EPI-SCOOP
4EME ANNÉE - NUMÉRO 3 - OCTOBRE 2004
DÉTERMINANTS DE LA SENSIBILITÉ ET DE LA SPÉCIFICITÉ DE LA SURVEILLANCE DES
INFECTIONS ACQUISES DANS LES UNITÉS DE SOINS INTENSIFS
Introduction
En 1996, la Section Epidémiologie de l’ISP a initié
un système de surveillance des infections
acquises dans les unités de soins intensifs (USI).
Une étude de validation a été mise en place en
2001 pour évaluer la sensibilité, la spécificité,
l’exhaustivité et l’exactitude de cette surveillance.
La charge de travail requise et les déterminants
de ces paramètres ont aussi été étudiés. Alors
que l’étude est toujours en cours, les résultats
préliminaires sont présentés ci-dessous.
Méthodes
L’étude de validation récolte des données rela-
tives aux politiques de surveillance dans les USI
ainsi qu’aux mesures préventives prises au niveau
hospitalier. L’établissement d’un lien entre les
données collectées lors de la validation et celles
de la surveillance a permis d’étudier les
déterminants de la sensibilité et de la spécificité.
Une régression logistique multiple fut utilisée pour
prédire les faux négatifs (FN) et faux positifs (FP).
Les profils des unités participantes ont été
comparés à ceux des unités qui refusèrent de
participer.
L’exhaustivité (« tous les patients qui sont restés
plus de 48 heures à l’USI ont-ils été déclarés à la
surveillance ? ») a été estimée en croisant la liste
administrative des admissions aux USI, fournie
par les hôpitaux évalués, avec la liste des admis-
sions déclarées au programme de surveillance.
L’exactitude des données rapportées dans le
cadre de cette surveillance a été évaluée sur base
des réponses données par la personne
responsable de la collecte des données à un
questionnaire spécifique.
Résultats
L’analyse a porté sur 35 des 45 unités
sélectionnées. 906 dossiers de patients ont été
revus. La sensibilité générale était de 53,3% pour
les pneumonies et de 61,9% pour les
bactériémies, et la spécificité, respectivement de
98,6 et 99,4%. L’exhaustivité globale était de
81,2% pour les patients séjournant plus de 48
heures aux USI. 70% des personnes impliquées
dans la collecte des données étaient membres
du staff des USI (44% de médecins et 26%
d’infirmières) et 25% étaient des spécialistes du
contrôle des infections. En moyenne, 2 personnes
par USI étaient impliquées dans la collecte des
données. En moyenne, celle-ci requérait 20 minu-
tes par patient, variant selon le type de patient et
le mode de surveillance (prospective ou
rétrospective).
Lorsque la décision de participer à la surveillance
était prise hors de l’USI concernée, et que
l’intensiviste ne s’était pas impliqué dans la
collecte des données, le nombre de valeurs
discordantes (FN et FP) était beaucoup plus élevé
qu’en situation de référence (OR 6,4; IC95% 3,7-
11,1).
D’autres caractéristiques étaient clairement
associées aux FN et FP : l’utilisation de critères
diagnostiques de la pneumonie différents de ceux
du protocole, des taux d’infection nuls, une faible
qualité des données rapportées et un score de
risque de pneumonie élevé. L’inclusion des
pneumonies nosocomiales précoces, le
rapportage limité aux patients à haut risque et des
pneumonies sans micro-organismes étaient par
contre associés à moins de FN et de FP.
Dix unités sélectionnées n’ont pas participé à
l’étude de validation. Elles ne différaient pas de
manière significative des autres en ce qui
concerne la durée moyenne de séjour aux USI,
les données discordantes ou manquantes, les
taux d’utilisation des instruments invasifs, et les
taux de bactériémie. La densité d’incidence des
pneumonies était significativement plus haute
parmi les unités non participantes (12,3
pneumonies nosocomiales contre 9,0 par patient-
jour, p = 0,04).
Conclusions
La surveillance dans les USI est effectuée
principalement par leur staff. L’implication de celui-
ci est cruciale pour la qualité des données.
L’utilisation de critères diagnostiques trop
spécifiques de pneumonie a un effet marqué sur
la sensibilité. L’étude a montré qu’un taux
d’infection nul suggère des infections non
rapportées.
