Diagnostic des états d`agitation des sujets âgés

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MISE AU POINT
Diagnostic des états d’agitation des sujets âgés
Diagnosis of agitation in the older adults
BAZIN N
RESUME ___________________________________
SUMMARY _________________________________
Cont exte : L ’apparition d’un e agitat ion chez un
sujet âgé nécessite, comme tous les autres troubles
du comportement et ce malgré parfois l’urgence de
la situation, une dém arche rigoureuse d’évaluation
et de recherche étiologique seule capable de mener
à une at tit ude thérapeutique adaptée. L ’utilisation
d’échelles évaluant le type de trouble du comporte ment, son intensité, son retentissement et les symp tôme s as s ocié s est t rès int é re ss ante à p lus ie ur s
niveaux et devrait être plus courante.
Métho de : La straté gie t hérapeutique à adopt er
devant un tableau d’agitation du sujet âgé est direc tement issue de l’enquête étiologique. Lorsque l’agi tation est due au syndrome démentiel lui même, elle
const itue un problème thérapeutique plus dif ficile.
L’approche non médicam enteus e e st fait e de bon
sens et permet s urtout d’agir de façon préventive
sur les troubles du comportement et en particulier
pour évit er les comportement s agress ifs et/ou vio lents. L’approche médicame nteus e doit être m esu rée et régulièrement réévaluée.
Conclusion : Des actions de formation des interve nants professionnels ou de l’entourage familial des
sujet s âgés ay ant des troubl es cognitif s devraient
permettre d’améliorer largement la prise en charge
de l’agitation des malades déments vivant à domici le ou en institution.
C on te xt : The o ns e t o f agit at ion l n th e aged
pati ent r equire s, as ail beh avioural disorde rs, no
matter the ur gency of the s ituat ion, caref ul exami nation and aetiological search, which alone will lead
to appropriate therapeutic action.
The use of scales to evaluate, the type of behaviou ral dis ord er, its int ens it y, its e f fect s and cons e quences as weil as the ass ociated sympt oms, is of
great interest on several levels and should be more
common.
Method : The aetiological search clearly indicat es
the therapeutic strategy to adopt, faced with behav loural disorders in an aged patient : if agitat ion is
due to dementia itself, it constitutes a more difficult
th e rap e ut ic p ro blem . Th e n on p ham ac ol ogi cal
approach is a sens ible one an d allows pre vent ive
actions for be havioural problems, mainly the avol dance of aggressive and/ or violent behaviour.
T he phar macological approach requir es measure ment and regular evaluation.
Conclusion : Programs for the training of ail pro fessional staff or family circle involved in the care of
older adult s wit h cognitive disorders should facilitate
improvement in the treatment of demented patients
living at home or in institutions.
Mo t s -clé s : S y n d r om e d é m en t i el - M al ad e s
déments.
Key words : Dementia itselft - Demented patients.
Revue de Gériatrie 2002;27:451-456
S er vic e H o s p it a lo - U n iv er s i ta i r e de Ps yc h i a tr ie, C e n tr e Ho s p ita l ie r d e
Versailles.
La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°6 JUIN 2002
Article reçu le 02.04.2002- Accepté le 05.04.2002.
451
Diagn os tic des états d’agitation des s ujets â gés
ort e d’e nt rée trè s fré que nt e de nombre ux
tableaux cliniques aussi variés que le globe urinaire ou l’état dépressif, les troubles du comportement du sujet âgé nécessitent une recherche étiologique m inut ie use e t complèt e, s eule cap able de
mener à une att itude thérapeutique adaptée. L’agitation est, parmi les troubles du comportement, celui qui
est le plus fréquem ment rapporté. I l s’agit d’une «augm ent a tion dés ordonn ée de l’ a ct ivité m o tric e «qui
d’emblée est considérée com me «anorm ale» et «gênante»,
suscitant rapidement une demande d’aide de la part de
l’entourage. La difficulté de la démarche diagnostique est
lié e au fait que les causes d’agitation sont très nombreuses et variées, psychiatriques ou non psychiatriques
et une difficulté supplémentaire est liée au caractère souvent urgent de la situation, notam ment en cas de mise
en danger du patient et/ou de son entourage.
