Réponse au manifeste pour tirer profit collectivement de notre pétrole Réponse au manifeste pour le pétrole CRE-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine Rédaction - Yanick Desbiens, agent de communication et de gestion ainsi que Chargé de projet « Par notre PROPRE énergie » - Caroline Duchesne, directrice générale Conseil régional de l’Environnement Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine 106-A, Avenue Port-Royal, suite 103 Bonaventure (Québec) G0C 1E0 Téléphone : 418 534-4498 Sans frais : 877 534-4498 Courriel : [email protected] Site Internet : www.cregim.org « Une référence en environnement » 2 Réponse au manifeste pour le pétrole CRE-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine Réponse du CREGÎM au «Manifeste pour l’exploitation du pétrole québécois» Suite à la publication du « Manifeste pour l’exploitation du pétrole québécois», nous considérons qu’il est de notre devoir de rectifier certains faits et d’apporter certaines précisions incontournables qui ont été omises dans le Manifeste. Pour ce faire, voici nos réponses et commentaires pour chacun des 8 points du manifeste. 1 – Léguer un Québec en meilleure posture financière Déjà par ce point qui se retrouve au tout début du manifeste, on constate que l’économie est la seule motivation derrière la publication de ce document. Pour notre part, nous souhaiterions plutôt léguer un Québec en meilleure posture… pas seulement au niveau économique, mais aussi aux niveaux social et environnemental. Ce n’est qu’en alliant ces 3 volets qu’on peut aspirer à un véritable développement qui permettra aux prochaines générations d’avoir une qualité de vie acceptable. 2 – S’enrichir collectivement grâce à notre pétrole Cette section du manifeste n’exprime visiblement que les visions personnelles des auteurs. Beaucoup trop d’éléments ne sont pas considérés afin de conclure que l’exploitation des ressources non-conventionnelles de pétrole pourrait être aussi profitable qu’on nous l’affirme. le coût élevé d’exploitation des ressources d’hydrocarbures non-conventionnelles; les mesures de protection de l‘environnement liées à l’exploitation pétrolière; les mesures d’urgence nécessaires en cas de déversement; les revenus qui seraient affectés dans un fond des générations; Ne sont que quelques uns des éléments dont les coûts n’ont pas été évalués afin de calculer la véritable rentabilité de cette industrie au Québec. 3 – Trouver des solutions de remplacement au pétrole Ce point fait l’objet d’une vision restreinte en omettant toutes les autres alternatives pouvant mener à une diminution de notre consommation du pétrole. En effet, bien qu’il soit nécessaire de trouver et de développer les sources d’énergie alternatives au pétrole, il existe plusieurs autres moyens de réduire significativement notre consommation de pétrole. Le CREGÎM, à l’instar de tous les autres Conseils régionaux de l’Environnement du Québec, a publié en mai 2013, un plan d’action régional sur la réduction de la dépendance au pétrole. De nombreuses mesures adaptées à chacune des régions du Québec y sont proposées afin de diminuer significativement notre consommation de pétrole. « Une référence en environnement » 3 Réponse au manifeste pour le pétrole CRE-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 4 – Ne pas rêver en couleur, nous consommerons du pétrole encore longtemps. Ce n’est effectivement pas demain matin que nous pourrons nous passer du pétrole. Il est toutefois crucial de mettre nos efforts dès maintenant à la réduction de notre consommation et au développement de solutions de rechange plutôt que de continuer de développer une économie basée sur des ressources non-renouvelables dont la fluctuation des prix est tout à fait imprévisible. 5 – Améliorer notre situation économique en réduisant notre dépendance au pétrole étranger Plusieurs des sites de forage convoités dans le secteur de Gaspé, ne représentent que de très modestes possibilités d’extraction. Par exemple, selon le site Internet de Pétrolia, pour le gisement Haldimand, découvert en 2006, la quantité de pétrole potentiellement récupérable serait de 7,7 millions de barils. Lorsqu’on considère qu’en 2011 seulement, selon le site Internet du MRNF nous avons importé 120 millions de barils de pétrole, il y a lieu de se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Or, le manifeste ne tient aucunement compte des ces considérations, on y demande d’autoriser l’exploitation du pétrole, sans égard aux contextes régionaux, aux potentiels individuels de chaque gisement, au rapport entre le temps pris pour l’extraction versus la consommation… beaucoup trop d’éléments laissés de côté pour affirmer haut et fort que cette exploitation réglerait notre déficit commercial. 