La comparaison du profil des unités participantes
avec celui des non participantes ne révèle pas
de biais substantiel dans l’étude de validation.
Pour plus d’informations, contacter le Dr Ingrid
Morales (tél. : 02/642 54 03 ou e-mail :
Ingrid Morales
SURVEILLANCE DES PROBLÈMES LIÉS À LA VIOLENCE INTENTIONNELLE SIGNALÉS EN
MÉDECINE GÉNÉRALE EN BELGIQUE
Introduction
Le réseau sentinelle de médecins généralistes
est un système de surveillance de problèmes de
santé rencontrés en médecine générale. L’objectif
de ce réseau est d’évaluer l’importance (en terme
d’incidence) de divers problèmes de santé
publique au sein de la population générale et d’en
étudier les caractéristiques épidémiologiques les
Institut scientifique de Santé
publique (ISP)
Section Epidémiologie
rue J. Wytsman 14
1050 Bruxelles
Tél. : + 32 2 642 50 31
Fax : + 32 2 642 54 10
Comité de rédaction :
Noëmi Debacker
Geneviève Ducoffre
Lydia Gisle
Guy Jeanfils
Tadek Krzywania
Eva Leens
Ingrid Morales
Herman Van Oyen
TABLE DES MATIERES
Déterminants de la
sensibilité et de la
spécificité de la surveillance
des infections acquises
dans les unités de soins
intensifs
Surveillance des problèmes
liés à la violence
intentionnelle signalés en
médecine générale en
Belgique
Violence interpersonnelle et
troubles mentaux
Les maladies sexuellement
transmissibles observées
par le réseau des cliniciens
en Belgique : tendances
2000-2004
Changements dans le
comportement prescripteur
des médecins généralistes
pour l’arthrose chez les
personnes âgées après une
campagne d’information
nationale
Séminaire : Diagnostic et
Surveillance des Maladies
Infectieuses
1
1
2
3
4
4
2
plus importantes, ainsi que la gestion et le suivi de ces problèmes
par les médecins généralistes. Ce réseau qui existe depuis 1979 est
coordonné par la Section Epidémiologie de l’ISP. L’enregistrement
est réalisé de manière continue et communiqué sur des formulaires
hebdomadaires. Chaque programme d’enregistrement dure une
année et couvre quelque huit thèmes différents qui varient tous les 2
à 3 ans.
Objectifs
Etudier les différents types de violence intentionnelle rapportés à
des médecins généralistes, les caractéristiques des victimes et des
auteurs ainsi que la prise en charge de cette violence et de ses
conséquences par les médecins généralistes.
Méthode
Cette surveillance est réalisée par un réseau sentinelle de 150 pra-
tiques de médecine générale réparties sur tout le pays et couvrant
une population d’environ 156.000 habitants (1,5% de la population
générale). L’enregistrement des données sur la violence a débuté
en 2002 et prendra fin en 2005. Il concerne des patients faisant état
de plaintes, de symptômes ou de signes qui pourraient être liés à
une violence intentionnelle physique, psychologique et/ou sexuelle.
Les cas de violence présentés spontanément ne sont pas les seuls
à être enregistrés, les cas suspectés par le médecin généraliste le
sont aussi. Des informations sur la victime (âge, sexe, utilisation de
produits), l’auteur (lien avec la victime, utilisation de produits), le
type de violence (physique, psychologique, sexuelle), le lieu où la
violence s’est produite, les faits de violence passés et/ou actuels
ainsi que les suites données par le médecin généraliste sont
enregistrées.
Résultats
En 2002, le réseau sentinelle a enregistré un nombre total de 615
victimes de violence intentionnelle, soit un nombre médian de 3
victimes par pratique par an. Le ratio homme/femme des victimes
était de 1:1,8 en comparaison avec le ratio de 1:1,1 dans la popula-
tion générale (OR 0,59; IC95% 0,50-0,70). L’âge moyen des hommes
victimes était de 32 ans (+/- 18 ans) et celui des femmes victimes de
39 ans (+/- 16 ans) (p<0,01). Dans plus de 50% des cas d’hommes
VIOLENCE INTERPERSONNELLE ET TROUBLES MENTAUX
Introduction
Le fait de considérer la violence comme un événement “évitable” est
une perspective récente en santé publique. Ce secteur a
dernièrement confirmé sa préoccupation à l’égard du phénomène
de violence avec la publication du “Rapport Mondial sur la Violence
et la Santé” de l’OMS (2002), qui appelle la communauté à combattre
ce fléau grandissant et les conséquences désastreuses pour la santé.
