JEAN-LUC PILOTE FONCTIONNALISATION METALLIQUE DE NANOFIBRES DE GEL DE SILICE Mémoire présenté à la faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en chimie pour l'obtention du grade de maître es sciences (M. Se.) DEPARTEMENT DE CHIMIE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC Avril 2008 © Jean-Luc Pilote, 2008 RÉSUMÉ Les nanofibres de gel de silice sont un matériau récemment découvert dont les applications techniques n'ont pas été encore explorées. La dimension des pores, de l'ordre du nanomètre, ainsi que la grande surface spécifique font de ces nanofibres un matériau de choix intéressant comme support catalytique. Le présent projet de maîtrise a permis d'approfondir les connaissances et la réactivité des nanofibres dans le domaine de l'imprégnation de métaux de transition. Il a été possible de déposer, de façon ferme et permanente, des métaux à potentiel catalytique tels que l'argent, le cuivre et le fer. Il a aussi été démontré que ces nanofibres fonctionnalisées avec des métaux catalysent l'oxydation du monoxyde de carbone en dioxyde de carbone. Les nanofibres de gel de silice ont été imprégnées de métaux de transition selon deux méthodes : l'imprégnation aqueuse et l'imprégnation gazeuse. Les produits imprégnés ont été analysés à l'aide de diverses techniques et le mécanisme de fixation du fer a fait l'objet d'une étude plus poussée. il AVANT-PROPOS Je remercie en premier mon directeur de recherche M. Claude Barbeau pour sa supervision et la grande liberté octroyée lors de la réalisation de se projet. Je tiens également à remercier M. Jean-Eudes Côté pour son support technique et ses judicieux conseils. Je désire aussi remercier M. Louis Marcoux, un collaborateur et ami de grande valeur pour sa collaboration lors de mon projet de maîtrise. Je tiens également à remercier M. Jean-Luc Lemyre et M. Jonathan Bernier pour leur contribution au commencement du projet. En terminant, je tiens à remercier mes parents qui m'ont soutenu, tant de façon morale que financière, tout au long de ce projet. m TABLE DES MATIERES INTRODUCTION VI CHAPITRE 1 IMPRÉGNATION MÉTALLIQUE PAR V O I E AQUEUSE3 1 - 1 NANOFIBRES DE GEL DE SILICE 3 1-1-1 Origine des nanofibres de gel de silice 3 1-1-2 Production des nanofibres 5 1-1-3 Propriétés des nanofibres 6 1-2 IMPRÉGNATION PAR VOIE AQUEUSE 7 1-3 8 ESSAIS D'IMPRÉGNATION D'IONS MÉTALLIQUES 1 - 4 CARACTERISATION DES PRODUITS D'IMPRÉGNATION AQUEUSE 1-4-1 Analyse élémentaire 9 9 1-4-2 Analyse structurale 11 1-4-3 Analyse morphologique 12 1-4-4 Conclusion 14 CHAPITRE 2 IMPRÉGNATION MÉTALLIQUE PAR V O I E GAZEUSE16 2-1 PENTACARBONYLE DE FER 2-2 ESSAI D'IMPRÉGNATION 16 ..17 2-2-1 Montages expérimentaux 18 2-2-2 Montage pour production 21 2-2-3 Montages pour étude 22 2-2-4 Conclusion 26 2 - 3 CARACTERISATION DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER 27 2-3-1 Analyse élémentaire 27 2-3-2 Analyse structurale 27 2-3-3 Analyse morphologique 30 2-4 CONCLUSION 32 IV CHAPITRE 3 POTENTIEL CATALYTIQUE DES NANOFIBRES FONCTIONNALISÉES 34 3-1 TESTS CATALYTIQUES 34 3 - 2 RÉSULTATS DES TEST CATALYTIQUES 36 3-2-1 Nanofibres imprégnées de fer. 36 3-2-2 Nanofibres imprégnées de cuivre 42 3-2-3 Nanofibres imprégnées d'argent 42 3-2-4 Nanofibres sans imprégnation 43 3-3 DISCUSSION 43 3-4 CONCLUSION 45 CONCLUSION 46 RÉFÉRENCES 49 V Liste des figures FIGURE 1 COMPARA TIF DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET CELLES IMPREGNEES D'ARGENT 12 FIGURE 2 COMPARA TIF DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET CELLES IMPREGNEES DE CUIVRE 12 FIGURE 3 IMAGE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES D 'ARGENTENMICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALA Y AGE 14 FIGURE 4 IMAGE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE CUIVRE ENMICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALAYAGE 14 FIGURE 5 REPRÉSENTATION GÉOMÉTRIQUE DU FE(CO)S 17 FIGURE 6 ENCEINTE #1 19 FIGURE 7 ENCEINTE #2. 20 FIGURE 8 ENCEINTE #3 20 FIGURE 9 ENCEINTE EN CIRCUIT FERME 22 FIGURE 10 MONTAGE POUR ÉTUDE #1 23 FIGURE 11 MONTAGE POUR ÉTUDE #2 24 FIGURE 12 COMPARAISON DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET LES NANOFIBRES IMPREGNEES DE FER FIGURE 13 ANALYSE COMPARATIVE DES SPECTRES 29 SIRMN 29 (A) DES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE, (B) DU COMPOSE NANOFIBRES-FER 30 FIGURE 14 IMAGE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER OBTENUE PAR MICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALAYAGE. 32 FIGURE 15 DIFFRACTOGRAMME XDES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE IMPREGNEES DE FER 32 FIGURE 16 SCHÉMA REACTEUR D 'OXYDATIONDU CO EN C02 34 FIGURE 17 SPECTROMETRE INFRAROUGE EQUIPE D'UNE CELLULE A GAZ. 36 VI FIGURE 18 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 100 °C SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE 38 FIGURE 19 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 200 °C SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE 39 FIGURE 20 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 300 °C SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE 40 FIGURE 21 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 400 °C SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE 41 VII Introduction Le Québec possède de riches gisements d'amiante chrysotile qui ont été largement exploités durant des décennies. En raison de son faible coût et de propriétés exceptionnelles, le chrysotile a été abondamment utilisé, soit comme produit pur, soit comme additif. En tant que produit pur, sa forme fibreuse, son canal interne vide et sa température de transformation endothermique en enstatite en font un isolant thermique idéal ou un bon isolant acoustique, utilisé sous une forme tissée ou en vrac. Parmi les applications d'isolation thermique, on peut noter les bandes de freins, les joints d'étanchéité sur les fusées, les revêtements de poutrelles d'acier dans les gratte-ciels. En tant que produit d'addition, la dimension de ses fibres, son caractère basique et sa capacité d'adsorption en font un liant efficace qui peut être dispersé dans diverses matrices. L'application la plus importante est celle de l'amiante-ciment, où on retrouve le plus fort pourcentage du chrysotile extrait (Richesses naturelles, 2005). Malheureusement, les propriétés du chrysotile sont responsables de risques d'abestose, de cancer du poumon et de mésothéliome (IPCS, 1998). Bien que ce minéral naturel soit présent dans toutes les régions du Canada, le gouvernement canadien l'a inscrit sur la liste des substances toxiques (annexe 1, loi canadienne de protection' de l'environnement, 1999). Il en est découlé des efforts de bannissement du chrysotile dans plusieurs pays, dont ceux de l'Union Européenne, et des tentatives pour classer ce minéral naturel parmi les substances dangereuses en vertu de la Convention de Rotterdam (ONU, 1998). Dans ce contexte, l'industrie du chrysotile a périclité durant la dernière décennie, la production québécoise (~95% de la production canadienne) passant de 500 000 tonnes en 1994 à 220 000 tonnes en 2004 (Richesses naturelles, Canada). Suite à la perte de débouchés importants et devant l'opposition croissante à l'emploi du chrysotile, l'avenir du chrysotile est compromis, à moins de le rendre moins nocif ou de le transformer en produits de haute valeur et de faible toxicité. Le projet présenté dans ce mémoire s'inscrit dans le cadre de la recherche de nouveaux produits du chrysotile. Il prend avantage d'un nouveau dérivé du chrysotile (Marcoux, 2005) obtenu par lixiviation contrôlée du chrysotile en milieu aqueux. Les nouvelles nanofibres de silice, décrites dans le mémoire de Marcoux, possèdent des propriétés de longueur et de surface spécifique qui sont souvent recherchées pour des supports de catalyseurs métalliques. Sur une base exploratoire, les travaux de ce mémoire-ci portent sur la fonctionnalisation des nanofibres de gel de silice par des métaux de transition et sur le potentiel catalytique des nanofibres fonctionnalisées. Dans la première partie du mémoire, la préparation et les caractéristiques des nanofibres de gel de silice sont décrites, suivies d'essais d'imprégnation métallique par voie aqueuse. expérimentaux La seconde et des résultats partie d'essais fait état des montages d'imprégnation par voie gazeuse. La dernière partie du mémoire présente les essais de catalyse réalisés à partir de nanofibres de gel de silice fonctionnalisées avec des métaux de transition. 