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          Tout ceci, il faut le réaliser dans la bonne humeur et dans la perspective d’une psychiatrie plus 
ouverte et conviviale, frappée au coin de l’imagination, de la créativité et du plaisir. 
 
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          Mais  de  quoi  s’agit-il  en  substance ?  Au  fond,  d’assurer  une  psychothérapie  à  médiation 
sportive, c’est-à-dire appuyée sur une pratique corpo centrique etactocentrique, mais qui entraîne la 
totalité du corps. Théoriquement et schématiquement, la thérapie, commeacte, se développe alors, 
et à partir de là, en deux temps, de va et vient, entre le non-verbal et le verbal : 
          -premier  temps  de  pré-symbolisation,  à  l’œuvre  dans  le  corporel,  étayé  sur  le  jeu  et  les 
techniques corporelles qui ont la potentialité d’offrir de greffes identificatoires et une édification du 
sentiment d’identité, ce temps se poursuivant à l’intérieur même du temps  de symbolisation ;  
          -deuxième temps d’inscription symbolique, posée dans le corps avec le corps, par l’incitation du 
patient à verbaliser et à mettre des mots sur ce qui se passe : langage du corps et langage de l’acte, 
dans une parole d’un corps d’où émane le souffle qui anime la voix et qui devient alors symbolique 
sans cesser de rester corps. 
          Or , en définitif, ce corps n’est pas un corps plein , fermé , totalitaire , mais un corps fantasmé , 
lieu de l’interdit , du désir et du savoir , entièrement habité , structuré , travaillé par le symbolique , 
c’est-à-dire la parole ,et donc un corps en quelque sorte constamment trans-individuel , au carrefour 
du processus biologique évolutif et de l’ordre symbolique : car le corps de l’être vivant , qui ne se fait 
être que de paroles , n’est corps que pour autant que la chair se voit nourrie par la parole des autres 
( de même que  nous ne parlons que pour autant que d’autres se portent témoins que ça parle en 
nous  et  entre  nous  ).  Et  ce  corps,  comme  texte,  doit  être  ainsi  déchiffré  dans  les  inscriptions 
corporelles du langage même qui le désigne : c’est-à-dire, pris à la lettre. 
          « C’est quotidiennement , au présent ,dit Leclaire , qui s’engendre cette espèce particulière de 
vivant qu’est le parlêtre , constitué non seulement de molécules chimiques mais aussi simultanément 
de mots , d’histoire , de mythes , de grammaire et de logique . La division entre corps et mots , entre 
matérialité corporelle et matérialité signifiante , loin d’avoir à se présenter en termes de substrat et 
de  superstructure  ne  peut  se  penser  que  comme  un  processus  dialectique  qu’est  la  vie  même…le 
langage est à comprendre comme le processus dialectique en quoi consiste la vie  de  l’être parlant 
corps et mots ». 
          Cette pratique de la mise en jeu et en scène de la corporéité  vise aussi  à accéder  - à partir des 
registres proprioceptif et sensori-moteur - à une connaissance du corps vécu et de l’espace , à une 
liberté des mouvements , à une symbolisation au contact avec autrui , par la libération des gestes et 
du rythme, l’amusement physique et ludique , l’épanouissement , l’ouverture , la détente , l’abandon 
des  appuis  ,  en  se  donnant  à  corps  joie  vers  le  plaisir  et  le  bien-être  corporel  dans  ce  travail  de 
restauration et de réanimation .Lesquels amènent le plaisir de poursuivre , le plaisir d’être ensemble 
et lié par un autre discours : tout en réussissant à mettre en  mots-actes ce que « sporter » fait  et 
dit.