraite et générale relative à un ensemble d’objets, d’attributs, d’occurrences ou de processus. L’âge ou le nombre d’enfants sont des concepts simples, tandis que la fidélité à la marque et la personnalité d’une enseigne sont des concepts un peu plus élaborés. Un concept est le résultat d’un travail de pensée, un concept est une œuvre 6 avant d’être un outil, un concept relève d’une science ou d’une philosophie particulière. Ainsi le concept qu’il soit scientifique ou philosophique est une idée abstraite, définie et construite avec précision : c’est le résultat d’une pratique et l’élément d’une théorie. . 1.4. Un construit C’est un terme conçu dans un but scientifique précis, généralement pour organiser la connaissance ou pour donner une direction à une recherche qui tente de décrire ou d’expliquer des aspects d’un phénomène. La signification d’un construit dépend de la théorie à laquelle le chercheur fait référence. Pour savoir ce qu’un chercheur entend lorsqu’il traite du construit « attitude », il est nécessaire de connaître quelle théorie de l’attitude il utilise. Généralement, on parle de concept ou de construit, lorsqu’on fait une revue de la littérature, ou lorsqu’on présente un modèle conceptuel. Un construit, selon le contexte qui nous intéresse (les sciences sociales), c'est une caractéristique potentielle des individus que plusieurs personnes jugent suffisamment importante pour la définir et la mesurer. 1.5. Une théorie Les théories scientifiques sont tout simplement des ensembles de propositions décrivant les causes des phénomènes observés, l’utilisation commune du terme « hypothèse » était plus juste. Les théories scientifiques sont plus généralement créées par le processus d’induction, par n’importe qui, à n’importe quel moment. Les théories sont mesurées par leur capacité à expliquer les données existantes, de prédire l’avenir des preuves, et de coopérer avec d’autres théories établies. Les théories qui sont actuellement non testées ou en cours de tests, sont appelées des hypothèses. Les « hypothèses » sont généralement mieux décrites dans la plupart des définitions dictionnaires. Certaines théories sont testées et généralement acceptée par la communauté scientifique. Lorsque c’est le cas, cela devient une « loi ». En effet, une Loi Scientifique est une description concise de phénomènes observés à ce jour, une loi ne présente pas de contenu explicatif, elle ne spécifie que des phénomènes observés sans rechercher à les expliquer. 7 Ainsi, pour être prise au sérieux, une théorie doit, au minimum : Être logique et cohérente (et ne doit pas se contredire) ; Adapter les éléments disponibles concernant les phénomènes à expliquer ; Faire des prédictions précises sur les éléments de preuve est attendu pour vérifier la théorie. La responsabilité des scientifiques est de créer des théories qui expliquent les phénomènes naturelles. Toutefois, leur responsabilité ne s’arrête pas là. Ils doivent également séparer les bonnes théories des théories douteuses et verrouiller les correctes pour former un cadre cohérent. Étant donné que les bonnes théories sont susceptibles d’être vraies, la question sera maintenant de savoir comment évaluer la « probabilité ». Plusieurs auteurs ont proposé des évaluations, incluant : Explication : la théorie fournit une explication satisfaisante des phénomènes observés ; Testabilité : la théorie est compatible avec de nouvelles données ; Généralité : la théorie explique les maximums possibles ; Simplicité : la théorie ne contient pas d’éléments inutiles ; Intégration : la théorie est compatible et coopère avec d’autres théories établies. Le principal emploi d’une théorie est d’expliquer les phénomènes observés. 8