2 Chapitre 1 Imprégnation métallique par voie aqueuse En catalyse, l'agent actif est généralement déposé sur un support. Dans le cas de catalyseurs métalliques, le dépôt s'effectue par échange d'ions, par précipitation d'adsorption les d'un sel, par adsorption. plus appropriées sont Les méthodes l'imprégnation humide et l'imprégnation gazeuse. L'imprégnation humide se fait en mettant le support en contact avec une solution aqueuse contenant le métal sous forme soluble. La préparation du support et ses caractéristiques font l'objet de la première partie du chapitre. 1-1 Nanofibres de gel de silice Ces nanofibres ont été produites la première fois au laboratoire de chimie de l'Université Laval en 2000, ont été brevetées aux États-Unis en 2004 (United States Patent 6 692 715) et ont été étudiées par Marcoux (Marcoux, 2005). 1-1-1 Origine des nanofibres de gel de silice Le chrysotile, Mg3Si205(OH)4, constitue un produit brut apte à se transformer en nanofibres de silice hydratée. La morphologie fibreuse du chrysotile a été bien établie par les travaux de Yada (1971) à l'aide du microscope électronique. De longueur excédant souvent le centimètre, le chrysotile est le résultat de la réaction entre de la brucite, Mg(OH)2, et de l'acide silicique, H2Si03. Le silicate qui résulte de cette réaction est 3 de nature lamellaire, et peut le demeurer sous la forme d'antigorite. Sous des conditions propices de température et de pression, les feuillets peuvent s'enrouler et donner naissance au chrysotile fibreux. Dans ce minéral, la couche brucitique octaédrique et la couche silicique tetraedrique sont unies par des atomes d'oxygène qui remplacent les groupements hydroxyles internes de la brucite. Les deux couches forment un feuillet d'épaisseur atomique de 0,7 nm. Cependant, les dimensions atomiques des composantes des deux couches donnent des surfaces de taille inégale, d'où la présence de tensions entre les deux couches. La courbure simultanée des deux couches atténue ces tensions. Il en résulte ainsi un enroulement des feuillets pour produire la fibre de chrysotile. Une fibre de chrysotile est constituée de plusieurs enroulements de feuillets, dont le nombre dépend non seulement des tensions entre les couches, mais aussi des ions de substitution qui, en remplaçant Mg2+ (Fe 2+ , Fe3+) ou Si 4+ (Al 3+ , Fe3+) modifient la taille des couches et les tensions. Le nombre moyen de feuillets du chrysotile québécois est d'environ 15, le diamètre du plus petit feuillet se situant entre 5 et 10 nm, le diamètre du plus grand feuillet étant compris entre 25 et 45 nm (Deblois 1986). La stabilité chimique, en présence de réactifs tels que des acides, varie d'un feuillet à l'autre, comme l'a démontré Gendreau (1985) dans une étude de la cinétique de lixiviation. La dissolution des couches externes paraît se produire par étapes affectant chaque feuillet de façon séquentielle. Par la suite, la dissolution procède plus lentement en impliquant les feuillets internes. Il subsiste alors une fibre dont le diamètre interne serait supérieur à celui du chrysotile. Ces observations sont en accord avec l'hypothèse qu'il existe un rayon idéal pour une tension minimale entre les deux couches, brucitique et silicique. 4 Les fibres de chrysotile lixiviées étant de stabilité chimique supérieure, on peut envisager une réaction où l'ion magnésium serait remplacé par deux protons pour donner un composé de silice hydraté, sans éclatement de la morphologie cylindrique. Le produit résultant aurait la longueur d'une fibre de chrysotile et constituerait donc une nanofibre de gel de silice. Les conditions d'obtention de nanofibres de gel de silice ont été étudiées et optimisées par Marcoux (2005). Pour l'étude de l'imprégnation métallique, des fibres de chrysotile de même origine (Mine Jeffrey) ont été utilisées et traitées selon les conditions optimales d'obtention de nanofibres de gel de silice. Le protocole expérimental suivi pour préparer les nanofibres de gel de silice est décrit ci-après. 1-1-2 Production des nanofibres Des fibres de chrysotile ont été extraites manuellement d'une riche veine d'un bloc de minerai provenant de la mine Jeffrey à Asbestos, Québec. Les fibres, d'une longueur d'environ 5 cm, ont été débarrassées de toute impureté colorée (oxyde de fer) et coupées en sections de 2 à 3 mm de longueur. Le milieu réactionnel est formé d'une solution aqueuse contenant un ligand (EDTA) et un tampon acide (acide acétique-acétate de sodium). Le pH de la solution est ajusté à 2,8, les concentrations en chrysotile, EDTA et acide acétique sont établies respectivement à 8x10 3 M, 3,6x10 3 M et 1,0 M. Le mélange est porté à ébullition et maintenu sous reflux sur bain de sable durant environ 4 heures. 5 Le solide obtenu, après séchage à 110°C, est d'apparence blanche et fibreuse, et contient moins de 0 , 1 % de fer ou de magnésium, comme le démontre l'analyse par absorption atomique après digestion en milieu HCI-HF. Le pourcentage de silicium, établi également par analyse par absorption atomique, se situe à 36%, correspondant au pourcentage théorique de la formule stœchiométrique SiC^.HbO. 1-1-3 Propriétés des na no fibres L'analyse par microscopie électronique en transmission à haute résolution a permis de mesurer les diamètres interne (6-10 nm) et externe (16-34 nm) des nanofibres de gel de silice. En comparant avec le chrysotile, on constate que le diamètre interne a peu changé, mais le diamètre externe a diminué d'environ 40 %. Cette diminution correspond à une perte de silicium du chrysotile semblable au gain de silicium observé dans la solution. Du point de vue structural, les nanofibres de gel de silice se distinguent du chrysotile par la perte de cristallinite et un accroissement de surface spécifique. L'absence de patron de diffraction X chez les nanofibres suggère un bris dans les liaisons lors de la substitution des ions Mg2+ par des protons, et par l'introduction d'un désordre dans les feuillets. La perte des ions Mg2+ et le bris de liaisons doivent produire des cavités de dimensions suffisantes pour accommoder des molécules de la taille de l'azote moléculaire, molécule utilisée pour évaluer la surface spécifique et la dimension des pores d'une substance poreuse. Les nanofibres de gel de silice contiennent des pores dont le diamètre est majoritairement inférieur à 50 nm. La surface spécifique peut atteindre 1000 m 2 /g- Ces deux caractéristiques font des nanofibres de 6 gel de silice, un matériau mésoporeux de grand intérêt pour l'imprégnation de métaux. 