Le rapport atteste que des millions de personnes dans le monde
meurent et souffrent de traumatismes dus à la violence. Il indique
par ailleurs qu’une forme moins visible mais non moins répandue de
violence se développe dans les foyers, à l’école, au travail ou dans
des institutions, et présente des effets tout aussi nuisibles pour la
santé. Des mesures à l’encontre de cette violence cachée doivent
être prises non seulement au niveau local, mais aussi aux niveaux
national et international. Une des approches de la question consiste
à évaluer l’importance de la problématique de cette violence et son
Méthodes
L’échantillon est constitué de 8.841 personnes (51,5% de femmes
et 48,5% d’hommes) âgées de 15 ans et plus. Les données rela-
tives à la santé mentale et à la violence sont recueillies au moyen
d’un questionnaire auto-complété. Les troubles dépressifs et
anxieux récents sont évalués à partir des sous-échelles du SCL-
90-R. L’exposition à la violence est estimée en demandant aux
participants s’ils ont été (ou non) victimes d’actes de violence verbale
ou physique au cours des 12 derniers mois. Pour chaque type de
violence subie, les participants indiquent alors où cet acte s’est
produit (à la maison, à l’école/au travail, ailleurs). Les analyses
multivariées, contrôlant pour l’âge et le sexe, ont été effectuées
avec des modèles de régression logistique.
Résultats
Dix pour cent de la population rapporte avoir été victime de vio-
lence verbale (VV) au cours des 12 derniers mois (11% des
victimes, la violence était purement physique, alors que plus de
50% des cas de femmes victimes présentaient une combinaison
de violence physique et psychologique. Plus de 40% des hommes
victimes n’avaient pas de lien spécifique avec l’auteur, alors que
ce n’était le cas que pour 10% des femmes victimes. Dans plus de
70% des cas, les femmes victimes avaient un lien familial ou con-
jugal avec l’auteur, comparé à 25% parmi les hommes victimes.
Dans plus de 70% des cas d’hommes victimes, il ne s’agissait que
de violence ponctuelle sans précédent, alors que dans 50% des
cas de femmes victimes, il s’agissait de violence récurrente. Dans
87% des cas de violence, celle-ci était signalée par la victime, alors
que dans seulement 1% des cas, le médecin généraliste avait
suspecté un problème de violence sans que la victime n’aborde le
problème. Dans les 12% des cas restants, le problème a été
rapporté par d’autres personnes ou par le patient conjointement
avec d’autres personnes. Le recours chronique à l’utilisation d’alcool
par l’auteur et par la victime a été enregistré respectivement dans
23% et 7% des cas. Dans 43% des cas, le médecin généraliste a
fixé un rendez-vous pour une consultation de suivi. Dans seulement
12% des cas, la victime a été référée à un centre spécialisé (Cen-
tre de santé mentale ou Centre de guidance).
Conclusion
Cette surveillance fait apparaître que les médecins généralistes
belges sont confrontés à des victimes de violence intentionnelle, le
plus souvent une violence intra-familiale (combinaison de violence
physique et psychologique). Les données suggèrent qu’il existe un
besoin de formation supplémentaire des médecins généralistes afin
de leur permettre de reconnaître des signes précoces de violence
étant donné que la plupart des cas ont été présentés par les victimes
et non suspectés par le médecin généraliste. Il conviendrait de
placer davantage l’accent sur une approche multidisciplinaire de la
prise en charge de problèmes liés à la violence puisque très peu
de victimes ont été référées à des centres spécialisés.
Référence
Senti-Bul Septembre 2003, http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/medvfr/
sentibul/sentibul.htm
Viviane Van Casteren
impact dans la population.
