63 OCTOBRE 2016 Conjoncture économique et financière du 3e trimestre 2016 La croissance mondiale est peu dynamique. Si la situation des économies émergentes semble moins préoccupante, à l’aune de la stabilisation du marché des matières premières et, jusqu’à présent, de la maîtrise des risques qui pèsent sur l’économie chinoise, la conjoncture des pays développés déçoit. Macroéconomie L’évènement qui a dominé l’actualité au cours du e 3 trimestre est l’issue du référendum britannique en faveur d’une sortie de l’Union européenne (UE) suite au vote du 23 juin. L'activation de l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui précise les modalités d'un retrait volontaire et unilatéral de l’UE, dans une période de deux années voire davantage, et qui permettra de définir le nouveau cadre de coopération, n’aura pas lieu avant début 2017. Sur le plan économique, il est encore trop tôt pour mesurer précisément l’emprise du choc sur l’activité mais les autorités monétaires ont décidé d’agir dès à présent en assouplissant les conditions de financement de l’économie pour limiter le choc de confiance dû à la longue période d’incertitude qui s’ouvre, et pour en atténuer les conséquences sur l’activité. Les anticipations font état d’une croissance qui sera plus faible, particulièrement en 2017, d’un taux de chômage qui sera en conséquence plus élevé et d’une baisse du pouvoir d’achat des ménages, due à l’inflation importée générée par la dépréciation de la livre sterling face au dollar et à l’euro suite au référendum. Source : Insee e En France, le PIB s’est replié de –0,1 % au 2 trimestre er après une hausse de 0,7 % au 1 trimestre : sur un an, la croissance s’établit à +1,3 %. Ce « coup d’arrêt » est e à relativiser. Un 2 trimestre moins prolifique que le er 1 était attendu, pour plusieurs raisons : i) le er 1 trimestre a précisément été très bon, il convient de er lire les statistiques « en moyenne sur le 1 semestre » (i.e. +0,3 %/trimestre) pour avoir une bonne vision de la dynamique de fond en cours et ii) parce qu’au printemps, des phénomènes temporaires (grèves, intempéries) ont affaibli l’activité. Ainsi, comme il convenait de tempérer tout excès d’optimisme suite à la publication du PIB du T1, il convient cette fois de se garder de toute lecture trop pessimiste : ni dans un cas, ni dans l’autre, il ne s’agit, en soi, d’un changement de rythme de croissance qui caractérise la dynamique de l’activité depuis 2014 (progression de 0,3 % par trimestre). Les indicateurs avancés publiés au e 3 trimestre ne montrent pas d’inflexion permettant de 63 tabler sur une accélération de cette tendance de fond. Le consensus pour la croissance 2016, qui s’établissait en juin entre 1,4 % et 1,6 %, a glissé, avec la prise en compte de l’absence d’amélioration de la confiance, des conséquences du « Brexit » et du poids des attentats sur le tourisme, dans une fourchette comprise entre 1,2 % et 1,3 %. Pour 2017, les premiers étalonnages tablent, au mieux, sur une croissance égale à celle anticipée pour 2016 (1,3 %), le consensus médian tablant, à ce stade très précoce, sur une progression de 1 % à 1,2 %. Bien que moins généreuse que prévue, la reprise n’est pas remise en cause mais elle change petit à petit de nature : tirée dans un premier temps par les facteurs exogènes (dépréciation de l’euro, baisse des taux d’intérêt, allègement de la facture énergétique), elle devient de plus en plus autonome, comme en témoignent, depuis un an, la reprise de l’investissement et la génération de créations d’emploi (+140 000 emplois sur un an). En France, l’inflation est de 0,2 % sur un an en août : elle devrait continuer à s’élever modérément dans les mois à venir. Marchés financiers Sur les marchés financiers, les marchés risqués ont bénéficié d’un climat monétaire plus accommodant que prévu (hausse des taux retardée aux Etats-Unis, assouplissement au Royaume-Uni) : le CAC 40 a e progressé de 5 % au 3 trimestre (depuis le début de l’année : –4,1%). Les taux sont restés bas sur les marchés obligataires européens (OAT 10 ans : 0,19 %), souverains ou privés, sous l’influence de la persistance du déséquilibre offre/demande dû au programme d’achat de la BCE et dans l’anticipation d’une extension temporelle de ce programme. Perspectives Cet automne, le contexte économique et financier sera e influencé par la 2 hausse des taux directeurs de la Fed, qui pourrait avoir lieu en décembre, et par l’évolution du risque géopolitique. Le processus du « Brexit », l’absence de gouvernement en Espagne et la crainte sur la stabilité politique en Italie avec le référendum constitutionnel sont des facteurs qui pourraient peser sur le climat économique et financier. > Indicateurs clés au 30/09/2016 Croissance du PIB sur un an (%) France Zone euro Etats-Unis Chine Taux (moyens, %) 2012 2013 2014 2015 2016T3 0,2 -0,9 2,2 7,7 0,6 -0,3 1,7 7,7 0,6 1,2 2,4 7,3 1,3 2,0 2,6 6,9 1,3 1,6 1,3 6,7 2012 2013 2014 2015 30/09/16 Prévisions 2016* 2017* 1,3 1,2 1,5 1,3 1,5 2,2 6,6 6,3 2016** Taux repo 0,88 0,54 0,16 0,05 0,00 0,00 Eonia 0,23 0,09 0,10 -0,11 -0,33 Euribor 3 mois 0,57 0,22 0,21 -0,02 -0,30 OAT 10 ans 2,52 2,20 1,68 0,86 0,19 0,34 Inflation hors Tabac 1,91 0,78 0,45 0,03 0,2° 0,3*** Livret A 2,25 1,63 1,15 0,90 0,75 * Consensus Bloomberg, moyenne annuelle ** Fin d'année ° Mois précédent *** moyenne annuelle, pour l'inflation totale Source : Bloomberg 2017** 0,00 0,42 1,3*** - Forward Forward fin 2016 fin 2017 -0,38 -0,43 -0,30 -0,36 0,35 0,55 - e La prévision par le consensus de la croissance française a été revue à la baisse au 3 trimestre (–0,1 point, à 1,3 %) e compte tenu de l’élan décevant du 2 trimestre, ainsi que la croissance 2017 (–0,1 point, à 1,2 %), avec intégration des conséquences du « Brexit ». En zone euro, la politique monétaire de la BCE est durablement accommodante : les taux courts devraient rester longtemps proches de 0 %. Les achats d’obligations par les banques centrales devraient maintenir les taux longs à des niveaux historiquement bas. Caisse des Dépôts - Direction des fonds d’épargne Directeur de la publication : Olivier Mareuse Responsable de la rédaction : Yann Tampéreau, [email protected] Abonnement gratuit : [email protected] www.prets.caissedesdepots.fr Dépôt légal et ISSN en cours. Avertissement : les travaux objets de la présente publication ont été réalisés à titre indépendant par le service des Études de la direction des fonds d’épargne. Les opinions et prévisions figurant dans ce document reflètent celles de son ou ses auteurs à la date de sa publication, et ne reflètent pas nécessairement les analyses ou la position officielle de la direction des fonds d’épargne ou, plus largement, de la Caisse des Dépôts. 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