1-2 Imprégnation par voie aqueuse L'adsorption d'espèces métalliques ioniques sur la silice hydratée peut être considérée comme une réaction de complexation. [M (H 2 0) x ] n + + m(SiOH) *=5 (SiO")mMn"m + mH + + xH 2 0 Les groupements silanol (SiOH) réagissent avec le cation pour former un hydroxycomplexe. À l'équilibre, la forme adsorbée sera favorisée si la constante d'équilibre du complexe (SiO")mMnm est supérieure à celle du complexe hydraté. Une revue de la littérature sur l'adsorption d'espèces ioniques de cobalt pour la préparation de catalyseurs supportés (Bourikas et al., 2004), fait ressortir les difficultés à établir les mécanismes d'adsorption et la nature exacte du complexe formé. Les travaux de Dussault (1990) sur l'adsorption d'ions de métaux de transition sur des fibres de chrysotile lixiviées, ont montré qu'un recouvrement uniforme pouvait être réalisé. Sur la base des rapports ioniques calculés, l'adsorption se produirait au centre de la surface établie par chaque ensemble de trois groupements hydroxyles de la couche brucitique. Il est donc possible d'envisager un recouvrement métallique uniforme de la surface constituée par les groupements silanol des nanofibres. L'approche expérimentale pour déposer des ions métalliques sur les nanofibres de gel de silice vise à mettre les nanofibres de gel de 7 silice en contact avec des cations les moins complexés possible. Les sels de nitrate ont été choisis en raison de leur solubilité élevée et de l'absence de pouvoir complexant du nitrate pour l'argent, le cuivre et le zinc. 1-3 Essais d'imprégnation d'ions métalliques Les essais ont été réalisés en plaçant 100 mg de nanofibres de gel de silice dans des solutions aqueuses de 50 mL contenant des ions des métaux argent, cuivre, zinc et nickel, en concentrations variant de 0,1 à 0,3 M. Après réaction, les solutions ont été filtrées à froid sous vide et le résidu a été séché dans une étuve à 120°C durant plusieurs heures. Le produit résultant est appelé nanofibres imprégnées. Lors de la première série d'essais, les solutions aqueuses ont été chauffées à reflux durant 4 heures. La majorité des nanofibres ont été dissoutes et les produits solides résultants paraissaient contenir peu d'ions adsorbes, d'après la très faible coloration du produit obtenu avec les ions cuivre. Le caractère acide des solutions pourrait déplacer l'équilibre vers la désorption tout en favorisant la dissolution des nanofibres de gel de silice. Une deuxième série d'essais à température ambiante a donné des produits solides semblables à ceux de la première série. La perte de nanofibres s'est cependant avérée pratiquement nulle. Les produits d'adsorption avec l'argent et le cuivre ont été conservés pour caractérisation. La troisième série d'essais a été faite dans des solutions de pH voisin de 10 qui contenaient le ligand NH3 en concentration de l'ordre de 8 3M. L'ajout de NH3 visait principalement à augmenter le pH afin de diminuer l'influence des protons sur la réaction d'adsorption. Le ligand NH3 empêche la formation des précipités Ag 2 0 (pH~8), Cu(OH)2 (pH~5), Ni(OH)2 (pH~7) ou Zn(OH)2 (pH~7), grâce aux complexes [M(NH3)x]+m solubles. Les produits de la réaction paraissent contenir plus d'ions métalliques, si l'on se base sur la coloration des produits avec le cuivre et le nickel. Selon le rendement des produits formés, peu de nanofibres de gel de silice auraient été dissoutes au pH de ces essais. 1-4 Caractérisation des produits d'imprégnation aqueuse Quelques-uns des produits obtenus lors des deux dernières séries d'essais ont été caractérisés, en particulier ceux contenant de l'argent et du cuivre, en raison d'un intérêt élevé pour leur potentiel en catalyse. 1-4-1 Analyse élémentaire Afin de connaître la capacité d'adsorption des nanofibres, les produits des essais ont été analysés pour connaître la teneur en ions métalliques et le rapport métal/silicium. Le dosage a été réalisé par spectrométrie d'absorption atomique par atomisation de flamme sur la solution de digestion des nanofibres imprégnées. Environ 200 mg d'échantillon solide ont été digérés à chaud avec 25 mL de HCI 0,1M dans un bêcher de Téflon. Après refroidissement, quelques gouttes de HF (24 M) ont été ajoutées. Le milieu acide assure la dissolution des ions métalliques, tandis que HF transforme la silice en SiF4 gazeux, dont la solubilité dans l'eau à température ambiante évite toute perte de silicium. 9 En raison de la présence de HF dans la solution de digestion, le dosage par spectrophotometrie atomique à plasma (ICP) n'est pas adéquat. En effet, (et des essais l'ont démontré) un effet de mémoire important se produit lors du passage des solutions à travers la torche de l'appareil, dont la composition en quartz est responsable d'ajouts de Si sous l'action de HF. Les dosages des métaux ont été réalisés en absorption atomique à l'aide d'un spectrophotomètre Perkin Elmer modèle 5000, avec une flamme air/acétylène. Un spectrophotomètre Perkin Elmer modèle 2380, avec une flamme protoxyde d'azote/acétylène, a été utilisé pour doser le silicium, en raison des températures élevées requises pour réaliser l'atomisation du silicium, élément formant un oxyde fortement réfracta ire. L'étalonnage des appareils s'est fait avec des solutions étalons, certifiées dans le cas des métaux et préparées à partir de quartz dans le cas du silicium. Pour s'assurer d'une matrice en silicium semblable dans les inconnus et dans les étalons, de l'acide fluorhydrique a été ajouté aux étalons. De cette façon, la forme SiF62" est présente dans toutes les solutions analysées. Les résultats des dosages indiquent que l'adsorption a été minime dans tous les cas. En effet, alors que le pourcentage massique attendu pour l'espèce [Si02OH]2M est de l'ordre d'environ 30% pour les ions cuivre, nickel et zinc, la teneur la plus élevée a été de 1 1 % , obtenue avec le cuivre par imprégnation en milieu NH3. L'imprégnation en milieu acide, à froid et à chaud, n'a conduit qu'à une teneur massique d'environ 2% de cuivre. Les autres ions métalliques sont présents à des teneurs plus faibles que celle du cuivre. 10 À la lumière de ces résultats, il semble que l'imprégnation par voie aqueuse ne permette pas un dépôt uniforme sur toute la surface des nanofibres de gel de silice. 1-4-2 Analyse structurale Dans les nanofibres de gel de silice, les liaisons Si-0 et Si-OH donnent des signaux caractéristiques en infrarouge. Les spectres des produits d'adsorption avec les ions argent et cuivre ont été qualitativement comparés à ceux des nanofibres de départ afin d'y trouver des différences pouvant indiquer la formation de nouvelles liaisons. Les spectres infrarouge ont été acquis sur un spectromètre Bomem modèle MB-102. Les échantillons ont été pressés sous forme de pastilles dans une matrice de bromure de potassium (1:100). Les figures 1 et 2 montrent les spectres des nanofibres imprégnées d'argent et de cuivre. La différence dans les spectres se situe au niveau de la bande de vibration Si-OH, située à 960 cm"1 (Mendelovici, 2001). Faiblement active avec le composé d'argent, cette bande est pratiquement absente dans le spectre du produit d'adsorption du cuivre. La fonction silanol des nanofibres semble donc être modifiée lors de l'imprégnation, ce qui laisse entrevoir la formation d'un lien (SiO)2"M aux sites occupés par cette fonction. il Modification de la bande à 960 cm"' ""'" 1, X..., 3O00 4000 1000 2060 Nombres d'ondes (cm"1) FIGURE 1 COMPARA TIF DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET CELLES IMPRÉGNÉES D'ARGENT ! I v —" / y\ N i n u M i m Imprégnées d * culvr* • - \1 'J \ \ ( v 1 11 i — , .