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12 octobre 2011 19650 Revue Médicale Suisse
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contact à risque. On réduit ce délai par l’utilisation de test
direct comme la virémie.
infection du système nerveux
Le diagnostic sérologique se base sur l’analyse du sérum
pour certaines atteintes virales (MEVE). Pour la neuroborré-
liose, il est indiqué de rechercher une production intrathé-
cale d’IgM et IgG spécifiques dans le liquide céphalorachi-
dien (LCR) prélevé en même temps.4 Pour d’autres patho-
gènes, on utilise la culture (méningites bactériennes) ou les
méthodes d’amplifications génomiques (méningites et encé-
phalites virales) pour obtenir une réponse rapide et spéci-
fique. Dans le cas de méningo-encéphalite herpétique, le
test de référence est une PCR en temps réel permettant la
détection de 50 copies HSV/ml de LCR. Elle est un outil
performant qui permet de docu menter l’étiologie bacté-
rienne aussi lorsque la culture est négative. Par contre,
pour le diagnostic d’une neuroborréliose, la PCR sur le LCR
est trop peu sensible ( 5-10%) et souvent inadéquate lors
d’atteintes exclusivement périphé riques (nerfs crâniens).
Dans ce cas, même la production intrathécale est rarement
mise en évidence, le diagnostic repose alors sur la seule
analyse des anticorps spécifiques du sérum.
infection chronique
Le meilleur exemple est la fièvre Q
(Coxiella burnetii)
qui
peut présenter une forme chronique grave. L’utilisation
d’antigènes différentiés (phase II maladie active, phase I
maladie chronique) pour la détection des IgM, IgA et IgG
spécifiques permet le diagnostic sérologique d’une forme
aiguë ou chronique là où aucun test direct n’est communé-
ment disponible (tableau 1).
Pour la borréliose, l’arthrite ou l’acrodermatite (ACA) est
assimilable à une infection chronique. A ce stade, les pa-
tients présentent toujours une forte réponse en IgG confir-
mée par immunoblot. Ici, un test sérologique négatif a une
valeur prédictive négative très élevée permettant d’exclure
une borréliose.
Pour exemple, prenons les atteintes cutanées à virus
herpès simplex (HSV) et varicella-zona (VZV). Sur un frottis
de la lésion, la détection de leurs antigènes par test rapide
ou de manière plus fiable d’une partie de leur génome par
la PCR
(Polymerase chain reaction)
multiplex identifie rapide-
ment l’agent étiologique. La sérologie est dans ce contexte
peu pertinente et souvent inutile.
primo-infection à igm et igg
Ce profil sérologique est fréquent et peut engendrer des
erreurs d’interprétation ; il est un défi non négligeable. Est-
ce une primo-infection au moment de l’apparition des IgG ?
Est-ce la présence de réactions croisées non spécifiques
en IgM ? Ou alors une persistance des IgM ? La répétition
de la sérologie à plusieurs jours d’intervalle peut être utile
mais difficilement décisive ; la séroconversion des IgG est
déjà présente. Il est alors d’usage d’observer l’augmentation
de quatre titres des IgG spécifiques pour documenter la
primo-infection. En réalité, les résultats de sérologie sont
souvent rendus en unités arbitraires ne permettant pas de
mesurer la proportion de l’augmentation.
Prenons pour exemple une infection commune : la mono-
nucléose infectieuse à EBV (Epstein–Barr virus). La présence
d’IgM anti-VCA avec les IgG anti-VCA correspond générale-
ment à une infection récente, et l’apparition des IgG anti-
EBNA dans les quatre à dix semaines nous en donnera la
preuve. Si les IgM sont présentes avec les IgG anti-EBNA,
il devient par contre impossible de conclure à une primo-
infection. Elle peut avoir eu lieu il y a quatre à huit semaines
ou encore plus avec une persistance anormale des IgM, mais
cela pourrait tout aussi bien être une ancienne infection
avec des IgM non spécifiques. Dans ce cas, la répétition de
la sérologie n’est pas utile car même la disparition des IgM
ne permet pas de dater l’infection. Il est par contre utile de
considérer les autres agents de la mononucléose infectieuse
dont le cytomégalovirus, la toxoplasmose, les VIH ou les
hépatites virales.
Comme autre exemple, la sérologie de la toxoplasmose
peut présenter une persistance des IgM sur plusieurs mois,
voire des années ; l’utilisation délibérée de tests de dépis-
tage excessivement sensibles en est la cause. Il est alors
nécessaire de confirmer la spécificité des IgM, ou d’utiliser
un test d’avidité en IgG qui permet d’exclure une infection
durant les seize semaines avant la prise de sang, si sa va-
leur est élevée.
séronégativité
Rappeler qu’au stade très précoce de l’infection, la séro-
négativité n’exclut pas une primo-infection. La réponse hu-
morale est toujours en décalage avec l’activité de l’agent
infectieux (figure 1). Elle dépend du pathogène, des symp-
tômes, du site d’infection ou du système immunitaire de
l’hôte. Un patient se présentant au cabinet dès les premiers
symptômes n’aura pas obligatoirement d’anticorps ; c’est ce
que l’on appelle la fenêtre sérologique. Elle est de quelques
jours pour certains virus (par exemple : Chikungunya),3 mais
exclure une infection au virus de l’hépatite C (HCV) peut
nécessiter un contrôle sérologique plusieurs mois après le
Figure 1. Schéma chronologique de la réponse
humorale suite à une infection
Le contact correspond à la pénétration du pathogène, puis les pointillés en
rouge indique la multiplication du pathogène. Les courbes de présence d’im-
munoglobulines IgM, IgG et IgA ne tiennent pas compte de particularités.
Symptômes
Jours Semaines Mois Ans
Contact
Pathogène
IgG
IgM
IgA IgA
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