Les problèmes à la fois diagnostiques et thérapeutiques
posés par les états d’agitation du sujet âgé en général
sont exacerbé s chez le sujet a tteint de dé mence. En
effet, le diagnostic étiologique est plus difficile à faire du
fait des difficultés de comm unication avec le patient
majorés par ses troubles mnésiques. Pourtant toutes les
étiologies rencontrées chez les sujets âgés non déments
peuvent aussi se rencontrer chez les sujets déments et
doivent donc être consciencieusement explorées. Aussi,
che z un s uje t â gé dé m en t , ce n ’e s t que lor s que
qu’aucune étiologie n’est retrouvée et alors que cette
recherche étiologique es t régulièrem ent repris e et le
diagnostic réévalué, que l’on peut attribuer un trouble
du comportement à une manifestation de la démence
elle-même. Se pose alors une seconde difficulté : celle
du traitem ent. L’approche m édicam enteuse est toujours la pre mière é voquée alors que l’ a pproche non
médica menteuse du trouble peut êt re plus efficace et
peut éviter au patient d’être exposé au risque d’effets
indésirables des médicaments. Le plus souvent c’est la
double approche qui est mise en oeuvre et l’adéquate
combinaison des deux approches la plus efficace durablement.
pres cription d’un anxiolytique pour une angoisse liée
elle même à un syndrome dépressif… ). Ces situations
sont très fréquentes en gériatrie et on pourrait m ultiplier et complexifier les exe mples sans pour aut ant
s’éloigner de la réalité clinique. Il est évident qu’il est
im possible d’établir une liste exhaustive de s étiologies
possibles d’un état d’agitation chez le sujet âgé.
Sur le plan psychiatrique, c’est bien sûr avant tout les
élément s dé lirants qu’il faut rechercher. Une description sémiologique précise est indispensable : délire aigu
ou chronique, mécanismes m is en jeu (hallucina tion,
interprétation, imagination ou illusion), thèmes délirants
(de persécution, de jalousie, de spoliation, mégalomaniaques, de filiation …). Outre l’aide diagnostique, cette
description sémiologique précise permettra de suivre au
mieux l’évolution des t rouble s. La m ise e n évidence
d’éléments délirants et leur description ne suffit pas : le
cadre étiologique de survenue de ce délire doit être
ensuit e s oigneus ement é tudié e n replaçant le dé lire
da ns s on context e plus global. La confusion ( délire
riche onirique, souvent à mécanisme hallucinatoire), la
démence (délire souvent pauvre, interprétatif et/ou hallucinatoire accompagné de troubles cognitifs marqués),
la décompensation d’une psychose ancienne et surtout
la dépression (un délire inaugural chez le sujet âgé sans
ant écédents psychiatriques e ntre le plus souvent dans
ce cadre diagnostique) sont les diagnostics les plus fréquemment retrouvés.
Il faut insister sur la dépression qui est particulièrement
fréquente dans les contextes d’adaptation secondaire à
un changement de vie (deuil, placement, handicap…),
que le sujet âgé soit dément ou non. La dépression est
souve nt s ource d’agitation voire de comporte me nt s
agressifs lorsqu’il existe des éléments délirants en rapport avec la dé press ion (1). Les mécanismes de ce s
délire s dépressifs sont le plus souvent interprétat ifs,
parfois ha llucinatoires (hallucinat ions auditives) e t les
thèmes de persécution, de préjudice, de spoliation sont
les plus fré quents. Mais la dé pression peut a ussi être
source de comportement agressifs en dehors de toute
idée délirante. Ainsi Lyketsos a montré que les comportements d’agressivité physique des patients atteints de
ma ladie d’Alzheime r ét aie nt plus fortem ent liés aux
symptômes dépressifs qu’ aux délires et aux hallucinations (2).