- ■ - ■ " ■ - - — , \ / i ■ \ / \ S H — i l b r — <*• «•( * • a i l l e * , 1A 1 \ r"lrv i v ! 1 II ! 1 . -■. 3OO0 2000 Nombres d'ondes (cm"1) ! i • 1000 FIGURE 2 COMPARA TIF DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET CELLES IMPRÉGNÉES DE CUIVRE 12 1-4-3 Analyse morphologique La microscopie électronique à balayage permet d'observer des solides sous haute résolution. Des échantillons de nanofibres imprégnées d'argent et de cuivre ont été analysés sous grossissement de 5 000 et de 10 000 fois, à l'aide d'un microscope électronique JEOL modèle 840-A. Pour les besoins de l'analyse sous microscope électronique, des échantillons en quantités de l'ordre de 10 ug ont été dispersés dans 10 mL d'eau déminéralisée sous l'action d'un bain ultrasonique, avant d'être filtrés sur filtres Nuclepore (0,45 uni) recouverts d'un mélange argent-or-palladium. Deux images représentatives des nanofibres imprégnées d'argent et de cuivre sont présentées aux figures 3 et 4. On constate que des agglomérats se sont formés, en plus grand nombre avec le cuivre qu'avec l'argent. Dans les conditions de l'imprégnation, ces agglomérats doivent être considérés comme des ensembles d'hydroxydes métalliques, cristallins ou amorphes. Il s'agirait donc de précipités formés lors des essais d'adsorption. Pour appuyer cette hypothèse, environ 50 mg de nanofibres ont été plongées dans une solution aqueuse d'hydrazine 2%. Cette solution a par la suite été chauffée près du point d'ébullition. Pour les nanofibres imprégnées avec le cuivre, la couleur bleu-verte se transforme graduellement en couleur saumon jusqu'à la transformation complète. Pour les nanofibres imprégnées d'argent, la confirmation n'est pas aussi évidente. Dans les mêmes conditions de réduction énumérées précédemment, ce n'est qu'une fraction, environ 1 % , des nanofibres qui ont affiché l'éclat métallique de l'argent. Le reste affiche une coloration noire sans changement avec l'état initial. 13 FIGURE 3 IMA GE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES D 'ARGENT EN MICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALAYAGE FIGURE 4 IMAGE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE CUIVRE EN MICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALA Y A GE 1-4-4 Conclusion Dans cette approche d'imprégnat'ron humide, l'objectif était d'introduire des métaux dans les pores des nanofibres du gel de silice, en tant qu'ions simples ou complexés. Par précipitation ou adsorption, les ions métalliques iraient se fixer sur la surface des pores. Par la suite, les cations métalliques pourraient être réduits en métal. Selon les résultats des essais d'imprégnation, l'objectif a été partiellement atteint. En plus de fixer les cations argent et cuivre de façon suffisamment ferme qu'aucune mise en solution n'a lieu à pH neutre, il a été possible de réduire les deux cations à l'état métallique avec de l'hydrazine. Le faible pourcentage d'adsorption pourrait traduire le petit nombre de sites silanol. Selon la spectroscopie infrarouge, la fonction silanol restante Si-OH paraît cependant presque négligeable dans le cas du cuivre, comme si tous ces groupements avaient réagi avec les ions cuivre. Les nanofibres imprégnées d'argent ou de cuivre serviront aux essais de catalyse présentés au chapitre 3. 15 Chapitre 2 Imprégnation métallique par voie gazeuse Le dépôt d'un métal dans les pores des nanofibres de gel de silice peut être réalisé par la voie gazeuse à partir de vapeurs de métaux ou de composés métalliques volatils. La majorité des métaux de transition possèdent des températures de vaporisation supérieures à la température de transformation des nanofibres de gel de silice en nanofibres de silice (~300°C). Les composés de métaux de transition présentant une température de vaporisation inférieure à 300°C sont de réseau cristallin moléculaire, où les molécules ne montrent que des liens à caractère covalents. Très peu nombreux, ces composés sont constitués, soit d'un cation fortement chargé (ex : TiCI4 et WCI6), soit d'un métal et de ligands neutres (ex : NiL4 et CrL6). Dans cette dernière catégorie, les métaux carbonyle (M(CO)x) possèdent des propriétés favorables à l'imprégnation gazeuse : basse température de volatilisation et faible liaison entre le métal et le ligand. Les deux carbonyles les plus aptes à l'imprégnation gazeuse sont le pentacarbonyle de fer et le tétracarbonyle de nickel. Les essais d'imprégnation portent surtout sur le pentacarbonyle de fer. 2-1 Pentacarbonyle de fer La technique de dépôt chimique en phase vapeur favorise la diffusion de molécules dans des nanostructures, comme l'introduction de fer dans des zéolithes, sous la forme d'un complexe volatil [(C5H5)Fe(CO)2]2 (Mohamed,2003) ou la formation de nanostructures comme les nanocristaux d'oxyde de fer provenant de dépôts de Fe(CO)s (Takeguchi,2004). 16 Le pentacarbonyle de fer est un liquide à température ambiante, dont le point d'ébullition est 103°C. Préparé à partir d'une réaction entre de fines particules de fer et le monoxyde de carbone, le Fe(CO)s est aussi le point de départ de la production de fer pur par simple décomposition thermique. La faible énergie de dissociation de Fe(CO)s (41 kcal/mole) (Lewis 1984) conduit en premier à l'espèce Fe(CO)4, qui pourrait s'adsorber sur tout site présentant une densité électronique. La réaction de dissociation des autres groupements CO deviendrait alors plus favorisée. L'espèce Fe(CO)4 et d'autres intermédiaires entrent en jeu dans les mécanismes préférés d'adsorption et de dissociation de Fe(CO)5 (Poliakoff 1987, Fanfarillo 1992, Sato 1995, Zaera 1991). co co FIGURE 5 REPRÉSENTA TION GÉOMÉTRIQUE DUFE(CO)5 2-2 Essai d'imprégnation Plusieurs essais d'imprégnation ont été effectués à l'aide de divers montages expérimentaux. Les montages ont été élaborés en fonction des observations faites durant les essais. La présentation des essais suit l'ordre chronologique, en faisant ressortir les observations qualitatives et les hypothèses concernant les réactions possibles. Dans la majorité des essais, la quantité de nanofibres de gel de silice utilisée se situait entre 50 et 100 mg. Les nanofibres étaient aérées pour offrir le plus grand volume et le maximum de sites à la vapeur de Fe(CO)5. Bien que séchées à l'étuve avant le début des 17 essais, les nanofibres n'ont pas toujours été conservées à l'abri de l'humidité de l'air. Quelques essais ont donc été effectués avec un produit du type Si0 2 -nH 2 0 plutôt que le produit initial Si02-H20. Le pentacarbonyle de fer a toujours été utilisé en excès, les quantités se situant entre 1 et 2 g. Les conditions des essais, soit la température ambiante et l'absence de radiation ultra-violette, n'engendraient pas la décomposition de Fe(CO)s. 2-2-1 Montages expérimentaux Dans l'enceinte représentée à la figure 6, cinq essais ont été effectués en plaçant des nanofibres de gel de silice dans un contenant voisin du contenant ouvert d'où se dégageaient des vapeurs de Fe(CO)5. Dans tous les cas, les nanofibres de surface se sont colorées brun-rouge laissant plus de 60% des autres nanofibres intactes. Une combustion de Fe(CO)5 s'est produite lors de deux essais. Selon les observations d'une des deux combustions, le départ de combustion a eu lieu à la surface des nanofibres colorées en brun-rouge, les parois de l'enceinte se sont alors recouvertes d'une couche de suie tout en devenant plus chaudes, et les nanofibres sont devenues noires. Deux hypothèses peuvent être émises ici. La première, le produit formé sur les nanofibres semble être un oxyde de fer ferrique, étant donné la coloration brun-rouge rappelant celle de la rouille. La deuxième, la réaction en cause produit une chaleur suffisante pour initier une combustion. Les prochains montages ont été développés pour mieux contrôler la réaction dans un but de production en plus grande quantité et dans l'espoir d'en comprendre le mécanisme. 