programme séminaire activité 29 et 30 avril (LISE).

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Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE) – CNAM/CNRS
Axe Travail – Séminaire pluridisciplinaire
« A quoi nous sert l’activité pour comprendre le travail ? »
Mardi 29 et Mercredi 30 avril 2014
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
Amphi A (Fabry-Perot)
292 rue Saint-Martin
75003 Paris
Organisé par E. Breton, M.-A. Dujarier, C. Gaudart, A. Gillet et P. Lénel
L’activité et la sociologie : contours d’une problématique
Les recherches sur le travail ont amplement montré que ce que font vraiment les travailleurs n’est jamais
une pure exécution de la prescription. Ils créent des arrangements locaux et des manières de faire qui
échappent partiellement à la planification et aux ordres. En effet, « le concept d’activité est né d’un
double constat : le travail ne se déroule jamais comme il est prévu et les opérateurs contribuent à la
conception du travail » (Gaudart et Falzon, 2011). Ce constat est fondateur de l’ergonomie, qui s’intéresse
précisément au travail qui se déploie au-delà de la règle (Laville, Richard, Wisner, 1966). Ombredane et
Faverge (1955) ont proposé de l’appeler le travail « réel ». Nous le rapprochons du terme « activité »,
compris ici dans le sens très large et théoriquement ouvert, comme ce que l’on fait, dans le cadre d’un
emploi ou non. L’activité n’est donc pas réductible à l’action visible ou à son résultat.
L’activité est principalement étudiée par les ergonomes - et notamment ceux qui se réclament de
l’ergonomie francophone - ainsi que par les psychologues cliniciens. Leur but est de comprendre le travail
pour le transformer. D’autres traditions intellectuelles, venues de la psychologie russe, de la linguistique,
1
des cognitivistes ou de la philosophie (herméneutique, philosophie de l’action ou analytique) notamment
sont venus enrichir le concept et le débat à son sujet.
La sociologie du travail post-friedmannienne, elle, a connu un fort éclatement en spécialités. Le champ a
été découpé en différents objets : relations professionnelles, organisations, professions, emploi, action
stratégique ou collective, pouvoir, groupes, interactions de service…. Cette spécialisation progressive
mène en définitive à ce que dans la sociologie du travail contemporaine, « le travail n’est qu’un moyen
pour étudier autre chose » (Erbès-Seguin, 1999, p. 12). Une sorte de partage semble s’être opéré dans les
sciences humaines et sociales, où l’activité serait un objet (relativement désocialisé) réservé aux
ergonomes et psychologues alors que les rapports sociaux (sans activité ?) seraient l’objet des
sociologues, politistes, économistes et juristes.
Quelques exceptions existent dans le champ de la sociologie du travail. Nous repérons quatre approches
qui se réclament explicitement ou plus incidemment, de la « sociologie de l’activité ». L’une porte le
regard sur les phénomènes de régulation sociale et de renormalisation, à l’occasion et au cours de
l’activité de travail ; la deuxième s’intéresse à la dialectique entre faits sociaux déterminants et activité
d’élaboration des sujets, dans les organisations de travail. Plus récemment, un courant mène une
description de l’activité en train de se faire, avec un regard rapproché sur elle. Selon ces approches,
l’activité est un contexte, un point de vue théorique ou un objet. Le premier courant s’inscrit d’abord dans
une tradition de la sociologie des organisations; le second est issu de la psycho-sociologie et de la
sociologie clinique; le troisième est davantage débiteur du pragmatisme américain et de
l’ethnométhodologie. Enfin, une quatrième approche mobilise le concept d’activité pour désigner des
domaines d’action, dans l’emploi mais aussi hors emploi, et pour analyser l’évolution historique, sociale
et subjective du rapport entre ces deux sphères. Ces quatre approches sociologiques de l’activité
s’adossent chacune à des théories du sujet et du social qui leur sont propres.
La diversité de ces traditions semble être oubliée lorsque le terme -ou le concept- d’activité est interrogé.
La critique des sociologues, qu’elle soit épistémologique, méthodologique ou politique est en effet
relativement unifiée. A. Borzeix et F. Cochoy (2008) relèvent une dizaine de critiques récurrentes de ces
théories dites de l’activité1. Trop micro-sociologiques, elles seraient impropres à éclairer les enjeux
sociaux structurants liés au travail. Faut-il pour autant abandonner le projet de regarder l’activité lorsque
l’on fait de la recherche sociologique sur le travail ?
Entre déni et encensement, n’existe-t-il pas une voie « intégrative » ajustée ? Le concept d’activité est
polysémique et héritier de courants de pensée si variés (Schwartz, 2007 ; Bidet, 2011 ; Barbier et Durand,
2003) qu’il n’est pas possible de le considérer comme un concept fermé, homogène et localisé dans une
discipline ou une école singulière : il est l’objet d’un débat théorique et méthodologique commun, que
nous souhaitons mettre en mots.