Il faut aussi rappeler que l’étiologie de symptômes psychiatriques source d’agitation, n’est pas toujours psychiatrique surtout chez le sujet âgé. Les exemples sont très
nombreux : l’épisode maniaque même typique peut avoir
une étiologie som atique ( iat rogène, lésion cérébrale,
troubles endocriniens…), les hallucinations peuvent être
liées à un déficit sensoriel (syndrome de Charles Bonnet
avec hallucinations visuelles liées à une baisse de l’acuité
P
RECHERCHE ÉTIOLOGIQUE ___________________
La recherche étiologique à mener devant une agitation
chez un sujet âgé nécessite une démarche rigoureuse
avec plusieurs niveaux d’analyse : nive au symptomatique, syndromique et étiologique. La déma rche peut
être simple ( exemple d’une a git ation révéla trice d’un
globe urinaire ou d’une douleur profonde) ou complexe
(exemple d’une agitation issue d’un délire onirique dans
le cadre d’une confusion d’origine iatrogène liée à la
La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°6 JUIN 2002
452
Vertiges - Déficit cognitif pathologique*
équilibre
mémoire
transmission
d’information
neurotransmetteur
N OOTROPYL 20 %, solutio n b uvable en fla con. NOOTROPYL 1,2 g/6 ml, solution buva bl e en ampoules. NOOTROP YL 800 mg
comprimé pe lliculé. NOO TROPY L400 mg,g élule. NOO TROPYL 1 g/5 ml et NOOTROPY L 3 g/15 ml, solution injectable en ampoules.
CO MPOSI TION : NO OTROPYL 20 % : pir acétam 20 g, excipie nts(dont so rbitol , gl ycérol, acétate de sodium) q.s.p.100 ml.
N OOTROPYL 1,2 g/6 ml : piracétam 1200 mg, excipien ts (dont so rbitol, glycérol, acét ate de sodium) q.s.p. 1 a mpoule de 6 ml.
NO OTROP YL 800 mg : piracétam 800 mg, excipient sq.s.p. 1co mp rimé.NOOTROP YL400mg : piracé tam 400 mg,e xcipients(do ntla ctose,
a nhyd rid e sulf ureux (E 220), jaun e orang é S (E 110)) q.s.p . 1 g élule. NOOTRO PYL 1 g/5 ml : piracétam 1 g, e xcipient s
(acét ate de sodium, acide acét ique,e au pour pré parationsinjectables) q .s.p. 1 ampoule de 5 ml. NOOTROPYL 3 g/15 ml :piracé tam 3 g,
excipients(acétate de so dium, acide acétiq ue, eau pour préparationsin jectables) q.s.p. 1 a mpoule de
1 5 ml. DONNÉES CLINIQUES : Indicati ons thérapeutiques : C hez l’ adulte : • Tra itement
d’a ppoint à visée symptoma tique du dé ficit patholo gique cognit if et neuro -sen soriel chronique du sujet
âgé (à l’exclu sio n de la maladie d’Alzheimer et de sautres démences) [formesora les]. • Proposé dans
l es suites d’ accidents vasculaires cérébrau x ischémique s [toute s formes]. La voie parenté rale sera
utilisée lorsque la voie oraleest impossible. • Amélioration symptomatique desve rtiges[formesora les].
• Myoclonie sd’origine cort icale [solutio n b uvab le en fla con]. Chez l’e nfant de plusd e 30 kg(soit à
pa rtir d’environ 9 a ns) : Traitement d’app oint de l a dyslexie [formes ora le s]. Posol ogie et mode d’administration*: La
po sologie usue lle du piracétam e st : • d ans le d éficit path ol ogique cognitif et neu ro-se nsoriel chronique d u sujet âgé et da ns le s
verti ges: 2,4 g/j our en 3 prises (ma tin, mid i et soir) ou 2 prises (matin et so ir) pour l es ampoules b uvab les. • dans le ssu ites
d’a ccid entsvasculairescéréb raux ischémiques : 3 g/jour en 3 prises. • dans la dyslexie : 50 mg/kg/jour en 3 prises. Chez l’enf ant,
la solution buvable en flacon est mieux adaptée. • da ns les myoclonie s: le traitement se ra instauré à la dose de 6 à 8 g par jour
suivant l’état d u patien t. Augme ntation poso logique par palier de3 gt ousles3 jours, jusqu ’à obtention du b énéfice clinique atte ndu et
en fonct ion de la toléran ce. Ne p asdépasser la dose de 24 g pa r jour . Contre-indications : Ce médicament n e doit pasêt re u tilisé
da ns les situa tionssuivantes : - Hy persensibilité au piracé tam ou à l’ un des composa ntsdu médicament. - Insuf fisance rénale s évè re.