L’ISP a apporté une modeste contri-
bution à cet objectif en intégrant
quelques questions exploratoires sur
la violence interpersonnelle (verbale
et physique) dans l’Enquête de Santé
par Interview de 2001, organisée par
la Section Épidémiologie de l’ISP.
Objectifs
L’objectif de cette étude est triple:
estimer, sur base sur des données de
l’Enquête de Santé de 2001, le taux
de violence rapportée dans la popu-
lation belge, évaluer la relation
potentielle entre la violence interpersonnelle et les troubles
psychologiques au niveau de la population générale et examiner les
différences éventuelles entre les hommes et les femmes.
hommes; 9% des femmes) et 3%
déclare avoir subi des actes de vio-
lence physique (VP) (4% des
hommes; 3% des femmes). La VV et
la VP sont toutes deux observées plus
fréquemment dans les groupes d’âge
les plus jeunes (Figures 1 et 2).
La prévalence ponctuelle de la
dépression et de l’anxiété est
respectivement de 9% et 6%. Les
analyses en régression logistique
montrent que, comparés aux non-
victimes, ceux qui ont subi une VV
sont plus susceptibles de présenter
des symptômes dépressifs (OR 2,3; IC95% 1,8-2,8) et anxieux (OR
2,9; IC95% 2,3-3,8). La probabilité de présenter ces troubles est
encore plus forte chez les victimes de VP (dépression : OR 2,7;
0
5
10
15
20
25
15-24 25-44 45-64 65+
Femmes
Hommes
Age
%
Figure 1 : Répartition des victimes (en %) de violence verbale
par âge et par sexe, Enquête de Santé, Belgique,
2001
3
IC95% 2,0-4,0; anxiété : OR 4,3; IC95% 3,0-6,2). Ces résultats
diffèrent en fonction du sexe (analyses stratifiées). Chez les hommes,
ni la VV, ni la VP ne sont associées à la dépression, alors que leur
association avec l’anxiété est significative (OR(VV) 3,2; IC95% 2,2-
santé est envisageable, bien que de telles données présentent
quelques limitations : tout d’abord, la période de rappel (une année)
pour des épisodes de violence est peut-être trop étendue pour une
réminiscence correcte des incidents passés, d’où la sous-estima-
4,7; OR(VP) 3,5; IC95% 2,0-6,2). Chez
les femmes, la VV et la VP sont
toutes deux significativement liées à
la dépression ainsi qu’à l’anxiété. La
VP est toutefois plus fortement liée
avec ces troubles (dépression: OR(VP)
4,0; IC95% 2,5-6,3; anxiété: OR(VP)
5,1; IC95% 3,1-8,2).
Conclusion
La prévalence de la violence
interpersonnelle rapportée dans la
population générale reflète
l’importance du problème, en
particulier chez les jeunes. De plus,
tion de ceux-ci. Ensuite, le déni, la
honte ou la peur pourrait amener la
victime à taire ses expériences de
violence (surtout si l’auteur des faits
est un membre de la famille partici-
pant aussi à l’enquête), autre source
de sous-estimation du problème.
Enfin, le recueil rétrospectif des
données peut donner lieu à une as-
sociation fallacieuse avec les
troubles mentaux, du fait que les
personnes qui souffrent de difficultés
émotionnelles ont tendance à mieux
se remémorer – voire à surestimer –
différentes formes de violence sont associées à des troubles de santé
mentale, et ces liens sont mis en exergue au sein même d’une popu-
lation non institutionnalisée. Un modèle différentiel se dessine entre
les hommes et les femmes, indiquant la nécessité de considérer de
manière distincte les problèmes qui ont trait à la santé. D’un point
de vue clinique, les résultats attirent l’attention sur la recherche
d’antécédents possibles de violence chez les patients souffrant de
troubles émotionnels. D’un point de vue épidémiologique, l’inclusion
de questions liées à la violence dans une enquête générale sur la
LES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES OBSERVÉES PAR LE RÉSEAU DES CLINICIENS EN BELGIQUE :
TENDANCES 2000-2004
Introduction
Les maladies sexuellement transmissibles (MST) constituent un
problème de santé important au niveau mondial. Elles peuvent nuire
aux organes génitaux et faciliter la transmission du VIH et de l’hépatite
B. Les données sur les tendances des MST en Europe de l’Ouest
diagnostiqués pendant une consultation sont enregistrés.
