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plus importantes, ainsi que la gestion et le suivi de ces problèmes
par les médecins généralistes. Ce réseau qui existe depuis 1979 est
coordonné par la Section Epidémiologie de l’ISP. L’enregistrement
est réalisé de manière continue et communiqué sur des formulaires
hebdomadaires. Chaque programme d’enregistrement dure une
année et couvre quelque huit thèmes différents qui varient tous les 2
à 3 ans.
Objectifs
Etudier les différents types de violence intentionnelle rapportés à
des médecins généralistes, les caractéristiques des victimes et des
auteurs ainsi que la prise en charge de cette violence et de ses
conséquences par les médecins généralistes.
Méthode
Cette surveillance est réalisée par un réseau sentinelle de 150 pra-
tiques de médecine générale réparties sur tout le pays et couvrant
une population d’environ 156.000 habitants (1,5% de la population
générale). L’enregistrement des données sur la violence a débuté
en 2002 et prendra fin en 2005. Il concerne des patients faisant état
de plaintes, de symptômes ou de signes qui pourraient être liés à
une violence intentionnelle physique, psychologique et/ou sexuelle.
Les cas de violence présentés spontanément ne sont pas les seuls
à être enregistrés, les cas suspectés par le médecin généraliste le
sont aussi. Des informations sur la victime (âge, sexe, utilisation de
produits), l’auteur (lien avec la victime, utilisation de produits), le
type de violence (physique, psychologique, sexuelle), le lieu où la
violence s’est produite, les faits de violence passés et/ou actuels
ainsi que les suites données par le médecin généraliste sont
enregistrées.
Résultats
En 2002, le réseau sentinelle a enregistré un nombre total de 615
victimes de violence intentionnelle, soit un nombre médian de 3
victimes par pratique par an. Le ratio homme/femme des victimes
était de 1:1,8 en comparaison avec le ratio de 1:1,1 dans la popula-
tion générale (OR 0,59; IC95% 0,50-0,70). L’âge moyen des hommes
victimes était de 32 ans (+/- 18 ans) et celui des femmes victimes de
39 ans (+/- 16 ans) (p<0,01). Dans plus de 50% des cas d’hommes
VIOLENCE INTERPERSONNELLE ET TROUBLES MENTAUX
Introduction
Le fait de considérer la violence comme un événement “évitable” est
une perspective récente en santé publique. Ce secteur a
dernièrement confirmé sa préoccupation à l’égard du phénomène
de violence avec la publication du “Rapport Mondial sur la Violence
et la Santé” de l’OMS (2002), qui appelle la communauté à combattre
ce fléau grandissant et les conséquences désastreuses pour la santé.
Le rapport atteste que des millions de personnes dans le monde
meurent et souffrent de traumatismes dus à la violence. Il indique
par ailleurs qu’une forme moins visible mais non moins répandue de
violence se développe dans les foyers, à l’école, au travail ou dans
des institutions, et présente des effets tout aussi nuisibles pour la
santé. Des mesures à l’encontre de cette violence cachée doivent
être prises non seulement au niveau local, mais aussi aux niveaux
national et international. Une des approches de la question consiste
à évaluer l’importance de la problématique de cette violence et son
Méthodes
L’échantillon est constitué de 8.841 personnes (51,5% de femmes
et 48,5% d’hommes) âgées de 15 ans et plus. Les données rela-
tives à la santé mentale et à la violence sont recueillies au moyen
d’un questionnaire auto-complété. Les troubles dépressifs et
anxieux récents sont évalués à partir des sous-échelles du SCL-
90-R. L’exposition à la violence est estimée en demandant aux
participants s’ils ont été (ou non) victimes d’actes de violence verbale
ou physique au cours des 12 derniers mois. Pour chaque type de
violence subie, les participants indiquent alors où cet acte s’est
produit (à la maison, à l’école/au travail, ailleurs). Les analyses
multivariées, contrôlant pour l’âge et le sexe, ont été effectuées
avec des modèles de régression logistique.