6 – Retombées majeures pour le Québec Dans ce point, le manifeste énumère des statistiques liées à l’industrie pétrolière au Dakota. On y compare les formations géologiques du Dakota à celles de l’Île d’Anticosti sans aucun discernement, alors que ces territoires présentent des caractéristiques physiques complètement différentes (une île au relief accidenté versus une région principalement constituée de plaines). D’autre part, on n’y considère absolument pas l’après-pétrole, puisque ces ressources ne sont pas renouvelables, l’industrie qui s’y rattache n’est pas vouée à durer dans le temps. La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine commencent à structurer une économie basée sur des ressources durables, il serait dommage de revenir au modèle qui nous a laissé dans une situation économique désastreuse au tournant des années 2000 (fermeture de la mine de Murdochville, suivi de celle de la fonderie quelques années plus tard, fermeture des papetières de Chandler et New Richmond, etc.). 7 - Exploiter notre pétrole en respectant l’environnement Sur ce point, on nous cite l’exemple de la Norvège. On y énonce encore une fois que le côté positif, mais le contexte géographique n’est pas considéré. Le caractère fermé du Golfe SaintLaurent ne semble pas faire partie des préoccupations des signataires. Les effets de déversements pétroliers dans le golfe auraient certainement des répercussions environnementales et économiques encore plus dramatiques que celles liés à un déversement dans une étendue d’eau ouverte sur l’océan. De plus, lors de ce point, on ne parle que de la « Une référence en environnement » 4 Réponse au manifeste pour le pétrole CRE-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine Norvège, on oublie déjà les conséquences dévastatrices de l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique. Il faut également faire mention du cadre légal inadéquat entourant les activités liées à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Canada. Mentionnons ici la futile limite de responsabilité de 30 millions de dollars en cas de déversement lors de forage extracôtier, alors qu’on sait qu’il en a déjà coûté plusieurs dizaines de milliards de dollars pour les opérations de nettoyage et les dédommagements liés au déversement survenu en 2010 dans le Golfe du Mexique. 8 – Nécessité d’un débat équilibré Sur ce point, nous sommes absolument d’accord! Ce débat public, bien des Québécois le réclament depuis longtemps. Nous souhaitons, tout comme les auteurs du manifeste, un débat respectueux et objectif traitant de tous les enjeux liés à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures. Nous souhaiterions toutefois que ce débat soit tenu avant d’aller de l’avant avec ces projets, ce qui ne semble pas être au menu présentement. Par ailleurs, de nombreux intervenants ont présenté leur vision lors de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, toutefois puisque le gouvernement a annoncé ses intentions pour le développement pétrolier avant même la fin des consultations, il est légitime de se demander si le but était réellement de débattre. En conclusion Considérant que les retombées économiques réelles ne sont pas démontrées; Considérant que le cadre juridique régissant l’exploitation des hydrocarbures est désuet et inadéquat; Considérant que le système actuellement en place au Québec ne se compare en rien avec celui de la Norvège et que le potentiel d’enrichissement collectif y est beaucoup moindre; Considérant qu’un rapport publié par le Commissaire à l’environnement et au développement durable du bureau du Vérificateur général du Canada, Scott Vaughan, émet plusieurs mises en garde concernant les activités de forages extracôtiers; Considérant que les réserves d’hydrocarbures du Québec sont vouées à prendre de la valeur avec le temps; Nous souhaitons que le gouvernement du Québec décrète un moratoire complet sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures et qu’un réel débat objectif et basé sur des données scientifiques et des études sérieuses ait lieu afin de déterminer si les Québécois doivent aller de l’avant avec cette industrie et si tel est le cas, sous quelles conditions. « Une référence en environnement » 5