Précautions d’emploi : En casd ’insuff isa nce réna le légè re à modérée, les doses se ront diminuéese t/ou espacéessi la clairance de la
créatinine e st inf érieure à 60 ml /m in (C f propriétés pha rmacocinét iq ues). [Gélule] e n raison de la pr ésence de la ctose, ce
médicament est contre- indiquéencasdegalactosémie cong énitale ,desyndrome de malabsorption du glucose ou du ga lactose ou de déficit en lactase. [Solutionsbuva bles] en raison dela présen ced esorbitol, ce méd icamentest contre -indiqué en casd’ intoléranceaufructose.
Grossesse et allaitement* : En l’absence de d onné es cliniques pertinentes, l’utilisation du piracé tam e st déco nseil lée
penda nt la gr ossesse et l’ allait ement. Effets sur l’aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines* - Effets
indésirables : • nervo sité, ag itation , in stab ilité, troub les du so mmeil, • troub les gastro-intestinaux :
nausées, vomisse ment,d iarrhée, gastralgies.[ S olution sbuvable s] en raison de la présence de sorbitol dans
la so lut ion : po ssib ilité de gastralgieset de diarrh ées. PROPR IÉTÉS PHARMACOLOGIQUES :
Propriétés pharmacodynamiques* : P SYCHO STIMU LANT ET NOOTROPE (N : S ystè me Ner veu x
C ent ral ) Propriétés pha rmacocinét iques* - Données de séc urité précli nique*DONNEES ADMINISTR ATIVES : NOOTROPYL 20 % : 125 ml e n flacon (verre brun) avec p ipette
grad uée : AMM 320 955.1 - 5,49 e (CTJ: 0,53 à 0,66 e) NOOTROP YL 1,2 g/6 ml : 6 mlen ampo ule
(verre) - 30 ampoules: AMM 331 441.4 - 9,33 e (C TJ: 0,62 e) NOOTROPYL 800 mg : 45 compr imés pe lliculés so us pla quettes
thermof ormées(PVC/Alu) : AMM 326 637.1 - 9,18 e (CTJ: 0,61 e). NOOTROPYL 40 0 mg :60 gé lulessouspla quettest hermoformées
(P VC/Alu) : AMM 313 056.5 - 5,72 e (CTJ: 0,57 e). NOOTROPYL 1 g/5 ml: 5 ml en ampo ule (verre) - 12 ampoules- AMM 313 057.1
- 4,38 e(CTJ : 1,09 e) -60 ampoules (modèle hospitalier) :AMM 553 043.5.NO OTROPYL 3 g/ 15 ml : 15 ml en amp oule (verre ) 20 amp oules(modèle hospitalier) : AMM 551 952.8 • Liste I I. Remb. S .S. 35%. Co llect. TITULAIRE DE L’AMM UCB P harma S.A. 21 rue de N euil ly - 92003 Nant erre - T él : 01 47 29 44 35 DATE DE RE VI SION :
Juin 1998 -* Po ur un e inf orm ati on com pl è te, co nsul tez vot re di cti onn air e V id al.
* Amélioration symptomatique des vertiges - Traitement d’appoint à visée symptomatique du déficit pathologique cognitif et neuro-sensoriel chronique
du sujet âgé (à l’exclusion de la maladie d’Alzheimer et des autres démences).
Diagn os tic des états d’agitation des s ujets â gés
Tableau 1 : Evaluation de l’agitation/agressivité à partir du
du NeuroPsychiatric Inventory (NPI).