Résultats
Dix pour cent de la population rapporte avoir été victime de vio-
lence verbale (VV) au cours des 12 derniers mois (11% des
victimes, la violence était purement physique, alors que plus de
50% des cas de femmes victimes présentaient une combinaison
de violence physique et psychologique. Plus de 40% des hommes
victimes n’avaient pas de lien spécifique avec l’auteur, alors que
ce n’était le cas que pour 10% des femmes victimes. Dans plus de
70% des cas, les femmes victimes avaient un lien familial ou con-
jugal avec l’auteur, comparé à 25% parmi les hommes victimes.
Dans plus de 70% des cas d’hommes victimes, il ne s’agissait que
de violence ponctuelle sans précédent, alors que dans 50% des
cas de femmes victimes, il s’agissait de violence récurrente. Dans
87% des cas de violence, celle-ci était signalée par la victime, alors
que dans seulement 1% des cas, le médecin généraliste avait
suspecté un problème de violence sans que la victime n’aborde le
problème. Dans les 12% des cas restants, le problème a été
rapporté par d’autres personnes ou par le patient conjointement
avec d’autres personnes. Le recours chronique à l’utilisation d’alcool
par l’auteur et par la victime a été enregistré respectivement dans
23% et 7% des cas. Dans 43% des cas, le médecin généraliste a
fixé un rendez-vous pour une consultation de suivi. Dans seulement
12% des cas, la victime a été référée à un centre spécialisé (Cen-
tre de santé mentale ou Centre de guidance).
Conclusion
Cette surveillance fait apparaître que les médecins généralistes
belges sont confrontés à des victimes de violence intentionnelle, le
plus souvent une violence intra-familiale (combinaison de violence
physique et psychologique). Les données suggèrent qu’il existe un
besoin de formation supplémentaire des médecins généralistes afin
de leur permettre de reconnaître des signes précoces de violence
étant donné que la plupart des cas ont été présentés par les victimes
et non suspectés par le médecin généraliste. Il conviendrait de
placer davantage l’accent sur une approche multidisciplinaire de la
prise en charge de problèmes liés à la violence puisque très peu
de victimes ont été référées à des centres spécialisés.
Référence
Senti-Bul Septembre 2003, http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/medvfr/
sentibul/sentibul.htm
Viviane Van Casteren
impact dans la population.
L’ISP a apporté une modeste contri-
bution à cet objectif en intégrant
quelques questions exploratoires sur
la violence interpersonnelle (verbale
et physique) dans l’Enquête de Santé
par Interview de 2001, organisée par
la Section Épidémiologie de l’ISP.
Objectifs
L’objectif de cette étude est triple:
estimer, sur base sur des données de
l’Enquête de Santé de 2001, le taux
de violence rapportée dans la popu-
lation belge, évaluer la relation
potentielle entre la violence interpersonnelle et les troubles
psychologiques au niveau de la population générale et examiner les
différences éventuelles entre les hommes et les femmes.
hommes; 9% des femmes) et 3%
déclare avoir subi des actes de vio-
lence physique (VP) (4% des
hommes; 3% des femmes). La VV et
la VP sont toutes deux observées plus
fréquemment dans les groupes d’âge
les plus jeunes (Figures 1 et 2).
La prévalence ponctuelle de la
dépression et de l’anxiété est
respectivement de 9% et 6%. Les
analyses en régression logistique
montrent que, comparés aux non-
victimes, ceux qui ont subi une VV
sont plus susceptibles de présenter
des symptômes dépressifs (OR 2,3; IC95% 1,8-2,8) et anxieux (OR
2,9; IC95% 2,3-3,8). La probabilité de présenter ces troubles est
encore plus forte chez les victimes de VP (dépression : OR 2,7;
0
5
10
15
20
25
15-24 25-44 45-64 65+
Femmes
Hommes
Age
%
Figure 1 : Répartition des victimes (en %) de violence verbale
par âge et par sexe, Enquête de Santé, Belgique,
2001