Respectivement 27, 39, 69 et 63 sites ont participé à ces périodes
d’enregistrement (2000 à 2004). Des analyses de tendance ont été
effectuées sur base des données de 17 sites qui ont participé à
toutes les périodes d’enregistrement.
ont révélé une augmentation du
nombre de cas de gonorrhée et de
syphilis entre 1995 et 20001.
En Belgique, le réseau sentinelle de
cliniciens pour la surveillance des
MST a été créé en 2000. Cette sur-
veillance, organisée par la Section
Epidémiologie de l’ISP, est
complémentaire à la notification
obligatoire de la syphilis et de
l’hépatite B aux inspecteurs de santé
provinciaux. De plus, cette surveil-
lance permet de compléter les
données sur les Chlamydia
trachomatis, Treponema pallidum et
Neisseria gonorrhoeae qui sont
enregistrées par le réseau sentinelle
des laboratoires de microbiologie,
également coordonné par la Section
Epidémiologie de l’ISP.
Objectifs
Le but principal est de suivre les
tendances des MST en Belgique
observées par le réseau sentinelle
de cliniciens depuis octobre 2000
jusqu’en janvier 2004 inclus et
d’identifier les facteurs de risque et
les groupes à risque élevé (Epi-
scoop 2002, n° 3).
Méthode
Le réseau sentinelle se compose de
Résultats
Une comparaison du nombre de
diagnostics de syphilis et de Chlamy-
dia par sexe pour les quatre périodes
d’enregistrement est présentée
respectivement dans les Figures 1
et 2.
Les MST les plus fréquemment
diagnostiquées chez les hommes
sont la gonorrhée et la syphilis. En-
tre les périodes 1 et 3, il y a une aug-
mentation significative du nombre de
cas de syphilis (p<0,01). Chez les
hommes, plus de trois quarts des cas
de syphilis sont observés parmi les
homo/bisexuels, surtout dans la
catégorie d’âge de 30-39 ans.
L’augmentation du nombre de cas de
syphilis ne continue pas en 2003-
2004 (Figure 1).
Chez les femmes, le Chlamydia est
le diagnostic de MST le plus fréquent
pour toutes les périodes d’enre-
gistrement. Malgré quelques fluctua-
tions, le nombre de cas de Chlamy-
dia reste relativement stable au
travers des quatre périodes
considérées (Figure 2).
La proportion de patients MST avec
une séropositivité VIH rapportée
spontanément ou diagnostiquée en
les expériences de vie négatives. L’étude de la violence
interpersonnelle devrait toutefois être poursuivie dans le cadre
d’enquêtes au sein de la population, parce qu’elles constituent une
source appréciable d’information concernant les différentes formes
de violence cachée.
Les rapports complets des Enquêtes de Santé par Interview (1997
et 2001) sont disponibles sur le site Internet de l’ISP à l’adresse :
http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm.
Lydia Gisle
cabinets privés d’un ou de plusieurs médecins (gynécologues,
dermatologues, médecins généralistes, urologues), de services
hospitaliers et de centres médicaux (la clinique MST, centres
d’étudiants et centres de prévention et de planning familial). Durant
quatre mois par an (du 1er octobre au 31 janvier), les cas de MST
consultation, augmente significativement à travers les différentes
périodes (de 7,4% à 18,1%; p<0,01).
