58 AVRIL 2016 Conjoncture économique et financière du 1er trimestre 2016 Le début de l’année 2016 a été caractérisé par une résurgence de la crise estivale de 2015 : la croissance chinoise a de nouveau inquiété, le yuan a repris sa dépréciation face au dollar tandis que le prix du pétrole s’est encore corrigé. Ce contexte a sensiblement dégradé les conditions monétaires et financières. Celles-ci se sont toutefois améliorées à partir de mifévrier à la faveur i) de l’annonce de la banque centrale de Chine quant à la volonté de stabilisation du yuan (écartant, par là même, les craintes de guerre des changes), ii) d’un rebond du prix du pétrole (dans l’espoir, qui reste à concrétiser, d’un accord prochain de réduction des quotas de la part des producteurs) et iii) du soutien des banques centrales (la BCE et la Banque du Japon assouplissant leur politique monétaire, la Réserve Fédérale promettant, de son côté, d’être plus graduelle qu’initialement anticipé dans sa normalisation monétaire). Macroéconomie L’amélioration de la croissance économique mondiale espérée en 2016 est sujette à caution. La dégradation de l’activité en Chine reste un thème de forte préoccupation. Les indicateurs du 1er trimestre sont mitigés, sans pour autant que ne soit constaté un décrochage. Le ralentissement n’est pas seulement conjoncturel : il est également structurel et le nouveau rythme de croissance de long terme de l’économie est de près de moitié inférieur à la croissance des 20 dernières années. La comparaison entre ce nouveau régime et les prévisions du consensus montre que ce changement n’est pas encore tout à fait intégré : la Chine va donc rester un sujet de préoccupation et de risque pour les investisseurs. Mondialement, s’il y a un risque que l’année 2016 soit moins bonne que 2015, les prévisions de croissance mondiale pour 2016 restent en ligne avec la croissance de 2015. Graphique 1 : Offre et demande mondiale de pétrole (million de barils/jour) Source : US Département de l’énergie, Bloomberg, DSTRAT En France, le PIB s’est inscrit en hausse de 0,3 % T/T au 4ème trimestre 2015, proche du rythme de la tendance de fond qui caractérise la dynamique de l’activité depuis la sortie de récession du 1er semestre 2014 (progression de 0,3 % par trimestre). Sur un an, le PIB progresse de 1,4 %, rythme qu’il n’avait pas atteint depuis 2011. Si l’investissement en construction des ménages reste en contraction, et ce pour le 10ème trimestre consécutif, le redressement graduel de l’investissement des entreprises se confirme. L’acquis de croissance pour 2016 s’établit à + 0,4 % à la fin de 2015. Il faudrait un rythme de croissance trimestrielle légèrement supérieur à 0,4 % pour atteindre la prévision gouvernementale de croissance annuelle de 1,5 % en 2016 : l’objectif n’est pas inatteignable mais il apparaît, à ce stade, comme un « haut de fourchette ». Les prévisions du gouvernement étaient proches des anticipations et prévisions de place lors de son élaboration à l’automne dernier, elles sont maintenant supérieures à celles du consensus ou des institutions internationales (FMI : 1,1 %, Commission européenne : 1,3 %). L’inflation est de – 0,2 % sur un an en mars et, en l’absence de remontée des prix énergétiques, elle restera faible et proche de 0 % dans les mois à venir. Graphique 2 : Anticipation des investisseurs en mars 2016 des taux 3 mois à différentes échéances (%) 0,30 0,20 Marchés financiers 0,10 Les marchés financiers ont été sujets à beaucoup de volatilité, en particulier sur le marché des actions (reflétant les craintes sur la croissance mondiale) et les marchés des changes (du fait des nombreux ajustements monétaires). Nous décrivons, depuis plusieurs trimestres dans ces notes de conjoncture, des prix d’actifs qui augmentent plus que ne le suggèreraient leurs fondamentaux intrinsèques, grâce au soutien qu’exerce la liquidité sur la valorisation des actifs. La donne évolue, la liquidité mondiale n’est plus aussi généreuse qu’elle ne l’était, avec l’arrêt de la création monétaire (Royaume-Uni, Etats-Unis) et la baisse des réserves de change (Chine, pays producteurs de pétrole). Dans ce contexte, le CAC 40, après avoir baissé de 16 % jusque mi-février, finit le trimestre en recul de – 5,4 %. Le taux OAT 10 ans reflue de 60 pb à 0,40 %, du fait de la hausse de l’aversion pour le risque qui profite à l’obligataire le moins risqué, de la baisse des taux directeurs et du reflux de la prime d’inflation contenue dans les taux longs. 0,00 mars-2016 mars-2017 mars-2018 mars-2019 -0,10 -0,20 -0,30 Source : Bloomberg Perspectives Dans les mois à venir, la stabilisation du prix des matières premières et l’absence de forte dévaluation de la devise chinoise sont importantes pour éloigner les risques de résurgence d’une crise financière telle que vue en début d’année, dont on pourrait craindre qu’elle finisse par avoir une emprise sur la croissance en zone euro. Les risques géopolitiques sont particulièrement nombreux (au Moyen-Orient, en Europe avec le Brexit, la gestion de la crise migratoire) et sources de volatilité pour les marchés financiers. > Indicateurs clés au 31/03/2016 La croissance est attendue en amélioration en 2016 par rapport à 2015 pour les pays développés mais il y a eu des révisions baissières au 1er trimestre. En France, la croissance n’est plus attendue qu’entre 1,1 % (FMI) et 1,3 % (Commission européenne, consensus Bloomberg). En zone euro, la politique monétaire de la BCE est durablement accommodante : les taux courts devraient rester longtemps proches de 0 %. Les achats d’obligations par les banques centrales devraient maintenir les taux longs à des niveaux historiquement bas. 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