18 Fibre f F s ( co), v 1 J L ^ FIGURE 6 ENCEINTE #1 Deux essais ont été réalisés à l'aide du montage montre à la figure 7. Le montage visait à permettre l'élimination de l'air et de la vapeur d'eau tout en permetant aux vapeurs de pentacarbonyle de fer d'atteindre plus facilement les nanofibres. Après avoir plongé le ballon contenant le Fe(CO)s dans de l'azote liquide, le vide est fait dans le système. À température ambiante, les vapeurs de Fe(CO)s diffusent rapidement et colorent en brun-rouge les nanofibres de surface. Environ 60% des nanofibres deviennent colorées sans combustion apparente, ni dépôt sur les parois du montage. Dans un troisième montage, un gaz inerte a servi de vecteur pour mettre les vapeurs de Fe(CO)s en contact avec les nanofibres (figure 8). De l'azote de haute pureté et exempt d'humidité a entraîné, à raison de 50 mL/min, les vapeurs de Fe(CO)s dans l'erlenmeyer au fond duquel était disposé l'échantillon de nanofibres. Les nanofibres près de la sortie 19 du tube présentent une coloration brun-rouge plus intense que les nanofibres au fond et en périphérie. FIGURE 7 ENCEINTE #2 FIGURE 8 ENCEINTE #3 20 2-2-2 Montage pour production Le montage, illustré à la figure 9, est celui qui a été retenu pour produire les nanofibres de gel de silice imprégnées de fer qui seront caractérisées dans la prochaine section et qui seront utilisées pour les essais de catalyse dans le chapitre suivant. Il s'agit d'un système à circuit fermé, constitué du réservoir de Fe(CO)5, de l'erlenmeyer contenant les nanofibres et d'une pompe péristaltique qui fait circuler les vapeurs de Fe(CO)s. Le système est purgé à l'air sec avant d'ajouter Fe(CO)5. Durant la d'imprégnation, les fibres sont dispersées à l'aide d'un réaction agitateur mécanique externe. Le ballon de Fe(CO)s est recouvert pour éviter toute décomposition de Fe(CO)5 sous l'action de la lumière. L'erlenmeyer doit être maintenu à une température voisine de 0°C, sinon une réaction de combustion se produit qui laisse un résidu noir sur les parois du système. 21 FIGURE 9 ENCEINTE EN CIRCUIT FERME 2-2-3 Montages pour étude La coloration brun-rouge des nanofibres est celle du fer ferrique, sous forme d'oxyde (Fe 2 0 3 ), ou d'hydroxyde ferrique (FeOOH). Puisque le fer est à l'état d'oxydation zéro dans Fe(CO)5, une oxydation s'est produite au contact des nanofibres, soit en raison de l'oxygène de l'air, soit en raison d'un oxydant contenu dans Si02-H20. Le montage montré à la figure 10 permet d'entraîner des vapeurs de Fe(CO)s sous courant d'azote à travers les nanofibres, à l'abri de l'oxygène de l'air. Une coloration vert pâle apparaît sur les nanofibres dès le début du passage des vapeurs et persiste jusqu'à la fin de l'expérience. Après l'arrêt du débit d'azote, une coloration brun-rouge se manifeste dans les nanofibres, en partant de l'extrémité du tube de quartz en direction de son entrée. Cette transformation indique que deux oxydations touchent le fer issu de Fe(CO)s. 22 Tube de quartz I Fibre FIGURE 10 MONTAGE POUR ÉTUDE #1 La première oxydation résulterait d'une réaction entre H20 et le fer conduisant à l'hydroxyde de fer selon Fe + 2H 2 0 -> Fe(OH)2 + H2 L'oxydation vers le fer ferrique peut passer par l'étape de la « rouille verte » nFe(OH)2 (Olowe, 1990), de composition chimique mal définie, à partir de H20 ou de 0 2 . Finalement, la présence d'oxygène produit Fe3Û4 ou FeOOH de couleur noire ou orangée, selon que l'oxydation est lente ou rapide (Lin, 1996). Le dégagement d'hydrogène dans la première étape expliquerait le caractère explosif des combustions constatées dans certains essais. Afin d'obtenir des données permettant de connaître le mécanisme de réaction et afin d'établir le rôle de H20 dans la formation du produit d'imprégnation, quatre essais ont été réalisés à l'aide du montage et suivant le protocole de départ présentés à la figure 11. Le ballon 23 contenant les nanofibres de gel de silice libres de molécules d'eau d'adsorption et une eprouvette à demi remplie de Fe(CO) 5 , est placé dans de l'azote liquide et le vide est appliqué pour retirer l'oxygène. Sous vide et à température ambiante, les vapeurs de Fe(CO)s remplissent le ballon et viennent en contact avec les nanofibres. Manipulations de la rampe à vide : 1 Le vide est effectué dans le système. Le vide dynamique est maintenu pendant 30 minutes. 2 Le système est rempli d'azote jusqu'à la pression atmosphérique. 3 Le système est de nouveau placé sous vide dynamique pendant 5 minutes. 4 Les étapes 2 et 3 sont répétées à trois reprises. FIGURE 11 MONTAGE POUR ÉTUDE #2 Sous conditions contrôlées, les constatations suivantes ont été faites : -sous vide, les nanofibres prennent une teinte grise qui disparaît lorsque tout le Fe(CO)s de l'éprouvette est vaporisé et retiré en vide dynamique. Portées à l'air ambiant, les nanofibres montrent la même apparence qu'au début de l'expérience. -sous vide, mais en ne retirant pas tout le Fe(CO)s de l'éprouvette, la teinte grise des nanofibres se change en rouge-brun presque 24 instantanément lorsque l'air de la pièce entre en contact après l'arrêt du vide. -sous azote, en présence de Fe(CO)5 dans l'éprouvette, la teinte grise des nanofibres, obtenue comme dans l'essai précédent, demeure grise sans aucun changement. Une coloration brun-rouge survient lorsque les nanofibres grises sont ramenées à l'air de la pièce. -sous azote humide, les nanofibres grises des deux essais précédents se colorent instantanément en vert pâle. Sous vide dynamique, l'excès de Fe(CO)s et de vapeur d'eau est éliminé. Même après 72 heures de vide dynamique, la coloration vert pâle des nanofibres subsiste. Un changement instantané en brun-rouge se produit cependant lorsque les nanofibres sont mises en contact avec l'air de la pièce. 25 De ces observations, on peut avancer les hypothèses suivantes : -L'espèce adsorbee en premier sur les nanofibres est un carbonyle de fer volatil. Il s'agit d'une adsorption réversible, le complexe Fe(CO)4, établi comme produit de dissociation de Fe(CO)s (Jackson, 1982) paraît l'espèce la plus probable. -Une réaction avec H+ (H 2 0) doit se produire pour former l'ion de fer bivalent. Cette réaction n'implique pas la vapeur d'eau ni la molécule contenue dans la formule stœchiométrique (Si0 2 -H 2 0) des nanofibres de gel de silice. Il doit s'agir de molécules d'eau adsorbées sur les nanofibres. -La présence d'oxygène transforme le fer bivalent adsorbé sur les nanofibres en fer trivalent. Le composé de fer résultant doit donc être un oxyde de fer ferrique. 