10 juin 1559 par Henri II au Parlement et le supplice d’Anne du Bourg affirment avec éclat, qu’aux
yeux de la royauté, l’unité de foi est indispensable à l’État. En face du roi, maître de l’armée et allié
de l’Église, les protestants sont seuls, ou presque. Des Bourbons, l’aîné Antoine, roi de Navarre,
personnage inconsistant, ne vaut que par sa femme, l’énergique et intelligente Jeanne d’Albret ; le
cadet Louis de Condé, sans grande personnalité, aspire avant tout à jouer un rôle et encourage
l’opposition contre les Guise. La conjuration ou plutôt le tumulte d’Amboise apparaît comme une
entreprise mi-politique, mi-personnelle. Aucun ministre autorisé de la Réforme ne figure parmi les
responsables. À l’assemblée de Nantes, le chef du complot, La Renauderie, et les conjurés s’engagent
par serment « de n’attenter aucune chose contre la Majesté du Roy, prince du sang, ni estat légitime
du Royaume ». L’affaire échoue et se termine dans un bain de sang. Elle n’est pas sans importance
pour les guerres futures. L’échec a la valeur d’un exemple. Après l’expérience de politique modérée,
qui ne dure pas et se termine par l’arrestation de Condé venu à Orléans se livrer à ses ennemis, l’idée
de la résistance violente commence à se faire jour au sein des communautés protestantes, où, malgré
les principes affirmés par L’Institution chrétienne – dédiée à François Ier – tend à se préciser un
conflit entre la « cause civile » et « le pur évangile ». Cette époque reste cependant celle de
l’espérance. Au nom des fidèles qui désirent vivre selon la Réformation de l’Évangile, et
principalement ceux de Normandie, Coligny, neveu du connétable de Montmorency et grand amiral de
France, demande à l’assemblée de Fontainebleau le 23 août 1560, le droit de célébrer le culte en
certains lieux avec toute modestie et douceur. Montluc, évêque de Valence et Marillac, archevêque
de Vienne, expliquent, par les maux dont souffre l’Église, les progrès de la doctrine nouvelle. Ils en
appellent à un concile général, et, s’il tarde, à un concile national. Tout espoir n’est donc pas perdu
d’un « accommodement » entre les deux religions. Mais, profitant d’un retour de faveur dû aux
espoirs suscités par une prétendue grossesse de la reine, les Guise mettent au point un vaste plan
d’extermination de l’hérésie. Le 5 décembre 1560, François II, épuisé, meurt. Aucun des problèmes
laissés à la France par un demi-siècle de guerres extérieures n’est résolu.
2. Catherine de Médicis et la politique de modération
La personnalité de Catherine de Médicis commande la période. Mère de trois rois et de neuf enfants,
délaissée par son mari que subjuguait Diane de Poitiers, mise à l’écart par les Guise, la veuve de
Henri II prend sa revanche dès la mort de son fils. Pour l’opinion, conseillère néfaste de Charles IX,
elle porte la responsabilité de la Saint-Barthélemy. Ce crime qui fut en même temps une erreur,
événement unique en sa vie et contraire à toute sa politique, ne doit pas faire négliger ses efforts pour
la restauration de l’Etat. Elle reste une Florentine pénétrée des méthodes de Machiavel et consciente
des dangers qui assaillent le trône. S’y ajoutent, outre le courage, un amour passionné du pouvoir, un
goût prononcé pour les petits moyens qu’elle confond avec la diplomatie, une volonté calculatrice et
une patiente dissimulation. Elle ne mérite ni les mépris dont on l’a accablée, ni l’admiration dont
d’autres l’ont encensée : elle a duré et, à travers elle, tant bien que mal, l’État a survécu.
Après la mort inattendue de François II, la reine mère envoie aux Parlements des lettres closes (28
janvier 1561), ordonnant de surseoir aux poursuites judiciaires et d’élargir les détenus pour cause de
religion ; elle fait amnistier Condé, prisonnier sur parole, par le Conseil des Affaires (13 mars), et
consent à accorder à Antoine de Bourbon, roi de Navarre, premier prince du sang, le titre et les
pouvoirs de lieutenant général du royaume (24 mars). En échange de ces deux dernières concessions,
elle se fait adjuger le titre et les prérogatives de régente, qui lui confèrent la souveraineté sans