Chaque disciple de Jésus est ainsi invité à « veiller et prier » pour ne pas succomber à
la tentation grâce à la force de Dieu reçue par la prière (1Corinthiens 10,13). En effet, tomber,
succomber, c’est toujours malgré les apparences se faire mal, se blesser, donner prise à la mort et
aux ténèbres (cf. Jacques 1,13-15 ; Romains 2,9 ; 5,12 ; 6,23 ; Galates 6,7-10)… De plus, c’est
aussi offrir un mauvais exemple à ceux et celles qui nous entourent et peut-être devenir ainsi
pour eux un « scandale », « une pierre qui fait tomber » (sens premier du mot grec
skandalon)… Que de malheurs alors en perspective pour les uns et pour les autres (Luc 17,1-2).
Paul, au contraire, n’aura de cesse d’essayer d’être un bon exemple pour ses
compagnons, lui-même suivant l’exemple du Christ : « Montrez-vous mes imitateurs, comme je
le suis moi-même du Christ » (1Corinthiens 11,1 ; Romains 15,5-6 ; Ephésiens 5,1-2). Et il
avait bien conscience d’être avant tout un pécheur pardonné, comme nous sommes tous appelés
à l’être : « Elle est sûre cette parole et digne d'une entière créance : le Christ Jésus est venu
dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier. Et s'il m'a été fait
miséricorde, c'est pour qu'en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience, faisant
de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Timothée
1,15-16). Mais cette grâce de miséricorde qu’il avait reçue, en lui apportant le pardon de toutes
ses fautes, l’invitait et l’aidait à se détourner jour après jour de tout mal2 en lui donnant la force
d’accomplir le bien… Ainsi, tout dans sa vie était « grâce », à laquelle il essayait de collaborer le
mieux possible. C’est pourquoi il n’hésitait pas à écrire : « Tous ensemble, imitez-moi, frères »
(Philippiens 3,13 ; cf. 1Corinthiens 4,16 ; 2Thessaloniciens 3,7-9). Et la TOB précise en note
pour ce verset : « Les Philippiens doivent imiter la manière dont Paul vit du Christ » et de son
Amour de Miséricorde « et lutte pour lui » grâce au secours de sa force (cf. 1Corinthiens
15,10). Et s’ils répondent à son invitation, ils deviendront à leur tour des exemples pour tous
ceux et celles qui l’entourent, le Christ appelant tous les hommes, sans exception, à recevoir la
grâce de son salut : « Et vous vous êtes mis à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la
Parole, parmi bien des souffrances, avec la joie de l'Esprit Saint : vous êtes ainsi devenus un
modèle pour tous les croyants de Macédoine et d'Achaïe » (1Thessaloniciens 1,6-7 ; cf. 2,14).
2 Actes 3,26 (Traduction liturgique ; Pierre parle à ceux-là mêmes qui ont contribué à crucifier le Christ) :
« C’est pour vous d’abord que Dieu a fait se lever (ressusciter) son Serviteur, et il l’a envoyé vous bénir, en
détournant chacun de vous de ses actions mauvaises ». Dans cette traduction, le Christ apparaît comme le
premier acteur de notre conversion : c’est Lui qui nous détourne de nos actions mauvaises… Et nous
avons simplement à consentir à son œuvre en lui opposant le moins de résistance possible… La TOB a
une traduction semblable : « C’est pour vous que Dieu a d’abord suscité puis envoyé son Serviteur pour vous
bénir en détournant chacun de vous de ses méfaits ». Et en note, elle précise : « La conversion serait ainsi un
don de Dieu (cf. 5,31 ; 10,36 ; 11,18…) et de son Serviteur. Mais on pourrait traduire aussi : … « pour
bénir chacun d’entre vous s’il se détourne de ses méfaits » », comme l’a fait la Bible de Jérusalem : « … du
moment que chacun de vous se détourne de ses perversités ». Cette deuxième possibilité est tout aussi vraie que
la première. Elle est complémentaire et présente le second volet indispensable à toute conversion réelle et
profonde : nous avons nous aussi à prendre la décision, en toute liberté et responsabilité, de nous
convertir… Mais à la lumière de la première traduction possible, cette décision revient, comme nous
l’avons déjà dit, à être le plus souple, le plus docile possible entre les mains de Celui qui, le premier, est à
l’œuvre pour nous convertir, en nous indiquant le bon chemin et en nous donnant la force de nous y
engager… Ainsi, vraiment, « tout est grâce » (Ste Thérèse de Lisieux)…