2-2-4 Conclusion Les conditions optimales pour produire les nanofibres de gel de silice imprégnées de fer s'effectueraient en présence d'eau d'adsorption sur les nanofibres. Il semble toutefois que la teneur en eau adsorbee soit critique. En effet, les essais avec des nanofibres insuffisamment séchées ont été des échecs. L'optimisation du rendement d'imprégnation ne fait pas partie des objectifs, mais pourrait être établie en variant la teneur en eau adsorbee et en mesurant les teneurs relatives en fer. 26 2-3 Caractérisation des nanofibres imprégnées de fer L'analyse des caractéristiques des nanofibres imprégnées de fer a été faite à l'aide de diverses techniques sur des échantillons obtenus avec le montage décrit à la section 2-2-2. 2-3-1 Analyse élémentaire Les dosages de fer et de silicium ont été réalisés dans les conditions établies à la section 1-4-1. Sur six échantillons, la teneur moyenne de fer est de 29 ± 3 %, celle du silicium est de 19 ± 1 % et le rapport atomique Fe/Si est de 0,8 ± 0,1. Ce rapport est supérieur au rapport M/Si de 0,4 mesuré dans les échantillons d'imprégnation aqueuse. 2-3-2 Analyse structurale En infrarouge, la fonction silanol Si-OH des nanofibres de gel de silice montre une bande de vibration à 960 cm"1 dont l'intensité est clairement visible sur la figure 12. Cette bande est presque disparue sur le spectre des nanofibres imprégnées de fer. Cet affaiblissement est comparable à celui constaté avec le dépôt de cuivre en imprégnation liquide. L'atténuation de l'intensité de cette bande en présence des ions Ag + , Cu 2+ et Fe3+ semble découler de la substitution d'un proton et de la formation d'une liaison simple ou multiple Si-0-M + x , pouvant impliquer d'autres liens avec des groupes O2" ou OH" externes aux nanofibres. En RMN du silicium 29, les spectres des nanofibres de gel de silice, obtenus à partir d'un spectromètre Avance de la compagnie Brucker à 300 MHz avec un temps de contact de 0,2 milliseconde, montrent les 27 trois pics Q2, Q3 et Q4 caractéristiques des environnements chimiques du silicium dans les gels de silice (figure 13). On constate que Q2, associé à l'environnement (Si-0)2-Si-(OH)2, et Q3, associé à l'environnement (Si-0) 3 -Si-OH, combinent ensemble la même intensité intégrée que Q4, représentant l'environnement (Si-0) 4 -Si. Le rapport (Q2+Q3)/Q4 est d'environ 1, inférieur à celui du gel de silice saturé d'eau (Sindorf, 1983). Comparativement au spectre des nanofibres de départ, les nanofibres imprégnées de fer montrent une diminution importante des intensités des environnements accroissement correspondant de l'intensité Q2 et Q3 et un de Q4. Ces intensités traduisant l'abondance relative des sites, alors que la quasi-disparition des signaux associés aux groupements Si-OH suggère que le fer puisse avoir remplacé l'hydrogène. Une liaison Si-O-Fe entraînerait un environnement similaire à celui de la liaison Si-O-Si, associée au signal Q4. 28 Modification de la bande à 960 cm"1 Nui de for -•■ ^ ^ H ^ * * ^ " » / " \ >^ „ rt r*^, i / / ■III [ \ Nombres d'ondes (cm' 1 ) FIGURE 12 COMPARAISON DES SPECTRES INFRAROUGE ENTRE LES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE ET LES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER H 00 Déplacement chimique FIGURE 13 ANALYSE COMPARATIVE DES SPECTRES NANOFIBRES-FER O ,29, SIRMN (A) DES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE, (B) DU COMPOSE 2-3-3 Analyse morphologique En microscopie électronique à balayage, les échantillons de nanofibres imprégnées de fer présentent des surfaces lisses exemptes d'agglomérats en surface comme ceux observés sur les échantillons de nanofibres imprégnées de cuivre (section 1-4-3). La figure 14 montre une de ces longues nanofibres et quelques petits bâtonnets. La fluorescence X, provoquée par le bombardement d'un faisceau d'électrons sur les échantillons sous microscope électronique, révèle la présence des atomes Fe le long des nanofibres. De plus il semble exister un rapport atomique Fe/Si quasi constant. Comme la profondeur d'interaction des électrons est de l'ordre du micromètre, soit plus que l'épaisseur des nanofibres, le rapport Fe/Si pourrait indiquer un dépôt de fer à l'intérieur des nanofibres. Les résultats de l'analyse des nanofibres imprégnées de fer par diffraction X ne sont pas différents de ceux de l'analyse des nanofibres de départ. L'absence de toute forme cristalline exclut donc la présence de monocristaux de Fe203. La figure 15 montre le patron de diffraction X d'un échantillon de nanofibres imprégnées de fer. 31 FIGURE 14 IMAGE DES NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER OBTENUE PAR MICROSCOPIE ELECTRONIQUE A BALA YAGE 15 25 35 45 2e FIGURE 15 DIFFRA CTOGRAMME XDES NANOFIBRES DE GEL DE SILICE IMPRÉGNÉES DE FER 32 2-4 Conclusion Relativement aux essais d'imprégnation aqueuse, l'imprégnation par voie sèche donne des nanofibres de gel de silice uniformément recouvertes d'un métal, le fer. Cependant, des réactions subséquentes semblent se produire, qui impliquent une oxydation du fer, une réduction de l'eau et une fixation à la position des groupements silanol des nanofibres. Les conditions d'imprégnation par voie sèche sont restrictives puisqu'elles ne s'appliquent qu'aux composés organométalliques volatils et dissociables et parce qu'elles exigent une oxydation au site d'adsorption. Cette dernière condition n'est pas encore bien comprise et devra faire l'objet d'une étude poussée pour établir la stœchiometrie de la réaction et éviter le manque ou l'excès de molécules d'eau. 33 Chapitre 3 Potentiel catalvtiaue des nanofibres fonctionnalisées Les produits d'imprégnation, qui sont l'argent, le cuivre et le fer, devraient posséder une activité catalytique comparable à celle que possèdent les catalyseurs d'argent, de cuivre ou de fer, déposés sur des supports tels que Si0 2 , Ti0 2 et AI 2 0 3 . Afin d'évaluer le potentiel en catalyse des nanofibres fonctionnalisées, la réaction d'oxydation du monoxyde de carbone a été choisie, en raison de la facilité de suivre la réaction, de l'importance de la conversion de ce polluant et des nombreux travaux sur sa transformation catalytique (Wojciechowska, 2007). 3-1 Tests catalytiques Le dispositif utilisé pour les tests catalytiques est représenté à la figure 16 Four Cellule à gaz s=<=4 =¥P SjDectromètre infrarouge Pinces FIGURE 16 SCHÉMA REACTEUR D 'OXYDATIONDU CO EN C02 Ce dispositif consiste en un réacteur tubulaire en quartz, un four, et un régulateur de température. Le suivi de la réaction est réalisé à 34 l'aide d'un spectrometre infrarouge placé à la sortie du réacteur. Un mélange certifié de 150 ppmV de monoxyde de carbone dans l'air comprimé en cylindre est circulé à travers le réacteur, au centre duquel est disposé 50 mg de catalyseur maintenu en place par de la laine de quartz. En début d'expérience, le mélange gazeux est dirigé vers la cellule du spectrometre, sans passer par le réacteur, pour mesurer l'intensité des signaux en CO et CO2. Par la suite, le mélange gazeux est poussé à travers le four sous un débit constant de 20 mL/min, avant d'être analysé dans le spectrometre. L'expérience dure environ 14 heures, la température du four étant augmentée de 100 °C après chaque période de deux heures et maintenue stable le reste de la période. Un thermocouple disposé dans le réacteur permet d'ajuster et de maintenir la température à la valeur décidée. La cellule du spectrometre a une capacité de deux litres et est munie de miroirs à l'entrée et à la sortie, ce qui permet au faisceau de parcourir une distance de 10 m. Dans ces conditions, la limite de détection de CO se situe à moins de 1 ppmV. Durant la période à température constante, les spectres sont acquis à toutes les minutes, sous une résolution de 4 cm"1. 