Table 1 : Evaluation o f agitated/aggress ive behavlou rs throu gh th e
Neuro Psychiatric Inventory (NPI).
visuelle) etc… La réponse à ces troubles ne consiste
pas à prescrire des médicaments psychotropes.
Item Agitation/Agressivité du NPI :
Y-a-t-il des périodes pendant lesquelles le patient/la patiente refuse de coopérer ou
ne laisse pas les gens l’aider ? Est-il difficile de l’amener à faire ce qu’on lui demande ?
ÉVALUATION DE L’AGITATION ________________
L’utilisation d’échelles évaluant les troubles du comportement est intéressante à plusieurs niveaux. En premier
lieu, elle perm et la mise en place e t l’utilisation d’ un
langage com mun fa vorisa nt la com munica tion et la
cohésion entre les différents membres de l’équipe soignante pour les patients en institution, et entre les différents intervenants auprès des patients vivant à le ur
domicile. L’utilis ation d’une é chelle perm et, dans le
mêm e temps, d’ obtenir une description sémiologique
précise, qui aide l’approche diagnostique et étiologique.
Parlant tous le même langage et ayant bien décrit les
symptômes, il e st plus facile de pos er un diagnostic
puis d’assurer un suivi évolutif précis qualitatif et quantitatif portant à la fois sur les symptômes et l’efficacité
des thérapeutiques entreprises. Par ailleurs, il est fréquent de constater qu’en institution, l’évaluation précise
des com portem ents d’agitat ion pe rm et sensibleme nt
d’éviter les comportements de rejet inhérents à ce type
de trouble du comportement (3).
Il existe deux types d’échelles pour évaluer l’agitation
des sujets âgés déments : les échelles d’éva luation de
l’agitation et les échelles évaluant l’ensemble des symptômes dits «psycho-comportementaux ". Ces dernières
sont des échelles de recueil de données qui se situent à
un nive au p ur em e nt de s cript if, m e tt ant a u mê me
niveau des données de natures très différentes et obligeant à mettre en place une démarche compréhensive
des troubles dans un second temps. Par exemple, l’agitation ( symptôme observé) peut être en rapport avec
des idées délirantes de persécution (symptôme retrouvé
à l’int errogatoire), elles mêm es entrant da ns le cadre
d’un syndrome dépressif (niveau diagnostic étiologique).
si la réponse est oui, posez les questions complémentaires indiquées ci-dessous
oui
non
2. Le patient/la patiente est-il/elle but(é)e, exige-t-il/elle que tout
soit fait à sa manière ?
oui
non
3. Le patient/la patiente est-il peu coopératif(ve) et refuse-t-il/elle
l’aide qu’on lui apporte ?
oui
non
4. Le patient/la patiente a-t-il/elle d’autres comportements qui font
qu’il n’est pas facile de l’amener à faire ce qu’on lui demande ?
oui
non
5. Le patient/la patiente crie-t-il/elle ou jure-t-il/elle avec colère ?
oui
non
6. Le patient/la patiente fait-il/elle claquer les portes, donne-t-il des
coups de pieds dans les meubles ou lance-t-il/elle des objets ?
oui
non
7. Le patient/la patiente essaie-t-il/elle de frapper les autres ou de
leur faire du mal ?
oui
non
8. Le patient/la patiente montre-t-il/elle d’une autre façon son
agressivité ou son agitation ?
oui
non
Pour chaque réponse positive, déterminez la fréquence et le degré de gravité.
( quelquefois, as sez souve nt, fréque mme nt, très fré que mm en t ) e t e n gr a vi té ( pe r t urba t io n lé gè r e ,
moyenne, importante) . Par aille urs, il existe un item
Com portement Moteur Aberrant défini par la question :
«le pa tie nt fait-il les cent pas, re fait -il s ans cess e les
même choses comme ouvrir les placard ou les tiroirs,
ou tripoter sans arrêt des objets ou enrouler de la ficelle
ou du fils ?».
