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Tout ceci, il faut le réaliser dans la bonne humeur et dans la perspective d’une psychiatrie plus
ouverte et conviviale, frappée au coin de l’imagination, de la créativité et du plaisir.
2.
Mais de quoi s’agit-il en substance ? Au fond, d’assurer une psychothérapie à médiation
sportive, c’est-à-dire appuyée sur une pratique corpo centrique etactocentrique, mais qui entraîne la
totalité du corps. Théoriquement et schématiquement, la thérapie, commeacte, se développe alors,
et à partir de là, en deux temps, de va et vient, entre le non-verbal et le verbal :
-premier temps de pré-symbolisation, à l’œuvre dans le corporel, étayé sur le jeu et les
techniques corporelles qui ont la potentialité d’offrir de greffes identificatoires et une édification du
sentiment d’identité, ce temps se poursuivant à l’intérieur même du temps de symbolisation ;
-deuxième temps d’inscription symbolique, posée dans le corps avec le corps, par l’incitation du
patient à verbaliser et à mettre des mots sur ce qui se passe : langage du corps et langage de l’acte,
dans une parole d’un corps d’où émane le souffle qui anime la voix et qui devient alors symbolique
sans cesser de rester corps.
Or , en définitif, ce corps n’est pas un corps plein , fermé , totalitaire , mais un corps fantasmé ,
lieu de l’interdit , du désir et du savoir , entièrement habité , structuré , travaillé par le symbolique ,
c’est-à-dire la parole ,et donc un corps en quelque sorte constamment trans-individuel , au carrefour
du processus biologique évolutif et de l’ordre symbolique : car le corps de l’être vivant , qui ne se fait
être que de paroles , n’est corps que pour autant que la chair se voit nourrie par la parole des autres
( de même que nous ne parlons que pour autant que d’autres se portent témoins que ça parle en
nous et entre nous ). Et ce corps, comme texte, doit être ainsi déchiffré dans les inscriptions
corporelles du langage même qui le désigne : c’est-à-dire, pris à la lettre.
« C’est quotidiennement , au présent ,dit Leclaire , qui s’engendre cette espèce particulière de
vivant qu’est le parlêtre , constitué non seulement de molécules chimiques mais aussi simultanément
de mots , d’histoire , de mythes , de grammaire et de logique . La division entre corps et mots , entre
matérialité corporelle et matérialité signifiante , loin d’avoir à se présenter en termes de substrat et
de superstructure ne peut se penser que comme un processus dialectique qu’est la vie même…le
langage est à comprendre comme le processus dialectique en quoi consiste la vie de l’être parlant
corps et mots ».
Cette pratique de la mise en jeu et en scène de la corporéité vise aussi à accéder - à partir des
registres proprioceptif et sensori-moteur - à une connaissance du corps vécu et de l’espace , à une
liberté des mouvements , à une symbolisation au contact avec autrui , par la libération des gestes et
du rythme, l’amusement physique et ludique , l’épanouissement , l’ouverture , la détente , l’abandon
des appuis , en se donnant à corps joie vers le plaisir et le bien-être corporel dans ce travail de
restauration et de réanimation .Lesquels amènent le plaisir de poursuivre , le plaisir d’être ensemble
et lié par un autre discours : tout en réussissant à mettre en mots-actes ce que « sporter » fait et
dit.