Discussion
Les tendances décrites ci-dessus doivent être interprétées avec
prudence, étant donné qu’elles sont basées sur des données
Figure 1 : Evolution du nombre de diagnostics de syphilis par
sexe enregistrés par le réseau sentinelle, d’octobre à
janvier (inclus) 2000-2004, Belgique
0
5
10
15
20
25
30
35
40
2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004
période d'enregistrement
Nombre de diagnostics de syphilis
femmes
hommes
Figure 2 : Evolution du nombre de diagnostics de Chlamydia par
sexe, enregistrés par le réseau sentinelle, d’octobre à
janvier (inclus) 2000-2004, Belgique
0
5
10
15
20
25
30
35
40
2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004
période d'enregistrement
Nombre de diagnostics de Chlamydia
femmes
hommes
Figure 2 : Répartition des victimes (en %) de violence physique
par âge et par sexe, Enquête de Santé, Belgique,
2001
0
5
10
15
20
25
15-24 25-44 45-64 65+
Femmes
Hommes
%
Age
Éditeur responsable : H. Van Oyen, Institut scientifique de Santé publique, Section Epidémiologie, rue J. Wytsman 14 - 1050 Bruxelles - E-mail : [email protected]
4
provenant d’un nombre limité de sites. La forte augmentation
dans le nombre de diagnostics de syphilis entre les périodes 1
et 2 peut être expliquée par une sensibilisation des médecins
durant le deuxième semestre de 2001 en réaction à l’épidémie
de syphilis observée à Anvers début 2001. Pour la période 3,
les résultats de ce réseau sentinelle étaient semblables à ceux
du réseau sentinelle des laboratoires de microbiologie. Les
résultats obtenus pour la syphilis dans la période 4 ne sont
cependant pas similaires : alors que le réseau sentinelle des
cliniciens observe une diminution - non significative - du nombre
de cas, le réseau sentinelle des laboratoires observe une forte
augmentation2. Les différences dans les résultats sont en partie
dues aux courtes périodes d’enregistrement et à une plus pe-
tite couverture du réseau sentinelle de cliniciens. Néanmoins,
les deux systèmes se complètent très bien, puisque la surveil-
lance via le réseau sentinelle des cliniciens considère une
gamme de MST plus large et offre plus d’informations sur le
profil de risque du patient MST.
L’augmentation de la proportion des cas de VIH séropositifs
parmi les patients MST souligne l’importance du dépistage du
virus pendant les consultations pour MST. Cette augmentation
va de pair avec celle du nombre de nouveaux diagnostics VIH
par année observée en Belgique depuis 20003. Cette tendance
pourrait annoncer une amplification des comportements sexuels
non protégés. En conséquence, des mesures de prévention
restent indiquées et il est important que la surveillance des
MST soit intensifiée pour qu’elle puisse offrir l’information
essentielle dont les organismes de prévention ont besoin.
Références
1Nicoll Angus, Hamers Françoise F. Are trends in HIV, gonorrhoea,
and syphilis worsening in Western Europe? BMJ 2002;324:1324-7
2http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index8.htm
3Sasse A, Defraye A. Le SIDA en Belgique. Situation au 31 décembre
2003. Rapport semestriel n°58. Section Epidémiologie, avril 2004,
Bruxelles (Belgique). ISP. Le rapport est disponible sur le website:
http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index19.htm
Ann Defraye
CHANGEMENTS DANS LE COMPORTEMENT PRESCRIPTEUR DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES POUR LARTHROSE
CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES APRÈS UNE CAMPAGNE DINFORMATION NATIONALE
Introduction
L’arthrose est une maladie à la fois commune et handicapante
(Epi-scoop 2002, n°3). Selon l’enquête de santé menée en
2001, 36% des personnes au-dessus de 60 ans ont souffert
de pathologies ostéo-articulaires dégénératives au cours de
l’année écoulée1. L’arthrose apparaît également comme la
troisième cause de contact avec un médecin généraliste (MG)
parmi les personnes âgées. La qualité des soins pour cette
pathologie peut donc être un déterminant important de santé
publique. Les recommandations de bonne pratique suggèrent
que la prise en charge de l’arthrose ne doit pas commencer
par un traitement médicamenteux.
Lorsqu’il faut prescrire un médicament, le paracétamol – un
simple antidouleur sans effets secondaires importants aux
doses recommandées – est préférable aux anti-inflammatoires
non-stéroïdiens (AINS). En pratique, ces derniers sont prescrits
régulièrement pour l’allègement de la douleur. Néanmoins, il
ressort de la littérature que les AINS ont des effets secondaires,
en particulier sur le système gastro-intestinal et rénal. Les
personnes âgées sont particulièrement sensibles à ces effets
secondaires. Quand on utilise des AINS, il est recommandé
d’éviter les prescriptions renouvelées afin de prévenir une ac-
cumulation d’effets secondaires. Enfin, la valeur ajoutée des
AINS de nouvelle génération (COXIB) est toujours contestée
dans la littérature.