1 « Trop minutieuses », « trop localisées », « privilégieraient l’activité au détriment du labour », « évacueraient l’homme, son
agir et sa peine au profit des objets », « oublieraient l’explication au nom de la description », « préféreraient la situation à la
généralisation », « flirteraient avec ce cousin non fréquentable que sont les sciences cognitives », « donneraient prise à des
usages sociaux contestables parce que trop directement opératoires » et, enfin, « auraient perdu toute portée critique ou
politique ». (op.cit.)
2
Références citées
Barbier J.-M. et Durand M., 2003. « L’activité : un objet intégrateur pour les sciences sociales ? » in
Recherche et formation, n° 42, p. 99-117.
Bidet A. 2011. « Activité », in Dictionnaire du travail, Bevort A., Lallement M., Jobert A. et Mias A.
(dir.). Paris, P.U.F.
Borzeix A., Cochoy F., 2008. « Travail et théories de l’activité : vers des workspace studies ? » in
Sociologie du travail, vol. 50, n°3, p. 273-286.
Erbès-Seguin, S., 1999. La sociologie du travail. Paris, La Découverte, Repères.
Gaudart C., Falzon P., 2011. « Ergonomie », in Dictionnaire du travail, Bevort A., Lallement M., Jobert
A. et Mias A. (dir.). Paris, P.U.F.
Ombredane A., Faverge J.-M., 1955. L’analyse du travail ; facteur d’économie humaine et de
productivité, Paris, PUF, 236 p.
Schwartz Y., 2007. « Un bref aperçu de l’histoire culturelle du concept d’activité », in @ctivités, vol. 4, n°
2.
Wisner A., Laville A., Richard E., 1967. « La diversité des conditions réelles de travail chez les ouvrières
spécialisées de l’industrie électronique », Le Travail humain, 3-4 : 352.
Projet et objet du séminaire
L’Axe « Travail » réunit 25 chercheurs du Lise aux parcours intellectuels et disciplinaires diversifiés. Les
séminaires réguliers sont l’occasion de présenter des recherches en cours et d’identifier des
problématiques théoriques que nous voulons approfondir. Cette année, nous avons souhaité donner la
parole à des chercheurs travaillant sur l’activité, afin d’en clarifier le concept, de comprendre les enjeux
des débats et de mesurer son intérêt pour la sociologie du travail.
Cette journée poursuit deux objectifs scientifiques, pour ce public composé majoritairement de
sociologues mais aussi de politistes, d’économistes, d’ergonomes et de juristes :
1 – mieux connaître et situer les théories de l’activité, comme les approches méthodologiques, dans une
perspective pluridisciplinaire.
2 – s’interroger sur la pratique sociologique : en quoi le concept d’activité nous permet-il d’observer,
comprendre et expliquer les faits sociaux au travail ? Est-il indispensable ? Comment transforme-t-il notre
pratique ?
Les intervenants choisis pour cette journée sont réputés pour leur théorisation de l’activité, ainsi que pour
leur capacité à dialoguer scientifiquement avec des disciplines et écoles différentes des leurs. Leur
communication sera centrée sur certaines des questions suivantes : Comment s’est effectuée leur
« rencontre » avec le concept d’activité dans leur trajectoire intellectuelle ? Quelle est leur définition de
l’activité et comment permet-elle de mieux comprendre le travail ? Quelles sont les théories (implicites ou
explicites) du sujet et de l’action qui la sous-tendent ? Quelle est leur méthodologie ? Comment leur
approche intègre-t-elle les dimensions sociales de l’activité ?
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Programme
Mardi 29 avril
8 h 30 : Accueil des participant(e)s
Café et viennoiseries
9 h : Introduction par les organisateur(trice)s
Matinée : 9h30 – 12h45
Animation : Eléanor Breton et Anne Gillet (Cnam, LISE)
Marie-Anne Dujarier (Paris 3, LISE)
Christophe Dejours (Cnam)
Yves Schwartz (Université de Provence, CEPERC)
Reprise et synthèse : Pierre Lénel (Cnam, LISE)
Débat général avec la salle
12h 45 – 14 h : Déjeuner
Après- midi : 14h15 – 17h30
Animation : Eléanor Breton et Anne Gillet (Cnam, LISE)
Alexandra Bidet (CMH)
Dominique Lhuilier (Cnam, CRTD)
Gwenaële Rot (Université Paris 10, IDHES)
Reprise et synthèse : Pierre Lénel (Cnam, LISE)
Débat général avec la salle
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Mercredi 30 avril
9 h : Accueil des participant(e)s
Café et viennoiseries
Matinée : 9h30 – 13h
Animation : Eléanor Breton et Anne Gillet (Cnam, LISE)
Yves Clot (Cnam, CRTD)
Corinne Gaudart (Cnam, LISE)
Anni Borzeix (CRG)
Reprise et synthèse : Pierre Lénel (Cnam, LISE)
Débat général avec la salle
Conclusion du séminaire par les organisateur(trice)s
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), Amphi A (Fabry-Perot),
292 rue Saint-Martin, 75003 Paris
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