Conjoncture économique et financière du 3 trimestre 2016

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OCTOBRE 2016
Conjoncture économique et financière du 3e trimestre 2016
La croissance mondiale est peu dynamique. Si la
situation des économies émergentes semble moins
préoccupante, à l’aune de la stabilisation du marché
des matières premières et, jusqu’à présent, de la
maîtrise des risques qui pèsent sur l’économie chinoise,
la conjoncture des pays développés déçoit.
Macroéconomie
L’évènement qui a dominé l’actualité au cours du
e
3 trimestre est l’issue du référendum britannique en
faveur d’une sortie de l’Union européenne (UE) suite au
vote du 23 juin. L'activation de l’article 50 du Traité de
Lisbonne, qui précise les modalités d'un retrait
volontaire et unilatéral de l’UE, dans une période de
deux années voire davantage, et qui permettra de
définir le nouveau cadre de coopération, n’aura pas lieu
avant début 2017. Sur le plan économique, il est encore
trop tôt pour mesurer précisément l’emprise du choc
sur l’activité mais les autorités monétaires ont décidé
d’agir dès à présent en assouplissant les conditions de
financement de l’économie pour limiter le choc de
confiance dû à la longue période d’incertitude qui
s’ouvre, et pour en atténuer les conséquences sur
l’activité. Les anticipations font état d’une croissance
qui sera plus faible, particulièrement en 2017, d’un taux
de chômage qui sera en conséquence plus élevé et
d’une baisse du pouvoir d’achat des ménages, due à
l’inflation importée générée par la dépréciation de la
livre sterling face au dollar et à l’euro suite au
référendum.
Source : Insee
e
En France, le PIB s’est replié de –0,1 % au 2 trimestre
er
après une hausse de 0,7 % au 1 trimestre : sur un an,
la croissance s’établit à +1,3 %. Ce « coup d’arrêt » est
e
à relativiser. Un 2 trimestre moins prolifique que le
er
1
était attendu, pour plusieurs raisons : i) le
er
1 trimestre a précisément été très bon, il convient de
er
lire les statistiques « en moyenne sur le 1 semestre »
(i.e. +0,3 %/trimestre) pour avoir une bonne vision de la
dynamique de fond en cours et ii) parce qu’au
printemps, des phénomènes temporaires (grèves,
intempéries) ont affaibli l’activité. Ainsi, comme il
convenait de tempérer tout excès d’optimisme suite à
la publication du PIB du T1, il convient cette fois de se
garder de toute lecture trop pessimiste : ni dans un cas,
ni dans l’autre, il ne s’agit, en soi, d’un changement de
rythme de croissance qui caractérise la dynamique de
l’activité depuis 2014 (progression de 0,3 % par
trimestre). Les indicateurs avancés publiés au
e
3 trimestre ne montrent pas d’inflexion permettant de
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tabler sur une accélération de cette tendance de fond.
Le consensus pour la croissance 2016, qui s’établissait
en juin entre 1,4 % et 1,6 %, a glissé, avec la prise en
compte de l’absence d’amélioration de la confiance,
des conséquences du « Brexit » et du poids des
attentats sur le tourisme, dans une fourchette comprise
entre 1,2 % et 1,3 %. Pour 2017, les premiers
étalonnages tablent, au mieux, sur une croissance
égale à celle anticipée pour 2016 (1,3 %), le consensus
médian tablant, à ce stade très précoce, sur une
progression de 1 % à 1,2 %. Bien que moins
généreuse que prévue, la reprise n’est pas remise en
cause mais elle change petit à petit de nature : tirée
dans un premier temps par les facteurs exogènes
(dépréciation de l’euro, baisse des taux d’intérêt,
allègement de la facture énergétique), elle devient de
plus en plus autonome, comme en témoignent, depuis
un an, la reprise de l’investissement et la génération de
créations d’emploi (+140 000 emplois sur un an). En
France, l’inflation est de 0,2 % sur un an en août : elle
devrait continuer à s’élever modérément dans les mois
à venir.
Marchés financiers
Sur les marchés financiers, les marchés risqués ont
bénéficié d’un climat monétaire plus accommodant que
prévu (hausse des taux retardée aux Etats-Unis,
assouplissement au Royaume-Uni) : le CAC 40 a
e
progressé de 5 % au 3 trimestre (depuis le début de
l’année : –4,1%). Les taux sont restés bas sur les
marchés obligataires européens (OAT 10 ans : 0,19 %),
souverains ou privés, sous l’influence de la persistance
du déséquilibre offre/demande dû au programme
d’achat de la BCE et dans l’anticipation d’une extension
temporelle de ce programme.
Perspectives
Cet automne, le contexte économique et financier sera
e
influencé par la 2 hausse des taux directeurs de la Fed,
qui pourrait avoir lieu en décembre, et par l’évolution du
risque géopolitique. Le processus du « Brexit »,
l’absence de gouvernement en Espagne et la crainte
sur la stabilité politique en Italie avec le référendum
constitutionnel sont des facteurs qui pourraient peser
sur le climat économique et financier.
> Indicateurs clés au 30/09/2016
Croissance du
PIB sur un an (%)
France
Zone euro
Etats-Unis
Chine
Taux (moyens, %)
2012
2013
2014
2015
2016T3
0,2
-0,9
2,2
7,7
0,6
-0,3
1,7
7,7
0,6
1,2
2,4
7,3
1,3
2,0
2,6
6,9
1,3
1,6
1,3
6,7
2012
2013
2014
2015
30/09/16
Prévisions
2016*
2017*
1,3
1,2
1,5
1,3
1,5
2,2
6,6
6,3
2016**
Taux repo
0,88
0,54
0,16
0,05
0,00
0,00
Eonia
0,23
0,09
0,10
-0,11
-0,33
Euribor 3 mois
0,57
0,22
0,21
-0,02
-0,30
OAT 10 ans
2,52
2,20
1,68
0,86
0,19
0,34
Inflation hors Tabac
1,91
0,78
0,45
0,03
0,2°
0,3***
Livret A
2,25
1,63
1,15
0,90
0,75
* Consensus Bloomberg, moyenne annuelle ** Fin d'année ° Mois précédent
*** moyenne annuelle, pour l'inflation totale
Source : Bloomberg
2017**
0,00
0,42
1,3***
-
Forward Forward
fin 2016 fin 2017
-0,38
-0,43
-0,30
-0,36
0,35
0,55
-
e
La prévision par le consensus de la croissance française a été revue à la baisse au 3 trimestre (–0,1 point, à 1,3 %)
e
compte tenu de l’élan décevant du 2 trimestre, ainsi que la croissance 2017 (–0,1 point, à 1,2 %), avec intégration des
conséquences du « Brexit ». En zone euro, la politique monétaire de la BCE est durablement accommodante : les taux
courts devraient rester longtemps proches de 0 %. Les achats d’obligations par les banques centrales devraient maintenir
les taux longs à des niveaux historiquement bas.
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