35 FIGURE 17 SPECTROMETRE INFRAROUGE ÉQUIPÉ D 'UNE CELL ULE A GAZ 3-2 Résultats des tests catalytiques 3-2-1 Nanofibres imprégnées de fer par méthode gazeuse Durant la première période de deux heures, à température ambiante, le signal de CO, à la sortie du réacteur, est d'intensité semblable à celui du mélange initial. Les signaux de C0 2 et de H20 sont également similaires à ceux du mélange initial. Aucune activité catalytique n'est donc mesurée à température ambiante. Aux températures de 100, 200 et 300 °C (figures 18, 19 et 20), on constate que les deux bandes de vibration de CO, à 2120 et 2170 cm"1, décroissent alors que les bandes de C0 2 , doublet autour de 2350 cm"1 et singulet à 670 cm"1, augmentent. Sur l'échelle de la figure 19, le pic à 2361 cm"1 montre une valeur légèrement supérieure à 0,6 unité d'absorbance tandis qu'à la figure 20, le même pic possède une intensité supérieure à 2 unités d'absorbance. 36 À la température de 400 °C, le pic de C0 2 est à 4 unités d'absorbance, tandis que la bande CO n'est plus observée (figure 21). Aux températures de 500, 600 et 700 °C, les spectres ont la même apparence qu'à 400 °C sauf pour une diminution régulière des larges bandes d'absorption produites par la vapeur d'eau. Cette vapeur d'eau vient de la déshydratation des nanofibres de gel de silice. En effet, la composition chimique évolue de Si0 2 -H 2 0 à SiC»2 à compter de 250 °C (Marcoux, 2005). À la fin de l'expérience, les nanofibres montrent la même coloration brun-rouge initiale. 37 Température dufour: 100 C A b s o r b a n c e Eau monqijfd» rf* Cwtwn» hJM ■A*Mk MiyO* w ewtOf* 1000 Nombres d'ondes (cm"1) FIGURE 18 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 100 °CSUIVIPAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE NANOFIBRES oc IMPRÉGNÉES DE FER Température du four : 200 C .6 dioxyde de carbone A b s o r b a n c J lu VM^VS'cvv.yi^VyÀ. Nombres d'ondes (cm"1) FIGURE 19 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 200°C SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER w o Température du four : 300 C A b s o r b a n c e dioxyde de carbone monoxyd* de catbot» -^WV-i^«»rt-m_ l K. _^A>JUWA*. -.'• 10QO Nombres d'ondes (cm"1) FIGURE 20 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 300 °CSUIVIPAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE NANOFIBRES IMPREGNEES DE FER o Température du four : 400 C 2 A b s o r b a n c dioxyde de carbone 1 ï 1] _jto/*fa^ 0 i < A. ..^u^k)n^t. 4000 2000 1000 1 Nombres d'ondes (cm' ) FIGURE 21 COMPOSITION DES GAZA LA SORTIE DU FOUR AU PALIER DE 40(fC SUIVI PAR SPECTROSCOPIE INFRAROUGE NANOFIBRES IMPRÉGNÉES DE FER 3-2-2 Nanofibres imprégnées de cuivre par méthode aqueuse Le test avec les nanofibres fonctionnalisées avec des ions cuivre a été fait sur une période de 8 heures, aux températures de 100, 200, 300 et 400 °C. Aux températures de 100 et 200 °C, les spectres du mélange de sortie sont semblables aux spectres des mélanges produits par le catalyseur précédent, sauf pour des intensités supérieures en CO2 et inférieures en CO. À la température de 300 °C, aucun signal de CO n'est perceptible sur le spectre, de même qu'à 400 °C. À la sortie du four, la coloration bleue des nanofibres s'est transformée en teinte foncée, semblable à celle de CuO. D'hydroxyde de Cu(OH)2, le dépôt sur les nanofibres paraît s'être transformé en oxyde avec perte d'eau. 3-2-3 Nanofibres imprégnées d'argent par méthode aqueuse Les nanofibres contenant de l'argent imprégné ont été portées aux températures de 100, 200, 300 et 400 °C. Contrairement au dépôt de cuivre, le dépôt d'argent catalyse la conversion complète de CO du mélange gazeux durant le palier de deux heures à la température de 200 °C. Aux températures de 300 °C et de 400 °C, l'oxydation de CO est également totale. À la sortie du four, les nanofibres ont une apparence foncée. L'espèce Ag 2 0, probablement présente à la suite de l'imprégnation aqueuse aurait résisté à des conditions de température supérieures à celle de sa décomposition en Ag + O2, soit entre 200 et 300 °C. 42 3-2-4 Nanofibres sans imprégnation Le test effectué avec des nanofibres sans dépôt ne conduit qu'à la perte des signaux de l'eau sur les spectres associés au passage du mélange gazeux. À la température maximale de 700 °C, le spectre montre un signal en CO comparable à celui de la figure 18. 3-3 Discussion L'oxydation de CO en C0 2 est catalysée par les trois oxydes métalliques adsorbes sur les nanofibres, avec efficacité et à l'intérieur des températures produisent des couramment polluants atteintes dans des systèmes atmosphériques, tels que moteurs qui à combustion. L'ordre d'efficacité suit les potentiels d'oxydation des oxydes. Ainsi, l'oxyde d'argent Ag2Û, avec une énergie de formation standard de - 3 1 kJ/mole, est meilleur oxydant que l'oxyde cuivrique CuO (Eformation = -157 kJ/mol). L'oxyde ferrique Fe2C>3 qui requiert un apport énergétique supérieur aux deux autres oxydes pour réaliser l'oxydation de CO, possède la plus faible énergie de formation standard, -824 kJ/mole. L'efficacité catalytique de Fe2Û3 supporté sur les nanofibres est comparable à celle des nanoparticules de F2O3, utilisées comme catalyseur sous le nom NANOCAT®. Une étude a montré que le monoxyde de carbone dans un mélange CO et O2 était oxydé à 100 % à une température de 400 °C, alors que de la poudre commerciale de Fe203 n'avait qu'une efficacité de 10 % à cette température. La différence d'efficacité a été attribuée aux dimensions des particules, 3 nm pour NANOCAT®, 5 jum pour la poudre de F203. Dans le cas des nanofibres imprégnées de fer, la taille des pores du produit de départ 43 est en majorité inférieure à 2 nm. On devrait donc s'attendre à une efficacité catalytique légèrement supérieure à celle montrée par NANOCAT®. Effectivement, on constate qu'à 200 °C, le rendement d'oxydation avec les nanofibres imprégnées de fer est supérieur à 10 % alors qu'il est inférieur à 10 % avec NANOCAT®. L'efficacité catalytique de CuO supporté sur les nanofibres est remarquable si on considère que jusqu'en 2006, on n'avait pas rapporté d'activité catalytique d'oxydation de CO à des températures inférieures à 200 °C (Pillai, 2006). L'obtention d'une activité catalytique de transformation de CO en C0 2 , partielle à température ambiante et entière à moins de 150 °C, a été acquise en produisant des nanoparticules de CuO de moins de 20 nm (Pillai, 2006). L'efficacité catalytique de Ag 2 0 supporté sur les nanofibres n'est pas très différente de celle obtenue avec les catalyseurs mixtes CuxAg2Û3 (Taylor, 2006). Ces catalyseurs possèdent un arrangement tridimensionnel de tunnels hexagonaux avec des distances Ag-Cu de plus de 0,3 nm. À 25 °C, la conversion de CO en C0 2 est de l'ordre de 5 à 10% avec le catalyseur Cu2Ag203. Le mécanisme d'oxydation qui peut être envisagé pour la transformation de CO en C0 2 , sur les nanofibres imprégnées de fer, est celui qui a été proposé pour l'oxydation de CO par Fe203 (Reddy et al, 2004). Sur la base de résultats obtenus avec le code de calculs DMOL, les auteurs font valoir que les réarrangements géométriques sont favorisés lorsque la taille des ensembles est réduite. Ces réarrangements permettent l'adsorption de CO sur le site de Fe, puis le bris d'une liaison Fe-0 suivi de la réaction entre O et CO. Après la formation de C0 2 , la molécule est désorbée laissant le composé Fe202. 