L’Inventaire Neuropsychiatrique (NPI) est l’échelle
la plus utilisée dans ce domaine. Elle a été conçue par
Cumm ings et ses collaborateurs (4) et traduite en français par Robert et ses collaborateurs (5). Cette échelle
évalue 12 domaines comportementaux parmi lesquels
l’item Agitation/Agressivité. Cet item est défini par la
question principale : «Y-a-t-il des périodes pendant lesquelles le patient refuse de coopérer ou ne laisse pas
les ge ns l’aider ? Est-il difficile de l’amener à faire ce
qu’on lui demande ?» et 8 questions qui permettent de
précise r ce com port ement dans la vie quot idienne
(tableau 1). Chaque question est évaluée en oui (symptôm e présent) /non (symptôme absent), en fréquence
La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°6 JUIN 2002
1. Le patient/la patiente est-il/elle agacé(e) par les personnes qui
essayent de s’occuper de lui/d’elle ou s’oppose-t-elle à certaines
activités comme prendre un bain ou changer de vêtements ?
La Behavior Patholo gy i n Al zhe imer’s Disease
Rating Scale (BEHAVE-AD ) est aus si une é chelle
d’évaluation comportem ent ale globale (6,7). Elle comporte six grands domaines parmi lesquels on retrouve
l’item Agressivité qui distingue les Accès verbaux, les
Menaces physiques et/ou Violences et l’Agitation sans
plus de précision sémiologique. Par ailleurs, il existe un
item Trouble des Activités dans lequel figure les comport ements de Fugue, les Activit és sans objet et les
Activités inappropriées.
454
D iagnos tic d es états d’agitatio n d es su jets âgés
Tableau 2 : Echelle de Cohen-Mansfield.
Table 2 : Cohen-Mansfield Scale.
La Cohen-Mansfield Agitation Inventory (CMAI)
est une échelle d’évaluation spécifique des manifestations d’agitation observées en intitution (8). Les auteurs
définissent l’agitation comme une «activité inappropriée
qui n’est pas jugée par un observateur extérieur comme
résultant directement des besoins ou de la confusion de
la personne agitée». Ils distinguent Agitation Physique
et Agita tion Verbale, chacune ass ociées ou non à de
l’ Agre ssivité et recense nt 29 com portements d’agitation différents (tableau 2) .
Agitation physique non agressive
1. Cherche à saisir
2. Déchire les affaires
3. Mange des produits non comestibles
4. Fait des avances sexuelles physiques
5. Déambule
6. Se déshabille, se rhabille
7. Attitudes répétitives
8. Essaie d’aller ailleurs (fugues)
9. Manipulation non conforme des objets
10. Agitation généralisée
11. Recherche constante d’attention
12. Cache des objets
13. Amasse des objets
En com parant ces trois instrum ents parmi de nombreux autre s, on ne pe ut que consta ter que sous le
mêm e terme d’Agitation, les symptômes évalués sont
très différents d’une échelle à l’autre, les auteurs n’utilisant pas tous la m ême définition du terme. Ainsi par
exe mple le NPI définit l’ a gitat ion plutôt com me un
co m po rt e me nt d’ op po si ti on e t no te so us l’ it em
Comportem ent Moteur Aberrant ce que l’on retrouve
dans l’Agitation Physique Non Agressive de la CMAI ;
la fugue est com prise dans l’agita tion pour la CMAI
alors qu’elle ne l’est pas pour le NPI ou la BEHAVEAD …
Il en ressort qu’il est indispensable pour toute étude sur
l’agitation, de faire état précisément de l’instrument de
mesure utilisé : l’agitation mesurée par la NPI n’est pas
semblable à l’agitation évaluée par la CMAI .
Agitation verbale non agressive
14. Répète des mots, des phrases
15. Se plaint
16. Emet des bruits bizarres
17. Fait des avances sexuelles verbales
Agitation et agressivité physiques
18. Donne des coups
19. Bouscule
20. Mord
21. Crache
22. Donne des coups de pied
23. Griffe
24. Se blesse, blesse les autres
25. Tombe volontairement
26. Lance des objets
PRÉVALENCE DE L’AGITATION ________________
Agitation et agressivité verbales
27. Jure
28. Est opposant
29. Pousse des hurlements
Plusieurs ét udes ont cherché à évaluer la fréquence
d’a pparition de l’agita tion chez le s s ujets âgés. Le s
rés ult ats ne s ont pa s tous concordant s : s elon le s
études, de 10 à 90% de pat ients dém ents prés ent eraient ce trouble (9,10) du fait surtout des difficultés d’évaluation du trouble que nous avons mentionné plus haut.
