Depuis plus d’une dizaine d’années déjà, les Réseaux Santé Bruxellois et Wallon,
créés sous impulsion du corps médical, travaillent à cette bonne circulation
d’informations entre thérapeutes. Ils sont confortés dans leur rôle par la dynamique
désormais portée par les autorités. Par divers aspects, toutefois, cette dynamique est
perfectible.
Consentement non éclairé
Malgré de nombreuses promesses de la part des autorités, les efforts de
communication à propos du Réseau Santé Bruxellois (Abrumet) et des
possibilités qu’il offre restent lacunaires, tant vis-à-vis des professionnels de soins
que vis-à-vis du public. Dès lors, le GBO déplore :
que des patients aient donné leur consentement au partage électronique de
leurs données médicales et de santé sans avoir conscience de ce qu’ils
signaient exactement et/ou de ce que leur accord impliquait. Les généralistes
sont très souvent amenés à devoir réexpliquer les enjeux de ce partage.
que certaines personnes se désinscrivent du réseau car elles n’ont pas le
sentiment d’avoir été réellement éclairées sur le sujet. Il serait dommage que
ce phénomène de défiance s’amplifie.
Présentation trop réductrice
La communication, quand il y en a, n’assure pas assez globalement la promotion
du principe des meilleurs soins prodigués au meilleur niveau de prise en charge
par le professionnel le plus indiqué, avec un maximum de qualité et de sécurité
grâce à la circulation informatique de données. Par exemple, présenter le Sumehr
du médecin généraliste traitant (c’est-à-dire le résumé informatisé des points
essentiels du dossier médical qu’il gère) comme simplement destiné aux urgentistes
est totalement réducteur. Cela occulte à tort l’utilité de l’outil pour la collaboration à la
fois entre les lignes de soins et à l’intérieur de chacune de celles-ci.
Des spécialistes actuellement sous-informés
L’absence de stratégie d’information des professionnels au sein des hôpitaux
fait que de nombreux spécialistes ignorent totalement les avantages liés aux
échanges rendus possibles par le Réseau Santé Bruxellois . Les efforts consentis
par le Fédéral pour promouvoir l’informatisation des médecins généralistes (ceux-ci
doivent apprendre à utiliser une série d’outils d’e-santé et sont encouragés à exporter
des Sumehrs) demeureront vides de sens si les autorités ne s’emploient pas, dans le
même temps, à sensibiliser au partage de données les médecins spécialistes qui
exercent dans les hôpitaux, et pas seulement les directions. Rappelons que de
nombreux examens médicaux sont inutilement répétés car leurs résultats (ou
simplement leur existence) ne sont pas connus du prestataire qui reçoit le patient.
Sous cet angle, le Réseau Santé Bruxellois permet assurément de prodiguer de
meilleurs soins à un moindre coût pour la collectivité et les individus.
Des initiatives qui doivent rester complémentaires
Le GBO s’inquiète de voir se développer ici et là des systèmes de
communication entre un hôpital particulier et les médecins généralistes de la
région bruxelloise. Ceux-ci se voient proposer un login et un mot de passe pour
avoir accès aux documents produits par l’hôpital qui concernent leurs patients. Si ce
genre de dispositif peut constituer un outil complémentaire parfois intéressant, il doit
rester secondaire par rapport à la mise en place complète du réseau
télématique de santé bruxellois.
Il faut que l’effort collectif de mise en connexion des données l’emporte sur des
stratégies particulières et/ou commerciales. Les médecins généralistes francophones
doivent pouvoir utiliser, partout et avant tout, ce qu’offre le hub (réseau) mis en place
par l’association médicale qu’est Abrumet (l’asbl réunissant les hôpitaux et cercles de
la capitale et gérant le Réseau Santé Bruxellois).