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indemnisé d’une part, de la hausse des prélèvements obligatoires d’autre part. (Adair, 1989) Cependant,
une partie non négligeable du travail en noir en Egypte s’explique par le faible revenu des fonctionnaires
plutôt que par la hausse des prélèvements.
Par économie souterraine, nous entendons l’ensemble des activités économiques qui échappent plus ou
moins totalement aux contrôles légale, fiscale et statistique de l’Etat. Dans cette définition, il y a deux
termes clefs : activités économiques et contrôle de l’Etat. Sans Etat ou plutôt sans sa volonté de contrôle,
son regard inquisiteur, il n’y aurait pas d’économie souterraine, pas de statistiques officielles et qui plus est,
pas de lois à transgresser, ni de taxes à éluder. (Pestieau, 1989). L’économie informelle est associée à la
pauvreté urbaine, à l’activité artisanale ou encore à la taille des unités de production. Le secteur informel
est caractérisé par l’absence de syndicats, de revenus fixés institutionnellement, de contrat de travail et de
protection de la part du gouvernement.
2.2. Importance de l’économie informelle dans les pays en développement
Dans un livre paru en 1987, et depuis largement diffusé et débattu à travers toute l’Amérique latine,
Hernando de Soto annonce la couleur de titre : L’Autre Sentier. La révolution informelle (H.de Soto, El
Otro Sendero, 1987) Les mutations pourraient se faire grâce à l’économie informelle bien que plus que par l’action
révolutionnaire de mouvements armés tels que le Sentier Lumineux. Citons ainsi cet extrait du Bulletin
hebdomadaire de la Kredietbank belge, 38-1982) : « Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’existence
d’activités souterraine implique aussi une série d’avantages pour l’économie. Sans activités noires, certaines
entreprises perdraient leur compétitivités ou ne pourraient plus réagir avec toute la souplesse voulue aux
nouveaux développements et seraient condamnées à disparaître. Les activités souterraines contribuent
aussi à accroître l’efficience d’une économie. Par le mécanisme de la libre fixation des prix et l’absence
d’encombrantes réglementations, il est possible d’exercer certaines activités dans l’économie souterraine,
ce qui n’est plus le cas dans l’économie officielle exagérément réglementée et nivelée. L’économie
souterraine a donc une fonction salutaire en tant que bouée de sauvetage sociale et économique. Si
l’économie souterraine venait à disparaître, un certain nombre de citoyens émigreraient avec leur talent,
leur capacité de travail et leur patrimoine. Certains chômeurs, privés d’activités parallèles, auraient du mal à
supporter psychologiquement une inactivité prolongée. Une série d’activités utiles ne seraient plus
exercées parce que dans le circuit officiel les coûts sont prohibitifs ».
Il y a de tout dans ces deux paragraphes on ne peut plus exemplaire de ce qui se colporte sur les bienfaits
de l’économie souterraine. Elle est ici comparée à une bouée de sauvetage ; ailleurs, on parlera de potion
magique, de planche de salut, de saint-bernard, de solution miracle ou encore de trop de seule issue pour
nos sociétés en détresse, malades de trop de fiscalité et de réglementation. (Pestieau, 1989).
L’ampleur de l’économie informelle est bien importante pour les pays en développement en comparaison
avec les pays développés. Certains analystes partagent le même point du vue (Pestieau, 1989) on
soulignant que dans les pays occidentaux, une réduction de l’importance des activités souterraines ne
modifierait pas fondamentalement la structure de l’économie ; elle contribuerait à plus d’équité et plus de
bien-être pour l’ensemble de la collectivité. En revanche, la suppression de l’économie informelle dans les
pays en développement aurait sans doute des conséquences incalculables sur le niveau de vie de la majorité
des ménages. C’est parce que, dans ces pays, le secteur souterraine joue un rôle complémentaire essentiel.
Il fournit des biens et services que l’on ne trouve pas dans le secteur officiel ou que l’on trouve, mais en
quantité insuffisante, de qualité médiocre ou à des prix prohibitifs.
Rappelons le cas du Pérou qui est douté d’une économie parallèle importante, composée de petites
entreprises opérant pour la plupart à Lima. Quelques chiffres pour donner un ordre grandeur de cette
économie informelle au Pérou : elle représente grosso modo 40% du PIB du Pérou et occupe la moitié de
la population active à temps plein ou à temps partiel : en heures de travail, cela équivaut à 60% du total
national (Pestieau, 1989). Le Pérou n’est pas le seul pays d’Amérique latine à posséder une économie
informelle aussi omniprésente. Plusieurs enquêtes ont constaté que pour toute l’Amérique latine, la main-
d’œuvre informelle représentait 42% de la population active totale en 1980. Ce chiffre varie de pays à pays.
Il est de 56% au Pérou, 46% au Brésil, 29% au Chili et 26% en Argentine. (Pestieau, 1989). Le secteur
informel est la plus importante source de revenus des pauvres et 74% des 10% les plus pauvres y
travaillent selon une enquête réalisée en 1990. (Tokman, 2007).
3. L’Economie informelle en Egypte
La situation actuelle en Egypte est préoccupante autant sur le plan politique qu’économique et social.
Malgré quelques signes macro-économiques positifs durant l’année fiscale 2012/2013, son économie
atteint la cote d’alerte : chut des réserves de change, dégradation de notes des agences de notations, taux