Il semble néanmoins que ce trouble est d’autant plus
fréquent que la démence est sévère, que son apparition
est aussi fréquente e n ins titut ion qu’en a mbulatoire
puisque s on apparit ion a u domicile es t e n lui-m ême
source d’institutionnalisation des patients (11).
Une étude américaine réce nte (12) faite en population
générale, portant sur 5092 sujets âgés de plus de 65
ans repré sent ant 90 % de la p opulat ion âgée de la
région étudiée, permet de présenter ces données chiffrées. Elle montre que l’agitation mesurée avec le NPI
est retrouvée beaucoup plus souvent chez les suje ts
âgé s déments que chez le s s ujet s âgés non dém ents
( 23, 7% vers us 2, 8%), d’autant plus s ouvent que la
dém ence est plus évoluée (12,7% dans les démences
La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°6 JUIN 2002
Pour chaque item, la cotation est faite en 7 points en fonction de la fréquence du
trouble:
O : non évaluable ; 1 : jamais; 2 : moins d’une fois par semaine ; 3 : une à deux
fois par semaine ; 4 : quelques fois au cours de la semaine ; 5 : une à deux fois par
jour ; 6 : plusieurs fois par jour ; 7 : plusieurs fois par heure.
légères, 24,4% dans les démences d’intensité moyenne
et jusqu’à 28,6% da ns les démences sé vères selon la
classification de la CDRS), plus souvent s’il s’agit d’une
dé mence vas culaire qu’une dém ence type Alzheimer
( 32,3% versus 22,4%). C’est le trouble du com portement le plus fréquemment retrouvé chez les sujets âgés
dém ents après l’apathie (2 7,4 %) a lors que chez les
sujets âgés non déments il apparaît au 5 ° rang après la
dépression (7,0%) l’anxiété ( 5,6%), l’irritabilité (4,5%)
et l’apathie (3,1%). Aarsland a montré que les compor455
Diagn os tic des états d’agitation des s ujets â gés
tements d’agressivité chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer étaient plus corrélés aux hallucinations
qu’aux délires : les sujets ayant des hallucinations ont
des comportements agressifs dans 67% des cas contre
29% des cas chez les patients délirants sans hallucination, et que l’ agressivit é physique serait plus liée aux
hallucinations tandis que l’agressivité verbale serait plus
liée aux idées délirantes (13).
sont fréquents che z les sujets présentant des troubles
du comportement de ce type , mais ils ne résument pas
à eux se ul les contextes ps ychiatriques à l’origine de
l’agita tio n. La déma rche clinique et l’ana lys e de s
trouble s du comportem ent doivent être soigneuse et
dé taillée, et il faut t oujours re che rche r de s facteurs
déclenchants sur lesquels il est possible d’agir. L’attitude thé ra peut ique doit to ujours débute r p ar une
ap proche non mé dica m ent euse , e t le re cours aux
mé dicaments psychotropes , s’il est néces saire, doit
intervenir dans un second temps, après avoir cerné les
affections neurologiques ou psychiatriques en cause et
le context e ps ychologique et environnem ental dans
lequel ces troubles surviennent. L’approche préventive
pa r la for ma tion des s oigna nt s et l’é ducat ion de s
aidants familiaux est aussi une approche importante. ■
CONCLUSION __________________________________
Les états d’agitation sont fréquents en pratique gériatrique et posent de nombreux problèmes diagnostiques.
Les troubles cognit ifs et en particulier les dém ences
RÉFÉRENCES __________________________________
12-
3-
4-
5-
6-
7-
891011-
12-
13-
La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°6 JUIN 2002
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