Durant la période 2001-2002, l’INAMI a organisé une campagne
d’information nationale concernant la prescription rationnelle
des AINS pour l’arthrose. Un élément de cette campagne était
l’opportunité pour les MG de participer à un GLEM (groupe
local d’évaluation médicale) sur le sujet et de recevoir un feed-
back personnel sur leur prescription d’AINS. L’INAMI a
demandé à la Section Epidémiologie de l’ISP de suivre les
changements au niveau de la prescription d’AINS chez les MG.
Objectifs
Evaluer, dans le temps, le changement moyen des prescrip-
tions des MG pour l’arthrose chez les personnes âgées.
Investiguer si ces changements sont différents de façon si-
gnificative entre les MG qui ont participé à la campagne et ceux
qui ne l’ont pas fait.
Méthodes
Une étude cross-sectionelle parmi 183 MG volontaires, bien
repartis sur le pays, a été menée en 2001 et répétée en 2003.
Des données ont été collectées respectivement pour 7843 et
7456 patients arthrosiques de 60 ans ou plus. Pour cinq
indicateurs de prescription, nous avons construit des modèles
de régression logistique avec des effets aléatoires en utilisant
le software MLwiN. Chaque modèle a été complété par des
caractéristiques du patient et du médecin et comprenait un
terme aléatoire afin de tenir compte du fait que les patients
sont agrégés par médecin.
Résultats
En comparaison avec la période de référence (2001), la pro-
portion de patients arthrosiques traités avec des médicaments
a augmenté en 2003 (75% en 2001, 80% en 2003, OR2003-2001
1,24; IC95% 1,14-1,36). Cette augmentation est moins
importante chez les MG qui ont participé à la campagne. La
prescription des AINS a baissé de 2001 à 2003 (61% en 2001,
56% en 2003, OR2003-2001 0,85; IC95% 0,77-0,94), par contre
celle du paracétamol a augmenté d’une manière significative
(30% en 2001, 43% en 2003, OR2003-2001 1,95; IC95% 1,75-2,17).
Néanmoins, ce changement ne diffère pas entre les médecins
qui ont participé à la campagne et ceux qui ne l’ont pas fait.
L’utilisation moyenne des COXIB a doublé (19% en 2001, 33%
en 2003, OR2003-2001 2,42; IC95% 2,09-2,80) mais d’une façon
moins importante dans le groupe de médecins qui avaient reçu
le feedback prescripteur personnel. Pour tous les MG, la pro-
portion de patients avec prescriptions renouvelées pour des
AINS était plus grande en 2003 qu’en 2001 (50% en 2001,
57% en 2003, OR2003-2001 1,45; IC95% 1,28-1,65).
Conclusions
Tout en sachant qu’une étude opérationnelle avec des MG
volontaires n’est pas un outil parfait pour évaluer une interven-
tion, on a pu constater quelques changements dans le
comportement prescripteur qui sont en accord avec les
recommandations (ex. la diminution de l’utilisation des AINS et
l’augmentation de l’utilisation du paracétamol). Les autres
tendances ne trouvent pas de justification dans les
recommandations, à savoir l’augmentation de la proportion des
patients arthrosiques traités avec des médicaments et
l’augmentation de l’utilisation des COXIB (celle-ci probablement
due aux campagnes de marketing des firmes
pharmaceutiques). Ces deux dernières tendances sont,
néanmoins, moins prononcées chez les MG qui avaient
participé à la campagne nationale, mais on ne sait pas encore
si cette relation est causale ou non.
1Enquête de santé par interview, 2001. Section d’Epidémiologie,
ISP : http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm
Hans Vandenberghe
Séminaire «Diagnostic et Surveillance des Maladies Infectieuses»
26 - 11 - 2004
Centre Culturel et de Congrès de Woluwé-St-Pierre, avenue Charles Thielemans, 93 - 1150 Bruxelles
Pour plus d’informations : Geneviève Ducoffre, tél. : 02/642.57.77 [email protected]
http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/agenda.htm
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