44 La coordination d'une molécule O2 sur le site de Fe, combinée à l'adsorption de CO sur une position opposée, peut également produire le complexe intermédiaire 02-Fe2-02-CO qui se transforme en Fe2Û3 et CO2. Dans tous les cas, le nombre de sites de Fe accessibles aux molécules O2 et CO apparaît primordial. L'introduction de molécules individuelles de Fe(CO)5 dans les pores des nanofibres de gel de silice, suivie d'une adsorption et d'une conversion en molécules individuelles de Fe 2 0 3 , aurait donc produit des conditions favorables au mécanisme décrit par Reddy et al.(2004). 3-4 Conclusion Les nanofibres fonctionnalisées avec des oxydes métalliques confèrent une grande activité catalytique d'oxydation aux oxydes métalliques. La répartition des métaux sur des sites individuels paraît faciliter les interactions entre les molécules gazeuses et le site actif. La surface spécifique élevée des nanofibres devrait être un atout dans l'efficacité catalytique en termes de conversion par unité de masse du catalyseur. Les résultats obtenus ouvrent des horizons intéressants. D'autres études portant sur le taux de conversion en fonction de la température, du vieillissement et de la composition du mélange gazeux devront être entreprises pour mieux situer cette nouvelle famille de catalyseurs vis-àvis d'autres catalyseurs tels que NANOCAT® ou Hopcalite®. 45 Conclusion Les travaux effectués ont permis de développer une partie du potentiel des nanofibres de gel de silice dans le domaine de l'imprégnation de métaux de transition. Les propriétés exploitées lors de ce projet ont été la surface spécifique importante, les groupements silanols et le canal interne des nanofibres. Deux techniques d'imprégnation ont été développées et/ou adaptées aux nanofibres de gel de silice. La première technique a été réalisée en conditions aqueuses à partir d'un sel de nitrate du métal de transition. Plusieurs conditions expérimentales dont le pH, la concentration, la température, le temps d'exposition et le type de ligand ont été étudiées. Les résultats de cette partie du projet de mémoire montrent que NH4OH, utilisé comme ligand et pour l'ajustement du pH, à température ambiante, offre les meilleurs rendements pour l'imprégnation aqueuse. Les produits imprégnés ont été caractérisés de façon sommaire. Les pourcentages massiques de cuivre et d'argent obtenus sont de 11 % et 21 % respectivement. Le rapport molaire, métal/silice, est de 0,2 pour les produits imprégnés de cuivre ou d'argent. Phénomène intéressant, les spectres infrarouge des deux produits imprégnés présentent un affaiblissement similaire de bande reliée aux fonctions silanols, autour de 960 cm"1. Les dépôts de l'imprégnation aqueuse, sous microscopie électronique, ne sont pas aussi uniformes que l'on aurait pu s'y attendre en se basant sur l'apparence générale des nanofibres imprégnées. La technique d'imprégnation par voie gazeuse est limitée, car elle requiert des composés organiques volatils de métaux de transition. Dans 46 le cadre de ce projet, nous avons utilisé le pentacarbonyle de fer dans le développement de la méthode. Les nanofibres nécessitent un conditionnement préalable à toute imprégnation par cette méthode. Une desorption de l'eau et du CO2 des sites actifs des nanofibres est indispensable pour le bon déroulement des travaux. En effet, ces deux molécules ,lorsque adsorbées sur les sites réactionnels, inhibent partiellement ou totalement l'adsorption du pentacarbonyle de fer. Le procédé d'imprégnation à base de carbonyle métallique se divise en deux grandes étapes : l'adsorption du composé organométallique et sa décomposition irréversible sur le support. La première étape doit être réalisée dans les conditions les plus sèches possible pour permettre une adsorption sur un maximum de sites actifs. La décomposition du composé volatil intervient lorsqu'un agent oxydant réagit avec le métal adsorbé sur la surface des nanofibres de gel de silice. Cette étape est fortement exothermique lorsque l'oxydant est l'oxygène et donne une coloration brun-rouge aux fibres imprégnées. Il est intéressant de constater que l'oxygène ne réagit que très peu avec le pentacarbonyle de fer dans les conditions ambiantes, mais placé en présence de nanofibres de gel de silice la réaction est quasi instantanée. Dans le cas où l'oxydant est l'eau, la réaction est plus lente et le produit présente une coloration verte aussi longtemps que le milieu est exempt d'oxygène. Lorsque ce produit ferreux est en contact avec de l'oxygène, une coloration brun-rouge se révèle immédiatement. Ce nouveau matériau montre un pourcentage massique de fer de 38 % en moyenne et un rapport molaire Fe/Si près de l'unité. Dans ces conditions, on peut avancer qu'il existe une possibilité d'avoir saturation complète des sites disponibles. En infrarouge, on note une nette diminution de la bande silanol, comme dans le cas de l'imprégnation liquide. De plus, le dépôt apparaît être uniforme sans posséder aucune structure cristalline. 47 En seconde partie du projet, il s'agissait de vérifier si les nouveaux matériaux fabriqués possédaient un potentiel pour la catalyse. L'oxydation du monoxyde de carbone fut choisie comme réaction d'évaluation, les nanofibres de gel de silice n'ayant aucune capacité de catalyse du monoxyde de carbone lorsque employées seules. Dans les conditions des essais, les températures d'oxydation totale de CO en CO2 se sont établies à 200 °C, 300 °C et 400 °C pour l'argent, le cuivre et le fer respectivement. Aux températures élevées, les nanofibres imprégnées, tout comme les nanofibres pures, perdent l'eau de composition intrinsèque et se transforment en verre de silice, en conservant les métaux sous la forme oxydée. Les nanofibres de gel de silice diffèrent des produits disponibles sur le marché présentement. Leur texture fibreuse, leur porosité ainsi que leur canal interne font d'elles un excellent support à catalyseur. Les présents travaux ne sont qu'une introduction des possibilités de ces nanofibres dans le domaine de la catalyse. D'autres modifications de surface, autres que l'adsorption de métaux, pourraient conduire à des applications d'intérêt pour ces nouvelles nanofibres dérivées de l'amiante chrysotile. 48 Références RESSOURCES NATURELLES CANADA : http://www.mcan.gcxa/srnm/mmc/2001/chry_f.pdf ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, Brochure toxicologie No 25 L'Amiante et la Santé RÉSOLUTION DU GOUVERNENEMENT CANADIEN :http://www.bacanada.org/resolutionfr.html LOI CANADIENNE SUR LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT, annexe 1,1999 http://lois.justice.gc.ca/fr/showdoc/cs/C-l 5.3 l/sc:l//fr#anchorsc:l NATIONS UNIES, Convention de Rotterdam : http://www.un.org/french/millenaire/law/rotterdam.htm MARCOUX, L., Synthèse et caractérisation de nanofibres de gel de silice dérivées du chrysotile, Thèse de maîtrise, Université Laval, 2005 90 p. 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